Construction bois Vers une plus grande diversification

Transcription

Construction bois Vers une plus grande diversification
Dossier
Construction bois
Vers une plus grande diversification
Étude Hout Info Bois
22
L’ossature bois toujours incontournable
23
Témoignages
Menuiserie Maquet
24
Atouts et faiblesses
26
Comment vous former?
28
Plateforme Construction Bois
29
Modularité, rapidité de mise en œuvre et légèreté, les atouts de la
construction bois sont nombreux. Après une remarquable percée ces
dernières années dans le résidentiel, la filière semble se diversifier
et s’ouvrir à de nouvelles applications, notamment dans le nonrésidentiel. L’innovation et l’évolution technologique sont également
importantes, au point où la conception des structures en bois n’est
plus à la portée de tous et requiert une réelle expertise. De nouveaux
produits voient ainsi régulièrement le jour, sans nécessairement
toujours offrir des garanties de qualité suffisantes. D’où la nécessité
pour les professionnels de se former régulièrement, de se tenir
informés des nouveautés, afin de pouvoir effectuer les choix judicieux
et garantir une bonne mise en œuvre. Consciente de cette évolution,
la Confédération, au travers de sa Plateforme Construction Bois, veille
également à mieux défendre et à promouvoir le développement de la
filière.
construction - décembre / janvier 2010
21
Part de marché de 8%
La construction bois
se porte bien et se diversifie
Plus de 2.000 habitations en bois sortent chaque année de terre. La construction bois dans le
résidentiel neuf atteint les 8% de part de marché. Une belle prouesse, bien que l’avenir de la
filière semble évoluer vers une plus grande diversification. L’ossature bois reste de très loin le
système constructif le plus populaire pour les logements.
La construction se porte plutôt bien, si l’on en croit les statistiques
de l’enquête de l’asbl Hout Info Bois, menée en collaboration avec
l’Office économique wallon du bois et le Centre de formation bois.
Cette enquête ne porte que sur le secteur résidentiel. Aucune
statistique n’est pour l’heure disponible pour le non-résidentiel.
Mais qu’à cela ne tienne, cette enquête nous permet toutefois de
prendre le pouls du marché.
Premier constat: le nombre de constructions d’habitations en
bois a progressé, entre 2010 et 2013, de plus de 13%, passant de
1.777 à 2.027 unités érigées. La part de marché de la filière bois est
ainsi passée, en l’espace de trois ans, de 5,91% à 7,94%. A titre de
comparaison, en Allemagne, la construction bois atteint 35% des
nouvelles constructions!
Ces dernières années, la pénétration de la filière bois semble
petit à petit à s’essouffler, la crise touchant l’ensemble du secteur
résidentiel n’y est sans doute pas étrangère. Mais Hugues Frère,
directeur de Hout Info Bois, y voit aussi le signe d’une plus grande
diversification du marché.
«Il semble peu vraisemblable que la tendance à la stagnation du
secteur soit les prémices d’un déclin. Elle pourrait être la conséquence du développement de nouveaux secteurs que la construction bois a conquis depuis peu. Bon nombre de sociétés ont étoffé
leurs activités avec la réalisation de bâtiments de plus grande
dimension, tels que des bâtiments publics, des bâtiments agricoles et industriels, mais également la préfabrication de murs
extérieurs destinés à habiller un bâtiment dont la structure principale est en béton.»
PAS L’ACTIVITÉ UNIQUE
Les chiffres de l’enquête portent sur 318 entreprises qui déclarent
construire en bois. Notons qu’il s’agit d’une progression de 30%
par rapport aux chiffres de 2011-2012. Parmi elles, 145 disent avoir
construit en bois en 2013 et/ou en 2014.
Hugues Frère: «Nous constatons que beaucoup d’entreprises
construisent… très peu de maisons annuellement. Plus de 60%
des constructeurs réalisent moins de dix maisons par an. Si l’on
estime que pour que l’activité de construction bois soit rentable,
SYSTÈMES CONSTRUCTIFS: INCONTOURNABLE OSSATURE
L’enquête s’est également penchée sur l’évolution des
systèmes constructifs. Sans surprise, l’ossature bois reste largement majoritaire (83%) dans les nouvelles constructions résidentielles, loin devant le bois massif empilé (7%), le poteaupoutre (7%), le panneau massif contre-collé (2%) et le panneau
massif contre-cloué (1%).
massif empilé (4%), le poteau-poutre (4%) et le massif contrecollé (1%).
