Chirurgie hysteroscopique ou thermocoagulation pour les
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Chirurgie hysteroscopique ou thermocoagulation pour les
1 CHIRURGIE HYSTEROSCOPIQUE OU THERMOCOAGULATION POUR LES PATHOLOGIES HEMORRAGIQUES FONCTIONNELLES Professeur Hervé FERNANDEZ Service de Gynécologie-Obstétrique, Hôpital Antoine Béclère, 157, Rue de la Porte de Trivaux, 92140 Clamart, Tél : 01 -45-37-44-69 Fax : 01 -45-37-49-63 E-Mail : E -Mail: [email protected] 2 Résumé Les hémorragies utérines fonctionnelles touchent 20 pourcent des femmes en période d’activité génitale. Cette revue décrit leurs étiologies, les modalités diagnostiques et les tendances thérapeutiques actuellement admises aussi bien que celles qui vont émerger dans le futur. Habituellement, les traitements médicaux et hormonaux précèdent le curetage qui est devenu un traitement inadéquat. Les techniques d’ablation d’e ndomètre développées depuis les années 1980 ont montré leur efficacité et leur sécurité comme alternative à l’hystérectomie. Si ces techniques hystéroscopiques d’ablation ou de résection d’endomètre ont atteint ces buts, elles ne sont pas développées proba blement dû au fait de leur complexité, d’un apprentissage long et d’un coût élevé en équipement. Les années 1990 ont vu se développer des techniques alternatives non hystéroscopiques qui sont apparues d’emblée plus simples, plus sûres, reproductibles par t ous les chirurgiens ou médecins. La prise en charge future des ménorragies va mettre en compétition les traitements médicaux avec les nouvelles techniques et celles -ci avec les hystérectomies dont près d’une sur trois est encore réalisée pour une pathologi e fonctionnelle. 3 Mots-clés Hémorragie utérine fonctionnelle - Ménorragie Résection d’endomètre - Destructio d’endomètre Hémostase - Hystéroscopi - Maladi de Willebrand - 4 Summary Dysfunctional uterine bleeding affects some 20 percent of the women of reproductive age. The review describes etiologies of this disorder, the modalities of diagnosis, and a discussion of treatment options that are currently in use as wel as those on the future. Most commonly non hormonal and hormonal medications are follo wed by dilatation and curettage which is a temporizing but inadequate procedure. Endometrial ablation techniques have been evolving since the 1980s in the need for an efficacious, safer, alternative to hysterectomy. Hysteroscopic ablation achieves these go als but requires significant additional training even for otherwise skilled and experiences gynecologists. The 1990s have seen the development of many innovatrice approaches to performing non hysteroscopic endometrial ablations. These methods are intended to be much simpler, safer and reproducible. Modern treatments of menorrhagia should compete with medical therapies in term of low cost and minimal morbidity. They should compete with the effectiveness of hysterectomy for a dysfunctional disease. Key words Abnormal uterine bleeding - Dysfunctiona uterine bleeding Hysteroscopy - Moder treatments of menorrhagia Coagulation - Vo Willebrand disease – 5 INTRODUCTION L’impact des troubles hémorragiques fonctionnelles du cycle menstruel sur le bien-être social, économique et psychologique, est l’un des problèmes majeurs de la période péri-ménopausique. La prévalence est estimée proche de 25 % en période de reproduction. Cinq à 20 % des femmes, entre 30 et 49 ans, consultent pour un problème de pertes sanguines excessives et 10 % des consultations gynécologiques spécialisées sont liées à ce problème (1-2-3). La définition des hémorragies fonctionnelles est « perte sanguine supérieure à 80 ml sur une durée au moins supérieure ou égale à 7 jours » (tableau 1). Cette définition des hémorragies utérines fonctionnelles se heurte à la subjectivité d’évaluer les pertes sanguines lors des