Chimie eau de mer.
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Chimie eau de mer.
Chimie eau de mer. L’aquariophilie récifale permet d’héberger et de voir croitre des organismes sensibles à une bonne qualité d’eau, pour assurer le bien-être de nos pensionnaires il nous faut contrôler la qualité de l’eau grâce à certains indicateurs chimiques qui nous permettent de juger de la qualité du milieu. On va retrouver des indicateurs plus ou moins connu qu’il est bon de comprendre afin de pouvoir interpréter correctement la qualité de vie qu’offre son aquarium. Attention bien souvent la valeur des paramètres est bien souvent aussi importante que la stabilité de ces derniers ! Densité : la mesure de la densité a pour but de connaître la salinité de l’eau de mer c’est-à-dire la quantité de sel (NaCl) présente dans l’eau. Cette variable dépend de la température (l’eau froide étant plus dense que l’eau chaude) on la mesure dans notre cas à 25°C. La valeur de 1025 semble être celle qui se rapproche le plus des conditions de vie naturelles de nos hôtes. Votre aquarium peut très bien ne présenter aucun problème et la densité être plus basse ou plus haute suite à une déviation lente de ce paramètre (mauvaise osmolation, changement d’eau avec une densité différente) il faut alors ramener lentement ce paramètre vers les valeurs optimales de manière à laisser le temps aux organismes de s’adapter sans choc osmotique. C° : la température il faut veiller à maintenir les organismes dans la gamme de température qu’ils sont amenés à rencontrer dans leur milieu naturel c’est-à-dire autour de 25-27°C. La température va conditionner la quantité d’oxygène que l’on va retrouver dans l’eau. Il est moins dangereux pour l’aquarium de se situer périodiquement dans une fourchette basse que dans une fourchette haute de température. Passé 30°C les risques de casse pour le vivant sont très importants et ils peuvent mettre quelque temps à se manifester notamment chez les coraux. pH :le pH de l’eau apporte une information concernant son côté acide ou basique (pH proche de 0 = très acide, proche de 14 = très basique, pH=7 neutre). Naturellement l’eau de mer est basique il faut donc encore une fois se rapprocher des valeurs naturelles afin de coller au milieu naturel c’est-à-dire entre 8 et 8.3 de pH. C’est un indicateur qu’il faut surveiller notamment lors de l’utilisation d’un RAC qui en cas de surplus de CO2 aura tendance à baisser la valeur du pH. Il est possible de constater une évolution du pH au cours de la journée (augmentation du pH au cours de la journée puis baisse la nuit), puisque le CO2 va être consommé lors de la photosynthèse et rejeté lors de la respiration (c’est pourquoi certains aquariophiles utilisent un refuge algual éclairé en phase inverse c’est-à-dire lorsque l’aquarium est éteint afin de maintenir un pH stable car les algues consomment le CO2 lors de la photosynthèse.) KH : le KH ou TAC (titre alcalimètrique complet) ou dureté carbonatée représente la concentration en ion bicarbonate et en ion carbonate, on exprime la valeur en degrès KH. Le KH sert de tampon à l’acidité plus le KH sera élevé et moins les variations de pH seront importantes. Les coraux lorsqu’ils synthétisent du calcaire vont consommer les ions bicarbonate entrainant une chute du KH. On remonte le KH par l’adjonction d’eau de chaux en générale ou de buffer (solution du commerce). L’idéal étant d’avoir un KH autour de 8. Ce qui permet de stabiliser le pH et évite aussi la précipitation du Ca et du Mg (lorsque le KH est trop élevé). Ca : le calcium est un élément indispensable à la calcification des coraux (construction squelette calcaire). Il faut veiller à apporter suffisamment de Ca, lorsque les populations de coraux durs sont faible, les changements d’eau hebdomadaire suffisent à couvrir les besoins (sel enrichi), lorsque la population augmente il faut alors utiliser une source supplémentaire de Ca : le RAH et/ou le RAC ou la méthode balling afin de maintenir un taux de calcium autour de 420 mg/L. Le RAH ou réacteur à hydroxyde permet l’adjonction d’eau de chaux en complétant l’évaporation de l’aquarium. Le RAC ou réacteur à calcaire a pour but de dissoudre un substrat calcaire par adjonction de CO2 afin de fournir les substances nécessaires aux coraux. La méthode balling consiste en l’adjonction de 3 solutions complémentaire visant à fournir