La bataille du dernier kilomètre
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La bataille du dernier kilomètre
DOSSIER SPÉCIAL MESSAGERIE La bataille du dernier kilomètre fait rage en Allemagne La vente à distance (VAD) est l’une des grandes spécialités du commerce en Allemagne. Pl u s qu’ailleurs en Europe, la livraison de colis aux particuliers (B to C) est une composante incontournable de l’offre des prestataires de messagerie nationale. Compte tenu des coûts de distribution à domicile, chacun s’organise pour faire face à l’augmentation de ces flux en accélérant le développement des réseaux de points relais. Un dossier d’Antoine Heulard. AU SOMMAIRE : ■ Deutsche Post passe à la vitesse supérieure de l’automatisation. . . . . . . .p. 22 ■ GLS face au défi du B to C .....................p. 24 ■ Frank Iden : «Nous misons sur le contact direct avec le client » p. 25 aussi coriaces ». A l’image de cet ter. D’autant que le remplaceépicier berlinois, la colère monte ment des bureaux de poste par c h ez les commerçants part edes «points poste » semble rennaires de la DP. Gérants de vidéoforcer la demande de solutions clubs, de kiosques à journaux alternatives. Car pour faire des ou encore de preséconomies, la Deutsche Post (DP), « En Allemagne, sing : ils sont près de les bureaux de 12000 en Allemagne opérateur historique, poste de plein à assurer un service remplace progressipostal à côté de leur vement depuis une exercice ont activité pri n c i p a l e. dizaine d’années tous quasiment Sur le papier, l’accord ses bureaux de poste disparu » se veut «gagnantgagnant»: le commerçant trouve un complément d’activité pour ses heures creuses et peut en outre esp é rer attirer davantage de clients en élargissant la palette de ses serv i c e s. La poste, quant à elle, peut assumer ses obligations de couverde plein exercice par des «points ture territoriale à moindre coût. de contact » installés dans des Mais l’automne dernier, la DP commerces de proximité. Une a brusquement changé les règles é volution qui ne va pas sans du jeu. La rémunération des géheurts. Accusée de re voir rants de ces coins postaux est constamment à la baisse ses désormais davantage condiconditions, la DP doit faire face tionnée à l’activité qu’ils génèau mécontentement de ses presrent. Conséquence : chez certataire s, dont les revenus autains commerçants, le forf a i t raient chuté de 25 % depuis six mensuel fixe de 800 E qui leur ans. «Je savais que j’avais affaiétait jusqu’ici versé pour reprére à des requins,mais je n’aurais senter l’enseigne vient de passer… à 10E. En échange, les comjamais imaginé qu’ils seraient u’ils soient expressistes ou messagers rapides, spécialistes ou non des expéditions monocolis, la plupart des grands opérateurs seraient ravis de laisser à la poste le soin de livrer les colis aux particuliers et, a fortiori, à domicile. Leurs systèmes de pro d u ction, configurés pour des expéditions B to B, peinent à intégrer le fret à destination des consommateurs finaux. Ces envois sont coûteux à liv re r. Et surt o u t , quand ils proviennent de commerçants sur Internet, les volumes très importants et les fréquences d’ e nvoi parfois erratiques supposent une surcapacité de traitement que les opérateurs ne peuvent pas s’offrir aujourd’hui. En France, hors le réseau postal, ces envois peuvent encore être distribués avec des solutions de complément. Q Solutions alternatives En Allemagne, la situation est d i f f é re n t e. La VAD y a pris quelques années d’avance. Les demandes de livraisons sur achats à distance augmentent et les messagers doivent s’adapTransports Actualités – N ° 917 du 1 er au 14 mai 2009 20 missions perçues sur la vente des enveloppes, des timbres ou des opérations bancaires sont revalorisées. «Ce nouveau mode de calcul tourne à l’avantage de 90 % des commerçants part enaires », affirme Di rk Klasen, porte-parole de la DP. Rivalité