haïti et ses livres

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haïti et ses livres
Haïti et ses livres
Bibliographie sélective et commentée
Bernard MAGNIER
16èmes Rencontres Francophones
HAÏTI ET SES LIVRES
Bibliographie sélective*
La beauté de cette terre avait stupéfait Christophe Colomb
lorsqu’un jour de 1492, un pêcheur de l’île le «découvrit» accostant à ses
rivages. Elle paraît être aujourd’hui un lieu de désolation, de drames et de
misères dont il est bien difficile de prendre l’exacte démesure.
Cette terre qui fut «la plus riche colonie des Antilles» au prix de la
traite et de l’extermination des populations indigènes. Cette terre qui fut
pionnière dans l’émancipation politique – première république noire et
première république de l’Amérique latine – a poursuivi, depuis le jour de
son indépendance, le cycle des violences et des folies humaines, par les
coups d’état, les assassinats politiques, les oppressions et les occupations…
Aux folies des hommes se sont ajoutées les furies des éléments dont
l’effroyable paroxysme fut atteint par le séisme du 12 janvier 2010.
Contre vents et Duvalier, milices et despotes, contre furies
telluriques et déraisons des hommes, contre spoliations et prédations, des
voix ne cessent de surgir de ce morceau d’île de la mer des Caraïbes, afin
d’offrir la réponse de leurs fièvres, de leurs élans, de leurs talents.
Qu’ils soient emportés dans une géographie vagabonde et
confrontés aux affres de l’exil ou qu’ils soient demeurés arcboutés sur leur
île, les poètes, romanciers, dramaturges haïtiens sont debout. Ils
accompagnent l’Histoire, la devancent parfois, rendent compte de ses
soubresauts. Ils disent le réel et le surréel, l’immédiat et la face cachée des
choses. Ils donnent mots aux faits et gestes du quotidien. Ils créolisent et
boucanent leurs textes. Ils s’enfièvrent et se soulèvent. Ils marronnent…
Cette bibliographie, avec les aléas et les limites du genre, souhaite
faciliter leur rencontre, permettre une découverte, aider à un choix. Elle se
veut un sauf-conduit vers quelques belles heures d’enrichissement, de
questionnement, d’effarement, d’épanouissement, d’éblouissement.
Quelques belles heures de plaisir… Quelques belles heures de lecture !
Bernard Magnier
Mars 2011
* Pour cette bibliographie quelques parti-pris : celui d’une trame chronologique, celui d’une
distinction entre les écrivains de l’île et les écrivains de l’exil sans pour cela vouloir ériger une
quelconque frontière, celui du choix des publications les plus accessibles, et une précision : la
date de première publication est donnée entre parenthèses lorsque l’éditeur actuel n’est plus
l’éditeur d’origine.
DES CLASSIQUES FONDATEURS
. UN ESSAI FONDAMENTAL
Jean PRICE-MARS
1876-1968
Ainsi parla l’oncle (1928) suivi de Revisiter l’oncle, Mémoire d’encrier,
2009
Publié pour la première fois en 1928, ce texte fait date. «Premier
manifeste de la condition noire» selon Rodney Saint-Eloi, cet essai
fondateur marqua, avant l’affirmation de la Négritude, la volonté de
se réapproprier une culture, d’en montrer la filiation et la richesse,
avec “l'ambition de révéler aux yeux du peuple haïtien la valeur de son
folklore” et «d'intégrer la pensée populaire haïtienne dans la discipline
de l'ethnographie traditionnelle».
. DES ROMANS PAYSANS
Justin LHÉRISSON
1873-1907
La Famille Pitite Caille suivi de Zoune chez sa Ninnaine,
Editions Caribéennes, 1978 (1905)
Deux «audiences» qui constituent un livre pionnier, ancré dans la
quotidienneté du monde paysan haïtien du début du siècle.
Par l’auteur de l’hymne national, «La Dessalinienne».
Edris SAINT-AMAND
1918-2004
Bon Dieu rit, Hatier, 1989 (1952)
La résistance exemplaire d’un paysan qui tient tête au propriétaire et
à son homme de «droit». Un combat qui symbolise la lutte,
l’authenticité et la droiture face à la corruption et à la compromission.
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. DES ROMANS MILITANTS
Jacques ROUMAIN
1907-1944
Considéré comme le pionnier du roman haïtien, Jacques Roumain a
poursuivi des études d’ethnologie en Europe. De retour en Haïti, il
fonde le parti communiste ce qui lui vaudra d’être emprisonné. Il est
décédé au Mexique, à 37 ans, des suites d’une crise cardiaque. Son
roman, Gouverneurs de la rosée, est devenu un «classique», souvent
cité dans les manuels et les anthologies.
Gouverneurs de la rosée, Le Temps des Cerises, 2000 / Mémoire
d’encrier, 2007 - (1944)
De retour de Cuba après quinze ans d’absence, Manuel retrouve son
village déchiré par des querelles et menacé par la sécheresse. Il
découvre une source bienfaitrice, épouse Claire-Heureuse, une jeune
fille du clan opposé, mais la malédiction inexorable aura raison de sa
bonne volonté. Un roman novateur par son écriture qui offrait à la
langue française quelques originalités savoureuses issues du créole.
Jacques-Stephen ALEXIS
1922-1961
Autre père fondateur de la littérature haïtienne qui paya de sa vie
ses engagements politiques. Avant de mourir dans une tentative de
retour dans l’île, en 1961, Jacques-Stephen Alexis avait publié trois
romans militants, un recueil de contes (Romancero aux étoiles) et
quelques articles, dont le très intéressant «Du réalisme merveilleux
chez les Haïtiens» publié à l’occasion du Premier Congrès des
Ecrivains et Artistes Noirs en 1956. À la suite de Jacques Roumain,
ses écrits jetèrent les bases d’une littérature en devenir.
Compère Général Soleil, Gallimard, 1955
La prise de conscience d’Hilarius Hilarion, emprisonné pour avoir volé
du pain, et qui, au contact de Pierre Roumel, un militant communiste,
est amené à se révolter et à lutter contre les injustices. Défense et
illustration de la fraternité humaine et de la lutte politique.
3
Les Arbres musiciens, Gallimard, 1957
Les dieux vaudous sont ici au service de la résistance aux forces
capitalistes. Proches des hommes, ils sont leurs intermédiaires auprès
des éléments naturels. La «musique des arbres» doit ainsi guider le
peuple…
L’Espace d’un cillement, Gallimard, 1959
Prostituée livrée aux militaires américains, la belle Nina Estrellita
retrouvera la vraie vie auprès d’El Caucho, le mécanicien au grand
cœur et sensible au «visage de madone extasiée de la petite putain».
Marie CHAUVET
1916-1973
Marie Vieux-Chauvet est née à Port-au-Prince en 1916 d’un homme
politique haïtien, Constant Vieux, et d’une mère juive née aux îles
Vierges. Elle fait des études pour devenir institutrice, se marie une
première fois puis épouse en secondes noces celui qui allait lui
donner son nom de plume, Pierre Chauvet. En 1957, elle publie Fille
d’Haïti et La Danse sur le volcan, deux romans aux implications
politiques immédiates. Dans les années 60, elle appartient au groupe
Haïti littéraire avec Anthony Phelps, Roland Morisseau-Leroy, René
Philoctète. C’est par son roman, Amour, Colère et Folie, publié à
Paris, qu’elle se fait connaître hors de l’île. Les réactions violentes à
ce livre l’empêcheront de poursuivre sa carrière en Haïti et elle
devra partir aux Etats-Unis, à New York, où elle se remariera puis
décèdera en 1973.
Amour, Colère et Folie, Maisonneuve et Larose / Emina Soleil 2005
(1968)
Trois temps et trois romans, tout à la fois indépendants et imbriqués
l’un à l’autre, constituent une trilogie réunie en un seul volume.