les éléments dont ont besoin les coraux sans dérégler la balance ionique. Pour faire simple la balance ionique correspond au nombre d’ions positifs et négatifs dans l’eau : les anions et les cations. Cette balance doit être neutre c’est-à-dire autant d’anions que de cations ou avec un écart maximum de 2%entre anions et cations. Ce paramètre n’est pas mesurable par l’aquariophile cependant il est bon de l’avoir en tête. La balance ionique est un phénomène qui rend la méthode balling « dangereuse » lorsqu’elle est mal utiliséecarle nombre d’ions (anions et cations) manipulés avec les solutions de ballingest important (3 solutions différentes avec des ions différents). Il faut donc veiller à respecter à la lettre le protocole afin d’éviter une dérive de la balance ionique qui entraine alors des conséquences sur les coraux (nécroses). Mg : le magnésium comme le calcium est nécessaire à la croissance des coraux durs notamment. Les taux de calcium et de magnésium sont liés lorsque l’un est consommé l’autre suit. Le magnésium entre dans le processus de calcification d’où son importance au sein des récifs. Son taux idéal se situe aux alentours de 1300mg/L. No2 :les nitrites sont dangereux pour tous les occupants du bac ils sont présents lors de la phase de démarrage car les bactéries dénitrificatrice ne sont pas présentes en nombre suffisantes pour traiter l’azote en nitrates.Leur taux doit être nul dans un bac récifal. No3 : les nitrates ne sont pas aussi dangereux ils sont le résultat de la dégradation de l’azote par les bactéries épuratrices du bac. On considère que jusque 50mg/L il n’ya pas de réel danger pour l’aquarium, cependant la couleur de certains coraux peut passer au marron en raison d’une eau trop eutrophe (c’est-à-dire trop riche pour nos coraux a petits polypes notamment.) Avant de continuer faisons un point sur le cycle de l’azote … En restant simple ! Les déchets dans l’aquarium récifal sont : excréments, reste nourriture etc… Ce sont des sources d’azote organique : N. Cet azote organique va être transformé dans un premier temps et par certaines bactéries en ammoniac : on en trouve sous 2 formes : NH4 et NH3 (ammoniac et ammonium). C’est l’ammonisation ! Dans un second temps d’autres bactéries vont retraiter l’ammoniac en NO2 c’est la nitrification grâce à des bactéries aérobies ! Les composés de ces 2 premières étapes sont dangereux pour les occupants de nos bacs. Dans une troisième étape les nitrites sont transformés en nitrates par oxydation : la nitratation ! Les nitrates sont dangereux lorsque leur taux est supérieur à 50mg/L. Dans un dernier temps afin d’exporter les déchets hors du bac une dernière série de bactéries va transformer les nitrates en azote gazeux N2. C’est la dénitratation ! C’est grâce à ce cycle que les déchets sont exportés de nos aquariums ! La mesure des taux de NH4, NO2 et NO3 sont donc lorsqu’ils sont élevés le signe d’un déséquilibre : trop d’apport et/ou trop peu de traitement (suppression déchets azotés grâce à un écumeur ou autre filtres : zeolithe, résines, filtre algue, refuges etc.). Cela peut aussi être le signe d’un appauvrissement (en terme de diversité et/ou de quantité) des bactéries épuratrices du bac présentent dans les roches. Po4 : les phosphates arrivent dans nos bacs principalement par 3 voies : la nourriture congelée, l’eau douce utilisée pour combler l’évaporation (lorsqu’elle n’est pas produite par un osmoseur de qualité) et les déchets/sédiments présents dans les bacs. Les phosphates sont utilisés par les algues principalement ce qui favorise leur développement … De plus en quantité importante les phosphates vont entrainer une précipitation des ions calciums limitant la croissance des coraux. Une remarque concernant toutes ces valeurs … Nous avons vu qu’il existe de l’azote (N) sous diverses formes (NH4, NO3, NO2 etc.) il en est de même avec le phosphore (P) (PO4, HPO4, H3PO4 etc.) nos test ne mesure que les phosphates organiques c’est-à-dire PO4. Dans le milieu naturel on parle souvent du rapport de Redfield (du nom du scientifique) ce rapport issue d’observation en milieu naturel montre que quel que soit les quantités de matière présentes dans l’eau il semble que si l’on respecte un rapport P : N : C (Phosphate : Azote : Carbon) de 1 : 16 : 108 on se trouve dans de bonnes conditions. C’est-à-dire qu’idéalement pour 1 mole (quantité) de