Pourquoi Dieu n`est-il plus un sujet philosophique ?

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Pourquoi Dieu n`est-il plus un sujet philosophique ?
CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
POURQUOI DIEU N'EST-IL PLUS
UN SUJET PHILOSOPHIQUE ?
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
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conférence N°1600-259
POURQUOI DIEU N’EST-IL PLUS
UN SUJET PHILOSOPHIQUE ?
Conférence d’Éric Lowen donnée le 18/05/2009
à la Maison de la philosophie à Toulouse
Pendant longtemps, la question de dieu était une question légitime en philosophie, dieu était
un sujet philosophique à part entière, si ce n’est “Le” sujet philosophique essentiel. Mais
aujourd’hui, en tenant compte du progrès des connaissances et de la philosophie, dieu n’est
plus un sujet philosophique. Il n’y a plus d’interrogation philosophique sérieuse sur “dieu”, qui
n’est qu’un dahu métaphysique. Cette conférence présentera les raisons de cette évolution
intraphilosophique, la redomanialisation de la question de dieu et les conséquences de cette
situation pour la modernité philosophique autant que pour les religions.
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POURQUOI DIEU N’EST-IL PLUS
UN SUJET PHILOSOPHIQUE ?
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
I
LA DISPARITION DE LA NOTION DE DIEU EN PHILOSOPHIE
1 - Dans la philosophie, Dieu fut longtemps un sujet central
2 - Mais aujourd’hui, il n’y a plus de débats philosophiques quant à Dieu
3 - Le temps nietzschéen de la mort de Dieu est lui aussi fini
4 - La philosophie semble être passée à d’autres interrogations, à d’autres problématiques
5 - Au même titre que Dieu n’est plus un débat scientifique, il ne relève plus de la science
II
LES RAISONS DE CELA
1 - Le résultat d’un double mouvement : philosophique et scientifique
2 - Le mouvement intraphilosophique
A - La conséquence d’un mouvement philosophique engagé à la Renaissance
B - La transition spinoziste, à l’encontre de Descartes qui ne franchit pas ce Rubicon
C - L’application de l’exigence de rationalité à dieu lui-même
D - Le retour à la rigueur rationnelle dans la démarche philosophique
E - La rationalisation de dieu avec les Lumières
F - Nietzsche et la mort de dieu, l’émancipation métaphysique
G - Le positivisme logique du Cercle de Vienne et Bertrand Russell pour l’émancipation
méthodologique
H - Sartre et l’existentialisme, l’émancipation idéaliste
I - Le réenchantement des philosophies post-théistes
3 - Le mouvement scientifique : déréalisation et imaginalisation de “dieu”
A - L’écroulement progressif des postulats rationnels de l’existence de dieu
B - Le développement des sciences humaines, son application à la question de dieu
C - Le développement de la psychologie, son application à la religion et aux croyants
4 - Dieu n’est donc plus un objet de réflexion philosophique car il n’est plus Dieu
5 - Et parce que la philosophie s’est déreligionisée et rephilosophisée
6 - Elle n’est plus une voie de connaissance en soi, elle s’appuie sur les connaissances positives
7 - Les philosophes les plus avancés en ont pris acte, mais sans toujours l’avoir énoncé comme tel
III
SI DIEU N’EST PLUS UN OBJET PHILOSOPHIQUE
1 - Plus qu’un changement de thématique philosophique, une redomanialisation philosophique
2 - La notion de domaine philosophique et de redomanialisation philosophique
3 - Les sujets théistes sont renvoyés uniquement à la sphère des croyances religieuses
4 - Un mouvement qui correspond à une restructuration profonde de la philosophie
5 - La fin de la métaphysique et le retour de l’exigence méthodologique de la pensée philosophique
6 - La fin de la subordination de la philosophie à la religion : la Renaissance philosophique
7 - Plus précisément, la fin de la subordination thématique imposée par les religions
IV
LES CONSÉQUENCES DE CETTE SITUATION POUR LA PHILOSOPHIE
1 - Le déplacement des questionnements relatifs à des déités vers le pourquoi de ces croyances
2 - Une humanisation de la problématique : la fin de dieu-en-soi, le début de dieu-croyance
3 - Une anthropologisation de la religion : elle n’est que création humaine
4 - Une rupture “copernicienne” par rapport à bien des philosophies passées, devenues dépassées
5 - Un meilleur respect de la prosophia, de la pensée philosophique et de la nature de la philosophie
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6 - Aujourd’hui, maintenir en philosophie la question de Dieu au sens ancien serait obscurantiste
7 - En philosophie, ce mouvement est l’indication qu’il y a bien une histoire de la philosophie
8 - La redomanialisation de dieu est un des éléments du progrès de la philosophie moderne
V
CONCLUSION
1 - Une évolution philosophique aboutissant à des philosophies post-théistes
2 - Et faisant de l’athéisme une donnée structurelle de toute philosophie moderne
ORA ET LABORA
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Document 1 :
DIALOGUE ENTRE UN PHILOSOPHE ET UN CROYANT
- Le croyant : Que pensez-vous de Dieu ?