Entre ses deux sœurs plus claires, plus jeunes, plus belles, Claire va
vivre par procuration l’amour qu’elle n’a jamais avoué à celui qui est,
à la fois, le mari de l’une et l’amant de l’autre. De cet amour
inaccessible, à défaut d’en être l’actrice, elle tentera d’en être
l’instigatrice… Un parler juste et cru pour parler d’elle-même et de ses
concitoyens, de Port-au-Prince et d’Haïti, des non-dits et des interdits,
des sujets qui fâchent, des pensées et des actes qu’il faut taire.
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Elle dénonce les hypocrisies, la hiérarchie sociale, les complexes liés à
la couleur de la peau. Double à peine masqué de l’auteur, Claire
parvient à ne faire qu’un du combat de la femme et de celui de la
citoyenne. (Amour)
L’expropriation d’une famille et leurs révoltes vaincues ou comment
faire lorsque des “uniformes” envahissent vos terres et s’en prennent
à la famille et aux biens (Colère); la déraison enfin comme ultime
réponse au chaos de la vie (Folie).
Marie-Thérèse COLIMON
1918-1997
Fils de misère, Editions Caraïbes / L’Ecole, 1974
La lutte des classes vue à travers les démêlés d’une employée de
maison au service d’une famille de grands bourgeois de Port-au-Prince
dont elle doit subir le mépris et le despotisme quotidiens. Une
destinée à laquelle elle voudrait que son fils échappe.
. DES POÈTES PIONNIERS
Carl BROUARD
1906-1965
Journaliste, collaborateur de plusieurs revues littéraires, il est le
poète d’un recueil publié en 1927, Ecrit sur du ruban rose.
Anthologie secrète, Mémoire d’encrier, 2004
Magloire SAINT-AUDE
1912-1971
Journaliste et poète demeuré dans l'île, il fut remarqué par André
Breton lors de son séjour haïtien.
Dialogue de mes lampes et autres textes : œuvres complètes (édition
établie et présentée par François Leperlier), Jean-Michel Place, 1998
5
René PHILOCTÈTE
1932-1995
Poète, fondateur du mouvement Haïti littéraire (avec Anthony
Phelps, Serge Legagneur, Davertige, Roland Morisseau) comparse de
Frankétienne dans l’élaboration du mouvement «spiralisme».
Poèmes des îles qui marchent (anthologie réunie par Lyonel Trouillot),
Actes Sud, 2003
DAVERTIGE
1940-2004
Né à Port-au-Prince en 1940, il vécut aux États-Unis en 1964, plus
longuement à Paris de 1965 à 1976 puis à Montréal jusqu’à sa mort.
Artiste soucieux d’indépendance, il adopta le nom de Villard Denis
pour la peinture et celui de Davertige pour la poésie.
Idem (1962) repris dans Anthologie secrète, Mémoire d’encrier, 2004
Georges CASTERA
né en 1936
A vécu en France, en Espagne puis à New-York. De retour dans l’île
en 1986, il écrit en français et en créole. Certains de ses textes ont
été mis en musique. Il est un des personnages centraux de la
création littéraire haïtienne.
Voix de tête (poésie), Mémoire, 1996
L’Encre est ma demeure (anthologie), Actes Sud, 2006
Le Cœur sur la main (poésie), Mémoire d’encrier, 2009
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DES EXILÉS PRÉCURSEURS
“J’avais le choix entre l’exil, la prison ou la mort… Avec une
grande sagesse j’ai choisi l‘exil ! ” répondait un jour Emile Ollivier, l’un
de ces écrivains haïtiens que les régimes dictatoriaux des Duvalier
père (Papa Doc) et fils (Baby Doc) et leurs milices sanguinaires (les
trop célèbres “Tontons macoutes”), ont contraint au départ vers
d’autres terres plus hospitalières. Ainsi nombre d’écrivains ont quitté
l'île natale pour se rendre en Afrique, en Europe, tout
particulièrement à Paris, et en Amérique du nord (aux Etats-Unis à
Boston, New York ou Miami ou au Canada, principalement au Québec,
francophonie aidant). De leurs terres d’exil, ces écrivains ont
poursuivi, parfois commencé, une œuvre dont l’essentiel demeurait
inspiré par la terre des origines.
. VERS L’AFRIQUE
Durant la présidence Senghor, le Sénégal a été une terre d’accueil
pour de nombreux intellectuels et écrivains. Plusieurs d’entre eux ont
inscrit leurs noms parmi ceux qui ont contribué au développement
culturel du pays. Les époux Lemoine, Jacqueline (née en 1923) et
Lucien (1923-2010), ont participé activement à la création du Théâtre
Daniel Sorano de Dakar, le poète Jean-François Brierre (1909-1992) a
collaboré à divers journaux et revues et Roger Dorsinville a travaillé
lors de la création des Nouvelles Editions Africaines (NEA), ainsi que
dans la presse africaine.
Roger DORSINVILLE
1911-1992
Une destinée douloureuse pour cet écrivain, longtemps exilé en
Afrique, au Liberia puis au Sénégal, qui revint aveugle dans son pays
et y mourut sans jamais le revoir. Une destinée qui semble toute
entière inscrite entre deux de ses titres...
7
Mourir pour Haïti, L’Harmattan, 1980
Mario, Aldo, Victor, Serge, Michel et le Docteur Legros, six justes,
victimes de la dictature. Six chapitres d’un même livre qui souhaite
“planter des jardins du souvenir contre l’injustice qui toujours tente de
renaître”.
Renaître à Dendé, L’Harmattan, 1980
Un roman “africain” qui met en scène la destinée de Martha, femme
meurtrie et humiliée, qui découvrira l’amour auprès d’Ousmane, dans
le village de ce dernier.
Jean-François BRIERRE
1909-1992
Fonctionnaire en Haïti puis longtemps en exil au Sénégal, avant de
regagner sa terre à la fin de sa vie. Un poète prolixe publié à Port-auPrince, Dakar, La Havane, Lausanne, Buenos-Aires ou Paris.
Un Noël pour Gorée (poésie), Silex, 1980
. VERS LA FRANCE
René DEPESTRE
né en 1926
Un “vagabond enraciné” qui, sa vie durant, ne cessa d’errer de par le
monde, depuis qu’il dut quitter son île à l’âge de 20 ans. Militant
auprès de Fidel Castro dans les premiers moments de la révolution
cubaine, secrétaire de Jorge Amado à Prague, secrétaire du Congrès
continental de la Culture organisé par Pablo Neruda au Chili, puis
fonctionnaire à l’Unesco et aujourd’hui retiré dans le sud de la
France pour s’y consacrer à l’écriture. Son œuvre est un
géolibertinage ludique conté dans une langue savoureuse, mêlant
érotisme et poésie pour tenter de vaincre les douleurs de l’exil et de
la désillusion.
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Le Mât de cocagne, Gallimard, 1979
Les aventures d’un “petit chevalier à la triste figure mulâtre”, ancien
sénateur déchu de ses fonctions et gérant d’un petit commerce, qui,
engagé dans un combat solitaire contre le dictateur local, décide de
participer au concours de mât de cocagne. Du concours de mât suiffé
comme métaphore de la politique haïtienne...
Alléluia pour une femme-jardin (nouvelles), Gallimard, 1981
Emily, Georgina, Soledad, Ilona, Margareta, Rosena et les autres. Dix
femmes-jardins, dix nouvelles réunies comme pour mieux illustrer cet
adage du poète adressé à lui-même : “prends ton parti vieux zombi
haïtien, ton salut sur la terre est du côté des femmes”.
Hadriana dans tous mes rêves, Gallimard, 1988
Une mariée qui meurt le jour de ses noces... l’histoire ne serait déjà
pas banale mais les “loas”, les dieux du vaudou, veillent et Hadriana
ne tardera pas à revenir vivre quelques aventures, cocasses et
savoureuses... La “zombification” d’Hadriana : l’histoire d’un amour
raté, d’une destinée avortée. Hadriana avec un “H ” majuscule
comme... Haïti.
