Quoi de neuf dans la MPOC? - STA HealthCare Communications

Transcription

Quoi de neuf dans la MPOC? - STA HealthCare Communications
COMPTE-RENDU DE CONGRÈS • ERS 2010
Quoi de neuf dans la MPOC?
Faits saillants du congrès 2010 de la
European Respiratory Society, tenu à Barcelone
©
es
t
t
i
h
d
r
g
e
i
t
r
n uvent
le isous-jacente,
opydistinctes
a
i
c
C
Introduction
r
de lae
même
pathologie
pe ou d’un
m
risées
nnel
o
t
m
u
a
o
eàrs
s
En septembre dernier se tenait, à Barcelone, le congrès
amalgame
de
ces
deux
options?
Ce
thème
faisait
luioseul
p
c
e
e
n
g
n
a
n
o
ers
tioCettehibél’objet
s psymposium,
leur usexperts renommés
u
2010 de l’ERS (European Respiratory
Society).
urplusieurs
b
. Led’un
ooù
i
e
p
r
e
t
i
p
s
ou
t pro
e cprésentations
. Aucune notion n’a fait conannée, parmi de e
nombreux
liés
ont
t di thèmes
undes
erfait
iséeauxesmaladies
e
m
r
i
t
o
r
t
p
u
n
a
m
i
n
t
sensus,
mais
l’on
observe
de
plus en plus de similitudes
pulmonaires
respiratoire,
le
congrès
come
o
Ve iletisàalatiosanté
er
nn
isualis
2-4
r, v
portait L
plusieurs
sessions
de formation
et présentations
’ut
affiche
,
r
e
g
r
a
d’études
h la maladie pulmonaire obstructive chrotélécsur
nique (MPOC).
Le présent compte-rendu résume les faits saillants des
données sur la MPOC présentées au congrès, qui couvraient un vaste éventail de sujets, dont la physiopathologie, les facteurs pronostiques, la classification, la
comorbidité, le traitement et le suivi.
THÈME NO 1 : DIAGNOSTIC DE LA MPOC
Dans une perspective canadienne, une affiche présentée au congrès résumait l’une des études les plus intéressantes sur le diagnostic de la MPOC. Des chercheurs
canadiens présentaient les résultats d’un sondage adressé
à des médecins de famille canadiens afin de mesurer leur
degré d’aisance dans le diagnostic de la MPOC
ainsi que pour évaluer, de façon prospective, leurs habitudes de pratique en rapport avec cette maladie1. Cent
soixante-six (166) médecins canadiens ont participé à
cette recherche, fournissant des données sur 3 275
visites de patients effectuées entre mai et juin 2009.
Comme l’illustre la Figure 1, un grand nombre de
médecins (43 %) se disaient légèrement ou très mal à
l’aise pour diagnostiquer la MPOC. De plus, 52 % se
disaient légèrement ou très mal à l’aise pour différencier
l’asthme de la MPOC. Les chercheurs concluaient,
d’après leurs données, qu’il fallait améliorer la sensibilisation, la formation et la compétence des médecins en
matière de MPOC.
Tout cela n’est pas très étonnant, la distinction entre
l'asthme et la MPOC ayant fait l’objet de plusieurs discussions durant le congrès. Même parmi les experts en
pneumologie, l’unanimité est loin d’être faite : s’agit-il bien
d’entités cliniques distinctes, ou plutôt de manifestations
dans les caractéristiques génétiques et immunitaires des
deux maladies, si bien que l’attribution d’un diagnostic
d’asthme ou de MPOC ne concorde pas forcément avec
la présentation clinique des patients. Les participants aux
essais cliniques, par suite de critères d’inclusion et d’exclusion extrêmement sévères, ne représenteraient qu’environ 5 % des cas de MPOC, et 6 % des cas d’asthme. Dans
l’état actuel des choses, il est problématique de distinguer
ces deux entités à partir de données probantes.
Une étude autrichienne présentée au congrès a également contribué à illustrer la difficulté du diagnostic
de la MPOC en première ligne5. Dans cette étude, les
chercheurs tentaient d’évaluer la qualité de spirométries
effectuées sur place, dans un échantillon aléatoire de cliniques de première ligne. Le taux de réponse de ces cliniques
n’a été que de 50 %. Parmi les 9 212 patients fréquentant
les 30 cliniques inscrites, seulement 13 % (1 230) patients
ont accepté de subir une spirométrie. Parmi ces patients,
seulement 63 % ont produit des mesures remplissant les
critères de l’ATS (American Thoracic Society). Les chercheurs ont conclu que, par suite du faible taux de participation et du petit nombre de spirométries remplissant les
critères de l’ATS, les cliniques de première ligne n’étaient
peut-être pas appropriées pour le dépistage de la MPOC.
