apports alimentaires recommandés : notions de base
Transcription
apports alimentaires recommandés : notions de base
Energie et azote Les apports énergétiques et azotés recommandés pour les chèvres laitières sont mesurés respectivement par les unités UFL (Unités Fourragères Lait) et les grammes de PDI (Protéines Digestibles dans l’Intestin). Pour l’entretien, l’apport énergétique recommandé par l’INRA pour une chèvre de 70 Kg est de 0,89 UFL. Il varie de 0,10 UFL pour une différence de 10 Kg de poids vif. Au cours des cinq dernières semaines de gestation, il doit être majoré d’au moins 25%, pour les besoins de gestation. Pour la production d’un kilo de lait à 3,5 % de TB, l’apport recommandé est de 0,4 UFL et de 45 g de PDI. L’apport de PDI pour une chèvre de 70 Kg à l’entretien est de 56 g/j et varie de 6,2 g/j par 10 kg de poids vif. Cet apport augmente respectivement de 55 à 65 % pour les UF et 110 à 130 % pour les PDI pendant les 4ème et 5ème mois de gestation. Besoins énergétiques, poids vif et capacité d’ingestion En résumé Besoins d’entretien pour une chèvre de 70 kg Besoins de production pour 1 kg de lait à 3,5 % de TB UFL PDI 0,89 56 g 0,4 45 g 4ème mois de gestation 1,02 90 5ème mois de gestation 1,16 124 Source : INRA Minéraux Il faut adapter les apports de phosphore et de calcium à la production laitière et au stade physiologique de la chèvre. Toutefois, les rations sont souvent excédentaires en phosphore et calcium, excepté les systèmes à base de foin de graminées-ensilage de maïs-céréales ou de foin de graminées-céréales qui peuvent être déficitaires. Les besoins d’entretien d’une chèvre laitière en phosphore et calcium absorbables sont respectivement de 1,9 g/j et 2 g/j. Pour une production de 4 kg de lait les besoins sont de 7,6 g/j en phosphore absorbable et 6,9 g/j en calcium absorbable. Pour le sodium et le magnésium, les apports doivent être de 1,3 g/kg MS. Alimentation -1- Alimentation APPORTS ALIMENTAIRES RECOMMANDÉS : NOTIONS DE BASE Alimentation Des indicateurs du rationnement des chèvres laitières Début Pleine Fin de de lactation lactation lactation 1,6 à 2,1 kg 2,4 kg à 2 semaines 2,6 à 3,1 kg au pic 2,5 à 2,7 kg 0,8 0,95 0,9 à 0,95 0,85 70 à 80 100 à 120 100 à 110 90 à 100 - 40 % minimum 70 % maximum - - Cellulose brute 20 % de la MS minimum 18 % minimum 18 % minimum 20 % minimum Pourcentage de concentrés/MS 30 % de la MS maximum 60 % maximum 60 % maximum Matière grasse (en % de la MS) - 3 % minimum 6 % maximum 3 % minimum Stades physiologiques Ingestion (kg MS/j) (chèvre de 70 kg à 4 kg de lait) Concentration énergétiques (UFL/kg MS) Concentration azotée (1) (g PDI/kg MS) PDIA (2) (g/kg MS) 4ème et 5ème mois de gestation (1) Veiller à avoir un écart entre les valeurs PDIN et PDIE le plus réduit possible. (2) Protéines digestibles d’origine alimentaire N.B. Les valeurs notées dans ce tableau restent des indicateurs moyens qui varient en fonction des animaux, de leur production laitière et des aliments laissés à leur disposition. De la saillie au tarissement “Je m’engraisse” C’est le moment de reconstituer les réserves corporelles nécessaires pour la future lactation. Lorsqu’elle reconstitue ses réserves adipeuses, la chèvre a besoin de 4 UFL pour en stocker 1 kg. Avec un objectif de 6 à 8 kg de réserves corporelles supplémentaires sur une période de 100 jours, il faudra 0,24 UFL/jour en plus des besoins journaliers. Il convient d’en tenir compte dans le rationnement. C’est-à-dire les apports UFL sont calculés d’une part à partir de la production laitière, comme nous l’avons décrit ci-dessus, et d’autre part des besoins d’entretien. Attention toutefois dans les troupeaux où les chèvres auraient repris de l’état corporel précocement. A cette période, environ 2 mois après la saillie, il faut penser a effectuer une mise en lot après les échographies pour adapter l’alimentation à chaque stade physiologique. -2- Les deux derniers mois de gestation “Ma panse, j’y pense” La réussite du démarrage de lactation est fonction des capacités d’ingestion de la chèvre à la mise-bas et de son état corporel à cette date. Alimentation Alimentation Alimentation et capacité d’ingestion Réserver les meilleurs fourrages Qualité et quantité des fourrages Modération des concentrés MAINTENIR UN VOLUME DE RUMEN SUFFISANT Appétit à la mise bas Eviter les niveaux d’engraissement extrêmes Développement du rumen en début de lactation Production laitière La production