entre opérateurs Les intéressés estiment, au contraire, que le compte n’y est pas. « La Deutsche Post re vo i t chaque année ses conditions à la baisse », dénonce Carsten Kaps, président de la Fédération PAGD qui défend les intérêts des commerçants part enaires de la DP. Depuis 2003, les recettes que ces derniers tirent des services postaux auraient ainsi chuté de 25 %. Et le plus dur serait à venir, à présent qu’ils travaillent uniquement à la commission : à l’heure des e-mails, les particuliers envoient toujours moins de courrier. Et pour leurs opérations bancaires de base, les clients préfèrent les distributeurs automatiques aux files d’attente des guichets. Les raisons de pousser la porte d’un relais postal se raréfient donc. «Ce rtains commerçants ont dû investir pour adapter leur magasin. Or ils gagnent tout juste de quoi couvrir leurs coûts, dénonce Torsten Modery, fondateur de PAGD. Cette formule est rentable uniquement pour la DP ». La fru s t ration s’installe donc, d’autant que la DP n’hésite pas à augmenter ses exigences, réclamant notamment de plus amples horaires d’ouverture. En moyenne, les points de contact accueillent le public 43 h par semaine, contre 18h pour un bureau de poste de plein e x e rc i c e. La poste se montre également peu compatissante vis-à-vis des cambriolages subis par ses partenaires et qui se sont multipliés : quatre sont à déplorer, rien qu’en mars. «Dans les milieux criminels, les agences postales sont connues comme étant des cibles faciles car peu vo i re pas protégées », regrette Torsten Modery. A terme, ce climat dégradé pourrait se retourner contre l’opérateur, en par- ticulier dans les villes où la compétition est fort e. Dans une même ru e, il n’est pas rare de trouver un « packet shop » Hermes, un relais GLS et un partenaire de la DP, à quelques centaines de mètres les uns des autres. «Les clients sont très sensibles au comportement du commerçant partenaire, estime Horst Manner-Romberg, du cabinet de consulting MRU. S’il se montre souriant et serviable, ils posteront plus volontiers leurs paquets chez lui ». D’où la rivalité entre les opérateurs pour s’attacher les services du meilleur partenaire. dénonce Torsten Modery. Ils se sentent piégés et ne peuvent plus faire marche arrière. Si c’était à refaire, ils ne signeraient pas ». Le président de PDAG a ainsi fini par jeter l’éponge et ouvert un relais GLS, plus avantageux selon lui. Mais d’après l’opérateur historique, le turn-over est m a rginal. Cette mauvaise publicité pourrait néanmoins lui compliquer la tâche. Le Fra n kf u rter Allgemeine Zeitung ra pportait l’an dernier que la DP n’avait pas pu fermer l’un de ses bureaux à Francfort, faute d’avoir t rouvé un commerçant pour prendre le relais. Une tâche compliquée Or la formule proposée par les challengers de la Deutsche Post semble plus consensuelle : les commerçants sont payés à la commission, mais la charge de tra vail est moins contraignante et ne perturbe pas leur activité principale. «Avec la DP, de nombreux partenaires ont perdu leur clientèle d’origine car les activités postales ont pris le dessus, 21 « A l’heure des e-mails, les particuliers envoient toujours moins de courrier » N ° 917 du 1 e r au 14 mai 2009 – Transports Actualités DOSSIER DOSSIER SPÉCIAL MESSAGERIE Deutsche Post passe la vitesse supérieure de l’automatisation La Deutsche Post (DP) espère prendre un avantage décisif dans la distribution de colis aux particuliers en accélérant le déploiement de son réseau de consignes automatiques permettant la réception et l’expédition de paquets sans contrainte horaire. Une solution coûteuse qui n’est pas à la portée de tous les messa g e r s . nouvelle consigne déployée tous ls ont fait leur apparition dès les trois jours en moyenne. L’ob2001, à Dortmund et Mayenjectif est de mettre «90 % des hace pour une première phase de bitants à moins de 10 minutes test. Trois ans