Places de stabilisation

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Places de stabilisation
201 4
BILAN D’ACTIVITE
PLACES DE
STABILISATION
Janvier 2015
SOMMAIRE
1. PRESENTATION DU POLE ET DU DISPOSITIF PLACES DE STABILISATION ............................ 3
2. RAPPORT QUANTITATIF DE L’ACTION ......................................................................................... 4
3. EVENEMENTS MARQUANTS ........................................................................................................... 7
4. PROBLEMATIQUES RENCONTREES .............................................................................................. 8
5. PAROLES ET TEMOIGNAGES ....................................................................................................... 13
6. RESSOURCES HUMAINES ............................................................................................................. 13
7. ENVIRONNEMENT, RESEAU, PARTENARIAT ............................................................................. 14
8. PERSPECTIVES .............................................................................................................................. 14
ADALEA - Bilan d’activité 2014– Places de Stabilisation
2
1. PRESENTATION DU POLE ET DU DISPOSITIF PLACES DE STABILISATION
Le pôle LOGEMENT-H
HEBERGEMENT comprend des actions diversifiées et complémentaires pour permettre aux
personnes accueillies ou accompagnées de bénéficier d’un parcours résidentiel qui correspond à leurs attentes et à leurs
besoins.
ADALEA gère trois Centres d’Hébergement et de Réinsertion Sociale :
► Le CHRS ARGOS (33 places)
► Le CHRS CLARA ZETKIN (34 places)
► Le CHRS KER GALLO en Centre Bretagne (10 places)
Les CHRS proposent un hébergement avec accompagnement social et professionnel pour aider des personnes ou
des familles en démarche d’insertion à résoudre les difficultés qu’elles rencontrent.
Le CHRS Clara ZETKIN est spécialisé dans l’accompagnement des femmes victimes de violences conjugales.
ADALEA propose également d’autres actions sur les volets Logement Hébergement :
►
►
►
►
►
►
►
►
►
►
►
Des mesures d’Accompagnement Social Lié au Logement (ASLL)
Des mesures d’Accompagnement Vers et Dans le Logement (AVDL)
Des appartements individuels dans le cadre de l’Aide au Logement Temporaire (ALT)
Des mesures D’Accompagnement en Economie Sociale et Familiale (AESF)
L’intermédiation des logements des Programmes Sociaux Thématiques
Une action visant la préparation à la sortie de maison d’arrêt en partenariat avec le SPIP
Un bail à réhabilitation (Loudéac)
Un dispositif de sous-location
Une maison relais (25 places)
Des évaluations sociales en tant que structure relais du SIAO
Une structure alternative aux nuitées hôtelières : l’Hybritel (54 places)
ADALEA gère aussi :
Des PLACES DE STABILISATION (6 places)
Le dispositif des Places de Stabilisation est une petite unité permettant d’accueillir un public très désocialisé, à la
rue depuis de nombreuses années, présentant un état de santé dégradé et/ou en rupture avec les structures
d’accueil classique.
L’objectif principal de l’hébergement de stabilisation est d’accueillir et proposer un accompagnement social continu
permettant aux personnes de se poser, de se ressourcer et de faire émerger ensuite un projet en direction des
dispositifs de droit commun de l’insertion et du logement, même si ce projet « n’est pas susceptible de mener à une
complète autonomie ».
Le lieu d’accueil bénéficie d’un fonctionnement souple, avec un seuil de tolérance élevé vis-à-vis des
comportements individuels, « dès lors qu’ils ne portent pas atteinte à l’intégrité physique et morale des hébergés et
des personnels » ;
L’accompagnement est mené avec le souci de garder des liens avec l’extérieur (réseau social, partenaires…). Pour
cela, nous privilégions un accompagnement social adapté et gradué afin d’éviter les échecs parfois constatés dans
les articulations entre dispositifs.
L’admission n’est effective qu’après l’étude de la demande et l’attribution d’une place par la Commission Unique
d’Attribution (CUA) du Service Intégré de l’Accueil et de l’Orientation (SIAO)1 qui se réunit une fois par quinzaine.