- Le philosophe : Dieu ? Vous me parlez de “dieu”, qu’est-ce donc que cette notion ?
- Le croyant : L’Être Suprême qui créa le monde et l’homme, qui est à l’origine de toute
chose.
- Le philosophe : Ah oui, bien sûr ! Excusez-moi. J’avais oublié mes cours d’histoire des
croyances à propos de l’existence de cette ancienne mythologie qui succéda à celle de
Zeus dans le monde antique occidental.
- Le croyant : Comme ça, une mythologie ? Mais donc, que pensez-vous de Dieu ?
- Le philosophe : Philosophiquement, je n’en pense rien. Il n’y a rien à en penser en
philosophie puisqu’il n’est rien. La philosophie s’occupe de ce qui est. Si vous voulez
que nous discutions de l’existence d’entités imaginaires comme “dieu”, des licornes
roses ou des yétis, faites preuve d’un peu de rigueur méthodologique et commencez
par établir objectivement et rationnellement son existence au-delà de vos convictions
personnelles. À ce moment là, et à ces conditions, nous pourrons parler de la déité
“dieu” en philosophie et de matière philosophique. En attendant, votre question est
insensée, elle n’a pas de sens.
- Le croyant : Cela ne prouve pas que Dieu n’existe pas.
- Le philosophe : C’est normal, puisqu’on ne peut prouver l’existence que de ce qui est.
Tout comme je vous mets au défi de trouver une preuve objective de l’inexistence du
Père Noël. Vous ne pouvez pas plus trouver une preuve directe de l’inexistence de
Mickey ou de Superman que de la déité “Dieu”. Je vous rappelle que c’est à celui qui
affirme une chose d’en apporter la preuve, la charge de la preuve appartient à celui qui
avance une idée. Ce qui est affirmé sans preuve peut être nié sans preuve, ce faisant
j’aurais toujours plus raison même en ayant tort qu’en ayant raison sans raison, par
simple chance. C’est donc à vous d’apporter les preuves objectives de l’existence de
Dieu comme préalable à toute discussion.
- Le croyant : Le croyant n’a pas besoin de preuve, c’est par la foi que l’homme sait que
Dieu existe. La foi lui fait ressentir la présence de Dieu à ses cotés, elle lui fait saisir sa
transcendance, son amour pour l’homme, son infini miséricorde.
- Le philosophe : Si c’est par la foi que l’homme sait que la déité “dieu” existe, pourquoi
alors avez-vous besoin de m’en parler, et surtout de tenter de me convaincre de son
existence pour que j’y crois ? Dans ce cas-là, pourquoi avez-vous besoin de
missionnaires pour propager votre croyance ? La foi est la conséquence de l’adhésion
émotionnelle à une croyance, il faut d’abord croire en dieu pour avoir la foi en dieu. La
foi ne prouve donc rien, sauf que pour vous c’est une croyance maîtresse. Si l’existence
de cet être imaginaire était aussi évidente que cela, nous n’aurions pas cette discussion
et il n’y aurait pas autant de croyances religieuses si diverses et hétéroclites à travers
l’histoire de l’humanité. Si la déité “Dieu” était une réalité, son existence s’imposerait en
commun aux hommes comme toute réalité factuelle. Discutons-nous de l’existence du
Soleil ? Nous pouvons discuter de la nature du soleil, de son importance pour la vie ou
tout ce que vous voulez parce que, d’abord, nous avons établi autrement que par
l’imagination sa réalité. Votre manière de faire revient à m’imposer de discuter de la
nature d’une chose avant-même d’avoir établi son existence.
