Christian Ruefli : « le football m`a donné confiance

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Christian Ruefli : « le football m`a donné confiance
Christian Ruefli : « le football m’a donné confiance en moi »
5 juillet 2012, 09:54
Il est grand, élancé comme un joueur de basket et a « la rage de vaincre »…
Questions d’un journaliste…
Quelles sont vos qualités sur le terrain ?
Ruefli : Sur le terrain, on a ses qualités mais on a aussi ses défauts. Je suis un
arrière accrocheur, je crois, mais sans brutalité. Je n’ai jamais vu le carton rouge.
Vous aimeriez jouer dans une toute grande équipe ?
Ruefli : Quel joueur ne le voudrait pas… On peut rêver de grandes formations
anglaises ou allemandes. Pour l’instant, je suis bien ou je suis.
Il est grand, élancé comme un joueur de basket et a « la rage de vaincre ». Malgré
les tâches ingrates dévolués à un arrière, Ruefli se considère comme un joueur
offensif et il a même réussi quelques buts de bonne facture : « j’aime le jeu offensif.
Le football aujourd’hui a évolué. Un arrière doit monter et s’intégrer à l’attaque. C’est
la raison pour laquelle les arrières marquent des buts car les adversaires ne se
méfient pas d’eux. Combien de fois ne m’a-t-on pas dit : « tu n’arriveras jamais à
marquer » Aujourd’hui, une réflexion comme celle-là est dépassée. Enfin je pense
que le côté psychologique est important non seulement pour les joueurs mais surtout
pour l’entraîneur. Un entraîneur qui n’est pas psychologue n’arrivera jamais à rien. »
Mais qui est ce Ruefli qui disserte ainsi sur le bon profil d’un arrière moderne ?
Christian Ruefli est né en 1953 à Lausanne et commence le football au LausanneSports. Son métier exigeant qu’il apprenne les langues étrangères, il rejoint le
prestigieux … Eintracht Francfort ! Il ne joue toutefois qu’avec les amateurs puis part
en Angleterre. Revenu à Genève en juillet 1976, il séduit alors Roger Vonlanthen à la
recherche d’un grand gabarit (1 mètre 84) pour étoffer la défense du CS Chênois.
Les pensionnaires des Trois-Chênes vivaient alors une exaltante et vivifiante
aventure en LNA et Christian Ruefli s’intègre peu à peu dans le onze de base.
Schnyder marque sous les yeux des défenseurs chênois dont Christian Rufli , victoire de Servette 1-5 (15.10.1978)
Chênois en LNA
Lorsque Christian Rufli arrive, le CS Chênois entame sa quatrième saison de LNA.
Les figures emblématiques de l’entraîneur Peter Pazmandy et du défenseur Lucio
Bizzini ont déjà rejoint les Charmilles mais Chênois compte dans ses rangs le
Tunisien Ian Manai, le Marocain Yaghcha Mustapah et quelques autres joueurs de
talent. Le club est plus ou moins directement aux prises avec la lutte contre la
relégation chaque saison mais parvient sans cesse à se maintenir. En championnat,
les derbys contre Servette se soldent systématiquement par des victoires
servettiennes jusqu’à ce qu’en août 1977, Chênois prenne une fois le dessus (1:0), le
coach André Bosson, ancien servettien, est alors à la barre. A l’été 1978, c’est le
Français Hervé Revelli, cinq fois champions de France et finaliste de la Coupe
d’Europe avec Saint-Etienne qui prend le club en main avec la volonté d’en
accentuer encore la vocation formatrice. Sur le terrain, il souhaite accorder le
maximum de liberté à ses joueurs et cite en exemple l’apport offensif du latéral
Christian Ruefli. Sa première saison (1978-1979) est la plus aboutie : le CS Chênois
échoue d’un rien en demi-finale de la Coupe de Suisse contre Young Boys et rate
ainsi une finale contre Servette…
Hamberg est à terre mais marque sous les yeux… de Christian Rufli (coupe de la ligue, 12 nov. 1978 Chênois-Servette 2-4)
L’interview de Christian Ruefli
L’interview de Christian Ruefli citée en début d’article date de peu après la demifinale perdue à Berne. Le défenseur du CS Chênois y évoque le rôle essentiel de la
confiance avant d’entrer sur le terrain : il surpasse selon lui celui de la volonté et
encore plus celui de la technique. A cet égard, il rappelle le rôle de l’entraîneur pour
souder l’équipe et insuffler la confiance. Au niveau de ses qualités personnelles, il
évoque sa vitesse, un bon jeu de tête, une absence de peur face aux chocs mais
reconnait aussi la nécessité de progresser techniquement. Il confesse être moins à
l’aise contre des attaquants de petite taille, capables de se tourner en dribblant
beaucoup plus vite. Il insiste également sur le rôle de l’amitié au sein de l’équipe du
CS Chênois et évoque son goût pour le rugby.