L’ossature bois reste, il est vrai, le système le plus ancien.
Légère et facile à mettre en œuvre, elle permet d’insérer de
grosses épaisseurs d’isolation. Elle est d’ailleurs en progression, puisqu’elle représentait 78% des constructions neuves
en bois en 2012. Par contre, le bois massif empilé connaît lui
une diminution très sensible. En 2011, il représentait encore
14% des constructions. Cette diminution se fait donc au profit
de l’ossature bois et du poteau-poutre (+2%). Le CLT (collé et
cloué) diminue pour sa part de 3%. La diminution du CLT tiendrait à confirmer que les entreprises se seraient spécialisées
dans d’autres types de bâtiments que le résidentiel. Ce système
serait d’ailleurs fréquemment employé pour des bâtiments tels
que des écoles, crèches, halls, …
En ce qui concerne les rénovations, extensions et surélévations,
l’ossature atteint les 91%, notamment parce qu’elle s’adapte
plus facilement au bâti existant. Viennent ensuite le bois
22
construction - mai 2015
DIVERSIFICATION – L’expansion de la construction bois passera par sa diversification,
comme cette école maternelle à Laeken, dont la structure est en bois massif
contrecollé.
VOS INTÉRÊTS
DOSSIER
TENDANCES – Les entreprises flamandes construisent en moyenne 34 maisons en bois par an, contre 13 pour les sociétés wallonnes.
il faut au moins bâtir une maison par mois, on peut donc en
conclure qu’il s’agit bien souvent d’une activité complémentaire,
surtout en Wallonie. Par exemple, des menuiseries ayant élargi
leurs activités à la construction bois.»
Certaines entreprises interrogées érigent tout de même quelque
150 à 160 habitations en bois par an!
RÉNOVATION-EXTENSION
De par sa légèreté et sa souplesse architecturale, la construction
bois a certainement un potentiel de développement, notamment
en milieu urbain, dans les extensions et surélévations. Bien qu’il
soit difficile de ressortir des statistiques spécifiques aux extensions – l’étude se basant sur les permis de bâtir sollicités pour des
rénovations – Hout Info Bois estime à quasi 3%, la part de marché
POSE DES MAISONS EN BOIS
Certaines entreprises ne fabriquent pas les éléments de structure,
mais se sont spécialisées dans leur pose. On peut estimer que le
nombre de maisons neuves uniquement posées représente 15 %
des maisons fabriquées en constructions neuves et 10 % en rénovation, extension et surélévation.
QUEL AVENIR?
Si l’on assiste petit à petit à une stagnation de l’évolution de la
construction bois dans le résidentiel, l’avenir de la filière passera
par la diversification. Certains systèmes constructifs sont en effet
moins adaptés au résidentiel et s’orientent davantage vers des
constructions plus importantes (voir encadré).
La paysage entrepreneurial pourrait aussi être amené à évoluer.
«Si l’évolution actuelle se poursuit, on assistera inéluctablement
à un phénomène de concentration d’entreprises, à un recours
accru à la préfabrication et à la systématisation de la production»,
estime Hugues Frère. «Je crains cependant que cette évolution se
fasse au détriment de la qualité architecturale. Actuellement, la
construction bois est l’apanage de personnes recherchant d’autres
styles architecturaux. Ce sont les PME qui sont les plus à même de
répondre à cette demande !» ■
Info : www.houtinfobois.be
construction - mai 2015
23
PROJETS & ENTREPRISES
Hugues Frère: «D’une manière générale, la construction flamande
est plus orientée vers le clé-sur-porte. Il s’agit d’une production
plus systématisée et standardisée, qui se traduit aussi par des
tailles d’entreprise plus importantes.»
«Il n’est pas rare que des candidats-bâtisseurs qui souhaitent
réaliser une extension s’adressent à des entreprises traditionnelles de construction en bois. Celles-ci ont un carnet de
commandes qui ne leur permet pas toujours de répondre dans les
délais souhaités par le maître d’ouvrage. Ou parfois, elles refusent
tout simplement le projet car le volume à réaliser est trop faible.