Par ailleurs, conformément à l’article R.345-4 du Code de l’Action Sociale et des Familles, le responsable du service
peut s’opposer, de façon argumentée, à une attribution formulée par la CUA.
1
Circulaire du 8 avril 2010 définissant les objectifs et les principes d’organisation des SIAO.
ADALEA - Bilan d’activité 2014– Places de Stabilisation
3
2. RAPPORT QUANTITATIF DE L’ACTION
2.1. Typologie du public présent sur l’année
a. Nombre de personnes présentes sur l’année et composition familiale
Isolé
Couple
Total
Ménages
13
1
14
Hommes
Femmes
Total
2013
%
93%
7%
100%
Personnes
13
2
15
2013
Personnes
13
2
15
%
87%
13%
100%
Ménages
15
1
16
2014
%
88%
12%
100%
Personnes
15
2
17
2014
Personnes
%
15
88%
2
12%
17
100%
En 2014, grâce au remplacement d’un T3 par deux studios, nous avons pu accueillir une femme isolée.
Si en 2013, nous notions une baisse du nombre de personnes accueillies, ce chiffre est en progression cette année
puisque nous avons accueilli 2 personnes de plus sur les 6 places disponibles.
b. Ages des personnes présentes dans l’année
18-25 ans
26-35 ans
36-45 ans
46-55 ans
56-65 ans
Plus de 65 ans
Total
2013
Personnes
4
1
5
5
0
0
15
%
27%
7%
33%
33%
0%
0%
100%
2014
personnes
2
1
8
6
0
0
17
%
12%
6%
47%
35%
0%
0%
100%
En 2013, nous remarquions un rajeunissement du public, 34% des personnes accueillies avaient moins de 35 ans, le public
accueilli en 2014 est composé à 82% de personnes âgées de plus 35 ans.
c. Les ressources des ménages présents dans l’année
RSA socle
RSA + salaire
Contrat aidé (CAV, CAE
Chômage indemnisé
Indemnités journalières
Pension invalidité
A.A.H
Indemnités de stage
Salaire
Retraite
Sans ressource
Autre ressource
Total
2013
Ménages
%
7
50%
0
0%
0
0%
1
7%
0
0%
0
0%
4
29%
0
0%
0
0%
0
0%
2
14%
0
0%
14
100%
2014
Ménages
8
0
0
1
0
0
6
0
0
0
1
0
16
ADALEA - Bilan d’activité 2014– Places de Stabilisation
%
50%
0%
0%
6%
0%
0%
38%
0%
0%
0%
6%
0%
100%
4
2013
Ménages
%
2
14%
0
0%
7
51%
3
21%
2
14%
14
100%
Sans ressources
< 300 €
De 300 à 600 €
De 600 à 1 000 €
Plus de 1 000 €
Total
2014
Ménages
1
0
8
7
0
16
%
6%
0%
50%
44%
0%
100%
En 2014, la quasi-totalité des personnes accueillies perçoivent les minima sociaux (509 euros pour le RSA socle et 800
euros pour l’AAH).
La seule personne n’ayant pas de ressources est un homme de moins de 25 ans, non éligible au RSA.
La part des personnes bénéficiaires de l’AAH continue d’augmenter pour atteindre 38% du public.
d. Orientation des ménages présents sur l’année
2013
Ménages
Travailleur social
Usager lui-même
115
Autre
Total
14
0
0
0
14
100%
0%
0%
0%
100%
2013
MDD
SPIP
Autre TS
Service de l’emploi
ADALEA
2014
Ménages
0
0
3
0
11
13
0
1
2
16
81%
0%
6%
13%
100%
2014
MDD
SPIP
Autre TS
Service de l’emploi
ADALEA
0
0
4
0
12
La majorité des orientations est faite par l’association ADALEA. Les autres travailleurs sociaux à l’origine des demandes
sont des travailleurs sociaux de l’association Noz Deiz de Dinan, de la maison d’arrêt de St Brieuc (via notre service
DPSMA) et du CMP de St Brieuc.