plus tard, l’essai de marche d’un Packstation », est transformé et ils sont déployés annonce Claus Korfmacher, dans la plupart des grandes villes porte-parole de la DP. Un coup allemandes. Aujourd’hui, on en d’accélérateur estimé, selon nos trouve presque partout, en aginformations, à plusieurs diglomération et en milieu rural, zaines de millions d’euros. L’inà côté des bureaux de poste, dans des stations services, vestissement, prévu des gares ou sur le « Mettre 90% des de longue date, n’a p a rking de certains habitants à moins pas été remis en cause supermarchés. «Ils », par la crise ou les de 10 minutes ce sont les «Packstamauvais résultats du de marche tion»de la DP, un sys- d’un automate » groupe qui a enregistème d’ a u t o m a t e s tré une perte de permettant de délivrer des colis 1,7MdE en 2008. Un choix qui 24h sur 24. Ces grandes armoires en dit long sur les espoirs que métalliques jaunes avec écran, l’ o p é rateur a placés dans ce concept. «Poster un paquet sera clavier et trappe pour accéder bientôt aussi simple que retirer aux paquets font désormais parde l’argent à un distributeur », tie du paysage outre-Rhin. prophétise Uwe Brinks, responUn réseau de consignes sable de l’activité colis de la DP. De fait, ces automates accesOn en compte 1 500 à tra ve r s sibles à tout moment du jour et tout le terri t o i re. Un maillage de la nuit sont conçus comme que doivent venir renforcer mille une réponse aux exigences de appareils supplémentaires d’ici la «société moderne ». «Quand la fin de l’année, soit environ une I Internet permet de passer des commandes 24h sur 24 et 7 jours sur 7, les clients veulent pouvoir réceptionner leurs biens avec la même flexibilité », détaille t-on à Bonn, au siège du groupe. Des clients privilégiés La formule a déjà séduit un million d’Allemands, qui y recourent régulièrement. Une fois enregistrés auprès de DHL (filiale colis de la DP), ils peuvent se faire expédier leurs paquets dans le Packstation de leur choix. Un système d’alerte par SMS ou par e-mail les avertit dès que le colis est arrivé à bon port. Finis donc les avis de passage et la queue au guichet de la poste. «Pour un certain type de clientèle,comme les célibataires ou les actifs, ce système offre un avantage incomparable », estime Horst Manner-Romberg, chef du cabinet de consulting MRU, spécialisé dans les questions de messagerie. Destinées uniquement à la livraison dans un premier temps, ces machines ont été perf e c- Face à la Deutsche Post, Hermes, filiale de vente à distance du géant allemand Otto, revendique 40 % du marché du C to C en Allemagne. tionnées depuis. A présent, elles permettent également de poster des paquets, sans contrainte horaire. Selon une enquête commandée en 2007 par le magazine spécialisé Internet World Business, les rigidités de la distribution finale freinent considérablement le commerce élect ro n i q u e : 44 % des sondés a f f i rmaient alors qu’ils commanderaient davantage sur la t o i l e, s’ils pouvaient choisir l’ h e u re de livraison de leurs colis. Aujourd’hui, la DP avance fièrement une autre statis- tique. « Depuis qu’ils utilisent les Packstation, un tiers de nos clients ont augmenté leurs dépenses sur le net, affirme Claus Korfmacher. Nous sommes un vecteur de croissance pour nos partenaires ». berg. Avec le Packstation, l’opérateur résout le problème du « dernier kilomètre ». L’ultime partie du trajet, jusqu’au domicile du destinataire, est toujours la plus coûteuse. Elle l’est d’autant plus sur le segment de l’ecommerce qui ne génère que des trafics B to C avec un taux de groupage par point quasiment nul. «Il est alors plus rentable de déposer 20 colis au même endroit, que de livrer un colis à 20 adresses différentes », reconnaît sans détour Claus Korfmacher. Le système fonctionne par Des économies de coûts Pratique pour les consommateurs et avantageux pour les sites marchands, ce système