Un marché de niche peut donc se créer pour les extensions bois»,
analyse-t-on chez Hout Info Bois.
SECTEUR & MÉTIERS
RÉPARTITION RÉGIONALE
La construction bois serait typiquement wallonne, entendon souvent. Il est vrai que près de ¾ des entreprises recensées ont leur siège en Wallonie. Ce qui ne veut pas dire qu’elles
ne construisent pas en Flandre. Si le nombre d’entreprises de
construction en Flandre est nettement inférieur à celui de la
Wallonie, le nombre moyen de constructions par entreprise est
nettement supérieur – quasi le triple – à celui de la Wallonie. Les
entreprises flamandes construisent en moyenne 34 maisons en
bois par an, contre 13 pour les sociétés wallonnes. Ceci s’explique
par le fait qu’en Wallonie, un très grand nombre de sociétés
construisent un nombre très limité de maisons bois. De plus, alors
qu’il s’agit bien souvent d’une activité complémentaire dans le
sud du pays, en Flandre, les entreprises ayant pour activité principale la construction bois sont majoritaires.
des rénovations, extensions et surélévations érigées en bois. En
2013, on en dénombrait quelque 815 réalisations.
Menuiserie Maquet
«La conception d’une maison à
ossature bois ne s’improvise pas»
La construction de maisons à ossature bois représente la moitié du chiffre d’affaires de la
menuiserie Maquet, à Recogne. Comme de nombreuses PME wallonnes, cette menuiserie
a su s’adapter à la demande et prendre la balle au bond en se lançant dès 1987 dans
l’ossature bois. Un marché qui a fortement évolué au fil des années et où la concurrence s’est
également accrue.
L’accessibilité financière des habitations reste un défi pour de
nombreux ménages, même si l’ossature bois a son succès auprès
des jeunes ménages qui décident d’effectuer eux-mêmes les
travaux de parachèvement et de finition pour réduire la facture
finale.»
«Plus le projet présente une
architecture complexe, plus
la construction bois devient
compétitive par rapport au
traditionnel»
JOHAN MEURISSE – «Nous gérons la conception, la fabrication des éléments en atelier et
la mise en œuvre sur chantier.»
L’étude de Hout Info Bois l’a une nouvelle fois souligné: l’ossature
bois reste la reine dans la construction bois résidentielle. Légère
et donc facilement transportable, elle est aujourd’hui à la portée
de nombreux professionnels du bois. «A la portée oui, mais il faut
faire la distinction entre les entreprises qui placent des kits, et
celles qui, comme nous, se chargent également de la conception», prévient Johan Meurisse, technico-commercial à la menuiserie Maquet. «La concurrence s’est renforcée sur le marché.
L’ossature est un peu victime de son succès. Certaines entreprises se sont lancées sur le marché sans pour autant posséder
le background technique suffisant pour assurer une bonne étanchéité à l’air, soigner les nœuds constructifs, l’acoustique, etc. Je
crains dès lors que d’ici quelques années, lorsque des problèmes
surviendront, le public fasse un amalgame entre les problèmes de
conception et la construction bois!»
COÛT DE CONSTRUCTION
Avec le renforcement des normes énergétiques, acoustiques et
incendie, il est vrai que la construction bois a fortement évolué
ces dernières années, à l’instar de l’évolution des constructions
traditionnelles. Fatalement, ces évolutions impactent le prix des
maisons.
Johan Meurisse: «Avec la conjoncture économique actuelle, on
sent bien que la tendance ira vers des constructions plus petites.
24
construction - mai 2015
La construction bois a la réputation d’être plus onéreuse que la
construction traditionnelle. «Oui et non. Une nouvelle fois, il faut
comparer ce qui est comparable», tient à nuancer notre entrepreneur luxembourgeois. Nous serons sans doute plus chers
qu’une habitation clé-sur-porte traditionnelle d’entrée de gamme.
Mais plus le projet présente une architecture complexe, plus la
construction bois devient compétitive par rapport au traditionnel.
La grande flexibilité de l’ossature bois reste une force. De plus, le
confort d’une habitation en bois est incomparable. L’essayer, c’est
l’adopter !»
CONCEPTION
Le savoir-faire de l’entrepreneur est primordial, non seulement
pour la mise en œuvre, mais aussi et surtout dès le stade de la
conception.
