petrole en irak 2003

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petrole en irak 2003
PETROLE EN IRAK 2003
1. LA GUERRE POUR LE PETROLE
Officiellement, de nombreuses raisons ont été fournies afin de justifier la guerre
annoncée par Bush contre l’Irak, mais il est clair qu’il s’agit, encore une fois, d’une
guerre pétrolière. Un éventuel renversement de Saddam Hussein apporterait de
nouvelles opportunités aux multinationales pétrolières et en particulier, à celles
provenant des Etats-Unis.
Les réserves prouvées de l’Irak s’élèvent à 112 milliards de barils de pétrole brut,
ce qui les place en deuxième lieu au niveau mondial après celles de l’Arabie
Saoudite. Etant donné qu’aucune exploration n’a apparemment été effectuée au
cours de ces dix dernières années, soit depuis la guerre du Golfe, il se pourrait
même que les réserves de l’Irak dépassent les saoudiennes.
Le gouvernement des Etats-Unis deviendra, sans aucun doute, le pouvoir étranger
dominant de l’Irak « post-Hussein ». Des représentants de diverses compagnies
pétrolières étrangères se sont déjà réunis avec des dirigeants de l’opposition
iraquienne afin de traiter certains sujets « d’intérêt commun».
L’organisation Iraqui National Congress (INC), qui est appuyée par le
gouvernement des Etats-Unis, fait partie de ces groupes de l’opposition. Un
ingénieur pétrolier de l’INC vivant à Londres a déclaré que tous les accords
pétroliers seront révisés lorsqu’un changement de gouvernement se produira. Le
président de l’INC, Ahmed Chalabi, déclara qu’il voit favorablement la création d’un
consortium dirigé par les Etats-Unis afin de développer les gisements pétroliers de
l’Irak.
Il semblerait que des entreprises comme ExxonMobil et Chevron Texaco
pourraient jouer un nouveau rôle en Irak. Par ailleurs, l’appartenance de l’Irak à
l’OPEP pourrait aussi être remise en question.
Les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations unies, les
Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Russie et la Chine, possèdent des
compagnies pétrolières ayant d’importants intérêts en Irak. Parmi eux, seules la
France et la Russie hésitent à appuyer une éventuelle intervention militaire.
A ce sujet, l’ex-chef de la CIA, James Woolsey, considère qu’étant donné que la
France et la Russie ont des intérêts pétroliers en Irak, quelqu’un devrait leur dire
que si le gouvernement iraquien est changé, les Etats-Unis feront tout leur possible
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pour assurer une étroite collaboration entre les compagnies états-uniennes et le
gouvernement de l’Irak. Et si ces pays ne participent pas au renversement de
Hussein, il sera difficile et même impossible que le nouveau gouvernement veuille
travailler avec eux.
La Russie possède d’importants intérêts économiques en Irak, à travers de la
compagnie Lukoil, qui négocia en 1997 un accord de 4 milliards de dollars pour le
développement des gisements de West Qurna, situés au sud de l’Irak (avec des
réserves de 15 milliards de barils), mais qui ne put pas débuter ses activités à
cause des sanctions imposées par les Nations unies à ce pays. L’Irak a menacé
de résilier le contrat si les travaux ne commencent pas immédiatement.
En octobre de l’année passée, l’entreprise russe Slavneft signa un contrat de
prestation de services d’une valeur de 52 millions de dollars pour le forage du
gisement de Tuba situé au sud de l’Irak. Par ailleurs, le gouvernement russe fit une
proposition s’élevant à 40 milliards de dollars au gouvernement iraquien, pour la
réalisation d’explorations dans le désert oriental du pays.
L’Irak est redevable à la Russie d’une dette de 7 à 8 milliards de dollars, antérieure
à la guerre du Golfe. Une réunion entre le leader de l’INC et l’ambassadeur russe à
Washington déboucha sur la nécessité d’entamer d’urgence un processus de
dialogue entre la Russie et les dirigeants de l’opposition iraquienne.
Par ailleurs, l’entreprise française TotalFinaElf avait négocié les droits de
développement du gigantesque gisement de Manjón, situé près de la frontière
avec l’Iran et pouvant contenir des réserves de 30 milliards de barils de brut, mais
l’Irak a annoncé, en juillet 2001, qu’il ne donnerait finalement pas la priorité à la
France pour le développement de ce gisement à cause de sa décision d’adhérer
aux sanctions économiques.
En octobre 2001, Thierry Desmarest de TotalFinaElf déclara qu’il ne s’agissait pas
là du moment opportun pour négocier de nouveaux contrats potentiels avec l’Irak.
« J’attends de voir ce qu’il se passera au cours des prochains mois dans le camp
politico-militaire.
Néanmoins, nous avons réalisé des études dans les deux principaux gisements
iraquiens, ce qui pourrait rendre notre présence importante pour le développement
rapide de ces gisements. »
a) LES VERITABLES MOTIFS DE LA GUERRE
Le régime Ba’ath est brutalement tyrannique, cela ne fait pas de doute, bien que
durant de nombreuses années il fut un allié de l’Occident. De ce dernier, il reçut le
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savoir-faire ainsi que les précurseurs permettant de développer les armes
chimiques qui servirent à réprimer la population kurde, la même qui fut massacrée
au gaz moutarde.
Aujourd’hui, l’Irak est accusé de posséder une technologie permettant de
développer des armes de destruction massive, dont des armes chimiques,
biologiques et nucléaires, raison pour laquelle il constitue un danger pour la
sécurité planétaire. A ce propos, la Maison Blanche étonna la communauté
internationale l’année passée lorsqu’elle rejeta toute nouvelle proposition de
renforcer la Convention sur les armes biologiques. La pierre d’achoppement était
les processus de vérification, qui permettaient l’inspection du travail réalisé par les
compagnies de biotechnologie des Etats-Unis. Ces entreprises déclarèrent qu’elles
ne toléreraient aucune surveillance de leurs installations par crainte du vol de leurs
secrets commerciaux. Il est ironique également qu’il puisse être fait usage de
l’uranium appauvri, qui est une arme de destruction massive, pour la guerre en
préparation et que les Etats-Unis soient le seul pays ayant utilisé jusqu’ici ce type
d’arme contre la population civile.
