REPORTER DE MODE
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polka 5.80 / USA $ 9.75 PHOTO FRANÇOISE HUGUIER (DÉTAIL) #7 MAGAZINE HORS-LA-LOI A Calais, avec ceux qui H I V E R 2 0 0 9 - 2 0 1 0 DOM 5.80 / ALL 6.50 / BEL 5.80 / CH 10 FS / CDN $ 9.75 / ESP 5.80 / GR 5.80 / ITA 5.80 / JPY 2000 / LUX 5.80 /PORT accueillent les réfugiés KOSUKE OKAHARA DIANE GRIMONET REPORTER DE MODE FRANÇOISE HUGUIER DAMES DE CŒUR WILLY RONIS ALGER, 2 JUILLET 1962 MARC RIBOUD IRANIENNES ET REBELLES ZOHREH SOLEIMANI ROXANE B ALEXANDRA BOULAT SÃO PAULO SAUVAGE CARLOS CAZALIS JULIO BITTENCOURT HAUTE VOLTIGE TOMASZ GUDZOWATY UN MONDE FRAGILE BRUNO CALENDINI XAVIER DESMIER RUSSIE BLANCHE ALEXANDER GRONSKY RWANDA L’amour plus fort que la barbarie JONATHAN TORGOVNIK Hermes.com V I V E M E N T L’ H I V E R ! polka #7 MAGAZINE HIVER 2009 - 2010 au sommaire Le mur ...........................................9 LES PHOTOGRAPHES DE POLKA #7 L’éditorial d’Alain Genestar ........................15 Willy Ronis....................................17 CELUI QUI NOUS PARLAIT D’IMAGES par Philippe Sollers et Gérard Uféras www.polkamagazine.com Hommage à Christian Poveda ........27 [email protected] par Alain Mingam Kosuke Okahara, Diane Grimonet ...28 LES HORS-LA-LOI DE CALAIS par Brigitte Bragstone, Alban Denoyel, Audrey Gordon et Emilie Musset Alexander Gronsky........................42 RUSSIE, LE PAYS BLANC COMME NEIGE par Claude-Marie Vadrot Françoise Huguier .........................50 UNITED COLORS par Jean-Kenta Gauthier © Julio Bittencourt Carlos Cazalis, Julio Bittencourt ....62 LE TRIMESTRIEL DU PHOTOJOURNALISME «Polka Magazine» La cour de Venise, 12, rue Saint-Gilles 75003 Paris. Tél.: 01 71 20 54 97. Directeur de la publication: Alain Genestar. [email protected] Editeur: Edouard Genestar. [email protected] Directrice éditoriale: Adélie de Ipanema. [email protected] Rédacteur en chef: Dimitri Beck. [email protected] Secrétaire générale: Brigitte Bragstone. [email protected] Conseillère éditoriale: Joëlle Ody. [email protected] Développement: Alban Denoyel. [email protected] et Jean-Kenta Gauthier. [email protected] Direction artistique: Michel Maïquez assisté de Ludovic Bourgeois. Edition: Tania Gaster, Pascale Sarfati, Samia Adouane. Comité éditorial: Christian Caujolle, Jean Cavé, Jean-Jacques Naudet (à New York), Didier Rapaud, Reza, Marc Riboud, Sebastião Salgado. Et bienvenue à Robert Delpire qui rejoint le comité éditorial. Opérations spéciales: Victor Genestar et Gwendoline de Spéville. Publicité: Polka Régie, Tél.: 01 71 20 54 97 / 0622762772. Ont aussi participé à ce numéro Kishanthi Bandara, Karyn Bauer, Marc Bervillé, Annie Boulat, François Caron, Laurent Chmiel, Lorène Durret, Liza Fetisova, Victoire Garnier, Elise Girardot, Lionel Hoëbeke, Caroline Mangez, Lou Mollgaard, Manon Moreau, Yemeli Ortega, Bernadette Pelletier, Guelia Pevzner, Devrig Plichon, Peggy Porquet, Mylène Prieur, Mario et Véronique Ordonez, Willy et Dominique Rizzo, Noémie Sergent, Muriel Simottel, Lukasz Smudzinski, Chantal Soler, Brian Storm, Claire Tomasella, JeanLouis Vibert-Guigue. Agences: Rapho / Eyedea, Getty Images, Agence VII, Agence VU’, Webistan. Laboratoires de photographies: Central Color, Picto, Dupon. Fabrication: Le Révérend Imprimeur - Valognes, Manche (50) - Tél.: 0145364000. et SNN Poligrafia, Sp. Z o.o., Varsovie, Pologne, imprimé en U.E. Gestion des ventes au numéro: «A juste Titres», 67, avenue du Prado, 13006 Marseille, tél.: 04 88 15 12 44 – [email protected] Commission paritaire: 1210K89693. Dépôt légal: 4e trimestre 2009. ISSN: 1962 - 3488. Droits de reproduction textes et photos réservés pour tous pays. « Polka Magazine » est une publication de Polka Image. Siège social : 27, rue Jasmin 75016 Paris. SARL au capital de 34 000 euros, RCS de Paris 497659094. SÃO PAULO, MÉTROPOLE SAUVAGE par Annie Gasnier et Beatriz Milhazes Jonathan Torgovnik .......................76 CONÇUS DANS LA HAINE, ÉLEVÉS DANS L’AMOUR par Olivier Rogez Tomasz Gudzowaty........................82 AIR FORCE par Jérôme Baboulène Bruno Calendini, Xavier Desmier ....90 UN MONDE ANIMAL SI FRAGILE par Joëlle Ody Marc Riboud ................................100 2 JUILLET 1962, JOUR DE FÊTE À ALGER par Jean Daniel Polka rubriques Expo ............................................108 ROXANE B., ALEXANDRA BOULAT, ZOHREH SOLEIMANI IRAN: BELLES ET REBELLES par Jean-Pierre Perrin Art...............................................120 LA PHOTOGRAPHIE ET L’ART IRANIEN par Edouard Genestar Enquête .......................................123 TOUCHE PAS À MA PHOTO par Elisa Mignot Regards sur… JR ..........................127 L’ŒIL ÉTAIT SUR LA SEINE ET REGARDAIT PARIS par Théophile Pillault Livres ELLEN VON UNWERTH: GLAMOUR FRÄULEIN ..................128 DENNIS HOPPER: LE BIKER DE HOLLYWOOD ...................132 LIZZIE SADIN: REGARDEZ BIEN CES ENFANTS .................138 L’œil d’evene................................145 ABONNEZ-VOUS A POLKA MAGAZINE FLOATING DRIVE-IN par Mélanie Carpentier Tous les détails en page 144. Prise de vue .................................146 GAGNEZ AVEC SONY DES REFLEX ET DES COMPACTS NUMÉRIQUES Prochain numéro : printemps 2010, en vente fin février 2010 GRAZIE GRAZIA par Christian Caujolle hiver 2009 – 2010 I 3 - Panasonic France SAS au capital de 9 300 000 € - RCS Bobigny B 682 024 351 - *des idées pour la vie - © Paul Goirand - Photos non