Johan Meurisse: «Les clients qui viennent nous voir n’hésitent pas
entre le traditionnel et le bois. La plupart du temps, il s’agit de
personnes convaincues par le produit, qui savent qu’elles vont
construire en bois et sont en outre bien informées. Généralement,
elles nous présentent les plans de leur architecte, mais ce dernier
ne les a pas forcément établis en fonction d’une construction en
bois. C’est la raison pour laquelle nous nous chargeons de l’entièreté des détails techniques de la conception afin d’éviter toute
surprise en cours de chantier et d’assurer une bonne étanchéité à
l’air.»
Il faut compter quatre à six mois pour la réalisation d’une maison.
La phase d’études prend généralement un mois. Comptez un mois
supplémentaire pour la fabrication en atelier des divers éléments
de l’ossature. Une fois les fondations terminées, le montage sur
Enfin, autre tendance que pointe notre entrepreneur est celle
de recourir à des briques d’argile pour apporter de la masse au
construction à ossature bois. «Ce n’est pas tellement pour
apporter de l’inertie thermique, mais plutôt assurer une meilleure
modulation hygrométrique.»
VOS INTÉRÊTS
matériaux plus «écologiques», tels que la fibre de bois ou encore
la cellulose qui offrent un excellent déphasage thermique.
«Les demandes pour bâtir
passif se comptent sur les
doigts d’une seule main»
OSSATURE BOIS – Seuls deux hommes sont nécessaires pour le montage in situ.
ÉPAISSEUR ET TYPE D’ISOLANTS
La Menuiserie Maquet érige ainsi en moyenne entre dix à vingt
habitations par an. Elle ne se limite pas seulement à l’ossature,
mais propose également de placer la charpente, la toiture, les
revêtements intérieur et extérieur, les châssis, les menuiseries
intérieurs, etc. Au fil des années les épaisseurs d’isolant n’ont
cessé d’augmenter : jadis, ils plaçaient 12 à 14 cm; aujourd’hui,
les murs sont isolés à l’aide 24 à 30 cm!
Les types d’isolants ont évolué aussi, délaissant petit à petit la
laine de verre ou de roche pour s’orienter davantage vers des
Johan Meurisse: «Aujourd’hui, la plupart de nos habitations
présentent un coût annuel en chauffage de l’ordre de 250 à 300
€. Ce serait une aberration économique de dépenser 15.000 €
supplémentaires pour réduire encore davantage cette consommation. L’essentiel est d’isoler suffisamment, de garantir une bonne
étanchéité à l’air et de ventiler correctement. Nous ne sommes
d’ailleurs pas aidés par la PEB. Si nous plaçons pas d’autres
moyens de chauffage dans la maison qu’un poêle à pellets, la PEB
est très pénalisante pour les autres pièces, même si les besoins
en énergie sont inexistants. Il reste encore de nombreux points
d’amélioration dans les méthodes de calcul pour que la théorie
corresponde à la réalité du terrain!» ■
DOSSIER
chantier ne prend qu’une dizaine de jours pour finaliser le gros
œuvre fermé.
En 2013, la Menuiserie Maquet a érigé sa première maison certifiée passive. Cette année, deux projets – dont un qui sera accessible au public lors de la Journée Chantiers Ouverts – sont en
préparation. Mais force est de constater que les demandes pour ce
type de construction se comptent sur les doigts d’une seule main.
SECTEUR & MÉTIERS
PROJETS & ENTREPRISES
10 JOURS – C’est le temps nécessaire pour livrer le gros œuvre fermé.
construction - mai 2015
25
Evolution technologique
«Un secteur très innovant et…
poétique»
Le succès grandissant de la construction bois s’explique en partie par son évolution
technologique. «Il s’agit effectivement d’un secteur très innovant, mais c’est là aussi une de
ses faiblesses», prévient Benoît Michaux, spécialiste de la construction bois au CSTC. Trop de
nouveaux produits seraient lancés précipitamment sur le marché sans nécessairement offrir
des garanties de qualité suffisantes.