règles (tableau 2). Même si des méthodes de mesure objectives, comme le test de l’hématine alcaline ou les méthodes isotopiques ont été validés pour leur précision, celles-ci demeurent compliquées et non utilisables en routine. Afin de remédier à cette subjectivité, Higham (4) a proposé un score basé sur le nombre de tampons et/ou serviettes utilisés et sur l’appréciation visuelle de l’imprégnation des tampons et/ou serviettes, et de manière additionnelle sur l’existence de caillots ou de débordements de la protection périodique utilisée. Chaque changement de serviette et/ou tampon, doit être marqué par un bâtonnet dans la case du jour correspondant. À la fin des règles, il suffit d’additionner les points pour réaliser le score. Ce diagramme aboutit à un score où 100 points correspondent à une perte sanguine menstruelle supérieure à 80 ml. La sensibilité de ce score est d’environ 80 % et sa réalisation est simple, aussi bien en rétrospectif et surtout en prospectif. L’utilisation de ces scores apparaît utile en pratique clinique dans le but de quantifier les pertes sanguines et d’homogénéiser les études réalisées en rendant, de ce fait, les patientes comparables entre-elles. Un score supérieur à 150 permet d’améliorer la 6 sensibilité et la spécificité et de cerner au mieux les patientes devant réellement bénéficier d’une prise en charge thérapeutique. Le traitement de première intention des saignements utérins anormaux est habituellement de nature médicale (et en particulier par le stérilet au Levornorgestrel), mais son efficacité reste toujours inférieure à 60 %. Lorsque les traitements médicaux échouent, l’intervention chirurgicale est souvent l’option ultime et l’hystérectomie a longtemps constitué le traitement définitif des saignements utérins anormaux. Il ne faudra cependant pas omettre la recherche d’anomalie de l’hémostase pouvant faire découvrir un déficit en facteur Von Willebrand (tableau 3). On estime que 20 à 40 % des indications d’hystérectomies sont pour des troubles hémorragiques fonctionnels sans lésion spécifique retrouvée à l’examen anatomopathologique. L’hystérectomie est toutefois une intervention chirurgicale lourde pouvant être responsable d’une morbidité, voire d’une mortalité excessive. C’est la raison pour laquelle l’évolution des techniques a permis de développer des alternatives moins invasives qui ont pour but de détruire l’endomètre, et qui s’avère plus efficace que les traitements médicaux d’après l’essai thérapeutique de Cooper (5) (tableau 4). LES PATHOLOGIES ORGANIQUES RESPONSABLES D’HEMORRAGIE SUPERIEURE A 80 ML Un test de grossesse, l’échographie pelvienne, l’échosonographie et l’hystéroscopie diagnostique ont pour but d’éliminer les pathologies organiques qui relèvent d’un traitement hystéroscopique exclusif. 7 Toute hémorragie utérine implique d’avoir éliminé une grossesse en particulier extra-utérine, une hémorragie du premier trimestre, plus exceptionnell une maladie trophoblastique. ement L’anamnèse courte des symptômes joint à la pratique aisée d’un dosage de l’hCG urinaire ou plasmatique qualitatif éliminent toutes pathologies liées à la grossesse. La pathologie fibromateuse es extrêmement fréquente che z les patientes dans la même tranche d’âge où survienne les hémorragies fonctionnelles utérines. Les fibromes qui atteignent la cavité utérine sont responsables de ménorragie en raison d’une modification locale de l’hémostase et d’un agrandissement de la s urface de l’endomètre. Les saignements peuvent être liés au fibrome lui - même quand il est intracavitaire ou à la conséquence endométriale liée à la présence d’un myome interstitiel. Les modifications locales de la sécrétion des “ fibroblastes growth factor ”, des “ vascular endothelial growth factor “ heparin-binding epidermal growth factor ”, des “ ”, des platelets-derived growth