contractuelles. NOUVEAU LUMIX GF1. ON PEUT TOUT LUI DEMANDER. Vous pouvez vraiment tout demander au LUMIX GF1. Lui demander d’être manuel ou tout automatique, le GF1 convient aussi bien aux débutants qu’aux experts. Lui demander d’être compact et évolutif grâce à toute une gamme d’optiques et d’adaptateurs. Enfin vous pouvez même lui demander de filmer en haute définition grâce à son mode vidéo HD 720 p. Pour les autres demandes, une fois que vous l’aurez en main, laissez faire votre imagination. CHAQUE DÉTAIL COMPTE. www.panasonic.fr www.iLoveLumix.fr LE «MUR» DE POLKA MAGAZINE #7 EST EXPOSÉ COUR DE VENISE, 12, RUE SAINT-GILLES, PARIS IIIe Venez découvrir, à cette adresse, notre nouvel espace. De 11 heures à 19 h 30, du mardi au samedi. Renseignements : 01 71 20 54 97 [email protected] www.polkamagazine.com LUNDI 26 OCTOBRE 16 H 37 Le «mur»inachevé, avec les sujets des photographes de Polka #7 présentés ci-dessous et dans les deux pages suivantes. DIANE GRIMONET Depuis plus de dix ans, Diane Grimonet se met à la hauteur des petites gens dont l’histoire est ballottée au gré d’une situation professionnelle, familiale ou légale difficile. Ces personnes que l’on appelle parfois les sans-voix, Diane a voulu leur donner au moins une image. D’abord photographe de comédiens, elle a décidé de quitter les planches pour s’attaquer au bitume. Chômeurs, demandeurs d’asile, SDF, sans-papiers, femmes en errance... la liste des stars de la précarité est longue. «On dit que ce sont des sujets qui ne sont pas visuels, dans lesquels il ne se passe rien.» Et pourtant elle montre ce que l’on ne veut pas voir, en partageant la vie de ceux qui n’en ont pas, sans jamais se cacher. «Je m’assois parmi eux et je ne dis rien. Alors ils me demandent qui je suis et comprennent que je suis venue essayer de leur rendre un peu de la dignité qu’ils ont perdue. Je capte les vies qui ont basculé, les naufrages intimes, les petits riens, très loin du spectaculaire. Je guette cette étincelle qui traverse un visage.» Son travail sur «les hôtels de la honte» a été projeté au festival du photojournalisme Visa pour l’Image en 2009. ALEXANDRA BOULAT Elle était la fille de Pierre, qui a longtemps travaillé pour «Life», et d’Annie, fondatrice de l’agence Cosmos. Elle avait, comme l’on dit, de qui tenir. Mais elle écrivit sa propre histoire avec son regard et sa sensibilité. Elle a vu beaucoup de guerres et réalisé des longs reportages, dont beaucoup au Proche-Orient et en Iran. En 2001, elle a participé à la création de l’agence VII. Elle était talentueuse et belle. Alexandra est morte à Paris, le 5 octobre 2007. ©DR «Je continue de photographier les histoires qui me touchent.» La première qui bouleverse Kosuke Okahara est celle du Kosovo. De là, le désir du jeune homme de devenir photographe, son intérêt pour l’«Ibasyo» qui correspond, en japonais, au «lieu de l’existence physique et émotionnelle des individus», à la «paix intérieure des gens». Né en 1980 au Japon, Kosuke Okahara n’a de cesse d’arpenter le monde, de traquer la souffrance humaine, en Asie, en Afrique, en Amérique du Sud. Celle des réfugiés du Darfour, des drogués et de leurs dealers en Colombie, des jeunes japonais qui se mutilent. Le regard du photographe est empreint d’empathie, jamais de pitié. Comme lorsqu’il aborde la condition des lépreux en Chine : «C’était important pour moi de ne pas les montrer comme des victimes.» Un travail pour lequel il a reçu la mention honorable au prix Kodak de la Critique Photographique en 2007. Kosuke Okahara devient membre de l’agence Vu’ la même année. Ses photos ont été exposées au Tokyo Metropolitan Museum of Photography, au musée d’Art asiatique de Fukuoka, au Kiyosato Photo Art Museum, à la Nikon Gallery de Tokyo, et au Foreign Correspondents’ Club de Thaïlande. Elles ont fait l’objet de publication au Japon et aux Etats-Unis. ©Alban Denoyel © K h a n h D a n g - Tr a n KOSUKE OKAHARA ROXANE B. Franco-iranienne, Roxane B. grandit en Iran et arrive à Paris à 18 ans pour étudier les arts plastiques. «J’ai eu l’expérience enrichissante devenir adulte dans un autre univers, où le mot – liberté – a un sens.» Toujours attirée par les problèmes humanitaires, elle fait des reportages à travers le monde. Au cours d’un voyage en Iran, elle retrouve en 2007 les femmes de son âge qui n’ont rien connu d’autre que le quotidien de la république islamique. Roxane B. souhaite conserver l’anonymat. D’où l’absence de photo dans cette bio. hiver 2009 – 2010 I 9 www.nikon.fr Nou ve au re cor d de p er f e c tion *Au cœur de l’image Nikon D 3 0 0 S : v i dé o HD e t s on s téré o Nikon D300S : format DX, 12,3 millions de pixels, vidéo HD, son stéréo, double logement pour carte mémoire, 7 vps. Tout en conservant un boîtier extrêmement convivial, le Nikon D300S intègre la vidéo haute définition Nikon D-movie, l’enregistrement stéréo (par micro stéréo séparé), une cadence de prise de vue atteignant 7 vps et un double logement pour cartes mémoire CF et SD. Il est compatible avec plus de 50 objectifs Nikkor. Bienvenue chez Nikon. Né en 1969 au Mexique, Carlos Cazalis commence sa carrière en photographiant la rébellion zapatiste. Deux ans plus tard, il rejoint l’AFP en tant que pigiste, relatant l’actualité quotidienne et se consacrant à des sujets personnels comme les courses de taureaux, les transsexuels et les enfants de la rue, réalisé pour l’ONG Casa Alianza. L’ère du numérique le