Inventaire des Chauves
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Inventaire des Chauves
UNIVERSITE DE MAROUA THE UNIVERSITY OF MAROUA ECOLE NORMALE SUPERIEURE HIGHER TEACHERS’ TRAINING COLLEGE DEPARTEMENT DES SCIENCES DE LA VIE ET DE LA TERRE DEPARTMENT OF LIFE AND EARTH SCIENCES Introduction à l’inventaire des Chauves-souris (Chiroptères) de la ville de Maroua, Extrême-Nord Cameroun Mémoire présenté en vu de l’obtention du Diplôme de Professeur de l’Enseignement Secondaire de Deuxième Grade (DIPESS II) en Sciences de la Vie et de la Terre (Option : Unique) Par : BOL A ANONG ALIMA G Licence de Biologie et Physiologie Animales GUIEKE BERNARD BERNARD Licence de Biologie et Physiologie Animales TSALA BADOANA DONATIEN Licence de Biologie et Physiologie Animales Sous la direction de: BAKWO FILS ERIC MOISE Pr. NGO BUM ELISABETH Maître de Conférences Assistant Faculté des Sciences Ecole Normale Supérieure Université de Ngaoundéré Université de Maroua Année académique 2010-2011 DEDICACE Ces travaux sont entièrement dédiés à nos familles respectives pour l’amour et l’éducation qu’elles nous offrent. iii REMERCIEMENTS Ce travail s’est déroulé dans un climat de convivialité et de bonne humeur. La conduite à terme de ces travaux a été possible grâce à l’aide de plusieurs personnes et organisations. Pour cela nous tenons à remercier sincèrement : - le Pr. Ngo Bum Elisabeth, Maître de Conférences, Vice-Doyen chargé de la programmation à la Faculté des Sciences de l’Université de Ngaoundéré pour les orientations dans la réalisation de ce travail ; - le Dr Tsala Emery David, Assistant à l’Ecole Normale Supérieur de l’Université de Maroua qui malgré ses occupations a accepté de participer à la réalisation de ce travail. Ses critiques et suggestions ont permis que ce mémoire puisse être achevé ; - M. Bakwo Fils Eric Moise, Assistant à l’Ecole Normale Supérieur de l’Université de Maroua pour l’aide matérielle, sa disponibilité, son soutien et les orientations apportés à la rédaction de ce mémoire et surtout sa passion des Chiroptères; - le Dr Victor Van Cakenberghe, de l’Université d’Anvers (Belgique) pour la documentation et les diverses orientation dans l’identification des spécimens ; - le Dr Fotso Kuaté Appolin, de l’IITA de Yaoundé pour ses explications et l’aide dans l’analyse statistique des données ; - La Rufford Small Grants Foundation, pour le matériel de terrain ; - à tout le corps enseignants et l’administration de l’ENS de Maroua pour leur dévouement dans notre formation et la rigueur au travail ; - aux Familles Anong, Badoana et Zikounda pour l’aide directe, la fraternité et la solidarité qu’ils manifestent; - à tous ceux et celles non mentionnés qui ont contribués à l’aboutissement de ce travail. iv TABLE DE MATIERES Dédicace.……………………………………………………….….……………………...iii Remerciements………………………………………………….….……………………...iv Table de matières…………………..……………………………………………………....v Résumé et Abstract....................................................................….....................................vii Liste des tableaux………………………………………………………………………..viii Liste des figures………………………………………………..………….........................ix Liste des abréviations………………………………………………………………………x Introduction…………………………………………...……………………………………1 Chapitre I : Revue de la littérature…………………………………………………………3 I Généralités sur les Chiroptères...………………………………………………................3 I.1 Position dans la systématique des Chiroptères…………..……………………………..3 I.2 Anatomie…………………………………………………...…………………………...5 I.2.1 Peau et phanères…………………………………………..……………………….....5 I.2.2 Membrane alaire ou patagium………………………………………………………..6 I.2.3 Squelette……………………………………………………………………………...8 I.2.4 Musculature………………………………………………………………..………..10 I.2.5 Système nerveux et organes de sens………………………………………...………11 I.2.6 Appareil digestif……………………………………………………………….……13 I.2.7 Appareil circulatoire……………………………………………………………...…15 I.2.8 Appareil uro-génital…………………………………………………………………15 I.3 Biologie et éthologie des Chiroptères…………………………………………………18 I.3.1 Echolocation………………………………………………………………...………18 I.3.2 Locomotion……………………………………………………………………….…21 I.3.3 Alimentation……………………………………………………………..……….…22 I.3.4 Reproduction……………………………………………………………..……….…24 I.3.5 Migrations………………………………………………………………..……….…26 I.3.6 Longévité……………………………………………………………………………27 I.4 Écologie des Chiroptères………………………………………………..………….…28 I.4.1 Milieu de vie…………………………………………………………..……….……28 I.4.2 Gîtes…………………………………………………………………………………28 I.5 Importances des Chiroptères………………………………………………………..…30 v I.5.1 Sur le plan écologique………………………………………………………………30 I.5.2 Sur le plan économique………………………………………………………..……30 I.6 Chauves-souris du Cameroun…………………………………………………………32 Chapitre II : Matériel et méthodes……………………………………………………..…33 II.1 Présentation de Maroua et des sites d’études……………………………………..…33 II.1.1 Présentation de Maroua…………………………………………………...……..…33 II.1.2 Sites d’étude…………………………………………………………………..……35 II.2 Collecte des données…………………………………………………………………38 II.2.1 Capture………………………………………………………………………..……38 II.2.2 Identification………………………………………………………………….……39 II.3 Analyse statistique des données……………………………………………..….……40 II.3.1 Diversité ALPHA……………………………………………………………..……41 II.3.2 Diversité BETA………………………………………………………………….…42 II.3.3 Clé d’identification…………………………………………………………………43 Chapitre III : Résultats et discussion…………………………………………………..…44 III.1 Effort d’échantillonnage…………………………………………………….………44 III.2 Diversité spécifique………………………………………………………….………44 III.2.1 Diversité ALPHA……………………………………………………………….…52 III.2.2 Diversité BETA……………………………………………………………………55 III.3 Description des habitats des Chauves-souris dans la ville de Maroua…………..…57 III.4 Clé d’identification des Chauves-souris de la ville de Maroua…………………......58 Conclusion…......................................................................................................................62 Références bibliographiques…………………………………………………………...…63 Annexes…………………………………………………………………………………...70 vi Résumé Dans le but de fournir des données de base sur la diversité spécifique des Chiroptères de la ville de Maroua, un inventaire à été réalisé de façon discontinue du 10 janvier au 16 mars 2011. Les captures sont réalisées à l’aide d’un filet japonais placé sur des perches, durant 22 séances entre 18h et 00. Les captures sont faites dans 9 sites repartis en 3 groupes: site dortoir; site d’alimentation et site d’hydratation. Au total 413 spécimens de Chauves-souris appartenant à 3 familles, 9 genres et 18 espèces ont été recensés. Les Chauves-souris insectivores présentent une plus grande diversité spécifique (15 espèces) et une grande abondance relative par rapport aux Chauves-souris frugivores (3 espèces). La courbe d’accumulation spécifique ne marque pas de plateau asymptotique preuve que cet inventaire n’est pas complet. Les sites les plus diversifiés sont les sites d’hydratation suivi des sites d’alimentation et enfin les sites dortoirs. Au cours de cet inventaire, Scotophilus dinganii s’est révèlée être l’espèce la plus commune de la ville et 3 espèces sont capturées pour la première fois au Cameroun: Chaerephon chapini;Chaerephon leucogaster et Mops niveiventer. Ce résultat fait passer la richesse spécifique camerounaise de 72 à 75 espèces. Mots clé : Inventaire, Chauves-souris, Maroua, Cameroun. Abstract In order to provide a basis data on the Chiropteran fauna of Maroua Far North of Region of Cameroon, a survey was carried out from January 10th to March 16th 2011. Mist nets were used for the captures during 22 nights until 6 to 00 pm. Captures were realized in 9 sites subdivised in 3 subgroups: the resting site, the feeding site and the hydrating site. A total of 413 specimens of bats belonging to 18 species, 9 genus and 3 families were surveyed. Insectivorous bats presented a wide species richness (15 species) and a wide relative abundance compared to frugivorous bats (3 species). The species accumulation curve do not reached an asymptote proving that the survey was not ended. The most diversify site were those for hydrating followed by feeding sites and at last the resting sites. During this survey, Scotophilus dinganii was the most abundant species in the study site and 3 species were recorded for the first time in Cameroon: Chaerephon chapini; Chaerephon leucogaster and Mops niveiventer. These records increase the total species for that country from 72 to 75. Keywords: Survey, Bats, Maroua, Cameroon. vii LISTE DES TABLEAUX Tableau 1: Coordonnées géographiques des sites de capture ………………………….35 Tableau 2: Nombre d’individus de chaque espèce, effort d’échantillonnage et succès de capture par site d’étude………………..………………………………………………….51 Tableau 3: Indices de diversité spécifique de Shannon et Weaver, de Simpson et équitabilité de Piélou par site de capture……………………………………….……...…54 Tableau 4: Comparaison de deux indices de complémentarité ; Jaccard Classic et SorensenClassic…………………………………………………………………...……...55 viii LISTE DES FIGURES Figure 1: Poils de Chiroptères……………………………………………………………..6 Figure 2 : Membrane alaire de Chauves-souris……………………………………………7 Figure 3 : Squelette de Chiroptère………………………………………………………...8 Figure 4 : Morphologie des crânes de 4 espèces de chauves-souris……………..………9 Figure 5 : Système d’accrochage des Chiroptères……………………………..………...10 Figure.6 : Musculature alaire de Pteropus sp…………………….……………………………11 Figure 7 : Encéphale de Mégachiroptère……………………….………………………..12 Figure 8: Estomac de Pteropus vampyrus edulis…………………………………..……..14 Figure 9 : Tube digestif de Desmodus rotandus……………………………………..…..14 Figure 10: Organes uro-génitaux mâles………………………………………………...15 Figure 11 : Organes génitaux mâle externe de Chiroptère……………………………..16 Figure 12: Organes génitauerx femelles : A, Rousettus aegyptiacus ; B, Artibeus perspicillatus……………………………………………………………………………..17 Figure 13 : Organes génitaux femelles des Chiroptères………………………………..28 Figure 14 : Utilisation de l’écholocation par un Chiroptère durant la chasse………….20 Figure 15 : Carte de la ville de Maroua représentant les 9 sites de capture…………….37 Figure 16: Etudiants munis d’équipements appropriés enlevant des Chiroptères pris dans le dispositif de capture site du pont rouge………………………………………………..38 Figure17 : Chiroptères en cage…………………………………………………………..39 Figure 18: Prise des paramètres biologiques à l’aide d’un pied à coulisse........................40 Figure 19 : Distribution pour l’Afrique de Chaerephon chapini………………………..46 Figure 20: Distribution pour l’Afrique de Chaerephon leucogaster…………………….47 Figure 21: Distribution pour l’Afrique de Mops niveiventer………………………….....49 Figure 22: Courbe d’accumulation des espèces………………………………………….52 ix LISTE DES ABREVIATIONS ACR : African Chiropteran Report CIMENCAM : Cimenterie du Cameroun CRTV: Cameroon Radio and Television FC: Fréquence constante FM : Fréquence modulée GPS: Global position system Khz: Kilohertz RDC: République Démocratique du Congo Sobs : Species observes SODECOTON: Société de Développement du Coton du Cameroun USDA: United State for the development of agriculture &: Et ♂: Mâle ♀: Femelle x INTRODUCTION Le Cameroun est un pays de l’Afrique centrale qui présente une grande diversité floristique et faunistique grâce à sa position géographique. Du Nord au Sud, on distingue une zone de steppe, une zone de savane d'altitude et une zone forestière (Aellen, 1952; Achoundong, 2007). La forêt tropicale est riche en espèces naturelles ou cultivées (palmier à huile, hévéa, acajou, et ébène). La faune mammalogique sauvage est extrêmement variée et relativement préservée au sein des parcs nationaux. Si de nombreux travaux ont été réalisés sur la faune mammalogique du Cameroun, très peu d’entre eux concernent les Chiroptères; ceci malgré leur rôle écologique majeur dans le maintient des écosystèmes (Reis & Guillaumet, 1983). En effet, les précieux services écologiques rendus par les Chiroptères restent encore ignorés par la majorité des populations et même par les autorités en charge de la gestion de la faune et de la flore (Bakwo, 2009b). La principale conséquence de cet état des choses est que les Chauves-souris ne sont nullement prises en compte dans les projets de conservation et de gestion de la faune et la flore des écosystèmes tropicaux (Bakwo, 2009b). Les Chauves-souris sont des animaux aux activités nocturnes. Elles ont un passé plutôt sombre où les superstitions et les croyances humaines les bannissaient. À tord, on attribue aux Chauves-souris des qualificatifs à l’instar d’oiseau de « mauvaise augure » et de même que certaines considérations irrationnelles font parfois des Chiroptères les responsables de certains malheurs dont sont victimes les humains. Ces divers préjugés sociaux contribuent à la persécution de ces espèces autant sur le plan national que mondial. En effet, malgré leur forte diversité, ces animaux représentent actuellement le groupe de vertébrés le plus persécuté de par le monde (Bakwo, 2009a). Les Chiroptères sont les seuls Mammifères pratiquant le vol battu. Avec une richesse spécifique située entre 1000-1200 espèces (Arthur & Lemaire, 2009). Ils représentent le quart des Mammifères et le deuxième ordre le plus diversifié de cette classe après celui des Rongeurs. Malgré cette forte diversité spécifique, très peu d’informations sont disponibles sur ce groupe de Mammifères dans la sous région de l’Afrique centrale (Jones, 1971; Fahr et al., 2003). Ceci en raison de l’absence ou le faible nombre d’études menées dans cette zone (Bakwo, 2009a). Ce manque de données de base 1 sur la Chiroptérofaune d’Afrique centrale constitue une barrière à la connaissance et la compréhension de leur rôle dans le maintien de la stabilité des écosystèmes naturels (Reis & Guillaumet, 1983; Rodriguez et al., 2006). Les Chauves-souris présentent en effet des intérêts d’ordre systématique (Fahr & Ebigbo, 2004); écologique (Thomas, 1982; Reis & Guillaumet, 1983; Taylor et al., 2000; Chatelain et al., 2001; Mackinon et al., 2003; Hutcheon, 2003; Bakwo et al., in press); vétérinaire (Sara, 2002; Raharimanga et al., 2003); médical (Monath, 1999); économique et pharmacologique (Gonin, 2000; Taylor et al., 2000). Quelques auteurs ont fourni des données relatives à l’inventaire des Chiroptères du Cameroun (Aellen, 1952; Eisentraut, 1956, 1957,1973 et 1975; Hill, 1968; Cosson, 1995; Sedlacek, 2006; Bakwo, 2009a, 2009b, 2010). Cependant, ces travaux concernent pour la majorité la zone forestière du Cameroun. Ce qui justifie l’absence de données sur la Chiroptérofaune de la partie sahélienne du pays. L’objectif du présent travail est de fournir des données de base sur la diversité spécifique des Chauves-souris de la région de l’Extrême-Nord Cameroun en général et de la ville de Maroua en particulier. Spécifiquement il s’agit de: - capturer les Chiroptères dans la ville ; - identifier les spécimens capturés ; - décrire les principaux abris nocturnes et diurnes de ces Chauves-souris dans la ville ; - proposer une clé d’identification des espèces de Chauves-souris de la ville de Maroua. Ces données serviront de fondement pour un éventuel suivi visant à assurer la conservation de ce groupe. 