factor ”, des “ transforming growth factor -beta ” peuvent être impliqués dans la genèse de ces saignements [ 6]. Dans cette tran che d’âge, le polype est la deuxiè me pathologie la plus fréquente. I ls sont le plus souvent bénins et leurs structures friables et vasculaires entraînent fréquemment des hémorragies. Les examens de la morphologie utérine permettront d’en faire le diagnosti opératoire aura pour but de confirmer la bénignité . c e l’hystéroscopie 8 Une exposition continue à une hyperœstrogénie est responsable du développement hypertrophique de l’endomètre quel que soit l’âge. Ce phénomène est majoré en cas d’anovulation associé e. L’hypertrophie est le plus souvent associée à une hyperplasie qui peut être simple ou complexe avec ou sans atypie. Les examens histologiques systématiques permettront de faire le diagnostic différentiel des hémorragies utérines fonctionnelle et de dét erminer la prise en charge en fonction de l’examen anatomopathologie définitif. L’adénomyose es caractérisée par la présence de glandes et de stroma endométrial dans le myomètre. Le diagnostic définitif ne peut être confirmé le plus souvent que par la pra tique d’une hystérectomie. Cependant, l’adénomyose peut être suspectée sur des signes échographiques avec une bonne sensibilité et spécificité lorsque l’on voit dans la paroi du myomètre des images en flammèche, et/ou des nodules d’adénomyomes et l’hypo -échogénicité entourée d’une hyper -echogénicité au milieu du myomètre de glandes endométriales. L’épaississement du mur postérieur de l’utérus, le flou à la jonction endomètre myomètre sont des signes évocateurs. L’hystérographie est un examen peu sensible et l’imageri par résonance magnétique (IRM) qui est l’examen de référence ne peut être employé en routine en raison de son coût. TRAITEMENT CHIRURGICAL DE HEMORRAGIES FONCTIONNELLES - 9 Après l’échec des traitements médicaux ou en cas de contre d’effets secondaires liés à ceux -indications ou -ci, le curetage abrasif de l’endomètre sous anesthésie générale reste aujourd’hui l’intervention la plus couramment pratiquée en France. Depuis vingt ans, la réalisation concomitante d’une hystéroscopie diagnostique a pe rmis de montrer, même sur un plan purement diagnostique, que le curetage était une intervention inadéquate dans le dépistage de pathologies soit malignes, soit bénignes avec atypie cellulaire. Même si le curetage utérin peut être temporairement efficace, s on taux d’échec évalué à 50 % ne justifie plus sa réalisation, ce d’autant que cette intervention peut se compliquer de perforation, d’infection, d’hémorragie voire de synéchies secondaires (7-11). INDICATION DE LA RÉSECTION D’ENDOMÈTRE POUR LES PATHOLOGIES FONCTIONNELLES La résection hystéroscopique de l’endomètre est indiquée pour les hémorragies fonctionnelles en ayant éliminé, au préalable, des lésions endométriales atypiques, ou éventuellement malignes, suspectées, détectées et diagnostiquées lors du bilan de toute ménométrorragie et conduisant à la réalisation d’une échographie pelvienne (avec ou sans échosonographie), une hystéroscopie diagnostique avec biopsie d’endomètre. Le traitement endoscopique n’est indiqué que chez des femmes non désireuses de grossesse. Même si cette intervention ne peut-être considérée comme un procédé 10 contraceptif définitif, l’agression produite sur la muqueuse compromet néanmoins fortement les possibilités ultérieures de grossesse. 