Néanmoins, il n’est secret pour personne que la véritable cause de la guerre soit le
pétrole, comme ce fut le cas de toutes les guerres de ces dernières années
auxquelles l’Irak fut mêlé. Tout comme l’a déclaré Faisal Qaragholi, leader de
l’INC, le pétrole a été une malédiction pour le peuple iraquien. De fait, le pétrole
n’est pas une malédiction que pour le peuple de l’Irak. Tous les conflits existant au
Moyen-Orient ont eu pour origine la manipulation exercée par les empires
européens et nord-américains afin d’avoir accès et de contrôler les ressources
pétrolières existant dans cette région.
Lorsque l’empire ottoman fut renversé et fragmenté, son administration fut divisée
entre divers pays européens. L’Angleterre joua un rôle très important dans cette
division et contrôla, depuis les premières années, la production pétrolière du nord
de l’Irak (en territoire kurde). La production augmenta avec la construction de
l’oléoduc Kirkuk, qui transporte le pétrole vers la mer Méditerranée. Les
compagnies British Petroleum, Shell, la Compagnie française des pétroles et la
Near East Development Corporation des Etats-Unis étaient chargées de la totalité
de la production.
Après la IIe guerre mondiale, les Etats-Unis nouvellement chargés du leadership
mundial concrétisèrent leur présence en Moyen-Orient dans le but de maintenir le
contrôle sur la production pétrolière ainsi que sur les importantes réserves de brut
de la région.
Grâce à de fortes pressions diplomatiques, 23,75% des actions furent octroyés à
des entreprises nord-américaines. En 1952, l’Irak devint un des principaux
exportateurs de pétrole brut au monde.
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En 1958, Qasin mena une révolution dont un des principaux objectifs était de
réduire le pouvoir dont disposaient les entreprises pétrolières dans son pays, de
renégocier tous les contrats et d’utiliser les devises du pétrole afin de reconstruire
l’économie iraquienne décadente. Une nouvelle législation fut instaurée, ainsi que
d’autres mesures qui furent très bien reçues par la population.
En 1963, le parti Ba’ath – toujours au pouvoir de nos jours – organisa un sanglant
coup d’Etat mais maintint la police nationaliste de Qasin. En 1972, le pétrole fut
nationalisé.
La guerre israélo-arabe se déclencha peu de temps après et les pays arabes
producteurs lancèrent un embargo pétrolier contre l’Occident. L’augmentation du
prix du pétrole brut qui en résulta permit à l’Irak de commençer à percevoir une
grande quantité de devises pour cette ressource, ce qui fortifia grandement le
régime de Ba’ath.
Les revenus d’origine pétrolière ne furent interrompus que durant la guerre entre
l’Iran et l’Irak, dont l’origine était également pétrolière. Lorsque les britanniques
divisèrent l’empire ottoman, ils coupèrent l’Irak de tout accès au Golfe persique. La
ville iraquienne de Basra se trouve à 20 miles de l’estuaire Chatt al-‘Arab, mais
l’Irak hérita du droit d’utilisation des rives et de l’eau, ce qui lui donne aussi le droit
d’utiliser quelques mètres de rivage. Par ailleurs, tous les pétroliers quittant
Abadan, la principale raffinerie pétrolière iranienne, doivent passer par là, ce qui
créa une nouvelle source de conflit. La guerre entre l’Iran et l’Irak avait pour
principal motif la dispute d’une frange de territoire frontalier située entre ces deux
pays et où pourraient se trouver les réserves pétrolières les plus importantes de
l’Irak.
Durant la guerre entre l’Iran et Irak, l’industrie pétrolière de ce dernier pays souffrit
de graves pertes à cause du bombardement de la raffinerie de Basra au début de
la guerre. Deux terminaux pétroliers du sud du pays (Mina al-Bakr et Khor alAmaya), la section sud d’un oléoduc reliant les terminaux aux champs pétrolifères
du nord ainsi que plusieurs stations de pompage et des centrales pétrochimiques
furent touchés lors de bombardements aériens. Plus tard, la Syrie bloqua le flux de
pétrole passant par l’oléoduc Kirkuk en direction de la Méditerranée, ce qui obligea
l’Irak à ne travailler qu’avec un petit oléoduc passant par la Turquie.
L’invasion iraquienne du Kuweit, le 2 août 1990, eut aussi le pétrole pour origine.
Lorsqu’il était sous la domination ottomane, le Kuwait était administré depuis Basra
et Bagdad, mais cette situation ne satisfaisait pas les intérêts impériaux de
l’Occident qui considérait que des réserves pétrolières aussi importantes ne
pouvaient pas se trouver dans un seul pays (dans ce cas l’Irak).
Et c’est ainsi que fut promue la création du Kuwait en tant que pays indépendant.
Les iraquiens n’acceptèrent jamais cette division qu’ils appellent la séparation de
leer province du Sud, du Kuwait.
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Il en résulta la guerre du Golfe de 1991, au cours de laquelle les Etats-Unis et
l’OTAN envahirent l’Irak comme représailles contre l’invasion du Kuwait, ce qui eut
pour conséquence l’ultime fragilisation de l’OPEP. Cette nouvelle guerre est
également une guerre pétrolière.
b) UNE GUERRE OCCULTEE
Le bombardement contre l’Irak, qui fit suite à la guerre du Golfe de 1991, dura plus
longtemps que la guerre du Vietnam. Depuis 1991, et en particulier durant ces
quatre dernières années, les Etats-Unis et le Royaume-Unis perpétrèrent la pire
campagne de bombardement aérien depuis la Seconde guerre mondiale.
Du 1er août 1992 au 16 décembre 1998, le Royaume-Unis lança 2,5 tonnes de
bombes sur la zone sud de l’Irak, soit une moyenne de 0,025 tonne par mois.
Durant les 18 mois suivants, les Etats-Unis et le Royaume-Unis lancèrent
ensemble 400 tonnes de bombes et de missiles, en représailles contre le refus de
l’Irak de coopérer à la recherche des armes de destruction massive avec les
Nations unies.
La justification fut que ces deux pays disposaient d’un mandat des Nations unies
les autorisant à patrouiller les zones dites d’exclusion aérienne, ce qui leur laissait
le contrôle de la majorité de l’espace aérien iraquien. A ce propos, monsieur
Boutros-Ghali, Secrétaire Général des Nations unies en 1992, déclara que le
thème des zones d’exclusion ne fut pas traité lorsque fut approuvée la résolution
688 du Conseil de Sécurité des Nations unies en relation avec l’Irak.