fait aussi les affaires de la DP qui par ce biais réalise «des économies sur ses coûts de livra ison », note Horst Manner-Rom- « Il est plus rentable de déposer 20 colis au même endroit que de livrer un colis à 20 adresses différentes » L’externalisation du réseau postal sera bientôt terminée La DP prévoit d’avoir totalement externalisé l’ensemble des bureaux de poste en juin 2011. L’économie sera substantielle. Il n’est pas certain cependant que ce gain de compétitivité suffira à freiner l’avancée de la concurrence. Aujourd’hui, il ne reste que 750 des 29 000 bureaux de plein exercice qu’exploitait la poste allemande au lendemain de la réunification. Entretemps, les unités les plus importantes (850) sont passées sous le contrôle de sa filiale ba n caire Po s t bank. Les Transports Actualités – N ° 917 du 1 er au 14 mai 2009 22 autres ont fermé leurs portes et ont été remplacées par près de 12000 «points de contact » installés chez des commerçants. 7 200 d’entre eux sont de véritables agences et proposent toute la palette de services d’un bureau de poste traditionnel (dont les services financiers). Puis viennent 3 600 «Post-Service Shop » (qui ne sont pas tenus d’effectuer des opérations ba n caires) qu’il faut distinguer des 1000 «Post Points », situés essentiellement en milieu rural et qui font office de relais, avec une gamme de produit plus réduite. D’ici juin 2011, la DP entend achever ce mouve- ment pour se désengager complètement de ses derniers bureaux de plein exercice. Et réaliser du même coup de nouvelles économies sur son personnel au guichet et ses coûts immobiliers. Deux mille salariés doivent ainsi être reclassés au sein du groupe. «Mais notre présence sur le territoire n’en souffrira pas », assure Claus Korfmacher. Car ce régime comporte une limite : le «principe de proximité et d’universalité », fixé par la loi et selon lequel aucun ménage ne doit être situé à plus de deux kilomètres des services postaux, soit un réseau plancher de 12 000 bu- reaux ou points de contact. En franchisant cette activité, l’ancien monopole peut donc respecter cette obligation territoriale tout en serrant les boulons. Même logiqu e avec l’automatisation, appelée à jouer un rôle c r o i s sant. En plus des Pa c k s tation, la DP a déployé 1000 «boîtes à colis » qui permettent de déposer ou d’acheter son paquet. Multiplier les services Autre initiative : des bureaux de poste multiservices entièrement automatisés et accessibles 24h sur 24, dont une cinquantaine sont actuellement en test à Berlin et Bonn. Au total, l’ancien monopole se vante d’offrir environ 17000 portes d’accès à ses services travers tout le pays : près d’une sur cinq fonctionne sans personnel. La chasse aux coûts se fait d’auta n t plus urgente que la concurrence a déjà laissé des traces. 70 % du marché du colis échappent à l’opérateur historique. Sur le segment du B to B, il a même perdu son leadership au profit de DPD, filiale de Geopost. Quant aux flux B to C, il est talonné par Hermes, allié historique de la vente à distance (VAD). Ce dernier se positionne également avec un succès grandissant sur le terrain des expéditions en C to C (entre particuliers), où il revendique une part de marché de 40 % et développe un réseau dédié, concurrent des Pa c k s tation. Une croissance ralentie Les positions de la DP pourraient continuer de s’effriter, car «de nombreux clients privés ne savent pas qu’ils peuvent expédier des colis avec un autre opérateur que l’opérateur historique », constate Eike Bröttcher, experte auprès du site « posttip » qui passe à la loupe les offres des compagnies. Une pente glissante alors 23 que ce créneau pourrait bien servir d’amortisseur à la crise. Après une période 1999-2007 euphorique marquée par une croissance annuelle moyenne de 6,8 %, le marché de la m e s sagerie s’essouffle. En 2008, sa progression a été divisée par deux, plombéepar la chute de