Présentation : Bruno Ambroise, Chercheur CNRS au CURAPP
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Présentation : Bruno Ambroise, Chercheur CNRS au CURAPP
Pratiques Argumentatives Cours de Méthodologie philosophie à destination des L1 Séance 1 - Présentation/organisation - Présentation : Bruno Ambroise, Chercheur CNRS au CURAPP, travaille en philosophie du langage et de la connaissance, en épistémologie des sciences sociales et en philosophie sociale. C'est parce que les sciences humaines et sociales utilisent un type particulier de connaissance scientifque, ou qu'elles recourent à un type particulier d'argumentation, que je travaille sur l'argumentation. Or la philosophie se distingue elle aussi par une argumentation particulière – c'est même cela qui la distingue éminemment : en philosophie vous apprenez à raisonner de manière rationnelle, quel que soit l'objet de votre réfexion. Donc, en tant que philosophe, on doit s'intéresser à l'argumentation, et, mieux encore, la maîtriser. Pour me joindre : [email protected] Bureau E323, le mercredi à partir de 14H00 et certains vendredis (rdv plus sûr) Voir aussi le site http://bruno.henri.ambroise.free.fr, où je compte développer dans l'avenir un espace « blog » avec, à disposition des étudiants, les cours en lignes, des réf. Bibliographiques, peut-être des textes. Agenda du cours : séances un mercredi sur 2 (semaine B), de 16H00 à 12H00, en D317. En fait, seulement 5 séances : pas de cours le 21 octobre, car je passe une semaine pour mes recherches à l'Université Bordeaux 3. Quand est-il possible de rattraper ? Le plus simple : Je vous propose d'étaler et de le rattraper en 4 fois pour que cela ne soit pas trop lourd, en faisant quatre cours 1 de 2H30 le mercredi, de 16H00 à 18H30 ou 15H30 à 18H00 (ou 15H00-17H30). Cela conviendrait-il ? Disons le 4 novembre, le 18 novembre, le 2 décembre et le 16 décembre. Organisation du cours : L'idée du cours est d'apprendre à faire de la philosophie. Qu'est-ce que la philosophie ? C'est avant tout l'exercice de la rationalité pour interroger tous les objets possibles. Le discours philosophique vise essentiellement à être rationnel et à rendre plus rationnel. Il le fait en défendant des thèses ou des idées – et pour ce faire, il utilise une certaine argumentation. Argumenter, c'est-à-dire à raisonner avec des arguments. Si vous savez généralement raisonner, de manière informelle, dans la vie de tous les jours, vous ne maîtrisez pas nécessairement totalement les principes qui permettent à un raisonnement d'être argumenté. Qu'est-ce qu'être argumenté ? C'est le fait d'apporter une preuve, la dite preuve venant contrôler la validité de votre discours (sa vérité ou sa fausseté pour le dire vite – disons son admission au titre du discours valable). En sciences, il est assez facile apporter des preuves de son discours : il sufft de se confronter aux faits. Pour le dire grossièrement, une hypothèse scientifque va être dite vraie lorsque ce qu'elle dit/ou prédit est validé par ce qui se passe. Or certaines disciplines scientifques procèdent néanmoins avec des preuves d'un autre type ; ainsi les mathématiques ne s'appuient pas sur des faits concrets (ou des faits d'observation – sauf à comprendre d'une manière très particulière les « faits mathématiques »). Elles procèdent par démonstration mathématique, c'est-àdire par axiomes et démonstrations en fonction de ces axiomes. La logique (que vous étudiez par ailleurs) fonctionne de manière semblable. Mais qu'en est-il du raisonnement philosophique ? S'il peut parfois prendre appui sur des faits, ceux-ci ne viennent pas confrmer au sens fort des hypothèses : me discours philosophique n'est pas hypothético-déductif, parce qu'il porte 2 généralement sur des faits de discours (sur d'autre discours), lui permettant néanmoins de traiter du réel (c'est une autre question). Reste que le discours philosophique a une forme