THÈME NO 2 : DE MEILLEURES ÉQUATIONS POUR
CLASSIFIER LA MPOC
L’un des thèmes récurrents du congrès ERS 2010 était
la nécessité d’améliorer les équations permettant de
prédire la fonction respiratoire6-8. Lors d’un symposium
spécial intitulé « Mieux comprendre l’histoire naturelle
de la fonction pulmonaire et de la MPOC », deux
présentateurs ont expliqué que les équations de
référence en usage proviennent d’un échantillon limité
le clinicien janvier 2011
39
FIGURE 1.
Niveau d’aisance à diagnostiquer l’asthme et la MPOC1
Pourcentage des médecins
60
54
Asthme
MPOC
50
45
40
31
30
20
26
18
11
9
10
3
0
3
0
Totalement
à l’aise
Très à l’aise
Relativement
à l’aise
de patients, et qu’elles présentent donc des limites dans
certaines populations, notamment les personnes âgées,
les très jeunes et les membres de certains groupes ethniques6-7. Durant le congrès, la présentation de pas
moins de cinq nouvelles équations illustrait avec éloquence le besoin d’améliorer les équations de référence.
Une affiche présentée au congrès par des chercheurs
canadiens venait appuyer les observations de ce symposium. Le Dr Anthony D’Urzo et ses collaborateurs ont
voulu préciser à quel point les décisions fondées sur
divers algorithmes utilisant la spirométrie étaient con-
(...) un grand nombre de médecins [de
famille canadiens] (43 %) se disaient
légèrement ou très mal à l’aise pour
diagnostiquer la MPOC.
formes aux critères spirométriques de définition de
l’asthme et de la MPOC dans les directives cliniques8.
Les algorithmes étudiés ont été choisis après une
recherche approfondie dans les publications scientifiques. Les chercheurs ont observé des différences importantes entre les divers algorithmes et ont conclu que
ces différences pouvaient avoir d’importantes répercussions cliniques, notamment des erreurs de classification
diagnostique.
40
le clinicien janvier 2011
Légèrement
à l’aise
Pas du tout
à l’aise
THÈME NO 3 : PRÉDICTEURS DE L’ÉVOLUTION DE LA
MPOC
Une proportion importante des recherches présentées
au congrès ERS 2010 traitait des facteurs pronostiques
de la MPOC. Les données les plus importantes provenaient sans contredit de l’étude ECLIPSE (Evaluation
of COPD Longitudinally to Identify Predictive Surrogate
Endpoints)9,11. Certains résultats de cette étude ont été
publiés dans le New England Journal of Medicine en septembre 201012.
L’étude observationnelle prospective de trois ans
ECLIPSE s’est déroulée dans 12 pays d’Europe et
d’Amérique du Nord. Les objectifs de l’étude étaient de
définir des sous-types de MPOC, de définir des paramètres pronostiques, d’obtenir des données permettant
de corréler des marqueurs biologiques et des paramètres
cliniquement pertinents, et finalement d’identifier de
nouveaux marqueurs génétiques. L’étude réunissait
2 164 patients atteints de MPOC (40-75 ans; tabagisme > 10 paquets-années; VEMS < 80 % de la valeur
prédite; VEMS/CVF après bronchodilatateur ≤ 0,7).
L’étude suivait également 337 témoins fumeurs ou exfumeurs et 245 témoins n’ayant jamais fumé.
Les chercheurs ont rapporté que, bien que le score
moyen à diverses échelles (échelle de dyspnée du Medical Research Council, distance parcourue en six minutes,
échelle SGRQ-C [St George’s Hospital Respiratory Questionnaire]) et la fréquence des exacerbations augmentaient proportionnellement à l’aggravation de la MPOC
COMPTE-RENDU DE CONGRÈS • ERS 2010
Quoi de neuf dans la MPOC?
FIGURE 2. ECLIPSE : Association entre sévérité
de la MPOC et fréquence/sévérité des
exacerbations9
Pourcentage des patients
(stade GOLD de II à IV), l’évolution de chaque
paramètre variait beaucoup entre individus appartenant
au même stade GOLD. Ils ont donc conclu que le
VEMS ne permettait pas à lui seul d’évaluer la sévérité
de la maladie.
Les chercheurs ont étudié divers phénotypes de
patients : exacerbations fréquentes (≥ 2 événements
sévères/année), détérioration rapide de la fonction respiratoire (baisse du VEMS > 60 mL/année), bonne
réponse aux bronchodilatateurs et MPOC avec inflammation générale.