- Le croyant : Mais par essence, Dieu est au-delà de la raison, son existence ne se
démontre pas comme celle d’un kilo de plomb. Dieu est au-delà des moyens humains
de connaissance, il faut se fier à la révélation.
- Le philosophe : Comment faites-vous pour le savoir ? Qu’est-ce qui vous permet
objectivement de le dire puisque vous refusez d’appliquer cette épreuve de vérité à
l’hypothèse que vous appelez “dieu”. C’est ce que disaient aussi les fidèles de Zeus ou
d’Isis, c’est aussi ce que disaient les fidèles de Bendis ou d’Astarté, de Mani et de
Zoroastre.
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- Le croyant : Ne parlez pas de ces idoles païennes, ce n’est pas la même chose, je vous
parle du vrai dieu, de Dieu.
- Le philosophe : Comment faites-vous pour savoir que le votre est vrai et que les autres
sont faux puisque vous refusez de soumettre vos affirmations à la rigueur de
l’investigation rationnelle et à l’expérience critique ? Cela ne coûte rien d’affirmer
n’importe quoi. Pourquoi votre déité “dieu” serait plus vraie que Quetzalcoalt ?
- Le croyant : C’était une idole aztèque, un dieu polythéiste précolombien. Il n’y a donc
rien à en penser puisque ce n’était qu’une croyance collective des aztèques. La
conséquence de leur ignorance et de leur interprétation magique des forces naturelles.
- Le philosophe : Puis-je vous poser à mon tour une question ? Pourquoi croyez-vous en
l’existence de cette déité “dieu” ? Pourquoi croyez-vous en son existence alors que
vous n’avez aucun fait tangible, aucun élément objectif, nulle indication rationnelle à son
propos ? Pourquoi, alors que tout, dans le monde, se passe fort bien de croire en cet
être imaginaire qu’est dieu, tout comme de Dionysos ou d’Apollon, vous, vous vous
efforcez à contresens de votre raison, de vous convaincre de son existence ? Pourquoi
avez-vous ce besoin de faire de ce genre de croyance une question essentielle pour
vivre ?
Dialogue d’un philosophe et d’un croyant
dialogue inspiré d’une discussion intervenue dans les débats après un café
philo sur “Sur quoi peut-on fonder une éthique sans dieu ?” le 13-12-2005
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Quelques livres sur le sujet
- L'esprit de l'athéisme - Introduction à une spiritualité athée, André Comte-Sponville, Albin Michel, 2006
- A-t-on encore besoin d'une religion ?, André Comte-Sponville, Alain Rémond, Bernard Feillet, Éditions de
l’Atelier, 2003
- Le sens de la philosophie, Marcel Conche, Encre Marine, 2003
- Le Cercle de Vienne, Doctrines et Controverses, Jan Sebestik, Antonia Soulez, Éditions L’Harmattan, 2001
- Dieu face à la science, Claude Allègre, Fayard, 1997
- Homme Dieu ou le sens de la vie, Luc Ferry, Grasset, 1996
- L’Être et le néant, essai d’ontologie phénoménologique, Jean-Paul Sartre (1943), Gallimard, 1981
- Science et religion, Bertrand Russell (1937), Folio, 1991
- Les deux sources de la morale et de la religion, Henri Bergson (1932), PUF, 1951
- Nathan le sage, Lessing Gotthold Ephraim (1778), Aubier Éditions Montaigne
- Dialogue sur la religion naturelle, David Hume (1776), Éditions Hatier, 1982
- Méditations métaphysiques, René Descartes (1647), Flammarion, 1979
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