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Cécile BOUYER RAPPORT DE STAGE DE MAITRISE DE PSYCHOLOGIE CLINIQUE A ENVOL ETUDE D'UN CAS : Stimulation basale et polyhandicap Mme LIPOWCZYK Année 1997-1998 1 PRESENTATION G. est un jeune adulte polyhandicapé de 21 ans. Il est le deuxième d'une fratrie de deux garçons. Son frère aîné est âgé de 34 mois à sa naissance. G. est un jeune grand et maigre se déplaçant difficilement. Il est néanmoins capable de marcher seul mais se tient souvent courbé et la démarche est mal assurée avec des pertes d'équilibre. Les mains sont rigides. Leur ouverture et la préhension volontaires sont difficiles. D'importants troubles neurologiques expliquent ces troubles. G. présente également d'importants troubles visuels dont nous ne connaissons pas complètement l'étendue. Il voit et recherche la lumière. Ce serait la seule situation de perception visuelle décelée. Les crises d'épilepsie sont pluri-quotidiennes, parfois généralisées mais le plus souvent partielles. ANAMNESE G est né à terme le 17 mai 1977 après un accouchement eutocique. La grossesse a été marquée par une toxoplasmose maternelle. Le poids de naissance est de 2960 grammes. La taille et le périmètre crânien de naissance ne sont pas mentionnés dans le carnet de santé. L'enfant était cyanose à la naissance mais n'a pas nécessité de réanimation. Il a néanmoins été désobstrué et oxygéné. L'Apgar à 1 minute était de 7 et à 5 minutes de 10. Le liquide méconial était teinté. Il a été évoqué une ischémie centrale mais sans certitude. A la 48ème heure de vie, des convulsions sont apparues et ont duré 15 jours. Période néonatale. Il y a eu des difficultés précoces de l'alimentation et du sommeil. L'allaitement était mixte. G. quitte l'hôpital le 4 juin avec un poids de 3020 grammes, une taille de 51 cm et un périmètre crânien de 35,5 centimètres. A 3 mois, G. a présenté une infection urinaire qui a nécessité une hospitalisation. A 4 mois 1/2, le développement psychomoteur était toujours normal. 2 A 7 mois, l'EEG pratiqué était normal. Le périmètre crânien sort des normes dès ce moment et prend la forme d'une microcéphalie. A un an, il a été hospitalisé pour bilan psychomoteur et périmètre crânien à 43 cm. L'EEG était devenu asymétrique et montrait une comitialité de sommeil. A 13 mois, la tomodensitométrie montre une atrophie cérébrale localisée au niveau des lobes occipitaux. Les courbes de poids et de taille sont normales jusqu'à 3 ans. A 4 ans, une intervention sur les deux yeux n'a décelée aucune anomalie anatomique. A 4 ans ½, l'EEG est redevenu normal (l'examen est fait alors que l'enfant est sous antibiotique). De 5 ans à 13 ans, les EEG pratiqués ont montré de nombreux éléments paroxystiques comme les précédents. Les PEA sont peu présents mais les résultats sont à prendre avec certaines réserves étant données les perturbations de l'EEG. Le caryotype pratiqué sur les chromosomes4 à 46, XY (RHG) ne présente pas d'anomalie chromosomique sur les cellules examinées en culture. Il n'y a pas de fragilité du chromosome X. A 15 ans, une IRM et un scanner passés à Tours montrent des petites particularités évoquant un problème d'ischémie cérébrale néonatale. DIAGNOSTIC Les diagnostics posés pendant son enfance sont ceux d'autisme avec absence de parole, déficit visuel, moteur et cognitif, microcéphalie et épilepsie. Actuellement, on parle plutôt de polyhandicap avec épilepsie et déficit visuel. DEVELOPPEMENT ATTEINT Le niveau de développement atteint est très bas. J'ai fait passer à G deux échelles de développement : l'échelle de développement psychomoteur de la première enfance de Brunet et Lézine et, l'échelle d'évaluation pour polyhandicapés profonds de Fröhlich. 