2 CHAPITRE I : REVUE DE LA LITTERATURE I Généralités sur les Chiroptères I.1 Position dans la systématique des Chiroptères - Cellules dépourvues de paroi; - absence de chloroplaste : règne Animal. - Présence d’une symétrie bilatérale ; - Deutérostomiens : embranchement des Chordés. - Colonne vertébrale segmentée et composée de métamères appelés vertèbres : sousembranchement des Vertébrés. - Membres pairs (2) et locomoteurs munis de doigts : superclasse des Tétrapodes. - Corps recouvert de poils ; - présence des glandes mammaires : classe des Mammifères. - Portent leur petit durant le développement (gestation) : sous-classe des Thériens. - Présence du placenta qui sert d’interface entre la mère et l’enfant durant la gestation : infra-classe des Euthériens. - Possèdent une membrane alaire, le patagium, englobant les doigts 2, 3, 4, 5, hypertrophiés du membre antérieur ; - pouce libre : ordre des Chiroptères (Blumenbach, 1779). - Second doigt des membres supérieurs terminé par une griffe; - tragus absent et le pavillon de l’oreille forme un cercle complet : sous-ordre des Mégachiroptères (Dobson, 1875). - Second doigt des membres supérieurs dépourvu de griffe ; 3 - tragus présent (absent dans deux familles) et le pavillon de l’oreille ne forme pas un cercle complet : sous-ordre des Microchiroptères (Dobson, 1875). - Grandes oreilles mobiles dépourvues de tragus ; - présence des feuilles nasales complexes : famille des Rhinolophidae. - Pavillons auditifs grands, larges et unis à la base, tragus long, pointu et bifide avec une pointe intérieure courte ; - longue feuille nasale remontant entre les yeux jusqu'à la base des oreilles : famille des Megadermatidae. - Absence de queue, pas d’éperon ; - prémaxillaires non fusionnés : famille des Craseonycteridae. - Tête totalement nue; - feuilles nasales en forme de groin : familles des Rhinopomatidae. - Queue coulissant dans un étui de peau de l’uropatagium ; - museau allongé et triangulaire : famille des Emballonuridae. - Replis de peau sur le museau formant des sillons profonds, séparant les narines et remontant jusqu’au front ; - grandes oreilles équivalentes à la longueur de la tête et unies à la base : famille des Nycteridae. - Feuille lancéolée plus ou moins développée, détachée du museau : famille des Phyllostomidae. - Petits replis autour des narines et autour de la bouche pouvant former un entonnoir : famille des Mormoopidae. - Museau aplati avec une lèvre pendante de chaque coté et largement fendue devant jusqu’aux narines ; - éperon bien développé : famille des Noctilionidae. 4 - Pouce atrophié et caché dans la membrane de la pliure du poignet laissant seulement transparaître une griffe ; - oreilles en forme d’entonnoir équipées d’un petit tragus lancéolé, s’orientent vers l’avant et déborde au dessus des yeux : familles des Furipteridae. - Présence d’une ventouse à la base des pouces du pied et de l’aile : famille des Thyropteridae. - Pattes postérieurs robustes avec des pieds ayant un positionnement latéral ; - pouces et pattes arrière portant des griffes acérées et une sorte de talon charnu : famille des Mystacinidae. - Présence de ventouses dépourvues de pédoncule sur les pouces; - lèvre supérieure pendante : famille des Myzopodidae. - Oreilles en tube et yeux minuscules : famille des Natalidae. - Museau simple, absence de feuilles nasales, petits yeux : familles des Vespertilionidae. - Deuxième phalange du troisième doigt trois fois plus longue que la première ; - tête portant un museau court, front bombé et oreilles courtes : famille des Miniopteridae. - Corps trapu, museau généralement court et massif, lèvre supérieure est large et pendante; - pieds larges et courts souvent garnis de poils : famille des Molossidae. I.2 Anatomie I.2.1 Peau et phanères La peau des Chiroptères est recouverte d’une fourrure qui s’étend sur tout le corps sauf sur les ailes. Cette fourrure est douce et molle au toucher. Elle est composée de poils de structure spéciale comprimés, légèrement fusiformes, acuminés à leur sommet et rétrécis dans leur tiers inférieur. En général les poils sont faits de petits troncs de cône emboités les uns dans les autres et dont la pointe est tournée vers le bas. La disposition et la forme de ces troncs de cône, entrainent une variation de la couche corticale du poil d’un 5 genre à un autre et possèdent une valeur systématique (Grassé, 1955) (Figure 1). La fourrure des Chiroptères est rarement très dense et très serrée. Le pelage de la majorité des Chauves-souris est brun sur le dos et plus ou moins claire allant jusqu’au blanc sur le ventre. Certaines espèces sont vivement colorées, bigarrées ou totalement blanches. Le pelage est orange pour Lasiurus borealis (Amérique); la peau des membranes et des oreilles est jaune et le pelage est gris pour Lavia frons (Afrique); des ailes noires et oranges pour Kerivoula picta (Asie du Sud-Est) (Arthur & Lemaire, 2009). Le tégument des Chiroptères est parcouru par des nombreuses glandes cutanées: les glandes sébacées du type banales répandues sur tout le corps. Elles sont annexées aux poils et éparses sur les surfaces glabres, telles les feuilles nasales, le conduit auditif externe (Grassé, 1955). Les vibrisses faciales sont bien représentées chez les Chiroptères, leur disposition rappelle celle des insectivores (Grassé, 1955). Figure 1: Poils de Chiroptères. A, Pteropus edwarsi; B, Cynopterus sphynx;C,Glossophaga soricina; D Rhinopoma microphyllum;E, Tadarida yucatanica; F,Molosus sp; G, Miniopterus schreibersii (Grassé, 1955) I.2.2 Membrane alaire ou patagium Le patagium est un double repli de peau dépourvu de poils. Il s’étend des flancs jusqu’au bout des doigts et inclut les membres postérieurs et la queue. Il est composé de plusieurs parties: le propatgium, le plagiopatgium et l’uropatagium (Schober & Grimmberger, 1991) (Figure 2). 6 I.2.2.1 Propatagium Le protopatagium est antébranchial. Il s’étend entre les épaules, l’humérus, le radius et la base du premier et du deuxième doigt (Figure 2). I.2.2.2 Plagiopatagium Le plagiopatagium est situé entre les flancs, les membres antérieurs, postérieurs et les doigts. On peut le diviser en trois parties (Figure 2). I.2.2.2.1 Endopatagium L’endopatagium comprend la membrane qui relie l’humérus au corps et aux membres postérieurs (Figure 2). I.2.2.2.2 Mésopatagium Le mésopatagium est compris entre le radius et le doigt V (Figure 2). I.2.2.2.3 Chiropatagium Le chiropatagium est compris entre le doigt I et le doigt II (Figure 2). I.2.2.3 Uropatagium L’uropatagium est situé entre les membres postérieurs et la queue. Il est très étroit quand la queue est rudimentaire. Les Mégachiroptères ne possèdent pas d’uropatagium. Chez les Microchiroptères, la membrane adhère aux deux côtés de la queue (Figure 2). Figure 2 : Membrane alaire de Chauves-souris 1 L’endopatagium ; 2 Le mésopatagium; 3 Le chiropatagium; 4 propatagium; 5 uropatagium (Nabet, 2005) 7 I.2.3 Squelette Le squelette des Chiroptères comme celui de tous les Vertébrés est subdivisé en 4 grands ensembles: le squelette céphalique, le squelette axial, le squelette zonal et le squelette appendiculaire (Grassé, 1955) (Figure 3). Figure 3 : Squelette de Chiroptères (Nabet, 2005) I.2.3.1 Squelette céphalique Le crâne des Chiroptères est remarquable par ses nombreuses formes. Les os du crâne se soudent prématurément et leurs sutures s’effacent (Grassé, 1955) (Figure 4). Les nombreuses formes du crâne sont d’une grande importance pour la systématique (Rosevear, 1965) (Figure 4). 8 Figure 4 : Morphologie des crânes de 4 espèces de chauves-souris. © Bakwo Fils E.M I.2.3.2 Squelette axial On dénombre 7 vertèbres cervicales; 11 ou 12 vertèbres dorsales; 5 à 7 vertèbres lombaires; 3 ou 4 sacrées et un nombre variable de vertèbres caudales (Grassé, 1955). La rigidité du thorax, nécessaire au vol est assurée par des soudures entre vertèbres (cervicales et dorsales). Comme chez les oiseaux, le sternum présente une crête médiane ou bréchet permettant l’insertion d’un muscle pectoral très développé (Roué & Barataud, 1999; Brosset, 1966 cité par Nabet, 2005). I.2.3.3 Squelette zonal et appendiculaire Le membre antérieur transformé en aile est l’organe le plus modifié et le plus caractéristique de ces Mammifères (Figure 3). L’articulation de l’épaule consiste en une arthrodie compliquée qui permet aux ailes d’effectuer des mouvements de rame. Les articulations de la main, des doigts et du coude sont des articulations en charnière qui assurent une bonne rigidité aux surfaces alaires lorsqu’elles sont déployées. L’omoplate a subi un grand développement en rapport avec l’importance des surfaces d’insertion musculaires (Grassé, 1955) (Figure 3). L’avant-bras assez long, se compose seulement du radius, l’ulna étant atrophié. Les métacarpiens 2 à 5 et les doigts correspondant sont très allongés. Les doigts II, III, IV et V comportent respectivement 1, 3, 2 et 2 phalanges. Le 9 premier doigt ou pouce a conservé sa forme normale, il porte une griffe acérée avec laquelle les Chauves-souris peuvent grimper et se suspendre. Tous les autres doigts de la main sont dépourvus de griffe excepté le doigt II chez les Mégachiroptères. L’humérus ne présente pas de modifications (Grassé, 1955) (Figure 3). Le membre postérieur a subi une rotation de sorte que le talon est dirigé vers l’avant et les doigts vers l’arrière (Sara, 2002). Les membres postérieurs forment des structures d'accrochage. Chaque orteil porte une griffe, le pied est retourné. L’accrochage sur les parois est automatique et n’exige aucun effort musculaire (Grassé, 1955) (Figure 5). Le poids de la chauve-souris tire sur le tendon fléchisseur (3) et bloque la griffe (1) et la troisième phalange (2) sans contraction musculaire, ce qui garantit une bonne attache même en période de sommeil. Figure 5 : Système d’accrochage des Chiroptères. Griffe (1); 3ème phalange (2); tendon fléchisseur (3) (Nabet, 2005) Cette organisation de la charpente osseuse permet le support de la membrane alaire (Brosset, 1966 cité par Nabet, 2005). I.2.4 Musculature La musculature des Chiroptères comme celle de la majorité des Mammifères est constituée de deux grands groupes de muscles: muscles lisses blancs et muscles striés rouges (Grassé, 1955). 10 - Les muscles striés sont en majeur partie fixés aux os du squelette et interviennent dans la motricité volontaire. Ils sont très développés surtout les muscles de l’avant bras et du bras qui sont très sollicités pendant le vol (Grassé, 1955) (Figure 6); - Les muscles lisses que l’on retrouve dans les viscères, les veines et les artères. Figure.6 : Musculature alaire de Pteropus sp. Mbp : muscle bicipito-plagiopatagialis ; Mcp : muscle coraco-patagialis ; Mdp : muscle dorso-plagiopatagialis ; Mpp : muscle protopatagialis proprius ; Mur : muscle uropatagialis ; Tp : tendo-protopatagialis ; 1à12 muscle plagio-patagialis proprii.(Schumacher, 1931 cité par Grassé, 1955) I.2.5 Système nerveux et organes de sens L’encéphale des Chiroptères présente de grands hémisphères cérébraux qui recouvrent les tubercules quadrijumeaux bien développés (Figure 7). Les petites espèces sont lissencéphalées. Les grandes espèces présentent sur chaque hémisphère, un sillon longitudinal parasagital qui n’atteint pas la région occipitale. Chez les Mégachiroptères, le corps calleux a un développement plus grand que chez les Microchiroptères (Grassé, 1955) (Figure 7). L’encéphale des Microchiroptères a pour trait majeur la réduction des régions olfactives: les bulbes rachidiens et les autres centres olfactifs régressent au point que l’encéphale peut être qualifié de microsmatique. Le cervelet présente une extension considérable, avec un ample vermis et des hémisphères cérébelleux relativement grands (Grassé, 1955). 11 Figure 7 : Encéphale de Mégachiroptère. C,cervelet; Fs,fissure sylvienne ;Gl,gyrus lateralis ;Hc,Hémisphère cérébral ;Me, moelle épinière (Grassé, 1955) La moelle épinière est courte. Elle ne s’étend pas au delà de la neuvième vertèbre chez les Vespertilionidae et les Rhinolophidae (Grassé, 1955). Le tact est entretenu par les vibrisses faciales et les poils sensoriels de la membrane alaire (Grassé, 1955). Les contacts tactiles sont utilisés au niveau des vibrisses autour de la gueule pour repérer les proies et au niveau du corps car tout contact, même en léthargie, induit une réaction reflexe ou conduit jusqu’au réveil (Arthur & Lemaire, 2009). Le nez des Mégachiroptères est beaucoup plus subtil que chez les Microchiroptères, où les organes olfactifs périphériques montrent des signes très nets de réduction. La région nasale cartilagineuse est celle qui est la plus touchée (Grassé, 1955). Une glande septale parait exister chez toutes les Chauves-souris. L’organe de Jacobson peut être complètement involué (Grassé, 1955). Les Chauves-souris sont capables de repérer avec le nez des proies mélangées dans un substrat (Arthur & Lemaire, 2009). L’oreille interne possède de grandes dimensions en relation avec des pétreux de grande proportion et se trouve isolée dans une bulle tympanique. Cela la protège de la surdité vu la puissance des émissions ultrasonores produites par les Chauves-souris. L’oreille interne atteint la taille maximale chez les Rhinolophidae (Sara, 2002). L’oreille 12 moyenne possède trois osselets (Maywald & Pott, 1989). Le tragus est une pièce cartilagineuse du pavillon auriculaire qui joue un rôle important dans la réception de l’écho des ultrasons ne se révèle pas important si la feuille nasale est présente. La forme des oreilles renseigne sur le type de vol. Ainsi, les espèces au vol rapide comme le Minioptère ont généralement les pavillons des oreilles plus courts que celles qui papillonnent comme les Oreillards (Sara, 2002). La vision des Chauves-souris semble particulièrement adaptée à la vie nocturne. La vue est utilisée en vol pour contrôler l’altitude, pour s’orienter sur la structure du paysage et peut-être même sur les étoiles pour les longues migrations (Arthur & Lemaire, 2009). Chez les