Construction bois Vers une plus grande diversification
Transcription
Construction bois Vers une plus grande diversification
Dossier Construction bois Vers une plus grande diversification Étude Hout Info Bois 22 L’ossature bois toujours incontournable 23 Témoignages Menuiserie Maquet 24 Atouts et faiblesses 26 Comment vous former? 28 Plateforme Construction Bois 29 Modularité, rapidité de mise en œuvre et légèreté, les atouts de la construction bois sont nombreux. Après une remarquable percée ces dernières années dans le résidentiel, la filière semble se diversifier et s’ouvrir à de nouvelles applications, notamment dans le nonrésidentiel. L’innovation et l’évolution technologique sont également importantes, au point où la conception des structures en bois n’est plus à la portée de tous et requiert une réelle expertise. De nouveaux produits voient ainsi régulièrement le jour, sans nécessairement toujours offrir des garanties de qualité suffisantes. D’où la nécessité pour les professionnels de se former régulièrement, de se tenir informés des nouveautés, afin de pouvoir effectuer les choix judicieux et garantir une bonne mise en œuvre. Consciente de cette évolution, la Confédération, au travers de sa Plateforme Construction Bois, veille également à mieux défendre et à promouvoir le développement de la filière. construction - décembre / janvier 2010 21 Part de marché de 8% La construction bois se porte bien et se diversifie Plus de 2.000 habitations en bois sortent chaque année de terre. La construction bois dans le résidentiel neuf atteint les 8% de part de marché. Une belle prouesse, bien que l’avenir de la filière semble évoluer vers une plus grande diversification. L’ossature bois reste de très loin le système constructif le plus populaire pour les logements. La construction se porte plutôt bien, si l’on en croit les statistiques de l’enquête de l’asbl Hout Info Bois, menée en collaboration avec l’Office économique wallon du bois et le Centre de formation bois. Cette enquête ne porte que sur le secteur résidentiel. Aucune statistique n’est pour l’heure disponible pour le non-résidentiel. Mais qu’à cela ne tienne, cette enquête nous permet toutefois de prendre le pouls du marché. Premier constat: le nombre de constructions d’habitations en bois a progressé, entre 2010 et 2013, de plus de 13%, passant de 1.777 à 2.027 unités érigées. La part de marché de la filière bois est ainsi passée, en l’espace de trois ans, de 5,91% à 7,94%. A titre de comparaison, en Allemagne, la construction bois atteint 35% des nouvelles constructions! Ces dernières années, la pénétration de la filière bois semble petit à petit à s’essouffler, la crise touchant l’ensemble du secteur résidentiel n’y est sans doute pas étrangère. Mais Hugues Frère, directeur de Hout Info Bois, y voit aussi le signe d’une plus grande diversification du marché. «Il semble peu vraisemblable que la tendance à la stagnation du secteur soit les prémices d’un déclin. Elle pourrait être la conséquence du développement de nouveaux secteurs que la construction bois a conquis depuis peu. Bon nombre de sociétés ont étoffé leurs activités avec la réalisation de bâtiments de plus grande dimension, tels que des bâtiments publics, des bâtiments agricoles et industriels, mais également la préfabrication de murs extérieurs destinés à habiller un bâtiment dont la structure principale est en béton.» PAS L’ACTIVITÉ UNIQUE Les chiffres de l’enquête portent sur 318 entreprises qui déclarent construire en bois. Notons qu’il s’agit d’une progression de 30% par rapport aux chiffres de 2011-2012. Parmi elles, 145 disent avoir construit en bois en 2013 et/ou en 2014. Hugues Frère: «Nous constatons que beaucoup d’entreprises construisent… très peu de maisons annuellement. Plus de 60% des constructeurs réalisent moins de dix maisons par an. Si l’on estime que pour que l’activité de construction bois soit rentable, SYSTÈMES CONSTRUCTIFS: INCONTOURNABLE OSSATURE L’enquête s’est également penchée sur l’évolution des systèmes constructifs. Sans surprise, l’ossature bois reste largement majoritaire (83%) dans les nouvelles