conduit aux Etats-Unis en 1999 pour un master en design à la Parson School de New York, où il enseignera par la suite. En Espagne, il revient à la photographie comme collaborateur indépendant avec l’Agence Corbis ainsi que pour le «New York Times», le «Stern», le «Guardian » et bien d’autres. Installé au Brésil, il prépare aujourd’hui un livre témoignant de l’urbanisation massive des mégalopoles mondiales New Delhi, Mexico City. Carlos Cazalis a reçu en 2009 un World Press Photo, première place dans la catégorie «Contemporary issue». JULIO BITTENCOURT © Autoportrait © Vi c t o r R o m e r o CARLOS CAZALIS Le vide, il l’explore en photographiant des paysages épurés, presque autistes. Né en 1980 à Tallinn, en Estonie, Alexander Gronsky enchaîne les voyages et s’intéresse aux effets de l’environnement sur le comportement des gens qui y vivent. Installé à Moscou depuis 2005, le photographe travaille essentiellement en Russie dont les grandes étendues aux conditions hostiles deviennent le théâtre d’une histoire sans drame, celle de vies isolées et silencieuses. Dans l’univers statique d’Alexander Gronsky, chaque objet, chaque sujet, constitue l’un des éléments du paysage alors déshumanisé. Une atmosphère grave qui dévore la moindre intimité pour ne laisser place qu’à la solitude et à la méditation. Alexander Gronsky, qui a rejoint l’agence Photographer.ru en 2003, a publié dans de nombreuses revues dont « Esquire Russie», «Newsweek», « Géo » et « Le Monde 2». « La photographie et les métropoles sont des créations des temps modernes. La “cité” s’offre à la photographie comme support et en même temps est l’un de ses sujets de prédilection. Tous deux rencontrent des crises liées à leur développement et à leurs limites. » A 29 ans, le jeune photographe brésilien se sert de « la photo comme une sorte de mégaphone pour donner la parole aux sans-voix». L’enfant de São Paulo qu’il est vit depuis son adolescence à New York. Depuis 2006, il travaille en indépendant autant pour la presse magazine et quotidienne internationale que pour la publicité au Brésil, aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. Ses travaux sont exposés en galeries et dans les musées à travers le monde. Il a publié son premier livre en 2008, « In a Window Prestes Maia 911 Building». Il en expose une partie à la 2e biennale des images du monde de Photoquai. Il a reçu le prix de la Fondation Conrado Wessel 2007-2008 et le prix Leica Oskar Barnack 2007. FRANÇOISE HUGUIER Françoise Huguier aime l’Histoire, les archives, les images d’antan. Dans son atelier, elle emmagasine les revues japonaises d’avant-guerre, les archives soviétiques sur l’architecture du régime. Françoise Huguier a une histoire. Sa tendre enfance, elle l’a passée dans la plantation familiale, en Indochine. A huit ans, en 1951, elle est enlevée avec son grand frère par les indépendantistes: ils sont restés huit mois dans des camps. A la lumière de ce passé, on comprend l’attention toute particulière que la photographe apporte, dans ses séries de mode, à raconter les pays, les gens, les histoires. Françoise Huguier apprécie les castings de rue, comme si le choix de natifs participait du repérage. Elle privilégie les mises en scène simples, elle recherche le naturel, jusque dans les moindres détails. « Je travaille avec une lumière naturelle, qui vient dans un sens, un seul sens. » Contrairement à un certain cinéma où tout est parfaitement éclairé. « Je n’aime pas beaucoup les ciels bleus, voyez-vous?» JONATHAN TORGOVNIK En 2006, il entame un travail de trois ans au Rwanda consacré à photographier et à interviewer les femmes victimes des violences sexuelles pendant le génocide de 1994 et devenues mère de l’enfant de leur agresseur. Sous l’angle – peut-on aimer un enfant né du viol? – il raconte ces femmes qui élèvent les enfants de leur violeur. En 2007, il remporte le prix du portrait photographique de la National Portrait Gallery pour l’une de ces images. Inspiré par les personnes qu’il rencontre, il cofonde la Foundation Rwanda* pour améliorer les conditions de vie de ces enfants en créant des écoles secondaires et en aidant leurs mères. Né en Israël en 1969, diplômé de l’école des Arts Visuels de New York, Jonathan Torgovnik est largement exposé et publié dans de nombreux journaux: «Newsweek», «Aperture» , «Geo», «Sunday Times Magazine», «Stern»... On retrouve ses photos dans les collections permanentes de la Bibliothèque nationale de Paris et du Museum of Fine Arts de Houston. *www.foundationrwanda.org © Tr i s t a n S i e g m a n ALEXANDER GRONSKY ©Roland Allard Née à Téhéran en 1969, cette photojournaliste iranienne diplômée de l’université Azad de Téhéran en art de la photographie a collaboré à différents magazines et journaux iraniens. Journaliste freelance depuis 2002, son travail a été publié à l’international dans plusieurs journaux comme «Le Figaro», « Stern», « Télérama», « Boston Globe», «Fortune», «Elle», « Die Welt am Sontag», l’«Humanité»... Ses photos ont dévoilé l’existence des femmes actives en Iran. Lors de leur parution, elles ont provoqué une réelle surprise comme celle de cette jeune femme, pilote de course. 