e. Situation des ménages avant l’accès au dispositif places de stabilisation
SDF
Expulsion
Séparation
Insalubrité
Hébergé chez un tiers
Hébergé en CHRS, ALT…
Incarcéré
Hospitalisation
Autre*
Total
2013
Ménages
6
1
0
0
3
0
1
1
2
14
%
43%
7%
0%
0%
22%
0%
7%
7%
14%
100%
2014
Ménages
9
0
0
0
4
1
2
0
0
16
%
66%
0%
0%
0%
25%
6%
13%
0%
0%
100%
Cette année encore, toutes les personnes accueillies sur le dispositif étaient sans solution de logement, soit hébergées
chez des tiers, hébergés en urgence via le 115 ou à la rue.
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2.2. Descriptif des ménages sortis dans l’année
Durée moyenne de séjour
Durée
Moins d’un mois
De 1 à 3 mois
De 3 à 6 mois
De 6 à 9 mois
De 9 à 12 mois
Plus de 12 mois
Total
2013
Ménages
1
1
3
2
1
1
9
%
11%
11%
34%
22%
11%
11%
100%
2014
Ménages
0
8
5
3
0
0
16
%
0%
50%
31%
19%
0%
0%
100%
La durée des séjours diminue cette année. Cette diminution est due au choix de personnes de quitter le dispositif, sans
concertation et sans que l’accompagnement ait pu aboutir à une amélioration de la situation.
Sorties
Accès à un logement autonome
2013
Ménages
2
%
22%
1
1
11%
11%
2
0
18%
0%
0
0%
0
0%
2
0
1
0
1
3
9
22%
0%
11%
0%
11%
34%
100%
1
0
1
0
1*
6
11
9%
0%
9%
0%
9%
55%
100%
Dont Parc privé
Dont Parc public
Accès à un logement en sous
location
Hébergement en CHRS
Hébergement en ALT
Maison relais/résidence accueil
Hébergement chez un tiers
Autre
Situation inconnue
Total
2014
Ménages
2
%
18%
*Autre : caravane
Comme indiqué plus haut, le nombre de personne ayant quitté le dispositif sans concertation est de 6 sur un total
de 11 départs. Sur ces 6 situations, nous avons proposé de travailler sur l’aspect santé avec la mise en place d’un
suivi. En effet, l’état de santé mettait à mal leur quotidien et empêchait de se projeter dans un travail d’insertion.
Cette proposition de suivis santé ont été source de désaccord, non mis en place et les personnes ont préféré
partir.
2 personnes ont accédé à un logement autonome dans le parc privé, des studios.
2 glissements se sont opérés sur le CHRS et la maison relais.
Le taux d’occupation des places de stabilisation est de 79.80% en 2014 (89.36% en 2013).
A noter par rapport à ce taux d’occupation que deux logements ont été bloqués pour rénovation et un autre pour des
dégradations importantes pour une équivalence de 187 nuitées en 2014.
Sans ces blocages le taux d’occupation de 2014 était équivalent à celui de 2013.
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3. EVENEMENTS MARQUANTS
L’évaluation externe
A la suite de l’évaluation interne conduite en 2013 et comme le prévoit la loi 2002.2 rénovant l’action sociale et médicosociale et le Code de l’Action Sociale et des Familles (CASF), les CHRS et la stabilisation ont procédé à leur
évaluation externe en 2014.
Le cabinet Périnove, retenu de manière conjointe avec la Maison de l’Argoat pour mener à bien cette démarche, est
intervenu sur nos services de mars à juin 2014. Après une analyse documentaire à partir nos références (projet
associatif, projets de services) et nos outils (plaquettes, compte-rendu de réunion, dossier individualisé, etc.), les
intervenants de Périnove ont rencontré les différentes parties prenantes de l’association :
- Des représentants du Conseil d’Administration
- La direction et l’encadrement
- Les professionnels
- Les personnes accueillies
Et une dizaine de partenaires.
