dossier de presse - Théâtre de Lenche

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dossier de presse - Théâtre de Lenche
Théâtre -chanson
1er >17octobre 2010
Théâtre de Lenche
Spectacle d’ouverture de saison
JE NE SAIS QUOI
Cie Marche la route (Paris)
D’après les chansons d’Yvette Guilbert
et sa correspondance avec Freud
Chant et conception : Nathalie Joly
Piano : Jean Pierre Gesbert
Sous le regard complice de Jacques Verzier
CONTACT PRESSE : Sylvia Duranton – Théâtre de Lenche
4, place de Lenche - 13002
04 91 91 52 22
[email protected] / www.theatredelenche.info
Spectacle ébauché sur une proposition de Paul Denis à la demande de la Société
Psychanalytique de Paris pour le 150ème anniversaire de Freud et les 80 ans de la SPP,
en coréalisation au Théâtre de la Tempête/Cartoucherie (novembre & décembre
2008). Créé avec l’agrément des Sigmund Freud Copyrights, du London Freud
Museum, de la Société des Gens de Lettres de France et des éditions Gallimard.
JE NE SAIS QUOI : YVETTE GUILBERT ET FREUD
Freud avait entendu Yvette Guilbert dès ses débuts au Cabaret lors de son premier séjour à Paris,
lorsqu’il suivait les consultations de Charcot vers 1890. Elle figurait pour lui le Paris de sa
jeunesse. Frappé par l’esprit de l’interprète qui saisit l’âme humaine avec humour et cruauté,
compassion et tendresse, il lui fait part de son admiration. Tous deux cherchaient dans les “terres
inconnues” de la sexualité ce qui alimente la vie de l’esprit.
Yvette Guilbert, la diseuse fin de Siècle, reine incontestée du caf’conc’, fut pendant cinquante
ans l’ambassadrice de la chanson française dans plus de trente pays. Son art de l’authenticité
séduit Freud. Leur correspondance inédite retrace l’exil de Freud et leurs échanges entre Vienne,
Paris et Londres. Cette création témoigne d’une amitié qui dura un demi-siècle.
On reconnaîtra le « Je ne sais quoi » de la célèbre chanson « Madame Arthur » ou le « Dites-moi
que je suis belle », chanson préférée du Maître de la Psychanalyse. Passionnée par les formes
parlées et chantées, et particulièrement par la musique de Kurt Weill et le sprech gesang,
Nathalie Joly dirige depuis longtemps ses recherches vers le répertoire des années 30-40 : en
France dans la chanson réaliste ou l’intermède forain, en Allemagne dans le cabaret Berlinois, en
Espagne dans le café cantante, comme en Roumanie dans la doîna, partout on retrouve dans cette
Europe de l’entre-deux-guerres cet art particulier du parlé chanté. L’origine en France de cet art,
c’est chez la première diseuse, Yvette Guilbert, qu’il faut la chercher, comme Sarah Bernhard est
le maître dans l’art de la déclamation. Charles Gounod lui dit en l’entendant : « Continuez à
parler en chantant comme vous le faites, c’est là votre "merveille", ce chant parlé, ce rythme
dans le verbe ».
« Pour l’artiste, comme pour la diseuse de chansons, cette science du beau parler doit
s’augmenter de la science d’allumer et d’éteindre les mots, de les plonger dans l’ombre ou dans
la lumière, selon leur sens, de les amoindrir ou de les amplifier, de les caresser ou de les mordre,
de les sortir ou de les rentrer, de les envelopper ou de les dénuder, de les allonger ou de les
réduire…» Yvette Guilbert (La chanson de ma vie, Grasset).
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Sigmund Freud prétendait ne pas aimer la musique, mais il aimait les chansons d’Yvette Guilbert,
pas seulement parce qu’elles lui rappelaient le Paris de sa jeunesse, mais par tout ce que ces
chansons exprimaient de sentiments profonds, de désirs, de conflits et d’humour dans la détresse.