Eros dans un train chinois (nouvelles), Gallimard, 1990
“Neuf histoires d’amour et un conte-sorcier”, comme l’indique le sous
-titre, dans un train chinois mais aussi dans un chalet de Haute-Savoie,
à la Cité Universitaire de Paris, dans une villa de Sao Paolo ou bien
encore dans l’express reliant Paris à Prague... Yuko la Japonaise,
Cristina la Brésilienne, Xiluan la guide chinoise, Gladys à Port-auPrince, Kostadinka la Yougoslave sont quelques-unes des héroïnes de
ce vagabondage libertin, à la fois grave et insouciant, au hasard
duquel chaque rencontre est un moment de bonheur amoureux mais
aussi un réel plaisir de lecture, drôle, coquine, en un mot...
humoureuse!
Plus de cinquante années de création poétique depuis le premier
recueil, Etincelles, publié en 1945, qui lui valut quelques semaines
d’emprisonnement et une vie d’exil, jusqu’aux deux anthologies par
lui-même sélectionnées, sans reniement ni faux fuyant.
Anthologie personnelle, Actes Sud, 1993
Journal d’un animal marin, Gallimard, 1993
9
Jean MÉTELLUS
né en 1937
Exilé en France depuis 1959, neuropsychiatre à Paris, Jean Métellus a
publié abondamment, principalement durant la décennie 80, en
faisant feu de tous les genres littéraires. Une œuvre enracinée en
terre haïtienne mais qui a aussi parfois choisi quelques chemins de
traverse.
Jacmel au crépuscule, Gallimard, 1981
La ville natale de l’écrivain est le lieu de ce premier roman qui met en
scène la société jacmelienne et ses diverses composantes, autour de
la personnalité centrale de Pisquette.
La Famille Vortex, Gallimard, 1982
A Port-au-Prince, le 24 décembre 1949, c’est le dernier réveillon en
famille pour les Vortex. L’an prochain, chacun partira vers sa destinée
d’exil et l’on retrouvera certains d’entre eux dans d’autres romans,
L’année Dessalines ou Louis Vortex.
Une Eau forte, Gallimard, 1983
A la mort d’un peintre, sa famille tente de reconstituer l’itinéraire de
celui qui avait disparu de leur existence... Un roman “suisse”, comme
une provocation pour “mettre fin à l’idée que l’écrivain haïtien ne peut
fournir que boudin créole, femme-jardin ou banane pesée” !
Les Cacos, Gallimard, 1989
Un roman historique qui a pour cadre la révolte paysanne menée
contre l’occupation américaine qui dura de 1915 à 1934.
À côté de son œuvre romanesque, Jean Métellus est également
l’auteur de pièces de théâtre (Anacaona) et de plusieurs recueils de
poèmes :
Au pipirite chantant, Lettres Nouvelles, 1978
Hommes de plein vent, Silex, 1981
Voyance, Hatier, 1985
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Mimi BARTHÉLÉMY
née en 1939
Mimi Barthélémy a quitté Haïti, son île natale, emportant avec elle
les fables et les douleurs de sa terre-pays meurtrie. Depuis, elle ne
cesse de conter, devant bien des publics, le monde merveilleux de
Bouki, de Malice et de quelques autres compères. Elle réside à Paris
mais demeure attachée à la culture haïtienne et plus largement
caribéenne et à la sauvegarde de ce patrimoine oral menacé de
perte et de dispersion. Elle a publié un grand nombre de recueils et
d’enregistrements audio.
Malice et l’âne qui chie de l’or, Syros, 1994
Contes diaboliques d’Haïti, Karthala, 1995
Kangio la tortue chanteuse et autre contes d’animaux, Syros, 1996
Le Chasseur et l’oiseau, Grandir, 2000
Cabri, cheval et tigre, Vents d’ailleurs, 2001
L’Histoire d’Haïti racontée aux enfants, Mémoire d’encrier, 2004
Haïti conté, Slatkine, 2004
Dis-moi des chansons d’Haïti (livre-CD), Kanjil éditeur, 2007
La Reine des poissons, conte d’Haïti (livre-CD), Kanjil éditeur, 2010
Jean-Claude CHARLES
1949-2008
Résidant à Paris mais grand bourlingueur, journaliste pour la presse
écrite, la télévision ou la radio, Jean-Claude Charles a beaucoup erré,
dans sa vie comme dans son œuvre très novatrice et provocatrice.
Bamboola bamboche, Barrault, 1984
Un journaliste dans un bar d’une île des Caraïbes, de la musique “à
blues que veux-tu”, quelques présences féminines, une enquête sur
un coup d’état en préparation, tels sont les ingrédients de ce roman
qui tient en partie son inspiration des pérégrinations professionnelles
de son auteur. Des ballades, nonchalantes et syncopées, poursuivies
en d’autres lieux par d’autres errances...
11
Manhattan blues, Barrault, 1985
Du côté de la 37ème rue, Ferdinand, entre deux errances
transatlantiques, vit chez Jenny et rencontre Fran... Amours d’un soir
qui s’en viennent à perdurer. Quatuor ou quintet amoureux et visite
guidée de Manhattan, entre deux confidences du héros, double
distancié de l’auteur.
Ferdinand, je suis à Paris, Barrault, 1987
Louis-Philippe DALEMBERT
né en 1962
Né à Port-au-Prince, ce journaliste désormais écrivain a vécu
successivement à Paris, Rome (Villa Médicis), retour de quelques
mois en Haïti au cabinet du ministre de la Culture, Jérusalem et de
nouveau Rome (Institut italo-latino américain) et Paris, et
aujourd’hui Berlin…
Le Songe d’une photo d’enfance, (nouvelles) Serpent à plumes, 1993
A Port-aux-crasses dans l’île de Salbounda, il se passe des choses bien
étranges et déroutantes. Sept nouvelles qui offrent l’image d’un
monde chaotique dans lequel toutes les démesures semblent
permises.
Le Crayon du bon Dieu n’a pas de gomme, Stock, 1996
La destinée et les fabuleuses aventures de Faustin le magnifique,
revues et corrigées au gré de la mémoire et des retrouvailles dans le
pays, après quelque trente années. Mais peut-on jamais retrouver le
pays de son enfance et les souvenirs du Temps-natal ?
Rue du Faubourg Saint Denis, Editions du Rocher, 2005
Reprenant la trame de La Vie devant soi, ce roman met en scène
Brigitte qui “court le ménage au black” et vit avec son fils, Jean, un
adolescent, héros et narrateur. Autour d’eux, M’sieu Kahn, un vieux
juif, fan de Léo Ferré, “grande gueule, râleur”, Djibril “un Arabe
spécial, pour tout dire il a pas l’air d’un vrai” et puis Ma’ame
Bouchereau “qu’on a retrouvée macchabée dans son pieu” et dont la
mort constitue le début de l’intrigue…
12
Le Roman de Cuba, Editions du Rocher, 2009
Une déclaration d’amour à Cuba. Un guide pour découvrir ou mieux
connaître l’île voisine, son histoire singulière, sa culture et ses
multiples anecdotes, grandes et petites. Par un romancier que sa
grand-mère appelait “mi cubano”.
Noires blessures, Mercure de France, 2011
Mamad White et Laurent Kala, comme leurs noms ne l’indiquent pas,
sont respectivement un jeune boy africain et son employeur français…
Dans la scène inaugurale du roman, Laurent, pris d’une folie
vengeresse, humilie et torture Mamad... Toute la suite sera une
exploration croisée du passé et singulièrement de l’enfance des deux
protagonistes. Pour Mamad, la mort du père, la pauvreté, l’espoir
dans l’école puis l’échec à l’examen, la fuite et le “salut” avec cet
emploi de boy chez un Occidental expatrié. Pour Laurent, la
fascination de son père pour le monde noir, le traumatisme
fondamental à la mort du père (lui aussi !), le départ en Afrique…
Deux destins qui se croisent pour le pire !
