Les Arts traditionnels gabonais dans la Culture Chrétienne

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Les Arts traditionnels gabonais dans la Culture Chrétienne
Les Arts traditionnels gabonais dans la Culture Chrétienne
Anniversaire 40 ans de la Cevaa, Célébration en binôme avec l’Eglise
Réformée de Canton de Vaud par Le pasteur Rostand ESSONO ELLA,
Responsable de l’Animation Théologique de l’EEG.
L’Art, c’est le FAIRE. Au sens large, l’œuvre d’art est une création humaine qui allie le
symbolique à l’utile.
Dans l’action missionnaire, il y a un certain nombre d’expressions artistiques : l’art de
l’image, la musique, la poésie, et éventuellement la danse, le théâtre et le cinéma.
Deux principes sous-tendent la pratique de l’art :
1. L’unicité, l’exclusivité de la religion révélée par la radicalité : « Tu ne te feras point
d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut
dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que
la terre » Exode 20/4.
Ce verset avait inspiré les Réformes vers une simplicité, parfois à l’iconoclasme.
2. L’ouverture du christianisme à des formes et des manières de s’exprimer. Le
christianisme n’est lié ni à une terre spécifique, ni à une langue particulière ou
une culture donnée. En accord avec William Edgard1, il nous faut retenir
essentiellement que le caractère universel de la Religion Chrétienne, cela explique
une grande richesse des styles artistiques d’inspiration chrétienne.
Pour notre sujet d’étude, nous nous situons dans cette deuxième perspective. L’art
traditionnel africain peut-il contribuer à rendre le christianisme universel ?
La tradition, (du grec paradidosis, paradidon) est l’ensemble des faits historiques, des
croyances, d’expériences, des pratiques sociales et religieuses et même des doctrines
philosophiques ou des conceptions esthétiques qui forme une entité transmise d’une
génération à l’autre, soit oralement, soit sous forme écrite, voire artistique.
La tradition est un élément fondamental dans l’existence, la cohérence et l’avancement
de la culture humaine, dans un contexte donné, quel qu’il soit.
Sur le plan religieux plus vaste associant culture et culte, la tradition est en relation avec
les pratiques religieuses, c'est-à-dire avec la liturgie d’un système religieux donné, plutôt
qu’avec les croyances, qui expriment ou présupposent ces pratiques, sans les exclure2.
1
William Edgard, cité dans le Dictionnaire œcuménique de missiologie, cent mots pour la mission, association francophone
œcuménique de missiologie, Cerf, Labor et Fides, Clé, Genève 2001, page
2
Petros VASSILIADIS, Dictionnaire œcuménique de missiologie, « La tradition », P. 343
1
Au Gabon, le culte se fait avec un mélange des formes artistiques traditionnelles et de
l’héritage culturel des missionnaires occidentaux (américains pour l’ABCFM et PCUSA,
français et suisses avec la SMEP). Dans notre compréhension du thème sur la culture
chrétienne ; on voit la ‘tradition’ de la parole de Dieu, la communication du message, sa
réception culturelle tout au long de l’histoire ont pris plusieurs chemins : non seulement
la langue et l’écriture, mais aussi le langage symbolique, la musique, les hymnes et les
cantiques, les formes artistiques, image, icônes, iconographie, l’art sacré comme le
souligne Ion BRIA3. Comment entrevoir une forme liturgique qui soit authentique, qui ne
se démarque pas de l’héritage missionnaire, qui s’incarne dans le milieu culturel
traditionnel du chrétien africain ?
Le livre de John TAYLOR dont les extraits sont repris par Margaret HILL4, retrace d’une
manière assez claire, la difficulté d’exprimer l’Evangile dans la culture réceptrice.5
Jean Marc ELA, revient sur la question d’une foi authentique à l’africaine, qui s’incarne
dans tout l’Être, son gestuel, les images, les statuettes… dans son Faire et dans
l’environnement vital et cosmique, c'est-à-dire dans ses difficultés, dans ses problèmes
et dans la célébration de la vie.6
Jean François ZORN souligne l’intérêt au message missionnaire dans ses rapports avec
les religions non-chrétiennes et souligne « l’importance de cultiver ‘l’esprit de courtoisie’
envers les cultures non-chrétiennes, et la sympathie envers leurs peuples…. Et que les
chrétiens pouvaient discerner, dans les religions non-chrétiennes, les signes du bien
venant de Dieu lui-même »7.