Comme nous l’avons déjà vu dans ce dossier, la construction bois
recouvre une multitude de systèmes constructifs. Il faut également faire la distinction entre la construction neuve, les extensions et les constructions semi-industrielles ou collectives. Bien
que l’ossature bois soit la plus répandue dans le secteur résidentiel unifamilial, des systèmes plus massifs (contre-collé, contrecloué ou même des systèmes poteau-poutre) sont de plus en plus
mis en œuvre pour la construction de halls industriels, ou de
sports, notamment parce qu’ils permettent de grandes portées.
Des solutions mixtes sont aussi très fréquentes, alliant les avantages du béton ou de l’acier à ceux du bois. «Ce genre de solution permet effectivement de répondre plus aisément à certaines
exigences telles que la résistance au feu ou la résistance aux vibrations au niveau des cages d’ascenseur,… notamment pour des
constructions en hauteur», nous explique Benoît Michaux, Chef
de division-adjoint au CSTC. Il nous confirme également que le
segment des extensions a aujourd’hui le vent en poupe et permet
à de nombreux constructeurs de compenser en partie les effets de
la crise.
FORCES ET FAIBLESSES
Les atouts de la construction bois sont nombreux: modularité,
rapidité de mise en œuvre et légèreté. Au rang des faiblesses,
Benoît Michaux rejoint les propos de Johann Meurisse (Menuiserie Maquet): «L’expertise du constructeur bois est extrêmement
importante. Ce type de construction demande une haute tech-
nicité, qui combine l’utilisation de toute une série de matériaux
pour garantir la durabilité de l’édifice: membranes de protection
capillaire, système de joints acoustiques et de compression, etc.
Très régulièrement, de nouveaux produits sont commercialisés.
Les professionnels doivent se tenir informés pour pouvoir les
maîtriser et garantir une bonne mise en œuvre.»
Le savoir-faire belge
est reconnu au niveau
international
Tout n’est cependant pas bon à prendre non plus. L’entrepreneur
devra se baser sur son expérience pour effectuer le tri entre toutes
les nouveautés. Certaines solutions vont même à contresens des
règles de l’art communément admises.
«Certains systèmes constructifs, non validés expérimentalement, versent parfois davantage dans le poétique que dans le
rationnel», déplore Benoît Michaux, qui se rappelle la commercialisation de briques en bois à fibres horizontales. Une solution
GROUPE DE TRAVAIL CONSTRUCTION BOIS
Les règles de conception des structures en bois sont désormais
unifiées au sein de l’Union européenne. L’Eurocode 5 harmonise les méthodes de calcul utilisables pour vérifier la stabilité
et le dimensionnement des différents éléments d’un ouvrage.
Au niveau belge, des spécifications techniques devraient également prochainement être publiées. Une Note d’Information
Technique est d’ailleurs en préparation au CSTC. Un Groupe
de Travail Construction bois a ainsi été créé, à l’initiative des
comités techniques Gros Œuvre et Menuiserie du CSTC, pour se
pencher sur l’évolution des normes.
Ce GT regroupe une quarantaine de personnes, majoritairement des entrepreneurs actifs dans la construction bois ainsi
que d’experts (CTIB, Hout Info Bois, …). Outre les aspects
normatifs (NIT, STS 23, STS crépi sur isolant, …), il suit les initiatives prises en termes de recherche et de publication au sein du
CSTC.
26
construction - mai 2015
A l’heure actuelle, près d’une quinzaine de projets de recherche
sont menés par le CSTC en rapport avec la construction bois.
Epinglons le projet «DO-IT houtbouw», qui est mené e.a. en
collaboration avec le CTIB et subsidié par l’IWT. Celui-ci a déjà
permis de développer des structures innovantes de murs et
de planchers hautement performantes sur le plan de l’isolation acoustique aux bruits de choc et aux bruits aériens. En
ce moment, un poste d’essai teste la diffusion de la vapeur
d’eau au sein de différents types de parois. Parmi les autres
projets, épinglons celui qui est mené en lien avec la faculté de
Gembloux (Université de Liège) pour tester la préservation des
isolants naturels contre des insectes et des champignons. Le
CSTC étudie également le tassement des isolants, notamment
les isolants insufflés.