Peterhans marque le deuxième but servettien sous les yeux de… Christian Rufli (31 mars 1979, Servette-Chênois 5-1)
La chute en LNB
Pour parer au départ de Scheiwiler, un certain Michel Pont passe de la Fontenette
aux Trois-Chênes au cours de l’été 1979. Première édition d’une association PontRufli, vite interrompue par une blessure de Michel Pont qui l’obligera à raccrocher
ses crampons bien prématurément. Malheureusement, le torchon brûle entre Revelli
et les responsables du CS Chênois et sur le terrain, les joueurs font désormais
souvent preuve d’une brutalité inaccoutumée. En septembre 1980, Chênois accroche
Servette aux Trois-Chênes (2:2) mais cette saison-là se soldera par une chute en
LNB. Christian Ruefli passe alors libéro et a la charge de diriger la défense, un rôle
dans lequel il semble moins à l’aise même s’il ne s’était jamais confiné au poste de
latéral ou de stoppeur mais avait pris l’habitude de souvent permuter. En 1984, il
assume un temps l’interim au poste d’entraîneur en attendant l’arrivée de Roberto
Morinini. Un heureux événement : le 22 janvier 1988 naissait Vincent Ruefli ! La saga
footballistique familiale aura encore de beaux jours devant elle… Quant au papa, il
emmenait l’année suivante Collex-Bossy en première Ligue en compagnie des vieux
briscards Raul Nogues et Jean-Paul Fernandez.
Matthey marque sous les yeux de… Christian Ruefli (05 avril 1981, Servette-Chênois 3-1)
L’impossible décolage d’un deuxième club genevois ?
Cet épisode avec le CS Chênois dans le rôle de deuxième club genevois marque
l’utime présence de deux clubs genevois au plus haut niveau de l’élite sur une
période prolongée. La LNA verra par la suite son nombre d’équipes réduit et il n’y a
guère que Zurich qui peut s’offrir deux équipes dans cette catégorie de jeu. Club au
moyen modeste, tributaire d’un stade peu compatible avec le haut niveau (déjà !),
Chênois, tout en s’attirant les sympathies, devra se contenter d’affluences modestes,
sans commune mesure par exemple avec celles d’Etoile Carouge lors du bref
passage des Stelliens en LNA (1977-1978). Entre sa majesté Servette et le manant
CS Chênois, l’écart était aussi trop patent pour que le derby puisse devenir une
institution comme l’avaient été les rencontres contre Carouge avant-guerre ou UGS
dans les années 1950. Pourtant, le rôle de prospection et de révélation de talents du
CS Chênois était extrêmement précieux. Servette récupérera ainsi Peter Pazmandy,
Lucio Bizzini, Yaghcha Mustapha, Gilbert Castella… Le CS Chênois a également été
un pionnier suisse au niveau de l’accueil de footballeurs africains. Aujourd’hui, le club
des Trois-Chênes, toujours en délicatesse avec son stade, est bien loin de l’élite. En
attendant des jours meilleurs ?
Il n’y avait pas encore Youtube, mais quand un Ruefli marquait, c’était déjà spectaculaire, en témoigne le portier saint-gallois
Schuepp (25 septembre 1978, CS Chênois-Saint-Gall 2-1)
Jacky Pasteur et Germinal Walascheck
Les enfants du Servette - www.super-servette.ch