I.
Notre compréhension des Arts dans la Culture africaine et directives
herméneutiques.
1. Nous devons obéir à toute l’Ecriture. Nous ne pouvons pas choisir selon nos
goûts.
2. Notre obéissance aux Saintes Ecritures se fonde sur l’intégration dans le milieu
vital, culturel, environnemental et cosmique. Les arts musicaux, les gestes et les
pratiques sont des éléments incontournables dans la célébration du culte. Ainsi, à
mi-chemin entre la matière et l’immatériel, la vibration sonore est l’agent
indispensable à la communauté des hommes entre eux, mais aussi la
participation à la vie cosmique, par delà les barrières du monde sensible.
3
Ion BRIA, Op.cit., P. 161
Margareth Hill travaille avec SIL Afrique pour la promotion des Saintes Ecritures en Langue Maternelle, elle a écrit un
manuel en Anglais intitulé, ‘Using your Bible, A Manual for Scripture in Use’ élaborée sur une période de travail de 10 ans,
avec deux dénominations d’église au nord ouest de la République Démocratique du Congo (RDC) : la Communauté
Evangélique en Ubangui Mongala et la Communauté Evangélique du Christ en Ubangui.
5
John V. TAYLOR, The Primal Vision : Christian Presence amid African religion [La Vision Primaire : la présence
chrétienne parmi les religions africaines], London SCM, 1963, P11-16
6
Jean Marc ELA, Sociologue camerounais des Religions, décédé au canada. Il exprime le problème dans son livre « Ma Foi
d’Africain ».
7
Jean François ZORN, La Conférence missionnaire mondiale d’Edimbourg de 1910, Présence historique de ses circonstances
et de ses enjeux. Revue perspectives missionnaires Dossier Edimbourg-Cape Town 2010, 2010/2 N°60, PP 6-20.
4
2
Les arts musicaux par exemple, plus particulièrement le langage primaire, ou
super langage, l’expression musicale issue du cri et de l’émotion englobe le
langage intelligible des mots qu’elle précède et qu’elle prolonge.
L’expression musicale reste donc attachée aux mouvements les plus instinctifs de
l’être, comme aux raffinements les plus élaborés de la culture. C’est par
conséquent, le support de la Tradition Orale dont elle garantit la Forme et la
conservation au-delà de l’écriture et sans elle.
Le geste, la mimique et la danse qui en est le prolongement, lui restent
indissociablement liés, mais aussi la spiritualité et la pensée métaphysique…
- Le cri de douleur ou de joie se transforme en chant, perpétuant l’expression
culturelle de l’émotion.
- Les instruments de musique parlent.
- D’autres conversent avec l’au-delà par le jeu des symboles.
- La littérature se chante
Il est donc impossible de dissocier la Musique, de l’expression globale du groupe
social, sur le plan humain et divin.
Depuis le cri du nouveau-né jusqu’au son de la harpe accompagnant le dernier
soupir de l’agonisant, il n’y a pas de solution de continuité : ce sont les différents
aspects du Verbe.
La Musique vocale en Afrique est un facteur de cohésion sociale, elle unit tout le
village et tout le groupe ethnique dans ses rites et institutions. L’enseignement se
fait par les chants liés aux occupations des travaux quotidiens, mais aussi par la
parole8.
3. La Bible a été écrite POUR tout le monde, mais pas A tout le monde. Car chaque
livre est adressé à un groupe de personne spécifique, dans un contexte
spécifique. On pourrait dire que nous sommes témoins d’une conversation qui à
l’origine, concernait d’autres personnes, le message était adressé à d’autres.