VOS INTÉRÊTS
PUBLICATIONS INTÉRESSANTES DU CSTC
Impact environnemental (Dossiers du CSTC 2013/1.9)
Dimensionnement et assemblage (Dossiers du CSTC 2013/1.7)
La sécurité incendie des constructions en bois (Dossiers du CSTC 2013/1.6)
Un système en plein essor et à hautes performances (Dossiers du CSTC 2013/1.1)
Construction à ossature en bois et étanchéité à l’air (Dossiers du CSTC 2012/1.5)
Constructions à ossature en bois. 1er partie: contreventement des murs porteurs (Dossiers du CSTC 2011/3.2)
Le respect des nouveaux critères de confort acoustique dans les constructions en bois (Dossiers du CSTC 2008/4.20)
ETICS sur ossature en bois (Dossiers du CSTC 2014/4.5)
Systèmes innovants de construction à ossature en bois préfabriqués pour les immeubles d’appartements
(Dossiers du CSTC 2014/2.13)
Isolation acoustique dans les constructions en bois (Dossiers du CSTC 2013/1.5)
Maîtrise de l’humidité (Dossiers du CSTC 2013/1.4)
Performances énergétiques des constructions en bois (Dossiers du CSTC 2013/1.3)
Le marquage CE des éléments en bois (Dossiers du CSTC 2013/1.2)
Les panneaux de bois et leurs applications (Dossiers du CSTC 2009/3.8)
Les planchers mixtes bois-béton, un mariage heureux ! (Dossiers du CSTC 2009/4.6)
annoncée comme révolutionnaire, mais des tests ont par la suite
démontré des problèmes de tassement, de rupture des seuils et
tablettes et de perte d’étanchéité à l’air.
«Des règles essentielles sont à respecter, comme celle de prévoir
un espace de 20 cm entre la lisse et le sol fini extérieur. Une
imposition qui perturbe les architectes qui y voient un frein à
l’innovation et une entrave à leur créativité. Or, les constructeurs
expérimentés, eux, l’appliquent automatiquement, car ils en
reconnaissent l’utilité.»
DOSSIER
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
D’énormes progrès techniques ont toutefois été engrangés ces
dernières années pour développer des systèmes constructifs
performants. Il est aujourd’hui possible d’obtenir le même niveau
acoustique que pour une construction traditionnelle. Mais cela
demande une conception des détails poussée, qui nécessite une
expertise.
Notre interlocuteur met d’ailleurs l’accent sur l’importance de
la conception d’un ouvrage en bois. «Pour chaque performance,
la conception doit cibler les produits et détails de mise en œuvre
adéquats. Pour accroître le confort acoustique par exemple, l’insertion de joints absorbants, le placement de masse complémentaire, l’utilisation de connecteurs adaptés ne peuvent s’improviser
sur le chantier.»
BENOÎT MICHAUX – «Pour chaque performance, la conception doit cibler les produits et
détails de mise en œuvre adéquats.»
OÙ SE SITUE LE SECTEUR BELGE DE LA CONSTRUCTION BOIS?
Benoît Michaux : «Notre secteur a ses spécificités et évolue à
son propre rythme. Il doit tenir compte des risques typiques de
notre climat humide, dont les attaques de champignons par
exemple. Mais nous pouvons être fiers de la technologie que nous
mettons en œuvre. Les récents échanges avec nos confrères canadiens nous apprennent que le savoir-faire belge en la matière est
reconnu et plus avancé que dans d’autres pays.» ■
construction - mai 2015
27
PROJETS & ENTREPRISES
La mise en œuvre est également délicate, surtout si l’on utilise un
système par kits. Le placeur doit pouvoir assurer la continuité des
membranes d’étanchéité et anticapillaires. Parfois, certains kits
ne prévoient même pas les jonctions et nécessitent la commande
de kits complémentaires. Si le placeur ne comprend pas la fonctionnalité de ces kits, il pourrait très bien ne pas les placer.
SECTEUR & MÉTIERS
«La conception doit être
une collaboration entre
l’architecte et l’entreprise de
construction»
Centre de Compétence Forem Wallonie Bois
Espace dédicacé à la formation
de la filière bois
La Wallonie compte 25 centres de compétence, dont un spécifiquement dédié à la formation
aux métiers de la filière bois: le centre Forem Wallonie Bois, à Libramont. S’appuyant sur un
réseau de partenaires, de professionnels et d’experts du secteur, ce centre propose diverses
formations à la pointe de la technologie adaptées à divers publics: chefs d’entreprise,
travailleurs, chercheurs d’emploi, apprentis, enseignants et étudiants.