constructions résidentielles, loin devant le bois massif empilé (7%), le poteaupoutre (7%), le panneau massif contre-collé (2%) et le panneau massif contre-cloué (1%). massif empilé (4%), le poteau-poutre (4%) et le massif contrecollé (1%). L’ossature bois reste, il est vrai, le système le plus ancien. Légère et facile à mettre en œuvre, elle permet d’insérer de grosses épaisseurs d’isolation. Elle est d’ailleurs en progression, puisqu’elle représentait 78% des constructions neuves en bois en 2012. Par contre, le bois massif empilé connaît lui une diminution très sensible. En 2011, il représentait encore 14% des constructions. Cette diminution se fait donc au profit de l’ossature bois et du poteau-poutre (+2%). Le CLT (collé et cloué) diminue pour sa part de 3%. La diminution du CLT tiendrait à confirmer que les entreprises se seraient spécialisées dans d’autres types de bâtiments que le résidentiel. Ce système serait d’ailleurs fréquemment employé pour des bâtiments tels que des écoles, crèches, halls, … En ce qui concerne les rénovations, extensions et surélévations, l’ossature atteint les 91%, notamment parce qu’elle s’adapte plus facilement au bâti existant. Viennent ensuite le bois 22 construction - mai 2015 DIVERSIFICATION – L’expansion de la construction bois passera par sa diversification, comme cette école maternelle à Laeken, dont la structure est en bois massif contrecollé. VOS INTÉRÊTS DOSSIER TENDANCES – Les entreprises flamandes construisent en moyenne 34 maisons en bois par an, contre 13 pour les sociétés wallonnes. il faut au moins bâtir une maison par mois, on peut donc en conclure qu’il s’agit bien souvent d’une activité complémentaire, surtout en Wallonie. Par exemple, des menuiseries ayant élargi leurs activités à la construction bois.» Certaines entreprises interrogées érigent tout de même quelque 150 à 160 habitations en bois par an! RÉNOVATION-EXTENSION De par sa légèreté et sa souplesse architecturale, la construction bois a certainement un potentiel de développement, notamment en milieu urbain, dans les extensions et surélévations. Bien qu’il soit difficile de ressortir des statistiques spécifiques aux extensions – l’étude se basant sur les permis de bâtir sollicités pour des rénovations – Hout Info Bois estime à quasi 3%, la part de marché POSE DES MAISONS EN BOIS Certaines entreprises ne fabriquent pas les éléments de structure, mais se sont spécialisées dans leur pose. On peut estimer que le nombre de maisons neuves uniquement posées représente 15 % des maisons fabriquées en constructions neuves et 10 % en rénovation, extension et surélévation. QUEL AVENIR? Si l’on assiste petit à petit à une stagnation de l’évolution de la construction bois dans le résidentiel, l’avenir de la filière passera par la diversification. Certains systèmes constructifs sont en effet moins adaptés au résidentiel et s’orientent davantage vers des constructions plus importantes (voir encadré). La paysage entrepreneurial pourrait aussi être amené à évoluer. «Si l’évolution actuelle se poursuit, on assistera inéluctablement à un phénomène de concentration d’entreprises, à un recours accru à la préfabrication et à la systématisation de la production», estime Hugues Frère. «Je crains cependant que cette évolution se fasse au détriment de la qualité architecturale. Actuellement, la construction bois est l’apanage de personnes recherchant d’autres styles architecturaux. Ce sont les PME qui sont les plus à même de répondre à cette demande !» ■ Info : www.houtinfobois.be construction - mai 2015 23 PROJETS & ENTREPRISES Hugues Frère: «D’une manière générale, la construction flamande est plus orientée vers le clé-sur-porte. Il s’agit d’une production plus systématisée et standardisée, qui se traduit aussi par des tailles d’entreprise plus importantes.» «Il n’est pas rare que des candidats-bâtisseurs qui souhaitent réaliser une extension s’adressent à des entreprises traditionnelles de construction en bois. Celles-ci ont un carnet de commandes qui ne leur permet pas toujours de répondre dans les délais souhaités par le maître d’ouvrage. Ou parfois, elles