4. Les gestes et les actions peuvent avoir des significations différentes selon les
contextes culturels :
a. Utiliser la main gauche : En Afrique c’est une insulte, c’est une abomination
puisque c’est cette main qui est utilisée pour nettoyer les parties les plus
intimes de l’homme. C’est donc un outrage, un manque de respect. Tous les
actes pastoraux doivent se faire avec la main droite.
b. Se raser la tête : En Afrique, cet acte est un signe de deuil et de propreté après
le rite de purification après le veuvage; en Asie mineure et en Afrique Centrale,
c’était aussi une punition pour les femmes immorale. En Europe et aux USA,
cela peut être le signe qui suit un traitement de cancer, ou encore c’est une
vedette (artiste musicien ou sportif).
8
Source : http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers10-09/21176.pdf
3
c. Regarder quelqu’un droit dans les yeux : C’est le signe d’un manque d’égard
en Afrique ; En Europe et aux USA, c’est un signe de respect, particulièrement
lors d’une correction par les parents.
d. Se tenir debout pour parler : C’est un signe de respect chez les fangs du nord
Gabon ; dans le Sud c’est un manque d’égard chez les Nzébis, les Tsogo, et les
Punu.
e. La circoncision : C’est un signe qu’on n’est plus un garçon, mais adulte. C’est
une initiation chez les Kota de l’Est du Gabon et chez les Fangs.
f. Deux hommes qui se promènent la main dans la main : C’est un signe d’amitié
en Afrique, c’est positif. En Europe et aux USA, ce geste indique une relation
d’homosexuel (c’est une abomination dans la culture africaine).
g. Le Syncrétisme religieux : En Afrique, il est difficile de tracer une frontière entre
ce qui relève de la religion pure, authentique et chrétienne avec les croyances
ancestrales, les esprits des morts et les divinités. Beaucoup de chrétiens
s’initient dans le « Bwiti9 » ou le « Mwiri », font la manducation du bois sacré
appelé « Iboga » pour rechercher la sécurité matérielle, le bien être et la santé.
Ceci peut scandaliser le chrétien Européen.
Danse Initiatique du Bwiti au Gabon
9
Bwiti : Rite et danse initiatique gabonais qui fait le lien entre le monde des vivants et le monde des morts où tout semble en
abondance. La personne qui initie s’appelle le ‘ bandzi’, accompagne le nouvel initié dans un voyage astral pour rencontrer
Bwiti, afin de lui donner les faveurs sollicitées dans le monde des vivants. Tout ceci après la manducation de la plante
hallucinogène appelé ‘iboga’. Il y a aujourd’hui beaucoup d’intérêt de l’occident pour cette plante dont les recherches
donnent des résultats satisfaisants pour la lutte contre la drogue et d’autres stupéfiants. Quel Christ annoncé à cette personne
adepte du Bwiti ?
4
Préparation de l’Iboga
Les cultures changent avec le temps. Le même signe ne signifie pas toujours la même
chose. Ceci est vrai pour des cultures modernes, mais aussi des cultures bibliques.
Lorsqu’on veut appliquer les Ecritures à la Vie, il faut d’abord trouver le message qui est
universellement valable.
Nous devons demander :
1. Qui est ce que l’auteur a voulu dire aux premières personnes qui ont reçu le
message dans leur contexte ?
2. Quel est le principe de base, le cœur du message ? quel est son enseignement ?
3. Comment peut-on exprimer ce principe dans notre contexte ?
Une personne ne peut pas vivre sans culture, tout comme un poisson ne peut pas vivre
sans eau. Dieu nous a créés pour vivre dans un contexte culturel. La culture n’est pas
une mauvaise chose : elle est essentielle à la vie. Il est impossible à une personne de se
débarrasser de ses origines culturelles. Elles sont établies en elles avant l’âge de sept
(07) ans.
Pendant de nombreuses années, les experts disaient que chaque culture suivait la même
évolution : les hommes sont d’abord des sauvages, puis des barbares pour enfin devenir
un peuple civilisé. On pensait par exemple que les « sauvages » ne parlaient pas de
langue, mais seulement des dialectes très simples. Lorsque les colons sont arrivés en
Afrique, ils se sont mis à enseigner la « culture », la « civilisation» aux africains. Beaucoup
de missionnaires occidentaux venus en Afriques ont épousé cette conception de la
5
civilisation. Mais cette appréciation de ce qu’est la culture n’est pas juste : toutes les
cultures et toutes les langues sont complexes et adaptés à leur environnement.