3 Au Brunet-Lézine, le profil est très hétérogène avec un meilleur niveau en posture (12 mois). Les autres domaines de développement étant nettement plus déficitaires : • Coordination: 1 mois et 15 jours • Socialisation : 2 mois et 20 jours • Langage : 2 mois L'âge de développement global est de : 4 mois et 15 jours L'échelle d'évaluation pour polyhandicapés profond permet d'affiner les résultats obtenus au Brunet-lézine. Cette échelle confirme l'importance du retard et l'hétérogénéité du profil. Les résultats sont les suivants : • Modalités d'interaction : Niveau I (0-3 mois) : émergent (en voie d'acquisition). G. réagit en souriant au toucher, à la voix et lorsque l'on met notre visage face au sien. Il ne s'apaise pas complètement lorsque l'on lui parle mais il sourit néanmoins. Il est encore difficile pour G. de se laisser tranquilliser lorsqu'il crie ou pleure. En raison de son déficit visuel, il ne nous regarde pas et ne peut suivre nos mouvements de va et vient de la tête. • Réactions au langage : Niveau I (0-3 mois) : émergent. II se calme quand on lui parle gentiment et semble écouter par moment. • Productions vocales et verbales : Niveau I (0-3 mois) : non acquis G va crier s'il se sent gêné par quelque chose. Il ne produit aucun autre son. • Entendre et écouter : Niveau I (0-3 mois): émergent G n'aime pas les claquements de mains forts et écoute dès qu'il y a un bruit mais la différence bruit/silence doit être nette. Il écoute très peu de temps des sons monotones et rythmés et se calme quand on lui parle tendrement. 4 • Voir et regarder : Niveau I (0-3 mois) : émergent II peut fixer une lampe de poche clignotante ou fixe pendant quelques instants si la pièce est plongée dans l'obscurité mais surtout avec l'oeil droit. Il peut également suivre un mouvement de va et vient de cette même lampe très lentement et plutôt de droite à gauche. • Toucher et manipuler : Niveau I (0-3 mois) : acquis G maintient son poing fermé la plupart du temps, peut tenir le pouce dans le poing, saisit un hochet volontairement ou non surtout avec la main gauche et ouvre la main gauche plus que la droite. Quand on lui touche la paume de sa main avec différentes matières, il essaie d'attraper le dur mais pas le mou. Il essaie parfois de retirer ses mains de quelque chose qui le dérange et porte sa main à la bouche. • Mouvements du corps entier : Niveau III (6-7 mois): acquis II est capable de se tourner du ventre sur le dos puis à nouveau sur le ventre, il parvient à s'asseoir en tirant sur les mains de quelqu'un et se tourne du ventre sur le dos en un seul mouvement. Lorsqu'il est couché sur le dos, il soulève sa tête. Il peut rester assis par terre sans aide ni soutien du dos. • Boire et manger : Niveau II (4-5 mois): acquis G bouge sa mâchoire de haut en bas avec un mouvement de rotation quand il mâche. La langue semble brasser les aliments dans la bouche. G sait grignoter un biscuit. Il ne garde pas toujours la bouche fermée lorsqu'il mâche. PRISE EN CHARGE ACTUELLE G a été admis dans une MAS (Maison d'Accueil Spécialisé) spécialisée dans l'autisme et fonctionnant en externat. Un changement de groupe s'inscrivant dans une restructuration générale de l'établissement vient de ponctuer la prise en charge de G. Il est actuellement accueilli sur un groupe calme comportant deux autres jeunes, une jeune fille atteinte de troubles neurologiques et un jeune autiste relativement calme. Son emploi du temps laisse une large place au repos et à l'alimentation. G doit effectivement avoir des repas fractionnés avec trois collations vers 10 h, 14 h et l6 h30. Il est très fatigable et son épilepsie étant aggravée par le manque de repos, de nombreux moments de détentes sont prévus avec une sieste après le déjeuner. 5 G. bénéficie donc d'activités sur son groupe, d'une prise en charge en psychomotricité et d'une autre en kinésithérapie. Il participe également à plusieurs ateliers. Activités sur son groupe : Cela concerne la stimulation sensorielle auditive, visuelle et tactile à sa table de travail. Ces activités consistent en tâches qu'il fait seul avec son éducatrice. Elles visent à tenter d'éveiller au maximum ses sens ainsi que d'entretenir sa motricité. Par exemple, au niveau du toucher et de la préhension, il lui est proposé de passer ses mains sur différents matériaux (légos, tampon-jex, coton, moquette) ainsi que de saisir des balles afin de l'aider à ouvrir ses mains. Une boite à formes a été construite spécialement pour lui avec des pots de yaourts qu'il doit faire tomber dans une grande boite en appuyant dessus. Au niveau de l'ouïe, des objets musicaux (appeaux, hochets) sont utilisés à une distance variable de son oreille, d'abord proche puis en s'éloignant doucement. Psychomotricité Les séances ont lieu trois fois par semaine en individuel auxquelles s'ajoutent une séance de relaxation en groupe et une séance en piscine également en groupe. Les séances de psychomotricité sont divisées en deux parties : l'une dite dynamique avec un parcours d'obstacles à franchir, de sauts sur le trampoline et, l'autre statique sous forme de relaxation en musique. Le projet de psychomotricité vise à : • Travailler sur la motricité générale. • Travailler sur le contrôle moteur. • Travailler sur le mode sensoriel par le biais de la relaxation. Kinésithérapie G. bénéficie de deux séances par semaine de massages et d'étirements des articulations afin de faciliter la digestion et le transit intestinal ainsi que d'assouplir les articulations qui ont tendance à se rétracter. 