ERCO Lichtbericht 82

Transcription

ERCO Lichtbericht 82
E
Lichtbericht 82
Paru en mai 2007
Laverie de charbon Zollverein
Au cours de sa première vie, la mine
Zollverein de Essen était un modèle
d’efficacité et de rationalité industrielles. L’exposition internationale
d’architecture IBA Emscherpark
(1989-1999) lui a donné un second
souffle, la hissant au rang de symbole et de pivot du changement
structurel réussi de la Ruhr, région
profondément marquée par l’indus­
trie lourde. Après d’importants travaux menés en collaboration entre
les cabinets OMA et Böll & Krabel,
le principal bâtiment du site, la
laverie de charbon, fait aujourd’hui
office tout à la fois d’accueil des
visiteurs, de musée et de centre
d’exposition.
A propos de cette publication
Sommaire
Introduction
1
A propos de cette publication
2
Flash
4
Lumières
Lumière &
Technique
Reportage
6
Laverie de charbon, Essen
Elément majeur de la mine Zollverein
aujourd’hui désaffectée, la laverie
de ­charbon représente le symbole du
changement structurel en marche dans
la Ruhr
10
L’essence de demain
L’auteur Holm Friebe à propos de
­l’exposition inaugurale de la laverie
de charbon de Essen ENTRY2006.
12
Entry Paradise Pavilion
Une évolution toute informatique :
un environnement sous un éclairage
dynamique en avant-goût des archi­
tectures à venir.
22
Light Server 64+
La solution conviviale d’ERCO pour les
installations DALI de grande envergure
24
Zoom
Voir et percevoir : les effets de perception dans la pratique des études
d’éclairage
25
Zoom rapproché
Voir et percevoir : théorie de la
­perception
26
Une villa toutes voiles dehors
Bienvenue sur le pont ! La mer est le
leitmotiv de cette villa construite par
Lord Norman Foster à Saint-JeanCap-Ferrat.
30
Rembrandt : la quête du génie
Une exposition organisée dans la galerie
de peinture du Kulturforum de Berlin
32
Iittala Flagship Store, Amsterdam
L’éclairage scénographique assuré par
le Light System DALI confère un aspect
théâtral à la boutique Iittala.
34
Ascot
Le prestigieux champ de courses dispose
aujourd’hui d’un nouveau complexe
incluant tribunes, espaces de restauration, guichets de paris et bien d’autres
pour un budget de 200 millions de livres.
36
Feux stop
Projets
Arrière-plan
16
Richard Kelly ou la définition d’une
architecture moderne de la lumière
Un essai de Margaret Maile sur le précurseur de l’éclairage architectural
ERCO Lichtbericht
Mentions obligatoires
Directeur de la publication : Tim H. Maack
Rédacteur en chef : Martin Krautter
Mise en page : Christoph Steinke, Simone Heinze
Impression : Mohn Media Mohndruck GmbH, Gütersloh
1028698000
© 2007 ERCO
Tim Henrik Maack
Tout changer en restant dans la continuité:
c’est dans cet esprit que nous avons conçu le
Lichtbericht 82. L’édition bilingue est ainsi devenue unilingue, donnant lieu à six versions linguistiques différentes. Les articles jouissent d’un
gain de place conséquent et la mise en page a
été entièrement revue.
S’agissant du fond, nous avons renforcé la
répartition par rubriques du Lichtbericht. Chaque Lichtbericht étudiera désormais un projet
en profondeur, avec de nombreuses informations à la clé et des points de vue très divers, à
la rubrique Reportage. La présente édition met
à l’honneur la laverie de charbon de la mine
Zollverein et l’exposition de design internationale ENTRY qu’elle a accueillie.
La rubrique Arrière-plan s’intéressera à des
sujets variés indépendants de tout projet particulier, comme ici au pionnier des études d’éclairage, le concepteur lumière américain Richard
Kelly, dont l’œuvre influence encore aujourd’hui
profondément la conception de l’éclairage.
Les principes techniques, les descriptions des
produits et les contenus didactiques sur la lumiè­
re seront regroupés dans la rubrique Lumière &
Technique – consacrée ici au Light Server 64+,
indispensable aux projets DALI comptant plus
de 64 écepteurs –, ainsi qu’à la perception et aux
études d’éclairage.
Enfin, la rubrique Projets continuera évidem­
ment à donner de nombreux exemples d’éclairage architectural tirés des quatre coins du monde.
Dans le présent numéro, elle va ainsi du Flagship
Store de la société Iittala à l’hip­podrome d’Ascot.
En résumé, le nouveau Lichtbericht reprend
indéniablement l’ancien. Nous espérons cependant que son contenu répondra plus que jamais
à vos attentes en matière d’éclairage et de technique d’éclairage.
Photographies (Page) : Frieder
�������� Blickle
���������������������
(3), Richard
Bryant/arcaid.co.uk (25-29), Charles Crowell, Black
Star (3), Ezra Stoller © ESTO (20–21), Bernd Hoff (24,
36), Alexan­dra Lechner (3), Thomas Mayer (U1, 2–3,
6–15, 24), Rudi Meisel (34–35), Thomas Pflaum (4–5),
Alexander Ring (22–23), Tomas Södergren (37),
The Richard Kelly Grant (16–21), Dirk Vogel (1, 2,
32–33, U4), Sabine Wenzel (30–31), Edgar Zippel (2)
Traduction : Lanzillotta Translations, Düsseldorf
ERCO Lichtbericht 82 Flash
Düsseldorf
La Königsallee est connue dans le
monde entier comme les « ChampsElysées » de Düsseldorf. La maison
Eickhoff y est l’une des adresses
phares en matière de mode, ses
collections regroupant des créateurs comme Dior, Gucci, Armani
ou encore Dolce & Gabbana. Les
vitrines spacieuses du magasin
donnent le ton par leur décoration
et leur éclairage. La mise en lumière
est assurée par des projecteurs
Parscan.
Vitrine d’Eickhoff
www.eickhoff.eu
Stockholm
Le Kungsträdgården fait partie
des incontournables de la capitale
suédoise et forme un véritable parc
bordé par les somptueux palais de
la fin du XIXe siècle. Sur l’ensemble
du parcours, les réverbères sont
désormais équipés de projecteurs
Beamer et de projecteurs Flood
Parscoop pour lampes à halogénures métalliques, qui assurent un
éclairage économique et uniforme,
aux couleurs neutres, des façades
historiques.
Stockholm
Le nouveau showroom de Kvadrat
à Stockholm combine l’esthétique
d’un loft à la scandinave avec une
technique d’éclairage parfaitement
adaptée : des rails lumière équipés
de projecteurs et projecteurs à faisceau mural du programme Optec
créent des conditions optimales
pour la mise en valeur des précieux
textiles d’intérieur danois.
Showroom Kvadrat
Architecture : Ronan & Erwan
­Bouroullec, Paris
Etudes d’éclairage :
Vincent ­Muracciole, Paris
www.kvadrat.dk
Eclairage du Westpark
Etudes d’éclairage : Forum InterArt,
Uwe Kiwitt, Dortmund
Stockholm
Les tapis faits main ne reflètent
pas nécessairement un esprit petitbourgeois : c’est ce que démontre
The Rug Company, une entreprise
anglaise qui propose de somptueux
tapis d’art dessinés par de célèbres
créateurs de mode ou décorateurs
d’intérieur. Dans le nouveau show­
room du centre de Stockholm, les
concepteurs ont opté pour des
Downlights et des projecteurs à
faisceau mural du programme
Quadra.
Showroom The Rug Company
Architecture : Guy Stansfeld
­Architects Limited, Londres
www.therugcompany.info
ERCO Lichtbericht 82
Cologne
Tous les deux ans, le salon Orgatec
réunit sur les bords du Rhin les
professionnels de l’aménagement
et du mobilier de bureau. Après
une période difficile, l’optimisme
est de retour. Une série de petites
entreprises espagnoles perfor­
mantes du monde du design se
présentent ensemble sur le stand
du SIDI (Selección Internacional
de Diseño) – sous la lumière de
projecteurs TM montés sur des
rails suspendus.
Forum Audi
Architecture : Oettle Design,
Munich ; CR Studio Architects,
New York
www.audi.com
Stand SIDI du salon Orgatec 2006
Architecture du stand : Stefano
Colli, Barcelone
Etudes d’éclairage : Stefano Colli &
SIDI Team
www.sidi.es
Barcelone
Le grand pâtissier catalan Oriol
Balaguer fait de la fabrication de
chocolat tout un art. L’opulence
gustative de ses créations tranche
avec des emballages au design
minimaliste et un intérieur moderne qui ne laisse rien au hasard
dans sa boutique sise au n° 2 de la
Pza������������������������������
. San Gregorio Taumaturgo�����
. La
lumière brillante des projecteurs
Castor laisse étinceler les surfaces
et les articles, mettant véritablement l’eau à la bouche.
New York City
En pleine expansion, la marque
italienne de jeans et vêtements
de sport Diesel s’en remet depuis
longtemps à la technique d’éclairage ERCO pour équiper ses boutiques, partout dans le monde. Ainsi,
au n° 135 de Spring Street, dans
SoHo, des projecteurs Optec et des
encastrés orientables Gimbal pour
lampes à halogénures métalliques
éclairent les splendides espaces du
magasin planté de piliers historiques en fonte.
Oriol Balaguer
Architecture et études d’éclairage :
GCA architects, Barcelone
www.oriolbalaguer.com
Francfort
Pendant des années, Neu-Isenburg,
quartier périphérique de Francfort,
a dissimulé un véritable joyau à la
fois classique et moderne du XXe
siècle : le restaurant de la piscine
Wald­schwimmbad. Grâce à une
restau­ration conforme à l’esprit du
monu­ment, des annexes élégantes
et un nouvel éclairage intérieur et
extérieur signé ERCO, l’établissement brille désormais d’un nouvel
éclat. En hommage à Feininger,
l’un des acteurs du mouvement
architectural du Bauhaus, il a été
rebaptisé « Lyonel ».
Diesel Store
Architecture : Diesel Interior Design
Department, Molvena
Restaurant Lyonel
www.diesel.com
Architecture : Tom Eisenbach,
Francfort
www.restaurant-lyonel.de
Palma de Majorque
De l’art contemporain dans une
cathédrale vieille de plus de
700 ans : au cours des dernières
années, l’artiste majorquin Miquel
Barceló a décoré la chapelle SaintPierre de la cathédrale de Palma
de Majorque avec un relief en
céramique de 300 m2. L’ouvrage
est éclairé par des encastrés de sol
Tesis à faisceau mural et par des
projecteurs Stella.
Catedral La Seo, Capilla de
San Pedro
Etudes d’éclairage : Feliciano Fuster
Kungsträdgårdsgatan
Architecture : Svante Forsström
Arkitekter, Stockholm
Etudes d’éclairage : Claes Möller
Ljus­byggarna, Stockholm
Dortmund
Depuis la conversion de l’industrie
au tertiaire amorcée par la ville
de Dortmund, l’ambiance évolue
également dans les quartiers traditionnellement ouvriers comme
Weststadt. Les habitants des origines les plus diverses s’y côtoient et
investissent en été l’espace public
arboré du Westpark. Respectueuse
de cette utilisation, une mise en
scène tout en délicatesse réalisée
à l’aide d’encastrés de sol Tesis fait
du parc un endroit sûr et agréable.
New York City
« Vorsprung durch Technik », ou « le
progrès par la technologie » : un slogan qui se passe depuis longtemps
de traduction aux Etats-Unis. Le
nouveau forum Audi de Manhattan
reflète la volonté de la prestigieuse
marque allemande de renforcer sa
présence sur le sol américain. Le
showroom aux proportions généreuses fait l’angle entre la 47e rue
et Park Avenue. Des projecteurs
Stella et Optec assurent une mise
en lumière ­optimale des véhicules.
Zuchwil (Suisse)
Pour certains, la forme de cette
église évoque celle d’une baleine ;
néanmoins, les deux coquilles de
béton ébauchent en réalité le geste
protecteur de deux mains abritant
l’édifice. La communauté néoapostolique de la petite cité helvétique remporte haut la main le pari
de l’architecture contemporaine.
Des Downlights équipés de lampes
halogènes et de lampes à halogénures métalliques s’intègrent parfaitement à la construction grâce
à des boîtiers d’encastrement pour
plafond en béton.
Eglise néo-apostolique, Zuchwil
Architecture : smarch architekten,
Berne
Abu Dhabi
Cet hôtel de tous les superlatifs
est considéré comme le plus
grand et le plus luxueux au monde.
Administré par la chaîne hôtelière Kempinski, l’établissement
met à la disposition des invités
officiels et des membres de la
jet-set 302 chambres et 92 suites
d’un luxe inégalé. L’ensemble
s’étend sur presque un kilomètre
et la surface de la grande coupole de l’atrium, d’un diamètre de
42 mètres, est ornée de mosaïques
d’or et d’argent. ERCO a livré plusieurs milliers de Downlights et
d’autres appareils d’éclairage pour
mettre parfaitement en valeur
cette magnificence à couper le
souffle.