M’accordant avec Margareth HILL,10 « les cultures ont toutes des éléments forts et des
éléments faibles. Nous n’évoluons pas vers les cultures (civilisations) supérieures ».
De plus, il n’est pas possible aux chrétiens de progresser vers une seule culture biblique.
C’était une question importante dans l’Eglise Primitive : les grecs devaient-ils s’adapter à
la culture juive pour être sauvés ?
La réponse était NON ! (Actes 15) ; Toutes les cultures sont également valables comme
contextes dans lesquels les chrétiens peuvent vivre leur foi.
Toutes les cultures peuvent être utilisées ; aucune n’est parfaite. Toutes doivent être
transformées par le Christ. Nous n’avançons pas vers une seule culture biblique.
L’Evangile doit pénétrer ce système pour nous atteindre au fond de nous-mêmes. C’est
pourquoi nous parlons d’une « langue de cœur » et d’une « culture de cœur ». Le
christianisme reste à un niveau superficiel aussi longtemps qu’il est compris à travers la
conception de la réalité étrangère à la culture propre de celui qui le reçoit : il ne pénètre
pas la vraie réalité de la vie de la personne. 2 Corinthiens 5.16;17 renvoie à la nécessité
d’abandonner les préjugés et attitudes et de se réconcilier avec le Dieu Vivant. Il ne veut
pas dire que les gens doivent abandonner leur culture.
II.
Les Arts traditionnels dans la Célébration du Culte et les symbolismes
religieux.
Il y a des similitudes et des formes d’emprunts dans :
1. La Liturgie :
a. La Parole : La parole est sacrée en Afrique, elle se fait avec solennité et autorité.
Elle est celle du Chef qui parle à son peuple, elle est prononcée pour exhorter,
pour enseigner et pour bénir. Elle est aussi pour prononcer les malédictions et des
imprécations. Elle est aussi serment de Justice et de Vérité que l’on retrouve dans
le ‘Ngil’11. Elle est sagesse par la richesse des métaphores, des proverbes, des
paraboles et des contes. L’usage des proverbes et autres figures de styles sont
très appréciés dans les prêches en Afrique, particulièrement au Gabon.
10
Margareth HILL, Atelier de Promotion des Saintes Ecritures, Manuel d’Enseignement, SIL Cameroun, Yaoundé 2002. PP
99-100
11 Le "Ngil" était une société (au sens de groupe) à caractère judiciaire. Son but était la recherche et la mise hors d'état de
nuire des sorciers beyem chargés d'un esprit mauvais.
L'initiation au "Ngil" comprenait :
une purification préalable physique et morale ;
une flagellation ;
une confession des crimes et/ou des ruptures d'interdits ;
une épreuve ordalique ;
une présentation des reliques des ancêtres (byeri) ;
6
(Masques Ngil du Gabon)
b. La Prédication : Elle se fait comparativement aux oints extatiques de l’Ancienne
Alliance, plus puissante et rythmée, avec des gestes et des symboles qui
annoncent les oracles, la libération, les avertissements, l’encouragement, le
réconfort et la consolation durant les épreuves. Assez loin de la rhétorique
occidentale du discours que préconisent la méthode historico-critique de Renan et
de Spinoza, le prédicateur joue l’intermédiation entre Dieu qui donne la victoire
dans le combat constant entre les forces de la vie et celles de la mort, et les
humains comme dans des religions traditionnelles africaines où les hommes et
les femmes rencontrent la divinité dans leurs situations multiples comme cela se
vit avec les récits mythiques de l’épopée du Mvett. Sauf que le prédicateur n’est
pas un gourou.
c. L’Eucharistie (Sainte Cène) : C’est un moment de communion avec la divinité,
partie extrêmement sacré réservée aux initiés qui offrent des sacrifices.
2. La Louange et l’adoration :
2.1. Les Instrument locaux
a. La Cithare (Ngombi): Instrument à 8 cordes dont l’harmonie des sons
émerveille et fascine, elle accomplit la double fonction de la religion :
« mustérion tremendum », et « mustérion fascinans », la cithare fait
contempler et transcender, en même temps elle est objet de vénération
d’émerveillement et de crainte. Elle ne peut être jouée que par un initié du
« Bwiti » ; elle accompagne le néophyte à la rencontre avec la divinité. En
Centrafrique, la Cithare est déjà utilisée pour la louange et l’adoration. Il y a
encore des soupçons quant à son usage dans l’Eglise gabonaise.