Gérald BLONCOURT
né en 1926
Un personnage singulier dans ce paysage “parisien” , celui de ce
poète, peintre et photographe à l’engagement clairement
revendiqué. Collaborateur à L’Humanité, à La Vie ouvrière et au
Nouvel observateur, il se définit comme un “franc-tireur de l‘image”.
Il est aussi l’auteur d’un essai sur la peinture haïtienne (La Peinture
haïtienne, Nathan, 1986).
J'ai rompu le silence (poésie), La Machette, 1986
J'ai coupé la gorge au temps (poésie), La Machette, 2000
Les Prolos (photographies), Au nom de la mémoire, 2004
Le Regard engagé, parcours d'un franc-tireur de l'image (mémoires), Bourin,
2004
Dialogue au bout des vagues, Mémoire d’encrier, 2008
Le Paris de Gérald Bloncourt (photographies), Parimagine, 2011
13
. VERS L’AMÉRIQUE DU NORD
Anthony PHELPS
né en 1928
Journaliste, fondateur de plusieurs revues, radios et autres relais de
la littérature (et plus particulièrement de la poésie) haïtienne, il vit
un long exil montréalais où il a travaillé à la radio et à la télévision. Il
est également l’interprète de disques consacrés à sa poésie et à celle
de plusieurs de ses compatriotes.
Moins l'infini, CIDIHCA, 2001 (1973)
Mémoire en colin-maillard, CIDIHCA, 2001 (1976)
La Bélière caraïbe (poésie), Nouvelle Optique, 1980
Les Doubles quatrains mauves (poésie), Mémoire, 1995
Femme Amérique (poésie), Écrits des Forges / Autres Temps, 2004
Une Phrase lente de violoncelle (poésie), Éditions du Noroît, 2005
La Contrainte de l'inachevé, Leméac, 2006
Mon Pays que voici (poésie), Mémoire d’encrier, 2007
Le Mannequin enchanté (nouvelles), Leméac, 2009
Gérard ÉTIENNE
1936-2008
Après avoir fuit la prison et la torture, il a enseigné à Montréal dès 1964.
Le Nègre crucifié, Métropolis, 1989 (1974)
Un homme, que l’auteur ne parvient pas à nommer, est incarcéré
dans une prison de Port-au-Prince. Humilié, violé, torturé, il évoque sa
vie, ses amours, ses révoltes. Il hurle la haine de ses bourreaux et
dénonce les silences complices. Un langage cru, brut et brutal, agressif
et emporté par une sorte de délire lyrique.
La Reine Soleil levée, Métropolis, 1989 (1987)
Jo et Mathilda vivent un amour sans faille jusqu’à ce que tout-à-coup
le drame s’insinue dans leur quotidien. Jo, le travailleur infatigable, est
frappé d’un mal mystérieux. Mathilda va alors tout tenter pour
vaincre le mauvais sort. Au-delà de sa seule destinée, elle emportera
dans sa lutte tout un peuple victime des terribles “maladies” que sont
la misère et l’oppression.
14
Paulette POUJOL ORIOL
1926-2011
Nouvelliste, romancière et dramaturge, Paulette Poujol Oriol est
l’une des grandes figures de la littérature féminine haïtienne. En
collaboration avec la romancière Kettly Mars, elle préparait une
anthologie des femmes auteures haïtiennes. Son décès (survenu en
mars 2011) a plongé dans le deuil la communauté littéraire
haïtienne.
Le Creuset, Deschamps (Port-au-Prince), 1980
Le Passage, Le Natal (Port-au-Prince), 1996 ; nouvelle édition revue
par l'auteur, Deschamps (Port-au-Prince), 2008
La Fleur rouge (nouvelles), Le Natal (Port-au-Prince), 1992.
Emile OLLIVIER
1940-2002
Longtemps, si vous vouliez connaître quelques anecdotes, quelques
savoureuses histoires haïtiennes ou avoir des nouvelles de tel ou tel
autre écrivain haïtien... il était utile de consulter Emile Ollivier.
Enseignant à Montréal, il était au courant des moindres
bruissements de l’île, il était à l’écoute et semblait relier par un
cordon qui ne pouvait être rompu. Sa “mère-solitude” lui laissait le
loisir d’entrapercevoir l’île et d’en restituer l’image... Depuis son exil
montréalais, il ne cessait d’inventorier son île natale, d’en mesurer
les tourments, d’en dénoncer les errements.
Mère-Solitude, Serpent-à-plumes, 1999 (1983)
Narcès Morelli, après un exil dans la moitié dominicaine de l’île, est
revenu au pays afin d’éclaircir les zones d’ombre entourant la mort de
sa mère. Perspicace et dérangeant, le jeune homme percera quelques
mystères et troublera la quiétude de certains en rappelant des
souvenirs gênants et jusqu’alors enfouis dans les méandres d’une
mémoire sélective...
Une étrange enquête policière qui se double d’une douloureuse quête
d’identité et dépasse de beaucoup la seule individualité du héros pour
se confondre avec les drames de la société haïtienne et de sa
douloureuse descente aux enfers.
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La Discorde aux cent voix, Albin Michel, 1986
Passages, Serpent-à-plumes, 1995 (1991)
A l’image d’Amparo, fille de Syriens émigrés à La Havane, résidant au
Canada depuis une dizaine d’années tandis que ses parents habitent
Manhattan, les “hôtes” de Passages conjuguent un exil multiple et
mêlent leurs destinations éphémères ou durables. Amparo
rencontrera Normand à Miami et tous deux seront là pour recueillir
les témoignages des rescapés d’un trois mats échoué, après avoir
soutenu le rêve et l’espoir fragile de quelque soixante-sept Haïtiens
décidés à fuir l’enfer. Une géographie de l’errance, un livre confidence
sur les affres et les douleurs de l’exil.
Les Urnes scellées, Albin Michel, 1995
Quand la rumeur et la fable sont là pour témoigner et tenter de dire
l’indicible, pour porter la trace de ceux qui ne sont plus…
Mille eaux, Gallimard “Haute enfance”, 1999
“Mille eaux” qui peut s’entendre aussi “Mile O.”, diminutif affectueux
donné à l’auteur, est un joli petit livre nervuré de tendresse, dans
lequel l’écrivain haïtien revient sur les traces de son enfance. Le
romancier nous invite à la rencontre de ses souvenirs et d’une tendre
galerie de portraits surgissant d’un passé qui est aussi un “ailleurs”
pour cet homme aux “pieds poudrés” emporté sur les routes de l’exil.
Gary KLANG
né en 1941
Né à Port-au-Prince et après des études à Paris et une thèse sur
Marcel Proust, il s'est installé à Montréal où il réside depuis 1973 et
est intégré à la vie littéraire québécoise.
Toute terre est prison (poésie), Mémoire d'encrier, 2010
16
Joël DES ROSIERS
né en 1951
Au Québec depuis l’adolescence, Joël Des Rosiers, médecin à
Montréal, explore en poésie les “savanes” des mots anciens et des
pays perdus... Il sait aussi ébaucher quelques “Théories caraïbes” et
composer un Metro polis Opéra.
Savanes, Triptyque, 1993
Vetiver, Triptyque, 2005
Gaïac, Triptyque, 2010
Dany LAFERRIÈRE
né en 1953
En vingt ans et quelque vingt livres, Dany Laferrière a construit une
œuvre ou, comme il le dit lui-même, son “autobiographie
américaine”. Une Amérique aux larges rivages englobant Petit Goâve
et Port-au-Prince, ses villes de naissance et d’adolescence, avant son
départ pour Montréal et Miami, ses villes de résidence depuis plus
de trente ans. Une autobiographie déclinée dans le désordre des
publications, entre tendresse, rires et provocations.
