corrigé bac 2012

Transcription

corrigé bac 2012
corrigé bac 2012
Examen : Bac 1ère ES, S
Epreuve : Français
France-examen.com
RAPPEL DU SUJET
SUJET 3 : LA POESIE EST-ELLE UN GENRE EFFICACE POUR PRESENTER UNE CRITIQUE
DE LA SOCIETE?
Dissertation :
Dans quelle mesure la poésie est-elle un genre efficace pour présenter une critique de la société ? Vous répondrez à
cette question en vous appuyant sur les textes du corpus, sur ceux que vous avez étudiés en classe et sur vos lectures
personnelles.
TEXTE A : Joachim Du Bellay, « Seigneur, je ne saurais regarder d’un bon œil… », sonnet 150, Les Regrets, 1558
De retour en France après son séjour à Rome où ses fonctions le conduisent à fréquenter la cour du Pape, Du Bellay
poursuit sa peinture des courtisans.
France-Examen 2012 Tous droits réservés Reproduction sur support électronique interdite
page 1/10
corrigé bac 2012
Examen : Bac 1ère ES, S
Epreuve : Français
France-examen.com
________________________________________
1 Seigneur : apostrophe conventionnelle en début de sonnet ; Du Bellay adresse son poème à un puissant.
2 Contrefaire : imiter l’allure des princes quand ils marchent.
3 Appareil : d’un vêtement digne d’un cérémonial magnifique.
4 Si quelqu’un reçoit […] un bon visage : est bien accueilli par le roi, ou par un puissant.
5 S’il le reçoit mauvais : s’il est mal accueilli.
6 Me dépite : ce qui m’irrite et me peine
TEXTE B : Jean de La Fontaine, « La Génisse, la Chèvre et la Brebis, en société avec le Lion », Fables, livre I, 6.
________________________________________
1 Firent société : s’allièrent.
2 Lacs : cordons lacés pour tendre un piège.
3 Par ses ongles : avec ses griffes.
4 Me doit échoir : doit me revenir.
France-Examen 2012 Tous droits réservés Reproduction sur support électronique interdite
page 2/10
corrigé bac 2012
Examen : Bac 1ère ES, S
Epreuve : Français
France-examen.com
TEXTE C : Paul Verlaine, « L’enterrement », Poèmes saturniens
France-Examen 2012 Tous droits réservés Reproduction sur support électronique interdite
page 3/10
corrigé bac 2012
Examen : Bac 1ère ES, S
Epreuve : Français
France-examen.com
________________________________________
1 Trille : note musicale, sonorité qui se prolonge.
2 Surplis : vêtement à manches larges que les prêtres portent sur la soutane.
3 Drille : homme jovial.
4 Frac : habit noir de cérémonie.
TEXTE D : ARTHUR RIMBAUD, « A la musique », Poésies.
Place de la Gare, à Charleville.
France-Examen 2012 Tous droits réservés Reproduction sur support électronique interdite
page 4/10
corrigé bac 2012
Examen : Bac 1ère ES, S
Epreuve : Français
France-examen.com
________________________________________
1 Schakos : coiffure militaire rigide.
2 Gandin : jeune élégant plus ou moins ridicule.
3 Bureaux : personnes qui travaillent dans les bureaux.
4 Cornacs : au sens premier, conducteur d’éléphant.
5 Argent : puisent leur tabac à priser dans les tabatières en argent.
6 Onnaing : pipe de prix, en terre cuite.
7 Pioupious : jeunes soldats.
LE CORRIGÉ
France-Examen 2012 Tous droits réservés Reproduction sur support électronique interdite
page 5/10
corrigé bac 2012
Examen : Bac 1ère ES, S
Epreuve : Français
France-examen.com
I. L’ANALYSE DU SUJET :
Caractéristiques générales du texte :
- Il s’agit de produire une dissertation littéraire, qui doit être écrite comme une composition française
(introduction, développement avec des parties et des sous-parties, transitions, conclusion)
- Les allusions aux textes du corpus sont obligatoires, celles à votre culture littéraire acquise en cours ou non,
sont souhaitées, mais pas obligatoires.
France-Examen 2012 Tous droits réservés Reproduction sur support électronique interdite
page 6/10
corrigé bac 2012
Examen : Bac 1ère ES, S
Epreuve : Français
France-examen.com
II - LES DIFFERENTS TYPES DE PLANS POSSIBLES
Plan thématique :
1. La poésie présente une critique efficace de la société du fait de ses caractéristiques formelles (vers ou
non, rimes, rythme, musicalité…)
2. Cette efficacité est accentuée par le travail sur la formulation qui s’appuie souvent sur les images
(métaphores, comparaisons, personnifications, réifications, animalisations…) ou sur d’autres procédés
d’écriture.