6 Les séances visent à : • Libérer les membres supérieurs de leur rétractions, de la spasticité. • Améliorer le schéma corporel, l'équilibre. • Détente, relaxation. Equitation G est obligé d'être accompagné sur le cheval par un éducateur car il manque d'équilibre et ne peut se maintenir seul. Auparavant, il pouvait être lâché au bout de deux ou trois minutes ce qui n'est plus possible. Piscine G a deux séances de piscine par semaine en groupe dont l'une avec la psychomotricienne. Il est bien détendu, bouge beaucoup et se déplace d'un bout à l'autre de la piscine en étant maintenu par des bouées. Quand il se trouve au fond du bassin, il ferme sa bouche et retient sa respiration mais n'a pas le réflexe de remonter. Atelier musique II est attentif, écoute les productions sonores des autres jeunes et manipule quelques instruments (tam-tam, castagnettes, percussion, grelots, clavier). Mais l'activité ne doit pas durer trop longtemps sinon, il fait une crise d'épilepsie. 7 PROPOSITIONS DE PRISE EN CHARGE A la suite des évaluations, j'ai proposé un nouveau projet pour G. Celui-ci est toujours axé sur le domaine sensoriel et peut s'effectuer dans le cadre de plusieurs ateliers ou prise en charge spécifiques comme la psychomotricité. L'objectif est de permettre à G. se s'ouvrir au monde extérieur par une meilleure perception et compréhension de ce qui, l'environne. Tous les sens doivent donc être stimulés et le travail se réfère à la théorie de Fröhlich qui a donné naissance à la stimulation basale. Le principe de la stimulation basale est d'après Fröhlich « de favoriser chez la personne polyhandicapée une meilleure perception et une meilleure intégration des stimuli somatique et sensoriel à la base de toute évolution psychoaffective et intellectuelle ultérieure ». « Cette approche propose donc un éveil progressif de tous les domaines sensorimoteurs tenant compte à la fois du stade évolutif et du handicap associé du bénéficiaire. » (Fröhlich, 1987.)1 « L'idée de la stimulation basale doit imprégner tous les actes de la vie quotidienne, tous les soins, et non seulement les moments de prise en charge pédagogique spécifique » (Fröhlich, 1987). Stimulation vibratoire Buts généraux d'après la théorie de Fröhlich : D'après Fröhlich, la stimulation vibratoire a pour but d'apprendre au sujet que les sensations physiques « non saisissables » ni « palpables » sont malgré tout importantes. Cela se passe principalement au travers de la voix de l'adulte réfèrent. Cela consiste également à faire vivre au jeune d'autres expériences ayant un caractère informatif et esthétique. Par exemple, les vibrations permettent " d'entendre « un morceau de musique et d'en apprécier sa beauté. La relaxation et la musique permettent d'effectuer une stimulation vibratoire. 1 FRöHLICH A. La stimulation basale : aspects pratiques. Genève, LL, 1987. 8 Buts pour G. : Lui faire ressentir un certain nombre de stimulations vibratoires de différents types afin de lui faire découvrir son corps. Moyens utilisés: • Poser sur différentes parties du corps de G. des objets tels que haut-parleur, grosses cymbales, grosse caisse afin de lui faire sentir les vibrations. • Poser ses mains sur un gong chinois et des bâtons musicaux afin de lui faire ressentir les vibrations dans les mains et les bras quand on utilise l'instrument. • En positionnant ses mains sur son cœur et/ou en utilisant un stéthoscope, on lui permet de sentir les vibrations liées aux battements réguliers de son cœur. • De la même façon en lui plaçant les mains sur la gorge de la personne qui parle, on lui permet de faire le lien entre les sons entendus et les vibrations des cordes vocales de la personne qui parle. • Ensuite, il est possible de faire de même avec sa gorge quand il émet