Microchiroptères, le muscle ciliaire montre un faible développement: le sclérotique, très mince est pigmenté et se confond plus ou moins avec la choroïde. L’iris des Mégachiroptères est diversement et vivement coloré; celui de Pteropus jubatus est rouge. La rétine parait composée uniquement de bâtonnets, elle ne contient pas de vaisseaux sanguins chez certaines espèces telles que les Epomophorus (Grassé, 1955). I.2.6 Appareil digestif L’appareil digestif des Chiroptères débute par la bouche. Elle est largement fendue et délimitée par des lèvres diversement conformées. La lèvre inférieure peut se prolonger en avant sous la forme d’une plaque mamelonnée dite mentonnière. Elle est parfois incisée (Grassé, 1955). La langue est longue chez les Mégachiroptères et couverte au milieu de papilles cornées imbriquées comme les tuiles d’un toit et se terminent par deux ou trois pointes dirigées vers l’arrière. On les nomme odontoïdes. La langue porte à sa base des papillae vallatae ainsi que des papilles fungiformes (Grassé, 1955). Celle des Microchiroptères est de type banal et possède deux papillae vallatae, chez les Glossophaginae elle est longue, étroite et protractile portant des papilles filiformes dirigées vers l’arrière. La langue des Desmodus se termine par une pointe cornée que l’animal introduit dans les plaies. Elle ne porte ni papillae vallatae ni papilles cornées (Grassé, 1955). La structure du tube digestif des Chiroptères est fonction de leur régime alimentaire, on distingue trois types: 13 - Le type mégachiroptère (frugivore) avec un œsophage qui débouche dans la région cardiaque plus ou moins conique. La région pylorique, très étendue s’allonge beaucoup et se replie sur elle-même (Grassé, 1955) (Figure 8); Figure 8: Estomac de Pteropus vampyrus edulis. Cae, coeucum gastrique : Cest, corps de l’estomac : Cgn ,courbure gastrique :Dia,diaphragme : Oe œsophage : Py, pylore (Pernkope cité par Grassé 1955) - le type microchiroptère (insectivore) la région cardiaque manque, l’estomac est simple et a la forme en cornemuse si répandue chez les Mammifères; - le type Desmodus (hématophage) l’estomac se présente comme un sac étroit et très long ou l’œsophage débouche en un point qui divise la poche gastrique en deux parties inégales. La portion la plus longue correspond à un caecum (Diphylla autre hématophage a un caecum beaucoup plus court, plié en U) (Grassé, 1955) (Figure 9). Figure 9 : Tube digestif de Desmodus rotandus. An, anus ; Ar, ampoule rectale ; Est estomac ; I, intestin ; Oe, œsophage (d’après Mann 1951 cité par Grassé, 1955) 14 I.2.7 Appareil circulatoire L’appareil circulatoire des Chiroptères est constitué d’un volumineux cœur qui assure la circulation très intense pendant le vol. Ses pulsations peuvent atteindre des fréquences très élevées de 400 à 600 pulsations/min en vol (Grassé, 1955). Le muscle cardiaque est plus vascularisé que celui de la plupart des Mammifères de même taille (Maywald & Pott, 1989). Le sang des Chauves-souris véhicule beaucoup plus d’oxygène que celui des autres Mammifères (Sara, 2002). Les artères des membres au lieu d’être une ou deux sont au nombre de cinq à sept gros vaisseaux. Elles sont parallèles à l’axe du membre, mais les artères ne s’anastomosent pas distalement. La valvule de la veine cave inférieure comprend deux clapets (Grassé, 1955). I.2.8 Appareil uro-génital Les reins comme chez tous les Mammifères sont de type métanéphros (Grassé, 1955). Chez les Chiroptères ils sont toujours simples. Chez les Desmodidae il n’y a qu’une seule papille rénale très longue (Grassé, 1955). Figure 10: Organes uro-génitaux mâles; A, Rousettus aegyptiacus ; B, Rhinolophus sp – Be,bulbe caverneux ; D, canal déférent ; E, épididyme ; Ge, glande de Cooper ; Gl, glandes déférentielles ; G, gland ; Gu, glande urétrale ; Ic : muscle ischiocaverneux ; L, ligament suspenseur; Nv, nerf dorsaux de la verge ;P, prostate ; Pe, pénis ; Pr, prépuce ; T, testicule ; U, uretère ; vs, vésicule séminale ; Vu, vessie urinaire (d’après Robin, 1881cité par Grassé, 1955) 15 Chez les mâles les testicules sont contenus dans un sac crémastérien de structure normale. Ils sont intra-abdominaux lors du repos sexuel. Pendant la période de reproduction, ils descendent hors de la cavité abdominale dans un scrotum temporaire (Figure 11A) L’épididyme a toujours une grande taille; sa queue sert de réservoir spermatique (Figure 10). Les glandes annexes comprennent des glandes différentielles dans des dilatations du canal déférent (ampoule de Henle), des vésicules séminales, des glandes urétrales, des glandes de Cooper (Grassé, 1955) (Figure 10). Le pénis des Mégachiroptères ressemble à celui des Primates (Grassé, 1955) (Figure 11). Le gland est bien individualisé et peut être revêtu de prépuce (Grassé, 1955) (Figure 11B & D). Figure 11 : Organes génitaux mâle externe de Chiroptère A, Mâle de Pipistrellus abravus en période de reproduction montrant l’énorme scrotum ; B à D, organes génitaux mâles externe et anus ; B, Eptesicus serotinus ; C, Pteropus giganteus ;D,Rousettus aegyptiacus (d’après Wood-Jones, 1917 cité par Grassé, 1955) Chez la femelle, les ovaires sont contenus dans une poche ou capsule péritonéale qui communique avec la cavité péritonéale par une boutonnière (Figure 12). L’oviducte court dans les parois de la capsule et s’ouvre au bord de la boutonnière (Figure 12). L’utérus se présente sous des formes variées. 16 Chez la plupart des Mégachiroptères (Hypsignathus, Epomophorus, Rousettus aegyptiacus), l’utérus tend à être double. On a deux utérus tubulaires qui s’ouvrent par deux orifices séparés à la surface d’un museau de tanche hémisphérique. Chez Pteropus les utérus sont soudés proximalement, formant un corps commun divisé par une cloison médiane (Grassé, 1955) (Figure 12). Figure 12: Organes génitaux femelles : A, Rousettus aegyptiacus ; bo, boutonnière; m, museau detanche ; O, ovaire ; Ov, oviducte ; Pa pavillon oviductaire ; Po, poche ovarienne ; Ut, utérus ; Va, vagin ; Vu, vessie urinaire B, Artibeus perspicillatus (d’après Robin, 1881cité par Grassé, 1955) Chez les Microchiroptères selon Wood-Jones (1917) cité par Grassé (1955), on peut distinguer les formes vulvaires suivantes: - les formes à fente vulvaire transversale (Taphozous melanopogon, Pipistrellus,) (Figure 13B); - les formes à fente vulvaire longitudinale propre aux Phyllostomatidae (Figure 13C). 17 A B C Figure 13 : Organes génitaux femelles des Chiroptères (Wood Jones, 1917 cité par Grassé, 1955) A : Rousettus aegyptiacus, au dessous le clitoris relevé laisse voir la fente vulvaire; B: Taphozous nudiventris, de haut en bas, clitoris, fente vulvaire transversale et anus; C: Brachyphylla cavernarum, fente vulvaire longitudinale. I.3 Biologie et éthologie des Chiroptères I.3.1 Echolocation I.3.1.1 Principe L’écholocation est basée sur l’émission d’ultrasons et la réception de leur écho. Les Chauves-souris émettent par la bouche ou le nez des ultrasons dont la fréquence varie de 20 à 25 kHz. Ces ondes sonores sont très rapides et très directionnelles, Elles vont rebondir sur les objets environnants et revenir sous forme d’échos aux oreilles de l’émetteur (Schober & Grimmberger, 1991) (Figure 14). Les Chiroptères se construisent ainsi une image sonore de l’environnement en fonction du nombre, de l’intensité et de la rapidité des échos perçus (Van Laere, 2008) (Figure 14). I.3.1.2 Système auditif particulier Les oreilles des Chauves-souris sont adaptées à leur mode d’audition particulier. Comme chez l’homme, la cochlée, une région de l’oreille interne contient une membrane 18 basilaire mince, enroulée en spirale qui propage les vibrations engendrées par l’arrivée d’ondes sonores sur le tympan. Ces vibrations stimulent de petites cellules ciliées sur la membrane tympanique qui activent alors les cellules du ganglion spiral, le nerf auditif et le cerveau. Grâce à l’enregistrement des impulsions nerveuses passant dans un neurone par des microélectrodes, on a pu montrer que le traitement des informations par le cerveau est remarquablement perfectionné. Ainsi, ce sont des zones anatomiquement distinctes du cortex auditif qui assurent des analyses spécifiques (Suga, 2001 cité par Nabet, 2005). I.3.1.3 Fréquences La fréquence et la durée d’émission varient suivant les espèces mais aussi suivant les différentes phases de la chasse (Nabet, 2005). L’analyse des sonogrammes permet d’identifier les différentes espèces de Chauves-souris. Les cris des Chauves-souris peuvent être classés en trois groupes: - les émissions de fréquence constante et unique (FC); - les émissions de fréquence modulée et décroissante (FM); - les émissions mixtes FC-FM. Ces dernières commencent par une émission assez longue de fréquence constante et s’achèvent par une émission de fréquence décroissante. Ainsi, les Rhinolophes émettent des signaux de fréquence constante et de longue durée (150 ms) dont la partie terminale en modulation de fréquence est brève. Le grand Rhinolophe émet à 83 kHz et le petit Rhinolophe à 107 kHz (Nabet, 2005). Les Vespertilionidae utilisent des signaux de courte durée mais en modulation de fréquence qui se situent entre 20 et 100 kHz (Barataud, 1992). Les échos des cris émis par les Chauves-souris leur procurent des informations variées et précises sur un obstacle ou une proie. Du retard de l’écho par rapport aux sons qu’elles émettent, les Chauves-souris déduisent la distance aux objets. En détectant les variations de fréquence de l’écho par rapport au son émis par effet Doppler, elles perçoivent la vitesse relative d’un insecte en vol et la fréquence de battements de ses ailes. De l’amplitude de l’écho associée au retard, elles déduisent la taille de la proie. L’amplitude relative des diverses composantes de l’écho indique les dimensions de ses 19 différentes parties. Enfin, les différences d’amplitude et de retard entre les deux oreilles révèlent l’azimut de la proie, et les interférences des ondes réfléchies dans l’oreille externe indiquent son élévation (Seon, 1989 cité par Nabet, 2005). Figure 14 : Utilisation de l’écholocation par un Chiroptère durant la chasse (Nabet, 2005). I.3.1.4 Avantages et inconvénients I.3.1.4.1 Avantages Le grand avantage de la perception auditive est que le temps de réaction est court (Arthur & Lemaire, 2009). L’écholocation étant rarement utilisée dans le monde vivant et en milieu aérien les Chiroptères étant les seules à l’avoir adopté. Cette spécificité fait qu’ils ont moins de chance de se faire repérer par des proies potentielles ou des prédateurs (Arthur & Lemaire, 2009). I.3.1.4.2 Inconvénients 20 Les cris poussés conduisent à une dépense d’énergie non négligeable et l’analyse de l’environnement n’est pas permanente car entre chaque cri apparaît une fenêtre d’obscurité nécessaire à l’analyse de l’écho (Arthur & Lemaire, 2009). Un autre inconvénient est lié à la perception limitée qu’elles ont de l’espace quand l’obscurité est totale. En effet, les objets éloignés au-delà de quelques mètres ne seront pas perçus, ni ceux situés latéralement ou derrière le champ d’émission, tel des phares dont le faisceau couvrirait de 30 à 50° (Arthur & Lemaire, 2009). I.3.2 Locomotion I.3.2.1 Vol Les Chiroptères ont acquis un vol parfait, comparable à celui des Oiseaux. Pour le vol, ce sont les membres antérieurs comme pour les Oiseaux qui assurent cette fonction (Figure 2 et Figure 6). Mais si chez ces derniers, ce sont les plumes qui réalisent la surface alaire, ici c’est le développement démesuré des phalanges de la main et du patagium qui assure la structure de l’aile (Arthur & Lemaire, 2009). La chauve-souris a un très grand contrôle de la position et de la forme de la membrane alaire, bien supérieure à celle qu’ont les Oiseaux de leurs ailes de plume (Arthur & Lemaire, 2009). Les doigts des Chiroptères aux métacarpes très allongés sont indépendants les uns des autres et permettent un positionnement optimisé. En complément, la tension comme la souplesse du patagium sont contrôlées par un réseau de muscles et de tendons qui longe chaque doigt (Arthur & Lemaire, 2009). D’après les travaux de Revilliod, (1916) sur l’adaptation au vol des Microchiroptères, la qualité du vol dépend en premier de la forme de l’aile. Comme chez les Oiseaux et les Insectes, une aile courte et large est moins favorable au vol qu’une aile longue et étroite (Grassé, 1955). Généralement, plus l’espèce est de petite taille, plus le rythme des battements des ailes est rapide (Sara, 2002). Le vol des Mégachiroptères est sensiblement différent de celui des Microchiroptères. Le vol ramé est d’ordinaire lent et lourd surtout chez les espèces de grande taille comme Eidolon helvum. Le vol à voile est une pratique assez courante (Grassé, 1955). Les petits Mégachiroptères battent plus rapidement les ailes que les grands (Grassé, 1955). 