7
(L’artiste gabonais PAPEY NZIENGUI, il peut jouer 3 cithares du coup)
(Les Cithares Ngombi joués au Gabon dans le Bwiti)
b. Le tam tam : Instrument de langage utilisé pour les danses, et les
communications entre les villages. Il sert à convoquer les personnes au
culte et à annoncer les nouvelles tristes et les décès. Il est utilisé pour les
danses initiatiques de célébration évènementielle et dans les rites
funéraires.
c. Le tambour : Tout comme le tam tam, c’est un instrument de langage de
moyenne portée, qui aide l’homme à se conformer à la cadence gestuelle,
les deux variantes de sons (mineures et majeures) contiennent un
symbolisme qui rythme avec le mouvement du corps et d’esprit. Le
tambour est fait de peau de bête couverte tandis que le tam tam est fait
d’un tronc d’arbre au ventre creux. Le tambour est l’instrument qu’utilise
8
l’Union Chrétienne des Femmes pour la louange et l’adoration, et
l’animation.
(Deux Instruments de musiques très appréciés en Afrique : Tam tam
Tambours)
d. Les balafons : C’est l’instrument qui est très apprécié par les chorales qui
utilisent les instruments locaux traditionnelles. Ce sont des morceaux de
bois disposés au son du solfège qui produisent une merveilleuse mélodie.
Dans l’Eglise catholique, c’est l’instrument par excellence.
(Xylophones du Gabon- Mendzang)
9
(Les balafons portables du Gabon-mendzang)
e. Obaka, maracas, bûchettes de bambous : Ce sont des instruments qui
impriment le rythme des sons et la cadence.
f. Corne de buffle : c’est le son du cor traditionnel, pour appeler la divinité ou
les ancêtres. Utilisé à l’église elle convoque les élus de Dieu et ses anges
à siéger dans l’assemblée des saints, c’est aussi un instrument de louange
et d’adoration pendant les fêtes. Il y a un lien avec le Vuvuzela en Afrique
du Sud.
2.2.
g. La Clochette : annonce l’entrée dans la maison de l’eternel, la solennité et
les temps forts de l’intervention divine.
Le Gestuel :
L’Africain aime la danse et l’animation. Tout le corps vibre au son des
tambours et des tam tam. Tout est vivant par le chant et par la danse.
10
2.3.
2.4.
2.5.
Les couleurs :
L’Africain marie l’environnement et le contexte avec le symbolisme des
couleurs.
Les Plantes :
Les Plantes sont au carrefour de toutes les rencontres, elles embellissent,
elles ornent, elles indiquent le moment de fête ou de deuil ; Les rameaux de
Palmes sont omniprésents pour toutes les circonstances. La guérison par les
plantes est nouvellement expérimentée à la paroisse de Melen Maranatha à
Libreville par le Pasteur Gypsy Brice BAKALA, une jeune théologienne venue de
l’Eglise Evangélique du Congo.
Les tenues :
Les tenues renforcent la dignité et la personnalité, les couleurs varient selon
les évènements ; (Noir pour le deuil, blanc pour les grandes fêtes chrétiennes
et les sacrements). Dans certaines église au Gabon, il apparaît comme un
scandale de porter le pantalon et des habits qui font ressortir des parties
intimes de l’homme ou de la femme, ou de ne pas se couvrir la tête.
CONCLUSION :
Les Arts traditionnels gabonais face à la culture chrétienne permettent de renforcer la foi
africaine authentique pour éviter le dépaysement et l’aliénation. Une forme d’aliénation
qui vide l’homme de sa substance d’Être, qui marque la rupture avec l’Autre et
l’Environnement, et qui est caractérisée par « la Peur d’Etre et la Soif de l’Avoir » que le
Père Engelbert MVENG appelle « Paupérisation anthropologique ». L’Africain doit
effectivement vivre sa foi sans être coupé de son univers vital, culturel, environnemental.