Tony Blair ajouta que ces zones d’exclusion permettent aux Etats-Unis et au
Royaume-Unis de réaliser une fonction humanitaire vitale pour la protection des
kurdes du nord de l’Irak.
Ironiquement, ces deux pays fournissent un énorme soutien à la Turquie, pays
servant de base à leurs incursions aériennes en Irak et aussi, pays ayant le plus
poursuivi, massacré et nié les droits du peuple kurde.
Il est important de mentionner que les principales réserves pétrolières exploitées
actuellement en Irak se trouvent sur le territoire kurde, dont le gisement de Kirkuk
contenant 10 milliards de barils de réserves prouvées.
En août 1999, le New York Times rapporta l’attaque méthodique de l’Irak par des
avions des Etats-Unis. Au cours de ces derniers mois, 1100 missiles ont été lancés
contre 359 cibles.
Les bombardements ont augmenté de 300%. Du mois d’août au mois de
décembre 2002, 62 attaques d’avions F-16 des Etats-Unis et de Tornados des
Forces armées royales du Royaume- Unis eurent lieu. Selon les déclarations du
Ministre de la Défense du Royaume-Unis, 124 tonnes de bombes furent lancées
durant cette période.
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Les sanctions mentionnées dans le programme « aliments contre pétrole » qui
débuta en 1996 permettent à l’Irak d’exporter pour une valeur de 4 milliards de
dollars par an, mais il est estimé que le pays nécessiterait 7 milliards de dollars
pour pouvoir couvrir ses besoins vitaux.
Une décennie de sanctions a engendré la plus haute mortalité d’une population
stable, qui est estimée à deux millions de personnes. Selon les calculs de
l’UNICEF, les sanctions ont provoqué la mort d’environ un demi-million d’enfants,
mais ce chiffre pourrait encore éter plus élevé.
Une autre conséquence des sanctions est la détérioration de l’infrastructure
pétrolière.
c) LE COUT DE LA GUERRE
Un rapport de planification des Nations unies évalue que la campagne militaire
contre l’Irak pourrait exposer 10 millions de civils iraquiens, dont des populations
de réfugiés et de déplacés, à la famine, aux épidémies et à une urgente situation
de besoin.
Les Nations unies calculent que le nombre de réfugiés pourrait s’élever à 900.000
iraquiens qui se verraient obligés d’émigrer vers les pays voisins et que 100.000
d’entre eux nécessiteraient une aide médicale urgente. Deux autres millions de
réfugiés internes nécessiteraient également de l’aide.
Selon ce rapport, les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes et celles
qui allaitent seront les plus vulnérables à l’effondrement du système primaire de
santé qui se produira à la fin de la guerre.
Quant aux dégâts causés à l’infrastructure de l’Irak, l’ONU pense que la production
de pétrole sera paralysée durant l’invasion de ce pays, que son réseau électrique
sera gravement endommagé et que la capacité du gouvernement de continuer à
distribuer des rations alimentaires par le biais d’un programme humanitaire
supervisé par l’ONU sera également troublée. L’apparition d’épidémies est
probable, dont le choléra et la dysenterie, qui pourraient atteindre des proportions
épidémiques et même pandémiques.
d) ENCORE UNE GUERRE POUR LE PETROLE
Selon certaines prévisions, d’ici l’an 2020, les Etats-Unis devront acheter les deuxtiers du pétrole destiné à leur consommation, raison pour laquelle le Président des
Etats-Unis a déclaréque la « sécurité énergétique » est une des priorités de sa
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politique extérieure. C’est ainsi que la guerre et le pétrole marchent main dans la
main.
Le vice-président Cheney signala que les Etats-Unis durent affronter, en 2001, la
plus sévère carence énergétique depuis les embargos pétroliers des années’70 et
que leur dépendance du pétrole brut irait en augmentant parce que les pouvoirs
étrangers ne portent pas toujours les Etats-Unis dans leur coeur.
En 2000, 55% des importations de pétrole brut provenaient de seulement 4 pays :
le Canada, l’Arabie Saoudite, le Venezuela et le Mexique. Les Etats-Unis se sont
rendu compte qu’ils doivent diversifier leurs sources de façon urgente et c’est ainsi
que le pétrole mondial est devenu une affaire nationale pour ce pays, qui a
déterminé quatre régions stratégiques pour son approvisionnement en pétrole et
en gaz naturel. Ces régions sont : le Moyen-Orient, l’Afrique et ses réserves en
eaux profondes de la côte atlantique, la mer Caspienne et certaines aires
productrices de la région occidentale.
Dans ce contexte, une action belliqueuse contre Bagdad aurait pour objectif
l’obtention du contrôle des vastes ressources pétrolières de ce pays, pour le
bénéfice de l’économie étatsunienne.
« Lorsqu’un changement de régime se produira en Irak, on pourra ajouter entre 3
et 5 millions de barils de production à l’offre mondiale (de pétrole). Une guerre
réussie serait bonne pour l’économie », déclara Larry Lindsay, ex-conseiller
économique de George W. Bush.
e) LES RESERVES PETROLIERES DE L’IRAK
L’Irak dit que ses réserves prouvées sont d’environ 112 milliards de barils, soit les
deuxièmes au monde. Le gouvernement iraquien considère que s’il entame de
nouvelles campagnes d’exploration, ces réserves pourraient s’élever à 300
milliards de barils.
Bien que les explorations de gaz aient été limitées jusqu’à présent, les réserves
estimées sont de 10 trillions de pieds cubiques, avec une augmentation probable
de 150 trillions de pieds cubiques.
Cuadro No.1
PRINCIPALES CAMPOS PETROLEROS EN IRAK
GISEMENTS RESERVES
MILLARDS DE
BARILS
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Abu Ghirab
Buzurgan
Halfaya
Kirkuk
Nahr Umr
Bai Hassan
Este de Bagdad
Khabbaz
Manjón
Nasiriyah
Rumaila
Oeste Qurhan
1,5
2,0
5,0
10,0
6,0
2,0
7,0
5,0
20,0
2,0
10,0
15,0
Source: Petroleum Economist
Le gouvernement iraquien considère qu’il est absolument nécessaire de
moderniser son infrastructure et de réaliser, au moins, 380 nouveaux forages de
puits de production, mais le Conseil de Sécurité des Nations unies doit approuver
toute importation d’équipements étant donné que l’Irak ne dispose pas de la
technologie nécessaire à la modernisation de son industrie pétrolière. Selon Benon
Sevan, directeur du programme des Nations unies pour l’Irak, environ 2000
contrats liés à l’achat de matériel pétrolier, d’une valeur de 5 milliards de dollars,
ont été bloqués par les Etats-Unis en attendant d’être approuvés par le Conseil.