21 Au cours du vol des Chiroptères les ailes effectuent un mouvement de rotation. L’uropatagium sert à changer de direction et à freiner au moment de se poser (Roue & Barataud, 1999; Brosset, 1966 cité par Nabet, 2005). L’atterrissage se fait de façon très variée. Les Vespertilionidae atterrissent en position normale et gagnent en marche quadrupède leur lieu de suspension (paroi plus ou moins verticale ou oblique). Les Rhinolophes, au moment de l’atterrissage exécutent une cabriole en avant juste au-dessous du lieu de repos auquel ils s’accrochent par les griffes des pieds avec une étonnante agilité (Grassé, 1955). I.3.2.2 Marche Les individus de la Famille des Mystacinidae sont caractérisés par leur agilité et leur aptitude à se déplacer à pied même sur des surfaces obliques et lisses. Ils recherchent les insectes au sol ou le long des troncs des arbres. Cette aptitude à la démarche quadrupède se fait grâce à un squelette et à une musculature adaptés à ce mode de locomotion. Pour cela, les pattes postérieures ont des os robustes. Les pieds ont une position latérale alors qu’ils sont postérieurs chez les autres Chiroptères (Arthur & Lemaire, 2009). I.3.2.3 Natation Des Microchiroptères piscivores, auraient la faculté de nager et de reprendre leur vol en sortant directement de l’eau, sans mettre pieds sur terre (Grassé, 1955). I.3.3 Alimentation Le régime alimentaire des Chiroptères est très varié ce qui est la conséquence de la grande richesse spécifique de cet Ordre et du fait qu’on retrouve les Chauves-souris sur tous les continents à l’exception de l’Antarctique (Arthur & Lemaire, 2009). I.3.3.1 Régime Insectivore Les Chauves-souris insectivores pour s’alimenter abordent l’insecte par derrière, leurs ailes leur servent d’épuisette. L’insecte est récupéré dans l’uropatagium, puis il est saisi par les mâchoires et malaxé (Grassé, 1955). La capture a lieu en vol et plus rarement à terre. A la manière de chasser, on peut se faire une idée de l’espèce : les Pipistrelles tournent autour des lampadaires, les Barbastelles sillonnent les prairies et les landes, les 22 Oreillards occupent les frondaisons, les Rhinolophes chassent à l’affût dans les arbres et volent au dessus des haies (Sara, 2002). Il est à noter que des Chiroptères insectivores peuvent se révéler carnivores en captivité. Ainsi des Sérotines captives ont mangé des Pipistrelles et des Vespertilions (Sara, 2002). I.3.3.2 Régime Carnivore Il existe de nombreuses Chauves-souris carnivores. Ainsi le grand murin peut capturer des petits Mammifères comme les musaraignes (Sara, 2002). La chauve-souris Lyrodema lyra chasse des petites Chauves-souris, des petits oiseaux, les lézards et les grenouilles, mais ne dédaigne pas les insectes (Grassé, 1955). Chrotopterus auritus, grosse Chauve-souris carnivore peut dévorer d’autres Chiroptères (Masson, 1991). I.3.3.3 Régime Piscivore Certains Chiroptères sont piscivores à l’exemple de Noctilio leporinus qui pêche des petits poissons. Toutefois, elle peut aussi consommer des insectes (Grassé, 1955). I.3.3.4 Régime Hématophage Certaines Chauves-souris sont hématophages. Il n’existe que trois espèces de vampires qui sont toutes en Amérique Centrale et au Brésil dont la plus connue est Desmodus rotundus (Greenhall et al., 1988). I.3.3.5 Régimes Frugivores Environ 32% des Chauves-souris des régions néo tropicales sont frugivores (Sara, 2002). La disparition des forêts tropicales constitue une grande menace pour celles-ci (Bakwo, 2009b).Généralement, les fruits de grande taille sont mangés sur place, directement dans l’arbre, les autres sont emportés dans la bouche (Brosset, 1966 cité par Sara, 2002). Les Chauves-souris frugivores ne mangent que les fruits bien mûrs dont elles avalent le jus et la pulpe si elle est très molle. Elles recrachent les matières solides, les fibres et les grosses graines sous forme de boulettes. Elles permettent donc la dissémination des graines des arbres dont les fruits leur servent à se nourrir (Bakwo, 2009b). Les Pteropus consomment plus de 70 fruits différents dont les plus appréciés sont ceux exploités par l’homme: banane, papaye, goyave, mangue, sapotille, fruit de l’arbre à pin (Sara, 2002). 23 I.3.3.6 Régime Nectarivore Leptonycteris sanborni est une chauve-souris nectarivore. Elle recueille le nectar ou le pollen en léchant ou en mâchant des fleurs comme celle du manguier, du fromager, de l’eucalyptus… Leptonycteris sanborni joue ainsi un rôle important dans la pollinisation de plus de 30 genres de plantes en zone tropicale dont les fleurs s’ouvrent la nuit (Masson, 1991). I.3.4 Reproduction I.3.4.1 Caractères sexuels secondaires Les caractères sexuels secondaires sont généralement peu marqués, voir inexistants. Toutefois ils sont bien apparents chez quelques espèces tropicales. L’Hypsignathe (Hypsignathus monstrosus) mâle présente un museau allongé, flanqué au bout de deux renflements sur la lèvre supérieure ce qui lui donne un faciès monstrueux. Le mâle de Megalossus woermanni porte ventralement au-dessous du cou, un demi-collier de poil blanc pur, qui manque chez les femelles et les mâles impubères (Grassé, 1955). On a également constaté une variation de la couleur du pelage suivant le sexe. Ainsi les mâles de certains Lasiurus et Taphozous sont plus colorés que les femelles (Brosset, 1966 cité par Sara, 2002). Repérer un mâle d’une espèce nordique n’est pas difficile, surtout à la fin de l’été. En effet, lors de la période des accouplements, on constate chez les mâles, qu’en plus d’un pénis bien visible, deux testicules de taille surprenante (Noblet, 1987). I.3.4.2 Accouplement et gestation Le cycle sexuel des Chauves-souris présente de remarquables particularités et suit deux modes principaux: - accouplement en automne, hivernage, mise en réserve du sperme dans l’utérus avec formation d’un bouchon vaginal (Pipistrellus). La fécondation est alors différée car l’ovulation à lieu au printemps (Grassé, 1955). C’est le cas de la majeure partie des Microchiroptères des régions froides ou tempérées à hiver marqué. Toutefois, chez quelques-unes de ces espèces, les accouplements semblent pouvoir se répéter au printemps; 24 - accouplement au moment de l’ovulation sans mise en réserve des spermatozoïdes. Ce cas existe aussi bien chez les espèces de climat tempéré que de climats tropicaux et équatoriaux. Le Minioptère de Schreiber, localisé surtout dans le bassin méditerranéen entre en rut en automne, époque à laquelle s’effectuent l’accouplement et la ponte ovulaire. Toutefois le développement de l’embryon est ralenti pendant l’hibernation et la mise-bas n’a lieu qu’au printemps (Courrier, 1927 cité par Grassé, 1955). Le développement embryonnaire du Miniopterus habitant les régions tropicales est beaucoup plus court du fait que l’hibernation n’a pas lieu. Le corps de la mère ne subit pas d’abaissement de température (Grassé, 1955). Chez Eidolon helvum, Rousettus angolensis et Hypsignathus monstrosus, la période des amours s’étend de septembre à novembre et les jeunes naissent en février au Cameroun (Eisentraut, 1956). L’accouplement n’est pas suivi de la formation de couples et le mâle ne s’intéresse pas du tout à sa progéniture. La gestation dure 45 à 75 jours suivant l’espèce (45 jours pour les Pipistrelles, 2 mois pour les Murins) et les conditions climatiques (Sara, 2002). En effet, en cas de mauvais temps, le développement fœtal est ralenti car la gestante diminue le niveau de son métabolisme, de ce fait la gestation se prolonge (Sara, 2002). I.3.4.3 Mise-bas A partir d’avril, les femelles des espèces nordiques se regroupent en colonies de maternité. En juillet, elles mettent au monde un petit, rarement deux, nu et aveugle. Toutefois les jumeaux ne sont pas rares chez certaines espèces comme les Minioptères, les Pipistrelles, les Sérotines (Brosset, 1966 cité par Sara, 2002). Chez les Lasiurus nordaméricains, les plus féconds des Chiroptères, on peut avoir de deux à quatre petits (Brosset, 1966 cité par Sara, 2002). La période des naissances dure quelques jours à quelques semaines. La mise-bas a généralement lieu de jour. La femelle s’écarte de ses voisines et prend une position typique: elle se redresse en position horizontale, les pattes postérieures légèrement écartées permettant de tendre l’uropatagium comme une poche dans laquelle sera recueilli le nouveau né. Celui-ci est très actif et se met à grimper vers les tétines où il s’accroche avec la bouche (Nabet, 2005). 25 I.3.4.5 Allaitement et sevrage Le nouveau-né est allaité quatre à six semaines selon les espèces. Quand leurs mères chassent, les jeunes sont serrés les uns contre les autres pour se tenir au chaud. Les jeunes sont très sensibles au mauvais temps et le froid peut entraîner un taux de mortalité élevé. Chaque femelle reconnaît son petit et réciproquement. Elle n’allaite que lui. Si elle est dérangée, elle peut emmener son jeune. Il s’accroche au corps de sa mère grâce au développement rapide de ses pieds et de ses pouces (Sara, 2002). Dès le sevrage, les petits des Chiroptères insectivores sont initiés à l’apprentissage de la chasse aux insectes. En général, plus l’espèce est grande, plus le jeune s’émancipe tardivement. Si les soins maternels durent longtemps, seul un tiers des jeunes Chauvessouris atteint l’âge adulte (Sara, 2002). I.3.5 Migrations Les Chiroptères migrent saisonnièrement pour deux principales raisons: la recherche de condition climatique favorable et la recherche de nourriture. Les migrations pour des raisons climatiques concernent principalement les Chiroptères d’Europe qui se déplacent de leur milieu de vie habituel à l’approche de l’hiver pour ne revenir qu’en automne. Généralement pour l’hibernation, les Chauvessouris n’effectuent pas de déplacement supérieur à quelques dizaines de kilomètres. Cependant, certaines espèces réalisent de véritables migrations. Tel est le cas par exemple de Lasiurus cinereus, Lasiurus borealis, Lasionycteris noctivagans et de Tadarida brasiliensis, Chauves-souris américaines (Sara, 2002). Des expériences de baguage des animaux, effectuées dans les années 80 ont mis en évidence de vraies migrations entre différents pays d’Europe, mais ceci ne concernent que certaines espèces. Ainsi la Pipistrelle de Nathusius, qu’on trouve en Isère effectue des migrations entre son aire de reproduction en Europe de l’Est et son aire d’hivernage en Suisse, Belgique ou France. Elle parcourt ainsi environ 1600 km entre la fin août et le mois de novembre, ce qui constitue une belle performance pour un animal de quelques grammes (Roue & Barataud, 1999). Les Mégachiroptères effectuent également des migrations saisonnières. Ainsi, dans le sud de l’Angola, Epomophorus angolensis arrive en novembre au moment où les 26 goyaves mûrissent, et disparaît au début de la saison sèche (Monard, cité par Grassé, 1955). Dans la ville de Maroua on observe la migration saisonnière d’une colonie de Chiroptères de l’espèce Eidolon helvum qui nichent dans les branches des arbres périphériques pont rouge. Elles arrivent dans la ville à l’approche de la saison pluvieuse (mai - juin) au moment où la plante Azadirachta indica entre en fructification, et disparaît pendant la saison sèche. I.3.6 Longévité L’abondance des Chauves-souris, en dépit de leur faible capacité reproductrice n’est pas seulement liée à leur comportement en termes de survie, mais également à leur remarquable longévité. Cette longévité est très variable suivant l’espèce. Si les Pipistrelles vivent quatre à six ans, les Minioptères et les Murins à moustaches vingt ans, les grands Rhinolophes et les Oreillards peuvent vivre plus de trente ans. Ainsi le grand Rhinolophe peut dépasser trente cinq ans. Les spécialistes attribuent cette longévité aux périodes de léthargie quotidienne (repos diurne) ou hivernale (hibernation) des Chauves-souris (Sara, 2002). Les Chiroptères sont très dépendants des conditions climatiques. En effet, celles-ci agissent sur les émergences d’insectes. Si elles y sont peu propices, par manque de proies, seules les Chauves-souris les plus expérimentées donc les plus vieilles survivent. Les prédateurs des Chiroptères sont les rapaces comme la chouette, mais ils ne représentent pas une véritable menace pour l’ordre. En milieu urbain, leurs principaux dangers sont les chats qui se sont spécialisés dans la capture des Chauves-souris (Stebbings, 1988). L’homme leur pose également de sérieux problèmes malgré leur protection légale (Mickleburgh et al., 2009). Les braconniers et les collectionneurs de Chiroptères existent malheureusement toujours (Sara, 2002; Mickleburgh et al., 2009; Niamien et al., 2010). De plus, des activités humaines comme l’utilisation de pesticides sont néfastes pour les Chauves-souris (Sara, 2002). 27 I.4 Écologie des Chiroptères I.4.1 Milieu de vie Si la plupart des espèces se trouvent dans les pays tropicaux, les Chauves-souris occupent tous les milieux terrestres hormis les pôles et certaines îles inaccessibles (Arthur & Lemaire, 2009). I.4.2 Gîtes Les Chiroptères utilisent différent élément d’un biotope pour leurs activités : sites alimentaires, abris, gîtes diurne, site de reproduction et sites d’hibernation pour les régions tempérées. Les Chiroptères à de très rares exceptions près sont inaptes à construire un abri. Ils pratiquent un « parasitisme écologique » (Brosset, 1966 cité par Sara, 2002). Toutefois quelques espèces de Chauves-souris construisent des tentes en guise de gîte elles-mêmes. L’utilisation de tentes construites de manière rudimentaire est acquis pour 17 espèces de trois familles tropicales: 14 Phyllostomidés, 2 Ptéropodidés, 1 Vespertilionidés (Arthur & Lemaire, 2009). Les tentes sont obtenues par une modification minime mais étonnante: soit par découpage du limbe d’une grande feuille, soit par grignotage des grandes nervures secondaires ou des folioles (Arthur & Lemaire, 2009). L’association interspécifique semble également de règle. Par exemple, le grand Rhinolophe s’associe avec le Rhinolophe euryale et le Vespertilion échancré. Le Vespertilion de Capaccini cohabite avec le Minioptère tandis qu’en Inde, Rhinolophus rouxi partage son habitat avec Rhinolophus lepidus. Ce partage d’habitat s’explique par une identité de certains besoins écologiques (Brosset, 1966 cité par Sara, 2002). Les Chauves-souris montrent une grande fidélité à leur gîte. Si elles n’y sont pas dérangées, elles peuvent y revenir d’année en année pour les espèces migratrices ou y loger durant toute leur vie pour les espèces sédentaires (Sara, 2002). I.4.2.1 Gîtes d’été Les Chauves-souris occupent des gîtes d’été suivant un rythme circadien. En effet, on distingue les gîtes nocturnes et diurnes (Sara, 2002). 