A l’issue de cette phase d’analyse et d’observation de terrain, le cabinet Périnove a transmis ses conclusions finales
en octobre au sein d’un rapport de 85 pages et un rapport abrégé de 26 pages transmis à la Direction Départementale
de la Cohésion Sociale.
Les résultats de l’évaluation externe ont fait l’objet d’une restitution auprès des équipes en réunion de pôle et auprès
des personnes accueillies en Conseil de Vie Sociale.
De manière globale, les résultats de l’évaluation externe sont satisfaisants. Les axes de progrès identifiés vont venir
abonder les fiches actions de l’évaluation interne pour intégrer ensuite le plan d’actions dans le cadre du projet
associatif 2014 – 2019.
Les changements de logement et la capacité de proposer des hébergements seuls :
Depuis son ouverture, le dispositif fonctionnait sur le principe du co-hébergement, deux personnes seules étant
accueillies sur un logement de type 3.
Au mois de novembre 2013, nous nous sommes séparés de deux des trois logements T3 se trouvant rue Ferdinand de
Lesseps.
En remplacement, nous avons loué un T3 à Ploufragan ainsi que 2 studios à proximité des locaux rue de la Corderie.
Ces deux studios nous permettent maintenant de proposer des hébergements seuls et de répondre aux demandes
d’hébergement de personnes refusant le co hébergement, d’accueillir des femmes…
Cependant, depuis cette nouvelle configuration, est laissé le choix lors des entretiens SIAO de refuser le cohébergement. Nous faisons donc face à un nombre important de refus de colocation, laissant parfois des places
inoccupées sur les T3 et une liste d’attente importante sur les studios.
Notre recherche de deux autres studios pour remplacer le T3 restant à la maison relais, est, à ce jour infructueuse.
La mise en place de réunions de résidents :
Lorsque les différents logements se trouvaient sur le site de la maison relais, étaient proposées des réunions de
résidents hebdomadaires communes à la maison relais et aux places de stabilisation. Depuis la réorganisation en
matière locative, seul un logement se situe sur le site.
Lors d’un groupe d’expression, les résidents présents ont fait la demande de pouvoir se réunir en petit groupe,
simplement les résidents des places de stabilisation.
Nous avons donc mis en place des réunions, l’ordre du jour est décidé par les personnes présentes. Nous avons
abordé des thèmes comme l’occupation du temps libre, ce qui a permis de recueillir leurs souhaits et de les informer
sur les solutions possibles à Saint Brieuc mais aussi d’organiser une sortie.
Un autre thème abordé a été celui de l’alcool, notamment la consommation d’alcool en lien avec la rue, au travers d’un
échange libre, de transmission de conseils, d’informations et de coordonnées de partenaires.
ADALEA - Bilan d’activité 2014– Places de Stabilisation
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4. PROBLEMATIQUES RENCONTREES
Nous avons choisi de présenter un bilan quantitatif et qualitatif des 5 ans de fonctionnement du dispositif.
Au total depuis l’ouverture du dispositif en 2009, nous
avons accueilli 61 personnes dont 52 hommes seuls,
soit + 85% du public.
Hommes
Femmes
Total
54
7
61
88%
12%
100%
80% des personnes accueillies ont plus de 35 ans et 47% plus de
45 ans. Il s’agit de personnes à la rue depuis de nombreuses
années, qui rencontrent des problématiques santé majeures et un
vieillissement prématuré qui ne leur permettent plus de vivre dans
une situation d’errance.
Pour les moins de 25 ans (5 personnes), nous constatons qu’il
s’agit de jeunes en situation de rupture, à la rue aussi depuis
plusieurs années, depuis l’adolescence et qui présentent des
problématiques santé graves dont des poly addictions depuis le
plus jeune âge.
Ressources
Les ressources évoluent peu entre l’entrée et la sortie.