l’express et les faibles échanges entre professionnels. Dans ce contexte morose, c’est le segment des particuliers qui résiste le mieux. Et les prévisions pour 2009 sont plutôt pessimistes. La fédération professionnelle de la messagerie BIEK table sur un ralentissement, avec un essor limité à 2 %. N ° 917 du 1 e r au 14 mai 2009 – Transports Actualités DOSSIER DOSSIER SPÉCIAL MESSAGERIE ailleurs uniquement avec des paquets dont les dimensions n’excèdent pas 60x35x35 cm. Des tournées tardives Une taille standard qui permet de traiter les flux de façon industrielle, en particulier dans les 33 «hubs » régionaux sur lesquels DHL s’appuie en Allemagne. Cette structure, héritée de l’ a ncien patron Klaus Zumwinkel, rencontre des problèmes d’ e fficience. A défaut de réduire leur nombre, l’opérateur cherche à y réaliser des gains de productivité. Autre avantage : la DP est assurée de réussir sa distri b ution dès la première tentative. Manquer ce rendez-vous est la hantise des sociétés de messagerie car cela implique des coûts supplémentaires qui peuve n t remettre en cause la rentabilité de l’ o p é ration. Pour éviter cet écueil, DHL cherche à développer des tournées «tardives ». De- puis six mois, un projet piretourner le colis à l’expélote de DHL est en cours sur diteur. Un service unique une vingtaine de sites. En en Allemagne… mais dont cas d’échec lors de la prela charge est assumée par mière présentation, un les transporteurs indépendeuxième passage est prévu dants qui distribuent les entre 17 h 30 et 20 h, sans paquets pour le compte de m a j o ration pour le client. l’ o p é ra t e u r. « Ils ne sont «Nous déciderons de l’avepayés qu’une seule fois, nir de ce service à l’issue de Le système de consignes automatiques de même s’ils doivent effectuer cette phase de test », décla- la Deutsche Post fait désormais partie du q u a t re passages, souffle re Uwe Brinks avec pruden- paysage en Allemagne. Simon Deymann, profesce. Et pour cause : dans un prenœuvre sont donc plus étroites, seur à l’université de Dortmund. mier temps, l’ancien monopole d’autant que le puissant syndiHermes a externalisé le risque cat Verdi veille au grain contre d’absence du destinataire lors de public espérait confier cette tâche la première livraison ». Reste à à des transporteurs sous-tra itoute tentative de «pression sur savoir dans quelle mesure la DP t a n t s. Mais suite à un accordles salaires » qu’entraînerait la va pouvoir amortir son investiscadre signé avec les syndicats, sous-traitance des opérations sement. Car pour l’heure, les voDHL est tenue d’embaucher ses de livraison. lumes seraient «très insuffisants propres livreurs. Seuls 800 disLa question des volumes pour justifier une activité rent ricts sur les 8 000 que compte table», note Horst Manner-Romle pays échappent à cette règle. Du coup, impossible pour DHL berg. Officieusement, les PacksRésultat: la DP doit se battre avec de jouer sur le même terra i n tation tourn e raient à 40 % de des coûts de personnel bien plus qu’Hermes, son principal adleurs capacités. Et au total, seuls élevés que ceux de ses challenversaire sur le segment du B to 1 à 9 % des 2,5 millions de pagers qui confient la distribution C, qui offre à ses clients jusqu’à quets que DHL expédie chaque à des tiers. Ses marges de maquatre présentations, avant de jour en Allemagne transiteraient re des tarifs. Sous pression, l’opépar ce réseau de consignes. Des rateur historique s’est contraint chiffres que ne commente pas à baisser les siens de 30 % en l’entreprise. «Nous sommes samoyenne. Et pour attirer davantisfaits des résultats affichés par tage d’expéditeurs vers les Packles Packstation», se borne à dire station, DHL propose un rabais Claus Korfmacher, soucieux de d’un euro par ra p p o rt aux bane pas «attirer la convoitise des rèmes affichés au guichet des concurrents». Le géant allemand bureaux de poste. de la messagerie reste