L’Odeur du café, Serpent à plumes, 2001 (1991)
Un petit garçon, Vieux Os, vit à Petit Goâve avec sa grand-mère Da.
Tendresse et amour filial et grand-maternel. Souvenirs d’enfance et
odeur du café… Vieux Os est (déjà) amoureux !
Le Charme des après-midi sans fin, Serpent à plumes, 1998 (1997)
Vieux Os et ses copains, mais surtout Vieux Os et Vava, la jeune fille
dont il est amoureux… Dehors, le pays gronde et la grand-mère décide
d’envoyer son petit-fils auprès de sa mère à Port-au-Prince…
Le Goût des jeunes filles, Grasset, 2005 (1992)
Vieux Os est désormais avec sa mère et ses tantes à Port-au-Prince, en
proie aux tumultes. Cloitré dans sa chambre, il observe avec intérêt et
envie la maison d’en face peuplée de belles jeunes filles…
La Chair du maître, Serpent à plumes, 2000 (1997)
Entre Port-au-Prince et Pétionville, les découvertes politiques et
sexuelles se multiplient…
17
Le Cri des oiseaux fous, Serpent à plumes, 2000
Vieux Os doit quitter Haïti, son ami le journaliste Gasner Raymond
vient d’être abattu par les tontons macoutes… Il vit sa dernière nuit à
Port-au-Prince et se lance dans une étrange cérémonie des adieux…
Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer, Serpent à
plumes, 1999 (1985)
Vieux Os et son copain, tous deux exilés haïtiens à Montréal, parlent,
lisent, écrivent, séduisent les filles, font et refont l’amour et le monde
en noir et blanc… Un roman conçu comme un moyen d’échapper à la
condition d’ouvrier exilé au Québec. La dernière phrase du livre : “ce
roman est ma dernière chance”. Le premier livre publié et le succès au
rendez-vous !
Cette grenade dans la main du jeune Nègre est-elle une arme ou un
fruit ? Serpent à plumes, 2002 (1993)
Un regard sur l’Amérique du Nord, le succès, l’écriture, le regard des
autres…
Pays sans chapeau, Serpent à plumes, 1999 (1996)
Le “pays sans chapeau”, c’est la mort et c’est le livre du retour vers le
pays accablé par la misère que l’on ne reconnaît plus. Comme pour
marquer la fin d’un cycle, Vieux Os livre son identité… La boucle est
bouclée !
Les Années 80 de ma vieille Ford, Mémoire d’encrier, 2004
Des chroniques du temps du journalisme réunies à l’initiative de son
ami, poète et éditeur haïtien, Rodney Saint-Eloi.
Vers le Sud, Grasset, 2006
Une succession de portraits et le titre du film de Laurent Cantet
inspiré par quelques-uns d’entre eux. Les îles, le sable chaud, très
chaud, et le tourisme sexuel au féminin dans la Caraïbe.
Je suis un écrivain japonais, Grasset 2008
Un livre comme une pochade, pas tout à fait gratuite, et toujours le
Japon qui fascine.
18
L’Énigme du retour, Grasset, 2009. Prix Médicis
“Au bout du petit matin”, le vers de Césaire ouvre le livre… et il s’agit
bien d’un “Cahier d’un retour au pays natal”. Un retour suggéré par la
mort du père, non pour enterrer le corps mais l’esprit. “Césaire se
superpose à mon père”… Un livre composé de courtes séquences,
écrites parfois comme des poèmes, pour dire les affres et les petits
bonheurs de ces retrouvailles, les souvenirs évoqués, les ombres
entraperçues, les gens et les lieux. Un livre d’émotions contenues et
livrées, ça et là, et toujours cet attachement viscéral à la terre quittée.
Dans ce livre, cette phrase au détour d’une page : “cette certitude
que la littérature me sauvera de tous les dangers ne m’a jamais
quitté”… Le 12 janvier 2010, la littérature a bien failli avoir… le
dernier mot. Dany Laferrière était à Port-au-Prince afin de préparer
le festival “Etonnants Voyageurs”. Comme des millions d’Haïtiens, il
a vécu l’effroyable catastrophe. Il a été, avec ses amis écrivains, de
ceux qui, tout de suite, ont su mettre les mots sur l’horreur et
affirmer que “quand tout tombe il reste la culture”. Son dernier livre
en témoigne :
Tout bouge autour de moi, Grasset, 2011 (2010)
Stanley PÉAN
né en 1966
Né en Haïti mais «transplanté» au Québec la même année, Stanley
Péan écrit des romans qui mêlent volontiers intrigue policière et
fantastique et des personnages que ne dépayse pas le surréel
haïtien. Il consacre une part importante de son œuvre aux jeunes
lecteurs.
Le Tumulte de mon sang, Québec/Amérique, 1991
Zombi blues, La Courte Echelle, 1996
Autochtones de la nuit (nouvelles), La Courte Echelle, 2007
Taximan, Mémoire d’encrier, 2004
Jazzman, Mémoire d’encrier, 2006
Bizango, Les allusifs, 2011
19
Rodney SAINT-ELOI
né en 1963
Universitaire, il a fondé à Port-au-Prince, en 1991, les éditions
Mémoire. À Montréal depuis 2001, il poursuit son travail d’éditeur
et de «passeur» en créant les éditions Mémoire d’encrier dont le
catalogue recèle, parmi d’autres, la collection «anthologie secrète»
qui réédite des choix de textes de poètes fondateurs (Frankétienne,
Carl Brouard, Davertige, Ida Faubert). Il est aussi poète et a publié
plusieurs recueils, des anthologies et des petits volumes destinés
aux jeunes lecteurs.
Voyelles adultes (poésie), Mémoire, 1994
Pierres anonymes (poésie), Mémoire, 1994
Cantique d'Emma (poésie), Mémoire, 2001 (1997)
J'avais une ville d'eau, de terre et d'arcs-en-ciel heureux (poésie),
Mémoire, 1999
J'ai un arbre dans ma pirogue (poésie), Mémoire d'encrier, 2004
Haïti, Kenbe la ! (récit), Michel Lafon, 2010
«35 secondes et mon pays à reconstruire», le sous-titre est explicite.
Rodney Saint-Eloi a vécu le tremblement de terre du 12 janvier aux
côtés de Dany Laferrière et d’autres invités du festival Étonnants
Voyageurs à Port-au-Prince. Un livre témoignage et exutoire :
«J’ai écrit ce livre pour dire que la vie ne tremble jamais. Un peuple
debout cherche sa route, à la lueur des bougies. Un peuple debout
cherche de l’eau, du pain, et enterre ses morts. Car les morts savent
traverser les jardins et frapper aux fenêtres des rêves pour apporter
aux vivants l’espoir».
Dans sa maison d’édition, Rodney Saint-Eloi a également publié,
avec Lyonel Trouillot et Pierre Buteau, un ouvrage collectif
réunissant près de 50 écrivains, artistes, intellectuels mais surtout
citoyens haïtiens : Refonder Haïti ?, Mémoire d’encrier, 2010
20
Marie-Célie AGNANT
née en 1953
Née à Port-au-Prince, Marie-Célie Agnant vit au Québec depuis 1970.
Enseignante, traductrice et interprète, elle se consacre désormais à
l’écriture. Aux côtés de ses romans destinés aux adultes, elle a aussi
développé une part de son œuvre destinée aux jeunes lecteurs
(Alexis d’Haïti, Vingt petits pas vers Maria, La légende du poisson
amoureux).