laitière d’une chèvre est en grande partie fonction de sa capacité d’ingestion à la mise-bas. L’objectif en fin de gestation est donc de préserver un volume de panse optimum, et ce malgré le volume occupé par le ou les fœtus. Ainsi, il convient de favoriser l’ingestion d’un fourrage de forte valeur énergétique, pour soutenir les besoins supplémentaires des foetus, et de fibrosité correcte (Cf. page 8) pour maintenir une capacité d’ingestion satisfaisante à la mise-bas. L’ingestion de ± 10 % de MS de foin en fin de gestation provoque une variation de ± 5 % de la quantité de MS ingérée en début de lactation. De plus il existe un parallèle entre la MS de fourrage ingérée et la production de lait. Ainsi, l’ingestion de 100 g de MS de fourrage en plus par jour, en fin de gestation, correspond à une production de 120 g de lait en plus par jour ; d’où l’intérêt de la maîtrise du système fourrager. La mobilisation des réserves corporelles, même si elle est inévitable, ne devrait pas être trop importante avant la semaine précédant la mise-bas. Pour éviter tout changement de régime alimentaire préjudiciable au moment de la mise-bas, la ration de base qui sera utilisée en lactation, sera distribuée progressivement, six à sept semaines avant celle-ci. Dès cette date, la quantité d’aliment concentré distribué doit augmenter progressivement pour atteindre à la mise-bas 50 % de la quantité prévue au pic de lactation. Suivant la qualité du fourrage et le gabarit des chèvres, la quantité de concentré mise à disposition variera de 500 à 700 g par animal et par jour à la mise-bas. Le rationnement en début de lactation “Je maigris mais je produis” En début de lactation, juste après la mise-bas, les besoins augmentent très rapidement alors que la capacité d’ingestion est encore limitée. Les réserves corporelles sont alors mobilisées et permettent de compenser l’insuffisance des ap- Alimentation ports énergétiques. La mobilisation de 1 kg de gras est équivalente à un apport de 3,7 à 3,9 UFL. Et une chèvre peut perdre sans risque jusqu'à 12 % de son poids pendant la période fin de gestation et début de lactation. Toutefois, attention aux excès d’état corporel qui favorisent les toxémies de gestation, les misesbas difficiles et les démarrages de lactation généralement moins bons. -3- Alimentation substitution de concentrés au fourrage existent par la faible capacité d’ingestion des chèvres à cette période. Les concentrés d’au moins 1 UFL favorisent l’élaboration de la ration, avec un niveau élevé de couverture des besoins, et un niveau de Matière Sèche Ingérée limité, laissant de la place pour l’ingestion de fourrages. Concernant les apports de matières azotées, il est nécessaire de couvrir rapidement la totalité des besoins des chèvres notamment avec un concentré riche en PDIA (exemple : tourteaux tannés). La première puis la deuxième semaine de lactation, un déficit en PDI dans la ration de 80 à 90 g puis de 20 à 30 g est tolérée ; en effet, en début de lactation, les chèvres peuvent utiliser une partie des protéines tissulaires. Au contraire, à partir de la troisième semaine, les besoins en PDI doivent être entièrement couverts par les apports alimentaires recommandés. En début de lactation, l’écart PDI/UFL peut être raisonné en fonction des réserves corporelles des chèvres. Avec des chèvres en état à la mise-bas, une courbe de lactation en pic est envisageable. Si ce n’est pas le cas, il convient de limiter les excès azotés qui risqueraient d’amplifier trop rapidement l’amaigrissement des animaux. Dans cette situation, un faible écart PDI/UFL induira une courbe de lactation plus persistante. En ce qui concerne les concentrés énergétiques, veiller à atteindre la quantité totale en cinq à six semaines après la mise-bas. Sinon, des risques de Les clefs du rationnement à chaque stade physiologique 4ème et 5ème mois de gestation Début de lactation − − − − − Le meilleur des fourrages Limiter les apports d’ensilage de maïs à 1,5 kg de matière brute jusqu’à la mise bas 15 jours avant la mise bas : 25 % de l’apport maximum de concentrés − − Augmentation prioritaire des apports azotés (apport de PDIA) Evolution progressive de la ration sur une durée d’un mois après la mise bas Pleine lactation − − Réviser les apports de concentrés en fonction de la production laitière Fin de lactation − Préparation de la prochaine lactation : adapter les concentrés à l’état corporel Si possible, réaliser un allotement à partir des productions laitières individuelles L’ingestion augmente progressivement de 200 à 250 g MS par semaine Eviter les modifications brutales d’alimentation Rationnement en pleine lactation “ je garde mon poids de forme ” La production laitière durant cette période est fortement dépendante du départ en lactation. Toutefois, des excès, notamment azotés, au cours de ces deux premiers mois de lactation, peuvent avoir des incidences sanitaires après le pic de lactation.