propre de structure argumentative, qui ne s'éloigne pas énormément, au niveau des moyens, des outils mis à disposition dans le langage ordinaire : son moyen, c'est ce que Platon avait appelé la « dialectique », la discussion argumentée des thèses opposées, visant à convaincre, mais là encore, uniquement par des moyens rationnels (en respectant une certaine logique, c'est-à-dire en n'employant pas des raisonnements viciés, tordus, ce qu'on appelle des « sophismes »). Ce cours aura donc pour but d'identifer les manières de faire de la dialectique en tant qu'elle est un discours rationnel argumenté. Pour cela, il s'agira notamment de lire des textes philosophiques pour repérer des structures argumentatives qui y sont à l'oeuvre ; il conviendra également d'apprendre à argumenter, en travaillant à défendre des thèses, de manière solide. On s'aidera pour ce faire d'un manuel dans lequel fgurent des exercices de ce type (ainsi que des explications pertinentes). Ce cours demandera donc plusieurs choses de vous : 1/ d'une part de faire les exercices et, d'autre part, le cas échéant d'intervenir en classe pour animer la discussion, pour élever des objections, expliciter vos désaccord, ou au contraire défendre une thèse donnée, dire pourquoi vous trouvez cela intéressant, juste, ce que cela aide à penser. Comme vous n'êtes pas nombreux, cela devrait faciliter les choses. Ce sera une façon pour vous de vous exercer à l'argumentation avec vos pairs (et de préparer l'évaluation de fn d'année). C'est après tout un des buts et une des joies de l'exercice de la philosophie : apprendre à raisonner pour défendre ce que vous pensez en essayant de convaincre, par des arguments juste, du bien-fondé de ce que vous pensez, surtout dans le cadre de la philosophie pratique : d'une certaine façon, c'est ce que vous faites constamment (je vais y revenir). Prenez-le donc comme une sorte de jeu. Naturellement, je prendrai en compte vos prestations orales dans la notation. 3 Certaines parties du cours (mineures) consisteront en l'exposé de quelques principes argumentatifs et rhétoriques, qui vous faudra apprendre et avec lesquels vous pourrez travailler. Rappel sur les méthodes de travail en philosophie (et dans les études en général) (banalités, mais que je préfère redire) : - Venir en cours régulièrement ( TD étant obligatoire) - Relire le cours et le travailler (ici rendu obligatoire pour pouvoir participer aux TD) - Lire et travailler les textes conseillés – c'est important en philosophie où il s'agit notamment de travailler avec des textes qui ouvrent précisément la refexion, qui font découvrir de nouvelles choses. - Ne pas lire que ce qui est conseillé : développer sa curiosité intellectuelle, tout en ayant une certaine rigueur (et en se faisant plaisir). Faire en sorte d'être le prototype de l'honnête homme du 18ème siècle, curieux de tout et savant de tout, afn de pouvoir aborder les problèmes avec l'esprit le plus curieux possible et avec le moins de préjugés possibles. Cela ne se fait que par une connaissance du monde, des autres cultures, des autres problèmes que purement philosophiques. Se tenir au courant de la science, des arts, des sciences, etc. Comment faire ? Bannir la télévision. Aller au cinéma (il y a de nombreux flms abordant des questions philosophiques), au théâtre, au musée, lire de la littérature (de la grande et de la moins grande) – ce n'est pas une perte de temps, c'est la meilleure façon de voir les choses importantes dans la vie et en philosophie. Se tenir informé de ce qui se fait en sciences : Pour la science, La Recherche (au moins le feuilleter en bibliothèque) ; dans le monde : journaux nationaux et internationaux, mais la plupart mauvais. Le mieux, mais très exigeant (c'est-à-dire également très formateur) : Le Monde Diplomatique ; ou Courrier International. Par contre, en ce qui concerne tout à la fois la culture générale et l'actualité