Quant à l’avenir, Rosemary Hollis, directrice des études du Moyen-Orient à
l’Institut Royal des Affaires Internationales, opine que tout nouveau gouvernement
iraquien devra disposer de l’approbation internationale pour pouvoir conclure toute
affaire en matière pétrolière.
Le Département d’Etat des Etats-Unis s’est réuni avec l’opposition afin de discuter
du future du secteur iraquien des hydrocarbures après le départ de Saddam
Hussein. Il a été établi, en outre, qu’un groupe de travail constitué d’exfonctionnaires du secteur pétrolier iraquien serait conformé afin de faire des
recommandations au régime de transition permettant au secteur énergétique de
l’Irak d’être réhabilité.
Quelle est donc la véritable cause de la guerre ? Et aussi, les citoyens de EtatsUnis ont-ils une idée de ce que coûte à l’humanité le maintien de leur style de vie ?
Sourc .
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Source: BULLETIN DU RESEAU OILWATCH. - Numéro 35 .-Febrero 2003
2. L'IRAK ET L'AVENIR DE LA PLANETE
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Ana Esther Ceceña
ALAI-AMLATINA, 20 mars 2003, Mexico DF. Le modèle capitalista d'organisation
sociale et l'importance acquise par les processus de production, ainsi que l
'impossibilité de trouver des alternatives énergétiques capables de substituer
efficacement le pétrole à échelle planétaire, augmentent la prépondérance du
Moyen-Orient en tant que centre stratégique de la dispute pour l'hégémonie
mondiale et comme soutien du processus de domination capitaliste compris dans
son sens le plus large.
Les réserves de l'Irak, qui sont estimées à15 milliards de tonnes de pétrole (112,5
millions de barils), occupent la seconde place au niveau mondial après celles de
l'Arabie saoudite. L'Irak est aussi le centre géographique d 'une région qui contient
65 % des réserves pétrolières de la planète. Ce fait, ainsi que sa situation en tant
que possible route d'acheminement du pétrole en provenance de la mer
Caspienne, justifient l'urgence des Etats-Unis d'occuper ce pays et de renforcer le
contrôle de la région depuis l'Irak.
La guerre contre l'Irak a déjà provoqué de nombreux décès. Certains durant la
guerre de 1991, lorsque les Etats-Unis parvinrent à occuper totalement le Kuwait,
et d'autres résultant du blocus se refermant depuis lors autour du peuple iraquien,
le privant de médicaments, entre autres choses indispensables. Autrement dit, la
guerre ouverte se combine, dans tous les cas, avec une guerre d'étranglement
semi-occulte qui cherche à démoraliser et à déprimer la population, en plus de
réduire au minimum sa capacité d' autonomie. Douze ans après le début du
blocus, l'Irak n'est pas encore vaincu et il est donc nécessaire de lancer une
nouvelle offensive belliqueuse.
En réalité, l'Irak est un point essentiel de la stratégie d'utilisation des ressources du
Moyen-Orient, mais son occupation n'est pas une initiative isolée qui puisse
s'expliquer à elle seule. Cette stratégie, graduellement mise en place par des
prises de position, n'arrivera à ses fins qu'avec le contrôle du territoire
correspondant à l'Irak et à l'Iran (deux des trois composants de ce qui est appelé «
l'Axe du Mal ») et avec la déroute de la Palestine.
Clairement, nous pouvons identifier quelques-unes des pièces les plus
significatives de cette stratégie :
1. La guerre du Golfe et l'occupation du Koweït, en 1991, permirent l'
installation de bases militaires tout au long de la rive occidentale de la mer
Caspienne.
2. La campagne anti-musulmans, le renforcement du contrôle médiatique et le
début d'une stratégie de mise sous silence de tout type de dissidence,
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cachés sous la doctrine de prévention de l'intelligence militaire, se sont
intensifiés depuis le 11 septembre.
3. La guerre contre l'Afghanistan, qui assura l'occupation militaire du flanc
oriental de la région pétrolière ; la signature de conventions et l'
établissement de bases militaires dans quelques-unes des nouvelles
républiques indépendantes de l'ex-URSS; l'encerclement de la Chine depuis
l' Occident et une position privilégiée au sein du centre culturel de l'Asie
centrale, où existent en outre de riches gisements de gaz, d'uranium, d'or,
de wolfram et d'autres minéraux essentiels à la production et à la
compétitivité internationale.
4. La guerre contre la Palestine et en particulier, la récente attaque proche du
génocide menée par Sharon avec la totale complaisance des Etats-Unis.
Depuis 1998, les documents officiels du Département de Défense des Etats-Unis
signalent, avec préoccupation, leur absence de position en Asie centrale et leur
grande difficulté à contrôler les relations entre les républiques récemment
(re)constituées suite à leur séparation de l'Union soviétique, les pays arabes et la
Chine. Bin Laden leur a donné la possibilité de s'installer juste au centre, avec 8
bases militaires dont une à côté de la frontière chinoise, interférant ainsi dans leurs
contacts internes et mettant des digues permettant de contrôler la sortie des
ressources de valeur.
En ne considérant que les mouvements effectués depuis la guerre du Golfe, les
lignes d'un projet régional de grande envergure, planifié depuis plus d' une
décennie, peuvent déjà être tracées. Les styles présidentiels changent mais les
pièces trouvent toutes leur place dans le plus grand puzzle de repositionnement
hégémonique qu'ait connu le monde, ne touchant pas seulement le Moyen-Orient
sinon le monde entier.
L'Axe du mal fut pensé pour garantir le contrôle de la quasi-totalité de la région
pétrolière, depuis la mer Caspienne jusqu'au Golfe persique, et pour encercler
simultanément la Chine. Il n'y a pas d'autre façon de comprendre pourquoi les
deux pays possédant les plus grands gisements de pétrole de la région et ceux
fournissant un passage vers la mer Caspienne (et de là vers les industries nordaméricaines) sont associés à la Corée, dépourvue de pétrole, loin du Golfe
persique mais occupant une position permettant d' encercler la Chine depuis
l'autre côté. L'Iran devrait normalement être le prochain objectif de l'offensive. La
justification a commencé à être préparée avec la « suspicion » de que l'Irak
pourrait faire passer ses armes interdites par son pays voisin.