60% des effectifs des universités iraniennes est féminin. Ouvrières, intellectuelles ou sportives, elles portent toutes le voile : l’insigne obligatoire de leur condition. © I v e t a Va i v o d e ©Delphine Minoui ZOHREH SOLEIMANI hiver 2009 – 2010 I 11 Jamais le luxe n’a eu u un n te e l ca a ract t è re. La Jaguar XF re e déf f init t l es s t and d ard rds de la b erline sportive : Matériaux nobles, trad d it t ion d ’ex xce e llence, technolo o gies intelligentes et p erf form m a nce e s hor r s norm rme es es… Ave c la l a nouvelle n m ot torisa a tion n V6 3L Dies s el S dév veloppa ant 275 chevaux, po o u r 17 7 9 g r d ’ém m ission CO O 2, la Jag g uar XF vo us réserve une expér ri rienc ce de conduii te auss si intens s e qu’inou u b liable. ub V 6 3 L D I E S E L B I -T U R B O 275CH CEE 1 7 9 G / K M D E CO 2 DE 0 À 100KM/H E N 6 ,4 S E CO N D E S BOÎTE SÉQUENTIELLE AV E C PA L E T T E S A U VO L A N T J A G U A R. F R Jaguar France (Division de Jaguar Land Rover France SAS) - Siren 509 016 804 RCS Versailles © Nicola Gleichauf Elle a passé huit ans dans 11 pays différents pour rendre compte des conditions d’incarcération des mineurs dans le monde. « Une société se juge aussi à la manière dont elle traite ses enfants... » Dire que Lizzie Sadin est une photographe engagée est presque un pléonasme. Depuis 1992, cette photographe arrête son regard partout où la dignité humaine est mise en cause. Lizzie Sadin a choisi de photographier les sujets humains les plus dramatiques: la violence conjugale en France, l’élimination des petites filles en Inde, les mariages forcés au Pakistan... Son travail sur les lieux de détention des mineurs dans le monde, «Mineurs en peines», a été récompensé par plusieurs prix en France et à l’étranger. LE CHOIX DE LA PHOTO D’ACTUALITÉ - FRANCE INFO São Paulo de Carlos Cazalis page 66 A retrouver dans la chronique PHOTOS PHOTOGRAPHES de Pascal Delannoy tous les samedis 5 h 12 - 6 h 42 - 10 h 13 22 h 43 - 00 h 43 et sur france-info.com © Xiao Kuan LIZZIE SADIN BRUNO CALENDINI XAVIER DESMIER MARC RIBOUD Henri Cartier-Bresson et de Capa. Il intègre l’agence Magnum en 1953. Après un long séjour en Inde, il devient l’un des premiers photographes occidentaux à pénétrer en Chine après la révolution maoïste, pays qu’il explorera pendant 40 ans. Poète des paysages et des instants de vie, Marc Riboud rend compte aussi des crises et des conflits sans pour autant s’apparenter à la démarche d’un reporter de guerre. Exposé, publié, célébré dans le monde entier, ce voyageur infatigable sort deux livres : « les Tibétains», (éd. de l’Imprimerie Nationale) et, «Algérie, Indépendance», (éd. Bec en l’Air). Marc Riboud prépare aussi de grandes expositions à Dallas, Shanghai, Pékin... « J’essaie systématiquement de capter la “personnalité” des animaux que je photographie et de les sublimer par un angle inattendu, une astuce photographique, une ambiance dramatique, un clin d’œil humoristique... en privilégiant l’originalité et surtout l’esthétique. » Après une longue expérience parisienne dans différents domaines de la photographie, Bruno Calendini s’oriente vers la prise de vues de nature. L’attirance pour les grands espaces et la vie sauvage emmène ce Français, né en 1965, dans le delta de l’Okavango, puis en Afrique de l’Est et à Madagascar. Il entame alors un travail de fond sur la faune avec des techniques et des traitements d’images peu utilisés en photographie de nature. Son exposition présentée pour la première fois au Festival de Montier-en-der en 2005 est fortement inspirée de ses expériences passées dans le portrait, la mode ou encore le sport. Des clichés rendus intemporels par un traitement sépia et regroupés dans son livre « Sauvages » (éd. le monde de la photo/Cacimbo). Les couleurs sont désormais à l’honneur dans ses nouveaux reportages en Afrique pour un rendu photographique très personnel, inspiré de la peinture. « J’étais l’étranger en Algérie et en Algérie, l’étranger est reçu comme un père», raconte Marc Riboud touché par l’accueil d’une délégation du FLN qu’il suit en Kabylie pour annoncer de village en village la bonne nouvelle de l’Indépendance. Le photographe de « l’instinct de l’instant » saisit la liesse, la ferveur, l’émotion que provoque l’indépendance de l’Algérie après des années de guerre. Né en 1923, Marc Riboud se lance dans la photographie sous l’impulsion de Il a vite appris à mettre la tête sous l’eau. Sans fermer les yeux. Le jeune garçon, né en 1960 à Meudon, se prend tôt à rêver de fonds marins et commence la plongée à l’âge de 10 ans. Une passion qui se mêle à celle de la photographie. Les deux deviendront indissociables quand Xavier Desmier, diplômé de l’EFET de Lyon, rejoint l’équipe Cousteau en 1981. Plongeur-caméraman, il enchaîne les missions en Amazonie et réalise une quarantaine de films pour l’émission «Thalassa». Après avoir intégré l’agence Rapho en 1993, il oriente son objectif vers le monde polaire qui le fascine. Direction l’archipel Crozet, dont les images sont récompensées en 1998 par le premier prix au «World Press » catégorie Environnement. « Dans les pas de Paul-Emile Victor», l’explorateur se rend sur les côtes orientales du Groenland pendant l’hiver et l’été 2006. Ses photos sous-marines font le tour du monde. Elles circulent pendant quatre ans en France et en Europe dans le cadre de l’exposition «Sixième Continent » et sont régulièrement publiées dans « National Géographic», « Géo», «Grands Reportages», « Terre Sauvage», « Paris Match», « New York Times», « Time»... © Bernard Mathieu Il cultive la discrétion. On sait de lui qu’il est né en 1971. Après une licence en droit à l’université de