de la réfexion philosophique, ne conseille 4 pas Philosophie Magazine et ce genre de choses : ne vous apprendront pas grand-chose, parfois faux et réducteurs. Mieux vaut lire les textes eux-mêmes, ou alors de vraies grandes revues de réfexions philosophiques et spécialisées : Esprit, Les Temps Modernes, Cités, Critique, Le Débat, Mouvements (niveau assez facile) ; Revue de métaphysique et de morale, Etudes philosophiques, Revue internationale de philosophie, Philosophie (revues universitaires de niveau assez ardu). Ces titres vous donneront vraiment un aperçu de ce qui se fait en philosophique contemporaine, c'est-à-dire à quoi cela sert de faire des études de philosophie. - Travailler avec des outils : c-à-d d'abord avec des livres (également votre manuel de terminale, qui peut être utile) – lire avec un crayon à la main, pour prendre des notes, ou souligner – et relire ! A la fn de chaque lecture, se demander ce qu'on a appris – essayer de résumer en quelques phrases l'objet du livre lu. Mais utiliser aussi des dictionnaires (de langue française, mais pas seulement !). Quelques références rapides : Un bon dictionnaire : Le Robert, ou mieux (à consulter en bibliothèque) : Le Grand Robert de la Langue Française, ou Le Robert culturel de la langue française. Porter attention à l'étymologie, qui renseigne sur l'histoire du sens du terme. Une encyclopédie (en bibliothèque) : Encyclopedia Universalis (articles écrits généralement par des spécialistes de la question, donnent une bonne première approche). A la rigueur, Wikipédia (sur le net), mais pas très précis et parfois faux, ou même pas faux, mais pas vrai non plus. Mieux : encyclopédie philosophique : L'univers philosophique (PUF) (uniquement en bibliothèque). (Dictionnaire de philosophie de Lalande peut parfois être intéressant, mais il est « daté »). Un dictionnaire des synonymes Un dictionnaire de grammaire (et de conjugaison) française (à utiliser impérativement quand vous écrivez !) : le mieux, c'est le Grévisse. 5 - Prendre le temps de la réfexion – c-à-d ne pas s'y prendre la veille au soir pour rédiger le devoir... Y réféchir avant, faire quelques lectures, des recherches, laisser du temps, puis y revenir. - Faire un brouillon quand vous faites un devoir sur table. - Faire un plan !!! Avec d'abord construction d'une problématique, qu'il s'agisse d'une dissertation ou d'un commentaire. Dans un commentaire ou une simple lecture, cela nécessite d'abord de bien identifer le THEME du texte, puis la (ou les) THESE(s) du texte, qui répondent précisément aux problèmes posés. Vous n'avez pas trouvé la problématique d'un texte tant que vous ne savez pas quelles sont les réponses abordées. De la même façon, dans une dissertation ou un essai, vos réponses devront s'articuler de manière progressive à la problématique défnie à partir de la question posée. Déf. du thème : ce dont parle le texte – ou la thématique générale dans laquelle s'inscrit un sujet (un pb.). Par exemple, le thème de « Peut-on douter de tout ? » est celui de la connaissance. Il s'agit donc d'une thématique philosophique générale au sein de laquelle on peut travailler plusieurs questions. Déf. de la Thèse : ce qu'il affrme, c'est-à-dire ce qui est soutenu. Cela suppose qu'elle a la forme d'une proposition, c'est-à-dire d'une phrase avec sujet-verbe-complément. On peut la formuler avec l'expression : l'idée est que le doute a des limites/que la connaissance n'est jamais certaine, etc. Généralement, la thèse est soutenue par des arguments (qui ont une logique propre, qu'il s'agit par exemple d'expliciter dans un commentaire de texte) Déf. de la Problématique : c'est la question à laquelle répond ce qu'affrme la thèse. Elle n'est pas nécessairement donnée telle quelle par le sujet. Il faut parfois la retravailler pour comprendre quel est le problème implicite d'un sujet. En gros, construction d'un argument (qui, dans une dissertation, correspond