dossier de presse

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dossier de presse
DOSSIER DE PRESSE
Sommaire
Nos choix ne sont pas innocents…
p3
Liste des Lauréats et des Prix SACD
p4
Liste des Lauréats et des Prix Scam
p4
La SACD et la Scam
p5
Le Comité belge de la SACD
p6
Le Comité belge de la Scam
p7
Antoine Pickels
p8
Hélène Cattet et Bruno Forzani
p 11
Rémi Pons
p 14
Jérôme de Warzée
p 18
Chantal Akerman
p 19
Jorge León
p 21
Loredana Bianconi
p 25
Isabelle Stengers
p 27
Marie Hooghe
p 30
Léonie Bischoff
p 32
Marie Wabbes
p 35
Jacques Dubois
p 37
Contacts et Adresses
p 40
Nos choix ne sont pas innocents…
Par leurs prix annuels, la SACD et la Scam consacrent chaque année une
dizaine d’auteurs et autant de parcours singuliers et d’écritures originales.
Cette mise en lumière encourage les jeunes auteurs et rend hommage aux
auteurs confirmés.
Le 12 décembre 2014, la SACD et la Scam décernent 12 prix annuels
dans les différents répertoires qu’elles représentent. Leur particularité ? Ce
sont les auteurs eux-mêmes qui au sein des Comités belges
recherchent et distinguent les œuvres et les auteurs qu’ils souhaitent
primer.
Leur objectif ? Distinguer une œuvre, consacrer le parcours d’un auteur,
reconnaître une individualité ou un point de vue sur le monde, rendre
hommage à des œuvres à l’écriture neuve, aux propos courageux, aux
richesses scéniques ou visuelles audacieuses… les motivations des auteurs
peuvent être nombreuses mais, toutes, elles mettent en lumière la richesse et
la diversité des formes contemporaines de création, de recherche, de pensée.
Deux nouveaux prix ont été lancés cette année dans des domaines où la
reconnaissance des auteurs est particulièrement cruciale : la traduction
littéraire, un registre de travail où le traducteur est souvent dans l’ombre et le
domaine de l’essai, un genre difficile qui s’apparente souvent à une forme de
résistance.
Le 12 décembre 2014, 12 auteurs ou collectifs d’auteurs ont été couronnés par
leurs pairs : écrivains, réalisateurs, chercheurs, scénaristes, traducteurs,
bédéistes… Ils se sont retrouvés à l’occasion d’une fête sur la thématique
Famous in Belgium, clin d’œil (ou conjuration) au relatif anonymat dans
lequel ils créent.
Retrouvez ici une présentation de la SACD et de la Scam, puis une notice
comprenant la biographie et une interview de chaque lauréat, ainsi que nos
coordonnées et personnes de contact.
Prix décernés par la SACD
Prix SACD Spectacle vivant :
Antoine Pickels pour Clinique d’un roi
Prix SACD Audiovisuel :
Hélène Cattet et Bruno Forzani pour
L'Étrange Couleur des larmes de ton corps
Prix SACD Fiction radio :
Rémi Pons pour L’Odeur
Prix SACD de l’Humour :
Jérôme de Warzée
Prix décernés par la Scam
Prix Scam de Littérature :
Chantal Akerman pour Ma mère rit
Prix Scam du documentaire Audiovisuel :
Jorge León pour Before we go
Prix Scam du documentaire Radio :
Loredana Bianconi pour La Résonance de nos hymnes
Prix Scam de l’essai :
Isabelle Stengers pour Une autre science est possible
Prix Scam Texte & Images :
Léonie Bishoff pour La Princesse des glaces
Prix Scam de la traduction littéraire :
Marie Hooghe
Prix Scam Littérature / Illustration jeunesse :
Marie Wabbes
Prix Scam de consécration (essai) :
Jacques Dubois
La SACD et la Scam
La SACD et la Scam sont des sociétés de gestion de droits d’auteurs.
En Belgique, elles rassemblent près de 5.000 membres (et plus de
80.000 dans le monde) dont elles protègent, négocient, perçoivent,
gèrent et répartissent les droits. La SACD et la Scam sont gérées par et
pour les auteurs : chaque année des auteurs sont élus aux Conseils
d’Administration à Paris, ainsi qu’aux Comités belges. Ces comité valident,
avec l’administration, la politique de la société pour le territoire belge, et sont
également compétents pour toutes les matières liées à l’action culturelle.
La SACD gère le cinéma, la télévision et la radio (de fiction), le
théâtre, la danse, le cirque, les arts de la rue et la musique de
scène, tandis que la Scam gère la littérature, l’illustration, le
documentaire (cinéma, télé et radio), et le multimédia non
fictionnel.
La SACD et la Scam s’attachent également à soutenir la création d’œuvres de
qualité dans notre pays, ainsi qu’à promouvoir les œuvres de ses auteurs. C’est
dans ce cadre que, chaque année, les Comités belges de la SACD et de la Scam
décernent une dizaine de prix dans toutes les disciplines de la création, une
véritable reconnaissance des pairs pour les lauréats. La remise des Prix a lieu
lors de la Fête des Auteurs, une cérémonie festive qui réunit annuellement de
nombreux auteurs et professionnels du secteur.
Le Comité belge de la SACD est composé de 16 auteurs
PRÉSIDENT
Luc Jabon
audiovisuel
VICE-PRÉSIDENTS
Isabelle Wéry
dramatique, lyrique
André Buytaers
cinéma, télévision
Stéphane Arcas
dramatique, lyrique
MEMBRES
Vanja d’Alcantara
cinéma, télévision
Martine Doyen
cinéma, télévision
Inès Rabadan
cinéma, télévision
Jean-Louis Sbille
audiovisuel
Miguel Decleire
dramatique, lyrique
Isabelle Bats
dramatique, lyrique
Annabelle Perrichon
multimédia
Brice Cannavo
radio
Myriam Saduis
mise en scène
Fré Werbrouck
chorégraphie
Le Comité belge de la Scam est composé de 12 auteurs :
PRÉSIDENT
Alok b. Nandi
multimédia
VICE PRÉSIDENT
Jean-Luc Outers
littérature
MEMBRES
Marie-France Collard
audiovisuel
André Dartevelle
audiovisuel
Dominique Loreau
audiovisuel
Ronnie Ramirez
audiovisuel
Caroline Lamarche
littérature
Alain Dartevelle
littérature
Françoise Wuilmart
littérature
Antoine Tshitungu Kongolo
littérature
Paola Stevenne
radio
Antoine Pickels
Biographie
Antoine Pickels a été ou est encore artiste visuel, performeur, cinéaste
expérimental, peintre de décor, éclairagiste, scénographe, metteur en scène,
dramaturge, auteur dramatique, essayiste. Il parcourt ainsi des milieux aussi
divers que le rock, la littérature, les cercles académiques, le théâtre, la danse,
le cinéma, la mode, les arts plastiques.
Ses textes ont été publiés aux éditions Groupe Aven, Hayez & Lansman, Cercle
d’art, Alternatives théâtrales. Ses pièces La Ressemblance involontaire,
Abel/Alexina ou le sexe de l’ange, Personne, Bruxelles, ville d’Afrique, In
Nomine, Clinique d’un roi ont été créées en Belgique et en France (Théâtre de
la Balsamine, Les Brigittines, Théâtre Varia, Comédie De Caen…), et jouées en
France, en Allemagne et en RDC.