Il doit vivre sa foi tel qu’il EST et avec ce qu’il A ; C’est donc ici le secret de la croissance
et du rayonnement des églises africaines.
Mais depuis le 19ème siècle, l’évangélisation du continent africain et asiatique par les
Missions occidentales a fortement marqué la vie même des églises africaines. L’ère dite
« Positiviste »12 ayant annihilé et atténué l’existence, la saveur du Dieu vivant ; le
rationalisme cartésien s’y est installé, la science expérimentale voulant tout expliquer par
l’évolution des espèces et des familles, l’humanisme athée commettant le théocide et
désormais, tout est sous le contrôle de l’homme qui ne compte que sur ses valeurs et ses
potentialités. La sécularisation progressive ne donne aucune chance à l’expression des
églises pour se préoccuper aussi des « problèmes de tout le monde ». Selon la loi
française de 1905 qui consacre la République laïque, les églises ou les religions n’ont
véritablement aucun rôle dans la société, si ce n’est que de ne s’occuper des âmes. La
civilisation moderne quant à elle, ne trouve aucun d’intérêt pour les cultures ancestrales
et la religion, exalte le jeu, le sport et les loisirs.
12
A. R. Kayayan Pasteur, Croire pour Comprendre, Perspectives Réformées, Palos Heights, IL 60463, 1979. PP 49-51.
« Nous vivons une époque excessivement ‘pragmatiste’. Nos contemporains veulent tout éprouver par le toucher, tout palper
par les mains, ‘sentir’ tout immédiatement ; Pour eux il n’y a de vrai que ce que l’on voit et ce que l’on constate
empiriquement. Tout pensée abstraite est écartée de l’expérience ; C’est ce qu’ils appellent le ‘cadre scientifique’ dans lequel
se placerait et se déroulerait notre existence quotidienne. Cette méthode dite scientifique a la prétention de s’appliquer
jusque dans le domaine de la foi ».
11
L’une des préoccupations récurrentes actuelles est de savoir pourquoi nos églises
traditionnelles d’Europe et d’Afrique se vident, se refroidissent tandis que les églises
charismatiques et de réveils prolifèrent ? Il y a autant de facteurs qui nous poussent à
répondre, mais on doit retenir en priorité les aspects culturels qu’on ne doit aucunement
négliger. La prise en compte des réels problèmes des hommes et des femmes peuvent
« booster » notre témoignage évangélique commun. Les Eglise Protestantes de France
membres de la Cevaa vivent l’expérience des paroisses ‘mosaïc’, cela paraît salutaire au
regard des formes d’expressions culturelles de ces communautés. C’est une richesse et
non une tare que de vivre les échanges multiculturels des personnes et des [biens] entre
le Sud et le Nord. C’est le Christ qui s’incarne dans nos réalités quotidiennes.
Notre Dieu est une réalité vivante, on ne peut croire en LUI et LE servir si l’on n’admet
pas l’existence des anges et des démons, leurs entreprises et leurs manifestations dans
l’homme et le monde. Si l’on n’expérimente pas aussi la Puissance du Saint Esprit, et si
l’on se ne préoccupe pas à revoir en profondeur notre théologie dite de l’ère positiviste13,
pendant que le rationalisme critique et les découvertes de la science moderne
corroborent les vérités bibliques.
Il y a donc lieu d’abandonner nos préjugés et nos attitudes pour nous réconcilier avec le
Dieu Vivant. Notre identité culturelle dans notre rencontre avec le Seigneur doit être
reconnaissable. L’Art traditionnel est un élément important de la culture africaine qui doit
constituer le socle sur lequel nous bâtissons notre foi. Personne ne va à la rencontre du
Seigneur les mains vides, nous (africains et européens), Lui apportons nos personnes et
nos biens (nos outils et nos valeurs, nos difficultés et nos atouts, nos malheurs et nos
bonheurs, notre vie entière…) pour les transformer et les consacrer à LUI.
13
Le Philosophe chrétien Francis SCHEAFFER, a vite tiré sa conclusion : la raison fait faillite pour prouver Dieu et tenter de
l’expliquer, car le Dieu vivant dont nous parlons n’autorise aucune créature à le soumettre à un tel examen. Il a conclut par :
« Démission de la raison ».
12