à une sous-partie) = thèse (répondant à la problématique) + raisons de la 6 soutenir + exemple venant appuyer cette thèse. Il s'agit donc de s'efforcer de montrer, pas tous les moyens rationnels (et seulement ceux-ci) que l'idée que vous défendez est correcte, juste, valable. Pour rendre la thèse plus concrète, fondée dans l'expérience (et parfois pour la rendre plus compréhensible), vous utilisez un exemple qui l'illustre. Naturellement, l'exemple seul ne sufft pas – il faut analyser l'exemple pour dire en quoi il est une illustration de la thèse. - Être clair !!! « Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement » On fera des exercices sur ce point. - T.D. QCM 1 : méthodologie, introduction 1- Qu'est-ce que la thèse d'un texte ? - ce dont il parle. - la raison pour laquelle il a été écrit. - ce qu'il affrme. - son origine historique. 2 – Qu'est-ce qu'une problématique (en philosophie) ? - un problème qu'une personne rencontre dans sa vie. - l'énoncé réféchi d'un problème susceptible de recevoir plusieurs réponses problématisées. - le sujet qui intéresse le professeur de philosophie. - un problème ayant une seule solution 3- Qu'est-ce qu'un argument valide ? - un argument dont toutes les prémisses sont vraies. - un argument dont la conclusion découle logiquement des prémisses. - un argument dont il faut accepter la conclusion. 4 – Une thèse (ou un argument) est vraie quand (et seulement quand) : - elle est logiquement valide. - elle n'est pas énoncée par N. Sarkozy - ce qu'elle affrme correspond aux faits, c'est-à-dire qu'elle est vérifée par les faits. - le professeur de philosophie la soutient. 7 5 – Un bon argument est (seulement) : - un argument convaincant - un argument soutenu par la force - un joli argument - un argument fondé en raison 6- quelle est la prémisse cachée dans l'argument suivant "Les anti-dépresseurs sont synthétisés par l'homme, s'ils sont synthétisés par l'homme ils ne sont pas naturels, et donc ils sont mauvais." - ce qui est synthétisé par l'homme n'est pas naturel. - ce qui n'est pas naturel est mauvais. - si quelque-chose est un antidépresseur alors cette chose est fabriquée par l'homme. 7- Qu'est-ce qu'un « sophisme » ? - un argument trompeur. - un syllogisme. - un raisonnement. - un argument dont la conclusion est fausse. 8- Qu'est-ce qu'un argument d'autorité ? - un argument dont une prémisse est fausse. - un argument donc la conclusion est fausse. - un argument qui s'attaque à quelqu'un. - un argument qui défend une thèse en faisant valoir qu'elle a été défendue par une entité dont les connaissances sont généralement reconnues. 9- Comment caractériser le plus précisément possible l'argument suivant : "L'âme n'est pas distincte du corps : les sciences contemporaines nous disent que la pensée n'est rien qu'un processus cérébral" ? - un argument ad hominem. - un argument sain. - un argument dont la conclusion est fausse. - un argument d'autorité. 10- Mettez en forme l'argument suivant de sorte qu'il apparaisse comme valide : "Jean-Jaques Rousseau abandonné ses enfants, on ne peut donc pas prendre au sérieux ses pensées concernant l'éducation" - (1) J.J Rousseau a abandonné ses enfants (2) si une personne abandonne ses enfants alors on ne peut pas prendre au sérieux ses pensées concernant l'éducation. (3) Donc on ne peut pas prendre au sérieux les pensées de J.J. Rousseau concernant l'éducation. - (1) Si une personne abandonne ses enfants alors on ne peut pas prendre au sérieux ses pensées concernant l'éducation. (2) On ne peut pas prendre au sérieux les pensées de J.J. Rousseau concernant l'éducation. (3) Donc J.J. Rousseau a abandonné ses enfants. - (1) J.J Rousseau a abandonné ses enfants (2) Donc on ne peut pas prendre au 8 sérieux les pensées de J.J. Rousseau concernant l'éducation. 11- De quel type de sophisme s'agit-il ? - un argument d'autorité. - un argument ad hominem. - un syllogisme. 9