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- Plus de 52% du public est bénéficiaire du RSA socle à l’entrée et 58% à la sortie, cette augmentation étant due à
l’ouverture de droits.
- 6 personnes étaient sans ressources, il s’agit de jeunes de – 25 ans mais aussi de personnes ne faisant pas
valoir leurs droits, en rupture de lien ou en défiance des institutions (administration, santé…). Ils ne sont plus que
2 à la sortie, deux jeunes de – 25ans.
- 20% du public est bénéficiaire de l’AAH.
- Pour 2 personnes, l’insertion par l’emploi a pu être un levier mais la situation de salariés reste de l’exceptionnelle
et a concerné des personnes n’ayant pas un vécu de rue installé.
Situation administrative
Les personnes accueillies ne bénéficient que peu ou pas de suivi social. La majorité sont en rupture de suivi du fait
d’une difficulté d’accès aux services de droits communs (méconnaissance du public) mais aussi en lien avec leurs
comportements, parfois agressifs dans les relations avec les institutions et administrations, souvent en raison de
leurs de réponses claires et immédiates.
De ce fait, la situation administrative est souvent délaissée avec :
- Des difficultés financières et de gestion budgétaire (surendettement, relation bancaire…)
- Des dossiers non suivis ou non actualisés, la réalisation des démarches dans l’après coup, pas ou peu de suivi
des échéances (demande et droit AAH, demande mesure de protection, CMU…)
Logement
A l’entrée
- 44 personnes étaient sans domicile, en
squat, en tente… soit 72%
- 15 étaient hébergés par des tiers,
hébergements souvent précaires qui
peuvent s’arrêter brutalement.
- 2 personnes étaient incarcérées et 1
hospitalisée.
- Aucune n’était locataire en titre d’un
logement, 4 étaient dans une procédure
d’expulsion.
A la sortie
- 17 personnes ont intégré un logement, 1 en
parc public (BSB), 9 en parc privé et 7 ont accédé
à un logement dans la pension de famille gérée
par l’association.
Soit 32%
- 10 personnes ont été orientées vers du CHRS
et 3 des structures de soins
Soit 25%
- 6 personnes étaient hébergées par des tiers, 1
personne a été incarcérée et 12 personnes
ont quitté le dispositif sans concertation et
probablement sans solution de logement
- 4 personnes ont été exclues du dispositif
ADALEA - Bilan d’activité 2014– Places de Stabilisation
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Les parcours logement sont chaotiques (abris de nuit d’urgence, logement indécent, squat, hébergement chez des
tiers, caravane, tente…), avec de longs parcours d’errance.
Certains présentent des expériences en logement autonome dans le parc privé et/ou public, souvent dans le cadre
d’une vie familiale plus stable.
L’accession à un logement autonome parait complexe, tant sur le plan budgétaire que sur l’occupation de ce logement
(devoirs des locataires, capacités à habiter un logement).
L’accueil sur le dispositif nous permet de constater :
-
Une transition rue/domicile anxiogène
Des nuisances et troubles du voisinage
L’hébergement de tiers
Des difficultés d’entretien du logement
Des risques domestiques
Une mauvaise utilisation des équipements (beaucoup de casse)
Dans la préparation de la sortie :
-
Des freins multiples pour l’accès au logement ; absence de garant, petites ressources, passé locatif ou
absence d’expérience en logement…
Une défiance des bailleurs publics comme privés
Le déficit de petits logements peu chers dans le parc public
Des logements trop chers dans le parc privé
Des orientations difficiles sur d’autres dispositifs d’insertion du fait du manque de places
Des entrées en logement adapté difficiles du fait du manque de places, des délais d’attente longs, de la
difficulté à assurer la stabilisation notamment au niveau santé
Concernant les sorties en logement autonome, nous devons faire le constat que si certaines ont été très positives,
d’autres se sont soldées après quelques mois d’occupation par un échec, majoritairement en raison de l’arrêt des
suivis et/ ou accompagnements médicaux et sociaux.