également Augmenter la flexibilité assez mystérieux quant aux objectifs qu’il se fixe sur ce créneau. «En réalité,la DP raisonne à long Dans une interview donnée en terme.L’objectif final est de rendre octobre dernier au DeutscheVersa structure de coûts plus flexible», kehrs-Zeitung, Uwe a f f i rmeHorst Ma nBrinks espérait sim- « La concurrence ner-Romberg. Le calplement que les sur le marché du cul ne s’ a p p l i q u e consignes représen- colis a donné lieu d’ailleurs pas uniquetent à terme « un à une sanglante ment aux opérations pourcentage à deux guerre des prix » de distribution. Ce système de consignes chiffres de l’ensemble est aussi conçu comme une aldes colis expédiés ». Une chose est sûre : l’opérateur ne pourra ternative au réseau des bureaux pas se rattraper sur les prix. Car de poste, dont l’ e x p l o i t a t i o n l’arrivée de la concurrence sur plombe les comptes du groupe le marché du colis en 1998 a lancé dans une cure d’amaigrisdonné lieu à une sanglante guersement drastique. Frank Iden : «Nous misons sur le contact direct avec le client » Le président d’Hermes Logistik Gruppe revient sur la stratégie C to C de son réseau. Depuis mars, il est possible d’y expédier des colis d’un point colis à l’autre. Transports Actualités : La Deutsche Post va étoffer considérablement son réseau de consignes automatiques d’ici la fin de l’année. Votre nouveau service Shop2Shop est-il une réponse à cette offensive? Frank Iden : Notre philosophie est différente. Nous misons sur la proximité et le contact direct avec le client. De ce fait, nous ne voulons pas utiliser d’automates. Mais notre réseau de 14000 Paket Shop, le plus dense du pays, offre autant de possibilités aux clients de venir retirer ou poster leurs colis, sur des plages horaires importantes, compatibles notamment avec l’emploi du temps des actifs. C’est d’ailleurs l’un des critères de sélection des commerçants partenaires, tout comme leur accessibilité. A Berlin, vous trouvez en moyenne un Paket Shop Hermes tous les 460 m. A Munich, il y en a un tous les 640 m. Par ailleurs, un tiers de nos relais se trouvent en milieu rural. C’est justement la qualité de ce réseau qui nous permet de lancer un service comme le Shop2Shop. Le prix d’une expédition par ce biais est fixé à 3,65E pour un colis pesant jusqu’à 25 kg et dont la taille ne dépasse pas 50 cm. Dans le même temps, le tarif d’un envoi «classique », jusqu’au destinataire, vient d’être majoré de 10ctE. Une façon de forcer la main à vos clients? F.I. : Non, les deux choses ne sont pas liées. Bien entendu, nous essayons d’attirer de nouveaux clients en proposant un tarif avantageux pour ce nouveau produit. Mais la hausse de prix sur les colis «c l a s- GLS face au défi du B to C Spécialisé dans les livraisons B to B, l’opérateur cherche encore la bonne formule pour rentabiliser sa distribution à destination des particuliers. Un segment qui représente près d’un cinquième de ses volumes mais lui coûte très cher. to B, le livreur peut déposer plusieurs paquets à une même adresse, il n’en va pas de même avec les trafics B to C : le ratio moyen tombe alors à 0,75 colis par arrêt et le coût en euros est très élevé. Pour contourner le problème, GLS espérait mettre son centre d’appel téléphonique à contribution pour fixer un horaire et un lieu de livraison avec le destinataire. Ce dernier aurait pu, par exemple, choisir de re c e voir son colis sur son lieu de travail, en cas d’absence de son domicile. Annoncé l’an dernier, le concept est toujours en phase de développement. Le transporteur, qui avait caressé l’idée de standardiser cette procédure, parle aujourd’hui d’un « service optionnel » qui sera donc payant. A l’image de GLS, est le casse-tête numéro un de tous les réseaux de distribution de colis : comment réussir la livraison dès la première tentative? Et l’on a beau s’appeler GLS (Ge n e ral Logistics System), être la