des sons. Stimulation vestibulaire Buts généraux d'après la théorie de Fröhlich : La stimulation vestibulaire donne à l'enfant un maximum d'informations relatives aux positionnements de son corps dans l'espace. Cela permet la perception des mouvements d'ascension et de descente, la force de gravité et les mouvements de rotation. Mais, cela permet en premier lieu à la personne polyhandicapée de faire le lien entre des expériences visuelles, tactiles ou proprioceptives et les mouvements de son corps. Buts pour G. : Lui permettre d'acquérir un meilleur équilibre et d'intégrer les perceptions sensorielles dans un climat de détente et de plaisir. 9 Moyens utilisés : • Pousser G d'avant en arrière sur une balançoire comportant un dossier. • Le faire tourner de gauche à droite puis de droite à gauche sur une chaise tournante. • L'allonger sur un cube posé sur une planche permettant un balancement d'avant en arrière ou de gauche à droite. • Allonger G. dans un hamac complètement fermé et le faire tourner sur lui-même avec le filet du hamac. Stimulation orale Buts généraux d'après la théorie de Fröhlich : Le principal but est de rendre la bouche sensible aux impressions nouvelles et d'apprendre à l'enfant à les tolérer. Le but secondaire est de faciliter l'articulation buccale. Buts pour G. : Faciliter les mouvements de mastication et de déglutition d'aliments solides et de liquides. Moyens utilisés : « Varier la consistance et la texture des aliments que l'on propose à G. (dur, mou, liquide, pâteux, etc... tout en respectant le régime alimentaire qui doit être strict). • Le laisser porter des jouets de type hochet à la bouche et les mordiller. Stimulation gustative Buts généraux d'après la théorie de Fröhlich : La stimulation gustative fait partie intégrante pour Fröhlich de la stimulation orale et les buts sont par conséquent identiques. 10 Buts pour G. : Permettre à G. de découvrir différentes saveurs : sucré, salé, acide et amer et de pouvoir développer des préférences alimentaires. Moyens utilisés : • Utiliser les moments de repas pour travailler la stimulation gustative en même temps que la stimulation orale. Les aliments choisis doivent respecter le régime alimentaire de G. Il est important de laisser quelques minutes de " repos " entre deux aliments différents et de le faire boire afin que les différents goûts ne se mélangent pas. Par exemple mettre quelques gouttes d'essence ou d'aromates sur les jouets que G. mâchouille et, lui faire boire différents liquides mélangés à de l'eau ou en imprégner de petites éponges. Stimulation olfactive Buts généraux d'après la théorie de Fröhlich : La stimulation olfactive est imbriquée avec la stimulation gustative pour former la stimulation orale. Les buts sont donc les mêmes que ceux décrits dans la stimulation orale. Buts pour G. : Développer la sensibilité olfactive de G. afin de différencier le sentiment de mal-être du bienêtre lié aux odeurs (par exemple transpiration/eau de toilette). Moyens utilisés : • Utiliser des essences variées présentées présentant les caractéristiques : douce, forte, piquante, sucrée, aigre, etc... afin de les faire sentir à G. Observer quelles sont ses préférences et présenter des essences de plus en plus proches sur le plan olfactif. • II est important de respecter un intervalle d'environ 10 respirations entre deux senteurs afin de permettre au nez de retrouver sa sensibilité. • Les essences peuvent être fabriquées à partir de petits sac e tissus remplis d'objets odorants ou imprégnés de liquide. • Le loto des senteurs peut également être utilisé en partie à condition de soigneusement sélectionner les flacons présentés. 11 Stimulation auditive Buts généraux d'après la théorie de Fröhlich : II s'agit de faire découvrir au jeune que les émissions sonores peuvent être porteuses de signification pour lui. Pour ce faire, l'enfant doit différencier la perception vibratoire de la perception sonore. Cela permet dans un deuxième temps de développer une orientation spatiale acoustique dans le sens de la perception que tout bruit a obligatoirement une source. Pour finir, la stimulation acoustique doit faire prendre conscience à l'enfant qu'il peut émettre lui-même et volontairement toutes sortes de sons. Buts pour G. : Aider G. à prendre conscience des bruits qui l'entoure et lui permettre d'extraire