La Dot de Sara, Remue-ménage, 2000 (1995)
Si parfois quelquefois (poésie), Mémoire d’encrier, 2009
Le Livre d’Emma, Vents d’ailleurs, 2001/Remue-Ménage, 2004
Un alligator nommé Rosa, Remue-Ménage, 2007/Vents d’ailleurs, 2011
Edwige DANTICAT
née en 1969
Une romancière qui réside, depuis l’âge de douze ans, aux États-Unis
et qui a la singularité d’écrire en anglais.
Le Cri de l’oiseau rouge, Pocket, 1997 (1995)
Sophie vit auprès de sa tante, à Croix-de-Rosets en Haïti, lorsqu’elle
reçoit une lettre de sa mère, lui demandant de venir la rejoindre aux
Etats-Unis. Découvrant tout à la fois sa mère -qui lui apprend qu’elle
est née d’un viol- et l’univers culturel nord-américain, Sophie va vivre
une adolescence troublée et meurtrie par un environnement hostile
et les exigences de sa mère. Edwige Danticat conte ainsi la déchirure,
culturelle et affective, d’une jeune haïtienne qui, au seuil de
l’adolescence, découvre, tout à la fois, sa mère, New-York et... les
hommes.
La Récolte douce des larmes, Grasset, 1999
Après la danse, Grasset, 2004
Le Briseur de rosée, Grasset, 2005
21
ÉCRIRE, RÉSISTER EN L’ÎLE
La vitalité créatrice, singulièrement littéraire, qui perdure contre
toutes les adversités est une belle énigme qui ne cesse d’interroger les
observateurs. Dans ce chaos économique, écologique, social et
politique, la «culture est debout» comme le disait Frankétienne,
«poteau-mitan» de cette littérature en l’île.
FRANKÉTIENNE
né en 1936
Une œuvre colossale, à l’image du personnage qui écrit, publie et
colporte ses livres de par le monde, tout en demeurant amarré à sa
terre natale. Une œuvre en créole mais aussi en français, inclassable
et qui se réclame de la “spirale”, un mode de création littéraire
inventé à son usage. Un chaos romanesque, “un massif montagneux
à plusieurs versants, un ensemble spatio-temporel dont les éléments
d’appartenance sont susceptibles de permutation, de translation,
d’extrapolation”.
Frankétienne écrit à la fois en français et en créole, en particulier son
théâtre mais il est aussi l’auteur du premier roman écrit en cette
langue, Dézafi.
Mûr à crever, Mémoire, 1995 (1968)
Le double jeu de mots du titre est révélateur d’un itinéraire qui
emporte un personnage en quête d’idéal et à la recherche de
l’inaccessible et d’un autre, double de lui-même.
Ultravocal, Imprimerie Gaston, 1972
Roman composite et polyphonique dans lequel les voix se mêlent
pour conter le destin de Mac Abre. Tranches de vie et fragments
d’existence, patchwork de personnages sans âge qui défient l’Histoire,
emportés dans les enfers de Mégaflore.
L’Oiseau Schizophone, J.M. Place, 1998
Les 5 mouvements des Métamorphoses de l’oiseau schizophone :
D'un pur silence inextinguible, Vents d'ailleurs, 2004
D'une bouche ovale, Vents d'ailleurs, janvier 2006
22
La Méduse orpheline, Vents d'ailleurs, janvier 2006
La Nocturne connivence des corps inverses, Vents d'ailleurs, janvier
2006
Une étrange cathédrale dans la graisse des ténèbres, Vents d'ailleurs,
(à paraître)
Anthologie secrète, Mémoire d’encrier, 2005
Le Sphinx en feu d'énigme, Vents d’ailleurs, 2009
Un recueil de furie et de sexe où il est question de flamboyances et de
spasmes, d’exubérances et de blessures, de bourgeons et de vertiges,
de «l’opulence des lèvres» ou de «l’élan du désir»… Et lorsque les mots
du dictionnaire ne suffisent plus, le poète s’en invente d’autres dans la
mêlée des langues, dans la «spirale» du verbe, dans la folie magique
d’une écriture fièvre.
Les Affres d’un défi, Vents d’ailleurs, 2010 (1979)
La version française d’un roman paru en créole sous le titre Dézafi.
Deux personnages s’y affrontent et doivent aussi se battre contre des
forces obscures, à peine nommées.
“Marginal irrécupérable”, “Éternel insoumis” comme il se définit luimême mais aussi “chroniqueur d’un séisme pressenti” comme en
témoigne cet extrait de sa pièce Le piège écrite en novembre 2009 :
«La terre titube, la terre vacille, la terre vire et chavire en
tressaillements de frayeur, en déraillements de terreur, dans le
macabre opéra des rats […] effondrements des villes, des bidonvilles,
des châteaux et des palais en hécatombe cacophonique.»
Mélovivi ou le piège (théâtre), Riveneuve, 2010
Rapjazz. Journal d’un paria, Mémoire d’encrier, 2011
Jean-Claude FIGNOLÉ
né en 1941
Il y a de la magie chez cet homme qui inscrit ses romans entre quête
de la mémoire et mystère. Il est aujourd’hui maire de son village Les
Abricots.
23
Les Possédés de la pleine lune, Seuil, 1987
Lors de la pleine lune, dans le village des Abricots, le surréel s’en vient
taquiner la raison. Quelques verres de clairin et, très vite, on parle à la
lune, on rie avec les étoiles et “on épouse les chemins de tendresse de
la mémoire”...
Une heure pour l’éternité, Sabine Wespieser, 2008
Yanick LAHENS
née en 1953
Une autre voix féminine, après celle de Marie Chauvet et MarieThérèse Colimon, celle d’une universitaire, également essayiste
attentive aux productions littéraires haïtiennes. Ses nouvelles
comme ses romans ont souvent trait aux années de l’enfance, de
l’adolescence et de leurs découvertes.
Tante Résia et les dieux (nouvelles), L’Harmattan, 1994
Dans la Maison du père, Le Serpent à Plumes, 2000
La Couleur de l'aube, Sabine Wespieser, 2008
Deux sœurs, l’une sage et soumise, l’autre plus rebelle, et leur mère
partent en quête de leur frère militant déçu disparu.
Failles, Sabine Wespieser, 2010
Un texte témoignage sur le tremblement de terre. “Le 12 janvier 2010
à 16 heures 53 minutes, dans un crépuscule qui cherchait déjà ses
couleurs de fin et de commencement, Port-au-Prince a été chevauchée
en moins de quarante secondes par un de ces dieux dont on dit qu’ils
se repaissent de chair et de sang. Chevauchée sauvagement avant de
s’écrouler cheveux hirsutes, yeux révulsés, jambes disloquées, sexe
béant, exhibant ses entrailles de ferraille et de poussière, ses viscères
et son sang. Livrée, déshabillée, nue, Port-au-Prince n’était pourtant
point obscène. Ce qui le fut, c’est sa mise à nu forcée. Ce qui fut
obscène et le demeure, c’est le scandale de sa pauvreté.”
24
Lyonel TROUILLOT
né en 1956
Universitaire enseignant la littérature à Port-au-Prince où il est né,
Lyonel Trouillot est un activiste culturel (animateur de la revue
Cultura, organisateur de rencontres, auteur de plusieurs anthologies
consacrées à la poésie haïtienne) qui est au cœur de la vie littéraire
de l’île. Poète et militant, son œuvre romanesque recourt volontiers
à la polyphonie pour dire le tumulte du pays.
La Petite fille au regard d’île (poésie), Mémoire, 1994
Rue des pas perdus, Actes Sud, 1998 (1996)
Un roman du trouble de la nuit, de ses amours et de ses drames. Une
multiplicité d’histoires qui prennent vie le jour des funérailles du
président dictateur “vivant éternellement”. Port-au-Prince vu sous le
regard et les mots d’une mère maquerelle, d’un intellectuel et d’un
chauffeur de taxi…
Les Enfants des héros, Actes Sud, 2002
La vengeance légitime de deux enfants parricides qui ont choisi de se
débarrasser d’un père boxeur raté mais vrai alcoolique violent. Depuis
leur prison, le garçon, le plus jeune, raconte leur(s) histoire(s).