Les Etat-Unis ne semblent pas être disposés à attendre que la Chine ou que l
'Union européenne commencent à faire preuve de présence dans cette région, ce
qui apparaît clairement dans les cas de la France et de l'Allemagne. En répondant
aux critères de prévention qui semblent contaminer toute leur politique, ils
préfèrent sacrifier leur légitimité à court terme en lançant une action unilatérale
répudiée par la presque totalité du monde afin d' assurer leur position de «
superpuissance », « unique et indiscutée», comme ils la définissent eux-même.
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Guerre en Irak, anéantissement impuni en Palestine, occupation de l' Afghanistan,
renforcement du Plan Colombie et contrôle de toute l'aire tropicale latinoaméricaine où se situe la majorité des ressources stratégiques du continent
américain dont, bien entendu, le pétrole qui permettra aux Etats-Unis de
poursuivre la guerre sur le front du Moyen-Orient. Il s'agit-là des principaux
scénarios de la nouvelle aventure « civilisatrice », cherchant à en terminer avec
toutes les civilisations, passées et futures, différentes de « l'American Way of Life
».
Le Plan Colombie et le Plan Puebla Panama, ainsi que l'Aire de Libre Echange des
Amériques (ALEA), sont d'autres pièces importantes de ce jeu de « reterritorialisation » du pouvoir hégémonique des Etats-Unis. Après le Moyen-Orient,
c'est en Amérique que se trouvent les principales concentrations de pétrole et il n'y
a pas de doute que le contrôle de ces deux régions convertiraient les Etats-Unis en
la plus grande hégémonie qui ait jamais existé.
Le jeu du pouvoir est un jeu dangereux. La lutte pour l'hégémonie, au sein du
système, se transforme graduellement en une lutte civilisatrice. Tandis que
l'hégémonie concentre de plus en plus de pouvoir, de richesse et de capacités, la
longue chute d'un système qui nie la liberté parce qu'il est incapable de donner la
vie, semble se dessiner. Les valeurs « universelles » préconisées par le
capitalisme sont progressivement abandonnées par une portion croissante de la
population, sinistrée par ce système.
L'occupation de l'Irak peut être assimilée à une opposition ouverte au monde
musulman - qui a résisté à l'anéantissement tout au long de l'histoire - , même s'il
semble divisé dans un premier temps. Le pasaje par le Moyen-Orient est, depuis
l'antiquité, un des obstacles à l'expansion de la culture occidentale. Aujourd'hui, a
défaut de représenter la fin de l' hégémonie des Etats-Unis, il peut mener à l'échec
du capital, de la pensée unique et de la civilisation sois-disant universelle. Les
perses, les kurdes, les chinois, les arabes, les autochtones d'Amérique et tant
d'autres au sein même de l'Occident, se soulèvent pour crier « Stop ».
La lutte des Etats-Unis pour l'hégémonie absolue peut encore causer beaucoup de
dégâts. Néanmoins, elle court le risque de se transformer en son propre calvaire.
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Source: BULLETIN DU RESEAU OILWATCH. - Numéro 37 .-Avril 2003
3. LES BENEFICES DE L'APRES-GUERRE : COMMENT UNE POIGNEE DE COMPAGNIES
OBTINT UNE INVITATION ANTICIPEE A RECONSTRUIRE L'IRAK.
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Par Sheryl Fred
12 mars 2003
Un groupe privilégié de compagnies de construction états-uniennes se bat
actuellement pour remporter un contrat lucratif avec le gouvernement, visant la
reconstruction de l'Irak de l'après-guerre. Plusieurs de ces firmes contribuèrent aux
deux dernières périodes électorales en apportant 2,8 millions de dollars, dont 68%
pour les républicains.
L'Agence pour le Développement international demanda la semaine passée aux
compagnies Bechtel Group Inc., Fluor Corp., Halliburton Co. filiale de Kellogg,
Brown & Root, Louis Berger Group Inc. et Parsons Corp., d'envoyer leurs
propositions pour une valeur de 900 millions de dollars. Cette évaluation initiale
des coûts de réparation et de construction des systèmes d'eau, des routes, des
ponts, des écoles et des hôpitaux en Irak, n'est que le premier pas de ce que Wall
Street appela « le plus grand effort gouvernemental de reconstruction depuis que
les américains aidèrent à reconstruire l'Allemagne et le Japon après la IIème
guerre mondiale. »
L' industrie pétrolière fait partie des firmes qui ont envoyé leurs contrats et qui
voudraient se trouver sur la courte liste des reconstructeurs de l'Irak. Bechtel, le
géant de l'ingénierie qui comptait parmi ses employés des personnalités comme
l'ancien Secrétaire à la défense Caspar Weinberger, l'ancien Secrétaire d'Etat
George Schultz et l'antérieur directeur de la CIA, William Casey avant qu'ils
n'acquièrent leur poste au sein du gouvernement, donna 1,3 millions de dollars
entre 1999 et 2002. Avant l'appel d'offres du projet de l'après-guerre, Bechtel dut
affronter des plaintes pour avoir contribué à l'armement de l'Irak, il y a deux
décennies. Le San Francisco Chronicle a rapporté la découverte, par un journaliste
allemand, d'un document préparé par les Nations unies et où l'Irak déclare que
Bechtel se trouvait parmi les 24 compagnies qui fournirent des armes à ce pays
dans les années '80.
Kellog, Brown & Root et une autre compagnie liée à Halliburton (qui fut dirigé par
Dick Cheney jusqu'en 2000), furent les seconds donateurs du groupe, avec une
contribution de 709.677 dollars. Halliburton donna également 170.677 dollars pour
la campagne de Bush, soit plus que l'ensemble des autres donateurs.
Fluor, qui donna près de 480.000 dollars de contribution au cours des antérieurs
tours électoraux, détient le Département de la Défense. Keneth Oscar, le viceprésident des stratégies et des services gouvernementaux de la compagnie, fut
récemment désigné secrétaire adjoint de l'Armée, où il gére un budget direct de 35
milliards de dollars par an.