Hôtel Emirates Palace
Architecture : Wimberly Allison
Tong & Goo
Etudes d’éclairage : DHA Design,
Londres et Lighting Design International, Londres
www.emiratespalace.com
ERCO Lichtbericht 82 Lumières
Situation Kunst, Bochum
Architecture : Soan Architekten (Gido Hülsmann,
Bochum ; Dirk Boländer, Warburg)
Photographie : Thomas Pflaum, Castrop-Rauxel
www.situation-kunst.de
ERCO Lichtbericht 82
ERCO Lichtbericht 82 Laverie de charbon, Essen
Schéma directeur Zollverein 2001 : Rem Kool­
haas, Office for Metropolitan ­Archiecture (OMA)
Rénovation laverie de charbon : collaboration
entre l’OMA et le cabinet d’architectes Böll &
Krabel, Essen
Etudes d’éclairage : Licht Kunst Licht,
Bonn/Berlin
Equipe projet : Nicole Kober, Stefan Hofmann
Photos : Thomas Mayer
Elément majeur de la mine Zollverein
aujourd’hui désaffectée, la laverie de
­charbon représente le symbole du changement structurel en marche dans la Ruhr :
d’un complexe pour l’industrie lourde, elle
est passée au rang de patrimoine culturel
mondial, véritable scène de l’architecture
et du design de demain.
De 1928 à 1932, en créant le puits XII de la
Zollverein, Fritz Schupp et Martin Kremmer ont
non seulement élaboré l’une des plus grandes
et modernes mines de charbon du monde mais
également signé un véritable modèle d’archi­
tecture industrielle. Cet ensemble aux formes
géométriques strictes, tout en cubes épurés,
convainc encore aujourd’hui par son esthétique
rationnelle et sa réduction formelle. L’extraction
et la transformation du charbon dans la laverie
et la cockerie ont pris fin en 1986 et 1993. Lors­
que la mine était encore en activité, le complexe
était pratiquement entièrement fermé au public.
Seuls sa viabilisation dans le cadre de l’IBA
Emscherpark (exposition internationale d’archi­
tecture) jusqu’en 1999, son accession au statut
de monu­ment en 2000 puis son inscription à la
liste du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO
en 2001 ont insufflé une vie nouvelle à cet
impressionnant site industriel.
Dès 1996, le Design Zentrum Nordrhein
­Westfalen a emménagé sur le site minier, dans la
chaufferie à l’intérieur entièrement remanié par
Lord Norman Foster et le cabinet d’architectes
Böll & Krabel. L’implantation d’entreprises por­
teuses est également une réussite ; des socié­tés
de création et des agences de design louent des
espaces du puits XII pour leurs bureaux et ateliers.
Cette année, la Zollverein School of Management
and Design a ouvert ses portes avec 18 étudiants,
en vue d’assurer l’avenir des études conceptuel­
les qualitatives de haut niveau. L’inauguration a
eu lieu en juillet 2006. Cet édifice inhabituel réa­
lisé par le groupe d’architectes japonais SANAA
étant la première construction nouvelle sur le
site minier depuis cinquante ans.
En 2001, Rem Koolhaas, fondateur du fameux
Office for Metropolitan Architecture (OMA), a
présenté un schéma directeur pour la Zollverein
afin d’inscrire les critères conceptuels de réfé­
rence dans un développement global continu.
L’un des principaux bâtiments, la laverie de
charbon du puits XII, a été assaini par l’OMA et
le cabinet Böll & Krabel à partir de 2003 avant
d’être montré à un large public à l’occasion de
l’exposition ENTRY2006. Pendant cent jours, du
26 août au 3 décembre 2006, acteurs et visiteurs
se sont penchés sur les questions du design de
demain. Cette initiative ENTRY2006 sera suivie
par l’aménagement du musée de la Ruhr et
l’accueil de la mine Zollverein dans l’ancienne
laverie de charbon.
La surface utile totale d’environ 7 500 m2
s’étend sur trois niveaux. Des installations
modernes contrastent merveilleusement avec
la fonctionnalité de l’architecture industrielle,
tous les éléments techniques et architecturaux
étant visibles. Des halls aux volumes généreux
alternent avec de petits et surprenants cabinets.
ERCO Lichtbericht 82
www.zollverein.de
Après avoir fait ses
­preuves avec l’exposition
ENTRY2006, la nouvelle
infrastructure de la lave­
rie de charbon abritera en
2008 le musée de la Ruhr,
qui se veut un portail
d’accueil pour les visiteurs
du monde entier venus
découvrir la région.
Des couleurs vives, comme la cage d’escalier
principale qui irradie d’un orange intense,
donnent le ton. L’intervention la plus specta­
culaire – et la plus controversée – pratiquée sur
l’existant concerne cependant le nouvel accès
aménagé pour ce bâtiment : un gigantesque
escalier roulant extérieur achemine les visiteurs
au niveau 24 – à 24 mètres de hauteur – vers
l’accueil. Là commence le circuit, qui les mène à
travers les espaces d’exposition jusqu’au pied de
l’édifice. Les visiteurs se retrouvent ainsi à suivre,
métaphoriquement, le « chemin du charbon »
alors que la structure spatiale verticale originelle
des anciens silos à charbon fait largement place
à des zones d’exposition à l’horizontale. La nette
séparation entre l’ancien et le nouveau, le par­
fait équilibre entre modernité fonctionnelle et
sauvegarde du patrimoine avec la nouvelle faça­
de et, surtout, la proximité entre les éléments
historiques et le circuit des visiteurs font de la
laverie de charbon de Essen un exemple de la
réaffectation des vestiges de l’ère industrielle.
Controversé au début,
encensé depuis : l’escalier
mécanique géant est le
point de départ sensation­
nel de toutes les visites de
la laverie de charbon.
ERCO Lichtbericht 82 Le contraste de qualité de
lumière entre l’éclairage
indirect froid et l’éclairage
direct orienté aux tons
chauds est frappant. La
parcimonie des ombres
créées autour des reliques
industrielles prévient
toute surdramatisation.
Le concept d’éclairage de la laverie de
­charbon
Pour l’éclairage général du bâtiment, les éclaira­
gistes de Licht Kunst Licht ont conçu des « tracés
lumineux » formés pas des profils suspendus
en tôle d’acier qui obéissent aux contraintes de
l’ossature métallique en présence. Ils servent à
l’installation des éléments d’acoustique et de
communication, des outils d’éclairage indirect
et des rails triphasés ERCO.
D’un blanc volontairement froid, la tempéra­
ture de couleur des appareils d’éclairage indirect
équipés de lampes fluorescentes T16 crée un ciel
d’une lumière diffuse homogène, réminiscence
de l’association initiale de lumière naturelle laté­
rale et de la lumière fluorescente à rayonnement
libre des luminaires industriels. Des ballasts élec­
troniques graduables adaptent les luminances
aux différents volumes spatiaux. Des appareils
d’éclairage direct émettant une lumière chaude
viennent s’y ajouter, sans verser pour autant
dans le spectaculaire. Les objets mis en lumière
sont éclairés depuis au moins quatre points,
avec une intensité lumineuse réduite afin d’évi­
ter toute ombre portée. Ce système permet de
répondre à de nouveaux besoins d’éclairage
avec une grande flexibilité, qu’il s’agisse des
zones de passage, de réception ou d’exposition.
Les rails lumière supportent tout un éventail de
projecteurs Optec ERCO dotés de lampes, puis­
sances et répartitions de l‘intensité lumineuse
différentes.
Le toit de la laverie de charbon constitue
une particularité architecturale : il dissimule
aujourd’hui une salle de réception. Un plafond
technique ouvert intègre tous les éléments
domotiques indispensables à la ventilation et à
l’éclairage ainsi qu’à l’organisation de manifes­
tations et d’événements multimédias. Orientés
vers le sol, des projecteurs Parscan pour lampes
halogènes à incandescence peuvent être com­
mutés et gradués par groupes selon les besoins,
pour un éclairage sur mesure de tous les types
de manifestations possibles.
Architecture industrielle surdimensionnée
et cabinets d’exposition intimistes, lumière
naturelle diffuse et lumière artificielle orientée,
ancien et moderne forment un ensemble har­
monieux. Le souvenir d‘un cadre de travail sale,
éreintant et dangereux se marie à des concepts
dynamiques et futuristes : forte de cette identité
plurielle, la mine Zollverein devient un véritable
lieu vivant.
A l’intérieur, des pro­
jecteurs Parscan orien­
tés vers le sol servent
à un éclairage flexible.
A l’extérieur, la série de
Downlights qui court le
long du larmier forme
un tapis de lumière sur
la terrasse, respectant la
transparence des parois
vitrées y compris la nuit.
Par leur esthétique très
technique, les tracés
lumineux qui regroupent
les fonctions d’installa­
tion et d’éclairage se
­fondent parfaitement au
site industriel. Les rails
lumière intégrés suppor­
tent des projecteurs et
des projecteurs à faisceau
mural Optec.
Dramaturgie : le visiteur
passe des espaces d’expo­
sition pourvus d’un éclai­
rage fonctionnel à la cage
d’escalier nouvellement
ajoutée, mise en scène
dans un orange incan­
descent.
Ses vitres panoramiques
confèrent à la salle de
réception aménagée sur
le toit de la laverie de
charbon une vue grandio­
se sur le site de Zollverein
et l’ensemble du bassin
houiller de la Ruhr.
Licht Kunst Licht : l’équipe
L’agence d’études d’éclairage Licht Kunst
Licht dirigée par Andreas Schulz a été
fondée en 1992 à Bonn et Berlin et comp­
te aujourd’hui parmi les plus importantes
d’Allemagne. La Chancellerie fédérale à
Berlin, le Campus Novartis à Bâle, la Jahr­
hunderthalle à Bochum ou le musée Max
Ernst à Brühl près de Cologne sont autant
de ses références. Le projet Zollverein
occupe les concepteurs du cabinet depuis
déjà plus de deux ans : début 2005, Licht
Kunst Licht en collaboration avec un
architecte paysagiste et un concepteur
graphiste a remporté l’appel d’offres pour
la conception des espaces extérieurs du
site. Parallèlement, les études d’éclairage
de la laverie de charbon ont été confiées
à Bonn. Dans cette équipe, Nicole Kober
(ci-dessus) et Stefan Hofmann ont dû
développer et mettre en œuvre un con­
cept d’éclairage concluant et économique
pour cette architecture des plus hétéro­
gènes.
www.lichtkunstlicht.com
Les arcades en béton qui
enjambent les anciens
rails se muent en espaces
de lumière, grâce aux
Downlights apparents du
programme d’éclairage
extérieur ERCO.
ERCO Lichtbericht 82
ERCO Lichtbericht 82 L’essence de demain
Irréel : une mise en
scène basée sur le con­
traste d’une lumière
orientée avec les surfaces
industrielles brutes ren­
force l’impact des objets
­exposés.
L’auteur Holm Friebe à propos de l’exposition
inaugurale de la laverie de charbon de Essen
ENTRY2006 (26 août – 3 décembre 2006)
L‘architecture specta­
culaire dans la presse
grand public : Francesca
Ferguson, directrice du
musée d’architecture
suisse et conservatrice
associée de l’exposition
ENTRY se réjouit des
­articles publiés.
Des visions d’hier pour
demain : outre des pré­
sentations contemporai­
nes, l’exposition « Open
House » du musée Vitra
revient sur les utopies de
l’école moderne.
Zollverein, un centre
­d’attraction : le bassin
de la Ruhr se cherche un
avenir dans les « Creative
Industries » et dans son
environ­nement universi­
taire.
D’imposantes installations
subversives conquièrent
l’espace : aperçu de la
partie de l’exposition inti­
tulée « Talking Cities ».
Le troisième millénaire a commencé et il est
temps qu’il prenne de la vitesse. Le futur
sera fait, mais par qui ?
A plusieurs égards, les designers semblent
les médiateurs désignés pour faire le lien entre
les différents univers d’expertise destinés à
façonner le futur à court et moyen terme – tout
en accompagnant ce processus humainement.
Parallèlement, la corporation manque d’esprit
de renouveau et de velleité à sortir des sentiers
battus et à relever de nouveaux défis, contraire­
ment à d’autres secteurs, en sciences et techni­
ques notamment. En 2004, le designer canadien
Bruce Mau avait tenté au travers de son projet
« Massive Change: The Future of Global Design »
(Un changement radical : le futur du design
global) d’imposer à sa discipline le changement
radical qui s’annonce en proposant un concept
élargi qui n’a que très rarement trait à l’aména­
gement intérieur. Bien plus, il s’agit pour lui de
la façon dont les connaissances scientifiques et
les innovations technologiques pourront être
mises en pratique pour améliorer la coopération
humaine. Selon l’un des messages fondamen­
taux, le design actuel est et reste invisible dans
la plupart des cas – jusqu’à s’avérer comme une
certaine impuissance.