Thérèse en mille morceaux, Actes Sud, 2000
Les tiraillements d’une jeune fille et de son double…
Bicentenaire, Actes Sud, 2004
La dernière journée d’un étudiant qui se rend à une manifestation et y
laissera la vie ou lorsque les rumeurs populaires revisitent l’histoire
récente du pays…
L’Amour avant que j’oublie, Actes Sud, 2007
Un écrivain fait appel à la parole de trois de ses amis pour vaincre sa
timidité et s’adresser à une beauté rencontrée dans un colloque… Un
roman comme une réflexion sur l’écriture, la sincérité, le mensonge…
le “mentir vrai”.
25
Yanvalou pour Charlie, Actes Sud, 2009
Il est avocat, beau et riche et a tout pour réussir. Il est pauvre et
marqué par un destin de misère. Le second viendra se confier au
premier et leurs vies en seront bousculées…
Gary VICTOR
né en 1958
Journaliste et scénariste pour la radio, le cinéma et la télévision, il vit
à Port-au-Prince. Romancier prolifique, il est un des auteurs les plus
lus en Haïti.
La Piste des sortilèges, Vents d’ailleurs, 2002
A l’angle des rues parallèles, Vents d’ailleurs, 2003
Je sais quand Dieu vient se promener dans mon jardin, Vents
d’ailleurs, 2004
Pour une somme rondelette et sous l’amoureuse mais ferme pression
de son épouse, un écrivain accepte de prêter sa plume au président...
Un “dédoublement” qui en vaut, peut-être, un autre, dès lors que la
survie est en jeu. Ainsi, depuis cette posture schizophrène et dans
cette situation d’ubiquité à risques, le héros n’aura de cesse de
multiplier les voix…
Le Diable dans un thé à la citronnelle, Vents d’ailleurs, 2005
La revanche d’une femme violée par le fils d’un nanti, qui, 50 ans plus
tard, trouvera le moyen de se venger avec la complicité d’un porteur
de charbon très laid mais acoquiné au diable. Un roman en forme de
conte moral.
Les Cloches de la Brésilienne, Vents d’ailleurs, 2006
Les cloches de l’église ne sonnent plus et un inspecteur alcoolique est
chargé de mener l’enquête ; il doit faire face à la double adversité
d’un curé breton et d’une beauté dominicaine…
Treize nouvelles vaudou, Mémoire d’encrier, 2007
Saison de porcs, Mémoire d’encrier, 2009
Le Sang et la mer, Vents d’ailleurs, 2010
26
Evelyne TROUILLOT
Née en 1954
Enseignante à l’université, elle a ouvert un bureau de production
littéraire « Pré-texte ». Nouvelliste, romancière et dramaturge, elle
consacre une partie de son œuvre aux jeunes lecteurs.
Rosalie l'infâme, Dapper, 2003
L’Œil-Totem, Presses nationales d’Haïti, 2006
La mémoire aux abois, Hoëbeke, 2010
James NOËL
né en 1978
Poème à double tranchant, Farandole, 2005
Le Sang visible du vitrier, CIDIHCA, 2007 / Vents d’ailleurs, 2009
Un recueil dans lequel le poète dit “je”, évoque l’île, le corps et la
terre “chaude” ou “mouillée”, les pierres et le pays. Ou bien encore
Frankétienne, “homme criblé d’étoiles lointaines”.
Kabòn 47, L’Action sociale, 2009
Des poings chauffés à blanc, Ed. Bruno Doucey (Paris) - Noroît
(Montréal), 2010
Kettly MARS
née en 1958
L’Heure-hybride, Vents d’ailleurs, 2006
Rico n’a jamais connu son père mais il a entendu beaucoup de “papas
de la nuit” qui venaient rencontrer sa mère, la “seule femme qu’il ait
aimé sous le soleil”. À la mort de celle-ci, Rico plonge dans le vide de la
nuit et s’emploie à vivre de son corps. Pour cela, il s’invente des
passés à faire pleurer qu’il emprunte à ses lectures, il cultive
l’ambiguïté et tente d’échapper à son destin. Ainsi se succèderont
bien des corps, aimés ou entraperçus lors de ses amours tarifées.
27
Saisons sauvages, Mercure de France, 2010
Un journaliste a disparu, enlevé par les sbires du régime de François
Duvalier. Sa femme est prête à tout afin d’obtenir sa libération. Mais
jusqu’où peut-on aller avec le secrétaire d’état chargé de la sécurité ?
Ambiguïté d’une liaison, troubles et convoitises alentours…
Emmelie PROPHÈTE
née en 1971
Romancière et poète, Emmelie Prophète est responsable de la
Direction Nationale du Livre, attachée au Ministère de la culture en
Haïti.
Le Testament des solitudes, Mémoire d’encrier, 2007
La destinée de trois femmes haïtiennes « nées ici quand il ne fallait
naître ni ici, ni femmes ». « Trois femmes, trois histoires
dramatiquement identiques et différentes ». « Trois femmes bonnes à
partir, à se jeter dans la violence de la ville, dans le parfum des
hommes. »
Le Reste du temps, Mémoire d’encrier, 2010
Makenzy ORCEL
né en 1983
Les Immortelles, Mémoire d’encrier, 2010
Au lendemain du tremblement de terre, une prostituée de la Grande
Rue se confie à l’Ecrivain. Elle raconte sa destinée et celle de La Petite,
échouée là avec son corps et ses livres.
À l'aube des traversées et autres poèmes, Mémoire d'encrier, 2010.
28
Guy RÉGIS JUNIOR
Né en 1974
Dramaturge, comédien et metteur en scène, il est l’animateur du
collectif « Nous Théâtre ». Il est aussi traducteur en créole de Camus,
Maeterlinck ou Koltès.
De toute la terre le grand effarement (théâtre), Les Solitaires
intempestifs, 2011
Marvin VICTOR
Né en 1981
Marvin Victor est écrivain, réalisateur et peintre. Corps mêlés est
son premier roman.
Corps mêlés, Gallimard, 2011
29
HAÏTI TERRE D’INSPIRATION
De Guadeloupe ou de Martinique, de Cuba ou de Côte d’ivoire,
d’Allemagne ou des Etats-Unis, des écrivains se sont inspirés de
l’histoire haïtienne, de ses soubresauts et de ses drames.
Hans-Cristoph BUCH (Allemagne)
Haïti chérie, Grasset, 1990
Alejo CARPENTIER (Cuba)
Le Royaume de ce monde, Gallimard, 1956 (1949)
Aimé CÉSAIRE (Martinique)
La Tragédie du Roi Christophe, Présence Africaine, 1963
La grande figure de l’indépendance haïtienne revisitée par le poète
martiniquais. Une pièce qui est aussi une interrogation sur le pouvoir
et ses dérives.
Maryse CONDÉ (Guadeloupe)
Haïti chérie, Je Bouquine, 1987
Bernard DADIÉ (Côte d’Ivoire)
Iles de tempête, Présence Africaine, 1973
Edouard GLISSANT (Martinique)
Monsieur Toussaint, Le Seuil, 1961
Graham GREENE (Angleterre)
Les Comédiens, Robert Laffont, 1966
Alphonse de LAMARTINE (France)
Toussaint Louverture, Exeter press, 1998 (1850)
30
Simone SCHWARZ-BART (Guadeloupe)
Ton beau capitaine, Le Seuil, 1987
Les affres et les mensonges de l’exil lorsqu’un couple séparé (lui parti
en Guadeloupe, elle demeurée en Haïti) s’adresse des cassettes pour
vaincre la solitude...