Des représentants de Bechtel et d'Halliburton déclarèrent la semaine passée à des
reporters qu'il leur a été demandé de présenter des offers étant donné qu'ils ont
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réalisé des travaux similaires pour AID dans le passé. Ces deux entreprises
participèrent à la reconstruction du Kuwait, et en particulier de ses gisements de
pétrole, suite à la guerre du Golfe.
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Source: BULLETIN DU RESEAU OILWATCH. - Numéro 37 .-Avril 2003
4. URANIUM APPAUVRI - LES REDOUTABLES « BALLES D'ARGENT »
Par Cristina Hernández-Espinoza. Tierramérica
Depuis jeudi passé, les centaines de chars qui se fraient un chemin en Irak dans le
cadre de la majeure aventure belliqueuse des Etats-Unis depuis le Vietnam, sont
chargés d'un métal meurtrier qui refit sonner l'alarme parmi les
environnementalistes de la planète : l'uranium appauvri.
Les Etats-Unis lancèrent ce métal, considéré comme le champion des munitions,
durant la guerre du Golfe de 1991. Connu sous le nom de « balle d 'argent » pour
sa haute densité et son bas coût, il permet à un char de tirer à une grande distance
et avec un grand pouvoir de pénétration tout en se maintenant en dehors du
champ de tir de son ennemi.
Mais tout comme il possède de formidables capacités belliqueuses, l'uranium
appauvri est responsable de redoutables effets environnementaux. Selon les
iraquiens, le métal est responsable de la stérilité de leurs terres et de
l'augmentation des taux de cancer, de leucémie infantile, d' avortement et de
malformations parmi la population, tandis que les vétérans américains de la guerre
considèrent qu'il est la cause du « syndrome du Golfe », se manifestant par une
mystérieuse série de maladies chroniques.
Selon le Pentagone, durant l'opération Tempête du Désert, les forces étatsuniennes déchargèrent 320 tonnes de munitions depuis leurs avions A-10, ainsi
que 50 tonnes depuis leurs chars M1-Abrams et 11 tonnes depuis leurs chars et
avions AV-8, soit le même type d'armement à nouveau present en Irak, mais avec
une force de frappe nettement supérieure.
L'uranium appauvri, reconnu le Pentagone, fut un élément-clé durant la longue
bataille terrestre que livrèrent les forces iraquiennes et qui se termina avec la
victoire, le 27 février 1991, de la coalition conformée de 33 nations. Et il pourrait
l'être à nouveau, douze ans plus tard. « La principale caractéristique de l'uranium
appauvri est son extrême densité, beaucoup plus élevée que celle du fer et qui en
fait un élément-clé pour la pénétration (des cibles ennemies) », expliqua Richard
Muller, professeur du département de physique de l'université de Berkeley, à
Tierramérica.
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Lorsqu'il touche l'objectif, expliqua Muller, l'uranium appauvri n'explose pas,
comme c'est le cas du tungstène (aussi utilisé en tant que projectile), mais brûle à
nouveau en traversant sa cible, ce qui augmente ainsi son pouvoir destructeur.
Dans son état naturel, l'uranium est un élément radioactif, chimiquement toxique et
abondant dans la nature. Il se trouve dans l'eau, dans le sol, dans l'air et dans les
aliments.
L'uranium appauvri est un sous-produit du processus d'enrichissement auquel est
soumis le métal afin de produire du combustible pour les réacteurs nucléaires et
pour les composants des armes atomiques. Il est considéré 40 fois moins
radioactif que l'uranium naturel mais sa toxicité chimique est équivalente.
Steve Fetter, chargé de cours à l'université états-unienne de Maryland et expert en
armes nucléaires et radiologiques, déclara à Tierramérica que « le risque
d'exposition est dû à la toxicité chimique et non à la radiation ».
Lorsque le métal brûle, après avoir pénétré sa cible, des oxydes d'uranium peu
solubles dans l'eau ou dans les fluides corporels sont produits, signala Fetter.
Ceux-ci peuvent persister dans l'air à de hautes concentrations et être inhalés par
les personnes se trouvant sur le site de l'attaque. Ils peuvent aussi persister dans
le sol et peuvent contaminer par voie d' ingestion (enfants jouant avec de la terre
ou du sable, par exemple).
L'uranium appauvri fut utilisé il y a une dizaine d'années durant la guerre des
Balkans. Un rapport du Parlement européen estime que près de trois tonnes
d'uranium appauvri furent déchargées en Bosnie et près de 10 tonnes au Kosovo
lors d'attaques air-terre.
Le programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) fit des recherches
concernant la présence d'uranium au Kosovo en 2000, en Serbie-Montenegro en
2001 et en Bosnie-Herzégovine en 2002. Les deux premières missions «
identifièrent des restes d'uranium appauvri ainsi que la présence du métal au sein
de bio-indicateurs, comme des mousses et des lichens, et dans l'air, mais à des
niveaux tellement faibles que nous ne pouvons pas reconnaître la présence de
risques significatifs pour la population », déclara à Tierramérica Pekka Haavisto,
directeur du Programme d'évaluation de l'uranium appauvri au sein du PNUE.
Les résultats de la mission en Bosnie-Herzégovine devraient être publiés dans les
prochains jours. Néanmoins, Haavisto prévint que « il existe une grande incertitude
scientifique quant à la possible contamination des sources d'eau ».
Les restes de métal n'ont pas tous été retirés de la zone, expliqua-t-il, beaucoup
subsistent à plusieurs mètres sous la superficie du sol, d'où la persistance du
risque de contaminer les nappes phréatiques et l'eau superficielle.
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Le PNUE réclama la prise de mesures préventives et l'intensification du nettoyage
des zones affectées par la guerre.
a) JE N'AI PAS ETE AVERTI
Dans le Golfe, les recherches sur l'uranium appauvri sont rares. L'Agence
internationale pour l'énergie atomique étudia la région en 2002, mais les résultats
de la mission n'ont pas encore été publiés.
Pendant ce temps, les organisations non-gouvernementales intensifient les
campagnes internationales pour dénoncer les effets sur la population iraquienne et
aux Etats-Unis, le nombre de plaintes des vétérans du Golfe ne cesse
d'augmenter.
« Je n'ai pas été averti de l'utilisation d'uranium appauvri, ni de ses risques
potentiels », déclara à Tierramérica Doug Rokke, docteur en physique de la santé,
qui assure être victime du Syndrome du Golfe, qui s'exprime par des problèmes
des systèmes respiratoire et rénal ainsi que par des troubles de la vision.