Cette approche était au centre de
« ENTRY2006: Wie werden wir morgen leben? »
(Comment vivrons-nous demain ?), une initiati­
ve organisée à Essen fin 2006. Pendant 100 jours,
cette exposition a occupé la laverie de charbon
de la mine Zollverein transformée par Rem
­Koolhaas. Au-delà de la préparation de 2010
qui verra Essen désignée capitale de la culture,
10 ERCO Lichtbericht 82
elle visait à sonder les perspectives et les domai­
nes d’application futurs du design et de l’archi­
tecture. Une formule qui fera probablement
date en a été tirée : le « design B.A.N.G », dont le
nom même suggère la possibilité optimiste d’un
renouveau, d’un big-bang bis dans l’univers du
design.
B.A.N.G. est l’acronyme de « Bits, Atome,
Neuronen, Gene » (octets, atomes, neurones et
gènes), soit les unités microscopiques et sousmicroscopiques à la base des sauts quantiques
et des innovations fondamentales attendus
dans le cadre de ce long processus nommé pro­
grès. En effet, technologie et biologie se fondent
et se confondent à un rythme étourdissant
– phéno­mène qualifié depuis longtemps en
science-fiction de « wetware ». Organisée par
Werner Lippert et Peter Wippermann, la partie
de l’exposition « Entry Paradise » en est une
illustration saisissante : les robots ressemblent
toujours plus aux êtres humains tandis que la
chair mortelle recourt de plus en plus à la tech­
nologie. Les deux devraient bien se rejoindre à
un moment donné. L’évolution des technologies
de l’information promet pour le siècle en cours
des machines encore plus intelligentes. La bio­
technologie et la médecine travaillent à l’im­
mortalité de l’homme.
Cette terre aussi inconnue qu’engageante ne
doit toutefois pas nous masquer le fait que la
plupart des problèmes profonds de notre spécia­
lité trouvent encore leur origine au macroniveau
fondamental. Plusieurs d’entre eux découlent
de l’évidence même du corps humain, qui doit
s’attarder quelque part et, idéalement, s’y sen­
tir bien. L’architecture, le paysage urbain, les
espaces publics et privés demeurent le théâtre
de toutes les expressions humaines. Cela nous
oblige à réfléchir à la façon dont le progrès tech­
nologique peut se métamorphoser en progrès
social : suivant de nouvelles formes de cohabita­
tion ici – et partout dans le monde.
La seconde partie de l’exposition, « Talking
Cities », organisée par Francesca Ferguson et son
cabinet Urban Drift était consacrée à ces ques­
tions. Les avis recueillis sur le thème de la ville
reflètent moins la position des ingénieurs en
termes de faisabilité technique et de réalisations
novatrices, que celle des personnes directement
concernées par le progrès, la mondialisation et
les mutations urbaines. La « micropolitique de
l’espace urbain » révèle des utopies concrètes,
à petite échelle, souvent au sens d’une appro­
priation et d’une réaffectation fantaisistes de
l’espace public et de l’architecture, que l’on
pourrait assimiler à un urbanisme de guérilla.
Citons notamment la sidérante proposition du
designer industriel Andreas Bergmann de défor­
mer tout simplement les barrières de chantier
pour en faire des bancs. Sans parler de l’initiative
« Land for free » qui fait cadeau de parcelles de
terre de la Ruhr industrielle pour y attirer d’ici
2010 des colons prêts à échanger leur loft de
New York ou Berlin contre un terrain en pente
sur un ancien terril planté de bouleaux. Nous
revoici tout à coup au cœur du changement
structurel en cours dans la Ruhr ; à Essen, qui
s’applique à devenir un repère des activités
créatives en vue de son année de la culture ; sur
la mine Zollverein, que l’intervention réussie de
Koolhaas et de l’OMA n’a justement pas cons­
ciencieusement sauvegardée comme monu­
ment historique, au titre de patrimoine culturel
mondial, mais transformée en « Junk Space », en
site ouvert, tourné vers le futur.
La tradition est ici plus une source d’inspi­
ration qu’un poids. Andrej Kupetz, directeur
de la Zollverein School of Management and
Design l’a développé lors de l’« Entry Paradise » :
« L’avenir de Zollverein nécessite que nous le
vivions comme une véritable chance. Nous les
hommes et les femmes de l’ère post-industrielle
– à mesure que nous nous affranchissons du
travail physique et des processus de production
industriels –,l’occasion donnée par l’évolution
de la société de redécouvrir le romantisme d’une
époque mécanique – à l’odeur d’huile de grais­
sage et au goût de poussière de charbon. » L’ar­
tiste norvégienne Sissel Tolaas a sublimé cette
idée dans le cadre de « Talking Cities », en reliant
simultanément le niveau moléculaire du design
B.A.N.G. au macroniveau urbain : elle a capturé
les odeurs significatives de différentes villes, les
a synthétisées en laboratoire avant d’en remplir
des flacons. Elle a même fait fabriquer en édition
limitée (200 exemplaires) un parfum sur mesure
pour l’exposition de Essen : « Essense ». Tout
imprégné d’une nostalgie postmoderne, il déga­
ge des effluves de poussière, de charbon et de
rouille, évoquant, telle la madeleine de Proust,
des images du bassin de la Ruhr dans le cortex
visuel de notre wetware, le cerveau humain.
Bibliographie
Massive Change – A Manifesto for the Future of
Global Design (Bruce Mau, Phaidon)
Entry Paradise – Neue Welten des Designs
(Gerhard Seltmann et Werner Lippert (dir. pub.),
Birkhäuser)
Un prêt du musée Cooper
Hewitt de New York :
« Second Skin » porte sur
les matériaux nouveaux
de l’ameublement, la
mode et l’architecture.
Talking Cities – The Micropolitics of Urban
Space / Die Mikropolitik des urbanen Raums
(Francesca Ferguson & Urban Drift Productions
Ltd. (dir. pub.), Birkhäuser)
ERCO Lichtbericht 82 11
Entry Paradise Pavilion
Une évolution toute informatique : un environnement sous un éclairage dynamique en
avant-goût des architectures à venir.
« Comment vivrons-nous demain ? », telle est
la question que posait l’exposition ENTRY2006.
Des designers et des architectes issus de plus
de 20 pays y ont apporté des réponses différentes, sous la forme d’innovations diverses :
produits, matériaux, vêtements, habitats ou
idées. Montée dans l’ancienne laverie de charbon de la mine Zollverein à Essen, inscrite au
patrimoine culturel mondial, cette exposition a
posé un jalon fantastique dans le futur tant les
objets présentés étaient visionnaires. L’entrée
commune aux différents espaces thématiques
était formée par l’ENTRY Paradise. Le visiteur
faisait ensuite tout un voyage, du design industriel et émotionnel classique du XXe siècle à un
design futuriste, le design B.A.N.G.. Chris Bosse
du cabinet PTW Architects de Sydney a créé
l’Entry Paradise Pavilion comme cadre de cette
réflexion résolument tournée vers le futur.
L’Entry Paradise Pavilion
est le fruit d’algorithmes
évolutifs et de logiciels
pour voiliers sur ordinateur : l’architecte Chris
Bosse a laissé la structure
se développer suivant les
lois organiques.
complément, des reflets lumineux produits par
des boules à facettes éclairées formaient diffé­
rents motifs. De cette façon, l’équipe d’ERCO
a instauré un monde sous-marin virtuel. Marc
Hartings, responsable du projet Entry Paradise
Pavilion chez ERCO explique que « le thème de
l’eau avait été fixé par Chris Bosse. Nous l’avons
ensuite décliné pour présenter aux visiteurs
des ambiances lumineuses et des compositions
chromatiques toujours nouvelles. »
L’éclairage était assuré par des appareils
ERCO compatibles DALI à la pointe de la technologie : des projecteurs Focalflood équipés de
lampes fluorescentes T16 en rouge, vert et bleu,
des appareils d’éclairage de façade Focalflood
LED varychromes et des projecteurs Stella
dotés de filtres de couleur dichroïques skyblue.
La technique de mélange des couleurs RVB a
permis d’obtenir différentes températures de
couleur par le biais des lampes fluorescentes
Né de la mousse
et des LED. Les systèmes optiques des appareils
Inspiré par les structures cellulaires micro­
d’éclairage de façade Focalflood varychromes
scopiques, Chris Bosse s’est aidé de logiciels
prévoyaient une répartition de la lumière à faisd’architecture spéciaux pour mettre au point
ceau étroit vers les surfaces murales pour une
des ouvrages qui rappellent des formes natulumière rasante adéquate et une répartition à
relles irrégulières comme la mousse, l’éponge
faisceau large dans la direction opposée.
ou le corail. Cette « biomorphic architecture »
Chaque appareil était piloté individuellement
implique la transposition des algorithmes de
avec le système de gestion numérique de l’éclaicroissance et d’optimisation des structures
rage Light System DALI ERCO. Même les boules
organiques à des formes architecturales. En
à facettes étaient connectées à ce système
partenariat avec PTW Architects, CCDI et Arup,
via un actionneur. Selon Jens von der Brelie,
l’architecte a procédé de même pour les études développeur chez ERCO, « ces scènes d’éclairage
du Centre national de natation, le « Watercube » auraient été impossibles sous cette forme avec
ou cube d’eau, prévu pour les Jeux olympiques
la technique analogique. Un système traditionde 2008 à Pékin : une construction transparente nel aurait en outre nécessité beaucoup trop
légère aux reflets bleutés, qui découle de la struc­ de place pour les armoires de commande et de
ture géométrique de l’eau à l’état de mousse.
temps pour l’installation. » Au lieu de dispositifs
Pour l’ENTRY2006, ce procédé a ainsi donné
fixes et complexes, composés de multiples cirlieu à un fascinant pavillon biomorphe en tissu
cuits réglables séparément, les systèmes DALI
high-tech élastique blanc – un matériau égale- permettent un contrôle individuel des appareils
ment utilisé pour créer des surfaces minimales
d’éclairage. L’alimentation électrique et la gespar plusieurs architectes et designers dont Frei
tion de l’éclairage interviennent indépendamOtto, Aleksandra Kasuba, 3deluxe et Ernesto
ment l’une de l’autre. Des ballasts compatibles
Neto. Quatre semaines ont été nécessaires aux
DALI garantissent pour chaque appareil diverses
voiliers australiens pour réaliser l’installation
fonctionnalités, dont la commutation et la
à partir de patrons dessinés par ordinateur. De
gradation, qui sont actionnées par le système
seulement 17 kg pour 350 m3 une fois monté,
de gestion de l’éclairage suivant le protocole
le pavillon a pu ensuite être plié dans un sac de
de communication DALI (Digital Addressable
voyage et transporté par Chris Bosse jusqu’à
Lighting Interface).
Essen.
Des mondes sous-marins mis en lumière
Pour mettre en valeur l’esthétique de cette forme par la couleur, une équipe de spécialistes de
l’éclairage architectural d’ERCO, Lüdenscheid,
a mis en scène le pavillon grâce à une lumière
colorée dynamique. Des scénarios d’éclairage
changeant au rythme de suites chromatiques
minutées ont ainsi été projetés sur le tissu. En
12 ERCO Lichtbericht 82
ERCO Lichtbericht 82 13
tune the light
tion ou emplacement de la couleur) et les suites
dynamiques pour tous les groupes d’appareils.
Au final, le flot fantastique d’ambiances
colorées renforçait la magie de l’architecture
novatrice du pavillon et plongeait pleinement
le visiteur dans les univers thématiques de
­l’exposition.
L’effet-lumière dynamique de bulles en mouvement sur la surface du
pavillon résulte de boules
à facettes éclairées par
des projecteurs Stella. Le
protocole DALI contrôle
la luminosité des projecteurs et, via des actionneurs, le mouvement des
boules.
Epreuve de vérité pour
DALI : le Light System
DALI remplit ici des fonctions réservées jusqu’alors
à la scénographie.
Les appareils LED varychromes sont des outils
idéals pour des effets de
couleur saturés. Dans
la laverie de charbon,
des appareils d’éclairage
de façade Focalflood
varychromes LED pilotés
via DALI déposaient leur
lumière rasante de la couleur souhaitée sur la surface textile du pavillon.
14 ERCO Lichtbericht 82
S’agissant de la planification et de la préparation de l’installation d’éclairage, Chris Bosse
a mis à la disposition de l’équipe ERCO des
maquettes numériques virtuelles du pavillon.