Les chercheurs ont observé que si la fréquence
des exacerbations est bien associée à la sévérité (voir
Figure 2), le fait d’avoir été hospitalisé à cause d’une
exacerbation constitue le meilleur prédicteur de sévérité.
Par ailleurs, le fait de présenter des exacerbations
fréquentes est relié à un phénotype particulier à susceptibilité accrue, ce qui pourrait avoir des répercussions
sur l’élaboration de stratégies de prévention des exacerbations à travers l’éventail de sévérité de la maladie.
Les chercheurs de l’étude ECLIPSE ont rapporté que
la vitesse de dégradation de la fonction pulmonaire varie
considérablement entre patients atteints de MPOC; ils
ont observé chez un pourcentage substantiel de patients
une amélioration de la fonction pulmonaire en trois ans.
Les chercheurs n’ont pu identifier aucun paramètre
clinique permettant de détecter les cas de dégradation
rapide (pas même la sévérité de la MPOC). Ils ont conclu que la rapidité de la baisse du VEMS est un marqueur d’activité de la maladie, distinct des marqueurs de
sévérité.
L’étude ECLIPSE a également montré que la
réponse aux bronchodilatateurs ne constituait pas une
catégorie phénotypique utile, puisque certains répondeurs devenaient non-répondeurs au cours de l’étude et
vice-versa.
Les chercheurs ont analysé 36 marqueurs potentiels
d’inflammation générale, dans le sang et les expectorations, dont : décompte des leucocytes et des neutrophiles, protéine C réactive ultrasensible (hsCRP),
IL-6, IL8, fibrinogène et TNFα. En général, la concentration de ces marqueurs était plus élevée chez les
fumeurs et augmentait proportionnellement au stade de
GOLD. Toutefois, on observait là encore des variations
individuelles importantes, indépendamment du tabagisme et de la sévérité de la maladie. Les chercheurs
ont identifié certains marqueurs associés aux exacerbations : la protéine D associée au surfactant (SP-D), le
50
Hospitalisation pour exacerbation
la première année
40
Exacerbations fréquentes
33
47
33
30
22
20
10
18
7
0
GOLD II
(n = 945)
GOLD III
(n = 900)
GOLD IV
(n = 293)
ligand de chimiokine 18 (CCL18/PAR C), le fibrinogène et la hsCRP.
Autres études. En plus de l’étude ECLIPSE, de
nombreuses études présentées au congrès portaient sur
des facteurs pronostiques. Plusieurs études ont notamment tenté d’identifier des prédicteurs de mortalité lors
d’hospitalisation pour exacerbation aiguë de MPOC.
La fréquence des exacerbations semble
reliée à un phénotype particulier ayant
des répercussions sur la prise en charge
de l’éventail de sévérité de la maladie.
Par exemple, une étude française a analysé 1 142 cas de
ce type13. Les chercheurs ont identifié l’âge, la présence
de bronchiectasies, le nombre d’hospitalisations pour
exacerbation aiguë de MPOC dans les 12 mois précédents, l’administration récente de corticothérapie
générale et l’oxygénothérapie au long cours comme prédicteurs significatifs de mortalité.
Une étude belge portant sur 145 patients hospitalisés
pour exacerbation de MPOC a montré que la faiblesse
musculaire et l’indice ADO constituaient d’importants
prédicteurs d’hospitalisation prolongée14.
le clinicien janvier 2011
41
Amélioration des activités matinales
(score CDLM) sous budésonide + formotérol20
FIGURE 3.
0,25
Changement au score CDLM
p < 0,05
0,20
Seuil
minimal de
différence
importante
0,15
0,10
0,05
0
Salmétérol +
Budésonide +
fluticasone
formotérol
50 + 500 µg 2 f.p.j. 320 + 9 µg 2 f.p.j.
Une étude espagnole menée auprès de 163 patients
admis pour exacerbation de MPOC (et non décédés au
cours de l’hospitalisation) a montré que l’âge, l’importance de la dyspnée lors de l’admission et le nombre
d’hospitalisations l’année précédente constituaient tous
d’importants prédicteurs de mortalité15. Le rapport a
montré que le risque de mortalité dans les deux ans suivant l’hospitalisation doublait pour chaque unité d’augmentation de la dyspnée lors de l’admission.
Les chercheurs [étude ECLIPSE] ont
signalé que le meilleur prédicteur de
sévérité était, de loin, le fait d’avoir été
hospitalisé à cause d’une exacerbation.
Les autres prédicteurs étaient la baisse
du VEMS, l’échelle SGRQ-C, le RGO
et le décompte des leucocytes.