Compagnon de route de la danse contemporaine en Belgique dès les années
1980, il a souvent collaboré avec des chorégraphes, dont Thierry Smits (avec
qui il a cosigné les spectacles chorégraphiques La Grâce du tombeur et Éros
Délétère, et l’opéra de chambre Reliefs d’un banquet), Fernando Martin,
Pierre Droulers. D’un goût exquis, pièce chorégraphique de Fabrice
Ramalingom inspirée de son essai éponyme, a été créé à la Ménagerie de
Verre en 2014.
Curateur indépendant dès 1980, notamment à la Raffinerie ou au Résidence
Palace, il a été coordinateur de la programmation et programmateur théâtre et
performance aux Halles de Schaerbeek, directeur de La Bellone, Maison du
Spectacle, directeur artistique du festival Trouble, et est conseiller artistique
du Cifas. Il collabore régulièrement à des revues, ouvrages collectifs,
catalogues d’expositions ou colloques en Europe. Professeur à La Cambre et à
l’ESAC, il y enseigne l’histoire et l’actualité des arts de la scène et la
performance.
Antoine Pickels reçoit le Prix Spectacle vivant de la SACD pour
Clinique d’un roi
Clinique d’un roi, de et avec Antoine Pickels par David Marlé
À propos de…
Antoine Pickels, que représente cette œuvre, Clinique d’un roi, dans votre
parcours ?
Elle s’inscrit dans la continuité de plusieurs pièces consacrées à des positions
périphériques, marginales, et représente une somme de thématiques et de
différentes pratiques artistiques (de peintre, de scénographe, de comédien)
que j’ai abordées.
La pièce reprend les derniers instants d’Henri III, mais traite avant tout de
l’histoire du théâtre, de la vision de l’homosexualité, et pour cela le texte
reprend la parole de plusieurs autres auteurs, parole convoquée,
transformée, voire confisquée.
Comment s’est opéré le passage du texte à la scène ?
Il faut distinguer le texte du spectacle : le texte était écrit pour environ sept
acteurs, c’est au final un seul en scène. Cela est dû aux conditions de la
production, et au fait que les premières lectures, que j’ai faites seul,
touchaient juste. Sans changer le texte, je l’ai relu différemment à cette aune,
et le metteur en scène n’a pas nécessairement suivi les recommandations de
l’auteur…
J’ai en outre travaillé avec six metteurs en scène, qui ont chacun collaboré à
une séquence. On distingue leur patte et on retrouve sur le plateau
l’hétérogénéité présente dans l’écriture (puisque le texte cite d’autres
auteurs), mais les différentes voix sont intégrées dans un système scénique
englobant et cohérent.
Que représente ce prix pour vous ?
Évidemment, cela me fait très plaisir. La reconnaissance des pairs est
extrêmement précieuse, et ce prix décerné entre autres par des hommes et de
femmes de théâtre revêt une valeur particulière. C’est d’autant plus vrai que
je ne suis pas un auteur très prolifique : je monte un spectacle tous les dix ans
environ, spectacle qui me vaut une reconnaissance critique et rencontre un
certain succès, mais on est vite oublié et quand il s’agit de lancer un nouveau
projet c’est très compliqué si on ne crée pas régulièrement.
Ce prix est donc à la fois une reconnaissance et une re-connaissance, en ce
qu’il me permet de ne pas disparaître entre deux productions, et de rappeler
au monde que je fais des spectacles !
Quels sont vos prochains projets ?
Il m’a fallu deux ans de travail intensif pour créer Clinique d’un roi, je
compte donc bien le jouer encore en 2015. Je suis également en train de jeter
les bases d’un prochain projet d’écriture contributive, Les Encombrants, ou
Décharge (ce sont là des titres de travail).
Il s’agira de travailler sur ce qui nous encombre, ce qu’on accumule – objets
ou souvenirs. Ce sera un projet contributif, qui permettra à chacun (coauteurs et public) de se décharger de ses encombrants. Ce sera un projet
spectaculaire dont l’écriture englobera ce dont le public va se délester… une
sorte de spectacle service.
Clinique d’un roi, de et avec Antoine Pickels, par Stephen Sack
Hélène Cattet et Bruno Forzani
Biographies
Hélène Cattet et Bruno Forzani ont commencé à travailler ensemble en
2000. Ils ont co-réalisé et autoproduit plusieurs courts métrages jusqu'en
2006 avant de passer à la réalisation de leur premier long-métrage Amer en
2009 salué par Quentin Tarantino. Après leur participation au film à sketches
américain The ABC's of death, ils finalisent leur deuxième long-métrage
L'Étrange Couleur des larmes de ton corps, revisitant l'Art Nouveau
bruxellois de manière horrifique. Ils préparent actuellement l'adaptation du
roman de Jean-Patrick Manchette et Jean-Pierre Bastid, Laissez bronzer les
cadavres !
Hélène Cattet et Bruno Forzani reçoivent le Prix Audiovisuel de la
SACD pour L’Étrange Couleur des larmes de ton corps
Hélène Cattet et Bruno Forzani. D.R.
À propos de…
Hélène Cattet et Bruno Forzani, comment se passe, le travail en
collaboration sur un film comme L’Étrange Couleur des larmes de ton corps ?
Ca ne se passe pas toujours bien, mais malgré l'adversité on sait très bien
que le fait qu'on soit deux enrichit le film au final et que si on était seul, le
résultat n'aurait pas la même ampleur.
Après votre premier long métrage Amer, celui-ci donne encore davantage
d’empreinte à « votre » patte… Mais : qui d’entre vous avait le giallo dans la
peau ?
À la base, c'est Bruno qui avait le giallo dans la peau... et le virus s'est
propagé chez Hélène très vite ! C'est un genre très riche et jouissif où la mise
en scène est la « prima donna » ! Il nous a permis de mélanger nos deux
univers et d'être le ciment de notre collaboration.
Vous l’avez toujours ? Sur quoi travaillez-vous aujourd’hui ?
Oui, on l'a toujours. On a en tête un troisième volet à Amer et L'Étrange
Couleur des larmes de ton corps, mais avant ça, on travaille sur l'adaptation
du roman néo-noir Laissez bronzer les cadavres ! de Jean-Patrick Manchette
et Jean-Pierre Bastid que l'on traitera comme un western à l'italienne
moderne.
Ça vous fait quoi, de recevoir un prix – et peut-être celui-ci, en particulier ?
La SACD nous a accompagnés dans les bons et les mauvais moments de
notre parcours et c'est super que ces quatorze années de chemin parcouru à
vos côtés soient ponctuées par ce prix!
Image extraite de L’Étrange Couleur des larmes de ton corps
Affiche de L’Étrange Couleur des larmes de ton corps
Rémi Pons
Biographie
Formé à l’INSAS, dans la section mise en scène, Rémi Pons est aujourd’hui
auteur de fiction et de documentaire, pour la radio et le théâtre. Sa démarche
s’appuie beaucoup sur le réel, notamment dans tous les domaines qui
touchent au travail social.