3. Le jeu des émotions et de la sensibilité vient parachever les capacités de la poésie à dénoncer le monde
qui l’entoure.
Plan dialectique :
1 . Par définition, la Poésie est un genre efficace pour présenter une critique de la société… ou , la
toute-puissance du langage poétique.
2. Toutefois, il existe des limites incontestables à ce pouvoir de critique… ou , l’omnipotence mise en
danger.
3. Cependant, ces limites peuvent être dépassées sans difficulté… ou, les victoires du genre poétique.
III - LES PISTES DE REPONSES :
Le plan choisi, et qui nous a semblé le plus évident, est de type dialectique. Il consiste :
PREMIERE PARTIE : La toute-puissance du langage poétique dans un regard critique sur le monde.
Par définition, la Poésie est un genre qui possède des armes pour présenter une critique efficace de la
société.
A. Une écriture particulière : Le règne de l’image.
La Poésie n’utilise pas le langage courant ; le poète est celui qui a l’art de transcrire ses pensées au travers
d’une écriture qui lui permet de toucher l’imaginaire du lecteur. Ainsi, en utilisant les figures de l’analogie (=
les images), il traduit le monde, donnant ainsi plus de force à ses idées.
Exemple : Robert Desnos, dans "ce cœur qui haïssait la guerre". Ce poème de résistance reprend en
anaphore la métaphore du cœur qui bat pour amplifier ces battements aux dimensions de l’univers et en faire
un cri de refus contre Hitler et ses partisans.
France-Examen 2012 Tous droits réservés Reproduction sur support électronique interdite
page 7/10
corrigé bac 2012
Examen : Bac 1ère ES, S
Epreuve : Français
France-examen.com
B. Une écriture rythmée : La musique des mots.
La Poésie exploite également les ressources sonores du langage. On rappellera qu’à ses origines, elle était
accompagnée d’un instrument musical ; on pourra aussi faire allusion au mythe d’Orphée qui ne saurait se
concevoir sans sa lyre. De fait, le mot devient un instrument sonore qui permet de marteler un message. Il
devient donc un moyen de véhiculer un message et de critiquer la société.
Exemple : Le premier texte du corpus, "Seigneur, je ne saurais regarder d’un bon œil… ", extrait des Regrets
de Du Bellay. On pourra exploiter le lien sonore établi par les rimes ; l’ironie qui consiste à lier "bon visage" et
"crèvent de rage", ou encore "me dépite" et "hypocrite" ; autant d’éléments qui viennent dénoncer les
courtisans comme d’infâmes parasites. On pourrait aussi parler de la poésie de Prévert, "la grasse matinée",
ou le jeu sur les mots vient dénoncer la misère populaire.
C. Une écriture de l’émotion : La sensibilité à fleur de peau.
Enfin, la Poésie véhicule au sein de ses mots les émotions du poète : celui-ci est un être hypersensible qui
sait dire ce qu’il ressent sur le monde et bien souvent son extrême sensibilité le pousse à amplifier ce
qu’éprouve le commun des mortels. Il est donc plus réceptif qu’aucun d’entre nous pour dire son indignation
face au monde.
Exemple : Baudelaire, "le joujou du pauvre". Baudelaire dénonce l’inégalité sociale au travers de la figure
touchante des deux enfants attirés par le jouet répugnant qu’est ce rat mort.
Transition : Force est de constater, que malgré ces incontestables atouts, la Poésie n’atteint pas toujours ses
objectifs critiques et satiriques.
DEUXIEME PARTIE : L’omnipotence de la Poésie mise en danger.
Il existe effectivement des limites au fait que la Poésie puisse efficacement présenter une critique de la
société.
A. Un langage parfois hermétique : Le lecteur ne comprend pas toujours ce que veut dire le poète, tant la
parole poétique peut être confuse, tant elle est parfois traduction subtile d’émotions intériorisées, tant elle est
encore utilisation d’un langage qui n’est pas nécessairement accessible à tous.
Exemple : Le texte C du corpus ; "L’enterrement" de Paul Verlaine. Si la critique de la Religion et de sa
vénalité est facilement accessible à qui saisit l’ironie sous-jacente ; quel sens donnera le lecteur qui s’arrête
au sens premier de formules comme "Tout cela me paraît charmant, en vérité !" ? Sans le repérage des
antiphrases, il restera à la surface du texte et se fourvoiera dans une interprétation totalement erronée du
texte.