L’un des facteurs identifiés dans ces études, l’oxygénodépendance, a été examiné plus en détail par un groupe
de chercheurs suédois16. Ils ont constaté que, bien que
l’oxygénodépendance augmente le risque de mortalité
chez les deux sexes, le risque relatif est plus marqué chez
les femmes que chez les hommes. Par exemple, le rap-
42
le clinicien janvier 2011
port standardisé de mortalité (RSM) pour le décès relié
à la MPOC (par rapport à la population générale) était
de 292,2 chez les femmes et de 155,4 chez les hommes.
Dans le cas du décès par insuffisance cardiaque (par rapport à la population générale), le RSM était de 9,2 chez
les femmes et de 4,1 chez les hommes. Le RSM pour la
mortalité de toute cause était de 12,0 chez les femmes
et de 7,4 chez les hommes.
Le risque accru de maladie cardiovasculaire (MCV) chez
les patients atteints de MPOC (et ses répercussions sur
l’évolution de la maladie pulmonaire) constituait également
un important sujet de discussion au congrès ERS 2010.
L’un des présentateurs a expliqué que l’étude bien
connue de Framingham recueillait, depuis les années
quarante, des données de spirométrie auprès des patients17, ce qui a permis aux chercheurs d’examiner la
fonction pulmonaire dans le contexte de la MCV et des
facteurs de risque CV. On a notamment observé, au
cours des ans, que la chute du VEMS chez les fumeurs
peut se rétablir en cas d’abandon du tabagisme avant
l’âge de 30 ans. Après 40 ans, l’arrêt du tabagisme atténue la chute du VEMS, sans pouvoir atteindre les
valeurs observées chez les patients n’ayant jamais fumé.
Les chercheurs de l’étude Framingham ont également
établi une association entre hyperglycémie et dégradation de la fonction pulmonaire. D’autre part, ils ont
également observé que la protéine C réactive était, dans
le cadre d’une analyse multifactorielle, le seul marqueur
corrélé avec la MPOC. Les études à venir sur les données de Framingham comprendront la recherche de corrélations entre génotype et phénotype. Les données
génétiques étendues de l’étude Framingham s’étendent
maintenant à trois générations de patients. Les
chercheurs ont déjà identifié un polymorphisme chez
plusieurs nucléotides en rapport avec la fonction pulmonaire; la présence de chacune des formes anormales
de ces nucléotides est associée à une chute de 50-75 mL.
Les répercussions de la MCV sur la MPOC ont
également été étudiées par un groupe canadien présentant ses données au congrès18. Ces chercheurs ont tenté
de préciser si des facteurs de risque de MCV, ou la MCV
elle-même, augmentaient la durée d’hospitalisation et la
fréquence des réadmissions pour exacerbation de
MPOC. Ils ont observé, parmi 128 patients hospitalisés
pour exacerbation de MPOC (283 admissions), une
fréquente comorbidité par MCV. En tout, 44 % des patients présentaient des facteurs de risque de MCV, 49 %
prenaient des médicaments pour traiter la MCV, 30 %
COMPTE-RENDU DE CONGRÈS • ERS 2010
Quoi de neuf dans la MPOC?
FIGURE 4.
Bromure d’aclidinium et fonction pulmonaire (2 heures postdose) dans la MPOC22
Changement par rapport au départ
0,6
***
0,4
**
***
***
0,2
Aclidinium
200 µg
0
Placebo
-0,2
-0,4
**
-0,6
**
-0,8
VEMS
CVF
CFR
CI
VR
CV
VEMS = volume expiratoire forcé en 1 seconde; CVF = capacité vitale forcée; CFR = capacité fonctionnelle résiduelle; CI = capacité inspiratoire;
VR = volume résiduel; CV = capacité vitale
présentaient des anomalies à l’ECG et 43 % avaient reçu
un diagnostic de MCV. L’étude a démontré que la comorbidité par MCV contribuait à allonger l’hospitalisation. Les chercheurs concluaient qu’il était indispensable
de prendre en charge la comorbidité liée à la MCV lors
des hospitalisations pour exacerbation aiguë de MPOC
(EAMPOC).
THÈME NO 4 : NOUVEAUTÉS DANS LA PRISE EN
CHARGE DE LA MPOC
Le congrès ERS 2010 comportait de nombreuses
présentations d’études sur la prise en charge de la
MPOC, certaines portant sur des traitements classiques
et d’autres sur des approches nouvelles.