Une fois l’objet réel en place, seules quelques
heures restaient imparties pour programmer les
scénarios d’éclairage. Marc Hartings rapporte
ainsi : « Après l’installation électrique des Light
Clients et du Light Server, nous avons disposé
graphiquement les appareils d’éclairage in
situ avec le Light Studio, suivant le procédé
WYSIWYG (What You See Is What You Get), puis
programmé l’ensemble des scènes d’éclairage
et des suites dynamiques. Les personnes impliquées pouvaient systématiquement observer le
résultat obtenu et retenir ainsi une succession
des meilleures scènes à répéter dans le temps. »
Chris Bosse a également pris part avec enthousiasme à la sélection des couleurs. Grâce aux
outils conviviaux du logiciel, dont la palette ou
la biblio­thèque de couleurs et celle des suites de
scènes, il a pu définir de manière très intuitive
les propriétés des Light Clients (valeur de grada-
Des rêves numériques : Chris Bosse
Selon un dicton allemand, les rêves sont
comme l’écume, comme la mousse. Or, la
physique a trouvé dans la mousse un objet
de recherche des plus intéressants. Mais
les scientifiques ne sont pas les seuls à être
fascinés par la capacité des bulles de savon
à s’adapter pour envelopper des volumes
donnés, ou encore par la stabilité et l’économie des structures mousseuses comme
les éponges naturelles. Les architectes aussi
– et Chris Bosse est l’un d’entre eux – s’y
intéressent grandement. Ils s’en inspirent
pour développer et structurer des ouvrages
en relief extrêmement performants, légers,
transparents et plus stables que les édifices
traditionnels. Espaces, structures et images
se fondent alors en une même unité. Né en
1971 à Stuttgart, Chris Bosse a étudié en
Allemagne (à l’Institut für Leichtbau notam­ment, auprès de Frei Otto) et en Suisse avant
de travailler dans plusieurs cabinets d’archi­
tectes européens. Il a terminé sa formation à
l’Université de Stuttgart par un mémoire con­sacré aux répercussions des inventions formelles virtuelles et réelles sur l’architecture.
Avec www.smoarchitektur.com (S. M. Oreyzi,
Cologne) il a élaboré en 2002 le Bubble Highrise
à Berlin (voir a+u 05_01). En 2003, il entre
chez PTW Architects, à Sydney, où il participe
à différents projets prestigieux en Chine, au
Japon et au Moyen-Orient. Depuis 2004, un
édifice dérivé des structures à bulles et conçu
par ordinateur par des architectes et des ingé­
nieurs via un « algorithme évolutif » voit le jour
à grande échelle en Chine : le projet axé sur
le Centre national de natation pour les Jeux
olympiques de Pékin en 2008, connu sous le
nom de « Watercube » ou cube d’eau, a été
récompensé par le prix spécial Atmosphère de
la 9e Biennale d’architecture de Venise. Un autre
pavillon, réalisé pour MOËT à Melbourne, est
également l’expression de l’intérêt profond du
jeune architecte pour les structures insolites :
il a créé un intérieur aux volumes libres, inspiré
des propriétés physiques des bulles de champagne et des surfaces minimales. Les créations
de Chris Bosse font l’objet de plusieurs publications. Il tient également des conférences dans
plusieurs universités, comme dernièrement
à l’AA à Londres et à la Columbia University à
New York. Ce printemps, l’exposition « Out from
Down Under » organisée à l’American Institute
of Architecture à San Francisco montrait des
œuvres réalisées par Chris Bosse et PTW.
www.chrisbosse.de
www.ptw.com.au
Le Watercube de Pékin
Centre national de
natation
Photographie : PTW
Architects/Arup/CCDI
ERCO Lichtbericht 82 15
Richard Kelly ou
la définition d’une
architecture moderne
de la lumière
Margaret Maile
Le pionnier des études
d’éclairage Richard Kelly
se voyait avant tout
comme un architecte
spécialisé.
16 ERCO Lichtbericht 82
L’éclairage est une composante des arts
visuels – notamment de l’architecture
– d’une importance telle que le mieux que
nous puis­sions faire aujourd’hui sera déjà
obsolète demain. J’aurai beau utiliser toute
une série de techniques d’éclairage pour
améliorer la vie des gens ou pour embellir
une maison, tout cela restera de la pure
­théorie tant que nous n’aurons pas acquis
plus d’expérience dans ce domaine – et
nous n’en sommes qu’au tout début.
— Richard Kelly, 1958
tectes et théoriciens estimaient que l’éclairage architectural représentait un danger pour
l’intégrité de l’architecture et qu’il pouvait
s’imposer face à la forme architectonique.
Malgré ces réticences, Kelly décrit obstinément la lumière comme la clé sans laquelle
l’architecture et un environne­ment structuré
ne peuvent être compris et éprouvés. Fermement convaincu que des études d’éclairage
modernes doivent offrir davantage qu’une
lumière purement fonctionnelle ou qu’un
embellissement décoratif, Kelly argumentait
que l’éclairage devait être pris en compte dès
Difficile de s’imaginer à quoi ressemblerait
la première phase de la conception au même
aujourd’hui l’éclairage architectural sans la
titre que les autres éléments architecturaux.
contribution riche et durable de ce pionnier
Il a contribué de façon considérable à ce que
des études d’éclairage au XXe siècle que fut
les études d’éclairage soient considérées d’un
Richard Kelly (1910-1977). Son influence
nouvel œil dans le milieu des architectes et
profonde est tellement liée à la théorie et
son œuvre a été plusieurs fois distinguée de
à la pratique des études modernes d’éclaison vivant par des associations d’architectes.
rage architectural qu’elle en est peu à peu
L’American Institute of Architects (AIA) a
devenue une évidence. Beaucoup d’entre
même récompensé Kelly par deux fois : en
nous acceptent les techniques et les prin1964, en lui décernant le prix « Collaborative
cipes auxquels Kelly a contribué sans être
Achievement Award » pour son concours
implicitement conscients, bien souvent, de
au Seagram ­Building et au restaurant Four
leur origine. Familiers que nous sommes de
Seasons, puis en 1967, lorsqu’il lui remit la
nombreuses étapes fondamentales de l’armédaille d’or pour l’ensemble de son œuvre
chitecture moderne, nous avons chaque fois au service de la « lumière dans l’architecture ».
la surprise de découvrir qu’à chacune d’entre
Né peu après le tournant du siècle à
elles Kelly a apporté sa contribution, comme Zanesville dans l’Ohio, Kelly manifeste très
c’est le cas pour la Glass House (New Canaan, tôt de l’intérêt pour le rôle de l’éclairage dans
CT – 1949), la galerie d’art de l’université
notre perception et dans notre appréhension
Yale (New Haven, CT – 1953), le Seagram
de l’environnement (sa prise de conscience
Building (New York, NY – 1958), l’aéroport
remonterait à son enfance, le jour où la faiinternational de Dulles (Dulles, VA – 1963)
blesse de l’éclairage dans de la cuisine materet le Yale Center of British Art (New Haven,
nelle le gênait).
CT – 1974). La longue liste d’architectes
Durant sa jeunesse, Kelly s’investit dans
et de designers du XXe siècle avec lesquels
des productions théâtrales de son lycée, y
Kelly a travaillé tout au long de sa carrière
faisant pour la première fois l’expérience de
reste impressionnante : Ludwig Mies van
l’éclairage en tant que puissant moyen d’order Rohe, Philip Johnson, Eero Saarinen,
ganisation de l’espace. Après le lycée, Kelly
Louis I. Kahn, I. M. Pei, Eliot Noyes, Richard
part vivre à New York où, parallèlement à ses
Neutra, Gordon Bunshaft, Alexander Girard,
études à la Columbia University, il dessine
Henry Dreyfuss ou encore Florence Knoll et
des luminaires pour différents fabricants.
bien d’autres personnalités encore. Kelly a
Diplômé de Columbia, Kelly travaille ensuite
travaillé avec beaucoup d’entre eux à des
brièvement pour un architecte d’intérieur
projets communs, établissant ainsi une rela- new-yorkais très en vue, mais il a tôt fait de
tion mûrie et fondée sur le respect mutuel.
réunir les fonds nécessaires à la création de
C’est de cette façon que Kelly put atteindre
son propre bureau d’études d’éclairage en
son objectif de faire fusionner la lumière et
1935. Comme Kelly le raconte lui-même,
l’architecture. Outre les nombreux projets
cette époque de sa vie fut marquée par la
auxquels il a collaboré, Kelly fut aussi profes- frustration. « Il n’y avait pas d’éclairagistes.
seur invité dans plusieurs universités parmi
Personne n’était prêt à payer pour mes idées,
lesquelles Yale, Harvard, Princeton, Cornell,
les gens voulaient acheter des luminaires à
la Rhode Island School of Design et l’Illinois
la place. J’ai donc commencé, parallèlement
Institute of Technology, où il a transmis l’art à mes études d’éclairage, à concevoir des
de l’éclairage à des générations de concepluminaires que je fabriquais et vendais. » De
teurs lumière. Son influence fondamentale
cette façon, Kelly put mettre en pratique son
pour l’évolution des études d’éclairage archi- approche de l’éclairage architectural – en
tectural, Kelly l’a exercée en tant que praticoncevant de nouveaux luminaires et en
cien, mais aussi en tant qu’enseignant.
cherchant à imposer leur intégration dans
Afin de bien comprendre l’influence de
l’architecture.
Kelly sur la profession, il faut se représenter
Tout en accumulant de l’expérience au
avec quel acharnement il s’est battu pour
contact de différents architectes et designers
faire reconnaître les études d’éclairage comme avant la Seconde Guerre mondiale, Kelly
un élément à part entière de l’architecture.
comprend que les formes et matériaux archiDepuis l’invention de la lumière électrique,
tectoniques modernes – et particulièrement
vers la fin du XIXe siècle, le lien entre l’archi- le verre –, de plus en plus populaires, exigent
tecture et l’éclairage électrique ne s’est déve- de nouveaux outils d’éclairage totalement
loppé que lentement et il a été marqué par
inexistants à cette époque. Cependant, Kelly
de nombreux antagonismes. Certains archine cesse de souligner que les lampes et les
luminaires ne peuvent, seuls, suffire à résoudre le problème. Kelly estime que l’architec­
ture moderne ne peut se réaliser sur les plans
formel et conceptuel que si l’on traite avec
soin de la question de l’éclairage. Un éclairage doit être conçu pour correspondre aux
formes modernes grâce à une compréhension parfaite des matériaux architectoniques. Très tôt, il prend conscience du besoin
urgent de moderniser les techniques aussi
bien que la structure de l’offre de l’industrie des luminaires. Au moment où éclate la
Seconde Guerre mondiale, Kelly, qui a été
exempté du service militaire, s’inscrit à la
School of Architecture de l’université Yale.
Il est convaincu que son diplôme en architecture lui donnera la légitimité nécessaire
pour défendre ses idées et ses dessins face
aux autres architectes. En effet, Kelly ne veut
pas être considéré comme un créateur de
luminaires ou un ingénieur éclairagiste, mais
plutôt comme un architecte éclairagiste.
Kelly quitte Yale en 1944 avec en poche
un diplôme de « Bachelor in Arts » en architecture. Cette étape marque un tournant
pour Kelly qui le distinguera nettement de
la plupart de ses collègues de l’industrie de
l’éclairage. Kelly, qui se dit lui-même « architecte spécialisé », emploiera dès ce moment
le titre de « conseiller en éclairage architectural » et se démarquera par ses méthodes et
par son travail des ingénieurs éclairagistes et
des éclairagistes de théâtre. Kelly fut l’un des
premiers concepteurs lumière en architecture américains à être titulaire d’un diplôme
professionnel d’architecture et à travailler
en toute indépendance des fabricants de
luminaires et des donneurs d’ordre du secteur électrotechnique. En cela, il a largement
contribué à l’indépendance de la profession
de concepteur lumière telle qu’on la connaît
aujourd’hui. Dès lors, Kelly ne parlera plus de
la lumière qu’en tant que concept architectural et en des termes architechtoniques qu’il
reprendra pour fixer les principes et le vocabulaire des études d’éclairage architectural
modernes.
C’est également à ce moment là que Kelly
commencera à développer sa propre philosophie de la lumière qu’il présentera en 1952
au cours de la conférence qu’il donnera sur le
thème « Lighting as an Integral Part of Architecture » (l’éclairage, une partie intégrante
de l’architecture). Dans son exposé, Kelly
énonce sa théorie des « incidences de l’énergie lumineuse », au cœur de son approche
philosophique et de sa pratique des études
d’éclairage. Il entame l’exposé de sa théorie
par ces mots : « Pour notre œil spirituel, trois
éléments mènent à la perception visuelle
– trois types élémentaires d’effets-lumière...
1. le « focal glow » ou lumière d’accentuation,
2. l’ « ambient luminescence » ou lumière
ambiante, 3. le « play of brilliants » ou lumière décorative. Ces trois éléments constituent
également l’ordre du processus créatif. » Pour
Kelly, chacun de ces trois « effets lumière »
élémentaires jouait un rôle spécifique pour
la composition et la représen­tation d’un
environnement structuré. Kelly définissait le
focal glow comme le « faisceau de lumière
sur votre coin de lecture préféré » et un effet
de lumière qui « attire l’attention... met en
valeur la marchandise, distingue l’important
du futile. » Kelly assimile l’ambient luminescence au « voile de brume sur une rivière,
lorsque le rivage, l’eau et le ciel se confondent... C’est également l’éclairage indirect
et tout ce que nous en savons. » Il insiste sur
le fait que l’ambient luminescence « produit
un éclairage dénué d’ombres... réduit formes
et volumes... et par là-même, l’importance
des choses et des êtres. Elle peut suggérer la
liberté spatiale voire l’infini. » Le dernier élément, le play of brilliants, est décrit par Kelly
comme « Times Square de nuit... la lumière
du soleil sur un jet d’eau ou un ruisseau » ;
il « excite le nerf optique... stimule le corps
et l’esprit... et éveille les sens. » Kelly conclut
son intervention en précisant que « toute
beauté visuelle est perçue par l’interaction
de ces trois catégories de lumière », même
si l’une ou l’autre d’entre elles est souvent
dominante dans la composition générale.