11 TECHNIQUE OPÉRATOIRE Ces interventions sont réalisées sous anesthésie générale, loco-régionale ou bloc para-cervical. Le milieu de distension utilisé en chirurgie monopolaire, est le Glycocolle ® et le sérum physiologique en énergie bipolaire de développement plus récent. On utilise un résectoscope d’un diamètre de 24 ou 27 french avec un poignée opératoire avec résecteur passif ou actif. La technique de référence en France est la résection de l’endomètre mais qui n’est pas la technique la plus représentative pratiquée dans le monde. DESTRUCTION DE L’ENDOMETRE En 1981, Goldrath (12) a décrit pour la première fois l’ablation de l’endomètre en utilisant le Neodymium-YAG (Nd:YAG) laser. Ce système laser passe à travers le canal opératoire d’un hystéroscope et permet, après des passages successifs, une nécrose tissulaire de l’endomètre sur environ 5 mm de profondeur. La technique associe une technique de toucher direct détruisant les tissus et une technique de proximité, par toucher indirect ou à distance utilisée proche des cornes utérines et du fond utérin où l’épaisseur du myomètre est la plus faible. Reprenant l’idée de Neuwirth(13) qui avait proposé la résection de fibromes par un résectoscope urologique, De Cherney(14) a décrit la technique de résection d’endomètre utilisant une anse pour retirer copeau par copeau l’endomètre en s’arrêtant aux couches les plus internes du myomètre. En 1989, Vancaillie(15) a décrit la technique d’ablation par le Roller-Ball boule roulant sur l’endomètre et détruisant par électricité sur une profondeur de 6 mm 12 La technique de résection doit commencer par l'installation d'une électrode spécifique de coagulation (Roller-Ball) qui est une électrode munie d'une sphère tournant sur un axe et assurant une coagulation homogène. En effet, en raison de la minceur de la paroi utérine, au niveau des ostia et des difficultés de résection sur le fond, il apparaît plus facile de débuter l'intervention par la coagulation des deux ostia et du fond utérin. Par ailleurs, il est plus aisé de débuter la résection par ce temps là car, en fin d'intervention, on peut être gêné soit par les copeaux, soit par la résection déjà réalisée pour localiser aisément les ostia et le fond utérin. Ceci réalisé, on retire l'hystéroscope et on substitue l'électrode de coagulation à une électrode de résection. La résection est alors commencée habituellement sur la face postérieure, en pratiquant un sillon du fond utérin jusqu'à l'isthme par un mouvement continu régulier joint à la flexion de l'avant-bras sur le bras. Le sillon initial permet de déterminer la profondeur nécessaire, s'arrêtant sur la paroi musculaire délimitée par les fibres circulaires externes du myomètre avant la couche du plexus veineux. La résection d'endomètre sera ainsi complétée classiquement dans le sens des aiguilles d'une montre et incluant la face postérieure, le bord gauche, la face antérieure et le bord droit. Les bords utérins dans leur portion isthmique doivent être respectés en raison de la proximité des vaisseaux utérins et la portion endocervicale ne doit pas être réséquée pour éviter des synéchies endocervicales responsables d’hématométrie et de douleurs ultérieures. Par ailleurs, une synéchie endocervicale contre-indique toute possibilité de surveillance ultérieure en cas de réapparition de métrorragies anormales. Lors de la résection d’endomètre l’hémostase est fait à la demande avec coagulation élective des vaisseaux. En fin d’intervention, la résection sera complétée par régularisation de la cavité sur les reliefs laissés en place de manière à conserver tout au long de la résection d’endomètre des repères anatomiques. La récupération des copeaux se fait à l’aide de l’anse ou de la curette mousse. Il est préférable de ne pas retirer au décours 13 de l’intervention les copeaux en refoulant ceux-ci vers le fond de la cavité. En cas d’endométrectomie en post ménopause ou sur un utérus de petit volume (hystérométrie = 6 cm) il est alors nécessaire de retirer les copeaux au fur et à mesure. Depuis les descriptions princeps de ces trois techniques, de nombreuses publications ont traité des bénéfices et des risques de ces techniques dans le traitement des hémorragies fonctionnelles utérines. Des