Traitements classiques. Un groupe de chercheurs
américains a examiné les résultats cliniques obtenus,
chez les patients atteints de MPOC, lors de consultation en salle d’urgence ou d’hospitalisation en rapport
avec la maladie pulmonaire. Les chercheurs ont comparé les résultats selon que le patient avait reçu une association de corticoïde inhalé et de bêta-agoniste à
longue durée d’action (CSI + BALA) ou un autre traitement médical19.
Ils ont rapporté qu’après correction en fonction des
données de départ, le traitement par CSI + BALA (fluticasone + salmétérol) était associé à une baisse significative de 21 % du risque d’exacerbation de MPOC
(p < 0,05) et de 35 % du risque de visite en salle d’ur-
gence ou d’hospitalisation (p < 0,05). Le délai d’apparition de tout événement lié à la MPOC était significativement prolongé sous CSI + BALA. De plus, le coût
mensuel ajusté médian lié à la MPOC était significativement abaissé sous CSI + BALA.
L’étude a démontré que la comorbidité
par MCV contribuait à allonger
l’hospitalisation, ce qui pousse les
chercheurs à conclure qu’il était
indispensable de prendre en charge la
comorbidité liée à la MCV lors des
l’hospitalisations pour EAMPOC.
Un groupe de chercheurs allemands a également
présenté des données intéressantes sur le traitement de
la MPOC par CSI + BALA20. Welte et ses collaborateurs ont étudié un nouveau questionnaire sur les AVQ
matinales des patients, le CDLM (Capacities of Daily
Living during the Morning), afin d’évaluer les effets du
traitement sur la capacité des patients à vaquer à leurs
AVQ le matin. Ils ont présenté les données de deux
études utilisant cet instrument. Ils ont constaté que l’association de formotérol et de budésonide était associée
le clinicien janvier 2011
43
FIGURE 5. Roflumilast 500 µg contre placebo : effets sur la fréquence des exacerbations de
MPOC modérées ou sévères23
Fréquence moyenne d’exacerbation
(modérée ou sévère) par patient par année
A) BALA concomitant
2
Δ = -16,9 %
(IC -25 à -8)
Δ = -20,7 %
(IC -31 à -9)
B) Exacerbations l’année
précédente*
Δ = -14,6 %
(IC -26 à -1)
Δ = -16,5 %
(IC -26 à -5)
Δ = -22,3 %
(IC -33 à -5)
Placebo
Roflumilast
1
0
Tous
n = 3 091
BALA : oui
n = 1 542
BALA : non
n = 1 549
< 2 par an
n = 2 261
≥ 2 par an
n = 830
*Exacerbations de MPOC l’année précédente (d’après les patients).
à une amélioration cliniquement significative du score
CDLM (voir Figure 3). Une autre association
CSI+BALA, fluticasone + salmétérol, était également
associée à une amélioration du score CDLM, mais cette
association n’était pas cliniquement significative.
Une autre étude présentée au congrès comparait le
salmétérol au tiotropium chez 7 376 patients atteints de
MPOC (> 40 ans; tabagisme > 10 paquets-années;
La fréquence des exacerbations chez les
patients traités avec roflumilast était
significativement réduite par rapport au
placebo, quel que soit le traitement de
base auquel on l’ajoutait.
VEMS < 70 % de la valeur prédite; > 1 exacerbation durant l’année précédente)21. Les chercheurs ont rapporté
que, comparé au salmétérol, le tiotropium était associé
à une prolongation significative du délai d’apparition de
la prochaine exacerbation (rapport de cotes [RC] 0,83;
p = 0,0001) et à une baisse significative du risque d’hospitalisation pour exacerbation (RC 0,72; p < 0,0001).
44
le clinicien janvier 2011
Nouveaux traitements. Des données sur de nombreux
nouveaux traitements ont également été présentées au
congrès. Deux médicaments présentaient un dossier d’essais cliniques particulièrement bien garni : le roflumilast
(inhibiteur très sélectif de la phosphodiestérase 4 [PDE4], à administration orale) et le bromure d’aclidinium
(antagoniste muscarinique à longue durée d’action).
Un essai prometteur sur l’aclidinium a étudié ses effets sur la fonction pulmonaire au repos22. L’étude était
conçue pour étudier les effets d’une dose uniquotidienne de 200 µg sur la fonction pulmonaire au repos à
la fin de l’intervalle posologique, ainsi que sur la dyspnée et la qualité de vie. L’étude regroupait 181 patients,
qui recevaient durant six semaines de l’aclidinium ou un
placebo. Comme le montre la Figure 4, l’aclidinium
améliorait significativement plusieurs paramètres de
fonction pulmonaire. L’aclidinium améliorait également
la dyspnée, bien qu’on n’ait observé aucune différence
dans l’utilisation de médicament de secours.