Rokke, membre du Commando de médecine préventive de l'Armée états-unienne,
fut envoyé à la guerre du Golfe persique en 1991 avec une seule consigne: que
ses troupes reviennent en vie. Il avait pour tâche de préparer les soldats à
répondre à une possible attaque nucléaire, biologique ou chimique. Néanmoins, il
affirme que sa propre santé fut détériorée.
En tant que directeur du Projet d'uranium appauvri du Pentagone entre 1994 et
1995, Rokke dirigea le nettoyage des véhicules contaminés. Il affirme que les
autorités avaient connaissance des possibles effets sur la santé et que néanmoins,
ils ne disposaient que de masques chirurgicaux et de gants pour se protéger.
Les accusations furent systématiquement niées par le Pentagone et les
organismes spécialisés, dont l'Organisation mondiale de la Santé, OMS, assurent
ne pas avoir trouvé de preuves significatives des effets sur la santé.
Le Pentagone reconnaît que durant la guerre du Golfe, de l'uranium appauvri peut
avoir pénétré dans l'organisme des soldats exposés, par inhalation d' oxydes, par
ingestion de poussière ou par des blessures causées par des fragments de métal
projetés lors de l'impact des projectiles.
Néanmoins, un rapport de l'Institut de médecine de l'Académie nationale des
sciences des Etats-Unis conclut la limitation des évidences ou la non-association
entre l'exposition à l'uranium et les disfonctionnements rénaux ou le cancer des
poumons.
L'information disponible est encore insuffisante. Selon Fetter, de l' Université de
Maryland, « ce n'est qu'en 1994-95 que les vétérans furent soumis à des examens
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médicaux. Si des analyses d'urine avaient été réalisées 24 heures après
l'exposition, cette affaire serait réglée ».
Le Pentagone conclut que l'uranium détérioré n'a pas occasionné de préjudices à
la santé des vétérans du Golfe mais que ceux qui possèdent encore des fragments
incrustés (difficiles à extraire à cause de leur taille ou lorsque l'opération résulterait
plus dangereuse) doivent rester sous observation.
Selon Fetter, de la grosse centaine de soldats qui souffrirent une exposition
directe, 50% sont encore en vie. Douze ans plus tard, les militaires des EtatsUnis, ainsi que les militaires et les civils iraquiens, auraient des raisons de craindre
les effets d'un nouveau déploiement de ces formidables « balles d'argent ».
b) QU'EST CE QUE L'URANIUM APPAUVRI?
L'uranium appauvri est un résidu de la production de combustible destiné aux
réacteurs nucléaires et aux bombes atomiques. Le matériel utilisé par l' industrie
nucléaire civile et militaire est l'uranium U-235, un isotope pouvant subir la fission.
Comme cet isotope se trouve en très faibles proportions dans la nature, le minerai
d'uranium doit être enrichi, c' est-à-dire que la proportion en isotopes U-235 doit
être augmentée industriellement. Ce processus produit une grande quantité de
déchets radioactifs d'uranium appauvri, nommé ainsi parce qu'il est principalement
composé de U-238, l'autre isotope de l'uranium ne pouvant pas être soumis à la
fission, ainsi que d'une faible proportion de U-235.
Depuis 1977, l'industrie militaire nord-américaine emploie l'uranium appauvri pour
revêtir les munitions conventionnelles (artillerie, chars et avions), afin de protéger
ses chars, en tant que contrepoids des avions et missiles Tomahawk et comme
composant des appareils de navigation. Son ample utilisation est due au fait que
l'uranium appauvri possède des caractéristiques le rendant très attractif à la
technologie militaire. En premier lieu, il est extrêmement dense et lourd (1 cm3
pèse près de 19 grammes), ce qui permet aux projectiles possédant une tête
d'uranium appauvri de perforer l'acier blindé des véhicules militaires et des
édifices. Deuxièmement, il s'agit d'un matériel pyrophorique spontané, c' est-à-dire
qui s'enflamme en atteignant sa cible, générant tant de chaleur qu'elle provoque
son explosion.
Selon des sources officielles, en plus de 50 ans de production d'armes atomiques
et d'énergie nucléaire, les Etats-Unis ont entreposé plus de 500.000 tonnes
d'uranium appauvri, qui est également radioactif et possède une demi-vie de 4,5
milliards d'années. Pour cette raison, les déchets doivent être entreposés en toute
sécurité durant une période de temps indéfinie, ce qui est extrêmement coûteux.
Afin d'économiser de l'argent et de vider leurs dépôts, les Départements de
défense et d'énergie cèdent gratuitement l'uranium appauvri aux entreprises
d'armement de déchets radioactifs, qui pourraient déjà avoir affecté 250.000
iraquiens.
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Après la guerre du Golfe, des recherches épidémiologiques iraquiennes et
internationales ont permis d'associer la pollution environnementale due à l' emploi
de ce type d'armes à l'apparition de nouvelles maladies très difficiles à
diagnostiquer (immunodéficiences graves, par exemple) et à l' augmentation
spectaculaire de malformations congénitales et de cancers.
Cette situation clinique, connue comme Syndrome de la Guerre du Golfe, sévit tant
au sein de la population iraquienne que parmi les milliers de vétérans nordaméricains et britanniques ainsi que leurs enfants.
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Source: BULLETIN DU RESEAU OILWATCH. - Numéro 37 .-Avril 2003
5 LA COALICION DESMANTELA SISTEMAS DE AUTORIDAD NACIONAL IRAQUÍ
D’après le droit international, la souveraineté sur les ressources naturelles doit
rester aux mains des iraquiens et doit répondre aux lois humanitaires
internationales. La Force d’occupation ne peut pas jouer de son autorité afin
d’exploiter la population locale ou les ressources existantes pour son propre
bénéfice. Le pétrole est la propriété inamovible des iraquiens et ne peut pas être
utilisé ou devenir la propriété de la Force d’occupation.Néanmoins, ceci n’est pas
le cas.
En février, lors d’une conférence sur le pétrole qui se tint à Houston, de nombreux
participants croyaient que la guerre en Irak était inévitable et ce, malgré la position
des Nations unies. La question était seulement de savoir quand elle aurait lieu. La
guerre débuta le 20 mars. Les Etats-Unis, conjointement avec le Royaume-Uni,
dirigèrent l’invasion sans le consentement de l’ONU.