Il réalise d’abord Radeaux dans la montagne, un documentaire sonore sur le
travail de Fernand Deligny. Il mène ensuite tout un travail autour des sansabris : L’Odeur (radio) et L’Odeur (théâtre) racontent selon deux points de
vue l’enterrement de l’un d’entre eux ; Au pied de l’arbre, son prochain
documentaire radiophonique, va raconter le travail accompli par le Collectif
des Morts de la Rue de Bruxelles.
Rémi Pons reçoit le Prix SACD de Fiction radio
Rémi Pons. D.R.
À propos de…
Rémi Pons, on peut dire que votre rapport à la création est toujours
empreint d’une grande sensibilité au réel, social en particulier. Comment vous
colletez-vous au réel dans votre travail – et, en particulier, pour L’Odeur ?
C'est drôle ce mot, « se colleter » : je suis allé voir du côté du dictionnaire
pour savoir de quoi il retournait. Et il s'agit bien de prendre quelque chose
par le collet, par le cou, autrement dit. Ici en l'occurrence il s'agirait du réel,
du social. Qu'il faudrait de prendre par le cou et de secouer très fort, en
voyant bien ce qui tombe. Et précisément, ici, ce qui tombe autour de moi,
depuis quelques années, ce sont des laissés pour compte, un peu
brinquebalant, bien vivants, et je n'y peux pas grand-chose, je suis là, avec
mon corps en entier, au milieu de la foule. Je l'ai déjà dit, ailleurs, je travaille
beaucoup à cela : ramasser des cailloux. De ceux qui racontent. L'Odeur, c'est
d'abord ça. Un tas d'histoires, entendues, vues. Un gros paquet de sans-abris
en pagaille livrés par un ami travailleur social.
Se colleter. C'est aussi cette position, que j'adopte, faute de mieux : raconter,
à mon tour, de l'histoire. De la fiction. En sachant que de la fiction, il y en a
dans le réel, que c'est un tissage d'éléments qu'il s'agit d'opérer. Qu'il n'y a
pas forcément besoin de s'interposer. Juste ça, guider le fil. Que de ce bazar
d'éléments, il sorte un récit. Pour L'Odeur, un enterrement, une vie à
retracer. J'aime le récit.
Cela dit, le mouvement n'est pas univoque. Je ne suis pas seul à me colleter
avec le réel. Lui aussi me secoue bien comme il faut. Pour L'Odeur, en
particulier, je voulais que ce col à col soit audible. J'avoue que ça m'a foutu
un peu la trouille par moment (et toujours aujourd'hui), d'aller y voir de plus
près, dans le réel, d'engager un mouvement peut-être irréversible. Mais j'y
suis allé quand même. On y est allé. Je crois que c'est un mouvement
important : on est sorti, on est allé enregistrer dehors. Les comédiens se sont
mis le cul dans la neige pour beugler des trucs sur le port de Bruxelles un
dimanche de janvier. Et nous, on l'a écouté en sautant sur place. Pour
autant, je ne crois pas que ça soit plus vrai comme ça. Non, c'est bien ça, un
engagement dans la matière, qui vient résonner dans l'œuvre, par après. Ce
choix là, et le choix d'enregistrer nos ambiances et sons seuls en condition
documentaire, sans rebruitages, c'est cela, je crois le début d'un colletage
avec le réel.
Est-ce que L’Odeur représente un moment particulier dans votre parcours
d’auteur ?
Oui, il s'agit bien d'un moment particulier. L'Odeur, c'est une écriture qui
dure depuis plus de dix ans maintenant, et qui est en train de finir de se
concrétiser aujourd'hui dans une version théâtrale, (où on est allé rechercher
des éléments du réel). C'est le début d'une position, comme je viens de le dire.
Une position que j'aimerais préciser pour la suite : aller me colleter au réel
dans des durées plus ou moins longues, laisser advenir de l'histoire et de la
parole. Et laisser s'entrechoquer ce langage là, qui vient du documentaire,
avec la fiction qui peut en advenir. Et puis ça a été aussi comme une porte
ouverte : parce que quand tu te mets à te colleter au réel, alors parfois, lui te
sollicite, et voilà, je suis embarqué depuis presque deux ans dans le Collectif
des morts de la rue, avec qui je suis en train de faire un documentaire radio.
Qu’est-ce que cela représente, recevoir un prix, pour vous ? Et celui-ci en
particulier, peut-être ?
C'est particulier. C'est la première fois. À vrai dire, je suis content, parce que
raconter des trucs via la radio, déjà, c'est tout un univers, assez marginal, il
faut le dire. Et en plus, faire de la fiction, dans les conditions où on le fait,
avec ce souci du réel, ça je ne l'entends pas beaucoup. Donc voilà, j'imagine
que je suis content de ça, cette forme de reconnaissance pour un travail que
je fais dans un coin du monde. Et puis il y a ceux-là, les éclopés qui
m'accompagnent. J'espère qu'à travers tout ça, c'est une façon de parler
d'eux autrement qu'en les accablant des mille maux sociaux qu'ils sont bien
loin de porter.
Sur quoi travaillez-vous aujourd’hui ?
Aujourd'hui, je travaille à la suite de L'Odeur, dans une version théâtrale qui
met en avant de manière plus explicite le travail mené par des travailleurs
sociaux auprès des sans-abris. On a déjà présenté une étape de ce travail à la
Vénerie en octobre. On en prépare une autre en janvier à Liège, avec le
soutien d'Arsenic 2. Et puis en radio, je suis en plein montage de ma
prochaine émission, un documentaire consacré au Collectif des morts de la
rue de Bruxelles, qui regroupe sans-abris, travailleurs sociaux et bénévoles
autour de cette question : comment enterrer des personnes ayant vécu en
rue de la manière la plus digne possible. Et enfin, mon collègue Baptiste
Janon m'a embarqué sur un film documentaire sur des ouvriers qui pêchent
au bord d'une grosse centrale nucléaire. Je n'y connais rien au cinéma. Mais
on y va gaiment.
Illustration de Sophie Cocheteux Depraeter pour L'Odeur
Jérôme de Warzée
Biographie
Comédien, humoriste, chroniqueur, Jérôme de Warzée a un parcours
atypique : de la scène à la radio, il est l’un de ces auteurs qui ont « explosé »
en jouant de sa plume et de son physique (The Chauve must go on). Il s’est
implanté dans le paysage audiovisuel en conservant sa lucidité et son
mordant. Jérôme de Warzée monte son premier spectacle, La Bombe textuelle
en 2005 et décroche 17 prix en festivals d’humour ! Rapidement, il devient un
invité récurrent de plusieurs émissions télévisées sur la RTBF (Revu et
Corrigé, Méfiez-vous des idées reçues, Sans chichis, la tribune, Le meilleur de
l’humour, Signé Taloche). Son troisième spectacle, Hautes tensions, a fait le
plein dans toutes les salles possibles de Belgique (150 dates en deux ans, soldout pratiquement partout…). En 2014-2015, il poursuivra sa présence
quotidienne à la RTBF avec Un cactus dans le waterzooi et le dimanche dans
l’émission Les enfants de chœur.