refusent tout simplement le projet car le volume à réaliser est trop faible. Un marché de niche peut donc se créer pour les extensions bois», analyse-t-on chez Hout Info Bois. SECTEUR & MÉTIERS RÉPARTITION RÉGIONALE La construction bois serait typiquement wallonne, entendon souvent. Il est vrai que près de ¾ des entreprises recensées ont leur siège en Wallonie. Ce qui ne veut pas dire qu’elles ne construisent pas en Flandre. Si le nombre d’entreprises de construction en Flandre est nettement inférieur à celui de la Wallonie, le nombre moyen de constructions par entreprise est nettement supérieur – quasi le triple – à celui de la Wallonie. Les entreprises flamandes construisent en moyenne 34 maisons en bois par an, contre 13 pour les sociétés wallonnes. Ceci s’explique par le fait qu’en Wallonie, un très grand nombre de sociétés construisent un nombre très limité de maisons bois. De plus, alors qu’il s’agit bien souvent d’une activité complémentaire dans le sud du pays, en Flandre, les entreprises ayant pour activité principale la construction bois sont majoritaires. des rénovations, extensions et surélévations érigées en bois. En 2013, on en dénombrait quelque 815 réalisations. Menuiserie Maquet «La conception d’une maison à ossature bois ne s’improvise pas» La construction de maisons à ossature bois représente la moitié du chiffre d’affaires de la menuiserie Maquet, à Recogne. Comme de nombreuses PME wallonnes, cette menuiserie a su s’adapter à la demande et prendre la balle au bond en se lançant dès 1987 dans l’ossature bois. Un marché qui a fortement évolué au fil des années et où la concurrence s’est également accrue. L’accessibilité financière des habitations reste un défi pour de nombreux ménages, même si l’ossature bois a son succès auprès des jeunes ménages qui décident d’effectuer eux-mêmes les travaux de parachèvement et de finition pour réduire la facture finale.» «Plus le projet présente une architecture complexe, plus la construction bois devient compétitive par rapport au traditionnel» JOHAN MEURISSE – «Nous gérons la conception, la fabrication des éléments en atelier et la mise en œuvre sur chantier.» L’étude de Hout Info Bois l’a une nouvelle fois souligné: l’ossature bois reste la reine dans la construction bois résidentielle. Légère et donc facilement transportable, elle est aujourd’hui à la portée de nombreux professionnels du bois. «A la portée oui, mais il faut faire la distinction entre les entreprises qui placent des kits, et celles qui, comme nous, se chargent également de la conception», prévient Johan Meurisse, technico-commercial à la menuiserie Maquet. «La concurrence s’est renforcée sur le marché. L’ossature est un peu victime de son succès. Certaines entreprises se sont lancées sur le marché sans pour autant posséder le background technique suffisant pour assurer une bonne étanchéité à l’air, soigner les nœuds constructifs, l’acoustique, etc. Je crains dès lors que d’ici quelques années, lorsque des problèmes surviendront, le public fasse un amalgame entre les problèmes de conception et la construction bois!» COÛT DE CONSTRUCTION Avec le renforcement des normes énergétiques, acoustiques et incendie, il est vrai que la construction bois a fortement évolué ces dernières années, à l’instar de l’évolution des constructions traditionnelles. Fatalement, ces évolutions impactent le prix des maisons. Johan Meurisse: «Avec la conjoncture économique actuelle, on sent bien que la tendance ira vers des constructions plus petites. 