Phosphate consommée, il y en aura 16 d’azote et 108 de carbon. Ce qui implique qu’en présence de phosphate, il est nécessaire d’avoir des sources d’azote pour permettre la consommation du phosphate … Ce rapport n’est pas mesurable pour l’aquariophile mais c’est à garder à l’esprit ! Attention : toutes les mesures réalisées à partir de tests colorimétriques ne sont pas exactes ! En effet nous cherchons à mesurer des éléments en très faible quantité dans de faible volume d’eau, qui plus est avec des tests « simples » et colorimétriques c’est-à-dire ajout de réactif jusqu’à coloration du mélange. Il en découle une grande incertitude sur l’exactitude de la valeur mesurée … Il est intéressant de suivre l’évolution des mesures plus que leur valeur si elle se situe dans la limite du raisonnable et que le bac se porte bien ! De plus penser à bien vérifier la date de validité de vos tests. Aux utilisateurs d’appareils cheker (hannah ou autre) même constat malheureusement … Les quantités que l’on cherche mesurée sont tellement faibles et l’incertitude de la valeur mesurée tellement importante pour les classes de valeur que l’on cherche à mesurer que les valeurs obtenues sont aussi à prendre avec des « pincettes ». L’outil idéal pour les mesures de paramètres en récifal n’existe pas !Cependant avec l’habitude vous apprendrez à voir lorsque votre bac est en bonne santé ou pas ! Ajoutez à cela des tests régulier pour vérifier que vos paramètres suivent bien une même tendance … Potentiel redox :Le potentiel redox est une information chimique assez complexe à appréhender pour faire simple (voir simpliste) plus un potentiel redox est élevé plus le pouvoir oxydatif de l’eau est important c’est-à-dire plus ça capacité épuratrice est forte (on a vu dans le cas du cycle de l’azote qu’une des étapes pour exporter les NO2 en NO3 était une oxydation). Plus la valeur est faible moins l’eau aura un pouvoir épurateur important et potentiellement plus les déchets s’y accumuleront entrainant une consommation du pouvoir oxydatif et donc une baisse du potentiel redox… Le potentiel redox va dépendre du pH et de la T°C, on doit se trouver aux alentours de 400mV. Une valeur trop haute ou trop basse peuvent engendrer des problèmes pour les habitants du bac ! Encore une fois cette valeur permet de connaître l’état de santé du bac, « son pouvoir de traiter les déchets ». A noter que la mesure du potentiel redox est plus importante lorsque l’aquariophile utilise l’adjonction d’ozone (O3), car l’ozone possède un pouvoir oxydatif beaucoup plus important que l’02, il faut donc veiller à ce que le potentiel redox reste dans une fourchette acceptable afin d’éviter l’oxydation de tout ce qui se trouve dans le bac … Paramètre pH Mini 7,9 Idéal 8,2 Maxi 8,6 KH (d°KH) 5 9 12 Ca (mg/L) 370 420 470 Rôle Caractère acido-basique Dureté, effet tampon Calcium Mg (mg/L) 1000 1300 1400 Magnésium Densité 1020 1024-1025 1026 Salinité T°C No2 (mg/L) 23°C 0mg/L 25-26°C 0mg/L 29°C 0,01mg/L Température Nitrites No3 (mg/L) 0mg/L 3mg/L 5mg/L Nitrates Tests pHmètre, papier pH Test colorimétrique Test colorimétrique Test colorimétrique Densimètre, Refractomètre Thermomètre Test colorimétrique Test colorimétrique Po4 (mg/L) 0mg/L 0,02mg/L 0,05mg/L Phosphates Test colorimétrique Redox (mV) 250 400 470 Conductivité Redoxmètre Les oligo-éléments : ces éléments encore appelés éléments traces (iode, strontium, oligo-éléments, etc.) sont présents à l’état naturel, ils sont détectable mais ne sont pas mesurables, quantifiable car à l’état de traces, cependant ils ont un rôle important car ils entrent dans les besoins métaboliques de nombreuses espèces. Leur rôle est complexe ce qui explique la découverte tardive de leur importance, ils entrent en jeu dans les réactions au sein même des cellules. Ces éléments ne sont pas mesurables, cependant leur consommation est réelle (organismes, écumeur), il existe des produits plus ou moins complexe dans le commerce visant à créer des « cocktails » d’oligo éléments. Ils sont aussi souvent présents dans les sels synthétiques et bien sûr présents dans l’eau de mer naturelle. Voila un rapide coup d’œil sur les paramètres observable en aquariophilie récifale, n’oubliez jamais que le meilleur test reste l’observation de votre bac et que lors des tests, plus que la valeur brute du test regardez son évolution au fil des semaines et des mois !