Varsovie, Tomasz Gudzowaty choisit la photographie pour se consacrer aux témoignages sur la société contemporaine. Photographe à la fois classique et humaniste, il a commencé par des travaux sur la nature et particulièrement l’Afrique avant de s’investir dans des documentaires sociaux puis dans le reportage sportif. Ses photos ont été éditées dans « Max Magazine », «L’Equipe», « The Guardian», « Newsweek», «Forbes», « Time » et « Photo». Il a également publié plusieurs livres. Il a remporté de nombreux prix parmi les plus importants décernés aux photographes, tels que le Word Press Photo, Pictures of the Year, NPPA Best of Photojournalism. Il est représenté par Focus Fotoagentur de Hambourg et la Yours Gallery à Varsovie. © Laurent Dubois © Autoportrait TOMASZ GUDZOWATY DÉSORMAIS, POLKA MAGAZINE EST INTERACTIF AVEC Polka Magazine est également interactif, grâce à la technologie hy.pr (anciennement smub), pour les sujets suivants: L’éditorial d’Alain Genestar, et les photos d’Alexander Gronsky, Françoise Huguier, Carlos Cazalis, Julio Bittencourt, Tomasz Gudzowaty, Bruno Calendini, Xavier Desmier et Marc Riboud. hy.pr vous permet de partager facilement avec vos amis les photos de Polka sur les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter… ou simplement par e-mail, à partir de votre ordinateur ou de votre smartphone, en quelques clics. Voici comment : • chaque photo des sujets concernés est associée à un code hy.pr, composé d’un court préfixe invariable (polka.hy.pr/), et d’un mot souligné dans la légende, par exemple: page 52, pedro; • saisissez juste cette adresse (ici: polka.hy.pr/pedro) dans le navigateur de votre ordinateur ou de votre smartphone; • une page s’ouvre, avec différentes options de partage par e-mail ou via les réseaux sociaux; • cliquez sur l’icône de votre choix, et suivez les instructions. C’est tout. C’est simple. C’est immédiat. Et c’est gratuit! hiver 2009 – 2010 I 13 Celui qui nous parlait d’images WILLY RONIS 1910-2009 Il aimait les femmes, toutes les femmes : syndicalistes, marinières, marchandes de frites, écuyères, amoureuses, en robe du soir ou toutes nues. L’hommage de Polka, avec les légendes de Philippe Sollers, Gérard Uféras et… Willy Ronis. WILLY RONIS NEUILLYSAINT-FRONT, 1948 «Et maintenant, c’est l’hiver, on est dans un château, Mouche a 15ans, elle est assise devant un grand feu de bois dans une cheminée ancienne: les briques, les chenets, le tisonnier sont ses instruments, elle se chauffe, elle entre dans le feu. Ronis est assis par terre derrière elle, juste où il faut pour faire éclater sa beauté. C’est une jeune sorcière, une magicienne, elle a des pouvoirs cachés. Comme toujours, Ronis trouve une courbe inattendue et puissante (l’arc de la cheminée, la colonne vertébrale éclairée). D’où sort cette beauté?» Philippe Sollers hiver 2009 - 2010 I 17 CALAIS, 7 JUIN 2009 Un réfugié du Tchad, qui a quitté son pays à la suite du conflit du Darfour, sort de la maison abandonnée squattée par de nombreux Soudanais. 28 I polka magazine #7 Kosuke Okahara Il y a les centaines de migrants sans papiers qui, depuis la destruction de la « jungle », n’ont plus d’abri. Il y a aussi ces quelques habitants qui leur ouvrent leur porte. Les uns comme les autres défient la législation française. CALAIS, LES HORS-LA-LOI hiver 2009 - 2010 I 29 DIANE GRIMONET CALAIS, OCTOBRE 2009 Moustache reçoit Ahmed chez lui, et lui prépare un thé après lui avoir donné des vêtements. 36 I polka magazine #7 Diane Grimonet Ils sont parfois dénoncés par leurs voisins, désavoués par leurs proches, surveillés par la police. Mais pour Moustache, Brigitte et les autres Calaisiens de bonne volonté, l’accueil est un devoir humain. POUR EUX, L’HOSPITALITÉ FAIT LOI hiver 2009 - 2010 I 37 MOSCOU, HIVER 2009 L‘hiver et la neige ne sont pas des symboles de la mort pour les peuples du Nord, mais, au contraire, du repos qui vient comme une libération et un soulagement après les labeurs de l’automne. Tout prend une apparence douillette. «L’hiver! Le paysan triomphe et rafraîchit la route avec son traîneau!» (Alexandre Pouchkine). La nature prend le dessus sur l’urbanisation et la désolation. Alexander Gronsky RUSSIE, LE PAYS BLANC COMME NEIGE Vingt ans après la chute du Mur et les premières fissures du régime soviétique, la Russie refuse de regarder en face les sombres années de l’Empire rouge. Elle enfouit son histoire. Comme sur ces photos d’Alexander Gronsky où la neige immaculée cache les cicatrices des villes. Françoise Huguier UNITED COLORS Son studio est le décor de la vie. Pour photographier la mode, Françoise Huguier montre les femmes dans un univers réel. Une cuisine, un champ de canne à sucre, un café. Journaliste de terrain, elle est aussi metteur en scène de ses images. Carlos Cazalis SAO PAULO, MÉTROPOLE SAUVAGE Avec ses 22 millions d’habitants, la capitale économique du Brésil, siège des grandes compagnies, draine tous les espoirs du continent sud-américain. Les riches construisent des condominiums de luxe sous haute surveillance, les pauvres survivent sur les trottoirs ou dans les favelas. La plus forte concentration au monde de tensions sociales. SÃO PAULO, MAI 2007 Connu sous le surnom du «Moulin», ce modeste bidonville niché au cœur de São Paulo, entre voie rapide et chemin de fer, abrite une cinquantaine de familles. Cette favela est devenue tristement célèbre en raison des nombreux cadavres jetés à