Selon la théorie de Kelly, la composition de la
lumière est un facteur majeur du succès d’un
projet d’éclairage. En identifiant les effets
élémentaires de la lumière qui sont directement responsables de la perception visuelle,
Kelly nous a laissé un héritage durable sous
la forme de ses « incidences de l’énergie
lumineuse ».
Kelly, tout en continuant de s’intéresser à
l’interaction de la lumière, de la perception et
de l’expérience sensible, s’occupe également
activement de l’application concrète de ses
principes à l’éclairage. En 1950, soit six ans
seulement après sa sortie de Yale, Kelly a déjà
conçu l’éclairage de plus de trente bâtiments
publics et d’au moins autant de maisons particulières. Durant cette phase, Kelly collabore
à des projets très variés et compose l’éclairage
de bâtiments célèbres tels que le Stork Club
Cub Room, le Little Casino Club (en coopération avec Oscar Nitzschke), le Tiffany & Co.,
le Bonwit Teller de New York ou encore les
bureaux de la Container Corporation of
­America de Chicago.
Les premiers projets de Kelly portant sur
des maisons particulières sont probablement
les plus innovants de cette période et présentent un lien direct avec ses œuvres ultérieures. Deux projets de ce début de carrière se
détachent particulièrement : la résidence de
Richard Neutra pour Edgar J. Kaufman Sr à
Palm Springs en Californie (1947) et la Glass
House de Philip Johnson. Toutes deux illustrent parfaitement la réponse apportée par
Kelly aux défis posés par l’éclairage architectural moderne. Ces deux édifices témoignent
en outre du crédit que Kelly accordait à
l’idéal moderne qui consistait à vouloir gommer la frontière entre les espaces intérieur
et extérieur. Les études d’éclairage de Kelly
pour le projet Kaufmann montrent quelles
techniques il expérimentait à ses débuts,
techniques qu’il mènera à maturité au cours
de la décennie suivante : parmi celles-ci figu­
rent les murs et les plafonds éclairés ainsi que
les downlights pour les zones périphériques.
Toutes ces techniques fascilitaient la jonction
entre l’intérieur et l’extérieur. D’une maniè­re
Richard Kelly (à gauche)
et Edison Price, son
génial partenaire au titre
de constructeur de luminaires dans de nombreux
projets. En arrière-plan,
le modèle du lustre du
Barbizon Plaza (vers
1955).
ERCO Lichtbericht 82 17
Sur l’auteur
Margaret Maile est historienne du design,
spécialiste de l’éclairage architectural et
enseigne à la « Parsons the New School for
Design » de New York. Sa thèse de Master
traitait de Richard Kelly et du caractère
révolutionnaire de sa collabora­tion avec
Philip Johnson et Mies van der Rohe. Elle
rédige actuellement sa thèse de doctorat
au Bard Graduate Center, à New York. Elle
a notamment publié : « Spiegelungen /
Reflections » dans Leuchtende Bauten:
Architektur der Nacht (Allemagne : éditions Hatje Cantz, 2006), « Illuminating
the Glass Box: Architectural lighting
design and the performance of modern
architecture in post-war America », Journal of the Society of Architectural Historians v6 (juin 2007), et « The Seagram
Building: Standing Up to the Test of
Time », Professional Lighting Design
n° 50 (juillet/août 2006) ainsi que de
nombreux articles pour le compte du
magazine Architectural Lighting.
18 ERCO Lichtbericht 82
similaire, Kelly emploie de puissants down­
lights autour de la Glass House, les alliant
à un éclairage du paysage soigneusement
étudié afin d’assurer la transparence de la
maison de verre de Johnson, y compris après
le coucher du soleil. Revenant sur ses plans
pour la Glass House, Philip Johnson commentait en 1979 : « Lorsque j’ai emménagé
dans la Glass House, il n’y avait aucune autre
lumière que celle du soleil. On imagine bien
le problème des reflets. Si on allumait une
ampoule, six apparaissaient. La tombée de la
nuit posait un problème impossible à résoudre pour un éclairagiste – c’est du moins ce
que je croyais. Richard [Kelly] a inventé l’art
de l’éclairage résidentiel le jour où il a conçu
l’éclairage de la Glass House. »
Durant les deux décennies qui suivent,
Kelly participe à quelques-uns des projets
majeurs de l’architecture du XXe siècle. A
notre époque de spécialisation, il est difficile
de se représenter comment un homme seul,
qui de surcroît travaillait en toute indépendance et sans un personnel important pour
l’assister, a pu réaliser tant de projets divers
aussi concluants et en un laps de temps si
court. De 1955 à 1965, Kelly a achevé une
centaine de projets. Parmi eux, le Seagram
Building et son révolutionnaire effet de
« tour de lumière », qui fut le premier exemple monumental d’architecture de l’éclairage
aux Etats-Unis. On ne mesurera jamais assez
l’importance du programme d’éclairage du
Seagram Building. Comme un critique le fit
remarquer peu après son achèvement, l’éclairage du Seagram Building conférait « une
toute nouvelle signification à l’éclairage
artificiel comme élément de design architectural. » C’est en des termes comparables que
l’Architectural Forum verra dans le Seagram
Building en 1958 « l’un des édifices les mieux
éclairés jamais construit. »
Au cours de cette décennie, Kelly conduit également, en collaboration avec Eero
Saarinen, une série de grands projets qui
marqueront l’esthétique et le fonctionnement de différentes typologies de l’architecture moderne, comme les sièges d’entreprises, les laboratoires de développement, les
universités, les théâtres, les amphithéâtres
et les aéroports. C’est probablement sur
les labo­ratoires de développement que la
coopération entre Saarinen et Kelly aura
l’influence la plus marquée, notamment
le General Motors Technical Center (1956)
à Detroit dans le Michigan, l’IBM Thomas
Watson Research Center (1961) à Yorktown
dans l’état de New York et les Bell Telephone
Laboratories (1962) à Homdel dans le New
Jersey. Pour chacun de ces projets, Kelly
intègre des concepts d’éclairage aux différents bureaux, laboratoires, halls d’accueil,
showrooms, façades et paysages. L’idéal
caressé par Kelly d’une symbiose complète
de la lumière avec l’environnement bâti
sera alors atteint dans sa dimension la plus
complète.
Dès les années 50 et 60, bien avant qu’exploiter la lumière naturelle ne soit à la mode,
Kelly plaidait pour qu’elle soit prise en compte en architecture et en éclairage architectu-
ral. Kelly était fermement convaincu que les
études d’éclairage devaient aborder la nature
cyclique de l’architecture de façon globale,
argumentant que : « La gestion des formes,
la signification d’une pièce doivent entretenir un lien avec la lumière du jour. » La
sensibilité et la perfection des connaissances
de Kelly et l’intérêt qu’il portait à la lumière
du jour se manifestent en particulier dans sa
collaboration avec Louis Kahn. Pour le musée
Kimbell de Kahn, Kelly a dessiné avec Edison
Price et avec le mathématicien Issac Goodbar
le désormais célèbre réflecteur en aluminium
perforé et incurvé longeant la voûte cycloïde,
source dans le musée d’une lumière naturelle
diffuse et réfléchie. Cette équipe au talent
exceptionnel a donné naissance avec ce projet commun à l’un des musées les plus beaux
et les mieux éclairés de l’époque moderne.
Les fascinants projets de Kelly issus de
cette phase de création sont trop nombreux
pour pouvoir être détaillés ici. Les relations
profondes et durables que Kelly a établies
avec Mies van der Rohe, Philip Johnson,
Eero Saarinen et Louis Kahn mériteraient
un livre à elles seules. Heureusement, l’exposition « Richard Kelly : Œuvres choisies »
actuellement organisée par ERCO en collaboration avec la PLDA (Professional Lighting
Designers Association) fera halte cette année
dans six lieux différents en Europe. Elle sera
l’occa­sion pour les visiteurs de découvrir une
quantité exceptionnelle de matériau issu des
archives de Richard Kelly. Cette exposition
nous aide à garder en mémoire et à apprécier
à sa juste valeur l’apport considérable de
Richard Kelly à la pratique moderne des
études d’éclairage architectural. Son engagement en faveur de la reconnaissance de la
profession de concepteur lumière en archi­
tecture et ses efforts infatigables pour donner une légitimité à la lumière en tant que
« matériau » fondamental de l’architec­ture
devraient tous nous inspirer et nous encourager à rechercher des solutions toujours
meilleures en matière d’architecture de la
lumière.
Van Meter Residence
Springfield, Illinois,
1962-63
Architecture :
King & Murphy
Le lustre sans fil de
­l’hôtel Barbizon Plaza
New York, New York,1955
Restaurant Four Seasons
New York, New York,
1957 – 1958
Architecture : Philip
Johnson Associates
Wiley House
Westport, Connecticut,
1954
Architecture :
Philip Johnson
Howard M. Brandston
Fondateur du bureau
d’études d’éclairage
Brandston Partnership
Inc. en 1966, Howard
Brandston s’appuie sur
une expérience de plus
de 40 ans d’études
d’éclairage, de construction et d’électronique.
www.concerninglight.com
J’ai connu Richard Kelly ! Lorsque j’ai débuté
ma carrière, il représentait pour moi une personnalité tout à fait à part. J’étais un jeune
type plein d’un respect craintif qui voyait en
lui une figure culte ; il m’appelait – à raison
– « le petit polisson ». Son travail m’inspirait,
il était mon modèle : comme lui, je voulais,
un jour, marquer la conception lumière de
mon propre sceau. Ma rencontre avec Kelly
m’a formé et influencé à long terme.
Mon mentor, le Pr Stanley R. McCandless,
disait toujours : « Celui qui n’est pas aussi
un instructeur restera un pur praticien et ne
réalisera jamais toutes les facettes de son
métier. » Je suis convaincu que la formation est la clé pour faire accéder les études
d’éclairage à la reconnaissance et au succès.
Il est intéressant de constater quelle importance l’enseignement a prise pour moi avec
le temps – c’est tout simplement devenu
une passion. Je gère mon cabinet d’études
avec le même enthousiasme que je guide la
formation des concepteurs lumière. Si je devais
laisser un héritage au monde de l’éclairage, je
souhaiterais que cela soit dans le domaine de
la formation. Cette dernière est elle-même évidemment soumise à des évolutions cycliques.
Qu’est-ce que je me souhaite pour l’avenir ?
Voici les quatre points qui pour moi ont leur
place dans un plan d’études pour éclairagistes :
Tout d’abord, il faut apprendre aux acteurs
de l’éclairage à voir. Comment peut-on créer ce
que l’on souhaite voir, si l’on ne sait pas voir ?
C’est lorsque la représentation visuelle revêt
une forme concrète qu’émerge la perception.
Voir et percevoir sont deux choses très différentes. Si la vision est universelle, la perception
est individuelle, elle dépend de chacun, de ses
expériences et de son vécu culturel.
Deuxièmement, nous devons stimuler la
créativité. Etre créatif, cela signifie simplement
saisir l’inutilité d’agir tel qu’on l’a toujours fait.
Suivre des chemins tout tracés, ce n’est pas être
créatif, c’est sacrifier à un exercice imposé sans
faire preuve de réflexion.
Troisièmement, nous devons apprendre aux
individus à aller plus loin, à se dépasser. Mais
pour cela, il faut tout d’abord connaître parfaitement ce qui existe – les aspects scientifiques
et techniques de l’art de l’éclairage, dont la parfaite maîtrise est une condition fondamentale.
Enfin, quatrièmement, nous devons enseigner la conscience de notre responsabilité :
nous devons être prêts à assumer la responsabilité d’une solution créative satisfaisant aux
besoins des donneurs d’ordre et non pas
inféodée à de quelconques normes et standards. Sinon, pourquoi nous choisir nous ?
Si je n’avais pas suivi l’exemple de Richard
Kelly et de Stanley McCandless en formant
des personnes à ce métier, personnes qui à
leur tour le remodèlent, le font avancer et le
développent, en guidant et en formant les
générations futures, quel gâchis aurait été
ma vie. J’espère qu’un nombre maximal d’acteurs de notre branche se consacrera aussi
à la formation : à titre de sponsor, comme
la fondation d’études Richard Kelly Fund,
en tant qu’enseignant dans les centres de
formation locaux ou dans les associations,
ou bien en tant que mentor d’un stagiaire
assoiffé de savoir. La formation est un processus continu et nous avons le devoir de
nous assurer que la profession de concepteur lumière se renouvelle sans cesse avec
de jeunes talents qui aient bénéficié d’une
bonne formation, qui soient capables et qui
soient en mesure d’assumer les responsabi­
lités inhérentes à cette tâche. Je suis
convaincu que cela plairait à Richard Kelly.