En plus de l’écriture de tous ces textes, qu’il pratique avec beaucoup
d’exigence, Jérôme de Warzée écrit aussi pour d’autres humoristes comme
Virginie Hocq, les frères Taloche ou Fabian le Castel. Et dernièrement, sa
carrière s’est encore enrichie d’une nouvelle dimension : il accompagne
désormais de jeunes humoristes. Grâce à la structure d’accompagnement qu’il
a créée avec Renaud Chantrie, il met le pied à l’étrier de jeunes talents comme
Martin Charlier ou Sofia Syko dont les noms ne sont déjà plus inconnus.
Jérôme de Warzée reçoit le Prix Spectacle Vivant – Humour de la
SACD
Jérôme de Warzée. D.R.
Chantal Akerman
Biographie
La réalisatrice belge Chantal Akerman est connue pour ses films innovants,
souvent comparés à ceux de Jean-Luc Godard ou Rainer Werner Fassbinder.
C’est en 1968, à l’âge de 18 ans, qu’elle inaugure son œuvre
cinématographique par un pamphlet burlesque sur le quotidien dans une
cuisine intitulé Saute ma ville.
Elle s’installe à New York au début des années 1970, où elle travaille en marge
de l’industrie du cinéma et devient l’une des figures majeures de l’avant-garde
cinématographique. En 1975, elle réalise l’un de ses films les plus influents,
Jeanne Dielman, 23 Quai de Commerce, 1080 Bruxelles.
Elle a signé à ce jour plus d’une quarantaine de films, dont une série de
documentaires qu’elle réalise au cours des années 2000. À partir de 1995,
Chantal Akerman commence également à développer des installations vidéo
qu’elle présente dans des galeries et musées du monde entier. Elle est l’auteur
de quatre ouvrages dont le plus récent, Ma mère rit, est paru aux éditions
Mercure de France en 2013.
Chantal Akerman reçoit le Prix Littéraire de la Scam pour Ma mère
rit.
Chantal Akerman. D.R.
Jean-Luc Outers
Membre du Comité belge de la Scam
À propos de Chantal Akerman
On connaît la longue carrière cinématographique de Chantal Akerman mais
curieusement, ce n’est pas un film que nous récompensons aujourd’hui mais
un livre : Ma mère rit. Personnellement, j’ai toujours trouvé que les films de
Chantal étaient du côté de la littérature, pas seulement parce qu’elle s’y est
frottée à de grands écrivains (Isaac Bashevis Singer, Proust ou Conrad) mais
surtout parce que l’on retrouve dans chacun d’eux une écriture, une langue,
une voix. Et c’est cette voix qui m’a touché dans l’émouvant récit Ma mère rit.
J’avais l’impression de l’entendre en off. La voix de Chantal adulte et la voix
de Chantal petite fille.
Plus que le portrait d’une mère, il s’agit d’un autoportrait qui donne un
éclairage nouveau sur l’œuvre cinématographique de Chantal car on y
retrouve les thèmes de ses films : la répétition, l’enfermement, le père, la mère
(News from home), la famille, l’amour impossible, le rapport à l’autre parfois
violent, les villes (Paris, Bruxelles, New York), la peur de chavirer, l’errance
d’appartements en appartement qui me fait penser à ce que dit Deleuze des
nomades : « Ils sont nomades à force de ne pas bouger… Voyager sur place
c’est le nom de toutes les intensités. »
Tout cela est écrit dans une langue dépouillée, humble, une langue qui parle
de nous à chacun de nous. Dans ce livre (étrangement), il n’est pas question de
cinéma mais de ces choses si étranges, si compliquées et si carrément
insolubles qui s’appellent tout simplement l’amour et la vie.
Image extraite de Jeanne Dielman, 23 Quai de Commerce, 1080 Bruxelles, de Chantal Akerman (1975)
Jorge León
Biographie
Jorge León étudie le cinéma à l’INSAS, à Bruxelles. Très tôt, son intérêt se
porte sur le cinéma documentaire en tant que réalisateur et directeur de la
photographie.
Sa pratique croise celle de nombreux artistes de la scène (Olga de Soto, Xavier
Lukomski, Meg Stuart, Benoît Lachambre, Simone Aughterlony…) donnant
lieu à de multiples collaborations artistiques.
Ses productions en tant que réalisateur incluent De Sable et de Ciment
(2003), Vous êtes Ici (2006), Between Two Chairs (2007). Ses films plus
récents 10 Min. (2009), Vous êtes servis (2010), Before We Go (2014) sont
largement diffusés dans les festivals internationaux et ont été couronnés de
prix à diverses occasions. Parallèlement à la présentation de Vous êtes servis
en ouverture du kunstenfestivaldesarts 2010 à Bruxelles, il signe sa première
mise en scène de théâtre en collaboration avec Simone Aughterlony : Deserve.
Cette collaboration se poursuit avec la création de Uni * Form qui sera
présenté en première à Zürich au Theater Spektakel en août 2015. Le scénario
de son prochain film Mitra-Events Unfolding a été primé au FIDLab 2014 et
est actuellement en phase de développement.
Jorge León reçoit le Prix Scam du Documentaire Audiovisuel pour
Before we go
Jorge León par Marc Bouteiller
À propos de…
Before we go est la dernière réalisation de Jorge León. Véritable expérience
filmée de la rencontre entre des personnes en fin de vie, atteintes de maladies
incurables et des artistes chorégraphes, sur la scène et dans les ateliers de
l’Opéra de la Monnaie. Ce projet est né d’un atelier de création avec des
résidents d'un centre de soins palliatifs. Un livre est actuellement en cours de
finition ; des portraits photographiques de chacun des patients mis en scène
dans ce qu'ils auraient aimé être si c'était à refaire….
Jorge León, que représente pour vous ce Prix de la Scam ?
C’est une forme de reconnaissance de mon travail
au sein d’une
communauté spécifique, celle des auteurs, et cela me touche.
Malgré la solitude à laquelle chaque auteur est confronté, quelque chose du
collectif se joue toujours dans l’expérience de cinéma. Avec Before we go j’ai
travaillé avec des créateurs, des artistes chorégraphes que je connaissais
pour avoir collaboré avec eux lors d’autres projets, je parle de Meg Stuart, de
Benoît Lachambre et de Simone Aughterlony ainsi que des musiciens George
Van Dam, Walter Hus et Alex Verster et l’acteur Thomas Wodianka. Des
rencontres déterminantes qui ont balisé mon parcours. Beaucoup sont
devenus des amis. J’ai eu le privilège de les réunir dans ce film. Leur
confiance et un respect mutuel ont permis que Before we go voie le jour.
Et quel rapport entretenaient-ils avec les trois personnes que l’on voit dans le
film ?
Face à des personnes en fin de vie, à leur ultime désir, Meg, Benoît et Simone
n’ont pas hésité à se mettre à nu, un dépouillement qui les a exposés jusque
dans leur propre fragilité. Ce film s’est construit sur des rencontres intimes,
des rencontres intenses…. Lydia, Noël et Michel, ces êtres en fin de vie nous
parlent à leur façon de cet élan libérateur, de cet instant intense que l’on peut
ressentir lorsque l’on est conscience de son propre départ. La vie et la mort se
rapprochent, se concrétisent à travers des gestes d’attention, d’amour. Là
aussi, face à la radicalité de notre solitude vis à vis de la mort, je tenais à ce
que cette question soit travaillée collectivement.