(acétonémie, stéatose hépatique). On observe alors des chutes brutales de production de lait ou de taux au niveau de certains individus. -4- Alimentation Alimentation Notation de l’état corporel : « un outil d’avenir pour la gestion de l’alimentation » L’état corporel en caprin peut être estimé aux niveaux lombaire et sternal. Deux notes peuvent ainsi être attribuées aux animaux entre 0 et 5 avec des écarts possibles de 0,25 point. Dans nos systèmes intensifs d’élevage, ces notes vont varier : Les notes d’état corporel : quelques repères objectifs au niveau lombaire Mise-bas : 2,25 - 2,5 100 jours : 2,25 - de 2 à 3 en lombaire, 200 jours : 2,5 - 2,75 - de 3 à 4 en sternal Tarissement : 2,75 Une première notation de la région lombaire permet d’obtenir une indication rapide de l’état des chèvres. Notation de la région lombaire (Morand-Fehr) Anatomie du site lombaire Il est indispensable pour l’éleveur de faire le point sur l’état de son troupeau au sixième mois de lactation. L’estimation de l’état corporel doit permettre d’obtenir dès le 6ème mois et jusqu’au tarissement des notes d’état corporel au niveau lombaire comprises entre 2,5 et 2,75. Pour des états corporels voisins de 2, l’éleveur peut enrichir la ration journalière de 0,3 à 0,4 UFL soit 0,3 à 0,4 kg de concentré. A l’inverse, il faut éviter des surengraissements, quitte à diminuer les quantités de concentrés énergétiques, on ne pénalisera pas la production laitière. Alimentation (coupe transversale) -5- Alimentation RECOMMANDATIONS PRATIQUES : DE L’ANIMAL AU TROUPEAU Quelles rations pour mon troupeau ? Au sein d’un troupeau, les variations des performances laitières sont fréquemment de 20 à 40 % entre les animaux. On peut considérer, dans un élevage, que la répartition des productions laitières suit une loi normale ou “ courbe en cloche ”. Quand une ration couvre les besoins correspondant à la production laitière moyenne plus un écart type, les besoins d’environ 85 % des chèvres sont au moins couverts. (voir schéma n° 2). Ce qui fait que seulement 15 % des chèvres, les plus performantes, sont insuffi-samment nourries, alors qu’inversement 50 % des chèvres, les moins performantes, sont largement suralimentées. Cette inadéquation des apports aux besoins énergétiques se traduit par un accroissement de l’état d’engraissement chez les faibles productrices (augmentation de la note d’état corporel) et par une mobilisation des réserves chez les plus performantes. Il faudra faire alors une ration par lot, avec le choix d’un niveau de production adapté au lot. Si l’on ne fonctionne qu’avec un seul lot, il sera constitué de chèvres à des stades physiologiques différents : des chèvres en fin de gestation, d’autres qui ont mis-bas ou qui sont déjà en pleine lactation. Il faut déterminer le stade moyen et la production moyenne pour choisir le niveau d’apports. La mise en lot : des productions homogènes Pour coller aux besoins des animaux, et éviter sousalimentation ou gaspillage, il faut constituer des lots homogènes. Deux situations se rencontre le plus souvent : ⇒ l’éleveur gère un lot unique : - il peut être intéressant dans ce cas de constituer deux lots en fonction du niveau de production des animaux. Il a été montré que la constitution de deux lots permettait de réduire d’environ 25 % l’hétérogénéité initiale des niveaux de production entre les animaux, qui induit des différences d’ingestion Le passage de deux à trois lots semble moins efficace (- 6 % d’hétérogénéité). -6- Toutefois, tant sur le plan physiologique qu’économique, cette stratégie peut conduire à des difficultés de gestion de troupeau. C’est pourquoi, il convient au minimum de respecter une évolution raisonnée du rationnement par semaine en fonction du stade physiologique entre le 5ème mois de gestation et le 2ème mois de lactation. Dans ce choix de lot unique, il faudrait favoriser les mises-bas groupées en saison afin de faciliter le suivi de l’alimentation. De nombreux accidents