Les données présentées sur le roflumilast sont également prometteuses. Une affiche illustrait des données
d’efficacité regroupées provenant de deux essais identiques, randomisés, contrôlés par placebo, à double insu,
multicentriques, menés chez des patients atteints de
MPOC, porteurs d’obstruction bronchique sévère ou très
COMPTE-RENDU DE CONGRÈS • ERS 2010
Quoi de neuf dans la MPOC?
sévère, et ayant des antécédents d’exacerbations et de
bronchite chronique23. Comme le montrent les Figures 5
et 6, la fréquence des exacerbations était significativement
réduite avec le roflumilast par rapport au placebo, quel
que soit le traitement de base auquel on l’ajoutait.
Le profil d’innocuité du roflumilast a également été
présenté au congrès, sous forme d’analyse de données regroupées provenant de 14 études cliniques menées auprès
de 12 054 patients (dont plus de 6 000 sous roflumilast)24. L’incidence globale d’événements indésirables
(EI) (62,8 % et 67,2 %) et d’EI sévères (14,2 % et 13,5 %)
était similaire sous placebo et roflumilast. Les chercheurs
ont toutefois constaté une différence au plan du poids, le
roflumilast étant associé à une baisse de poids de 2,14 kg
(p < 0,0001). Cette perte de poids était plus prononcée
au début des études (< 4 semaines). Les deux tiers environ de cette perte de poids s’effectuaient aux dépens des
graisses; on n’observait aucune augmentation significative du risque de perte de poids chez les patients dont
l’indice de masse corporelle (IMC) était bas au départ.
Par ailleurs, on a également présenté au congrès des
données montrant que le roflumilast était associé à une
baisse significative de la glycémie, par rapport au
placebo, chez les patients atteints de diabète de type 225.
Un autre symposium, intitulé « La MPOC en profondeur », discutait de données encourageantes sur le
roflumilast. L’un des présentateurs, le Dr Peter Barnes,
a signalé que le mode d’action du roflumilast, fondé sur
une diminution de l’inflammation générale, diffère de
ceux des autres traitements de la MPOC26. Cet effet
général, disait-il, fait du roflumilast le premier antiinflammatoire spécifiquement pulmonaire.
Traitements anciens, observations nouvelles. Deux
études présentées au congrès analysaient le potentiel de
l’azithromycine (macrolide) comme modificateur de la
maladie, dans la MPOC27,28. Une étude randomisée à double insu, contrôlée par placebo, menée par un groupe danois,
comportait l’administration uniquotidienne de 500 mg
d’azithromycine, trois jours par mois durant 36 mois, à 575
patients atteints de MPOC modérée ou sévère27. Les
chercheurs n’ont observé aucune différence dans la fonction pulmonaire, mais l’azithromycine était associée à une
baisse significative du nombre de jours d’exacerbation (à la
maison ou à l’hôpital) ainsi que de l’administration d’antibiotiques et de corticoïdes généraux. Ces résultats n’étaient
toutefois pas associés à une amélioration de la qualité de vie.
Un groupe espagnol a présenté une autre recherche
sur l’azithromycine, conçue pour évaluer si un traite-
FIGURE 6. Réduction des exacerbations de MPOC
modérées ou sévères sous 500 µg de roflumilast, par
sous-groupe
p = 0,0003
p = 0,0011
p = 0,0387
p = 0,0458
p = 0,0023
p = 0,0038
Tous
Avec BALA
Sans BALA
Avec antimuscarinique
Sans antimuscarinique
Avec traitement
antérieur par CSI
Sans traitement
antérieur par CSI
< 2 antécédents
d’exacerbations*
≥ 2 antécédents
d’exacerbations*
p = 0,0102
p = 0,0062
p = 0,0017
0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 1,1
*Exacerbations de MPOC l’année précédente d’après les patients.
Rapports d’incidence, intervalles de confiance à 95 % et valeurs de
p établis par régression de Poisson, avec les facteurs et covariables
suivants : traitement, âge, sexe, tabagisme, VEMS après bronchodilatateur au départ (% de la valeur prédite), données regroupées pour
l’étude et le pays (uniquement pour le sous-groupe Tous). Dans tous
les sous-groupes (sauf les sous-groupes avec ou sans BALA) le
traitement concomitant par BALA faisait partie des facteurs étudiés.
ment continu d’azithromycine (500 mg 3 f.p.j. durant
12 mois) pourrait réduire la fréquence des exacerbations
et des hospitalisations, ainsi que la durée du séjour hospitalier, dans la MPOC sévère28. Lors de cette étude de
petite taille (n = 24), les chercheurs ont constaté que
l’administration à long terme d’azithromycine réduisait
significativement le nombre d’exacerbations et d’hospitalisations, ainsi que la durée du séjour hospitalier.