A l’inverse de Romain Rolland qui s’abandonnait volontiers au « sentiment océanique »
communiqué par les foules ou par l’orchestre, Freud se gardait de l’exaltation, sans doute
pensait-il que c’est un état qui fait perdre le contact avec la réalité et a toujours quelque chose
de factice. Il n’aimait l’air qu’avec la chanson, mais aussi avec le talent de l’artiste, avec sa
présence charnelle. L’émotion dont il parle en évoquant certaines pages d’Yvette Guilbert, « La
soularde » par exemple tient à la justesse du texte dans l’expression du malheur, de la déchéance
sociale et du rejet dont la souffrance psychique est l’objet, mais aussi au talent de la comédienne
chantante, de l’artiste dont Freud n’a jamais tenté de réduire le mystère : « Pourquoi frémit-on
en entendant “La Soularde ” ou pourquoi répond-on “oui” avec tous ses sens à la question: “Ditesmoi si je suis belle” ? … Mais on en sait si peu là-dessus », écrivait-il à son amie. La souffrance
psychique et sa négation vont de pair avec le refus de l’inconscient : Freud ne pouvait qu’être
sensible aux manifestations de l’inconscient qui apparaissent à tout moment dans les couplets
d’Yvette Guilbert : la joie sadique de la dame du « Fiacre », débarrassée de son mari, le
pragmatisme indulgent de Dame Gertrude, dame entretenue, qui préfère tellement choisir les
vieux, l’omniprésence de la sexualité dans la vie… Yvette Guilbert se joue et joue des traits les
plus noirs de l’esprit. C’est sur cette communauté de sensibilité que s’est fondée l’amitié de
Freud et d’Yvette Guilbert, liés par leur aptitude commune à l’indulgence et plus encore à
l’humour, cette musique du sourire si nécessaire pour supporter les vicissitudes de l’existence.
Paul Denis (©Préface du CD livre « Je ne sais quoi »)
PROGRAMME DES CHANSONS
• Wenn ich mir was wünschen dürfte (de Friedrich Hollaender)
• Dites-moi que je suis belle ( D’E. Deschamps, musique anonyme du XIVe siècle)
• Laissez faire le temps (d’Y. Guilbert)
• J’ m’embrouille (de Paul de Kock / Musique d’Y. Guilbert)
• L’éloge des vieux (Abbé de L’attaignant / Y.Guilbert)
• Verligodin (Trad. / Y. Guilbert)
• 4 chansons parisiennes de Léon Xanroff :
- Le fiacre
- Très bien
- L’hôtel du n°3
- Maîtresse d’acteur
• Quand on vous aime comme ça (de Paul de Kock / Musique d’Y. Guilbert)
• La glu (Légende bretonne: Jean Richepin / Charles Gounod)
• Madame Arthur (de Paul de Kock / Musique d’Y. Guilbert)
• On dirait qu’c’est toi (D’Eugène Lemercier / Musique Victor Leclerc)
• Les bonnes grosses dames (de Jean Bataille)
• D’elle à lui (de Paul Marinier)
• Im chambre séparée (Valse viennoise de Richard Heuberger)
• La soularde (de Jules Jouy / Eugène Porcin)
Le petit cochon (Eugène Héros / HT Smith
Un CD livre réunit les 19 chansons d’Yvette Guilbert interprétées dans le spectacle, il est
accompagné d’un livret de 48 pages rassemblant les textes des chansons et toute la
correspondance inédite entre Freud et Yvette Guilbert. Marche la Route / Seven Zyc
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PROCHAINES DATES DU SPECTACLE
- 1er au 17 octobre 2010 au Théâtre de Lenche à Marseille / Série de 14
représentations
- 19 et 20 octobre 2010 à la Scène Nationale d'Albi, Musée Toulouse Lautrec
- 26 octobre 2010 Institut Français de Madrid
- 28 octobre 2010 Institut Français de Barcelone
- 29 octobre 2010 Institut Français de Valencia
- 26 novembre 2010 au Centre Culturel Aragon Triolet d'Orly
- 7 décembre 2010 aux Trois Pierrots & Musée de Saint Cloud
- du 14 décembre 2010 au 02 janvier 2011 au Théâtre de la Vieille Grille, Paris
5ème / Série de 17 représentations
- 13 janvier 2011 à l'ACB Scène Nationale de Bar le Duc
- 14 janvier 2011 à la Maison des Arts et Loisirs de Laon
- 16 janvier 2011 à l'Espace 93 de Clichy-sous-Bois
- 21 janvier 2011 au Quai des Arts de Vibraye, Sarthe
- 25 janvier 2011 à l'Espace Albert Camus de Bron
- 11 février 2011 à l'ODC de l'Orne
- Mars 2011 (en cours) à l'Institut Français et au Musée Freud de Vienne, Autriche ;
puis au Brésil et en Argentine…
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BIOGRAPHIES
CHANT ET CONCEPTION : Nathalie Joly
Elle est passionnée par toutes les formes parlées – chantées, à l’origine de ses précédents
spectacles. Je sais que tu es dans la salle sur Yvonne Printemps et Sacha Guitry, Cabaret ambulant
(1 CD) sur le Théâtre forain, J’attends un navire - Cabaret de l’exil sur Kurt Weill, Cafés Cantantes
chansons de superstition (1 CD), Paris Bukarest sur Maria Tanase (1 CD c /o rue Stendhal).