La sortie vers du logement adapté, avec un soutien au quotidien, semble être une orientation pertinente et efficiente
mais insuffisamment mise en œuvre du fait du manque de places. Cette orientation concerne 53% des personnes
sorties.
Santé
Nous avons repris les items de l’enquête DRJSCS 2014 pour les 61 personnes accueillies sur 2009-2014.
Troubles psychiques
Nombre de personnes sortant d’établissement psychiatrique ou en
démarche de soins pour troubles psychiques
Soit 28% des personnes accueillies
17
Nombre de personnes nécessitant une démarche de soins en
psychiatrie mais non mise en place
soit 36% du public accueilli
22
Nous évaluons que plus de 36% des personnes accueillies nécessiteraient un suivi médical en santé mentale.
L’absence de soins est une des raisons qui fait que les personnes se retrouvent à la rue car en incapacité
d’occuper un logement (suivi administratif, paiement du loyer, entretien, relations de voisinage)
ADALEA - Bilan d’activité 2014– Places de Stabilisation
10
Ce suivi n’est pas en place pour diverses raisons, qui se cumulent ou se succèdent et :
-
Le déni de la maladie ou un arrêt des soins quand un mieux être est ressenti
Une difficulté à suivre un traitement de manière adapté et dans la durée
Une difficulté d’accès de ce public aux structures de soins du droit commun dans l’accueil, l’écoute, la
mobilisation des professionnels, l’adaptation du suivi
Une difficulté dans le suivi des soins à domicile (disponibilité et motivation des professionnels du soin à
prendre en charge ce public qui peut ne peut pas être respectueux des rendez-vous fixés))
Le délai d’attente pour obtenir des consultations alors que ce public n’est pas en capacité de se projeter
L’équipe Mobile Précarité Psychiatrie EMPP reste parfois notre seul interlocuteur.
Addictions
Nombre de personnes ayant une addiction reconnue et identifiée dans
le projet d’accompagnement
Soit 23% du public accueilli
14
Nombre de personnes pour lesquelles une démarche de soins en
addictologie est nécessaire mais non mise en place
Soit 59% du public accueilli
36
L’addiction est présente dans quasiment toutes les situations, qu’il s’agisse de dépendance à l’alcool,
aux médicaments, aux drogues, de détournement de traitement. L’addiction est rarement à un seul
produit, plus souvent à plusieurs produits associés.
Ces addictions sont installées depuis de nombreuses années, les personnes ont souvent engagé des
soins dans leur parcours (pré cures, cures, post cures, suivi ambulatoire…).
Les facteurs qui expliquent ce défaut de soins sont multiples :
-
Un déni ou minimisation de l’addiction
Une difficulté à tenir les soins dans la durée
Les délais d’attente pour un rendez-vous en service spécialisé ainsi que l’accueil et la prise en compte de la
spécificité du public de la rue.
L’absence d’un soutien de proximité et au quotidien pour résister aux consommations et l’inactivité, l’ennui
Une difficulté à quitter la rue et les relations qui peuvent encourager la poursuite des consommations
La difficulté à travailler des parcours de soins/insertion (assurer une place d’insertion en sortie de post cure,
refus des centres de post cure des personnes ne bénéficiant que d’un hébergement et non d’un logement)
Autres problèmes de santé
D’autres problèmes de santé peuvent être repérés. La santé générale des personnes est fortement dégradée de
part
-
les conditions de vie matérielle : mauvaise alimentation, sommeil dégradé, exposition au froid, mauvaise
hygiène…
le vécu émotionnel : histoire de vie, stress, peur, agressivité…
les conséquences physiques des troubles psychiques et des addictions
Les personnes sont peu ou pas suivies, elles présentent un seuil de tolérance à la douleur élevé et éprouvent des
difficultés à accéder aux services médicaux de droits communs.
Les personnes présentent aussi des pertes de repères dans le temps et dans l’espace : les besoins ne sont pas
anticipés mais au jour le jour, elles ne peuvent se projeter et s’organiser dans le temps, ont des demandes
immédiates qui nécessitent une réactivité et une adaptabilité des professionnels.