THÈME NO 5 : SUIVI DE LA MPOC
Plusieurs études présentées au congrès tentaient d’élaborer de nouvelles méthodes de suivi de la MPOC et
de la réponse thérapeutique. Parmi celles-ci, une étude
canadienne portait sur un nouvel outil d’évaluation de la
dyspnée à l’effort : le test de marche à vitesse constante
de 3 minutes29.
Il s’agissait d’une étude randomisée, contrôlée, croisée,
à deux phases, regroupant 18 patients de stade GOLD II
ou III, qui subissaient un test de marche de trois minutes
après avoir reçu 500 µg de bromure d’ipratropium ou un
placebo. Les chercheurs ont rapporté que, comparé au
le clinicien janvier 2011
45
placebo, l’ipratropium était associé, lors du test, à une
baisse significative du score de dyspnée de Borg après
2 minutes, 2,5 minutes et 3 minutes. Ils ont donc conclu
que le test était efficace pour détecter une diminution de
la dyspnée après bronchodilatateur, dans la MPOC.
Le congrès annuel de l’ERS (de même que les autres rencontres du même type) demeure une importante source
d’informations pour les professionnels de la santé qui s’intéressent à la prise en charge des patients atteints de maladies respiratoires. Le congrès ERS 2010 offrait une
abondance de données d’essais cliniques et de discussions
d’experts sur le diagnostic, la classification, le traitement et
le suivi de la MPOC. Pour de plus amples informations sur
les données présentées dans ce compte-rendu, ou sur toute
autre donnée présentée durant la rencontre, visitez le site
du congrès à l’adresse www.erscongress2010.org.
Références:
1. Kaplan A, Marciniuk D, Bouchard J, et coll. Comfort in diagnosing COPD: A
survey of Canadian physicians. Présenté au congrès annuel 2010 de la European Respiratory Society. Affiche P4241.
2. Postma DS. Genetics of Asthma and COPD. Présenté au congrès annuel
2010 de la European Respiratory Society dans le cadre du symposium
« Similarities and differences of asthma and COPD », 20 septembre 2010.
Présentation 3333.
3. Saetta M. Immunologic aspects of asthma and COPD. Présenté au congrès
annuel 2010 de la European Respiratory Society dans le cadre du symposium « Similarities and differences of asthma and COPD », 20 septembre
2010. Présentation 3334.
4. Pavord I. Asthma and COPD: is the distinction important? Présenté au congrès annuel 2010 de la European Respiratory Society dans le cadre du
symposium « Similarities and differences of asthma and COPD », 20 septembre 2010. Présentation 3335.
5. Weiß G, Steinacher I, Lamprecht B, et coll. Is the primary care (PC) office
the right setting for spirometry to detect COPD? Présenté au congrès annuel 2010 de la European Respiratory Society. Affiche P4240.
6. Stocks J. Successes and failures of serial lung function assessments.
Présenté au congrès annuel 2010 de la European Respiratory Society dans
le cadre du symposium « Unravelling the natural history of pulmonary function and COPD », 19 septembre 2010. Présentation 158.
7. Stanojevic S. Pooling lung function together: setting new standards.
Présenté au congrès annuel 2010 de la European Respiratory Society dans
le cadre du symposium « Unravelling the natural history of pulmonary function and COPD », 19 septembre 2010. Présentation 160.
8. D'Urzo A, Tamari I, Bouchard J, et coll. Variation among spirometry interpretation algorithms: Clinical implications. Présenté au congrès annuel 2010
de la European Respiratory Society. Affiche P4239.
9. Agusti A. Phenotypes of COPD: myths or reality? Présenté au congrès annuel 2010 de la European Respiratory Society dans le cadre du symposium « Phenotypes and biomarkers: initial 3-year findings from the
Evaluation of COPD Longitudinally to Identify Predictive Surrogate Endpoints (ECLIPSE) study », 19 septembre 2010. Présentation P1592.
10. Lomas D. Emerging biomarkers in COPD. Présenté au congrès annuel
2010 de la European Respiratory Society dans le cadre du symposium
« Phenotypes and biomarkers: initial 3-year findings from the Evaluation of
COPD Longitudinally to Identify Predictive Surrogate Endpoints (ECLIPSE)
study », 19 septembre 2010. Présentation P1593.
11. Barnes PJ. Independent view and Discussion. Présenté au congrès annuel
2010 de la European Respiratory Society dans le cadre du symposium
« Phenotypes and biomarkers: initial 3-year findings from the Evaluation of
COPD Longitudinally to Identify Predictive Surrogate Endpoints (ECLIPSE)
study », 19 septembre 2010. Présentation P1594.