24 construction - mai 2015 La construction bois a la réputation d’être plus onéreuse que la construction traditionnelle. «Oui et non. Une nouvelle fois, il faut comparer ce qui est comparable», tient à nuancer notre entrepreneur luxembourgeois. Nous serons sans doute plus chers qu’une habitation clé-sur-porte traditionnelle d’entrée de gamme. Mais plus le projet présente une architecture complexe, plus la construction bois devient compétitive par rapport au traditionnel. La grande flexibilité de l’ossature bois reste une force. De plus, le confort d’une habitation en bois est incomparable. L’essayer, c’est l’adopter !» CONCEPTION Le savoir-faire de l’entrepreneur est primordial, non seulement pour la mise en œuvre, mais aussi et surtout dès le stade de la conception. Johan Meurisse: «Les clients qui viennent nous voir n’hésitent pas entre le traditionnel et le bois. La plupart du temps, il s’agit de personnes convaincues par le produit, qui savent qu’elles vont construire en bois et sont en outre bien informées. Généralement, elles nous présentent les plans de leur architecte, mais ce dernier ne les a pas forcément établis en fonction d’une construction en bois. C’est la raison pour laquelle nous nous chargeons de l’entièreté des détails techniques de la conception afin d’éviter toute surprise en cours de chantier et d’assurer une bonne étanchéité à l’air.» Il faut compter quatre à six mois pour la réalisation d’une maison. La phase d’études prend généralement un mois. Comptez un mois supplémentaire pour la fabrication en atelier des divers éléments de l’ossature. Une fois les fondations terminées, le montage sur Enfin, autre tendance que pointe notre entrepreneur est celle de recourir à des briques d’argile pour apporter de la masse au construction à ossature bois. «Ce n’est pas tellement pour apporter de l’inertie thermique, mais plutôt assurer une meilleure modulation hygrométrique.» VOS INTÉRÊTS matériaux plus «écologiques», tels que la fibre de bois ou encore la cellulose qui offrent un excellent déphasage thermique. «Les demandes pour bâtir passif se comptent sur les doigts d’une seule main» OSSATURE BOIS – Seuls deux hommes sont nécessaires pour le montage in situ. ÉPAISSEUR ET TYPE D’ISOLANTS La Menuiserie Maquet érige ainsi en moyenne entre dix à vingt habitations par an. Elle ne se limite pas seulement à l’ossature, mais propose également de placer la charpente, la toiture, les revêtements intérieur et extérieur, les châssis, les menuiseries intérieurs, etc. Au fil des années les épaisseurs d’isolant n’ont cessé d’augmenter : jadis, ils plaçaient 12 à 14 cm; aujourd’hui, les murs sont isolés à l’aide 24 à 30 cm! Les types d’isolants ont évolué aussi, délaissant petit à petit la laine de verre ou de roche pour s’orienter davantage vers des Johan Meurisse: «Aujourd’hui, la plupart de nos habitations présentent un coût annuel en chauffage de l’ordre de 250 à 300 €. Ce serait une aberration économique de dépenser 15.000 € supplémentaires pour réduire encore davantage cette consommation. L’essentiel est d’isoler suffisamment, de garantir une bonne étanchéité à l’air et de ventiler correctement. Nous ne sommes d’ailleurs pas aidés par la PEB. Si nous plaçons pas d’autres moyens de chauffage dans la maison qu’un poêle à pellets, la PEB est très pénalisante pour les autres pièces, même si les besoins en énergie sont inexistants. Il reste encore de nombreux points d’amélioration dans les méthodes de calcul pour que la théorie corresponde à la réalité du terrain!» ■ DOSSIER chantier ne prend qu’une dizaine de jours pour finaliser le gros œuvre fermé. En 2013, la Menuiserie Maquet a érigé sa première maison certifiée passive. Cette année, deux projets – dont un qui sera accessible au public lors de la Journée Chantiers Ouverts – sont en préparation. Mais force est de constater que les demandes pour ce type de construction se comptent sur les doigts d’une seule main. SECTEUR & MÉTIERS PROJETS & ENTREPRISES 10 JOURS – C’est le temps nécessaire pour livrer le gros œuvre fermé. construction - mai 2015 25 Evolution technologique «Un secteur très innovant et… poétique» Le succès grandissant de la construction bois s’explique en partie par son évolution technologique. «Il s’agit effectivement d’un secteur très innovant, mais c’est là aussi une de ses faiblesses», prévient Benoît Michaux, spécialiste de la construction bois au CSTC. Trop de nouveaux produits seraient lancés précipitamment sur le marché sans nécessairement offrir des garanties de qualité suffisantes. Comme nous l’avons déjà vu dans ce dossier, la construction bois recouvre une multitude de systèmes constructifs. Il faut également faire la distinction entre la construction neuve, les