28 I.4.2.1.1 Gîtes nocturnes Ils sont temporaires. Ils permettent le repos entre les périodes de chasse (Grassé, 1955 ; Sara, 2002). Sous ces gîtes, on peut remarquer les déjections et les débris de proies ou de fruits rejetés pendant la mastication (Sara, 2002). I.4.2.1.2 Gîtes diurnes Ils sont essentiels pour la survie des espèces. On distingue deux types de gîte diurne: les gîtes diurnes cavicoles et les gîtes diurnes non cavicoles. I.4.2.1.2.1 Gîtes diurnes cavicoles Les Chauves-souris cavicoles préfèrent les petites cavités comme les fentes et les fissures. Elles s’agrippent avec les griffes des quatre membres. Elles évoluent dans le sens de l’aplatissement du corps. Cela leur permet de s’insérer dans les fissures. C’est le cas par exemple du genre Platymops, des Vespertilionidae Tylonycteris pachypus et Mimetillus moloneyi (Sara, 2002). I.4.2.1.2.2 Gîtes diurnes non cavicoles Les Chiroptères non cavicoles s’accrochent par les pieds aux branches ou sur toute autre structure et pendent librement dans le vide (Grassé, 1955 ; Sara, 2002) (annexe 1, Figure 19). C’est le cas d’Epomophorus gambianus et Eidolon helvum. D’autres Chiroptères non cavicoles, utilisent le plafond de grandes cavités comme les cavernes, les greniers (Grassé, 1955; Sara, 2002; Arthur & Lemaire 2009). C’est le cas des individus de la famille des Molossidae (Sara, 2002). I.4.2.1.3 Gîtes hivernaux Les gîtes hivernaux doivent présenter une température constante de 5°C en moyenne. L’humidité doit y être aussi suffisamment importante afin d’éviter le dessèchement des membranes alaires. De plus, il faut que les gîtes soient calmes car toute perturbation, notamment humaine, pendant cette phase délicate qu’est l’hibernation peut entraîner leur mort. En effet, tout dérangement dans les sites d’hibernation provoque la réactivation du métabolisme placé en veilleuse avec une importante dépense inutile 29 d’énergie. Ainsi, des dérangements répétés lors de cette période particulière peuvent induire le décès par épuisement des hibernants (Sara, 2002). I.5 Importances des Chiroptères Les Chauves-souris tout comme l’ensemble des êtres vivants de la biosphère jouent un très grand rôle dans le maintien, la stabilité et l’évolution des différents écosystèmes. Les Chiroptères présentent des importances aussi bien écologiques qu’économiques. I.5.1 Sur le plan écologique Les Chauves-souris végétariennes consomment les fruits, les graines et le nectar des plantes. Après avoir mangé, elles défèquent ou recrachent les graines le plus souvent en vol (Muscarella & Fleming, 2007 ; Bakwo, 2009a). De plus leur grande capacité de déplacement favorise la dissémination des graines sur des vastes espaces (Bianconi et al., 2007). Le passage des graines très rapide (environ 30 minutes) dans la bouche puis l’estomac des Mégachiroptères laisse les graines intactes et augmenterait significativement leur taux de germination (Bianconi et al., 2007). Au moins 289 espèces végétales sont dispersées par les Mégachiroptères. Au moins 150 espèces de Ptéropodidae joueraient un rôle capital en tant que pollinisateurs (Fujita & Tuttle, 1991). Ce comportement alimentaire leur confère donc un rôle écologique clé dans le fonctionnement, le maintien et la régénération des forêts en climat tropicale (Fujita & Tuttle, 1991 ; Muscarella & Fleming, 2007 ; Picot et al., 2007). Les Microchiroptères se nourrissent en majorité d’insectes, certains de ces insectes sont nuisibles aux cultures et aux forêts. Il peut être utile de rappeler que certains représentants des Bombyx, les Géométridés et des Pyralidés, dont les larves et les imagos attaquent le tronc, les feuilles et racines provoquent chaque année un désastre en agriculture et en sylviculture. Les Chauves-souris insectivores jouent un grand rôle dans la régulation des insectes (Kuntz et al., 1995). I.5.2 Sur le plan économique Les Chiroptères contribuent pour une part énorme au rendement économique dans divers secteurs de l’activité humaine. Ils permettent la réduction de l’utilisation des pesticides d’une part et d’autre part des découvertes biologiques qui assurent le 30 développement et l’exploitation de nombreux produits et matières premières. Cette importance est liée à leur régime alimentaire. Les Chauves-souris frugivores qui sont représentées par plus de 150 espèces jouent un rôle capital dans la pollinisation d’espèce végétale très précieuse à l’instar de l’iroko une espèce rare chez laquelle la pollinisation est assurée uniquement par les Roussettes (Hawthorme, 1995; Taylor et al., 2000). L’exploitation de cette essence forestière est d’un grand apport dans les recettes forestières en Afrique. La pollinisation des principaux arbres est assurée par les Chiroptères soit environ 30% des fruits tropicaux à savoir le bananier, l’avocatier, le manguier et le dattier qui représentent tous une forte valeur économique (Fujita & Tuttle 1991). Un autre rôle joué par les Chiroptères sur les plantes à fort rendement économique est illustré dans le désert du Sonoran, au Sud-Ouest des Etats Unis, et dans les zones arides du Mexique. Les Chauves-souris à long nez, y jouent un rôle majeur dans la pollinisation des agaves et des cactacées (Arita &Wilson, 1987). Tout un secteur de l’économie de ces régions dépend directement d’elles. En effet ces Cactacées pollinisés par les Chiroptères sont les ingrédients de base dans la fabrication de la Téquilla et du Mescal, deux boissons qui représentent pour l’économie locale des flux de devises importants (Arita &Wilson, 1987; Fujita & Tuttle, 1991; Bonnet, 2003). De plus les Microchiroptères consomment une grande quantité d’insectes régulant ainsi leurs populations. De ce fait aident les agriculteurs en détruisant les insectes nuisibles. McCracken (1996) estime qu’au Texas un million d’individus de T. brasiliensis peut consommer jusqu’à dix tonnes d’insectes chaque nuit. Cette lutte biologique permet la réduction du coût de l’utilisation des pesticides qui est estime à 3,7 milliards de dollars par an (Cleveland et al., 2006). La contribution des Chauves-souris dans l’agriculture est remarquable du fait que leurs fèces (guano) peuvent servir d’engrais et être très rentable dans la production agricole (Hutson et al., 2001). Aux Etats Unis on a estimé que 101600 tonnes de guano ont été prélevé à Carlsbad (où gite plus d’un million de Chauves-souris dans une caverne) dans le Nouveau Mexique depuis 1928 (Geluso et al., 1987). L’utilisation du guano réduirait le coût de l’achat des engrais et augmenterait la production agricole dans les pays en voie de développement (Hutson et al., 2001). On estime à 22, 9 milliards de dollars par 31 an la contribution des Chauves-souris dans l’agriculture industrielle aux Etats Unis d’Amérique (USDA, 2007). I.6 Les Chauves-souris du Cameroun La faune mammalogique camerounaise est aussi diversifiée que variée. En effet on y rencontre des grands Mammifères et des petits Mammifères. Les pionniers de l’étude de la Chiroptérofaune camerounaise sont Peters (1876) ; Matschie (1891, 1893, 1894, 1895) ; Zenker (1892) et Sjostedt (1893, 1895, 1897a, 1897b) cités par Aellen (1952). Ces travaux font passer la Chiroptérofaune de 0 à 24 espèces. Cette richesse spécifique du Cameroun n’a cessez d’augmenter en la faveur des travaux plus récents. Ces travaux sont entre autre ceux de Aellen (1952); Eisentraut (1956, 1957,1973 et 1975); Hill (1968); Cosson (1995); Sedlacek (2006); Bakwo (2009a, 2009b, 2010) qui font passer la richesse spécifique camerounaise à 72 espèces. Il faut noter que la majorité de ces travaux concerne la zone forestière. Les 72 espèces de Chiroptère camerounais appartiennent à 7 familles distribuées de façon inégale à travers le pays. Si des espèces telles que Eidolon helvum sont présentes dans la majeur partie du pays et de l’Afrique, le Cameroun comporte aussi des espèces endémiques à l’exemple de Epomophorus reii de Aellen, (1952) capturée dans la ville de Rei Bouba, Rhinolophus alcoyone alticolus de Sanborn Sanderson du Mont Cameroun. Néanmoins la Chiroptérofaune camerounaise reste encore mal connue des populations locales. Elle n’est nullement prise en compte par les autorités gestionnaires de la faune et la flore (Bakwo, 2009b). La méconnaissance de ces petits Mammifères conduit alors à des pratiques telles que le braconnage et la destruction de leurs habitats naturels. En effet les Chiroptères sont consommés au Cameroun comme viande de brousse. Selon Mickleburgh et al., (2009) la consommation par les populations camerounaises de ces animaux mettrait en péril à long terme la survie de certaines espèces à l’exemple d’Eidolon helvum. 32 CHAPITRE II : MATERIELS ET METHODES II.1 PRESENTATION DE MAROUA ET DES SITES D’ETUDES II.1.1 Présentation de Maroua II.1.1.1 Situation géographique La région de l’Extrême-Nord Cameroun se situe au sud du lac Tchad, entre le 10ème et 12ème degré de latitude nord, et dont Maroua est la capitale (Yengue & Yann, 2002) (Figure 15). La ville de Maroua est l’une des plus grandes villes pré-coloniales du Cameroun (Gordon et al., 1990). II.1.1.2 Relief Le relief de la ville de Maroua est très peu marqué, il se présente en une vaste plaine clairsemée de quelques monts (Monts Mandara), au Sud (Hossere Makabay) et au Nord (Hossere Maroua) (Figure 15). L’altitude est de 1000 m en montagne et de 300 m en plaine (Yengue & Yann, 2002). II.1.1.3 Climat Le climat est de type soudano-sahélien. Il tombe environ 800 mm d’eau par an entre juillet et octobre durant la saison des pluies. Le reste de l’année, le soleil assèche le paysage (Suchel, 1988). Les températures les plus basses oscillent entre 17 et 18o C et les plus fortes 35 et 50o C (Suchel, 1988 ; Yengue & Yann, 2002). Cette région présente par conséquent une flore très pauvre. II.1.1.4 Sols et végétation La végétation est constituée de steppes à épineux sahéliens qui se développent sur des sols de nature sableux et rocailleux (Boutrais, 1984). Les agglomérations sont couvertes par des espèces variées, en particulier Azadirachta indica espèce importée et khaya senegalensis. Ces espèces ont la particularité d’être sempervirentes et permettent ainsi d’avoir d’une part de l’ombre pendant la rude et longue saison sèche (Yengue & 33 Yann, 2002). Elles permettent d’autre part d’avoir de nouveaux habitats pour certaines espèces animales (Oiseaux, Chiroptères, Insectes, etc.). II.1.1.5 Hydrographie La ville de Maroua est arrosée par deux « Mayos » (cours d'eau saisonnier de type oued) à l’entrée Sud : le « Mayo Tsanaga » et au centre de la ville le « Mayo Kaliao » sur le quel se dressent plusieurs ponts (les ponts vert, rouge et jaune) (Figure 15). Ces rivières sont de régime tropical et ont un débit contrasté à l’image du climat, c'est-à-dire ont leurs hautes eaux pendant la saison de pluies (mai à septembre) et les basses eaux pendant la période sèche (octobre-avril), où le lit des cours d’eau est sec car leurs eaux se perdent dans le sable (Suchel, 1988). II.1.1.6 Peuplements Le dernier recensement effectué en 2005 au Cameroun révèle que la région de l’Extrême-Nord compte 3.111.792 habitants avec une densité moyenne de 90,8 habitants par km2 (BUCREP, 2010). La population de la ville de Maroua s’élève à 201.371 habitants (BUCREP, 2010). Plus de 40 ethnies sont réparties en plusieurs groupes humains (Yengue & Yann, 2002). Nous notons entre autre les Foulbés, les Toupouri, les Guiziga, etc… II.1.1.7Activités économiques Les activités économiques des populations de la ville de Maroua sont en grande partie dominées par le commerce. On note aussi une grande importance des activités agricoles bien que saisonnière, ces activités sont liées en grande partie aux saisons (Suchel, 1988). La ville est placée au centre d'une vaste région agricole et pastorale. Cela se signale par des infrastructures économiques modernes pourtant en nombre réduit par rapport au potentiel de la région. On compte quelques agro-industries qui transforment les produits locaux. Par ailleurs, pour compléter sa structure industrielle, elle dispose d'une infrastructure commerciale importante et d'un puissant artisanat. Maroua doit son développement à son activité commerciale. La ville draine toute la région et de même les commerçants des pays voisins. 34 II.1.2 Sites d’étude Cette étude a été menée de Janvier à Mars dans la ville de Maroua. L’inventaire a été effectué sur 9 sites (Figure 15) choisis en fonction des critères suivants: - les sites d’hydratation: la présence des points d’eau naturel ou artificiel présent toute l’année à certains endroits (pont rouge, pont vert, hôtel Mizao, SODECOTON); - les sites d’alimentation : la présence des fruits sur les arbres que la bibliographie ou la population indique comme consommés par les Chiroptères (CRTV, Hardé I, Hardé II); - les gîtes diurnes: différents abris naturels et artificiels offerts aux populations de Chiroptères (pont Palar, pont Makabay). Les positions géographiques des sites ont été déterminées par un GPS portatif de marque Garmin 12 et sont présentées dans le tableau 1. Tableau 1: Coordonnées géographiques des sites de capture et nombre de séance de capture par site. Site de capture Pont rouge Mizao Pont Polar Pont Makabay SODECOTON Hardé 1 Hardé 2 Pont vert CRTV Nombre de séance de capture 4 2 1 1 1 4 2 4 2 Altitude Nord Est 402 m 403 m 414 m 420 m 406 m 403 m 422 m 404 m 401 m 10°35’47,7’’ 10°35’58,8’’ 10°35’37,2’’ 10°34’24,5’’ 10°35’09,4’’ 10°35’40,8’’ 10°35’30,2’’ 10°35’58,5’’ 10°36’17’’ 14°18’54,1’’ 14°18’44,4’’ 14°17’19,5’’ 14°16’54,6’’ 14°19’08,9’’ 14°20’13,7’’ 14°19’51,4’’ 14°20’15,2’’ 14°20’17’’ II.1.2.1 Sites d’hydratation II.1.2.1.1 Pont vert Le site de capture du pont vert est situé dans le lit du mayo Kaliao sous le pont. C’est un point d’eau permanent, alimenté par les eaux issues d’une laverie et des habitations situées en amont du pont. 35 II.1.2.1.2 Pont rouge Ce site se trouve dans le lit du mayo Kaliao derrière la Bibliothèque Régionale Pilote Maire GARGA ALIOU OUTSMAN à 45 m environ du pont rouge. Ce point d’eau permanent est alimenté par les eaux usées provenant de l’hôtel Le Relais Porte Mayo et de la Bibliothèque. II.1.2.1.3 Site Hôtel Mizao Il est situé dans le lit du mayo Mizao près de l’Hôtel Mizao et à environs à 200 m du pont jaune. Cette marre d’eau est pérenne car alimentée continuellement par les eaux usées de l’hôtel Mizao. II.1.2.1.4 Site SODECOTON Situé en pleine zone industrielle, le site de la SODECOTON est composé d’un ensemble de marres d’eaux de taille variable. Ces marres d’eau sont formées par les eaux usées provenant de la SODECOTON. II.1.2.2 Sites alimentaires Les sites de Harde I, Hardé II et de la CRTV sont situés dans des zones d’habitation, les captures se font ici autour d’un arbre fruitier en fructification (Ficus sp) qui est visité à la tombée de la nuit par les Chiroptères frugivores. II.1.2.3 Sites du Pont Palar et du Pont Makabay Ces sites sont des abris diurnes pour les Chauves-souris. Le pont Palar étant situé sur un bras du mayo Kaliao, et le pont Makabay est situé à l’entrée sud de la ville de Maroua sur le mayo Tsanaga. Les animaux nichent ici dans les minuscules ouvertures situées sous le tablier de ces deux ponts. 36 Figure 15 : Site d’étude (A: Hardé 1; B : Hardé 2 ; C : Pont vert ; D : Pont rouge ; E : Pont Palar ; F : Hôtel Mizao ; G : Pont Makabay ; H : SODECOTON ; I : CRTV). 37 II.2 Collecte des données II.2.1 Capture Un filet japonais de 9 x 2,60 m (mailles de 16 mm) à 4 poches a été installé pendant 22 nuits de façon discontinue entre le 10 janvier 2011 et le 16 Mars 2011. Le nombre de séance de capture par site est indiqué dans le tableau 1. Le filet a été fixé entre deux perches de 4 mètres de haut (figure 16) et a été déployé entre 18 h et 24 h. Le filet bien tendu est placé soit près d’un arbre fruitier (site alimentaire des Chiroptères), soit près d’un point d’eau (site d’hydratation des Chiroptères) ou encore sur les trajectoires potentielles de vol des animaux sortant d’un gîte (site dortoir des Chiroptères). Les individus pris dans le filet sont ôtés délicatement à l’aide des gants, en prenant soin de ne pas les blesser. Les captures s’effectuant dans la nuit nous utilisons des lampes frontales pour nous éclairer. Les spécimens capturés sont mis dans des cages métalliques grillagées de 45 x 45 cm (figure 17), et transporté au laboratoire pour identification. Figure 16: Etudiants munis d’équipements appropriés enlevant des Chiroptères pris dans le dispositif de capture site du pont rouge. 