un bruit particulièrement signifiant pour lui du brouhaha environnant. Cela implique naturellement qu'il puisse discriminer la différence silence/son et qu'il comprenne que chaque bruit ou son a une signification propre. Moyens utilisés : • En utilisant un réveil à aiguilles ou un métronome, lui faire écouter le tic-tac régulier d'une oreille puis de l'autre en faisant constater le silence entre deux stimulations. • Pour le réveil, il est également possible de le faire sonner afin de faire discriminer la soudaineté et la brièveté du son. • Pour permettre la discrimination silence/son, passer de la musique puis l'arrêter brusquement au milieu du morceau et faire constater le silence. • Poser les mains de G. sur les touches d'un orgue électrique afin qu'il produise des sons lors de ses mouvements. Cela doit lui permettre de prendre conscience de sa participation à la production de sons. • Afin d'aider G. à se sentir producteur actif de son, il est utile de fabriquer des jouets musicaux en remplissant des pots de yaourts de bille, sable, cailloux, perles, eau, etc. Il lui suffit de secouer les jouets pour produire différents sons. • En lui faisant écouter des bruits de la vie quotidienne : lave-linge, aspirateur, robinet, téléphone, radio pendant qu'il touche les appareils produisant les sons, on développe la compréhension de son environnement sonore. 12 Perception du rythme Buts généraux d'après la théorie de Fröhlich : Faire le lien entre l'écoute et les mouvements. Buts pour G. : Découvrir une régularité et une prévisibilité dans le chaos ambiant. Moyens utilisés : • Utiliser le métronome afin de lui faire percevoir un rythme régulier et lent dans un premier temps puis plus rapide. • II est également possible de lui faire écouter son rythme cardiaque avec un stéthoscope. • Pour la perception d'un rythme corporel, allonger G. sur un gros ballon que l'on bouge, permet de lui faire prendre conscience du rythme des mouvements corporels. Stimulation tactile et de la préhension. Buts généraux selon la théorie de Fröhlich : La stimulation tactile concerne la sensibilité de la paume et de l'intérieur des doigts, principalement de leurs extrémités. La stimulation de la préhension vise à développer une plus grande participation active de l'enfant dans la recherche d'impressions par des mouvements de sa main ou de ses doigts. La première phase consiste à faire sentir à l'enfant un objet avec sa main, puis, dans un deuxième temps, à lui donner la possibilité de les ouvrir et de réaliser des ébauches de mouvements. Buts pour G. : 1°) Lui faire sentir un objet avec ses mains. 2°) Lui donner la possibilité d'ouvrir ses mains et d'ébaucher des mouvements. - Mettre dans ses mains ouvertes des cubes réfrigérants, glaçons ou autres objets froids. Puis après quelques secondes de repos, utiliser le sèchecheveux sur ses mains. Il faut bien entendu veiller à ce que le souffle ne soit 13 pas trop chaud. Ceci permet de développer sa sensibilité tactile aux contrastes importants froid/chaud et de pouvoir manifester du bienêtre à une certaine température agréable pour lui. - II est également intéressant de lui faire prendre différents matériaux : cailloux, brosses, pinceaux, bois, tissus, coton, balles, etc... Il faut laisser les objets de 30 à 60 secondes afin qu'il s'habitue peu à peu à garder les mains plus ouvertes et à saisir un objet. - On peut également lui faire brasser ces objets avec les mains afin de les glisser entre les doigts. Les deux mains doivent travailler en alternance. - Afin de faciliter l’ouverture des mains, il peut être utile de placer une boule de gaz dans ses mains en attachant une partie derrière la main afin de la maintenir en place. Le diamètre doit être celui du cercle formé par le pouce et l'index. - Lui faire toucher avec la paume de la main et les doigts étendus des planches tactiles fabriquées pour lui. Il doit y avoir une surface de matières différentes par planche telles que moquette, papier de verre, papier de soie, gazon artificiel, ficelle, clous dont les têtes sont de différents diamètres, cubes, aluminium, liège, paillasson, légo, crayons à papier. Ceci permet d'exercer et d'affiner sa sensibilité tactile. Il est donc nécessaire de commencer par seulement deux ou trois matières différentes et fortement contrastées : doux, rugueux, dur. Stimulation