La petite fille qui voulait attraper le soleil
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La petite fille qui voulait attraper le soleil
La petite fille qui voulait attraper le soleil Un beau matin, une fillette fût réveillée par un drôle de petit rayon de soleil, qui rentra dans sa chambre, lui caressa la joue et vint lui chatouiller le nez. La fillette vit de ses yeux endormis les milliers de points lumineux qui dansaient tout autour du rayon de soleil et tourbillonnaient comme dans un fleuve doré. La fillette se mit à rire et un sentiment de bonheur lui révéla que ce jour allait être un jour particulièrement beau. Au même moment, sa maman entra dans la chambre et lui déposa un baiser sur le front. « Bonjour mon petit rayon de soleil » dit-elle affectueusement en ouvrant les volets de la fenêtre pour que la lumière puisse envahir la pièce. « Regarde, le soleil est là » s’exclama la maman ravie, « Il est temps de se lever!» Son pressentiment ne l’avais pas trompée, pensa la fillette lorsqu’elle se promena dans le champ de céréales à côté de sa maison et qu’elle se mit à courir après les papillons. On sentait le parfum de l’été dans l’air. Ce mélange si particulier entre l’odeur des prairies vertes, de l’eau fraîche dévalant les cascades, de la paille et des fleurs. Le monde était grand et beau, et la vie une aventure unique. La fillette était une aventurière audacieuse, toujours à la recherche de trésors cachés autour d’elle. Durant cette journée, elle avait déjà emporté avec elle une coquille d’escargot en spirale avec un dessin particulier, une couronne d’épis et une jolie pierre marbrée de rouge et de blanc. Mais il lui manquait un objet encore plus précieux, qu’elle serait fière d’apporter chez elle. Le trophée de ses recherches d’aventurière. Ouvrant grand les yeux et tous les sens en éveil, elle commença à chercher cet objet rare et précieux qui serait caché dans les alentours. Agile comme un chat, elle se faufila entre les rangées d’épis dorés et fit la connaissance d’une coccinelle qui lui raconta une histoire drôle et s’envola tout de suite après en bourdonnant. Les sauterelles filaient dans les champs, effrayées par les vifs pas de la fillette au milieu des hautes arches formées par les tiges des épis. L’air s’emplissait des bourdonnements des créatures ailées qui vivaient dans la nature, et dont les ailes reflétaient la lumière du soleil. Et tout à coup elle le vit sous ses yeux, il apparut comme pour la première fois tel un trésor qui aurait toujours été caché dans l’ombre. La fillette tendit les bras vers le ciel pour essayer d’attraper la sphère rayonnante au-dessus d’elle et s’imagina quel effet cela ferait de l’apporter chez elle comme son trophée du jour afin de la montrer fièrement à toute sa famille qui en serait fort étonnée. La lumière de la sphère illuminerait leurs visages et toute la pièce de ses rayons chauds. Ce serait quelque chose! Mais malgré tous ses efforts, même si elle se mettait sur la pointe des pieds, il manquait toujours quelques centimètres pour atteindre la sphère étincelante dans le ciel. Les épis, qui avaient observé depuis un certain temps la fillette, eurent peur qu’elle ne réussisse à s’en emparer. Troublés ils commencèrent à s’agiter dans tous les sens et demandèrent à la fillette pourquoi elle voulait attraper le soleil. « Si tu enlèves le soleil, nous n’aurons plus de lumière pour pousser » gémirent-ils. « Ainsi nous ne pourrons pas mûrir et nous mourrons ». Cependant la fillette ne put entendre leurs petites voix et se réjouissait, amusée, de voir les épis danser. Quand la fillette se fût reconcentrée sur son objectif, elle sauta dans les airs les bras et les mains tendus. Les vifs rayons glissaient sous ses doigts, mais à chaque fois qu’elle refermait ses mains autour du soleil, celui-ci lui échappait brusquement. Soudain, les épis se mirent à danser frénétiquement. D’une part, ils étaient heureux de voir la fillette échouer dans son plan mais d’autre part, ils souhaitaient la consoler après l’avoir vue retomber au sol le regard triste et déçu tourné vers le ciel. La fillette persista longtemps dans ses essais et vit ainsi défiler les nuages. Tout à coup elle vit le soleil dans le ciel baisser progressivement ce qui lui donna un nouvel espoir. Les ombres autour d’elle s’allongèrent et le ciel du soir vira au rose doux. Le soleil n’était plus très loin de l‘horizon et la fillette se dépêcha de rejoindre la colline la plus proche afin de ne pas laisser passer sa dernière chance. Ses cheveux flottant au vent, elle se précipita comme une flèche vers le soleil couchant. La bouche ouverte et se débattant contre le vent, elle prit un dernier élan pour attraper la sphère rouge… mais trébucha. En une bouchée elle avala le soleil et quand toute étourdie elle se redressa, il faisait noir. Les épis restaient pétrifiés sans oser bouger. Il commençait à faire froid et tout devint silencieux autour de la fillette. Elle réalisa ce qu’elle avait fait et elle prit peur. Accablée par la tristesse et le désespoir, elle rentra à la maison les larmes aux yeux et raconta à sa maman sa mauvaise aventure. Sa maman la prit dans ses bras et la consola comme elle put. « Attendons de voir demain » proposa finalement la maman « et entre temps nous allumerons beaucoup de bougies ». La fillette resta cependant longtemps éveillée à la lumière des bougies et se mit à penser à ce que deviendrait le monde sans soleil. Il n’y aurait que des nuits obscures et au moment de s’endormir, elle pensa que les épis ne danseraient plus jamais pour elle sous les rayons du soleil. « Bonjour, mon petit rayon de soleil, regarde: le soleil est là! », dit la maman en réveillant doucement la petite fille le lendemain, un sourire malicieux aux lèvres. La fillette sorti du lit en un bond et ouvrit la fenêtre. Elle vit les champs d’épis ondoyer et resplendir sous les rayons dorés du soleil et elle se sentit heureuse car sa frayeur de la veille avait disparu. « Je vais t’avouer un secret » chuchota la maman dans l’oreille de la fillette. Elle la prit par la main et l’emmena dans la cuisine où la table était garnie d’un riche petit déjeuner. « Je vais te montrer comment chaque matin on peut déguster de nouveau le soleil » dit-elle en lui faisant un clin d’œil et en indiquant du regard la table du petit déjeuner où était déposée sur une planche de bois une petite meule de fromage affinée à la croûte dorée. Très étonnée, la petite fille s’agenouilla sur une chaise et se pencha sur la table afin de pouvoir toucher la meule de sa petite main. Elle fit glisser ses doigts sur les dessins en relief et reconnut la forme des épis. A partir de ce jour, le soleil était toujours à table, caché dans la petite meule de fromage au goût tendre et fruité et à la texture fondante que la petite fille aimait tant. Fol Epi - Le soleil est là.