Planté au beau milieu des Ardennes, le centre de compétence
Forem Wallonie Bois occupe une position idéale pour favoriser la
rencontre et l’interaction de tous les acteurs de la filière du bois.
Grâce à une étroite collaboration avec les secteurs professionnels
et les entreprises, ce Centre de compétence tente de répondre aux
nouvelles exigences technologiques et aux besoins en constante
évolution en fournissant aux entreprises le personnel le plus
adapté. Les Centres de compétence ont vu le jour en 2000 en
Région wallonne. Ils sont dédiés non seulement à la formation
de base des étudiants et des chercheurs d’emploi, mais aussi à la
formation continue des professionnels. L’an dernier, uniquement
pour Wallonie Bois, ce sont 8.300 journées de formation qui ont
été dispensées pour les chercheurs d’emploi ; 471 pour les professionnels, 535 pour les enseignants et 3.655 pour les étudiants.
COMBLER LE DÉCALAGE ENTRE L’ÉCOLE ET L’ENTREPRISE
On l’a vu dans ce dossier, la construction bois évolue très rapidement. D’aucuns critiquent toutefois le décalage récurrent entre
la formation de base des jeunes et les exigences imposées par
les entreprises. Ce décalage peut s’expliquer en partie par l’inadéquation des manuels de formation, mais aussi et surtout, par
le manque de moyens des écoles professionnelles et techniques
pour s’offrir du matériel de pointe.
«Grâce à des outils technologiques de pointe, notre Centre de
compétence va au-delà de la formation au sens strict et est
devenu un espace dédicacé à la connaissance, au savoir-faire et,
surtout, à l’innovation», explique Jean-François Pandolfe, formateur menuiserie C.F.A.O. à Wallonie Bois. Pour rester au top de la
formation, les centres de compétences interviennent en amont
(veille, information, sensibilisation) et en aval de celle-ci (validation des compétences, amélioration des filières d’insertion,…).
Les enseignants peuvent ainsi suivre des formations qui leur
permettront de former leurs étudiants aux dernières techniques,
FORMATION POUR LES PROFESSIONNELS
Le Centre de compétence Forem - Wallonie Bois organise
également des formations continues pour les entrepreneurs et leur personnel. Vous retrouvez l’offre de formation
sur le site www.formation-wallonie-bois.be. On y retrouve
e.a. des formations à la fabrication d’une maison à ossature
bois, ou encore aux machines à commande numérique et à
l’utilisation de logiciels, tels que CAO 3D Cadwork ou CAO 3D
Topwood.
28
construction - mai 2015
CENTRE DE COMPÉTENCE FOREM - WALLONIE BOIS – Il met à disposition ses
infrastructures de pointe aux écoles pour renforcer le niveau de qualification des étudiants.
logiciels et machines. Ils peuvent même venir avec leurs classes et
donner cours avec les machines mises à la disposition par le centre
de compétence. Outre les centres de compétence, la Wallonie
compte également des centres de technologie avancée (CTA),
qui sont hébergés par des écoles. Trois CTA touchent au bois:
Liège (bois PVC Alu), Comines (écoconstruction) et Morlanwelz
(charpente et ossature bois). Une offre de formation commune
spécifique pour l’enseignement devrait voir le jour à la rentrée
prochain.
Notons également que depuis 2007, un bachelier en technologie
du bois est organisé en collaboration avec la Haute Ecole Robert
Schuman, à Libramont. Les cours théoriques sont donnés au sein
de cette école, Wallonie Bois met à disposition son infrastructure
technologique pour les aspects pratiques.