filiale la plus rentable de Royal Mail après avoir racheté l’un des premiers réseaux monocolis (1) en Allem a g n e, le problème reste le même. «Lorsque le destinataire est un particulier,nous devons effectuer deux présentations en moyenne, a vant de le tro u ver chez lui. Cela coûte trop cher », déplorait l’an dernier Rico Back, patron du groupe GLS. C’ « Avec un particulier, nous devons effectuer deux présentations en moyenne avant de le trouver chez lui. Cela coûte trop cher » Un service optionnel En moyenne, chaque arrêt à un point de livraison lui revient à 2,50E. Or si sur le segment du B Transports Actualités – N ° 917 du 1 er au 14 mai 2009 24 tous les opérateurs de messagerie cherchent à rentabiliser la livraison au particulier. Mais le défi est encore plus délicat pour les entre p rises traditionnellement positionnées sur le segment du B to B. De nouveaux besoins Outre-Rhin, GLS a ainsi grandi en livrant notamment des téléphones portables aux boutiques Vodafone ou des articles domestiques à la chaîne de magasins Tchibo. Avec l’explosion de l’e-commerce, ces donneurs d’ordre ont développé de nouveaux besoins de livraison, cette fois-ci à destination du client final. Résultat, ces flux B to C représentent aujourd’hui 18 % des volumes traités en Allemagne par la filiale de Royal Mail. A l’image de GLS, tous les opérateurs de messagerie tentent de rentabiliser les livraisons aux particuliers. Confronté aux mêmes défis, DPD (leader en Allemagne des expéditions monocolis en B to B) a quant à lui développé un système d’alerte par e-mail. Une alternative En cas d’échec lors de la première présentation, le destinataire est averti à l’avance du jour et de l’heure de la deuxième livraison. Une méthode jugée «satisfaisante » par l’opérateur qui effectue notamment des livraisons pour la chaîne de vêtements Esprit. En attendant de lancer sa nouvelle option, GLS dépose les colis c h ez un voisin du destinataire en cas d’absence de ce dernier. Si cette alternative se révèle infructueuse, le paquet est transmis à l’un des 4000 Paket Shop du groupe, le dernier kilomètre étant alors à la charge du client. (1) GLS est né en 1999 du rachat par la poste britannique du réseau de German Parcel. 25 siques » s’explique par la pression sur les coûts que subit notre secteur, comme le renchérissement de la taxe poids lourds. Dans ce tarif, sont inclus une assurance jusqu’à 500 E sur la valeur du bien ainsi que le suivi du colis. A service comparable, nous restons moins chers que nos concurrents. Ce nouveau système fait-il également les affaires de Hermes, dans la mesure où il vous permet d’économiser le dernier kilomètre et donc d’accroître la rentabilité de votre réseau de distribution ? F.I. : Naturellement, lorsqu’un opérateur lance un nouveau service, il doit s’y retrouver. Le reste fait partie de nos secrets de fabrication, mais je peux néanmoins vous dire que nous n’avons pas, ou à peine, modifié nos processus logistiques car nous nous appuyons sur notre réseau de Paket Shop déjà existant. Le site Internet permettant de trouver le relais le plus proche de chez soi était lui aussi déjà en service. Enfin, l’offre est valable uniquement en ligne [les expéditeurs impriment eux-mêmes le bon d’expédition] : c’est une solution idéale pour améliorer l’efficience de notre process et ainsi proposer un prix particulièrement avantageux. A terme, cette solution va-telle remplacer la livraison à domicile ? F.I. : Absolument pas. Il s’agit d’une alternative pour une clientèle qui est souvent absente lors de la distribution. Pour la majorité de nos clients, la livraison à domicile restera la norme. Cela s’explique notamment par le fait que nous eff ectuons jusqu’à trois présentations supplémentaires en cas d’échec de la première. Dans 90 % des cas, la livraison est toutefois réussie dès la première tentative. N ° 917 du 1 e r au 14 mai 2009 – Transports Actualités