Vrac Vinyl - Friendship First
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Vrac Vinyl - Friendship First
VINYL - 23 rue des Menus Plaisirs - 78690 Les Essarts-le-Roi ([email protected]) UZTAGLOTE : La Libération Des Corps CD L’Autre Distribution ROS 242835 © 2007 Je Vais Mourir Jeune Et Seule / La Fête Mondiale Du Sexe / Putain De Cloison / Roseline / Les Laveries Automatiques / Limoges / Pour Vous Plaire / Je Rêve Souvent / La Poupée / Ma Suzuki / La Mala Reputacion / La Vache / Chanson Mortelle. 24 Les lecteurs attentifs de VINYL (V N°42) ne peuvent ignorer l'existence du groupe UZTAGLOTE composé d'une frêle chanteuse, accordéoniste et flûtiste et de deux puissants chanteurs guitaristes. Il est connu dans la région nantaise où il écume les petites et grandes scènes. Il peut maintenant espérer séduire le reste de l'hexagone avec son CD La Libération Des Corps. Et pour un premier album, c'est une véritable réussite. Les voix masculines et féminine, subtilement utilisées tantôt en solo, tantôt en dialogue, tantôt en polyphonie et l'intervention délicate de l'accordéon ou de la flûte avec les habituelles guitares, convergent pour donner au groupe une belle originalité sonore et musicale ; de même, les contenus des chansons confluent tellement vers un thème principal qu'on est quasiment en présence d'une sorte d'album concept. Le ton est donné dans la chanson d'ouverture aussi rythmée qu'est obsédante l'épaisse solitude déclinée par l'héroïne dans toutes ses composantes ("Dans mes rêves de fille seule / ... / invitée à tous les galas / Accroché à mon bras c'est Alexis HK" - lequel fait d'ailleurs une petite apparition incognito dans le disque !), qui va "mourir jeune et seule / Seule et sans l'assumer" ; seule comme la coquette qui s'expose dans le paysage aux regards des passants (La Vache). Le besoin et les moyens d'échapper au délaissement, de dialoguer, de faire connaissance, d'échanger et de se désirer constituent le fil conducteur des chansons de ce disque. Dès l'enfance le sentiment d'abandon se développe malgré les montagnes de jouets sophistiqués et inadaptés alors qu'une simple poupée aurait suffi à l'affectif (La Poupée) ; il se poursuit à l'école primaire dans les Vrac Vinyl (& Bouquins !) petites histoires d'amour contrariées (Je Rêve Souvent). Et plus tard, les palissades artificielles, qui entravent les possibles rencontres, symbolisent les difficultés à communiquer et à aimer (Putain De Cloison). Pour les franchir, on ne lésinera pas sur les tactiques, que ce soit la Suzuki, la laverie automatique ou toutes autres galanteries pour au final "dormir nu dans votre lit". Parfois on y arrive, sans illusion comme la coiffeuse de Limoges amourachée de son marchand de porcelaine qui "ne pense à rien, à trois fois rien" ou avec frénésie comme Diane libérant son corps dans un enthousiasme explosif et communicatif et qui fantasme le monde entier en copulation permanente (La Fête Mondiale Du Sexe). Au final une vie de femme comme celle de Roseline (rescapée de la première démo du groupe en 2003), avec son lot de bonheurs et de médiocrités, jolie chanson qui rejoint sans les déparer les Sac À Vie d'Agnès Bihl, Vie De Femme de Romain Didier ou Vanina S'En Va de Véronique Pestel. Et en prime, une Mala Reputacion en français et en espagnol, discrète allégeance au non-conformisme de l'ancêtre Brassens. L'ensemble de ce disque à l'inspiration très actuelle est sautillant et festif, et les mélodies donnent envie d'apprendre les chansons tant elles restent dans la tête après l'écoute ! Un CD à acquérir en confiance car bon sang ne peut mentir François BELLART - Juin 2007 The Good The Bad & The Queen CD Parlophone 373 0672 © 2007 History Song / 80’s Life / Northern Whale / Kingdom Of Doom / Herculean / Behind The Sun / The Bunting Song / Nature Springs / A Soldier’s Tale / Three Changes / Green Fields / The Good, The Bad & The Queen. (43’00”) Au milieu d’une production pléthorique présentant des albums d’une extraordinaire banalité donnant trop souvent cette impression de déjà entendu, il arrive parfois des OVNI ne ressemblant à rien dont on sait dès la première écoute qu’on les réécoutera avec autant de plaisir dans dix ou vingt ans sans les trouver “datés”, car n’usant d’aucun artifice irrémédiablement démodé. C’est le cas de ces deux CD (le second, chronique suivante) qui ne quittent pas mes platines depuis un mois. VINYL n°59 • Juillet - Août 2007 Le seul point commun entre les deux étant le concept western. Les anglais de The Good The Bad & The Queen l’adoptent dès le titre - qui est également le nom de ce “super-groupe” constitué de Damon Albarn (Blur, Gorillaz), Paul Simonon (bassiste des Clash), Tony Allen (Fela Kuti) et Simon Tong (The Verve) - aux odeurs délicieusement surannées de Sergio Leone. “Le bon, le mauvais et la Reine” est la chronique cotonneuse d’une Angleterre fin de siècle aux climats extraordinairement restitués. Une traversée de Londres dans l’opacité de ce légendaire smog, suite d’instantanés typically british comme savaient les pondre les Who, les Kinks de Waterloo Sunset, ou les Beatles de Penny Laine. Ajoutons à l’ambiance le pessimisme de George Orwell et l’esprit déjanté de Syd Barrett... La voix assez “moyenne” de Albarn est parfaitement identifiable et ses touches de claviers évoquant A Day In The Life (des mêmes Beatles) tout à fait réjouissantes (Kingdom Of Doom). J’ai un sourire ému de la décennie passée où la presse rock entretenait la rivalité Blur / Oasis, deux groupes alors au sommet de la Britt-Pop. On mesure aujourd’hui le chemin parcouru par les uns et les autres : Blur - et surtout Albarn - semblent avoir fait plusieurs fois le tour du monde alors qu’Oasis donne l’impression d’être resté sur le quai de la gare avec ses valises ! Le travail de l’habile faiseur pop qu’est Damon Albarn sur ce nouveau projet ne fait que renforcer cette disparité... Quant au bûcheron des Clash, celui qui joue avec la basse à hauteur des genoux, son jeu est ici d’une remarquable subtilité, malgré une ligne auto-parodiée de son propre Guns Of Brixton (in London Calling des Clash) sur Three Changes. Enfin, il faut attendre la dernière plage (la chanson titre) pour voir le quartet passer enfin la surmultipliée, apocalyptique libération de cette Angleterre Thatcherienne. Jouissif ! Même si aucune pub-TV ne vous en rebat les oreilles, ce disque intemporel au spleen classieux est un futur grand classique.... Robin RIGAUT - Juillet 2007