ERCO Lichtbericht 82 19
New York State Theater
Lincoln Center for the
Performing Arts
New York, New York,1965
Architecture : Philip
Johnson
Photographie :
Ezra Stoller © ESTO
Glass House de Philip
Johnson
New Canaan,
Connecticut, 1948-49
Architecture : Philip
Johnson
Seagram Building
New York, New York, 1957
Architecture : Ludwig Mies
van der Rohe et Philip
Johnson
Photographie :
Ezra Stoller © ESTO
20 ERCO Lichtbericht 82
Paul Marantz
Ayant suivi des études
d’architecture, d’histoire de l’architecture,
de design industriel et
de technique d’éclai­
rage, Paul Marantz
s’appuie dans sa
pratique des études
d’éclairage sur un
savoir multidisciplinaire. Titulaire du
diplôme de Bachelor
of Arts du Oberlin
College, il est également diplômé de la
Case / Western Reserve
Univer­sity et du Brooklyn
College. Cofondateur du
bureau Fisher Marantz
Stone de New York en
1971, il y occupe actuellement le poste de Con­
sulting Design Principal.
Ses concepts d’éclairage
lui ont valu de nombreuses récompenses.
www.fmsp.com
Au même moment où je prenais la décision
d’entamer une carrière de concepteur lumière,
celle de Richard Kelly touchait à sa fin. Très naïvement, j’ai sonné à la porte de son bureau pour
postuler auprès de lui. Nous avons eu une brève
discussion, j’ai laissé mon dossier et ce fut tout.
Aussi bref qu’ait été notre échange, l’influence de Richard Kelly sur mon travail fut considérable, et ce sous deux aspects :
D’une part, parce que Kelly, véritable inventeur de l’éclairage architectural moderne et de
l’idée d’un bureau professionnel d’études d’éclai­
rage, est pour ainsi dire le père spirituel de tout
ce qu’aujourd’hui des centaines et des centaines
de concepteurs lumière du monde entier osent
mettre en œuvre. Il faut l’avouer, Kelly a aussi
eu la chance d’appartenir à une génération qui
comptait nombre d’architectes grandioses. Mais
sa capacité à faire « vibrer » l’architecture avec sa
lumière fut un cadeau extraordinaire et durable
dont l’influence sur mes confrères et moi perdure encore aujourd’hui.
D’autre part, Kelly possédait en la personne
du jeune Edison Price un complice tout à fait
consentant dès qu’il s’agissait d’élaborer les
outils adéquats pour de nouveaux concepts
d’éclairage. Ensemble, ils ont inventé les solu­
tions techniques de l’éclairage architectu­
ral moderne (beaucoup d’entre elles sont
aujourd’hui proposées par des sociétés
comme ERCO). J’ai eu, des années plus tard,
la chance de pouvoir « comploter » d’une
manière similaire avec Price : son esprit est
toujours resté jeune.
Il y a peu, notre bureau a eu la chance de
collaborer à la restauration de la Yale Art
Gallery de Louis Kahn, un projet commun de
Kelly et de Price à leurs débuts. Nous n’avons
pas hésité une seconde sur la marche à
suivre. Il fallait rafraîchir la vision de Kahn
que Kelly avait concrétisée, sans la modifier.
Toute autre approche aurait été sacrilège.
ERCO Lichtbericht 82 21
Light Server 64+
Données-clés
- Jusqu’à 12 Light Servers 64+
- Max. 64 adresses DALI par serveur
- Installation complète :
max. 12 x 64 = 768 adresses
- 12 x 31 Light Changers
- 12 x 4 groupes de touches
- 1024 scènes d’éclairage
- 64 zones
La solution conviviale d’ERCO pour les
installations DALI de grande envergure :
12 Light Servers 64+ interconnectés permettent de démultiplier le champ de
64 adresses par segment DALI et d’atteindre 768 adresses au total.
Hub/Switch
O0148
10720
0441A
Light Server 64+
max. 12
52000
Ethernet
DALI
1072052000
E 230-240V~
50-60Hz
J
N10348
Ti
L’ID appareil d’éclairage
permet de référencer le
lieu de montage d’un
Light Client ERCO sur le
plan, puis de l’identifier
sur le PC simplement et
avec certitude.
0441AO0148
DALI
C
Etape n°2
L’autocollant permet de
répertorier avec précision
le lieu de montage de
chaque Light Client sur le
plan de plafond projeté.
Etape n°1
Pour le montage dans
la pièce, l’autocollant
indiquant la référence de
l’article et l’ID appareil
d’éclairage supplémentaire est retiré.
120V-240V
50-60Hz
Hub/Switch
Deux Light Servers 64+
peuvent être connectés
directement entre eux
par un câble réseau
(Cat5). L’interconnexion
de plus de deux appareils nécessite un switch
(connecteur) et un hub
(concentrateur) Ethernet
classiques.
22 ERCO Lichtbericht 82
Le Light Server interconnectable 64+
Le protocole de communication DALI limite le
nombre d’adresses d’une installation DALI conventionnelle à 64. Le Light System DALI d’ERCO
va plus loin avec le Light Server 64+, qui peut
être connecté par Ethernet à d’autres Light
Servers de même type. Capable de gérer jusqu’à
64 adresses DALI, le Light Server 64 satisfait de
nombreuses applications d’éclairage typiques de
petite ampleur. Des installations plus importantes, de plus de 64 adresses, deviennent possibles
grâce à la mise en réseau de 12 Light Servers 64+
maximum, reliés par Ethernet. Il est ainsi possible de gérer jusqu’à 768 adresses DALI, le nombre
de Light Changers connectables se multipliant
d’autant. Chaque Light Server 64+ doit alors
absolument dépendre d’un brin DALI distinct,
lui-même limité à 64 adresses. Cela est notamment important pour le câblage, car les espaces
ou les groupes d’appareils de 64 adresses DALI
maximum sont systématiquement connectés à
un Light Server.
Des Light Clients avec ID appareil d’éclairage
Le confort de la mise en service « Plug-and-play »
grâce à des Light Clients identifiés par un code
individuel reste intact avec les Light Servers 64+
et leur nombre considérable d’adresses DALI.
Avec un contact visuel, l’identification des Light
Clients sur leur lieu de montage s’effectue en
toute simplicité via la fonction « Clignoter » du
logiciel Light Studio. Cela n’est pas forcément
possible dans le cadre d’installations Light
System DALI en réseau plus importantes, aussi
tous les Light Clients sont-ils dotés d’un autocollant supplémentaire indiquant l’ID appareil
d’éclairage. Cet identifiant individuel permet
d’identifier sans ambiguïté les différents Light
Clients, lors de la mise en service et dans le logiciel de programmation de la lumière. Pour répertorier le lieu de montage du Light Client, l’électricien retire l’autocollant collé sur l’appareil
d’éclairage et le recolle à l’endroit approprié sur
le plan de plafond projeté. Outre l’ergonomie du
Plug-and-play, le concept ERCO des ID appareils
d’éclairage identifiables sans ambiguïté assure
une sécurité maximale du processus, grâce à la
cohérence de la documentation aux niveaux du
plan, du produit et du logiciel.
Etape n°3
Les ID appareils d’éclairage sont également
­sauvegardés dans les
ballasts de chaque Light
Client avant la sortie
d’usine. Grâce au logiciel
Light Studio, ils apparaissent dans une colonne
particulière de la liste
des Clients.
Les ID appareils d’éclai­
rage sont sauvegardés
dans les ballasts en
usine, automatiquement reconnus par le
logiciel Light Studio et
listés à l’écran dans une
colonne distincte. Pour
finir, le concepteur peut
facilement agencer les
symboles représentant
les appareils sur le plan
du Light Studio. Une liste
complémentaire pour les
Light Changers et les boutons poussoirs recense les
serveurs correspondants.
Pour en savoir plus,
­reportez-vous à notre
brochure sur le nouveau
Light Server 64+. Votre
conseiller ERCO se tient
à votre disposition :
www.erco.com/contact
Ou téléchargez la brochure au format PDF sur
le Light Scout ERCO :
www.erco.com/download
ERCO Lichtbericht 82 23
Les faisceaux lumineux
sont perçus comme des
motifs à part entière.
Selon leur forme et leur
position sur le mur, ils
structurent l’espace.
Par opposition, un éclairage mural homogène
présente la surface éclairée comme un élément
unitaire de l’architecture.
Zoom
Zoom rapproché
Voir et percevoir : les effets de perception
dans la pratique des études d’éclairage
Quelques personnes possèdent l’oreille absolue
et reconnaissent la note la sans aucun repère.
Pour la lumière, ce phénomène n’a pas d’équivalent, l’œil travaillant toujours de manière relative
– par exemple l’impression de luminosité dégagée par un mur éclairé dépend fortement de son
environnement. Ainsi dans un environnement
sombre, un mur éclairé à 100 lx peut paraître
très clair. Dans un hall baigné de lumière naturelle, en revanche, une surface bénéficiant du
même éclairement ne donne qu’une impression
de luminosité dérisoire. De même, nous n’interprétons jamais les températures de couleur de
façon absolue. Lorsque nous séjournons dans
une pièce s’instaure une certaine constance de
la perception des couleurs. Ainsi, en l’absence
de référentiel, le blanc chaud et le blanc de la
lumière du jour peuvent être tous deux perçus
comme un blanc neutre. En pratique, pour choisir l’éclairement ou la température de couleur
appropriés, il faut donc prendre en compte les
surfaces et les espaces limitrophes, ainsi que les
variations de luminosité en présence.
Outre l’adaptation des couleurs et de la luminosité, les formes et les constrastes lumineux
des différents motifs de lumière jouent un rôle
important dans les études d’éclairage. Ces motifs
focalisent le regard, structurent ou décorent
l’espace. Il revient au concepteur d’harmoniser
ces motifs avec l’architecture, pour qu’ils restent
intégrés. L’éclairagiste fait le choix d’une technique d’éclairage selon qu’il souhaite travailler
avec des motifs appuyés, par le biais de faisceaux
lumineux orientés notamment, ou privilégier un
éclairage régulier pour souligner l’homogénéité
des éléments architecturaux. En recourant à des
motifs d’éclairements différents, il peut établir
une hiérarchie dans la perception, accentuant
certains objets et en laissant d’autres dans l’ombre. Tout espace s’articule en différentes zones
d’importance variable. L’essentiel est alors de
comprendre quels contrastes sont perceptibles.
Si un contraste de luminosité d’un rapport 1 à 2
entre un objet et son environnement se perçoit à
peine, alors qu’un rapport d’éclairement de 1 à 5
crée un contraste subtil, tandis qu’une relation
de 1 à 10 génère une opposition marquée. Dans
ce contexte, on comprend mieux pourquoi il
importe souvent de développer un concept
d’éclairage à partir du plus faible niveau d’éclairage général possible.
Voir et percevoir : théorie de la perception
Il n’est possible de comprendre et d’organiser
efficacement de nombreux effets de lumière
qu’au regard de la psychologie perceptive. Nous
abordons ici seulement certains des aspects
de la théorie de la perception dont l’ensemble est détaillé dans le Guide du Light Scout
(www.erco.com).
La perception de notre environnement visuel
passe par le système visuel, les yeux, les nerfs
optiques, mais aussi les parties du cerveau
qui participent activement au traitement et à
l’interprétation des images. La perception de
la luminosité est d’abord prise en charge par
l’œil. Ce dernier ne couvrant pas la totalité du
spectre visible avec le même système de photorécepteurs, il s’adapte chaque fois selon la circonstance. Les objets assortis d’une luminance
trop élevée pour un certain état d’adaptation
éblouissent et semblent trop clairs. L’impression
de luminosité d’un mur éclairé dépend donc de
l’état d’adaptation de l’œil, selon que l’individu
sort de la clarté ou de l’obscurité.
L’interprétation de motifs lumineux fait intervenir la constance de la perception. Des motifs
de lumière, autrement dit des écarts de luminosité sur des objets, peuvent avoir différentes origines : le type d’éclairage, la forme de l’objet ou
ses propriétés superficielles. La détermination de
l’aspect en question est liée au processus de perception de l’œil et du cerveau, selon l’expérience
en mémoire. Des motifs lumineux irréguliers
peuvent générer des situations d’éclairage perturbantes, notamment en présence de faisceaux
irrespectueux de l’architecture ou des objets. Les
Notions de base du Guide vous en dirons plus
au chapitre consacré à la constance. Quant au
chapitre sur la perception des formes, il explique
la façon dont certains motifs sont perçus sous
forme d’objets. Les exemples fournis illustrent
également à quel point la disposition des appareils d’éclairage influe sur l’impression d’ensemble d’un espace.
L’effet produit par les couleurs dépend en
partie du système de photorécepteurs à cônes
de l’œil, tout comme la variation d’intensité de
couleur trouve son origine dans la sensibilité
chromatique irrégulière des cônes rouges, verts
et bleus. Peintre et professeur d’art, Johannes
Itten fonde ses cours sur les contrastes de couleur sur la subjectivité. Le Guide aborde les questions physiologiques dans ses Notions de base
et illustre les contrastes de couleur au chapitre
Concevoir avec de la lumière, par des exemples
interactifs.