12. Hurst JR, Vestbo J, Anzueto A, et coll. Susceptibility to exacerbation in
chronic obstructive pulmonary disease. N Engl J Med 2010;
363(12):1128-38.
13. Piquet J, Chavaillon J-M, Maurer C, et coll. EABPCO-CPHG study: Prognosis factors of death and/or hospital admission in 1,142 patients, at 3
months after their admission to the pneumology department of a French
general hospital for COPD acute exacerbation (AE). Présenté au congrès
annuel 2010 de la European Respiratory Society. Affiche P539.
14. Lehouck A, Carremans C, Decramer M, et coll. Muscle weakness and ADOindex determine length of hospital stay for an acute COPD exacerbation.
Présenté au congrès annuel 2010 de la European Respiratory Society. Affiche P551.
15. Cano Aguirre M, Girón Moreno RM, Carbajo CM, et coll. Mortality predictors
in COPD exacerbation. Présenté au congrès annuel 2010 de la European
Respiratory Society. Affiche P546.
16. Ekström M, Franklin K , Ström K, et coll. Increased relative mortality in
women with severe oxygen-dependent COPD. Présenté au congrès annuel
2010 de la European Respiratory Society. Affiche E1749.
17. O'Connor G: Framingham and other cardiovascular cohorts with lung function data. Présenté au congrès annuel 2010 de la European Respiratory
Society dans le cadre du symposium « Unravelling the natural history of
pulmonary function and COPD », 19 septembre 2010. Présentation 159.
18. Lane C, Wong A, Burns J, et coll. Acute exacerbations of chronic obstructive pulmonary disease: Impact of cardiovascular comorbidities. Présenté
au congrès annuel 2010 de la European Respiratory Society. Affiche
E1745.
19. Mapel D, Shah M, D'Souza A, et coll. Exacerbation rates and healthcare
costs following hospitalizations and emergency department visits for COPD.
Présenté au congrès annuel 2010 de la European Respiratory Society. Affiche E1746.
20. Welte T, Miravitlles M, Karlsson N, et coll. Improving morning activities in
COPD patients with budesonide/formoterol: Assessment of data from two
randomised trials using minimal important differences from a morning activities questionnaire. Présenté au congrès annuel 2010 de la European
Respiratory Society. Affiche P1202.
21. Vogelmeier C, et coll. Reductions in COPD exacerbations with tiotropium
compared to salmeterol. Présenté au congrès annuel 2010 de la European
Respiratory Society. Affiche P5091.
22. Celli B, Maltais F, Casaburi R, et coll. Aclidinium bromide improves resting
lung function in patients with moderate to severe COPD. Présenté au congrès annuel 2010 de la European Respiratory Society. Affiche P1183.
23. Bateman E, Calverley PM, Fabbri LM, et coll. Efficacy of roflumilast in patients with a history of frequent exacerbations: Pooled data from pivotal
12-month studies. Présenté au congrès annuel 2010 de la European Respiratory Society. Affiche P4003.
24. Calverley PM, Fabbri LM , Rabe KF, et coll. Roflumilast in the treatment of
COPD: A pooled safety analysis. Présenté au congrès annuel 2010 de la
European Respiratory Society. Affiche P4001.
25. Wouters E , Teichmann P, Brose M, et coll. Effect of roflumilast (ROF) on
glucose levels in patients with COPD and diabetes mellitus type 2 (DM2).
Présenté au congrès annuel 2010 de la European Respiratory Society. Affiche P4002.
26. Barnes PJ. Treatment of inflammation in COPD. Présenté au congrès annuel
2010 de la European Respiratory Society dans le cadre du symposium « A
Deeper Look into COPD », 19 septembre 2010. Présentation 1811.
27. Mygind LH, Pedersen C, Vestbo J, et coll. A randomized, placebo-controlled
3 years study of prophylactic azithromycin in 575 patients with chronic obstructive pulmonary disease (COPD). Présenté au congrès annuel 2010 de
la European Respiratory Society. Affiche P5580.
28. Casabon J, Pomares X, Monton C, et coll. Long-term azithromycin therapy
in severe COPD with repeated exacerbations. Présenté au congrès annuel
2010 de la European Respiratory Society. Affiche P542.
29. Sava F, Perrault H, Brouillard C, et coll. Responsiveness of a 3-min shuttle
walking exercise test to assess dyspnea in COPD. Présenté au congrès annuel 2010 de la European Respiratory Society. Affiche P1332.
Conclusion
46
le clinicien janvier 2011