Ce Prix valide également un esprit de recherche dans la pratique
documentaire. Je sens dans mon travail de cinéaste que je ne cherche plus à
courir dernière le réel pour l’attraper, je cherche davantage à faire en sorte
que des mondes se rencontrent par le biais du cinéma – des réalités qui, sans
l’acte cinématographique, ne coexisteraient peut-être jamais. Une fois ces
liens créés, je tente de rester présent à ce qu’ils produisent de neuf, d’inouï.
Je deviens une sorte de témoin curieux de cette expérience de vie qui se
déploie sous mes yeux et qui devient le film.
Quel message voudriez-vous transmettre à travers ce Prix ?
Aujourd’hui, plus que jamais, je sens à quel point les conditions de
production ont des répercussions sur la forme des films. Les réalisateurs sont
parfois amenés à formater leur propre système de pensée créatrice pour
arriver à leurs fins… J’essaie de me protéger de ce schéma, ce qui finit par
devenir un acte de résistance compte tenu du contexte actuel, je l’assume
pleinement.
Pour Before we go je tenais à une certaine écriture, à un certain type d’image
qui impliquent un mode de production plus lourd en terme d’équipe de
tournage. Nous avons dû nous battre pour maintenir cette exigence et je ne le
regrette pas une seconde. Cette dimension chorale du travail, même si elle
exige beaucoup d’énergie, m’a beaucoup appris. Donc oui, créer c’est aussi
résister …
Que comptez-vous faire à présent ?
D’une part je tente d’accompagner le film en festivals, je serai donc à NewYork en janvier où Before we go est programmé à la Cinémathèque. Je
travaille également avec Simone Aughterlony à la mise en scène d’une pièce
de théâtre dont les répétitions débuteront en avril pour une première
présentation publique à Zürich en août 2015 dans le cadre du Theater
Spektakel. Ce projet devait être documentaire à la base, un film que
j’envisageais de tourner dans le milieu de la police en Belgique mais ils
exigeaient le « final cut »… Nous aborderons donc les choses autrement, en
questionnant certaines réalités sur un plateau de théâtre, avec des acteurs…
Je viens d’obtenir l’aide au développement pour un projet de film que j’avais
présenté cet été au FIDlab à Marseille, un projet inspiré d’une
correspondance bouleversante, des échanges d’emails entre Jacques-Alain
Miller, psychanalyste français, gendre de Jacques Lacan et Mitra Kadivar,
psychiatre et psychanalyste iranienne résidant à Téhéran. M. Kadivar écrit à
J-A Miller dans l’espoir d’obtenir de l’aide car elle apprend qu’elle va être
emmenée contre son gré en institution psychiatrique. Ces échanges seront la
source d’inspiration pour l’écriture d’un livret d’opéra et le film
accompagnera cette transformation des mots en chants…
Image extraite de Before we go, de Jorge León
Loredana Bianconi
Biographie
Critique de cinéma, coscénariste, réalisatrice à la RAI 3, Loredana Bianconi
est née en 1954 à Haine Saint-Paul. Après une Licence en Art, Communication
et Spectacle passée à l'Université de Bologne, elle réalise une trilogie qui a
pour sujet l'immigration italienne en Belgique. Do you remember revolution,
un portrait de trois femmes italiennes jadis emprisonnées pour leur lutte
politique, a été sélectionné au festival Cinéma du réel.
Loin de toute théorisation dogmatique, Loredana Bianconi est avant tout une
cinéaste de l’échange et du lien, qui fait son travail d’investigation sur le
terrain. Elle recueille le témoignage de ces personnes que l’Histoire a fait se
déplacer, et les laisse enfin s’exprimer. Elle donne souvent la parole à ceux qui
ont été si longtemps tenus à l’écart du reste du monde. Pour elle, le cinéma est
une arme pacifique, mais son militantisme passe par le sensible. Elle filme
toujours ses personnages avec pudeur et dignité. C’est une cinéaste de
l’empathie, avec un véritable regard critique sur la société qui nous entoure et
dans laquelle nous sommes bien forcés de nous battre.
Dans son dernier travail La Résonance de nos hymnes, elle poursuit son
travail d’investigation et va plus loin, elle questionne notre sentiment
d’appartenance à la nation au travers de son plus fort symbole : l’hymne.
Loredana Bianconi reçoit le Prix Scam du Documentaire radio
pour La Résonance de nos hymnes
Loredana Bianconi. D.R.
À propos de…
Loredana Bianconi, que représente ce Prix de la Scam dans votre
parcours ?
Tout d’abord, c’est une grande surprise ! Même si c’est la deuxième fois que je
reçois un Prix de la société des auteurs (rire !) - En 1998, mon film Do you
remember revolution a reçu le Prix Audiovisuel de la Scam. C’est
certainement une reconnaissance de mes pairs, et cela fait toujours
beaucoup de bien car je doute beaucoup de moi-même en général.
Dans La Résonance de nos hymnes j’ai expérimenté le fait d’écrire à la
première personne, de m’inscrire dans le projet, c’était une approche toute
nouvelle ! Je suis plutôt timide, je n’aime pas le narcissisme, mais recevoir ce
prix signifie que je dois poursuivre. C’est donc un énorme encouragement,
qui me donne la force d’explorer davantage ce vers quoi je me suis engagée.
D’autre part, un prix radiophonique ce n’est pas courant ! Il faut saluer la
Scam qui distribue des Prix dans des domaines peu mis en valeur
généralement. De par le passé, j’ai fait partie du Comité belge de la SACD, je
sais ce que cela signifie.
La création radiophonique est une forme trop peu exploitée, pourtant avec
La Résonance de nos hymnes elle s’est imposée tout naturellement dès le
début car elle permettait de pouvoir développer tout un imaginaire.
Quel projet développez-vous actuellement ?
Je travaille sur un projet de film documentaire. Le film s’appellera Outremer
et racontera l'épopée de ces ex-soldats italiens à l’époque de la grande
expansion colonialiste de Mussolini. Une histoire dans l’Histoire encore trop
peu connue de nos jours. Ce film sera très personnel, car parmi ces colons qui
partirent en Afrique, il y a deux de mes oncles ! Je dispose d’ailleurs de
centaines de photos personnelles à ce sujet… Ils sont partis dans les colonies
de « l'Empire Fasciste d'Afrique » - l’Erythrée et l’Ethiopie - dans les années
1930 et retournèrent en Italie dans les années 1940 à 1960. Leurs voix, leurs
témoignages et des images d'archives, composeront le film, et j'irai moimême filmer en Afrique sur leurs traces…
Isabelle Stengers
Biographie
Professeure à l'Université de Bruxelles, où elle enseigne la philosophie des
sciences, Isabelle Stengers a une double formation scientifique et
philosophique. Après des études de chimie, elle se dirige vers la philosophie
mais gardera la science comme objet d’étude central.