Thomas Schielke
Cornée
Cristallin
Iris
Rétine
(fovéa)
Nerf optique
L’œil ne peut traiter les
contrastes de luminance
que dans une certaine
mesure. Le système de
photorécepteurs s’adapte
à l’environnement, les
impressions de luminosité
étant de fait relatives.
La lumière d’accentuation
dirigée sur les objets relègue l’espace à l’arrièreplan. L’éclairage permet
ainsi de focaliser l’attention.
Le contraste entre des
températures de couleur
froides et chaudes crée
une attention continue
alors qu’une lumière teintée homogène est rapidement perçue comme
neutre.
Pour de plus amples informations sur Voir et perce­
voir, reportez-vous aux
Notions de base du Guide.
www.erco.com/guide
La position du faisceau
détermine si ce dernier
doit être perçu comme
fond ou comme élément
dérangeant. Les faisceaux
lumineux qui ne correspondent pas à la géométrie de la surface d’image
sont assimilés à des motifs
indépendants et perturbants.
Les lois de la perception
ne s’appliquent pas uniquement à la position du
faisceau lumineux, mais
aussi à la disposition des
appareils : en termes de
proximité, elles les envisagent par paires.
Thomas Schielke
24 ERCO Lichtbericht 82
ERCO Lichtbericht 82 25
Une villa toutes voiles dehors
Bienvenue sur le pont ! La mer est le
­leitmotiv de cette villa construite par Lord
Norman Foster à Saint-Jean-Cap-Ferrat.
Les façades vitrées aux dimensions généreuses
font le rêve de nombreux maîtres d’ouvrage pri­
vés : le salon semble s’ouvrir et rejoindre l’hori­zon – ou du moins les limites de la propriété.
Comme Phillip Johnson l’avait déjà constaté
avec sa maison expérimentale, la « Glass House »,
la transparence des vitres laisse rapidement
place à un miroir sans tain une fois l’obscurité
venue. Pour résoudre ce problème, l’architecte
avait fait appel à Richard Kelly. Un autre article
de ce Lichtbericht étant consacré à ce précur­
seur des études d’éclairage, nous nous conten­
terons ici d’évoquer brièvement la solution
qu’il préconisa : éviter les sources lumineuses
éblouis­santes à l’intérieur de la maison et met­
tre en scène l’extérieur en illuminant la pelouse
et les arbres environnants.
Toutefois, cette seconde recommandation
ne pouvait pas être appliquée à cette villa, où le
regard erre librement sur la falaise escarpée, la
plage rocheuse et la Méditerranée pour se per­
dre dans le lointain. L’architecte Lord Norman
Foster est néanmoins parvenu à trouver une
solution technique adaptée : une simple pres­
sion sur un bouton suffit pour que la façade,
soit pas moins de 18 tonnes de verre et d’acier,
glisse sur le côté comme poussée par une main
invisible : l’électricité. Le problème des reflets
est ainsi réglé, le climat doux de la Côte d‘Azur
permettant de tirer le meilleur parti de cette
exceptionnelle fusion entre l’intérieur et l’exté­
rieur. Pour éclairer le paysage alentour, seule
suffit la lumière naturelle de la Lune et des étoi­
les, voire de l’un ou l’autre des yachts croisant
à proximité.
A propos de yacht : en filant la métaphore
maritime, Foster s’inscrit dans une tradition
de l’art moderne classique dont des représen­
tants comme Le Corbusier ou Eileen Gray ont
également construit ou occupé des résidences
secondaires sur la côte pittoresque du Cap
Ferrat. Ici, la ressemblance avec un luxueux
navire ne tient pas seulement aux bastingages
en acier et à la couleur blanche, omniprésente,
mais aussi et surtout au spectaculaire dispositif
brise-soleil : entre deux gigantesques cintres
d’acier qui s’étirent au-dessus de l’ensemble de
ce bâtiment aménagé en terrasses sur la pente
escarpée, des voiles en tissu, naturelle­ment d’un
blanc éclatant, tendues par des filins d’acier
protègent l’édifice du soleil. Pour la petite his­
toire, cette villa est à proprement parler une
rénovation : depuis longtemps déjà, aucun ter­
rain n’est plus disponible dans cet endroit très
prisé, par ailleurs soumis à une réglementation
stricte en matière de protection du littoral. Il
ne reste cependant quasiment aucune trace du
bâtiment initial : cette maison d’une élégance et
d’une nonchalance inégalées est aujourd’hui un
ouvrage caractéristique de Foster.
Tendues entre deux
­gigan­tesques cintres
d’acier, des voiles pro­­­tè­
gent du soleil cette
villa blottie à flanc de
coteau.
Un luxe désinvolte :
une habitation de quatre
étages avec vue sur la
Méditerranée peut sem­
bler dénuée de toute pré­
tention lorsque son archi­
tecte a pour nom Foster.
L’éclairage concentré et
faiblement accentué des
projecteurs Jilly pour
lampes halogènes basse
tension contribue nota­
blement au sentiment
de bien-être.
26 ERCO Lichtbericht 82
ERCO Lichtbericht 82 27
L’ameublement de la villa :
réduit à l’essentiel, avec
des réalisations de l’archi­
tecte ou des classiques
du design, comme cette
chaise longue signée
Charles Eames.
Architecture : Foster & Partners, Londres
Photographie : Richard Bryant / arcaid.co.uk
L’environnement, marqué
par une esthétique tech­
nique tout en retenue,
met d’autant mieux en
valeur les lueurs du feu de
cheminée ou des bougies
disposées sur la table. Au
fond du salon, un « Mud
painting » de Richard Long
est accroché au mur.
Située sur le toit, la pis­
cine contribue à rafraîchir
l’ensemble du bâtiment
au plus fort de l’été.
Le long des murs latéraux
garnis d’étagères de livres,
l’éclairage vertical tamisé
des projecteurs à faisceau
mural Optec montés sur
des rails lumière permet
d’apprécier les dimensions
du salon et crée une lumi­
nosité générale des plus
agréables.
La perspective depuis
le bureau du maître des
lieux n’a rien à envier à la
passerelle de commande­
ment d’un navire – l’inté­
rieur ayant toutefois un
cachet différent.
Deux solutions pour
­accéder aux multiples
étages de l’édifice : un
ascenseur vitré, pour un
accès rapide ; l’escalier
d’acier en zigzag, pour un
parcours enthousiasmant.
Les balustrades vitrées
sont caractéristiques du
style de Foster. De même,
les bastingages en acier
utilisés en guise de ram­
pes reprennent le style
« Paquebot », qui imprègne
l’architecture moderne
depuis Le Corbusier.
28 ERCO Lichtbericht 82
ERCO Lichtbericht 82 29
Rembrandt : la quête du génie
Une exposition organisée dans la galerie
de peinture du Kulturforum de Berlin du
4 août au 5 novembre 2006.
Les concepteurs ont
soigneu­sement dosé le
contraste de luminosité
entre le mur coloré et
les toiles mises en valeur
en vue d’une observation
optimale. Ils ont opté
pour des projecteurs
Optec graduables individuellement par potentiomètre sur le transfor­
mateur. Les filtres de
conversion compensent
par des tons chauds le
Rembrandt, une énigme :
même les jeunes visiteurs
ne peuvent se soustraire
à la fascination exercée,
des siècles après, par
ses peintures – dont la
30 ERCO Lichtbericht 82
Conception de l’exposition et études
­d’éclairage : Hansjörg Hartung, Berlin
Staatliche Museen zu Berlin
Photographie : Sabine Wenzel, Berlin
www.smb.museum
Des couleurs sombres et
soutenues, un jeu animé
de clair-obscur : l’éclairage de l’exposition se
fait l’interprète, par des
moyens modernes, des
ambiances lumineuses
typiques de l’œuvre de
Rembrandt.
2006, année de Rembrandt : elle a en effet
marqué le 400e anniversaire de cet artiste de
génie, au rythme d’un florilège de manifestations. La grande exposition montée à Berlin en
collaboration avec le musée Het Rembrandthuis
d’Amsterdam et le Rembrandt Research Project
en aura certainement été l’apothéose.
En temps normal, les Staatliche Museen zu
Berlin (musées publics de Berlin) disposent déjà
de l’un des fonds les plus significatifs des œuvres
de Rembrandt. Or, pour cette exposition, les
conservateurs ont rassemblé 82 tableaux, dont
décalage de température
des prêts de musées et de collections privées du
de couleur des lampes
monde entier. Il s’agissait de mettre l’accent sur
halogènes graduées : les
peintures semblent éclai­- la crise de création de Rembrandt, après 1642, et
rées de manière particuliè­ sur son inlassable quête d’un style nouveau, jusrement neutre et analy­
qu’au début des années 1650. Si Rembrandt est
tique. La hauteur sous
populaire, une grande part d’énigme demeure,
plafond permet un angle
et l’indécision qui entoure l’attribution de cerd’incidence idéal du faisceau d’accentuation de
taines toiles tient les historiens d’art en haleine.
près de 30°.
La multitude d’élèves et d’aides qui ont assisté
Rembrandt dans son atelier laisse planer le
doute sur la paternité des œuvres. Ce thème
était également au centre de l’exposition, qui
s’est brillamment conclue par un symposium
consacré aux derniers résultats des recherches
menées sur la carrière de l’artiste.
Contrairement aux expositions de dessins
et d’estampes du maître hollandais qui se tiennent en continu au Kulturforum sous le titre
de « Rembrandt-Block », la salle des expositions
temporaires occupée par la collection de peintures a été obscurcie et équipée pour l’occasion
par le scénographe et architecte d’exposition
Hansjörg Hartung. Des murs gris foncé et rouges
ont apporté une touche de baroque à Berlin.
Quant à l’éclairage, les organisateurs tenaient à
ce qu’il soit tamisé et homogène sur les parois
murales teintées, de façon à former un arrièreplan complété par des faisceaux intensifs le plus
blanc neutre possible et orienté avec précision
sur les peintures. Ce mélange d’effets apporte
une solution qualitative. Les techniciens ont
ainsi utilisé des projecteurs et des projecteurs
à faisceau mural Optec pour lampes halogènes
basse tension, montés sur des rails triphasés.
Ces projecteurs ont été équipés de grilles en nid
d’abeille pour un anti-éblouissement maximal et
de filtres de conversion pour corriger la température de couleur. On a pu alors obtenir des conditions visuelles optimales et une atmosphère
sensible, toute en clair-obscur, qui ont permis
à plus de 200 000 visiteurs de se plonger dans
l’univers de Rembrandt.
« Jeune fille au cadre » de
1641, un prêt du Palais
royal de Varsovie.
ERCO Lichtbericht 82 31
Iittala Flagship Store, Amsterdam
Lorsque l’émotion gagne les Scandinaves,
connus pour leur réserve, l’aurore boréale
pourrait avoir un rôle à jouer : l’éclairage
scénographique assuré par le Light System
DALI confère un aspect théâtral à la boutique Iittala.
Iittala Flagship Store, Amsterdam.
Architecture : Bearandbunny, Amsterdam.
Etudes d‘éclairage : Iittala, Otto Freijser
(Pays-Bas), Juha Vesamäki (Finlande).
Photos :�����������
Dirk Vogel
www.iittala.com/amsterdam
Dans leur nouveau magasin concept du numéro
30 de l‘Amsterdamer ­Leidse­straat, les Finlandais
joignent le geste à la parole. La conception est le
fruit d‘une collaboration entre des spécialistes
de la vente au détail d‘Iittala et les architectes
d‘intérieur néerlandais Carlijn Kriekaard et John
Maatman, dirigeants du cabinet Bearandbunny
depuis 2002. Si le magasin reprend certains élé­ments de l‘apparence à la fois moderne et classique des boutiques scandinaves d‘Iittala, les
jeunes concepteurs d‘Amsterdam y ont apporté
leur touche particulière, fraîche et contemporaine.
Très attrayants, les produits s‘inscrivent dans
un cadre neutre, qui renforce leur potentiel
théâtral. Cependant, l‘émotion suscitée n‘a pas
sa source dans les aménagements expressifs en
place – étagères et présentoirs rectangulaires,
blancs ou noirs, aux lignes épurées – mais dans
l‘éclairage utilisé. Tout vise en effet à mettre
admirablement en scène les articles en verre,
porcelaine et acier inoxydable. Les présentoirs et
les étagères émettent ainsi un éclairage diffus
Un éclairage optimal
pour des objets étincelants comme les verres,
les couverts et les articles
en porcelaine. L’éclairage
d‘arrière-plan diffus asso­cié à la lumière d‘accentuation des projecteurs
rehausse leur éclat et
S‘il existe parmi les vases un véritable classique
de l‘art moderne, c‘est bien le vase Savoy créé
par l‘architecte Alvar Aalto. Non seulement
il est exposé dans tous les grands musées de
design du monde, mais c‘est également, depuis
sa présentation en 1937, l‘un des objets les plus
populaires, caractéristique du mode de vie à la
scandinave dans des milliers de foyers. Sa forme
sans prétention, à la fois simple et organique,
remplit son rôle avec une fonctionnalité à toute
épreuve : mettre en valeur un bouquet de fleurs
de la meilleure manière possible. Pour ERCO
également, le vase d‘Aalto constitue depuis
plusieurs années l‘archétype des objets décoratifs autorisés par le guide du Corporate Design,
naturellement en blanc opale, afin de rester dans
la gamme de couleur choisie par l‘entreprise.