38 Figure17 : Chiroptères en cage I.2.2.Identification Après la capture, les paramètres suivants sont pris pour chaque spécimen: couleur du pelage, sexe (mâle ou femelle), le stade de développement (jeune ou adulte), la longueur totale du corps (corps + tète), longueur de la queue, du tibia, de l’oreille, du tragus (Microchiroptères), de l’avant bras (Figure 18). Les mesures sont faites à l’aide d’un pied à coulisse numérique de marque MITUTOYO et analogique de marque VERNIER CALIPER. Nous relevons à l’aide d’une loupe les formules dentaires ou le nombre de sillons palataux des animaux (Mégachiroptères). Ces paramètres biologiques relevés sont pris en compte pour l’identification des espèces qui est faite à l’aide des clés de Rosevear, (1965) et d’Hayman & Hill, (1971). Cette identification prend également en compte les données de l’African Chiropteran Report 2010. Des photos de chaque individu capturé sont prises avant et après identification en vue de l’illustration de la clé d’identification. Les spécimens capturés lors de cet inventaire ont été préservés dans l’alcool éthylique 70° afin de vérifier les identifications et de documenter la faune de Chiroptères de la région. Ces spécimens sont actuellement déposés dans la collection de référence du Département des Sciences de la Vie et de la Terre de l’Ecole Normale Supérieure de l’Université de Maroua. 39 1 22 1 33 44 Figure 18: Prise des paramètres biologiques d’un Chiroptère à l’aide d’un pied à coulisse (Dietz, 2005). 1 oreille et tragus ; 2 des métacarpes du 3ème et 4ème doigt ; 3 pouce, doigt 3 et doigt5 ; 4 avant bras. II.3 Analyse statistique des données - calcul de l’effort d’échantillonnage ou effort de capture L’effort d’échantillonnage calculé pour un équivalent de 9 m a été effectué pour chaque site de capture. Un filet heure = un filet de capture pour 1 heure Un filet nuit = un filet de capture pour 12 heures Les données sont stockées à l’aide du logiciel EXCEL et traitées avec le logiciel ESTIMATES 8.0 (Colwell, 2004). Ainsi, sur la base des captures réalisées lors de cet inventaire, les indices de diversité alpha et beta ont été calculé afin d’estimer le nombre 40 d’espèces potentiellement présentes dans le milieu et aussi le degré de similitude entre les différents sites d’échantillonnage. Les indices de diversité spécifique de Shannon et Weaver, de Simpson et d’équitabilité de Piélou ont été calculés à l’aide de la feuille de calcul DJOGO_BIO. II.3.1 Diversité ALPHA - ACE (Mean); Où: ACE = Abundance-base Coverage Estimator Sabund = Nombre d'espèce abondante (chacun avec plus de 10 individus) quand tous les échantillons sont regroupés Cace = Sample abundance coverage estimator γ2ace = Coefficient estimé de variation de Fi pour les espèces rares Srare = Nombre d'espèce rare (chacun avec 10 ou moins individus) quand tous les échantillons sont regroupés Fi = Nombre d'espèce qui a des individus i exactement quand tous les échantillons sont regroupés - Bootstrap (Mean); Où : Sobs = nombre total d'espèce observé dans tous les échantillons regroupés Pk = Proportion d'échantillons qui contiennent l'espèce k m = Nombre total d'échantillons - Chao 1 (Mean). Où : Sobs = nombre total d'espèce observé dans tous les échantillons regroupés Fi = Nombre d'espèce qui a des individus i exactement quand tous les échantillons sont regroupés 41 - SHANNON et WEAVER Où : H’= indice de diversité de Shannon et Weaver Pi = abondance proportionnelle ou pourcentage d'importance de l'espèce : pi = ni/N S = nombre total d'espèces ni = nombre d'individus d'une espèce dans l'échantillon; N = nombre total d'individus de toutes les espèces dans l'échantillon. - SIMPSON Où : D = indice de diversité spécifique de Simpson ni = abondance des espèces de rang i N = nombre total d’espèces - La richesse spécifique réelle a été estimée en faisant la moyenne des indices cidessus par la formule suivante : Une courbe d’accumulation spécifique a été générée en fonction du nombre d’espèces observés (Sobs mean). - calcul de l’efficacité d’échantillonnage II.3.2 Diversité BETA - Calcul de l’indice d’équitabilité de PIELOU 42 Où : J’ = indice d’équitabilité de PIELOU H’ = diversité spécifique H’max = log S (S= nombre total d’espèces) - calcul des indices de complémentarité Jaccard Classic et Sorensen Classic - Jaccard Classic Où : S1 : Nombre d’espèce de l’échantillon 1 S2 : Nombre d’espèce de l’échantillon 2 S12 : Nombre d’espèce commune aux échantillons 1 et 2 - Sorensen Classic S1 : Nombre d’espèce de l’échantillon 1 S2 : Nombre d’espèce de l’échantillon 2 S12 : Nombre d’espèce commune aux échantillons 1 et 2 II.3.3 Clé d’identification Les données des mensurations ont été traitées par le logiciel SAS version 1990 afin de réaliser une clé d’identification des espèces capturées dans la ville de Maroua tout au long de cet inventaire. 43 CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION III.1 Effort d’échantillonnage Au cours de l’inventaire, un effort total de capture () équivalant à 327,6 filets heures soit 27,3 filets nuits a été cumulé (Tableau 2). Cet effort d’échantillonnage a permis de capturer 413 Chauves-souris, appartenant à 18 espèces, 9 genres regroupés dans 3 familles (Tableau 2). Le succès de capture est de 1,26 Chauve-souris par filet heure (Tableau 2). Dans l’ensemble les efforts de capture n’ont pas été équitablement repartis, ceci par souci de diversifié efficacement l’échantillonnage en fonction des sites de capture. Cet effort de capture est faible comparé à celui des travaux effectués dans la forêt classée du pic de Fon en Guinée par Fahr & Ebigbo (2004) car durant 7 jours de capture, ils ont cumulé un effort total d’échantillonnage de 329 filets heures pour 21 espèces. Cette différence pourrait s’expliquer par le fait lors de cet inventaire, une seule méthode de capture a été utilisée (filet), alors que Fahr & Ebigbo ont utilisé trois méthodes de capture: pièges en harpe, filets au vent et filet placé sur des perches. Cette différence peut également s’expliquer par le nombre de filets utilisé. En effet, ils ont déployés plusieurs filets de différente taille (12 x 2.8m et 6 x 2,8m) alors qu’à Maroua un unique filet (9 x 2,6m) a été utilisé. III.2 Diversité spécifique Les Microchiroptères avec 15 espèces soit 83,33% des espèces sont plus représentées que les Mégachiroptères avec trois espèces soit 16,67% du total des espèces. De ce fait les Microchiroptères représentent le groupe le plus diversifié et le plus abondant (89,83% de la richesse spécifique) de la ville de Maroua et par extrapolation du Cameroun ce qui est en conformité avec les travaux de Aellen, (1952) et de Bakwo, (2009a). 44 Les Mégachiroptères PTEROPODIDAE Eidolon helvum Kerr, 1792 (annexe 1, figure 1) L’unique individu de cette espèce a été capturé au site du pont rouge, entre 19h30min et 20h00min alors qu’il venait s’abreuver. Bien que nous n’ayons capturé qu’un seul individu de cette espèce migratrice, il est important de révéler la présence à proximité de ce site de capture d’une colonie qui gîte dans les arbres (Khaya senegalensis et Azadirachta indica) situés devant la bibliothèque régionale pilote (annexe 1, figure 19). Cette colonie d’Eidolon helvum prend de l’envergure à l’approche de la saison pluvieuse (Mai-Juin), avec le retour de la majorité des individus ayant migré durant la saison sèche. Ces résultats se rapprochent à ceux de Vielliard, (1974) qui lors d’un inventaire des Chiroptères du Tchad n’a capturé aucun individu d’Eidolon helvum mais signale la présence de cette espèce dans ce pays. Plusieurs faits pourraient expliquer ce résultat: les individus de cette espèce sont robustes et volent très haut; ces individus possèderaient une excellente vision leur permettant d’esquiver un filet. De ce fait la méthode de capture utilisée au cours de cette étude est très peu adaptée pour la capture de ces animaux. Epomophorus gambianus Ogilby, 1835 (annexe 1, figure 2) Ce Mégachiroptère a été capturé dans les sites alimentaires (Hardé I, Hardé II et CRTV) et au site d’hydratation du pont rouge. Avec 39 individus capturés soit 95,12% de l’abondance totale des Mégachiroptères, cette espèce frugivore semble être la plus commune dans la ville de Maroua durant la période d’étude. Micropteropus pusillus Peters, 1868 (annexe 1, figure 3) Un individu de cette espèce à harde II (site alimentaire) à 23h30min a été capturé. La roussette naine de Peters est très répandue au Cameroun. Cette maigre prise pourrait s’expliquer par le fait que cette espèce semble mal adaptée à aux conditions climatiques qui règnent dans la ville de Maroua pendant la saison sèche. 45 Les Microchiroptères MOLOSSIDAE Chaerephon chapini Aellen, 1917 (annexe 1, figure 16) Les deux individus de cette espèce ont été capturés au site du pont rouge. Ces deux spécimens échantillonnés constituent une grande première non seulement pour le Cameroun mais aussi pour l’Afrique centrale. En effet, l’ACR 2010 situe les zones de répartition de Chaerephon chapini en Angola, RDC, Namibie, Côte d'Ivoire, Ghana, Soudan, Ethiopie, Ouganda, Kenya, Congo, Botswana, Zambie et Zimbabwe (Figure 19). Figure 19 : Distribution de Chaerephon chapini basée sur des spécimens en collection. Distribution de Chaerephon chapini basée sur des spécimens en collection d’après l’inventaire des Chauves-souris de Maroua 2011 Distribution de Chaerephon chapini basée sur des spécimens en collection d’après ACR 2010 Chaerephon leucogaster Grandidier, 1869 (annexe 1, figure 15) Les quatre individus de cette espèce ont été capturés au site d’hydratation du pont rouge. La capture de ces spécimens constitue une première pour le Cameroun car cette espèce en Afrique a été signalée au Congo, au Nigéria, Ethiopie, Ghana, Mali, 46 Madagascar, en République Centrafricaine, en RDC, au Tchad et en Zambie (ACR, 2010) (Figure 20). Figure 20: Distribution de Chaerephon leucogaster basée sur des spécimens en collection. Distribution de Chaerephon leucogaster basée sur des spécimens en collection d’après l’inventaire des Chauves-souris de Maroua 2011 Distribution de Chaerephon leucogaster basée sur des spécimens en collection d’après ACR 2010 Chaerephon limbata Peters, 1852 (annexe 1, figure 12) Un seul individu de cette espèce a été capturé au site d’hydratation du pont rouge. Ce Molossidae à aile claire est bien connu en Afrique. Chaerephon major Trouessart, 1897 (annexe 1, figure 13) Tous les individus de cette espèce ont été capturés dans les sites d’hydratation: du pont vert, du pont rouge et de Mizao. Avec 24 individus capturés soit 26,67% du nombre total de Molossidae, cette espèce est la plus abondante de cette famille de Microchiroptères. 47 Chaerephon nigeriae Thomas, 1913 (annexe 1, figure 14) Les individus de cette espèce, quatre au total ont été capturés au site d’hydratation du pont rouge. Chaerephon pumilus Cretzschmar, 1826 (annexe 1, figure 10) Les individus de cette espèce ont été capturés aux sites d’hydratation du pont vert, du pont rouge et de Mizao et au gîte du pont de Palar. Mops condylurus Thomas, 1903 (annexe 1, figure 18) Les individus de cette espèce ont été capturés dans les gîtes diurnes: du pont Makabay (16 individus) situé sur le Mayo Tsanaga et à Palar (1 individu) sous le pont situé sur l’un des bras du Mayo Kaliao. Mops brachypterus Peters, 1852 (annexe 1, figure 11) Cette espèce a été capturée au site d’hydratation du pont rouge. Cette Chauve-souris à queue libre a une préférence pour les abris naturels tels que les creux des arbres. Mops niveiventer Cabrera et Ruxton, 1926 (annexe 1, figure17) Nous avons capturé 9 individus de Mops niveiventer, un Molossidae, jusqu’ici seulement connu en RDC (République Démocratique du Congo), Rwanda, Angola, Mozambique et Zambie (ACR, 2010) et maintenant documenté pour le Cameroun (Figure 21). Cette Chauve-souris se distingue de toutes les autres espèces de la famille des Molossidae par son ventre blanc d’où son nom commun « Tadaride à ventre blanc ». Les individus de cette espèce ont été capturés dans le site d’hydratation du pont rouge (5♂ ; 2♀) et Mizao (1♂) et le gîte diurne situé en dessous du pont Palar (1♂). 48 Figure 21: Distribution de Mops niveiventer basée sur des spécimens en collection. Distribution de Mops niveiventer basée sur des spécimens en collection d’après l’inventaire des Chauves-souris de Maroua 2011 Distribution de Mops niveiventer basée sur des spécimens en collection d’après ACR 2010 VESPERTILIONIDAE Scotophilus dinganii Smith, 1833 (annexe 1, figure 7) Des captures de cette espèce ont été faite aussi bien dans les sites d’hydratation que dans les sites d’alimentation; c’est-à-dire presque dans tous les sites de capture hors-mi les gîtes diurnes (pont makabay et pont de Palar). Au total 227 individus ont été capturés soit 54,96 % du nombre total des Chiroptères ou encore 61,02 % des Microchiroptères. De ce fait cette espèce est la plus abondante de la ville de Maroua. Cette Chauve-souris se distingue des autres Scotophilus par une face ventrale toute jaune. Nous pouvons expliquer le grand nombre d’individus capturés de cette espèce par le fait que Scotophilus dinganii serait l’espèce la mieux adaptée dans la ville de Maroua. Scotophilus leucogaster Scheber, 1774 (annexe 1, figure 8) Cette espèce avec 54 individus capturés représente la deuxième espèce la plus abondante de la ville de Maroua. Les individus de cette espèce ont été capturés au pont vert, au pont rouge, à la SODECOTON et à l’hôtel Mizao. 