Madison SMART BELL (États-Unis)
Le Soulèvement des âmes, Actes Sud, 1996
Le Maître des carrefours, Actes Sud, 2004
La Pierre du bâtisseur, Actes Sud, 2007
Une trilogie monumentale sur la période charnière de l’Histoire
haïtienne, de la fin du XVIIIe siècle jusqu’aux premières années de
l’Indépendance.
Et pour retrouver l’histoire et la trame de cette littérature féconde,
un livre accompagné d’un CD :
Lyonel TROUILLOT et Louis-Philippe DALEMBERT : Haïti, une
traversée littéraire, Cultures France / Ed. Ph. Rey, 2010
31
HAÏTI EN QUELQUES MOTS
27750 km2 soit le tiers ouest de l’île – la partie restante constituant la
Républicaine dominicaine
Un relief montagneux - “Haïti” signifie “terres hautes”
9,5 millions d’habitants environ
Capitale : Port-au-Prince (environ 2 millions d’habitants)
Le français et le créole sont langues officielles mais une très faible partie de
la population est francophone
Monnaie : la gourde
L’île peuplée d’Indiens constituait une société patriarcale, divisée en cinq
caciquats (royaumes). Baptisée Hispaniola par Christophe Colomb, l’île a été
colonisée par les Espagnols puis cédée aux Français et devient alors Saint
Domingue.
La population autochtone ayant été décimée (travaux forcés, épidémies,
massacres), il est instauré le régime de la traite afin de fournir la main
d’œuvre nécessaire à l’exploitation des terres.
Des révoltes d’esclaves, pour l’essentiel venus du Golfe du Bénin (Bénin,
Nigeria), dont certains sont devenus emblématiques de la lutte (Boukman,
Mackandal) et l’évolution des mentalités en Europe conduiront à une
première abolition de l’esclavage en 1793.
Les troupes de Napoléon, envoyées pour rétablir l’esclavage, seront battues
par des combattants emmenés par la haute figure de Toussaint Louverture
qui sera déporté au Fort de Joux dans le Jura où il mourra sans connaître
l’indépendance obtenue en 1804.
Haïti devient alors la première république noire du monde et la première
république de l’Amérique latine. Dessalines puis le Roi Christophe se
succéderont à la tête du pays. La France reconnaîtra l’indépendance mais
exigera le paiement d’une dette colossale afin d’indemniser les propriétaires.
L’île est définitivement séparée (Haïti et République dominicaine) en 1844.
Assassinats des dirigeants, troubles, occupations américaines, dictatures sont
ensuite les mots qui ponctuent l’histoire du pays.
Ainsi, de 1957 à 1986, François Duvalier (Papa Doc) jusqu’à sa mort puis son
fils Jean-Claude Duvalier (Baby Doc) instaurent un régime de terreur dominé
par les exactions des milices (les tontons macoutes).
32
Jean-Bertrand Aristide, un prêtre défroqué, représente un espoir lors de sa
venue au pouvoir en 1990 mais un coup d’état militaire, une nouvelle
occupation américaine puis un retour décevant et une dérive despotique
annihilent de nouveau les attentes.
Depuis 2006, René Préval, ancien premier ministre d’Aristide en 1991 puis
président de 1996 à 2001, est à la tête d’un pays inscrit au registre des plus
pauvres du monde.
Aujourd’hui, une économie dévastée, une terre ruinée et désolée, en violent
contraste avec la “merveille” (“es una maravilla” s’exclamait Christophe
Colomb devant les paysages qui s’offraient à ses yeux) que fut la plus riche
des colonies.
Le vaudou, au centre de la vie quotidienne, est un syncrétisme religieux qui
mêle les religions animistes africaines principalement du golfe du Bénin
(Bénin, Togo, Nigeria) et chrétienne, panthéon catholique, dieux et divinités
africains. (cf. Laennec Hurbon : Les mystères du vaudou, Gallimard
“Découvertes”, 1993)
Outre la littérature, d’autres formes d’art sont également fort bien
représentées par les créateurs haïtiens.
La peinture bénéficie d’une solide réputation, grâce à l’art naïf, bien sûr,
mais aussi au travail de peintres internationalement reconnus, comme
Télémaque. Il faut leur adjoindre Jean-Michel Basquiat dont le père était
haïtien.
L’art du fer forgé ou de la sculpture sur métal découpé, largement inspiré des
thèmes vaudous, est aussi d’une belle créativité.
Il en va de même de la photographie et du “regard engagé” de Gérald
Bloncourt, depuis son exil parisien ; du cinéma avec Raoul Peck (Haïtian
corner, L’homme sur les quais) ; de la musique avec les groupes traditionnels
et les chanteurs (Emeline Michel, Beethova Ovas, Ti Coca) et surtout la grande
comédienne et chanteuse Toto Bissainthe.
33
TABLE DES MATIÈRES
HAÏTI ET SES LIVRES........................................ 1
DES “CLASSIQUES” FONDATEURS ................ 2
. UN ESSAI FONDAMENTAL ............................ 2
. DES ROMANS PAYSANS ................................ 2
. DES ROMANS MILITANTS............................. 3
. DES POÈTES PIONNIERS ............................... 5
DES EXILÉS PRÉCURSSEURS........................... 7
. VERS L’AFRIQUE ........................................... 7
. VERS LA FRANCE.......................................... 8
. VERS L’AMÉRIQUE DU NORD ..................... 14
ÉCRIRE ET RÉSISTER EN L’ÎLE ....................... 22
HAÏTI TERRE D’INSPIRATION ....................... 30
HAÏTI EN QUELQUES MOTS......................... 32
34
INDEX DES AUTEURS
Marie-Célie AGNANT ....................................................... 21
Jacques-Stephen ALEXIS..................................................... 3
Mimi BARTHÉLÉMY .......................................................... 11
Carl BROUARD .................................................................... 5
Gérald BLONCOURT ......................................................... 13
Jean-François BRIERRE ...................................................... 8
Georges CASTERA ............................................................... 6
Jean-Claude CHARLES....................................................... 11
Marie CHAUVET.................................................................. 4
Marie-Thérèse COLIMON ................................................... 5
Louis-Philippe DALEMBERT .............................................. 12
Edwige DANTICAT ............................................................ 21
DAVERTIGE ......................................................................... 6
René DEPESTRE .................................................................. 8
Roger DORSINVILLE ............................................................ 7
Gérard ÉTIENNE................................................................ 14
Jean-Claude FIGNOLÉ ...................................................... 23
FRANKÉTIENNE ................................................................. 22
Gary KLANG ...................................................................... 16
Dany LAFERRIÈRE ............................................................. 17
35
Yanick LAHENS.................................................................. 24
Justin LHÉRISSON ............................................................... 2
Kettly MARS...................................................................... 27
Jean MÉTELLUS................................................................. 10
James NOËL ...................................................................... 27
Emile OLLIVIER ................................................................. 15
Makenzy ORCEL................................................................ 28
Paulette POUJOL ORIOL ................................................... 15
Stanley PÉAN .................................................................... 19
Anthony PHELPS ............................................................... 14
René PHILOCTÈTE ............................................................... 6
Jean PRICE-MARS ............................................................... 2
Emmelie PROPHÈTE ......................................................... 28
Guy REGIS JUNIOR ............................................................ 29
Joël (DES) ROSIERS ........................................................... 17
Jacques ROUMAIN.............................................................. 3
Edris SAINT-AMAND ........................................................... 2
Magloire SAINT-AUDE ........................................................ 5
Rodney SAINT-ELOI .......................................................... 20
Evelyne TROUILLOT .......................................................... 27
Lyonel TROUILLOT ........................................................... 25
Gary VICTOR ..................................................................... 26
Marvin VICTOR ................................................................. 29
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pour l’Espace Senghor
par Bernard MAGNIER,
avec l’aimable collaboration de Rodney Saint-Eloi,
Rue de Hambühren
14790 VERSON
Visuel de couverture avec l’aimable autorisation d’Elodie
Cette bibliographie a été réalisée