métaboliques ont été observés dans des troupeaux en lot unique avec une maîtrise imparfaite de la reproduction et un étalement important des mises-bas. Alimentation l’éleveur gère déjà plusieurs lots constitués Alimentation ⇒ Ajustements et en fonction du stade physiologique des animaux : le processus est le suivant pour chaque lot : recommandations pratiques - choix d’un niveau de production adapté au lot - ration Qualité des fourrages : Le choix du niveau de production Il faut déterminer “ l’animal cible ” du lot (ou du troupeau). Il est fonction des objectifs de l’éleveur : 2/3 à 3/4 des animaux du lot auront une production, donc des besoins, inférieurs. En pratique, la production permise par la ration devra couvrir 0,5 à 1 l de plus en UFL que cette production moyenne et 1 l à 1,5 l de plus en g de PDI en début de lactation Exemple : pour un lot de chèvres à 4 l de moyenne (variant de 3 l à 5 l) en début de lactation, rationner à 4,5 l en UFL et 5 l en PDI. Les besoins en lactation pour une production de 4 l sont de 2,33 UFL et 230 g de PDI, et les apports pour le lot vont être de 2,5 UFL et 275 g de PDI, c’est-à-dire que les apports seront de 107 % en UFL et 120 % en g de PDI des besoins théoriques de l’animal moyen. Il faut tenir compte pour la ration de la qualité des fourrages. Si l’on distribue des fourrages de médiocre qualité (foin à moins de 0,65 UFL, ensilages humides à moins de 15 % de MS pour l’herbe et moins de 25 % de MS pour le maïs), il faudrait rationner les chèvres par petits lots pour faire face aux faibles ingestions de fourrage des moins bonnes laitières. Pour les bons fourrages distribués à volonté, il est possible d’avoir un même niveau de concentré pour l’ensemble des animaux. Courbe de répartition des production laitières des chèvres dans un troupeau % chèvres ingestion ration ajustée chèvres suralimentées chèvres sous-alimentées La Production Laitière (PL) objectif est celle de “ l’animal cible ” PL objectif PL moyenne Alimentation Ingestion de fourrages selon le niveau de production Concentré ingéré par toutes les Production laitière journalière par chèvre Production/Chèvre -7- Alimentation Rythme de distribution des concentrés : Vérifications : Pour une même quantité de concentrés, multiplier le nombre de repas augmentera l’efficacité de la ration. Dans tous les cas, il ne faut pas dépasser 400 g/repas. ⇒ 1 repas de concentrés/jour = risque d’acidose Une fois la ration calculée sur le papier, il est indispensable de vérifier les quantités réellement distribuées voire ingérées quand cela est possible. Les distributions à volonté ne correspondent pas toujours à une ration calculée. ⇒ 2 repas/jour = efficacité moyenne de la ration, On fera régulièrement attention aux refus. baisse du TB La quantité de refus (à peser de temps en temps) dépend essentiellement de la qualité des fourrages. Exemple : ⇒ 3 repas/jour et plus = peu de risque Il est souvent utile de vérifier les quantités réellement distribuées et celles ingérées. Un tarage de temps en temps (à chaque livraison) des diverses boites servant à la distribution est nécessaire. Ensilage de maïs bien conservé Bon foin de luzerne Foin moyen Vert Equilibre PDI/UFL : 5 à 10 % 20 % 30 % 10 à 30 % selon le stade Il convient aussi, bien sur, de contrôler que la production réelle du troupeau correspond à la production attendue. Comme toutes les sources d’énergie et d’azote ne sont pas utilisées à la même vitesse dans la panse, il faut faire coïncider autant que possible les apports de ces deux types de nutriments. S’assurer que tous les animaux aient accès à l’auge. Pour éviter les alcaloses qui apparaissent lors d’un déséquilibre entre PDIN et PDIE, il faut vérifier que : Les cornadis facilitent l’accès de tous. Stocks : PDIE - PDIN ———————— ≤ 12 Le calcul des apports pour chaque lot et pour tout le troupeau, permet de prévoir les besoins du troupeau durant toute la lactation, et de prendre ses dispositions suffisamment tôt en cas de manque. UFL En effet, grâce au recyclage de l’urée endogène dans le rumen, la chèvre pourrait compenser un déficit PDIE - PDIN = 25 g/j. Un exemple : une ration type pour 4 kg de lait : MS ingérée Foin (90 % MS) Ensilage de maïs (33 % MS) Concentré Total -8- 0,750 kg Fibrosité 80 % 0,6 kg 40 % 0,4 kg 1 kg (feuille tige) Refus MS distribuée Ration brute 1 kg 15 % 0,9 kg 1 kg 10 % 1,1 kg 3,3 kg 0 % (grain) 0,750 kg 0% 2,5 kg MS → 40 % 0 → 1 kg fibre Alimentation