Ses travaux ont d’abord porté sur le problème de la physique confrontée au
problème de l'irréversibilité, (La nouvelle alliance, avec I. Prigogine, 1979, et
Entre le temps et l'éternité, 1988), puis sur la question des sciences modernes
(L'Invention des sciences modernes, 1993, et Histoire de la chimie, 1993, écrit
avec B. Bensaude-Vincent), mais aussi, en 2001, un scénario, La Guerre des
sciences aura-t-elle lieu ?, qui relève de la scientifiction.
Ses recherches ont également porté sur la diversité des sciences, sur leurs
rapports conflictuels, sur leur rôle social, économique et politique. Une
réflexion qui s'est élargie, avec la notion de pratique et d'écologie des
pratiques, à l'ensemble des activités collectives productrices de savoirs. Son
dernier essai Une autre science est possible ! publié en 2013 a été salué par le
Comité belge de la Scam qui lui remet son premier Prix de l’Essai.
Isabelle Stengers reçoit le Prix Scam de l’essai pour Une autre
science est possible !
Isabelle Stengers. D.R.
À propos de…
Isabelle Stengers, que représente pour vous ce Prix de l’essai de la SCAM
dont vous êtes la première lauréate ?
Je suis très touchée que des auteurs, des créateurs, soucieux de l’importance
de la création, aient choisi l’essai comme catégorie à mettre en valeur. L’essai
est un registre qui n’est pas très clair, qui est souvent exclu de la catégorie du
sérieux scientifique. La vocation de l’essai n’est pas de démontrer, il s’agit de
tenter de « produire » quelque chose de manière transparente. Dans un
essai, l’auteur, tout en mobilisant tout le savoir dont il est capable va
chercher à transformer le problème auquel il se confronte mais aussi à
transformer le lecteur à qui il s’adresse. J’aime beaucoup l’idée selon laquelle
le mot « essai » serait lié avec l’ancien français « espermenter » dans lequel
on trouve également la racine du mot « espoir ». Pour moi, les arguments
d’un essai prennent la forme d’un appel à penser, dans une dynamique
d’espoir.
Le comité de la Scam a choisi de particulièrement mettre en lumière votre
dernier ouvrage Une autre science est possible pour saluer votre engagement
politique. Que représente cet ouvrage dans votre parcours ?
C’est le seul livre dans lequel je m’adresse à ceux qui appartiennent, comme
moi, à une institution académique. J’ai voulu dire ce qui ne va pas dans le
devenir de cette institution, dans sa capacité de penser et de produire. Cette
réflexion j’ai voulu la mener sur le mode de la résistance et non pas de la
nostalgie. Traduire la nostalgie est une démarche facile. Ce que je cherche
c’est justement de résister à la nostalgie en faisant le choix de tenter de
transformer non seulement notre rapport au problème mais aussi notre
rapport à l’extérieur, au public, et plus particulièrement au public non
académique. Et c’est possible !
L’espoir, de nouveau ?
Oui l’espoir. Mais pas l’espoir entendu souvent comme une vertu
« somnifère » qui proclame que « ça finira par s’arranger ». Un espoir lucide
qui dit le pire sur un mode où une issue est possible.
Feuillet 116v de Galilée. D.R.
Marie Hooghe
Biographie
Née en 1947, Marie Hooghe est licenciée-agrégée en philosophie et lettres
(UCL).
Lauréate du Prix Triennal d’État pour la Traduction (1989), du Prix de
traduction Amédée-Pichot (2003), du Prix Auguste Michot (Allfb, 2011) et du
Prix du Meilleur Livre étranger (2013).
Elle a principalement traduit des auteurs flamands et hollandais, notamment
Erwin Mortier, Anne Provoost, Lieve Joris, Bob van Laerhoven, Chris De
Stoop, Kristien Hemmerechts, Diane Broeckhoven, Oscar van den Boogaard,
Jef Geeraerts, Gerard Reve, Louis Paul Boon, Ivo Michiels, Monika Van
Paemel, Hugo Claus, Tim Krabbé, Marcel Möring, Margriet de Moor, Adriaan
Van Dis.
Marie Hooghe reçoit le Prix Scam de la traduction littéraire
Marie Hooghe. D.R.
À propos de…
Marie Hooghe est la lauréate du prix Scam 2014 pour ses traductions
littéraires et plus particulièrement les ouvrages de Louis-Paul Boon, La Route
de la chapelle Jef Geeraerts, Gangrène, Je ne suis qu’un nègre, Black Vénus,
et Erwin Mortier, Sommeil des Dieux, Psaumes balbutiés. Livre d'heures de
ma mère.
Comment choisissez-vous les auteurs que vous traduisez ?
Ce jour là, une éditrice française m’envoie un petit mail et un bouquin
d’Erwin Mortier. J’étais en vacances, j’ai demandé à mon amie Martine
Wijckaert de passer chercher le livre dans ma boîte et de me le ramener fissa
pour que je le lise. C’était le premier, Marcel, chez Fayard. Il y a eu la trilogie
de l’enfance, semi autobiographique, puis Sommeil des Dieux et les Psaumes
balbutiés. C’est un auteur que j’adore. Je suis en train de traduire son dernier
ouvrage, magnifique, qui a été présenté en mars à la Monnaie par Peter de
Caluwe. Je viens de terminer de lui une pièce de théâtre, Passions humaines,
qui va être créée en collaboration avec le Théâtre National en version
bilingue et sur titrage alterné néerlandais - français. Tom Lanoye et Erwin
Mortier sont les deux grandes pointures en Flandre. Alain van Crugten
traduit Tom Lanoye et je traduis Erwin Mortier, en fonction de nos affinités.
Cela me passionne d’avoir des affinités littéraires avec les auteurs que je
traduis. J’ai traduit dix livres de Jef Geeraerts. Le premier, on me l’a
proposé, j’ai accroché, j’ai rencontré l’auteur, nous nous sommes bien
entendus, les éditions Fayard étaient enchantées. Il faut toujours prendre un
treuil pour convaincre un éditeur de se lancer dans un auteur inconnu, mais
aujourd’hui, si l’éditeur le lâche plusieurs autres sont aux aguets. De Jef
Geeraerts j’ai traduit aussi bien des thrillers que d’autres ouvrages. Il y a eu
Gangrène qui fut très controversé, interdit à sa sortie. Ses livres sont des
plaidoyers virulents contre la colonisation, des diarrhées verbales, souvent
plus de quatre pages sans point. C’est une blessure dont il arrache tout le pue
pour éviter la gangrène. Aujourd’hui à la foire du livre d’Anvers il y a des
files incroyables pour obtenir une dédicace.
La traduction, c’est un compagnonnage de quatre, cinq ou six mois avec
quelqu’un qu’on décrypte, qu’on déshabille, qu’on met à nu et dont on sent
toutes les fibres. Les gens ne s’en rendent pas compte. Un jour quelqu’un ma
demandé : « vous traduisez des livres, mais vous les lisez ? » Je l’ai regardée
et j’ai répondu « mais non madame, je ne les lis pas, à quoi bon ? ».
Léonie Bischoff
Biographie
Léonie Bischoff est née en 1981 à Genève. Enfant, elle passe beaucoup de
temps à lire et dessiner, puis se destine à l'adolescence à passer une Maturité
Artistique (équivalent des Humanités ).