La guerre dura moins de trois semaines. La statue de Saddam fut détruite le 9
avril, en l’absence presque totale de résistance provenant de la Garde républicaine
ou de quelque autre force iraquienne.
La résolution numéro 1483 de l’ONU définit les forces de la coalition comme une
force d’occupation possédant le titre d’Autorité. Ainsi, l’organisme mondial légitima
l’occupation et le contrôle légal fut transféré à l’Autorité provisionnelle, aux mains
de la coalition et désormais appelée la Coalition Provisional Authority (CPA).
La CPA commença par démanteler l’armée, les forces de sécurité, la parti Bath’, la
police, le ministère de l’information, les industries appartenant à l’armée et de
nombreux autres organismes du régime de Saddam.
Ce démantèlement créa un grand vide dans le pays car aucune autorité iraquienne
ne remplaça celle qui fut détruite.
Au début du mois de juin, la CPA annonça son intention d’abandonner l’idée de
convoquer à un congrès national et opta, à sa place, pour un Conseil politique
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composé de 25 à 30 membres qui serait transformé, à long terme, en une
Administration iraquienne par intérim.
Le plus probable est que la CPA garde le contrôle de l’Irak pendant au moins deux
ou tríos ans. Le rôle de l’ONU continue à être insignifiant.
Economiquement, et en dehors de celles qui concernent le trafic d’armes, les
sanctions de l’ONU furent levées et il fut octroyé, à la CPA, le contrôle du nouveau
Fonds de développement iraquien. Tous les futurs bénéfices publics provenant du
pétrole, ainsi que les capitaux iraquiens bloqués à l’extérieur et l’aide monétaire
pour l’Irak, seront déposés sur le Fonds de développement iraquien afin d’être
dépensés selon ce qu’établira la CPA après avoir consulté l’Administration
iraquienne par intérim.
La résolution 1483 du Conseil de sécurité de l’ONU détermina que les futures
ventes de pétrole devront se faire selon les pratiques du marché et devront être
sujettes à une audit. réalisée par un comité international.
Philip Carroll, chef du Comité de consultation, supervise actuellement l’industrie
pétrolière iraquienne, ainsi que d’autres secteurs, pour le compte des états-uniens.
L’administration iraquienne par intérim, composée des fonctionnaires pétroliers
actuels, fut installée le mois passé. Jusqu’à présent, ni les iraquiens, ni les étatsuniens ne se sont prononcés concernant les politiques pétrolières à court ou à long
terme.
Néanmoins, l’objectif à court terme est de concentrer tous les efforts nécessaires
durant les deux ou trois prochaines année,s afin de réhabiliter et d’améliorer la
capacité de production de pétrole brut pour qu’elle retrouve le niveau qu’elle avait
avant 1990. Les entreprises étrangères participeront au forage, à la construction,
etc.
De grandes compagnies pétrolières ont exprimé leur intérêt de participer au
développement de l’extraction de pétrole brut une fois mis en place un
gouvernement approuvé par le peuple iraquien et internationalement reconnu.
Cette participation, si elle arrive à se matérialiser pleinement, ouvrira les portes à
des investissements estimés entre 30 et 40 milliards de dollars.
Néanmoins, la question des réparations dues pour avoir mené une guerre violant
franchement les lois internationales et la charte des Nations unies, doit être traitée.
L’Irak a payé des milliards de dollars au Kuwait et à d’autres pour les invasions
illégales opérées durant les années 1990. La même règle devrait être appliquée
dans ce cas, en obligeant les Etats-Unis, le Royaume-Uni et les autres membres
de la coalition à payer pour les dégâts causés en Irak.
Il est clair aujourd’hui que l’administration des Etats-Unis, dans sa tentative de
domination globale, ne tolèrera pas les limitations imposées par le droit
international et par la charte des Nations unies. Il ne faut pas oublier que l’ONU
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distraite est une ONU qui penche déjà du côté de la vision impérialiste des EtatsUnis.
Dans ce contexte, il faut mentionner le PNAC ou Project for a New American
Century (Projet pour un nouveau siècle américain), un groupe fondé en 1997 et qui
a incité, depuis sa fondation, à mener une guerre contre l’Irak. Le PNAC était la
force stimulatrice de l’élaboration et de l’approbation de l’Acte de libération
iraquienne, un acte en apparence légal qui cachait le véritable dessein de ce
conflit. Récemment, le PNAC a créé un nouveau groupe nommé Comité pour la
libération de l’Irak. Conformé exclusivement des membres du PNAC, ce comité à
lancé un processus « d’éducation » des états-uniens par le biais d’informations
cablées qui présentent les raisons pour lesquelles une guerre contre l’Irak était
nécessaire. Ce groupe s’est réuni récemment avec Condoleezza Rice afin de
traiter de la forme et des mohines à utiliser pour cette éducation.
Le PNAC est constitué des personnes suivantes : le vice-président Dick Cheney ;
son principal conseiller national à la sécurité, Lewis Libby ; le secrétaire à la
défense, Donald Rumsfel ; le sous-secrétaire à la défense, Paul Wolfowitz, qui est
presque indiscutablement le père de l’idéologie du groupe et qui est, en plus, lié au
contrôle des armes et de la sécurité internationale au sein de l’administration Bush.
L’objectif est de transformer les Etats-Unis en l’unique superpuissance d’un empire
mondial basé sur la force.
La relation entre le PNAC et le secteur industriel est claire. C’est par exemple le
cas du consortium pétrolier Halliburton et de sa filiale Brown & Root, dont Cheney
fut le président.
Brown & Root s’est chargé de la construction des bases militaires permanentes
états-uniennes au Kosovo ; il a aussi travaillé conjointement avec le gouvernement
en Algérie, en Angola, en Bosnie, en Birmanie, en Croatie, à Haiti, au Nigeria, au
Rwanda et en Somalie, durant les pires époques de leur histoire. De nombreux
groupes écologistes et de défense des droits de l’homme affirment que Halliburton
et Brown & Root furent stratégiquement mêlés à ces fiascos. Récemment, Brown
& Root signa un contrat avec le département de la défense pour la construction de
cellules destinées aux prisonniers de la baie de Guantanamo, à Cuba.
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Source: BULLETIN DU RESEAU OILWATCH. - Numéro 40 .- Juillet 2003
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