études de long terme et comparative avec l’hystérectomie sont disponibles. En fonction de la définition du succès, de la longueur du suivi, de publications concernant un opérateur ou plusieurs opérateurs, le taux moyen de succès pour le traitement hystéroscopique des troubles fonctionnels hémorragiques est inclus entre 70 et 97 %(16-19). Le taux d’aménorrhée est lui situé entre 10 et 60 %. Dans un essai thérapeutique multicentrique, Donnez(20) a montré que l’utilisation préopératoire de Goséréline avant l’ablation d’endomètre entraînait de meilleurs résultats que l’ablation d’endomètre seul. Il était noté une diminution de l’absorption de glycocolle et des pertes sanguines plus faibles avec un taux d’aménorrhée doublé à 6 mois. La résection partielle d’endomètre définie par le respect de la portion sus-isthmique et des cornes utérines semble donner des résultats en termes de succès identique à la résection d’endomètre, sans sténose cervicale, hématométrie ou synéchie. O’Connor et Magos(21) ont réalisé et suivi 525 résections d’endomètre. Ils reportent un taux d’aménorrhée au-delà, de 3 ans, inférieur à 50 % et un taux d’échec qui persistent après 3 ans avec 85 % de résultats satisfaisants. Bien que les techniques de destruction de l’endomètre apparaissent apparemment simples et efficaces, elles nécessitent une dextérité chirurgicale avec une courbe d’apprentissage importante. Les risques de ces techniques sont liés au passage de la glycine dans la circulation sanguine qui se complique d’hyponatrémie, d’œdème pulmonaire ou cérébral au-dessus d’une absorption de 2000 ml, d’un risque de 14 perforation utérine et d’hémorragies, d’un risque de lésions électriques viscérales et vasculaires voire de mort. Dans la série précédemment décrite de O’Connor et Magos(21), ils reportent un taux de complications de 6 % et atteignant 15 % en cas d’indication d’un deuxième traitement conservateur. Cependant, l’étude la plus significative est l’audit Ecossais(22) et du Mistletoe(23) supervisée par le Collège d’Obstétrique et de Gynécologie du Royaume-Uni qui sur une base régionale à partir de 10686 patientes opérées par 690 chirurgiens trouve un taux de complications de 4,4 %. En fonction des techniques de destruction de l’endomètre, le taux de complications est de 4 % pour les destructions au laser:Nd.YAG ou au Roller-Ball, et atteint 7,2 % pour les résections d’endomètre. Il est probable que ces difficultés opératoires et ces complications expliquent le fait que simplement 20000 destructions d’endomètre sont réalisées aux Etats-Unis pour un taux de 200000 hystérectomies pour les pathologies fonctionnelles hémorragiques et qu’en Grande-Bretagne 10000 résections sont faites pour 45000 hystérectomies. Ceci traduit l’extrême difficulté des gynécologues, quel que soit le lieu d’exercice, à adopter une technique difficile éventuellement nouvelle mais qui présente des risques de complications. Les données récentes du PMSI en France montrent qu’en 1999, sur 25.000 traitements conservateurs d’hémorragies utérines, 20.000 curetages ont été pratiqués (en sachant que l’efficacité maximale est de 50 %) et seulement 5.000 résections d’endomètre utilisant préférentiellement la technique de résection à la technique de destruction par Roller-Ball. Le tableau 5 présente l’évolution du taux d’hystérectomies et de résections dans le Mersey. Il semble que la résection a surtout empiété sur le nombre de femmes médicalement traitées, mais on peut exclure, que durant 7 ans de suivies, le motif de consultation « hémorragie » est également augmenté. n 15 Les recommandations récentes de la COCHRANE montre que les techniques de vaporisation type Roller -Ball sont moins difficiles à réaliser et entra risque de déficit en Glycocolle ® înent un largemen plus faible que les techniques de résection (figures 1, 2, 3). NOUVELLES