49 Nycticeinops schlieffenii Peters, 1859 (annexe 1, figure 4) Les individus de cette espèce ont été capturés dans les sites d’hydratation du pont rouge et du pont vert. Pipistrellus nanulus Thomas, 1904 (annexe 1, figure 6) L’unique individu de cette espèce a été capturé dans le site d’hydratation du pont vert. Cette Chauve-souris est caractérisée par sa petite taille, à peine celle d’un pouce humain d’adulte. Cette pipistrelle minuscule est commune de la zone forestière du pays. C’est la première fois quelle est capturé dans la région de l’Extrême-Nord Cameroun. Ce résultat augmente l’aire de répartition de ce Chiroptère dans notre pays. Le faible nombre d’individus pris de cette Chauve-souris semble être dû à sa taille qui lui permettait de passer au travers des mailles de notre filet. Ce résultat peut aussi résulter du fait que cette espèce vole en rase motte quant elle vient s’abreuver, ce qui lui permet d’éviter le filet placé à environ un mètre du sol. Pipistrellus inexspectatus Aellen, 1959 (annexe 1, figure 5) Les individus (5) de cette espèce ont été tous capturés au niveau du site d’hydratation du pont rouge. Ce qui peut présager la possible présence d’une colonie de ce Chiroptère à proximité de ce site de capture. Le choix de s’hydrater et de se nourrir à proximité de leurs gîtes diurne contribuerait à réduire les coûts énergétiques liés à la locomotion (Aronson & Givnish, 1983 ; Richter & Cumming, 2006 cités par Niamien, et al., 2010) et augmenterait de ce fait, leur succès reproductif (Wrangham, 1980 ; Terborgh & Janson, 1986 ; Dunbar, 1988 ; Janson, 1992 cités par Niamien, et al., 2010). Scotoecus hirundo de Winton, 1899 (annexe 1, figure 8) Cette espèce a été capturée au site d’hydratation du pont rouge et au site pont vert. Communément appelée « Scotophile à aile noire » cette Chauve-souris est de petite taille. Chez cette espèce de Chiroptère le mâle porte un pénis pendant très développé qui constitue ainsi un critère systématique. 50 Tableau 2: Nombre d’individus de chaque espèce, effort de capture (h/n=en filet heure et en filet nuit) et Succès de capture (CS/fh = nombre de Chauves-souris par filet heure) par site d’étude. A: Hardé 1; B : Hardé 2 ; C : Pont vert ; D : Pont rouge ; E : Pont Palar ; F : Hôtel Mizao ; G : Pont Makabay ; H : SODECOTON ; I : CRTV. Espèces Nombre d’individus par site d’étude D E Total A B C F G H I Eidolon helvum Epomophorus gambianus Micropteropus pusillus 9 - 19 1 - - - - 1 - 1 39 1 Nycticeinops schlieffeni Pipistrellus nanulus Pipistrellus_inexspectatus Scotoecus hirundo Scotophilus dinganii Scotophilus leucogaster 1 3 3 2 1 1 81 18 54 5 - 6 2 1 - 2 1 5 2 227 54 Chaerephon chapini* Chaerephon leucogaster* Chaerephon limbata Chaerephon major Chaerephon nigeriae Chaerephon pumilus Mops brachypterus Mops condylurus Mops niveiventer* Total individus Total espèces Effort; 9m h CS/fh 13 3 62,4 0,20 23 3 31,2 0,73 2 2 4 4 1 1 1 17 6 24 2 1 3 3 14 1 2 20 1 1 1 16 17 7 1 1 9 109 171 3 68 16 8 2 413 8 14 3 5 1 2 2 18 62,4 62,4 15,6 31,2 15,6 15,6 31,2 327,6 1,74 2,74 0,19 2,19 1,02 0,51 0,06 1,26 (* : Espèces capturées pour la première fois au Cameroun) Pteropodidae 1 10 - - Vespertilionidae 5 1 84 23 - Molossidae Au cours de cet inventaire, 3 espèces de Microchiroptères jamais signalées au Cameroun ont été recensées pour la première fois. Ces espèces sont: Chaerephon chapini, Chaerephon leucogaster et Mops niveiventer. La capture de ces spécimens à Maroua correspond à une augmentation du nombre d’espèces de Chauves-souris du pays de 72 à 75 et de la zone de répartition de ces espèces de quelques centaines de kilomètres à plusieurs milliers de kilomètre depuis les plus proches localités connues où elles avaient chacune été précédemment citées en Afrique (Figures 19 à 21). Cette exceptionnelle augmentation de la zone de répartition complète la connaissance fragmentaire de la distribution des Chiroptères en Afrique et met en évidence le besoin d’études 51 supplémentaires, particulièrement dans les régions présentant un intérêt pour la conservation telles que soulignés par Bakarr et al., (2001). Ces captures peuvent s’expliquer par le fait que la Chiroptérofaune de la région de l’Extrême-Nord Cameroun n’a pas encore été assez échantillonnée. III.2.1 Diversité ALPHA Le traitement des résultats par le logiciel ESTIMATE S 8.0 a permis d’avoir une estimation de la richesse spécifique de Maroua. En effet le calcul des indices de diversité spécifique ACE (mean), Boostrap (mean) et Chao 1 (mean) estiment la richesse spécifique réelle de Maroua respectivement à 24,15; 21,49 et 20,50 espèces de Chiroptères. La moyenne de ces trois estimations nous permet d’avoir une richesse spécifique réelle de 22,04 espèces. Ce qui nous a permis de calculer l’efficacité d’échantillonnage qui est de 81,66%. A l’aide du nombre d’espèces observés (Sobs mean) nous avons généré la courbe d’accumulation spécifique donc les variations sont illustrées par la figure 22. Figure 22 : Courbe d’accumulation des espèces pour les Chiroptères échantillonnés lors de l’inventaire dans la ville de Maroua. 52 La courbe d’accumulation spécifique des espèces de Chauves-souris de la ville de Maroua monte abruptement et n’atteint pas de plateau asymptotique (Figure 22). Cela indique que l’échantillonnage de la Chiroptérofaune lors de cet inventaire est incomplet. Cette interprétation de la courbe d’accumulation spécifique est confirmée par le calcul de l’efficacité de l’échantillonnage qui est de 81,66% .Ce qui souligne la nécessité d’effectuer d’autres inventaires pour compléter la présente étude. L’insuffisance des inventaires est mise en relief par le fait qu’aucun inventaire préliminaire n’avait été fait. Les seuls travaux dans cette région ayant été effectués de façon opportuniste par Aellen (1952). Le nombre d’espèces (18) recensées pour la ville de Maroua est loin d’être complet ce qui est mis en évidence lorsque nous calculons le nombre réel d’espèces présentes dans le milieu soit 22,04 espèces. L’écart entre le nombre d’espèces capturés et le nombre réel d’espèces est le résultat de différents facteurs comprenant: a) le manque d’inventaire prolongé couvrant toute l’année; b) la non utilisation des techniques complémentaires d’échantillonnage (les pièges à harpe et les enregistrements radiophoniques). Les variations de la courbe d’accumulation spécifique sont similaires à celle des courbes d’accumulation spécifique de Fahr & Ebigbo (2004) ; Fahr et al (2006) et Monadjem & Fahr (2007) qui ne marquent pas elles aussi de plateau asymptotique. Cela montre qu’ils n’ont pas pu obtenir la richesse spécifique réelle avec une intensité d’échantillonnage limité. En effet, les travaux de Chao et al (2005) montrent qu’il est pratiquement impossible de détecter dans un écosystème toutes les espèces et leur abondance avec un nombre ou une intensité d’échantillonnage limité. Même si le total d’espèces échantillonné est certainement inférieur au nombre réel d’espèces, il ne faut pas oublier que plusieurs espèces rares ou inconnues pour le Cameroun ont été recensées, bien que l’échantillonnage se soit fait en 22 jours étalés sur trois mois. De nombreuses études insistent sur le fait que des périodes d’échantillonnage beaucoup plus longues sont nécessaires pour parvenir à un inventaire presque complet (Fahr & Ebigbo, 2004). En effet, le déroulement de l’inventaire durant une partie de la saison sèche (65 jours) pourrait expliquer cette différence entre la richesse spécifique capturée et la richesse spécifique réelle estimée. Les résultats d’étude à long terme menée dans les parcs nationaux de Comoé et Taï, en Côte d’Ivoire, montrent que le plus grand nombre d’espèces est capturé en début de saison des pluies alors que les prises sont nettement réduites en saison sèche (Fahr in press-e). De plus, la présente étude n’a porté 53 que sur une zone de faible étendue, et s’est concentrée sur les sites d’hydratation, d’alimentation et sur les gîtes diurnes artificiels (constructions humaines: ponts), tandis que les gîtes naturels (les grottes) et les petites étendues de savanes vierges périphériques à la ville n’ont pas été échantillonnés. Les indices de diversité spécifique de Shannon et Weaver et de Simpson pour chaque site de capture sont indiqués dans le tableau 3. Tableau 3: Indices de diversité spécifique de Shannon et Weaver, de Simpson et d’équitabilité de Piélou par site de capture. Sites Indice de Shannon et Weaver Indice de Simpson équitabilité de Pielou Harde I 1,14 0,50 0,27 Harde II 0,80 0,31 0,19 Pont vert 1,29 0,42 0,30 Pont rouge 2,51 0,72 0,60 pont Palar 1,58 1 0,38 Hôtel Mizao 1,08 0,36 0,26 Pont Makabay 0 0 0 SOSECOTON 0,81 0,42 0,19 CRTV 1 1 0,23 Le tableau 3 montre que pour l’indice de diversité spécifique de Shannon et Weaver, le site d’échantillonnage le plus diversifié est celui du pont rouge. Cet indice qui est sensible aux variations d’importance des espèces les plus rares s’oppose au résultat de l’indice de diversité spécifique de Simpson sensible aux variations d’importance des espèces les plus abondantes. L’indice de Simpson présente les sites pont Palar et CRTV comme les plus diversifiés. En associant ces deux indices de diversité spécifique à l’équitabilité de Piélou, il apparait clairement que le site le plus diversifié est celui du pont rouge, car c’est dans ce site que la distribution est la plus équitable tandis que le moins diversifié le site de Makabay. Ceci du fait que tous les individus capturés à Makabay appartiennent à la même espèce (Mops condylurus). En effet, dans les gîtes diurnes la richesse spécifique est réduite, les Chauves-souris gîtent en colonie homogène (une unique espèce) ou tout au plus en colonie composée d’espèce très proche. 54 Les résultats montrent que chacun des sites de capture contribue de manière plus ou moins importante à la richesse spécifique totale de la ville de Maroua (Tableau 2). Cependant, les sites d’hydratation ont une plus grande diversité spécifique que les sites alimentaires et les gîtes diurnes. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que la ville de Maroua est située en zone sahélienne. En effet, en zone sahélienne le nombre de points d’eau est réduit pendant la majeure partie de l’année (saison sèche), les points d’eau restant durant la saison sèche sont alors assaillis par les animaux assoiffés. De même la ville de Maroua n’offre qu’un maigre couvert végétal, les arbres fruitiers (Borrassus flabellifer, Carica Papaya, Cordia abissinica, Ficus sycomorus, Mangifera sp. et Persea gratssima) très appréciés de certains Mégachiroptères (Aellen, 1952) y sont peu nombreux voir absents, limitant non seulement le nombre, mais aussi la diversité spécifique des Chauves-souris frugivores. III.2.2 Diversité BETA La diversité beta nous renseigne sur la répartition des espèces entre les sites de capture. Pour ce faire nous avons opté pour le calcul des indices de complémentarité Jaccard Classic et Sorensen Classic comme illustré dans le tableau 4. De même nous avons calculé l’indice beta d’équitabilité de Piélou qui nous apporte des précisions sur la distribution des espèces dans nos sites de capture (Tableau 3). Tableau 4: Comparaison de deux indices de complémentarité ; Jaccard Classic (en rouge) et Sorensen Classic (en bleue). A: Harde 1; B : Harde 2 ; C : pont vert ; D : pont rouge ; E : pont Palar ; F : hôtel Mizao ; G : pont Makabay ; H : SODECOTON ; I : CRTV Sites A B C D E F G H I A 1 0,67 0,36 0,35 0 0,50 0 0,80 0,80 B 0,50 1 0,18 0,23 0 0,25 0 0,40 0,40 C 0,22 0,10 1 0,55 0,18 0,62 0 0,40 0,20 D 0,21 0,13 0,38 1 0,24 0,53 0 0,25 0,25 E 0 0 0,10 0,13 1 0,50 0,50 0 0 F 0,33 0,14 0,44 0,36 0,33 1 0 0,57 0,29 G 0 0 0 0 0,33 0 1 0 0 H 0,67 0,25 0,25 0,14 0 0,40 0 1 0,50 I 0,67 0,25 0,11 0,14 0 0,17 0 0,33 1 0= les deux sites de capture non rien en commun 1= les deux sites ont tout en commun 55 La comparaison des sites d’échantillonnage grâce aux indices de complémentarité de Jaccard Classic et Sorensen Classic (tableau 4) montre que ces 9 sites de capture ont en général très peu d’espèces en commun. L’illustration la plus flagrante de l’indépendance de ces sites de capture est apportée par la comparaison entre le site du pont rouge et celui du Mizao. Ces deux sites d’hydratation des Chiroptères situés dans le lit du mayo Kaliao, distant de 250 m environ et présentant un environnement similaire. Toutefois le calcul des indices de complémentarité donnes respectivement Jaccard Classic = 0,36 et Sorensen Classic = 0,53 (tableau 4) montre que ces deux sites physiquement apparenté ont peu de chose en commun du point de vue de la richesse spécifique. À première vue on peut suggérer que le manque de complémentarité entre ces deux sites réside dans le fait que les efforts d’échantillonnage sont disparates. En effet l’effort d’échantillonnage s’élève à 31,2 filets heures pour le site Hôtel Mizao et 62,2 filets heures pour le site pont rouge. Mais si on s’intéresse de près à l’évolution de la richesse spécifique durant les captures au pont rouge, force est de constater que 100% des espèces échantillonnées sur ce site l’ont été les deux premiers jours de capture (pour 31,2 filets heures) comme l’illustre le tableau de l’annexe 4. Ce qui empêche de limiter le manque de complémentarité entre les sites pont rouge et Mizao à la différence d’effort d’échantillonnage. De même si l’on compare le site du pont rouge et du pont vert qui sont aussi tous deux physiquement apparenté, nous constatons qu’ils n’ont pas la même diversité spécifique (Jaccard Classic = 0,38 et Sorensen Classic = 0,55) malgré le même effort d’échantillonnage comme l’illustre le tableau 2. Ainsi, chacun des sites de capture contribuent de manière importante à la richesse spécifique de 18 espèces pour la ville de Maroua. Ces sites sont complémentaires les uns les autres. Les données montrent également que la majorité des espèces de Chiroptère n’ont été recensées que dans quelques sites de capture (Tableau 2), ce qui entraine une variation importante d’espèces d’un site à l’autre. Cette variation d’espèce par site pourrait s’expliquer par le fait que les Chiroptères ont des préférences pour les point d’hydratation et les sites d’alimentation tout comme les Chauves-souris présentent une grande fidélité pour les gîtes diurnes (Aellen, 1952; Grassé, 1955) et les gîtes d’hibernation (Lemaire & Arthur, 2009). Ceci est valable ou probable également pour d’autres organismes qui ont une forte spécificité en terme d’habitat dans des aires de distribution restreintes, comme les Amphibiens, les Arthropodes et les plantes (Roth & Naskrecki, 2003; Rödel et al., 2004). Un autre facteur pouvant expliquer cette différence 56 en termes de richesse spécifique, est l’aspect sécuritaire. En effet, tous comme les Chauves-souris nichent dans les arbres à feuillage touffus pour éviter le braconnage (Niamien et al., 2010), elles choisiraient les points d’eau les moins dangereux pour s’hydrater. III.3 Description des habitats des Chauves-souris dans la ville de Maroua La ville de Maroua présente des habitats variés que les Chauves-souris exploitent au maximum. Ces animaux occupent entre autre les abris naturels (les arbres, grottes) et les constructions humaines (les ponts, habitations) où leur présence se signale par leurs fèces. Des espèces grégaires telles que Eidolon helvum forment des grandes colonies de plusieurs milliers d’individus qui gîtent le jour comme la nuit dans la cime des arbres situés près de la bibliothèque pilote maire Garga Aliou Outsman. De même des individus de Epomophorus gambianus sont observés au quartier Domayo (N 10°35'671’’ – EO 14°19'384’’ et N 10°35'708’’ – EO 14°19'714’’) et à Bamaré (N 10°34'104’’ – 14°19'976’’) en journée dormant dans les branchages de Azadirachta indica. Des colonies de Molossidae (Microchiroptère) sont présents dans les fissures du pont de Makabay (colonie de Mops condylurus et colonie de Mops niveiventer et Mops condylurus au pont palar). Une colonie de Molossidae dont l’espèce reste à déterminer gîte dans les bâtiments du lycée classique moderne de Maroua (N 10°36'426’’ – EO 14°20'417’’). Une colonie de Chiroptère du genre Scotophilus réside dans le dépôt principal CIMENCAM de Maroua (N 10°36'285’’ – EO 14°20’26O’’). Il faut noter que des gîtes ont été signalés dans les environs de la ville à quelques dizaines de kilomètres. Les visites des gîtes diurnes nous permettent de soutenir l’affirmation de Grassé, (1955) stipulant que contrairement aux Mégachiroptères qui peuvent se suspendre le jour, accrochés aux arbres exposés aux intempéries et au soleil, aucun Microchiroptère ne gîte à l’air libre. Les gîtes nocturnes sont généralement temporaires. Ils sont utilisés par les animaux qui y font une halte le temps de se reposer ou de déguster des aliments (fruits pour les Mégachiroptères et insectes pour les Microchiroptères). Nous avons observé (Hardé 1 et Hardé 2) des Epomophorus gambianus après avoir cueilli un fruit de Ficus sp s’accrocher aux branches de cet arbre pour le déguster. 