extensions et les constructions semi-industrielles ou collectives. Bien que l’ossature bois soit la plus répandue dans le secteur résidentiel unifamilial, des systèmes plus massifs (contre-collé, contrecloué ou même des systèmes poteau-poutre) sont de plus en plus mis en œuvre pour la construction de halls industriels, ou de sports, notamment parce qu’ils permettent de grandes portées. Des solutions mixtes sont aussi très fréquentes, alliant les avantages du béton ou de l’acier à ceux du bois. «Ce genre de solution permet effectivement de répondre plus aisément à certaines exigences telles que la résistance au feu ou la résistance aux vibrations au niveau des cages d’ascenseur,… notamment pour des constructions en hauteur», nous explique Benoît Michaux, Chef de division-adjoint au CSTC. Il nous confirme également que le segment des extensions a aujourd’hui le vent en poupe et permet à de nombreux constructeurs de compenser en partie les effets de la crise. FORCES ET FAIBLESSES Les atouts de la construction bois sont nombreux: modularité, rapidité de mise en œuvre et légèreté. Au rang des faiblesses, Benoît Michaux rejoint les propos de Johann Meurisse (Menuiserie Maquet): «L’expertise du constructeur bois est extrêmement importante. Ce type de construction demande une haute tech- nicité, qui combine l’utilisation de toute une série de matériaux pour garantir la durabilité de l’édifice: membranes de protection capillaire, système de joints acoustiques et de compression, etc. Très régulièrement, de nouveaux produits sont commercialisés. Les professionnels doivent se tenir informés pour pouvoir les maîtriser et garantir une bonne mise en œuvre.» Le savoir-faire belge est reconnu au niveau international Tout n’est cependant pas bon à prendre non plus. L’entrepreneur devra se baser sur son expérience pour effectuer le tri entre toutes les nouveautés. Certaines solutions vont même à contresens des règles de l’art communément admises. «Certains systèmes constructifs, non validés expérimentalement, versent parfois davantage dans le poétique que dans le rationnel», déplore Benoît Michaux, qui se rappelle la commercialisation de briques en bois à fibres horizontales. Une solution GROUPE DE TRAVAIL CONSTRUCTION BOIS Les règles de conception des structures en bois sont désormais unifiées au sein de l’Union européenne. L’Eurocode 5 harmonise les méthodes de calcul utilisables pour vérifier la stabilité et le dimensionnement des différents éléments d’un ouvrage. Au niveau belge, des spécifications techniques devraient également prochainement être publiées. Une Note d’Information Technique est d’ailleurs en préparation au CSTC. Un Groupe de Travail Construction bois a ainsi été créé, à l’initiative des comités techniques Gros Œuvre et Menuiserie du CSTC, pour se pencher sur l’évolution des normes. Ce GT regroupe une quarantaine de personnes, majoritairement des entrepreneurs actifs dans la construction bois ainsi que d’experts (CTIB, Hout Info Bois, …). Outre les aspects normatifs (NIT, STS 23, STS crépi sur isolant, …), il suit les initiatives prises en termes de recherche et de publication au sein du CSTC. 26 construction - mai 2015 A l’heure actuelle, près d’une quinzaine de projets de recherche sont menés par le CSTC en rapport avec la construction bois. Epinglons le projet «DO-IT houtbouw», qui est mené e.a. en collaboration avec le CTIB et subsidié par l’IWT. Celui-ci a déjà permis de développer des structures innovantes de murs et de planchers hautement performantes sur le plan de l’isolation acoustique aux bruits de choc et aux bruits aériens. En ce moment, un poste d’essai teste la diffusion de la vapeur d’eau au sein de différents types de parois. Parmi les autres projets, épinglons celui qui est mené en lien avec la faculté de Gembloux (Université de Liège) pour tester la préservation des isolants naturels contre des insectes et des champignons. Le CSTC étudie également le tassement des isolants, notamment les isolants insufflés. VOS INTÉRÊTS PUBLICATIONS INTÉRESSANTES DU CSTC Impact environnemental (Dossiers du CSTC 2013/1.9) Dimensionnement