TECHNIQUES Dans le but de diminuer les risques et les complications et de réduire l’apprentissage chirurgical, de nombreuses tec hniques alternatives se sont développées depuis 10 ans représentant ce que l’on définit par les techniques de 2 ème génératio de destruction d’endomètre. Certaines d’entre -elles (ballonnet thermique, micro -ondes, instillateur de sérum chaud) ont bénéficié d’essais thérapeutiques comparatifs avec les techniques de destruction ou de résection d’endomètre(18-19-20). Pour résumer, ces techniques de 2 ème génératio semblent plus onéreuses e termes d’équipements, mais sont plus facilement réalisables sous anesth ésie locale. Le taux d’aménorrhée à 12 mois et dans le suivi, est plus important après résection qu’après les techniques de 2 ème génération Par contre il n’y a pas de différence significative en termes de satisfaction , o de succès, de nécessité de 16 chirurgie additionnelle, mais un taux de complications qui apparaît globalement plus faible pour les techniques de 2 ème génération Les ballonnets thermiques son la technique de deuxième génération l a plu couramment utilisée. Trois dispositifs de destruction par ballonnet thermique ont été proposés : ThermaChoice, Cavaterm, VestaDub. Le système ThermaChoice a été réalisé chez près de 100000 patientes ( 27-29). Matériel et technique opératoire du ballonnet ThermaChoice L’appareil est composé d’un cathéter en mat ière plastique souple de 16 cm de longueur et de 4,5 mm de diamètre dont une extrémité comporte un ballonnet en latex dans lequel est située une électrode chauffante. L’autre extrémité est reliée à une centrale de commandes et de mesures. Cette unité de co ntrôle régule la pression dans le ballonnet, la température et la durée du traitement. Le ballon est introduit sans dilatation cervicale à travers le col, jusqu’au fond utérin, en fonction d’une hystérométrie pratiquée en préopératoire. Le ballon est ensuite gonflé avec une solution de glucose à 5 % jusqu’à une pression de 160 à 170 mmHg stabilisée durant 1 à 2 minutes. Cinq à 30 ml sont habituellement nécessaires pour atteindre cette pression. Le ballonnet ainsi gonflé peut s’appliquer de façon uniforme su r les parois de la cavité utérine. Une fois la pression stabilisée, on déclenche au niveau de l’unité centrale, le chauffage du liquide de remplissage jusqu’à une température de 87°C ± 5°C. Lorsque celle -ci est atteinte, habituellement entre 30 secondes et minute, un cycle 17 thérapeutique d’une durée pré -programmée de 8 minutes débute. Pour des raisons de sécurité, le dispositif se désactive automatiquement lorsque la pression chute au -dessous de 45 mmHg ou augmente au -dessus de 200 mmHg. Il est à noter qu’ après 2 à 3 minutes de chauffage, on assiste à une baisse de pression liée à la distension utérine. Celle -ci ne nécessite aucune attitude particulière, même si la pression descend au -dessous de 100 mmHg. Il peut sembler cependant préférable de regonfler le ballonne de 1 ou 2 cc afin de réatteindre une pression proche de 150 mmHg. A la fin de la procédure, une sonnerie, déclenchée par l’unité de contrôle, indique la fin du traitement. Un temps de traitement doublé ne modifie pas les résultats à 24 mois. Par contre, une pression contrôle inférieure à 150 mmHg diminue de manière statistique le résultats à 24 mois . Le temps habituel entre l’entrée de la patiente en salle d’opération et sa sortie est en moyenne de 25 minutes. Un tiers des interventions peuvent êtr pratiquées sous anesthésie locale utilisant de la Lidocaïne® à 1 % avec 1:200.000 d’Adrénaline® diluée dans 20 cc d e sérum physiologique . Quel que soit le mode d’anesthésie, il est souhaitable de traiter 1/2 heure avant l’intervention la patiente par 10 mg de kétoprofène placé dans 50 cc de sérum physiologique et perfusé en 10 minutes (ou suppositoire à la même