ADALEA - Bilan d’activité 2014– Places de Stabilisation
11
Violences
Nous n’avons comptabilisé que les actes de violences physiques ou d’agressions graves.
Nombre de personnes ayant commis des violences à l’encontre des
usagers ou des professionnels
Soit 20% du public accueilli
12
20% du public accueilli a pu présenter un comportement violent, chiffre à corréler au nombre d’exclusions prononcées
qui s’élèvent seulement à 4.
Nous pouvons donc confirmer que ce dispositif fonctionne avec un haut seuil de tolérance à certains comportements,
d’autant que ne sont pas comptabilisées les violences verbales.
Ces comportements ne sont pas liés à des actes de délinquance mais à mettre en lien avec des consommations
excessives, des troubles du comportement du fait de troubles psychiques ou de pathologies mentales, des réactions
en raison d’incompréhensions suites à des décisions administratives (ex : suspension de droits)…
Autres constats:
- L’isolement des personnes, tant sur le plan social que familial :
Nous remarquons que les personnes accompagnées sur le dispositif sont très isolées, n’ayant plus de contact
ou de nouvelles de leur famille. Beaucoup d’entre elles ont eu à faire à l’Aide Sociale à l’Enfance, ont vécu
des placements ou des suivis éducatifs dans leur enfance. Peu d’entre elles exprime le souhait de rechercher
leur famille. Certains ont tout de même réalisé des démarches afin de pouvoir rencontrer leurs enfants
(demande auprès du juge aux affaires familiales, service de l’ASE…).
Plusieurs personnes expliquent que le décès de leur compagne ou compagnon a été à l’origine de leurs
difficultés.
- L’estime de soi :
Les personnes ont une estime d’elles mêmes très dégradée, elles expriment fortement des sentiments
d’ennui et d’inutilité sociale. En incapacité physique et psychologique d’aller vers l’emploi (y compris
d’insertion) ou la formation, elles expriment leurs attentes quant à des activités occupationnelles mais surtout
utiles qui pourraient donner du contenu à leur journée et leur permettre de retrouver une utilité.
- La demande :
Les personnes expriment peu de demandes. Leurs souhaits en arrivant sur le dispositif des places de
stabilisation se situent surtout sur la réponse aux besoins primaires. Une fois ceux-ci satisfaits, il leur est très
difficile de se projeter sur d’autres projets. Lorsque la demande émerge, la mise en mouvement et la prise de
responsabilité est difficile. Elles ont peu de désirs, peu de plaisirs, peu ou pas d’envies.
ADALEA - Bilan d’activité 2014– Places de Stabilisation
12
5. PAROLES ET TEMOIGNAGES
Lors de groupes d’expression, les personnes ont pu exprimées :
La satisfaction de l’accueil du côté de l’écoute, la disponibilité des professionnels, la prise en compte de leur
situation dans leur globalité
Le rejet et l’incompréhension qu’elles rencontrent dans les rapports avec les administrations ou services
divers et leur difficulté à gérer les relations avec ces services ;
Leur difficulté à se projeter, à élaborer un projet de vie
Leur difficulté à engager mais surtout tenir dans la durée un suivi santé, quel qu’il soit
Le sentiment d’inutilité et d’ennui
Le besoin d’un accompagnement de proximité, y compris physique
La nécessité d’être hébergé seul afin de ne pas subir les problématiques d’un autre qui n’en est peut être pas
au même point d’avancée dans des soins, un projet…
« En place de stabilisation », en effet j’ai trouvé une place. J’ai mon chez moi, plus besoin de
quémander pour un soir.
J’aime être seul et je me démerde.
En tout cas, moralement et aussi physiquement, je me sens enfin MOI !
Même si c’est encore dur mais… lecture, concerts, rencontres, j’ai même retrouvé une copine qui
pense me voir comme quand j’avais 16, 18, 20… beau, jeune et fier et surtout imposant.