l’intérieur de l’ancien moulin et des trafics de drogue qui y ont cours. Julio Bittencourt PRESTES MAIA 911, SAO PAULO Jonathan Torgovnik CONÇUS DANS LA HAINE, ÉLEVÉS DANS L’AMOUR Au Rwanda, pendant les massacres de 1994, 250 000 femmes ont été violées. Selon les estimations, 20 000 enfants sont nés de ces crimes. Dans ce reportage réalisé entre 2006 et 2009, inédit en France, des mères ont accepté de témoigner, en posant avec leur fils ou leur fille. VALÉRIE ET SON FILS, ROBERT «Aujourd’hui, je suis libre. Je me sens satisfaite et j’ai foi en Dieu et dans les associations humanitaires qui nous soutiennent. Ils nous encouragent à vivre positivement.» Photo de droite CLARE AVEC SA FILLE, ELIZABETH «Je ne sais pas combien ils étaient, mais à chaque fois que j’étais “sauvée” par quelqu’un, il me violait puis me conduisait dans un autre endroit où j’étais violée à nouveau. C’est comme ça que je me déplaçais.» 76 I polka magazine #7 Tomasz Gudzowaty AIR FORCE Indiens, Chinois, Ukrainiennes, ces sportifs défient les lois de la pesanteur. Au prix d’un long entraînement, aussi mental que physique. L’artiste polonais livre une vision quasi anthropologique du sport et de ses pratiques ancestrales, nous révélant un art d’une folle exigence. Au moment du sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique, Polka publie ces photos d’animaux dont l’environnement est gravement menacé. De l’Afrique subsaharienne où chassent les grands fauves, à l’océan Antarctique des prédateurs marins, l’équilibre du vivant vacille. Les décisions qui doivent être prises au Danemark par la communauté internationale engagent l’avenir de la planète. Polka est partenaire du festival animalier de Montier-en-Der, qui se tient du 19 au 22 novembre 2009. Son objectif : sensibiliser l’opinion publique à la protection de la nature. Bruno Calendini UN MONDE ANIMAL SI FRAGILE BRUNO CALENDINI KENYA, 2005 Perché sur un rocher, ce gros babouin baye aux corneilles! Cela se passe le soir pendant la saison des pluies. Mâle dominant, il guide une colonie de babouins sur la Baboon Cliff. C’est le nom de la falaise qui domine le lac Nakura en fond de décor sur la photo. Des flamants roses et des pélicans correspondent aux petits points blancs visibles au bord du lac. Dangereux pour l’homme, les babouins attaquent souvent les flamants roses. «Le traitement de mes photos est très inspiré de la peinture.» Bruno Calendini Marc Riboud 2 JUILLET 1962, JOUR DE FETE A ALGER Ces photos en noir et blanc, extraites de son dernier livre, « Algérie, indépendance » ont la couleur de l’époque, à la manière d’un album de famille. Marc Riboud ne photographie pas le sang, ni la mort, mais la joie et la vie avec, comme l’écrit Jean Daniel dans sa préface, « une sensibilité de poète de la quotidienneté et d’historien de l’intime ». polka expo Trois ans, jour pour jour, après les attaques terroristes du 11 septembre 2001, Caroline Mangez, grand reporter à « Paris Match » embarquait avec Alexandra Boulat, photographe à l’agence VII, pour un voyage de trois mois le long de ce que George W. Bush qualifiait d’« axe du Mal ». Kaboul-Bagdad en passant par l’Iran où elles ont séjourné quarante-cinq jours... Il ne s’agissait pas de courir après les bombes, simplement de soulever un coin de ces voiles sous lesquels des femmes, réduites à l’état d’ombres alors qu’elles constituent la majorité de la population, étaient priées de s’ensevelir au nom de la modestie qui leur était prêchée en public. Alexandra Boulat est morte en septembre 2007, à la suite d’une rupture d’anévrisme. Nous l’appelions « Alex ». TÉHÉRAN, 2004 Une thèse sur les chants traditionnels du nouvel an avait permis à Orkideh Hajivandi et ses musiciennes d’obtenir l’autorisation de former le premier groupe «pop» féminin de l’histoire post-révolution. Si elles étaient fières de s’être produites en concert devant un public exclusivement féminin après approbation des textes par le ministère de la Guidance, leurs bluettes parlant d’amour étaient en revanche interdites sur les ondes. En privé, derrière les rideaux, elles s’éclataient, littéralement accrochées à leurs basses... Caroline Mangez Alexandra Boulat QUAND LA PHOTOGRAPHE SOULEVAIT UN COIN DU VOILE polkaart «LA PHOTO EST DEVENUE LE FER DE LANCE DE L’ART IRANIEN» Rencontre avec Anahita Ghabaian Etehadieh, directrice de la Silk Road Gallery à Téhéran et commissaire de Photoquai 2009. A ujourd’hui c’est la photographie qui est l’art le plus adapté, le plus moderne pour dépeindre la société iranienne. Plus que la peinture ou la sculpture encore très ancrée dans le passé, trop fidèle à des techniques traditionnelles », précise d’entrée Anahita Ghabaian Etehadieh. Tout comme il existe un cinéma iranien, il y a une photographie iranienne dont les acteurs sont progressivement reconnus à l’étranger. L’histoire démarre avec la naissance de la technique photographique, il y a plus de cent soixante-cinq ans. Sous l’ère Qajar, l’Iran connaît une période de stabilité relative et s’ouvre vers l’Occident. Ce Shah, éclairé, puis ses descendants, font le choix d’introduire la photographie à la cour. «Les photographes officiels s’affranchissent des conventions artistiques et proposent une photographie très avantgardiste, saisissant aussi bien les personnalités que les femmes, les harems... » Photoquai à Paris a réalisé une très belle rétrospective sur ce sujet . « La photographie touche la