France-Examen 2012 Tous droits réservés Reproduction sur support électronique interdite
page 8/10
corrigé bac 2012
Examen : Bac 1ère ES, S
Epreuve : Français
France-examen.com
B. Est-ce encore de la Poésie ? Lorsque le message en vient à supplanter l’écriture du texte, il semble
difficile de parler encore de Poésie. Ni l’expression métaphorique, ni la sensibilité, ni la musicalité ne sont
considérées comme primordiales : le texte en vient alors à donner la primauté au message au détriment des
caractéristiques du genre poétique.
Exemple : Le texte B du corpus, "La Génisse, la Chèvre, la Brebis, en société avec le Lion", de La Fontaine.
Cette critique obsessionnelle chez le fabuliste qui accuse la raison du plus fort, et par là-même tous les abus
du pouvoir perd son pouvoir poétique : le texte est plutôt un apologue qui fait un récit anecdotique à des fins
de démonstration.
C. Quand le poète abuse de ses pouvoirs : Être que nous avons défini par son hypersensibilité, le poète va
parfois au-delà de l’acceptable. Fort de sa capacité à manipuler les mots et de la vivacité de ses émotions, il
est susceptible de transmettre un message inacceptable pour le lecteur.
Exemple : Le texte D du corpus, "A la musique" de Rimbaud. Le poète adolescent donne une vision
dévastatrice des bourgeois de Charleville qu’il déteste. Il n’hésite pas à les ridiculiser au-delà de ce que la
morale de l’époque peut accepter : de fait, le lecteur qui lui est contemporain ne saurait entendre et accepter
des formules évoquant le bas corporel ou la bêtise.
Transition : Pourtant, ces cas extrêmes ne sont pas légion et le genre poétique reste un langage universel
capable de parler à tous.
TROISIEME PARTIE : Les victoires du genre poétique
Les limites que nous avons posées peuvent être dépassées.
A. A chaque lecteur son interprétation : Dans la mesure où le poète est un habile utilisateur des mots, il
sait transmettre ses idées de diverses façons. De fait, chaque lecteur sera touché par un aspect du poème et
y trouvera moyen à interpréter le monde.
Exemple : Victor Hugo, "Melancholia". Si Hugo vise avant tout la dénonciation d’une politique inégalitaire et
les méfaits de la Révolution industrielle dans les classes populaires, l’image de ces enfants « dont pas un seul
ne rit », ces chérubins réifiés par une machine qui a des formes ogresques ne peut laisser insensible le
lecteur. Ce dernier, quand bien même il ne comprend pas l’ampleur du message hugolien verra qu’il y a là
une situation inacceptable.
B. Le Poète, quand il parle de lui, parle aussi de nous. Homme avant d’être écrivain, le poète transmet
des idées auxquelles nous ne pouvons adhérer que parce que nous les avons ressenties : c’est là l’ouvrage
du sentiment d’empathie. Capturé dans les vers de l’auteur, le lecteur sera sensible aux mêmes émotions que
le poète : ce canal permet d’exprimer la vision que le poète a du monde et d’aller vers la dénonciation.
Exemple : Apollinaire, "J’écris tout seul à la lueur tremblante…". Ce poème à Lou exprime simultanément la
douleur de la séparation amoureuse, le manque de l’être aimé du fait de la guerre, mais aussi la violence et
l’inutilité de la guerre. Les sentiments jouxtent ici la dénonciation.
France-Examen 2012 Tous droits réservés Reproduction sur support électronique interdite
page 9/10
corrigé bac 2012
Examen : Bac 1ère ES, S
Epreuve : Français
France-examen.com
C. De la critique avant toute chose! Toute poésie, quel que soit son thème, est critique dans la mesure où
elle porte un regard sur le monde qui l’entoure, et où le poète appartient à ce monde. Il est un être social,
même s’il le refuse et son discours s’en ressent.
Exemple : "Clown", de Michaux. L’auteur y exprime son désir de se détacher du monde pour retrouver la
pureté de son être. Ce faisant, il sous-entend le fait que le monde nous conditionne et nous fait perdre notre
intégrité ; il accuse la société d’être sclérosante et dénonce implicitement la chose sociale.
Il ne fallait surtout pas :
- Confondre les premiers mots du sujet ("Dans quelle mesure"), avec la formule qui ouvre souvent les
dissertations : "Pensez-vous que…".
- Montrer que la poésie n’est pas efficace pour présenter une critique de la société.
- Confondre avec un sujet sur l’argumentation et parler d’autres genres que le genre poétique.
France-Examen 2012 Tous droits réservés Reproduction sur support électronique interdite
page 10/10