FORMATION ALTERNÉE
Outre la formation de base, les Centres de compétence ont également une mission d’aide à l’insertion, en organisant, notamment, des formations alternées (50 à 80% de la formation est
organisée en entreprise) pour de jeunes demandeurs d’emploi
n’ayant pas acquis de qualifications. Dans ce cadre, Wallonie Bois
organise depuis 2014, une formation alternée de « Monteur en
Structure Bois » d’une durée de 11 mois, dont, 75% se déroule
en entreprise. La collaboration avec le secteur de la construction
est d’ailleurs primordiale, afin de développer des outils pédagogiques répondant aux besoins du marché. De nombreuses formations rencontrent un franc succès, avec des taux d’intégration des
demandeurs d’emploi proches de 100%! La preuve que nos entreprises recherchent de la main-d’œuvre qualifiée. ■
Plateforme Construction Bois
VOS INTÉRÊTS
Promouvoir et défendre
la construction bois
La Plateforme Construction Bois regroupe les fédérations professionnelles des menuisiers,
de la toiture et des entrepreneurs généraux au sein de la Confédération. Sa mission est de
défendre les intérêts des entreprises actives dans la construction bois et de promouvoir
la filière auprès des consommateurs. C’est ainsi qu’elle a récemment lancé le site www.
maisons-ossature-bois.be dédié spécifiquement au candidat bâtisseur.
JEUNE PLATEFORME
Fin 2014, la Confédération Construction a créé une nouvelle plateforme construction bois. L’objectif de cette nouvelle plateforme
est de développer de plus grandes synergies entre les divers corps
de métiers concernés par la construction bois: les entreprises
générales (FEGC), les menuisiers et les couvreurs (CCT).
«Il manquait une
organisation patronale
représentant les
constructeurs en bois»
DOSSIER
Même si elle reste minoritaire par rapport à la construction
traditionnelle, les différents intervenants dans notre dossier
soulignent les nombreux atouts de la construction bois lui permettant de répondre aux défis environnementaux et démographiques
de notre pays. Citons entre autres: la préfabrication en atelier et
les rapidités d’assemblage permettant de diminuer la durée des
chantiers; le faible poids de la construction en bois en adéquation avec des sols à plus faibles portances et donc des fondations
moins lourdes; l’adéquation aux nouvelles tendances architecturales; la performance de l’isolation thermique assurée par la
possibilité d’augmenter l’épaisseur des couches d’isolation sans
augmenter substantiellement l’épaisseur totale des façades, etc.
Pour Francis Carnoy, directeur général de la CCW, «cette Plateforme était le chaînon manquant. Diverses fédérations, associations ou clusters sont déjà actives dans la filière bois, mais il
manquait au niveau national une organisation patronale représentant les constructeurs en bois.»
Cette nouvelle plateforme nationale jettera des ponts et créera
de nouvelles synergies entre les régions et les divers acteurs de la
construction bois afin de répondre à l’évolution du secteur.
«Nous voulons renforcer le service aux membres actifs dans la
construction bois, afin que leurs intérêts soient défendus à tous
les niveaux de pouvoir», explique Patrice Dresse, directeur FEGC.
«Cette Plateforme renforcera leur visibilité, et veillera aussi à la
normalisation des produits mis en œuvre en Belgique dans le
cadre de constructions bois.»
INFO
www.confederationconstruction.be/constructionbois
[email protected]
construction - mai 2015
29
PROJETS & ENTREPRISES
OBJECTIF – Renforcer le service aux membres actifs dans la construction bois, afin que
leurs intérêts soient défendus à tous les niveaux de pouvoir.
NOUVEAU SITE POUR LE CANDIDAT BÂTISSEUR
Pour renforcer la visibilité du secteur, la Plateforme a lancé un
nouveau site, dédié à la construction résidentielle en bois, à l’attention des candidats bâtisseurs: www.maison-ossature-bois.be.
Outre la présentation des différents systèmes constructifs (ossature bois, poteau-poutre, technique des madriers, panneau massif
et bientôt charpente bois), divers projets exemplaires d’entreprises affiliées sont mise à l’honneur. Enfin, le particulier intéressé
peut trouver aisément les coordonnées d’entreprises spécialisées
dans sa région. ■
SECTEUR & MÉTIERS
«Notre pays compte des PME et une main-d’œuvre locale qui
possèdent un savoir-faire indéniable», insiste Philipe Corman,
président des menuisiers wallons (FWMB). «La construction
d’habitations en bois répond à des normes strictes, en termes de
normes incendie, acoustique ou encore d’étanchéité à l’air. Cela
ne s’improvise pas. Un gros effort de formation des architectes est
ainsi nécessaire, pour que ces derniers optent, en connaissance de
cause, pour tel système constructif plutôt qu’un autre, en sélectionnant aussi des matériaux qui tiennent compte des spécificités
météorologiques belges.»