population avec le développement des studios de quartier dans les années 20. Un style qui illustre bien la rencontre de la culture occidentale avec les traditions iraniennes. » L’Iran a toutefois fait l’impasse sur les grands mouvements photographiques portés par Alfred Stieglitz, Man Ray, Walker Evans ou Henri Cartier-Bresson. « La production à cette époque est essentiellement tournée vers les portraits de famille ou les photos d’identité. Aucun écrit ne permet d’identifier des courants. Il faut attendre les années 60 avec Ahmad Aali, pour voir naître une photographie plasticienne. C’est finalement la chute du dernier Shah en 1979 et la Révolution islamique qui précipitent l’Iran sur la scène internationale et propulse une nouvelle génération de photographes, des photojournalistes et des « 120 I polka magazine #7 un entretien avec E d o u a r d G e n e s t a r documentaristes. Certains ont fuit le régime autoritaire comme Abbas, Reza ou Alfred Yaghobzadeh. D’autres, nombreux, ont pu rester comme Bahman Jalali. Tous ont couvert l’actualité de leur pays ou ont été influencés par elle. » Le musée de la Monnaie de Paris revient sur « 30 ans d’histoire de photojournalisme iranien », jusqu’au 20 décembre. « Ce qui réunit les photographes iraniens y compris les reporters, c’est la poésie parfois écrite en légende ou sur les images. Importante dans la culture, elle est « IMAGE OF IMAGINATION », 2002, BAHMAN JALALI Exposée à Paris Photo à la Silk Road Gallery. présente partout dans la photographie, même quand elle aborde des faits horribles. Depuis, la fin de la guerre Iran-Irak, les photographes se sont orientés vers des sujets plus intimistes, affranchis de tout code. Au milieu des années 80, le premier diplôme de photographie a été créé. Depuis, la photographie iranienne est en pleine évolution. » Bahman Jalali, exposé à Paris Photo par la Silk Road Gallery, symbolise ce passage vers un nouveau genre. « Il surprend régulièrement en revenant sans cesse sur ses réalisations, il les complète, les renouvelle. Son travail de mémoire sur l’Iran, à travers l’urbanisme ancien du Sud du pays ou, sa technique de superposition de peinture et d’écritures sur des images anciennes, tranchent avec ses photos de reportages des années 80. Avec le temps, Bahman s’est assagi. De témoin, il est devenu interprète, historien, poète, artiste. Il revendique l’art dans la photographie y compris dans ses images documentaires. Il assume cette période de terrain, elles font partie de son œuvre. » La photographie iranienne s’exporte bien, même si l’Iran est moins représenté dans le monde que l’Inde ou la Chine. « La photo est devenue le fer de lance de l’art iranien. C’est la première fois que se produit à Paris un événement global autour de la photographie iranienne, la peinture de notre pays n’y a jamais eu droit. » Même s’il n’y a pas encore de vrais collectionneurs, « les Occidentaux achètent, la diaspora aussi, mais à la différence de l’Occident, la photographie au Moyen-Orient tarde à être reconnue comme art, et se vend moins bien que la peinture même si elle s’en inspire ». L’Iran possède de vrais artistes comme Bahman Jalali et tous ceux exposés actuellement à Paris. « Même les photographes exilés en Europe ou aux EtatsUnis sont imprégnés de références iraniennes. Abbas, par exemple, a consacré tout son travail à l’étude des religions. Il a quitté jeune l’Iran mais la Révolution islamique a suscité, chez lui, le besoin d’aller voir à travers le monde l’empreinte de la religion. L’histoire récente de l’Iran a déterminé son itinéraire ». • • « la photographie arabe et iranienne », Paris Photo, du 19 au 22 novembre, au Carrousel du Louvre, Paris. • « 2e biennale des images du monde. La photographie iranienne à l’honneur », Photoquai, musée du Quai Branly, Paris, jusqu’au 22 novembre. Le livre-catalogue est paru aux éditions Actes Sud (202 pages, 30 €). • « 30 ans de photographie documentaire iranienne », La Monnaie de Paris, jusqu’au 20 décembre. APPEL A CANDIDATURE 2010 Le Prix HSBC pour la Photographie, accompagne chaque année la promotion de deux jeunes talents photographiques. Nous faisons appel à vous, professionnels et passionnés de la photographie, pour participer au concours qui déterminera les deux lauréats 2010. Dès le 5 octobre 2009, connectez-vous sur le site HSBC pour télécharger le dossier de candidature : www.hsbc.fr/prix-photographie Clôture du concours : 27 novembre 2009 Michel Comte, Carla Bruni, 1993. Courtesy of the Artist and Guy Hepner. : La voix du marché de l’art En prise directe avec le marché de l’art artnet fournit de l’information en profondeur sur l’activité du marché de l’art : Une ligne éditoriale riche, un puissant moteur de recherche sur les prix, des milliers d’œuvres et d’artistes représentés par les plus importantes galeries internationales. polka enquête TOUCHE PAS A MA PHOTO Le débat sur la mise en scène et la retouche fait rage. Mais pourquoi refuser le progrès technique quand il sert l’information ? « Le but, dit Jean-Jacques Naudet, est de rendre une image plus parfaite au bénéfice de celui qui la voit. » par E l i s a M i g n o t ERIC BAUDELAIRE 2006 Scène de guerre dans les rues de Bagdad, recomposée dans les studios hollywoodiens de la série télévisée «Over There». ( c ) P h o t o E r i c B a u d e l a i r e « T h e D r e a d f u l D e t a i l s » c - p r i n t , d i a s e c , 2 0 9 x 3 7 5 c m ( d