et assemblage (Dossiers du CSTC 2013/1.7) La sécurité incendie des constructions en bois (Dossiers du CSTC 2013/1.6) Un système en plein essor et à hautes performances (Dossiers du CSTC 2013/1.1) Construction à ossature en bois et étanchéité à l’air (Dossiers du CSTC 2012/1.5) Constructions à ossature en bois. 1er partie: contreventement des murs porteurs (Dossiers du CSTC 2011/3.2) Le respect des nouveaux critères de confort acoustique dans les constructions en bois (Dossiers du CSTC 2008/4.20) ETICS sur ossature en bois (Dossiers du CSTC 2014/4.5) Systèmes innovants de construction à ossature en bois préfabriqués pour les immeubles d’appartements (Dossiers du CSTC 2014/2.13) Isolation acoustique dans les constructions en bois (Dossiers du CSTC 2013/1.5) Maîtrise de l’humidité (Dossiers du CSTC 2013/1.4) Performances énergétiques des constructions en bois (Dossiers du CSTC 2013/1.3) Le marquage CE des éléments en bois (Dossiers du CSTC 2013/1.2) Les panneaux de bois et leurs applications (Dossiers du CSTC 2009/3.8) Les planchers mixtes bois-béton, un mariage heureux ! (Dossiers du CSTC 2009/4.6) annoncée comme révolutionnaire, mais des tests ont par la suite démontré des problèmes de tassement, de rupture des seuils et tablettes et de perte d’étanchéité à l’air. «Des règles essentielles sont à respecter, comme celle de prévoir un espace de 20 cm entre la lisse et le sol fini extérieur. Une imposition qui perturbe les architectes qui y voient un frein à l’innovation et une entrave à leur créativité. Or, les constructeurs expérimentés, eux, l’appliquent automatiquement, car ils en reconnaissent l’utilité.» DOSSIER - - - - - - - - - - - - - - - D’énormes progrès techniques ont toutefois été engrangés ces dernières années pour développer des systèmes constructifs performants. Il est aujourd’hui possible d’obtenir le même niveau acoustique que pour une construction traditionnelle. Mais cela demande une conception des détails poussée, qui nécessite une expertise. Notre interlocuteur met d’ailleurs l’accent sur l’importance de la conception d’un ouvrage en bois. «Pour chaque performance, la conception doit cibler les produits et détails de mise en œuvre adéquats. Pour accroître le confort acoustique par exemple, l’insertion de joints absorbants, le placement de masse complémentaire, l’utilisation de connecteurs adaptés ne peuvent s’improviser sur le chantier.» BENOÎT MICHAUX – «Pour chaque performance, la conception doit cibler les produits et détails de mise en œuvre adéquats.» OÙ SE SITUE LE SECTEUR BELGE DE LA CONSTRUCTION BOIS? Benoît Michaux : «Notre secteur a ses spécificités et évolue à son propre rythme. Il doit tenir compte des risques typiques de notre climat humide, dont les attaques de champignons par exemple. Mais nous pouvons être fiers de la technologie que nous mettons en œuvre. Les récents échanges avec nos confrères canadiens nous apprennent que le savoir-faire belge en la matière est reconnu et plus avancé que dans d’autres pays.» ■ construction - mai 2015 27 PROJETS & ENTREPRISES La mise en œuvre est également délicate, surtout si l’on utilise un système par kits. Le placeur doit pouvoir assurer la continuité des membranes d’étanchéité et anticapillaires. Parfois, certains kits ne prévoient même pas les jonctions et nécessitent la commande de kits complémentaires. Si le placeur ne comprend pas la fonctionnalité de ces kits, il pourrait très bien ne pas les placer. SECTEUR & MÉTIERS «La conception doit être une collaboration entre l’architecte et l’entreprise de construction» Centre de Compétence Forem Wallonie Bois Espace dédicacé à la formation de la filière bois La Wallonie compte 25 centres de compétence, dont un spécifiquement dédié à la formation aux métiers de la filière bois: le centre Forem Wallonie Bois, à Libramont. S’appuyant sur un réseau de partenaires, de professionnels et d’experts du secteur, ce centre propose diverses formations à la pointe de la technologie adaptées à divers publics: chefs d’entreprise, travailleurs, chercheurs d’emploi, apprentis, enseignants et étudiants. Planté au beau milieu des Ardennes, le