Diapositive 1

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Diapositive 1
Psychothérapie émotionnelle en groupe pour des patients atteints de
schizophrénie
PhD SUCHOCKA CAPUANO Agnieszka1, Dr KARAR Achour 1, Mlle GEORGIN Aurélie 1, Mme PONSETI GAILLOCHON Annick 1, Dr BOUYAKOUB Samir 1
1 Centre
Hospitalier Intercommunal de Villeneuve Saint Georges Pôle Santé Mentale - Service de Psychiatrie 94G09 , FRANCE
contact: [email protected]
INTRODUCTION
Les patients atteints de schizophrénie (PAS) ont des difficultés dans l’identification, l’expression et la gestion émotionnelle. L’évitement de la résonnance émotionnelle renforce la
détresse et engendre de l’émoussement affectif et de l’anhédonie. Les PAS souffrent de difficultés à reconnaître les émotions et plus précisément les expressions faciales
émotionnelles (EFE). Chez des PAS, le retrait social et la difficulté à gérer leurs relations avec les autres sont le résultat d'une hypersensibilité émotionnelle (2). L'évitement des
expériences émotionnelles chez des PAS et la présence de certains symptômes : clinophilie, idées délirantes peuvent être considérées comme une non-confrontation voir un
évitement subtil. L’évitement affectif peut jouer un rôle protecteur à court terme, mais il est l'amplificateur de la détresse émotionnelle à long terme selon le modèle de Barlow et
Allen (3, 4).
METHODE
Un groupe de psychothérapie pour des PAS a été mis en place pour leur apprendre à identifier, nommer et exprimer leurs émotions, et de les utiliser dans les interactions sociales.
Les techniques utilisées sont celles de thérapie cognitivo-comportementale TCC (Beck) (5) et thérapies émotionnelles (Barlow) (6, 7) comme : des colonnes Beck adapté, jeu de rôle
(RPG), psychoéducation émotionnelle, et la respiration. Pour faciliter l'acceptation de l'expérience émotionnelle, nous avons introduit des techniques de respiration simple adaptés sur
le plan psychopathologique aux difficultés des PAS (8, 9). Des modèles de thérapie de la pleine conscience ont également été utilisés comme source d’inspiration pour la
conceptualisation des séances de groupe (10). Trois groupes de quatre patients ont participé à six séances de thérapie.
Objectifs généraux:
Mise en place du groupe fermé:
Colonnes de Beck adaptées
• Quatre à six patients
• Apprendre à identifier, nommer et exprimer les
•
Six
séances
d’une
heure,
une
fois
par
semaine
émotions
• Critères d’inclusions :
- Les apprivoiser
- Schizophrénie, trouble schizo-affectif, trouble
• Utiliser les compétences et les connaissances portant
affectif bipolaire
sur les émotions lors des interactions sociales
- Patients ayant les capacités cognitives jugées
suffisantes
Évaluation:
•
Mode
d’inclusion :
• Entretien individuel
- La participation du patient dans le groupe est
- Avant le début du groupe post-groupe
évoquée lors de la réunion pluridisciplinaire
• Évaluation par questionnaire :
Le
médecin référent propose au patient la
- Questionnaire d’Acceptation et d’Action AAQ-II
participation au groupe et un entretien préalable
Hayes, 2004 validation française Monestès, Villatte,
- Entretien préalable à l’inclusion avec deux
Mouras, Loas et Bond (2009) mesurant la flexibilité
thérapeutes
émotionnelle
• Compte rendu clinique de chaque séance
Persistance de la détresse émotionnelle
(Barlow & Allen in: Philippot, 2007) )
RESULTATS
Population : 3 groupes, 12 participants : 5H et 7F, âge : 27 - 64 ans
Résultats détaillés: Parmi PAS participants dans le groupe, l'amélioration de la flexibilité émotionnelle (11) est observée. Ils identifient et expriment (expression du visage et le
langage corporel) plus facilement leurs émotions. Dans le groupe des patients hospitalisés de PAS (groupe n°1), nous pouvons observer une amélioration de la flexibilité
émotionnelle (11). Les patients sont en mesure d'identifier et d'exprimer plus facilement leurs émotions. Toutefois, la nomination des émotions reste encore difficile pour ce groupe.
En général, les patients de ce groupe ont tendance à modifier spontanément des scènes à tonalité négative en positive.
Dans les groupes de PAS suivi en extra-muros (groupe n°2 et n°3) pas de différences dans les scores avant et après la participation dans le groupe n°2. En revanche, dans le
groupe n°3 chez la moitié de patients une amélioration de leur flexibilité émotionnelle a été observée. Cet effet est probablement dû à la petite taille de l'échantillon car dans les
trois groupes nous avons observé cliniquement moins d’évitement affectif après la fin de travail en groupe.
DISCUSSION
La motivation des patients joue un rôle important dans l'appartenance et l’engagement au groupe. Les entretiens pré-groupes permettent d’évaluer la motivation des patients (12,
13). La motivation est un facteur prédictif de la participation des patients. Parfois, elle nécessite d’être travailler lors de sessions spécifiques inter-séances. En outre, les difficultés
de certains patients au cours de la signature du contrat thérapeutique pourraient être associés à leurs problèmes personnels, mais aussi témoigner de la présence de l’évitement
de l’expérience émotionnelle.
Les RPG facilitent l'exposition à l'émotion et donnent également la possibilité de trouver « une bonne distance » par rapport à son état émotionnel. Les résultats présentés sont
similaire aux résultats des travaux de l’entrainement aux compétences sociales pour des PAS (14).
Selon les résultats de groupes présentés, chez les PAS la difficulté à nommer les émotions persistent malgré la capacité à les identifier. Cela a été mentionné par d'autres auteurs
et confirme la présence des difficultés de dénomination émotionnelles chez les PAS (15-17).
Nous émettons l’hypothèse selon le modèle de Borkovec (18), que la nomination des émotions semble être liée à l'exposition aux images mentales. Des images provoquent de
fortes angoisses difficiles à apprivoiser, notamment dans l’immédiat.
CONCLUSION
L'expérience du travail sur l'identification, l'expression et la gestion des émotions trouve son intérêt chez des PAS. Les participants utilisent au cours des nouvelles situations
sociales leurs compétences acquises lors du travail en groupe. Ils parviennent à analyser des situations émotionnelles de façon appropriée. Les PAS participant au groupe
adoptent un modèle de coping engagé orientées vers la résolution du problème ou la gestion émotionnelle (19), tout en essayent de s’exposer à la résonnance émotionnelle. La
petite taille de l'échantillon et l'absence d'évaluation à long terme sont des limites de ce travail. Ces informations nous ont permis d’effectuer les ajustements nécessaires pour des
prochains groupes. Il est prévu d’introduire des sessions de rappel à trois et six mois après la dernière session afin de consolider les connaissances acquises au sein du groupe.
Le travail du groupe s’intègre à la préparation de la sortie des patients hospitalisés et facilite l’intégration sociale des PAS pendant cette période de transition.
Mots-clés : schizophrénie, identification émotionnelle, compétences sociales, thérapies comportementales, cognitives et émotionnelles.
Bibliographie :
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7. Barlow D. H., Ellard K. K., Fairholme C. P., et al. Unified Protocol for Transdiagnostic Treatment of Emotional Disorders: Workbook (Treatments That Work). New York: Oxford University Press, Inc; 2011.
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