57 III.4 Clé d’identification des Chauves-souris de la ville de Maroua Ordre des Chiroptères 1 a Second doigt terminé par une griffe, pavillon de l’oreille formant en cercle complet, tragus toujours absent, membrane interfémorale très réduite, queue absente ou rudimentaire: sous ordre des Mégachiroptères; famille des Ptéropodidae………………………………………………………………………...2 b Second doigt dépourvu de griffe; pavillon de l’o reille ne formant pas un cercle complet, tragus généralement présent (absent dans deux familles) ; membrane interfémorale généralement bien développée; queue généralement bien développée (absent dans une famille) : Sous ordre des Microchiroptères…………………………………………………………………….4 2 a Absence de touffe blanche à la base des oreilles; grande taille, avant-bras 127.90 mm ♂. Pelage jaunâtre ou brun jaunâtre ; queue réduit…………………………………..……..…Eidolon helvum (annexe 1, figure 1) b Présence de touffe blanche à la base des oreilles et au niveau des épaules……………….………………………………………...……………………3 3 a Palais présentant des sillons formant une tranchée médiane allant en se rétrécissant vers l'arrière, museau relativement large ; avant bras 46 mm ♀…..........................................................Micropteropus pusillus (annexe 1, figure 3) b Deux sillons palataux en arrière de la dernière molaire, palais très long et étroit, quatrième sillon palatal situé à égale distance entre le troisième et le cinquième ; avant-bras 74-79 mm ♂ et 84-88 mm ♀. ..............................................................Epomophorus gambianus (annexe 1, figure 2) 58 4 a Absence de feuillets nasaux ; queue complètement incluse dans l’uropatagium (famille des Vespertilionidae) …..………………………………..………………5 b Absence de feuillets nasaux; queue libre débordant l’uropatagium (famille des Molossidae)…………………………………………………………………….....10 5 a Deux incisives supérieures de chaque coté……………………..………….…...6 b Une incisive supérieure de chaque coté…………………………...………...….7 6 a Avant bras 34,8 mm ♀, poils du corps unicolore de la base au sommet………………………..………….Pipistrellus nanulus (annexe 1, figure 6) b Avant bras 30-33,2 mm♂ et 32,8-36,8 mm♀, poils du corps sombres à la base et pâle au somme.....................................Pipistrellus inexspectatus (annexe 1, figure 5) 7 a Avant bras supérieur à 45 mm ……….……..………………………...…………8 b Avant bras compris entre 29-33 mm..…………………….……….……….……9 8 a Avant bras compris entre 49,7-49,8 mm ♂ et 50,2-50,6 mm ♀, ventre jaune…………………………………...…..Scotophilus dinganii (annexe 1, figure 7) b Avant bras compris entre 48,35-50,25 mm ♂ et 49,2-51,1 mm ♀, ventre blanc et bande jaune entre les membres antérieurs et les membres postérieurs......…………………..……..Scotophilus leucogaster (annexe 1, figure 8) 9 a Avant bras 28-30 mm ♂, tragus court, ailes sombres et pelage du ventre blanchâtre………………….…………………Scotoecus hirundo (annexe 1, figure 9) b Avant bras 32,6-35 mm ♀, tragus court et en forme de demi lune…………………….……...……….Nycticeinops schlieffenii (annexe 1, figure 4) 59 10 a Avant bras supérieur à 40 mm, oreilles généralement conjointes ……………11 b Avant bras généralement inférieur à 50 mm, présence d’une touffe post orale généralement bien développée……..…………………………............................13 11 a Avant bras 42,40 mm ♂,…...…..………..Mops brachypterus (annexe 1, figure 11) b Avant bras supérieur à 45 mm, crâne pourvu d’une crête sagittale…..……..…12 12 a Avant bras 45,79-49,11mm ♂ et 46,39-49,71mm ♀, couronne sombre mais pas comme l’arrière du corps; crâne avec une crête sagittale bien développée……………….….……………... .Mops condylurus (annexe 1, figure 18) b Avant bras 43,49-44,09 mm ♂ et 42-42,60 mm ♀, couronne aussi sombre que l’arrière du corps, crâne avec une crête sagittale peu développée……….…………….…..…………Mops niveiventer (annexe I, figure 17) 13 a Avant bras inférieur à 40 mm..................................................................…...14 b Avant bras supérieur à 40 mm……………………………...……………………16 14 a Avant bras 37,4-40,4 mm ♂ et 38-41,3 mm ♀, ailes blanc sombre, ventre sombre, bande blanche de part et d’autre du corps entre les ailes et les cuisses……………..……….………….…Chaerephon pumilus (annexe 1, figure 10) b Aile claire ou blanche, ventre blanc………………….……………………….….15 15 a Avant bras 34,9 mm, présence chez le mâle d’une longue couronne post oral doublement colorée (base sombre sommet claire), ventre blanc…...………………...………..………Chaerephon chapini (annexe 1, figure 16) 60 b Avant bras 35,5-36,9 mm ♂ et 33,41-34,59 mm ♀, absence de bande blanche entre les membres supérieurs et les membres inférieurs…………………………….Chaerephon leucogaster (annexe 1, figure 15) 16 a Avant bras compris entre 40,8-44,5 mm ♂ et 40,1-42,2 mm ♀, oreilles reliées par une large bande, ventre dépourvu de bande blanche, ailes sombres……………………….……...… Chaerephon nigeriae (annexe 1, figure14) b Auréole de couleur blanche sur le ventre………………………….……………17 17 a Avant bras 43,3-43,4 mm ♂ et 42,1-42,8 mm ♀, clapet triangulaire situé entre les oreilles, ligne blanche sur le ventre………Chaerephon major (annexe 1, figure 13) b Avant bras 41,30 mm, ventre blanc, ailes blanches.....................................................Chaerephon limbata (annexe 1, figure 12). 61 CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS Au terme de l’inventaire des Chiroptères de la ville de Maroua; pour un effort total d’échantillonnage de 327,6 filets heures soit 27,3 filets nuits, 413 Chauves-souris repartis dans 3 familles, 9 genres et 18 espèces ont été capturés. Les sites de captures bien que certains soient physiquement semblables ont permis à partir des résultats d’observer une grande différence en terme de la diversité spécifique. Ces résultats montrent également la complémentarité des sites de capture. Les 9 sites de capture ont permis de recenser 3 espèces de Chauves-souris jamais capturées au Cameroun augmentant de ce fait la Chiroptérofaune du pays. Parmi les espèces identifiées, Scotophilus dinganii se révèle être la plus abondante dans la ville. De par son urbanisation, son relief, et sa végétation la ville de Maroua regorge d’une variété d’habitats importants pour la survie et la conservation de ce groupe de Mammifère au Cameroun. Pour optimiser les mesures de conservation de la flore et la faune de l’Extrême-Nord en général et des Chiroptères en particulier. Il est nécessaire qu’elles reposent sur un socle le plus large possible (pluridisciplinarité) que ce soit par des actions comme la sensibilisation par différents moyens tels les médias, les conférences de protection des espèces, des biotopes ou encore des écosystèmes. A cet effet nous émettons les recommandations suivantes: - des inventaires à long terme portant sur toute une année et utilisant plusieurs méthodes d’échantillonnage pour évaluer l’intégralité de la Chiroptérofaune de la ville de Maroua; - des enquêtes auprès des populations de Maroua afin non seulement d’évaluer la perception de l’importance des Chauves-souris par celles-ci, mais aussi d’évaluer le niveau de consommation et de perturbations sur les colonies de Chauves-souris; - mettre sur pied un programme de sensibilisation des populations sur l’importance économique et écologique des Chauves-souris en région tropicale. 62 1 ANNEXES Annexe 1 : Album photo des Chauves-souris de Maroua A B C D Figure 1 : Eidolon helvum, Maroua, 2011. A, B : face ventrale ; C : face dorsale ; D : tête. A C B Figure 2 ; Epomophorus gambianus, Maroua, 2011. A : vue de profil (♂) ; B : détail de l’aile (♀) ; C : positionné sur un perchoir. A B Figure 3: Micropteropus pusillus, Maroua, 2011. A: face ventrale ; B : tête. A B C Figure 4 : Nycticeinops schlieffeni, Maroua, 2011. A : face ventrale ; B : face dorsale ; C : tête. A B C D Figure 5 : Pipistrellus inexspectatus, Maroua, 2011. A : face ventrale ; B : face dorsale ; C, D : tête. B A C Figure 6 : Pipistrellus nanulus, Maroua, 2011. A : face ventrale ; B : face dorsale ; C : tête. A B Figure 7 : Scotophilus dinganii, Maroua, 2011. A : face ventrale ; B : face dorsale. A B C Figure 8 : Scotophilus leucogaster, Maroua, 2011. A : face ventrale ; B : face dorsale ; C : tête. B A C Figure 9 : Scotoecus hirundo, Maroua, 2011. A : face ventrale ; B : face dorsale ; C : vue latérale. B A C Figure 10 : Chaerephon pumilus, Maroua, 2011. A : face ventrale ; B : face dorsale ; C : vue latérale. B A C Figure 11 : Mops brachypterus, Maroua, 2011. A : face ventrale ; B : face dorsale ; C : tête. A B C D Figure 12 : Chaerephon limbata, Maroua, 2011. A : face ventrale ; B : face dorsale ; C, D : tête. A B Figure 13 : Chaerephon major, Maroua, 2011. A : face ventrale ; B : tête. A B C Figure 14 : Chaerephon nigeria, Maroua, 2011. A : face ventrale ; B : face dorsale ; C : tête. A B C Figure 15 : Chaerephon leucogaster, Maroua, 2011. A : face ventrale ; B : face dorsale ; C : tête. A B Figure 16 : Chaerephon chapini, Maroua, 2011. A : face ventrale ; B : face dorsale. A B C D Figure 17 : Mops niveiventer, Maroua, 2011. A : face ventrale ; B : face dorsale ; C, D : tête. A B C D Figure 18 : Mops condylurus, Maroua, 2011. A : face ventrale ; B : face dorsale ; C, D : appareils reproducteurs (respectivement ♀ et ♂). Figure 19 : Colonie de Eidolon helvum, Maroua, 2011. Annexe 2: Nom commun, nom latin et Parain des Chauves-souris capturées dans la ville de Maroua (Janvier-Mars 2011) Ordre Nom commun Sous Nom scientifique Roussette jaune ou paillée Chauve-souris à épaulettes de Gambie Roussette naine de Peter Molosse à crinière, Molosse pâle Tadaride de Madagascar à ventre blanc Chauve-souris à queue libre et aux ailes blanches Grand Molosse à glandes caudales Molosse du Nigéria Petit molosse à glandes Caudales ou Tadaride bornée Tadaride ou Molosse d'Angola Tadaride à doigts blancs Tadaride à ventre blanc Eidolon helvum Epomophorus gambianus Parain et année de description des espèces Kerr, 1792 Ogilby, 1835 Micropteropus pusillus Chaerephon chapini* Peters, 1867 Allen, 1917 Chaerephon leucogaster* Grandidier, 1869 Chaerephon limbata Peters, 1852 Chaerephon major Trouessart, 1897 Chaerephon nigeriae Chaerephon pumilus Thomas, 1913 Cretzschmar, 1826 Mops condylurus Mops brachypterus Mops niveiventer* Smith, 1833 Peters, 1852 Cabrera & Ruxton, 1926 Peters, 1859 Aellen, 1959 Thomas, 1904 De Winton, 1899 Cretzschmar, 1830 Smith, 1833 Chauve-souris de Schlieffen. Pipistrelle d'Afrique centrale Pipistrelle minuscule Scotophile à ailes noires Scotophile à ventre blanc Chauve-souris jaune des maisons Nycticeinops schlieffeni Pispitrellus inexspectatus Pispitrellus nanulus Scotoecus hirundo Scotophilus leucogaster Scotophilus dinganii 21 Annexe 3: Résultats des mensurations par espèce et par sexe Mensurations Espèces Eidolon helvum Epomophorus gambianus Micropteropus pusillus Chaerephon chapini Chaerephon leucogaster Chaerephon limbata Chaerephon major Chaerephon nigeriae Chaerephon pumilus Mops brachypterus Mops condylurus Mops niveiventer Nycticeinops schlieffeni Pipistrellus inexspectatus Pipistrellus nanulus Scotoecus hirundo Scotophilus dinganii Scotophilus leucogaster Tête+corps avant bras Tibia droit ♀ ♂ ♀ ♂ 101,11-105,41 65.00 44,15-47,85 52,58-56,66 46,62-51,18 49,44-53.62 60,62-62.62 57 ,8-60,9 37,9-42 40,21- 42,88 41.50 60,73- 62,27 60,69-62.59 157.00 84,08-88,38 47.85 44,98-48,68 55.00 55,36-58,52 53,17-57.73 46,24-50,46. 52.00 56,65-58,45 56,06-59,16 38,56- 42,54 33,5-36,9 60,92-63.48 61,84-63.74 80,05-84,35 46.00 33,41-34.59 42,15-42.81 40,10-42,20 38-41,26 46,39-49,71 42-42.60 32,6-35 32,78- 36,76 34.80 50,21-50.57 49,2-51.1 127.90 74,31-78.61 34.90 35,68-36,86 41.30 43,42-43.38 40,8-44.5 37,42-40,4 42.40 45,79-49.11 43.49-44,09 30,61- 33,23 28-30 49,66-49.84 48,35- 50,25 ♀ 31,86-36 ,16 24.00 11,67-12.43 13,60-14.18 11,47-12.03 12,48-14,02 16,82-17.34 14,10-14.50 13-13.20 11,48-14.57 11.90 20,13-20.39 19,62- 21,52 ♂ 56.70 31,23-35.53 11.50 12,30-13.16 13.50 13.97-14,55 13,87-14.73 12,14-13,68 11.40 16,92-17.44 14,30-14.70 10.89-12,21 10,8-12,6 20,24-20.50 19,47- 21,37 (Les mesures sont données en mm Annexe 4: Tableau récapitulatif de l’évolution de la richesse spécifique au site d’hydratation du pont rouge en fonction du jour de capture. Jours de capture Jour 1 Jour 2 Jour 3 Jour 4 04/02/201 07/02/201 13/02/201 15/02/201 1 1 1 1 Eidolon helvum - + - - Epomophorus gambianus + + + + Micrpteropus pusillus - - - - Chaerephon chapini + - - - Chaerephon leucogaster + - + - Chaerephon limbata + - - - Chaerephon major + + - + Chaerephon nigeriae + - - - Chaerephon pumilus + + + + Mops brachypterus + - - - Mops condylurus - - - - Mops niveiventer + - + - Nycticeinops schlieffeni - - - - Pipistrellus nanulus - - - - Pipistrellus_inexspectatus + + - + Scotoecus hirundo - + - - Scotophilus dinganii + + + + Scotophilus leucogaster + + + + Evolution richesse spécifique du 12 14 14 14 Espèces pont rouge + : présence de l’espèce - : absence de l’espèce 23 Annexe 5 : Diagramme circulaire des fréquences des espèces de Chiroptères de Maroua 2011 25