dose) et associé à 1 g de paracétamol. Ce traitement diminue la libération de prostaglandines, relaxe l’utérus, détend la patiente et diminue le crampes postopératoires. Le délai d’efficacité habituel de ce traitement est d’environ 6 18 heures et il peut -être le plus souvent réitéré en postopératoire immédiat puis 4 à 6 heures après l’intervention. Les patientes restent hospitalisées entre 6 à 8 heures après l’intervention. Les suites immédiates sont habituellement marquées durant un mois par l’existence de pertes séro -sanglantes minimes traduisant la résorption du phénomène de brûlures intracavitaires. Des hystéroscopies pratiquées deux mois apr ès retrouvent une synéchie importante au niveau de la cavité utérine. Deux essais thérapeutiques comparant ThermaChoice avec la technique du Roller-Ball ou la résection ont montré une équivalence de deux techniques avec un taux de succès global de 85 et 86 pour le ballonnet et de 86 % pour le Roller-Ball et 83 % pour la résection (26-30). Le traitement par thermocoagulation endométriale est actuellement exclusivement réservé aux ménométrorragies fonctionnelles. Il implique un examen clinique, une échograp hie, une hystéroscopie avec biopsie d’endomètre éliminant toute lésion maligne ou suspecte. Les contre -indications habituelles de ce traitement sont : les utérus augmentés de volume (hystérométrie > 11 cm), les myomes sous -muqueux, les polypes, les cloison s qui pourraient rendre l’application du ballonnet imparfaite, les femmes désireuses de grossesse et, très exceptionnellement, une allergie au latex. Cependant, le thermachoice de 3ème génératio en silicone évite cette dernière contre -indication. 19 Aucun tr aitement préopératoire systématique n’est nécessaire. La thermocoagulation peut être réalisée quelle que soit la période du cycle. L'indication de l'anesthésie locale est liée au désir de la patiente, à une bonne relaxation lors de l'examen clinique (en pa rticulier lors de la mise en place d'un spéculum) et lors de l’hystéroscopie diagnostique toujours pratiquée dans le bilan étiologique des ménométrorragies (considérée par la patiente comme indolore ou peu douloureux) . 20 INDICATIONS DES NOUVELLES TECHNIQU ES DE DESTRUCTION DE L’ENDOMETRE Toutes ces nouvelles techniques ont comme point commun, la simplicité, la rapidité, la reproductibilité. L’épaisseur de destruction de l’endomètre oscille entre 4 et 11 mm. Il faut noter une différence notable sur le taux d’aménorrhée qui peut être compris entre 15 et 80 %. Cet élément est important car il peut déterminer en fonction du souhait de la patiente, le choix de tel ou tel type de dispositif pour détruire l’endomètre. Il faut également définir préalablement quels sont les critères de succès à savoir le taux d’aménorrhée ou le taux de satisfaction manifesté par les patientes. Les techniques par ballonnet thermique sont celles qui ont le recul le plus important pour apprécier l’efficacité. Le taux de succès avec un r ecul compris supérieur à 5 ans est de 86 % ( 31). Il n’est actuellement pas discuté du coût des équipements. Ils sont tous onéreux soit au niveau des générateurs soit au niveau des dispositifs jetables, mais, le développement de ces techniques alternatives peut concerner 20 % des femmes entre 40 et 50 ans et devrait graduellement faire diminuer les prix et rendre possible l’utilisation généralisée de ces dispositifs. L’analyse de coût liée à ces différentes techniques nécessite une analyse de coût direct inc luant le temps d’hospitalisation, les dispositifs utilisés, le taux de complications toujours excessivement faible dans ces thérapeutiques alternatives et le taux de succès à long terme incluant les coûts indirects liés au 21 nombre de consultations, aux trai additionnelles. tements et explorations diagnostiques 22 CONCLUSION Contrairement à l’hystérectomie, l’ablation