Elle vient vivre à Bruxelles pour suivre les cours de l'Institut St-Luc et est
diplômée en section Bande dessinée en 2005. Après avoir vécu quelques
année à Paris, où elle travaille comme libraire et commence à publier des
histoire courtes dans des collectifs, elle revient à Bruxelles et fait partie des
fondateurs de l'Atelier Mille (avec Flore Baltazar, Thomas Gilbert, Jérémie
Royer, Nicolas Pitz et Hieu Nguyen), situé à St-Gilles.
Bibliographie :
Phantasmes, éd. Manolosanctis 2009
13m28, éd Manolosanctis 2010
Princesse Suplex, éd Manolosanctis 2010
Hoodoo Darlin’, éd Casterman 2013
La Princesse des Glaces, éd Casterman 2014
Léonie Bischoff reçoit le Prix Scam Texte & Image pour La
Princesse des glaces
Léonie Bischoff. D.R.
Alain Dartevelle
Membre du Comité belge de la Scam
À propos de Léonie Bischoff
Léonie Bischoff séduit et convainc d’emblée par sa capacité d’adaptation à des
registres radicalement dissemblables, tout en y insufflant sa personnalité
propre. Ainsi, dès son premier album, Voodoo darling, elle met à profit une
incursion dans le monde des esprits pour démantibuler l’agencement des
planches à l’image des visions submergeant la jeune Adèle, sans pourtant que
la lisibilité en souffre. Mais à côté des débordements fantastiques, cette jeune
créatrice n’est pas moins à l’aise avec les ambiances froides et distantes du
polar à la scandinave qu’est La Princesse des glaces, où la caractérisation des
protagonistes et les variations du découpage sont autant de sésames pour
clarifier une enquête complexe, ponctuée de flash-backs et de diverticules
amoureux. Avec, dans l’un et l’autre cas, une audace souveraine dans
l’utilisation de couleurs, à la fois vives et profondes : des jaunes d’or
exubérants et des violets intenses bien représentatifs du tempérament de
Léonie Bischoff.
À propos de…
La Princesse des glaces, bande dessinée adaptée du roman de Camilla
Läckberg est l’album pour lequel vous recevez le prix de la Scam textes et
images pour vos illustrations. Léonie Bischoff, cet album paru chez
Casterman représente-t-il quelque chose de particulier pour vous ?
Oui c’est particulier, parce qu’à la base il y a les chiffres de ventes du roman
qui sont impressionnants. Le fait d’avoir adapté un roman qui s’est
énormément vendu m’apporte une autre visibilité, mon nom étant inconnu
dans le milieu de l’édition. Les lecteurs qui achètent le font par un coup de
cœur sur la couverture parce qu’il l’ont vu d’abord en librairie. Camilla
Läckberg a des fans qui vont acheter tous ses romans, et qui même s’ils
entendent parler d’un produit dérivé sont intéressés. Si je fais de bonnes
ventes ça me permet de mieux négocier mes projets personnels, et de pouvoir
un peu mieux en vivre. Pour moi ça tourne, mais ça tourne de justesse. C’est
la première fois que je n’ai plus un job à côté.
J’aimerais pouvoir faire les albums un peu moins vite. J’ai un an pour voir
venir parce que j’ai signé pour une trilogie, mais d’habitude c’est un projet à
la fois, on ne sait jamais ce qu’on fera après, et il faut compter plus ou moins
un an par projet. J’aimerais pouvoir prendre un temps de maturation, en
amont, pour préparer les albums et éviter quand j’arrive à la fin de trouver
les premières pages moins réussies parce que je n’avais pas encore
complètement compris comment bougeait tel personnage…
Camilla Läckberg a un droit de regard dont elle se sert très peu. Je crois
qu’elle est traduite en 18 langues, douze millions de copies dans le monde…
c’est une star. Je l’ai croisée au festival du polar de Lyon. Elle a dit qu’elle
avait trouvé le livre très beau et très suédois, mais je n’ai pas réussi à avoir
une vraie rencontre avec elle. Il y a toujours cette sorte de mépris de la
littérature pour la BD et dans les festivals de polars, c’est flagrant. Les
auteurs de BD sont toujours mis de côté, avec les saucissons, parce que nous
ne sommes pas de la littérature, alors que les auteurs de polars eux-mêmes
ont longtemps été considérés comme un sous genre. C’est très curieux.
Marie Wabbes
Biographie
Marie Wabbes a étudié l’illustration et la gravure à La Cambre. Elle
collabore pendant quinze ans au journal Le Soir (1953-1968). Elle écrit et
dessine dans le supplément jeunesse du quotidien et illustre des reportages.
Pendant l´expo 58 elle réalise des reportages dessinés. Elle dessine des jouets
et des tissus d´ameublement destinés aux enfants. En 1960, elle épouse
l´architecte d´intérieur Jules Wabbes dont elle a quatre enfants qu´ils élèvent
à la campagne dans une grande maison, entourés d´animaux.
Elle illustre en 1965 Olivier le Page, premier d´une série de neuf titres
retraçant la vie des enfants d´un autre temps. Les albums sont publiés en
français à l´École des Loisirs à Paris. Elle illustre les histoires de La vache
Caroline de Jean le Paillot, publiées à l´École des Loisirs à Paris. Elle voyage
en Angleterre et aux États Unis où ses albums sont publiés. Elle collabore à
diverses revues et dessine des affiches. En 1986, elle expose à la galerie Pierre
Vanderborgt à Bruxelles quarante-deux portraits de vieux ours en peluche.
D´autres expositions suivront à Paris, Londres et New York. Elle écrit et
illustre des albums pour enfants publiés chez Flammarion, Gallimard jeunesse
et La Martinière à Paris. Elle travaille en Grande Bretagne pour Walker Books
et met sur pied des stages de formation au métier d´illustrateur pour des
jeunes artistes africains. Elle fonde la section francophone de l´IBBY. En
2006, elle a reçu le premier Grand Prix de la Communauté française pour son
apport à la littérature de jeunesse et l'ensemble de son œuvre. À la fin 2008, le
nombre des albums pour enfants qu'elle a publiés s'élève à plus de 180.
Marie Wabbes reçoit le Prix Scam Littérature / Illustration
jeunesse
Marie Wabbes. D.R.
À propos de…
J'ai toujours adoré les livres, enfant je lisais tout ce qui me tombait sous la
main. Je voulais écrire des histoires, les raconter comme je racontais des
histoires à mes petits frères et sœurs. J’avais aussi envie de dessiner, Babar
puis Tintin, Quick et Flupke étaient mes héros. Nos parents nous emmenaient
visiter les musées, j'aimais Goya par-dessus tout !
J'ai suivi les cours d'illustration à La Cambre, un monde de créativité s'ouvrait
pour moi.
Les ours en peluche sont entrés dans ma vie par accident ! Après la mort de
mon mari, pour faire bouillir la marmite, je faisais des portraits d'enfants.