visuelle et coordination Buts généraux d'après la théorie de Fröhlich : L'un des buts de la stimulation visuelle vise à améliorer et à activer la capacité du nerf optique. Dans un deuxième temps, l'enfant peut apprendre que le monde n'est pas constitué uniquement de contraste clair/obscur mais que les personnes et les choses ont également une forme (gestalt). Cela implique d'apprendre à coordonner le mouvement de ses yeux. Buts pour G. : L'aider à discriminer avec intérêt des formes en mouvement ou statiques grâce au contraste clair/obscur. Cela implique de développer d'avantage la perception de la lumière en diminuant petit à petit y intensité de celle-ci. 14 Moyens utilisés : • Projeter la lumière d'une lampe-stylo dans chaque œil développer le réflexe photo-moteur normal. à tour de rôle afin de • Dans une pièce obscure faire suivre à G. la pointe d'une petite lampe lumineuse que l'on promène très lentement de gauche à droite puis de droite à gauche dans un mouvement de va et vient. Il peut être nécessaire de commencer par une grosse torche avant d'arriver à une lampe-stylo. « Avec des spots, projeter une lumière de différentes couleurs sur un mur blanc situé dans une pièce obscure. • Dans un deuxième temps, projeter une lumière vive de couleur sur un objet de taille moyenne et familier (jouet, assiette, couche, etc.). Ceci pourra aboutir dans un lointain avenir à travailler à partir d'ombres chinoises : l'objet éclairé sera alors placé derrière un drap blanc et observé par transparence. Il convient d'être prudent et de déplacer le faisceau lumineux très lentement afin d'éviter les flashs générateurs de crises d'épilepsie. • Afin de remplacer la coordination oculo-manuelie impossible en raison du handicap visuel de G., il faut travailler une coordination palliative d'orientation vers un objet au moyen d'un son. Pour ce faire, l'aider à faire tomber des objets sonores (hochet, balle musicale) par terre et à s'orienter vers lui en utilisant l'audition. Stimulation de la communication Buts généraux d'après la théorie de Fröhlich : II ne s'agit pas d'apprendre au jeune polyhandicapé à parler mais plutôt de lui ouvrir le domaine de la communication pré-verbale active et de favoriser chez lui une compréhension élémentaire du langage. Buts pour G. : Lui faire prendre conscience des personnes se trouvant autour de lui et lui apprendre que le contact avec autrui peut-être agréable et apaisant. Il est également important de l'aider à anticiper les événements en lui présentant un objet concret symbolisant l'activité qui va suivre. Par exemple, lui faire toucher une couche quand on vient le chercher pour le changer et, une assiette pour le repas. Moyens utilisés : • Parler à G. très doucement et très lentement tout en maintenant un contact physique avec la personne qui lui parle. Par exemple, l'éducateur l'assoit pour une activité ou une collation sur un tabouret sans dossier et se place derrière lui afin de le 15 caler contre son corps. C'est donc l'éducateur qui le maintient à la place du dossier mais en lui apportant un contact plus riche en information que le contact visuel impossible pour lui. G. ne doit pas être « noyé de paroles » et pour cela, il est nécessaire de respecter des périodes de silence entre deux périodes intenses de communication. CONCLUSION Ces propositions de travail trouvent leurs principes dans la théorie de Fröhlich qui a donné naissance à la stimulation basale. Cette stimulation est nécessaire chez la personne polyhandicapée qui est restée fixée à un stade évolutif pendant de nombreuses années. Elle permet donc en tenant compte de son niveau mental actuel et de ses handicaps physiques de faire redémarrer le développement. L'objectif est moins d'apprendre des « choses » au jeune que de lui permettre de mieux percevoir son environnement et de mieux intégrer les stimuli somatiques et sensoriels ce qui représente la base de toute évolution psycho-affective et intellectuelle ultérieure. Ce qui importe ici est donc de favoriser un sentiment de bienêtre chez G., source de plaisir et lui permettant d'être plus réceptif à ce qui l’entoure. Par conséquent, comme il a été mentionné plus haut, la stimulation doit s'effectuer tout au long de la journée, dans chaque acte de la vie quotidienne et pas seulement dans le cadre d'ateliers éducatifs. 16