Et ça c’est grâce à la place de stabilisation, je me suis calmé, j’ai construit divers avenirs, je pense que
j’y ai droit.
En tout cas, j’ai retrouvé la foi en la vie.
6. RESSOURCES HUMAINES
Le dispositif a été (en collaboration avec l’équipe de la Maison Relais) le terrain de stage de :
un stagiaire Educateur Spécialisé avril 2014 à mars 2015, ASKORIA SAINT BRIEUC
Le temps consacré à la formation se monte à 3.5 heures
2 temps d’information sur les économies d’énergie (ABIEG) et la gestion des déchets (Saint Brieuc Agglomération)
ADALEA - Bilan d’activité 2014– Places de Stabilisation
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7. ENVIRONNEMENT, RESEAU, PARTENARIAT
Ce dispositif nécessite un travail de lien avec divers partenaires dont ceux de notre association :
La boutique solidarité :
Les personnes orientées ont, pour une grande partie d’entre elles, fréquenté les services de l’accueil de jour de
l’association (Point Accueil Santé, ASEP…) Une relation de confiance s’est nouée avec les professionnels. Les
collègues de l’accueil de jour et de l’ASEP font souvent émerger les demandes d’hébergement.
Nous nous mettons régulièrement en lien avec ces services tant pour programmer les entrées que lorsque nous
sommes en difficulté sur l’accompagnement social. En effet, il peut arriver que les personnes ne se rendent plus aux
rendez vous fixés dans le cadre de l’accompagnement social ou ne répondent plus au téléphone voire même quittent
le logement. Nous pouvons solliciter ces deux services afin de pouvoir reprendre contact avec ces personnes.
Le Point Accueil Santé (PAS)
Comme nous l’avons indiqué plus haut, les personnes souffrent de nombreuses difficultés de santé tout en étant
défiantes vis-à-vis des services de soins de droit commun. Aussi, nous faisons parfois recours, quand la situation de
santé est préoccupante, aux professionnels et bénévoles du point accueil santé : infirmier, psychologue, médecin,
pharmacienne. L’infirmier participant aux maraudes de l’ASEP, il est identifié comme personne ressource, il a pu
entamer aussi des démarches avant l’entrée en place de stabilisation. Le PAS peut être le lieu de reprise de confiance
avec le secteur médical, le lieu où les personnes ne se sentiront pas jugées et accepteront d’être soignées. Nous
pourrons alors travailler à une orientation vers le droit commun.
Cette orientation s’est aussi faite pour des personnes dont les droits à la couverture maladie universelle n’étaient pas
ouverts.
8. PERSPECTIVES
Dans le cadre du nouveau projet associatif (2014/2019), chaque pôle doit élaborer au premier trimestre 2015 son
nouveau plan d’actions qui tiendra compte des orientations prises par l’association pour les 5 ans à venir mais aussi
les préconisations issues des démarches d’évaluation interne et externe. Ce plan d’action se déclinera sous forme de
fiches actions et est en cours de finalisation. Il associe administrateurs, encadrement, professionnels et personnes
accueillies.
L’expérience de ces 6 années de fonctionnement ainsi que les besoins et attentes exprimées par les personnes
accueillies nous conduit à proposer des pistes d’évolution afin d’améliorer son efficacité, pistes que nous avons
proposées de travailler avec la Direction Départementale de la Cohésion Sociale après un travail de bilan avec les
deux autres associations du département gérant aussi ce dispositif : l’Association Maison de l’Argoat à Guingamp et
l’association Noz Deiz à Dinan. Les pistes dégagées sont :
Ne plus avoir recours au co hébergement en remplaçant les logements T3 par des studios
Pouvoir regrouper les logements autour de petits collectifs comme support à l’accompagnement
Dégager des moyens spécifiques pour l’entretien et la réparation des logements
Inscrire une dimension pluridisciplinaire dans l’accompagnement
Communiquer sur le dispositif et sensibiliser sur le public accueilli
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