Le vase Savoy cache une entreprise qui propose bien plus que cet unique produit-phare :
le groupe finlandais Iittala se définit volontiers
comme la « ����������������������������
Scandinavian design company� ���
».
Avec ses différentes enseignes, il est présent
sur l’ensemble du marché des articles ménagers,
32 ERCO Lichtbericht 82
notamment la verrerie, la vaisselle en porcelaine, les couverts et les ustensiles de cuisine.
Parmi ses marques, les plus connues en Scandinavie sont bien sûr Iittala pour la verrerie et la
vaisselle, et Boda Nova pour les couverts et la
ferblanterie. Néanmoins, les autres entreprises
du groupe sont également fermement implantées par le biais de leurs enseignes nationales.
Sur le plan économique, la clarté du positionnement passe par la qualité du design. Le groupe
peut se prévaloir d‘une croissance soutenue au
cours des dernières années et enregistre pour
2006 un chiffre d‘affaires de quelque 190 millions d‘euros. Dans ce contexte, Iittala accélère
son développement à l‘international, notamment en ouvrant des boutiques de marque dans
les grandes métropoles mondiales. Conscient
des opportunités de croissance exceptionnelles
offertes par ce réseau de commercialisation,
le groupe se fixe des objectifs ambitieux : les
magasins Iittala doivent être simultanément
les plus attractifs et les plus performants du
secteur.
assure une présentation
adéquate des couleurs et
des surfaces. La connexion
avec le Light System DALI
permet de rééquilibrer à
chaque instant les diverses composantes de ce
concept scénographique.
en arrière-plan. Tout aussi nécessaire, l‘éclairage
d‘accentuation par une lumière orientée brillante est assuré par des projecteurs Optec compati­
bles DALI dotés de boîtiers noirs et montés sur
des rails DALI également noirs. A l‘instar des plafonds et des murs noirs, les éléments techniques
et les contours de la pièce sont quasiment éclipsés au profit des articles, sur lesquels l‘attention
se trouve entièrement focalisée. Toutefois, le
clou de cette mise en scène est une installation
d‘éclairage de grande envergure apposée au
mur du fond, qui attire le regard depuis l‘exté­
rieur à travers la large vitrine. Cette « aurore
boréale » est un gigantesque bloc lumineux aux
couleurs paramétrables à volonté via le Light
System DALI ERCO. Elle est recouverte d’une
grille comprenant différents verres multicolores
de la collection Iittala comme autant de « pixels
de couleur ». Les produits, leur mise en valeur et
l‘éclairage retenu se fondent ainsi dans un concept scénographique global d‘une esthétique
grandiose.
Cette « aurore boréale »
est une paroi en verre
éclairée en arrière-plan.
Les lampes de couleurs
rouge, vert et bleu qui
équipent les platines pour
lampes fluorescentes
compatibles DALI permettent un réglage simple
des luminosités et des
températures de couleur
souhaitées via le Light
System DALI.
Les Light Clients ERCO
comme les projecteurs
Optec montés sur des rails
DALI fonctionnent par
« Plug-and-Play » avec
le Light System DALI. Les
éléments compatibles
DALI d’autres fabricants,
comme ceux affectés aux
présentoirs et aux étagè­
res pourvus de lampes
fluorescentes, s’intègrent
également à cette installa­
tion de manière optimale.
Les murs et les plafonds
sombres focalisent le
regard sur les présentoirs
et les étagères de couleur
claire. Au fond, l’installation d’éclairage apposée
au mur émet une lueur
fascinante.
ERCO Lichtbericht 82 33
Ascot
Architecture : HOK Sport, Londres
Etudes d’éclairage : Buro Happold
Photographie : Rudi Meisel
En septembre 2004, l’hippodrome d’Ascot
a fermé ses portes pour s’agrandir. Ce
projet de 200 millions de livres, achevé
en juin 2006, est l’un des plus importants
d’Europe du genre.
www.ascot.co.uk
Orientés vers le sol, des
projecteurs Focalflood
assurent l’éclairage des
zones de circulation.
La galerie comprend
24 escaliers mécaniques,
40 passerelles et 20 cages
d’escalier, dont 6 de
secours.
Le 20 juin 2006, Sa
­Majesté la Reine en per­
sonne a inauguré les nou­
veaux aménagements du
champ de course d’Ascot.
La concrétisation de cet
ambitieux projet n’aura
nécessité que 20 mois
– les échéances et le bud­
get ayant été respectés.
Debout dans la galerie,
les spectateurs suivent
l’évolution des paris sur
écran – sans être éblouis,
grâce aux Downlights
Lightcast pour lampes à
halogénures métalliques
montés au plafond.
34 ERCO Lichtbericht 82
« Ascot est si sélect qu’il s’agit du seul hippo­
drome au monde où ce sont les chevaux qui
possèdent les gens. » – Lorsque le fameux
chroniqueur américain Art Buchwald écrivit en
1957 sa satire « J’ai choisi le caviar », le champ
de course avait la réputation d’être réservé à
l’élite. Aujourd’hui, cinquante ans plus tard,
Ascot s’est affranchi de toutes les barrières
socio-économiques. Les plus fortunés se mêlent
allègrement à l’ensemble des citoyens et tous
savourent l’hospitalité du lieu, tandis que les
chevaux sont unanimement acclamés en véri­
tables héros.
Propriété de la couronne britannique, l’hip­
podrome d’Ascot date de 1711. Lové dans le
paysage enchanteur du comté de Berkshire, il
accueille des courses prestigieuses 26 fois par
an. En juin, le Royal Ascot, qui se tient pendant
cinq jours, attire plus de 300 000 visiteurs et
compte parmi les incontournables du calen­
drier sportif britannique.
La tribune de six étages conçue par HOK Sport
constitue la pièce maîtresse des édifices inau­
gurés en 2006. Sa toiture en parasol, de cons­
truction légère, se compose de 54 poutres en
treillis, dont la structure ramifiée rappelle les
allées verdoyantes du site. La forme incurvée du
toit et une façade vitrée de près de 10 000 m2
laissent pénétrer abondamment la lumière du
jour, ce qui assure aux spectateurs une vue
imprenable sur le circuit et son environnement
pittoresque, le Windsor Great Park.
Plus de 1 000 appareils d’éclairage ERCO,
principalement des Downlights Lightcast, des
projecteurs Focalflood et des projecteurs Optec,
garantissent dans l’ensemble du complexe
d’Ascot un parfait équilibre entre lumières
­artificielle et naturelle.
Les allées sont bordées
d’encastrés orientables
Lightcast pour lampes à
halogénures métalliques,
équipés de lentilles à
sculpture afin d’éviter
toute lumière diffuse ­
au-delà des parapets.
En 2006, 59 hippodromes
britanniques ont accueilli
environ 6 millions de
visiteurs. Eleveurs ou pro­
priétaires de chevaux de
race, joueurs profession­
nels ou simples parieurs
occasionnels : un jour au
champ de course est pour
tous un plaisir.
Parmi les sports pré­
férés des spectateurs
britanniques, les courses
de chevaux se classent
immédiatement après
l’indétrônable football.
Le montant des paris
excède les 10 milliards
de livres par an, dont
300 millions sont perçus
par l’Etat sous forme de
taxes et plus d’1 milliard
représen­tent les bénéfi­
ces des bookmakers.
Cliffe Tribe
ERCO Lichtbericht 82 35
Feux stop
Switched on London
(8–16 février 2007)
A Londres, une réinterprétation
du City Hall de Foster & Partners
comptait au nombre des projets
montés pour ce festival de lumière,
le long de la Tamise. Les concep­
teurs lumière ont éclairé des élé­
ments précis de l‘édifice dans des
couleurs soutenues. Consommation de courant de l‘installation :
pas plus qu‘un sèche-cheveux !
Etudes d‘éclairage : Indigo Light
Planning, Londres
www.switchedonlondon.co.uk
Richard Kelly : Œuvres choisies,
Stockholm
ERCO, en collaboration avec
la PLDA (Professional Lighting
Designers Association), présente
cette exposition itinérante pour
la première fois en Europe. Notre
showroom de Stockholm a été
le premier site à l‘accueillir, du
9 février au 2 mars 2007. Cette
exposition regroupe 37 panneaux
de photographies, d’impressions
et de dessins originaux tirés des
archives de Richard Kelly. On y
trouve une brillante illustration de
la philosophie du célèbre concepteur lumière américain et de son
approche visionnaire de l’éclairage
architectural, de l’utilisation de la
lumière du jour et de la conception
des appareils d’éclairage. Le Light
Scout (www.erco.com) vous informera sur le lieu d‘exposition actuel.
Des icônes architecturales sous un éclairage
nouveau : des appareils
d’éclairage varychromes
ERCO dotés de la techni­
que LED, pilotés par le
Light System DALI, éclairent le City Hall tout en
couleur.
Tempo Shop, Berlin
(15 nov. 2006�����������������
����������������
–10 janv. 2007)
De 1986 à 1996, la revue « Tempo »
a marqué un nouveau style de
magazine en Allemagne. Dix ans
après sa disparition et parallèlement à la parution d‘un hors série
exceptionnel, une boutique temporaire a ouvert dans la Chaussee­
straße à Berlin, présentant divers
objets estampillés du logo Tempo.
Son inauguration a été un véritable
événement de la scène médiatique
et créative berlinoise.
Monographie : Otl Aicher
ERCO se compte non sans
fierté au nombre des quelques
entreprises à avoir résolument
conservé et développé une
image signée du designer Otl
Aicher. D‘où la joie d‘apprendre
la parution chez le fameux
éditeur new-yorkais Phaidon
d‘une monographie complète,
profonde et merveilleusement
conçue, consacrée à Aicher.
C‘est là une façon de familiariser un large public à l‘actualité
de ses principes conceptuels.
Un ouvrage indispensable dans
toute bibliothèque spécialisée
liée au design.
Prochaines étapes :
Berlin (16.03.–01.04.2007)
Paris (26.04.–10.05.2007)
Barcelone (14.06.–30.06.2007)
Amsterdam (13.09.–05.10.2007)
Londres (25.10.–16.11.2007)
Vienne (29.11.–16.12.2007)
Rathgeb, Markus: Otl Aicher
(monographie), Phaidon Press,
2006, ISBN 0714843962
Architecture : Susanne Raupach,
Berlin
www.tempo.de
Contraste détonnant
avec le mobilier improvisé
fait de piles de journaux :
l’éclairage professionnel
est assuré par des projecteurs Parscan montés sur
des rails Hi-trac.
Spectacular City
NRW-Forum, Düsseldorf
(27 janvier 2007 - 6 mai 2007)
L‘exposition organisée par le NAI,
l‘institut d‘architecture néerlan­dais
à Rotterdam, montre les diffé­ren­
tes stratégies retenues par les
photographes contemporains
pour approcher le phénomène que
représente la « ville » : du regard
documentaire au montage artistique, toutes sont parfaitement
mises en lumière par ERCO.
www.nrw-forum.de
36 ERCO Lichtbericht 82
L’exposition comprend
des œuvres d’artistes
célèbres dans le monde
entier comme Andreas
Gursky (ci-dessous),
Thomas Struth, Thomas
Ruff, Olivo Barbieri et
bien d’autres.
Le vernissage a rassemblé
des architectes et des
concepteurs lumière dans
le showroom ERCO de
Stockholm. Au micro :
Jan Ejhed, président de
l’ELDA+ (PLDA), ci-contre,
et Kenneth Petersson,
­responsable de �����
ERCO
­Nordic Countries�.
Monographie : Kiessler +
Partner
Cet ouvrage couvre plus de
40 ans de travail du cabinet
d‘architectes munichois, qui
a conçu, entre autres édifices,
le centre technique d‘ERCO
en 1989.
Kiessler + Partner Architekten
Kiessler, Uwe (dir. pub.),
Birkhäuser, 2006,
ISBN: 978-3-7643-7627-7
ERCO Lichtbericht 82 37
« Mais que recouvre vraiment le
terme de province ? » Cette question figurait déjà dans une publication d’ERCO en 1984. Aujourd’hui,
des édifices comme la nouvelle
caserne de pompiers d’AltenaRosmart signée KKW Architekten
montrent que l’architecture n’est
pas réservée à l’Autriche ou aux
Pays-Bas, mais qu’elle se développe
aussi avec prestige et ambition
dans la « province » allemande : à
juste titre, elle y est mise en valeur
également de nuit, par les outils
d’éclairage extérieur ERCO.
E
ERCO Leuchten GmbH
Postfach 24 60
58505 Lüdenscheid
Germany
Tel.:+49 2351 551 0
Fax:+49 2351 551 300
[email protected]
www.erco.com

Documents pareils