de l’endomètre ne garantit pas la cessation du flux menstruel et peut nécessiter une reprise chirurgicale dans les années qui suivent l’interven tion initiale. Cependant cette diminution dans l’agressivité chirurgicale est une réponse au désir des patientes qui semblent majoritairement préférer garder leur utérus et un flux menstruel. Les techniques de 2 ème génératio auront peut être l’avantage de développe la possibilité de ces traitements conservateurs en pouvant confier ces techniques, en raison de leur facilité d’utilisation, à plus de chirurgiens. En termes de coût économique, la réalisation des traitements conservateurs est toujours avantage use par rapport au traitement radical, car toutes ces interventions sont pratiquées en chirurgie ambulatoire et leur faible taux de morbidité rend ces interventions plus économiques pour la société. Cependant les répercussions des techniques d’ablation de l’endomètre et la place de ces techniques dans le traitement des saignements utérin anormaux, ne pourront être entièrement cernées après un suivi de longue durée afin de pouvoir déterminer avec précision, le taux d’échecs en pré -ménopause, le taux d’échecs e post -ménopause, l’existence de pathologies secondaires et en particulier carcinologiques, et l’existence d’un taux de grossesses résiduel et accidentel toujours possible dans ce type de situation. 23 BIBLIOGRAPHIE (1) LaLonde A. Evaluation of surgical options in menorrhagia. Br J Obstet Gynaecol 1994 ; 101(Suppl 11) : 8-14. (2) Rees MCP. Role of menstrual blood loss measurements in management of complaints of excessive menstrual bleeding. Br J Obstet Gynaecol 1991 ; 98 : 327-328. (3) Shaw RW. Introduction to conference proceedings. Br J Obstet Gynaecol 1994 ; 101 (Suppl 11) : 1-2. (4) Higham JM, O'Brien PMS, Shaw RW. 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(IF 2002:3.253). 27 Tableau 1. — Définitio des hémorragies utérines C’est une femme qui saigne... ??Saignements > 80 ml ??Score de Higham > 150 ??Plus de 7 jours / mois et plus de 7 protections / jour Origine : - lésionnell (fibromes, polypes, adénomyose) - fonctionnell (dysfonctionnement hormonal sans pathologie intracavitaire décelable) 28 Tableau 2. — Evaluatio subjective des pertes sanguines ?? 30 % des femmes avec hypermenorrhée (> 80 ml) considèrent leurs règles normales. ?? 20 % des femmes avec saignement < 20 ml, considèrent leurs règles abondantes. ? Valeu des scores 29 Tableau 3 — Facteur cliniques associés aux ménorragies à rechercher systématiquement ?? Epistaxis ?? Gingivorragies ?? Hémorragie du post -partum ou postopératoire ?? Ecchymoses ?? Facteurs familiaux 30 Tableau 4. — Essa thérapeutique traitement médical/résection d’endomètr (Cooper 1997 [11]) Taux moyen Hb (g/dl) Menstruation Inchangée ou plus forte Durée de saignement Aucun < 3 jours 3-5 jours > 5 jours No. de jours de ménorragie Score de douleur Dysménorrhée—idem ou pire Symptômes prémenstruels Mastodynie Gonflement Irritabilité Céphalées Dépression *p<0,05 #p<0,01, ? p<0,001 Médical randomisé (n=93) TCRE randomisé (n=93) 95% IC 0,18 [1,29] 0,76? [1,62] -1,04 à -0,12 0,014 33 à 56 <0,001 48 (52) 3 (3) 7 (8) p 34 (37) 3 (3) 29 (31) 58 (62) 3,15? [2,8] 9,7? [8,92] 42 (46) 17 (18) 24 (26) 17 (18) 0,76? [1,3] 2,8? [6,14] 14 (15) 37 à 59 <0,001 1,75 à 3,03 4,51 à 9,24 18 à 53 <0,001 <0,001 <0,001 55 (60) 73 (79) 62 (6 7) 57 (62) 51 (55) 40? (44) 53? (58 49# (54 34# (37) 21? (23 2 à 31 8 à 35 1 à 28 11 à 39 19 à 46 0,03 0,002 0,06 <0,001 <0,001 31 Tableau 5. — Résultat à 2 ans du traitement des hémorragies fonctionnelles (Cooper 1999 [12] Aucun Médical Résection 2ème ) Hystérectomie résection Traitement médical initial (n = 86) 18 (21 %) 17 (20 %) Résection endomètre initiale (n = 87) 65 (75 %) 7 (8 %) 38 (44 %) Résection et hystérectomie 0 4 (4 %) 9 (10 %) 6 (7 %) 5 (6 %) 4 (4 %)