Souvent, les enfants prenaient la pose avec un jouet, une poupée, un ours
chéri. Les parents payaient le portrait de l'enfant et je leur donnais le portrait
de l'ours. À mon grand amusement, les deux dessins étaient encadrés et mis à
l'honneur. Ça m'a donné l'idée de faire une exposition de portraits de vieux
ours en peluche. J'ai exposé à Bruxelles, Paris, Londres et New York avec
toujours le même succès.
J'ai eu beaucoup de plaisir à participer au choix des lauréats du Prix jeunesse
de la Scam, mais jamais je n'ai pensé qu'il me serait un jour attribué !
Cela me donne une forme de reconnaissance alors que la profession est
sinistrée, qui me rend très heureuse. J'ai toujours des projets et je pense que
cette distinction m'aidera à les mener à bien.
Jacques Dubois
Biographie
Jacques Dubois, aujourd’hui prof émérite, a été attaché sa vie durant à
l’Université de Liège, où il enseignait les auteurs français modernes et la
sociologie de la littérature. Il fut souvent invité à faire des cours dans des villes
et universités étrangères et occupa une chaire Francqui à l’U.C.L. et à
l’Université d’Anvers.
Trois moments marquants de son parcours : sa participation aux travaux du
groupe µ avec la publication de Rhétorique Générale, ouvrage majeur du
groupe traduit en une douzaine de langues ; ses analyses de « critique
amoureuse » dans Pour Albertine (Seuil), Stendhal, une sociologie
romanesque (La Découverte), Figures du désir (Les Impressions Nouvelles) ;
son édition avec B. Denis de romans de Simenon dans trois volumes de la
Bibliothèque de la Pléiade (2003 et 2009).
J. Dubois a dirigé la collection Points-Lettres aux éditions du Seuil : il a été
président de la Commission de Sélection de films et de la Commission des
Lettres de la Communauté Wallonie-Bruxelles ; il a dirigé la rédaction du
journal La Wallonie de 1990 à 1993. Aujourd’hui, il collabore régulièrement
au Bookclub du quotidien Mediapart (Paris) et préside l’Association Liégeoise
pour la Promotion de l’Art Contemporain (ALPAC).
Jacques Dubois reçoit le Prix Scam de consécration (essai)
Jacques Dubois. D.R.
Jean-Luc Outers
Membre du Comité belge de la SCAM
À propos de Jacques Dubois
Parmi les essais publiés par Jacques Dubois, j’épinglerais : Le Roman policier
ou la modernité (Armand Collin), Pour Albertine. Proust et le sens du social
(Seuil ), Les Romanciers du réel (Points, Seuil), Stendhal. Une sociologie
romanesque (La Découverte), Figures du désir. Pour une critique amoureuse
(Impressions nouvelles). Il a édité avec Benoît Denis trois volumes de romans
de Simenon dans La Pléiade. Proust, Stendhal, Zola, Balzac, Simenon… Il s’est
attaqué à des monuments de la littérature française des 19ème et 20ème siècles.
Jacques Dubois est un essayiste dont la langue n’a rien d’universitaire. On lit
ses essais comme des romans tant son approche est singulière et, de livre en
livre, il tente replacer la subjectivité du lecteur au centre du dispositif
littéraire. Cette approche trouve son point culminant dans ce qu’il appelle la
critique amoureuse : « le lecteur de romans que je suis est un rêveur chez
lequel la fiction agit comme stimulant ou comme excitant… Lecteur actif
mais aussi imaginatif, je découvre avec joie que le récit gagne à ne pas être
réduit à sa lettre… Cette lecture active est lecture de désir, réplique elle-même
du désir de création qui porte la fiction ». Au cœur de ce désir, il y a les
personnages dont s’éprend le lecteur, et donc essentiellement des femmes (de
jeunes femmes) : l’Albertine de Proust, la Valérie de Balzac, l’Augustine de
Stendhal, l’Anna de Simenon et plus près de nous la Marie de Jean-Philippe
Toussaint et même la Christine de Christine Angot (Jacques Dubois ne recule
devant rien)… En ce sens, il fait œuvre d’essayiste, tout le contraire du
compilateur ou du pédagogue.
À propos de…
Qui a influencé Jacques Dubois dans son parcours d’étude et puis d’écriture
scientifique, jusqu’à la critique-fiction – des scientifiques sans doute,
Bourdieu en premier ? Mais aussi des auteurs ?
Deux grandes figures ont marqué mon parcours et influencé mon mode
d’écriture : Roland Barthes dans les années 1960-1970 et Pierre Bourdieu
dans les années 1980-1990. Je n’ai jamais approché le premier mais l’ai
beaucoup lu. J’ai fréquenté régulièrement le second, le rencontrant à Paris et
le recevant plusieurs fois à Liège. Bourdieu, qui avait par ailleurs beaucoup
d’adversaires, était d’une grande générosité ; il m’a transmis une méthode de
pensée et de travail. Du côté des écrivains, Proust est absolument mon auteur
de référence et de prédilection. Il illumine mon travail et m’apprend à mieux
écrire. J’ai aussi un faible pour les romans de Christine Angot.
En tant que sociologue de la littérature, en tant qu’homme de l’écrit, en tant
qu’auteur… quelle signification donnez-vous à ce prix – ou à ce prix-là,
aujourd’hui ?
Tout comme l’artiste, l’homme de science a besoin de la reconnaissance
renouvelée de ce qu’il fait. Comme je suis un peu savant et un peu artiste (par
l’écriture), j’apprécie cette reconnaissance quand elle vient et quelle que soit
sa forme. Et pourtant l’expérience et la sociologie m’ont appris à relativiser
la portée des honneurs. Si le prix que m’accorde la Scam aujourd’hui me plaît
beaucoup, c’est qu’il m’est tombé du ciel : je ne m’attendais pas à le recevoir.
J’aime aussi que ce prix me rapproche d’écrivains et de cinéastes, deux
« espèces sociales » dont je me sens proche.
Sur quel(s) projet(s) travaillez-vous aujourd’hui (et demain ?)
Je viens de commencer un nouveau livre et il sera — encore ! — inspiré de
Proust et de sa Recherche du temps perdu. Je le voudrais comme une
réécriture joyeuse du roman proustien mais en 200 pages non en 3000.
Adresses et contacts
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1050 Bruxelles
T +32 (0)2 551 03 42
F +32 (0)2 551 03 71
www.maisondesauteurs.be
Anne Vanweddingen et Célyne van Corven,
Service d’Action culturelle : [email protected]
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Frédéric Young commente l’actualité légale et politique du droit d’auteur.
Anne et Célyne (SacdScam) relaient les activités de l’Action culturelle,
qu’elles vous font suivre en direct quand c’est possible. Elles annoncent les
prix décernés par la SACD et la Scam et postent l’actualité des bourses et des
boursiers.
Marie-Lorraine Weiss - @MarieloWEISS partage l’actualité du Service
des auteurs. Elle met également en ligne les appels à projets que nous
transmettent nos partenaires, relaie les nouvelles adhésions à la SACD et à la
Scam et signale les prix reçus par nos auteurs « hors les murs »
PILEn - @PILEnum compile l’actualité de l’édition numérique, de son
marché, de ses tendances.
Ils étaient précurseurs, Maud-et Thomas de BELA - @Bela_portail,
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