i p t y c h ) , c o m m i s s i o n C n a p / A D A G P. D eux étudiants des Arts décoratifs de Strasbourg ont décidé, en juin dernier, de berner l’un des plus grands magazines de photojournalisme. Avec un reportage sur les ga- lères de la vie d’étudiants en France complètement inventé, composé et légendé au plus proche de ce qu’on peut attendre de la vérité, ils ont gagné un prix qui, lui, est vrai : le Grand Prix Paris Match du photoreportage étudiant 2009. L’épisode est presque anecdotique ; la rédaction de l’hebdomadaire en a vu d’autres et sa réputation n’a essuyé qu’un léger coup de griffe. Pourtant dans les temples de la photo que sont Arles et Perpignan, la mésaventure a fait débat. Qu’on s’insurge ou qu’on rie sous cape, tout le monde s’accorde à dire que le travail des étudiants n’est évidemment pas du photojournalisme, mais un malaise plane. Plus gênant que ce bidonnage monté de toutes pièces et surtout avoué, voici le spectre de la mise en scène – celle qui avance masquée, bien plus pernicieuse et redoutée – qui réapparaît. Encore une fois. Le sujet est délicat. On peut le balayer du revers de la main en alléguant que toute photographie est construite, qu’elle est un choix, l’expression d’une subjectivité et qu’ainsi la mise en scène existe de fait. Soit. On peut ajouter que depuis qu’il existe des photos, il existe des faux, et sortir des tiroirs de l’Histoire des clichés de propagande qui, selon les époques, ont gagné ou perdu quelques-uns de leurs figurants. Certes. Et pourtant, de façon récurrente, des reporters sont traités de faussaires : ils auraient fait poser leur sujet ou retouché une photo. Ils ne sont pourtant pas des cas isolés... Qu’ont-ils fait pour mériter cette vague d’indignations? Existerait-il des mises en scène plus ou moins acceptables? Ont-ils dépassé les limites? Dans ce cas, où est placée la ligne rouge? Elle est mouvante, voilà le problème, et dépend du photographe, du lieu de diffusion autant que du contexte de perception. Nul besoin d’édicter des règles de bonne conduite. L’honnêteté intellectuelle et la conscience professionnelle, seules, font loi. «Il faut être lucide, tonne Marc Brincourt, rédacteur en chef adjoint du service photo de “Paris Match”. On avait 4 000 dossiers pour le concours, je n’allais pas envoyer des reporters aux quatre coins du monde pour tout vérifier ! Et on ne le fait pas non plus avec les sujets du mag car on fait con-fian-ce à nos photographes. Sinon comme le “National Geographic”, on contrôle tout, et ça sort huit mois après !» L’éternel débat sur la photo prise par Robert Capa du républicain espagnol tombant au combat est probablement le plus connu des querelles sur la mise en scène qui remuent périodiquement la profession. La posture du milicien n’est-elle pas douteuse ? Etait-ce bien, à l’époque, une zone de combat ? Autre cas d’école : est-ce l’armée américaine ou l’armée sud-vietnamienne qui a bombardé au napalm le village dont la petite fille, immortalisée par Nick Ut en 1972, s’enfuit sur la route, nue et hurlant de douleur ? La réponse importe peu, diront certains : le professionnalisme de ces hommes n’en sera pas remis en cause et la portée symbolique et historique de leurs clichés non plus. Mais Adnan Hajj, le photographe de >>suite page 124 hiver 2009 – 2010 I 123 polka livres Ellen von Unwerth GLAMOUR FRÄULEIN Son énergie féminine et ses images sensuelles, souvent inspirées du cinéma, ont imposé sa signature dans les plus grands magazines. Ellen von Unwerth, ancien mannequin, est l’une des figures incontournables de la mode. « Fräulein », le dernier livre de la photographe allemande publié chez Taschen, renouvelle le genre. «Fräulein», d’Ellen von Unwerth, textes d’Ingrid Sischy, édition collector en coffret de luxe limité à 1500 exemplaires signés par l’artiste, 482 pages, trilingue, éd. TASCHEN, 500 €. Photo ci-contre ELLEN VON UNWERTH ROOM 211, LONDON, 2000 128 I polka magazine #7 hiver 2009 - 2010 I 129 polka livres Lizzie Sadin par Ye m e l i O r t e g a 138 I polka magazine #7 REGARDEZ BIEN CES ENFANTS Profondément humaniste, Lizzie Sadin est spécialisée dans les grands reportages portant sur la défense des droits de l’homme et la dénonciation de toutes les injustices. Pour la Journée mondiale des droits de l’enfant – le 20 novembre – Polka réédite ces quelques images de ses « Mineurs en peine », exposées à Visa pour l’image en 2007, publiées la même année par le « Figaro Magazine ». Huit ans d’acharnement ont été nécessaires pour infiltrer une soixantaine de prisons dans onze pays... Un travail remarquable, récompensé par de nombreux prix et salué par Actes Sud, qui accueille Lizzie Sadin dans sa collection Photo Poche, à paraître fin novembre. LIZZIE SADIN ISOLATEUR D’INSTRUCTION DE LEBEDEVA (PRÉVENTIVE), QUARTIER DES MINEURS, SAINT-PÉTERSBOURG, RUSSIE, SEPTEMBRE 2001 «Les jeunes sont enfermés 23 heures sur 24 dans des conditions d’un autre âge, dans une même cellule avec des adultes qui font office de kapos. Ils manquent de produits d’hygiène et de nourriture et sont soignés à l’aspirine lorsqu’ils sont atteints de la tuberculose ou du sida… Ils sont soumis au racket et à la violence, et n’ont jamais la visite de leurs parents car ils sont détenus très loin de leur domicile. Parfois ils attendent deux ou trois ans avant d’être jugés, bien souvent pour des délits qui ne mériteraient pas cette durée...» hiver 2009 – 2010 I 139