no return

Transcription

no return
torpeur
no return
Publié sur Scribay le 17/12/2016
no return
no return
Ils cherchaient des volontaires. Ça, c'est sûr, il y en avait eu énormément, en très
peu de temps. La faute à internet, tout va si vite, désormais. Il y en avait qui ne
savaient pas pourquoi ils étaient là, il y avait des curieux, il y avait des farfelus
aussi. Tous un peu touchants, quelque part. Et surtout : à l'ouest. Oui : à l'ouest. Je
n'ai pas dérogé à la règle. Pour une fois qu'un évènement populaire arrive à
m'intéresser.
Une fois passées les longues heures d'attente dans le froid, c'est à une sorte de jury
que je faisais face. Ils m'ont posé quelques questions un peu loufoques, un peu
tordues. Au début, je me sentais à l'aise avec leur questions. Mais par la suite, je
crois bien que je me suis pris les pieds dans le tapis. Comme un mauvais
pressentiment. Ok, sans bafouiller, voilà ce que je veux dire : je me suis
complètement vautré, une fois de plus. Si j'osais, je dirai que j'avais placé pas mal
d'espoir dans ce concours. Les convaincre que je peux faire partie de leur projet. Vu
la tronche des autres concurrents, faut dire ce qui est, j'avais l'impression de
postuler pour le diner de cons. Pas un mal si j'échoue, en fait.
Quinze jours plus tard, j'ai reçu un appel téléphonique. Fidèle à moi-même, je n'ai
pas répondu, j'ai laissé le répondeur tout faire à ma place. Moui, bon, le message, je
l'ai écouté une dizaine de fois d'affilée pour mieux m'en persuader : j'avais réussi.
J'avais réussi ? Moi ? Réussir quelque chose ? Mmmh, impossible. La seule chose que
j'ai réussi dans ma vie, c'est de mettre un jeton dans un caddy. Et encore, des fois, le
charriot veut pas venir, malgré tous mes efforts. Mais cette fois-ci, j'ai réussi quelque
chose de grand. De plus grand que moi. D'inimaginable. Apparemment les messieursdames du jury ont été séduits par mon sang froid et ma capacité à m'adapter dans un
environnement inconnu et... perturbé. Bin oui, mon monde à moi, c'est d'évoluer
dans des brumes épaisses. Un monde de torpeur, quoi. Mon calme, à toute épreuve,
combiné à ma manière d'être un peu à l'ouest, à dû achever de les convaincre que je
serai le gars tout indiqué. J'ai enfin trouvé un projet qui me convienne. Ça relève du
prodige. Du prodige ou de la science fiction. Peu importe. J'ai pas cherché à
comprendre.
Dans trois mois jour pour jour, j'embarquerais dans une navette spatiale. Un bijou à
la pointe de la technologie conçu pour évoluer à une vitesse de croisière jamais vue.
J'aurai une réserve d'oxygène renouvelable, pour une durée de plusieurs années, au
moins.
J'irai là où personne n'a jamais été, c'est certain.
no return
C'est un point de détail qui a rebuté pas mal de monde, mais pas moi :
C'est un aller simple vers l'inconnu.
Et il n'y aura aucun retour possible.
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