centre de compétence Forem Wallonie Bois occupe une position idéale pour favoriser la rencontre et l’interaction de tous les acteurs de la filière du bois. Grâce à une étroite collaboration avec les secteurs professionnels et les entreprises, ce Centre de compétence tente de répondre aux nouvelles exigences technologiques et aux besoins en constante évolution en fournissant aux entreprises le personnel le plus adapté. Les Centres de compétence ont vu le jour en 2000 en Région wallonne. Ils sont dédiés non seulement à la formation de base des étudiants et des chercheurs d’emploi, mais aussi à la formation continue des professionnels. L’an dernier, uniquement pour Wallonie Bois, ce sont 8.300 journées de formation qui ont été dispensées pour les chercheurs d’emploi ; 471 pour les professionnels, 535 pour les enseignants et 3.655 pour les étudiants. COMBLER LE DÉCALAGE ENTRE L’ÉCOLE ET L’ENTREPRISE On l’a vu dans ce dossier, la construction bois évolue très rapidement. D’aucuns critiquent toutefois le décalage récurrent entre la formation de base des jeunes et les exigences imposées par les entreprises. Ce décalage peut s’expliquer en partie par l’inadéquation des manuels de formation, mais aussi et surtout, par le manque de moyens des écoles professionnelles et techniques pour s’offrir du matériel de pointe. «Grâce à des outils technologiques de pointe, notre Centre de compétence va au-delà de la formation au sens strict et est devenu un espace dédicacé à la connaissance, au savoir-faire et, surtout, à l’innovation», explique Jean-François Pandolfe, formateur menuiserie C.F.A.O. à Wallonie Bois. Pour rester au top de la formation, les centres de compétences interviennent en amont (veille, information, sensibilisation) et en aval de celle-ci (validation des compétences, amélioration des filières d’insertion,…). Les enseignants peuvent ainsi suivre des formations qui leur permettront de former leurs étudiants aux dernières techniques, FORMATION POUR LES PROFESSIONNELS Le Centre de compétence Forem - Wallonie Bois organise également des formations continues pour les entrepreneurs et leur personnel. Vous retrouvez l’offre de formation sur le site www.formation-wallonie-bois.be. On y retrouve e.a. des formations à la fabrication d’une maison à ossature bois, ou encore aux machines à commande numérique et à l’utilisation de logiciels, tels que CAO 3D Cadwork ou CAO 3D Topwood. 28 construction - mai 2015 CENTRE DE COMPÉTENCE FOREM - WALLONIE BOIS – Il met à disposition ses infrastructures de pointe aux écoles pour renforcer le niveau de qualification des étudiants. logiciels et machines. Ils peuvent même venir avec leurs classes et donner cours avec les machines mises à la disposition par le centre de compétence. Outre les centres de compétence, la Wallonie compte également des centres de technologie avancée (CTA), qui sont hébergés par des écoles. Trois CTA touchent au bois: Liège (bois PVC Alu), Comines (écoconstruction) et Morlanwelz (charpente et ossature bois). Une offre de formation commune spécifique pour l’enseignement devrait voir le jour à la rentrée prochain. Notons également que depuis 2007, un bachelier en technologie du bois est organisé en collaboration avec la Haute Ecole Robert Schuman, à Libramont. Les cours théoriques sont donnés au sein de cette école, Wallonie Bois met à disposition son infrastructure technologique pour les aspects pratiques. FORMATION ALTERNÉE Outre la formation de base, les Centres de compétence ont également une mission d’aide à l’insertion, en organisant, notamment, des formations alternées (50 à 80% de la formation est organisée en entreprise) pour de jeunes demandeurs d’emploi n’ayant pas acquis de qualifications. Dans ce cadre, Wallonie Bois organise depuis 2014, une formation alternée de « Monteur en Structure Bois » d’une durée de 11 mois, dont, 75% se déroule en entreprise. La collaboration avec le secteur de la construction est d’ailleurs primordiale, afin de développer des outils pédagogiques répondant aux besoins du marché. De nombreuses formations rencontrent un franc succès, avec des taux d’intégration des demandeurs d’emploi proches de 100%! La preuve que nos entreprises recherchent de la main-d’œuvre qualifiée. ■ Plateforme Construction Bois VOS INTÉRÊTS Promouvoir et défendre la construction bois La Plateforme Construction Bois regroupe les fédérations professionnelles des menuisiers, de la toiture et des entrepreneurs généraux au sein de la Confédération. Sa mission est de défendre les intérêts des entreprises actives dans la construction bois et de promouvoir la filière auprès des consommateurs. C’est ainsi qu’elle a récemment lancé le site www. maisons-ossature-bois.be dédié spécifiquement au candidat bâtisseur. JEUNE PLATEFORME Fin 2014, la Confédération Construction a créé une nouvelle plateforme construction bois. L’objectif de cette nouvelle plateforme est de développer de plus grandes synergies entre les divers corps de métiers concernés par la construction bois: les entreprises générales (FEGC), les menuisiers et les couvreurs (CCT). «Il manquait une organisation patronale représentant les constructeurs en bois» DOSSIER Même si elle reste minoritaire par rapport à la construction traditionnelle, les différents intervenants dans notre dossier soulignent les nombreux atouts de la construction bois lui permettant de répondre aux défis environnementaux et démographiques de notre pays. Citons entre autres: la préfabrication en atelier et les rapidités d’assemblage permettant de diminuer la durée des chantiers; le faible poids de la construction en bois en adéquation avec des sols à plus faibles portances et donc des fondations moins lourdes; l’adéquation aux nouvelles tendances architecturales; la performance de l’isolation thermique assurée par la possibilité d’augmenter l’épaisseur des couches d’isolation sans augmenter substantiellement l’épaisseur totale des façades, etc. Pour Francis Carnoy, directeur général de la CCW, «cette Plateforme était le chaînon manquant. Diverses fédérations, associations ou clusters sont déjà actives dans la filière bois, mais il manquait au niveau national une organisation patronale représentant les constructeurs en bois.» Cette nouvelle plateforme nationale jettera des ponts et créera de nouvelles synergies entre les régions et les divers acteurs de la construction bois afin de répondre à l’évolution du secteur. «Nous voulons renforcer le service aux membres actifs dans la construction bois, afin que leurs intérêts soient défendus à tous les niveaux de pouvoir», explique Patrice Dresse, directeur FEGC. «Cette Plateforme renforcera leur visibilité, et veillera aussi à la normalisation des produits mis en œuvre en Belgique dans le cadre de constructions bois.» INFO www.confederationconstruction.be/constructionbois [email protected] construction - mai 2015 29 PROJETS & ENTREPRISES OBJECTIF – Renforcer le service aux membres actifs dans la construction bois, afin que leurs intérêts soient défendus à tous les niveaux de pouvoir. NOUVEAU SITE POUR LE CANDIDAT BÂTISSEUR Pour renforcer la visibilité du secteur, la Plateforme a lancé un nouveau site, dédié à la construction résidentielle en bois, à l’attention des candidats bâtisseurs: www.maison-ossature-bois.be. Outre la présentation des différents systèmes constructifs (ossature bois, poteau-poutre, technique des madriers, panneau massif et bientôt charpente bois), divers projets exemplaires d’entreprises affiliées sont mise à l’honneur. Enfin, le particulier intéressé peut trouver aisément les coordonnées d’entreprises spécialisées dans sa région. ■ SECTEUR & MÉTIERS «Notre pays compte des PME et une main-d’œuvre locale qui possèdent un savoir-faire indéniable», insiste Philipe Corman, président des menuisiers wallons (FWMB). «La construction d’habitations en bois répond à des normes strictes, en termes de normes incendie, acoustique ou encore d’étanchéité à l’air. Cela ne s’improvise pas. Un gros effort de formation des architectes est ainsi nécessaire, pour que ces derniers optent, en connaissance de cause, pour tel système constructif plutôt qu’un autre, en sélectionnant aussi des matériaux qui tiennent compte des spécificités météorologiques belges.»