Comédienne–chanteuse, elle obtient un 1er prix de chant à l’unanimité au CNR de Boulogne
Billancourt, un 1er prix de musique de chambre et le D.E. de technique vocale, puis travaille sous la
direction de Philippe Adrien (« Rêves de Kafka » et « Ké voï »), Thierry Roisin (« Les Pierres »),
Michel Rostain (« Jumelles »), Diego Masson (« Chansons de Bilitis »), Alain Françon, et l’Opéra de
Lyon (« La vie Parisienne »), Maurice Durozier, Lisa Wurmser, Olivier Benezech, Simon Abakarian…
et des compositeurs comme Maurice Ohana, le GRAME, James Giroudon et Pierre Alain Jaffrenou,
David Jisse, Christian Sebille, Philippe Legoff… Directrice vocale pour les spectacles de Lisa
Wurmser et Patrick Sommier, elle enseigne en France (CNAC) et à l’étranger, notamment au
Théâtre National et à l'Université des Beaux arts de Kaboul en Afghanistan, où elle a réalisé le film
Tashakor.
PIANO : Jean Pierre Gesbert
Pianiste et acteur, il enseigne le chant aux élèves-comédiens de l’Ecole du Studio à Asnières et
réalise avec la troupe du Studio l’Opéra de quat’sous de Martin Barbaz. Il travaille notamment avec
Laurent Pelly Les bouchons chantent Mireille et Jean Nohain « Opérette », il accompagne Philippe
Meyer dans Causerie et Paris la grande, Fabienne Guyon, Mona Heftre, Lydie Pruvot Conjugaison
Fatale, et Nathalie Joly dans J’attends un navire - Cabaret de l’exil d’après Kurt Weill.
Parallèlement il travaille avec Laurent Pelly, Jérôme Savary et Hervé Van der Meulen.
MISE EN SCÈNE : Jacques Verzier
Acteur et chanteur, il a joué au théâtre Euripide, Shakespeare, Molière, Dubillard, Cormann,
Minyana, dans des mises en scène de Philippe Adrien, Eric Vignier, Robert Cantarella, Jean-Luc
Lagarce. Après avoir chanté Mireille et Jean Nohain en compagnie des Bouchons à l'Olympia, il est
de toutes les aventures musicales de Laurent Pelly : Souingue, Et Vian, en avant la Zique et C'est
pas la vie (2001). Il participe à La Théorie de la démarche de Balzac, m.e.s. Jean Lacornerie Kiss
me Kate, Théâtre Mogador Le Cabaret de Jérôme Savary (rôle du maître de cérémonie), Les Hors la
loi d'Alexandre Bonstein, m.e.s. Agnès Boury Souingue Souingue, m.e.s. Laurent Pelly, Sugar Opéra
de Toulon Pour toi, Baby ! de George Gershwin, m.e.s. Jean Lacornerie Signé Vénus et Lady in the
dark de Kurt Weill m.e.s. Jean Lacornerie, Le Belvédère d'Otto von Horvath, et La nuit des rois de
Shakespeare mise en scène par Jacques Vincey. Et sur les scènes lyriques : Les Aventures du Roi
Pausole, m.e.s. Alain Marcel La Vie Parisienne, m.e.s. Alain Françon, Les contes d’Hoffmann,
Production de Louis Herlo
Nathalie Joly & Jacques Verzier se sont rencontrés sur la création des Rêves de Kafka, puis de Ké
voï sous les auspices de Philippe Adrien. Premiers échanges de vocalises. Ils se retrouvent
régulièrement sur plusieurs créations : 40 paysages fixes pour piano d’Yvan Blanloeil au Théâtre de
la Bastille, La vie Parisienne d’Offenbach avec l’Opéra de Lyon sous la direction d’Alain Françon,
Opéra Nostra d’Eric Lareine, où ils jouent ensemble Polly et Peachum. Ils ont créé et joué ensemble
un spectacle sur Kurt Weill « J’attends un navire, cabaret de l’exil » au Théâtre de la Tempête.
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EXTRAITS DE PRESSE
LE MONDE, 24.12.09
De l'intérêt de Sigmund Freud pour Yvette Guilbert, la plus moderne des chanteuses d'antan.
Nathalie Joly retrouve le parlé chanté caractéristique de « Madame Yvette ». Parce qu'il
s'intéressait aux femmes, à l'art, et à leurs mystères respectifs, Sigmund Freud avait été subjugué
par Yvette Guilbert (1865-1944). Le médecin viennois était venu à Paris en 1890 afin de suivre les
consultations du professeur Charcot, grand spécialiste de l'hystérie. La chanteuse de cabaret faisait
ses débuts à l'Eldorado, et le fondateur de la psychanalyse écouta bouche bée Dites-moi si je suis
belle, chantée sur une mélodie tortueuse datant du XIVe siècle. Freud resta fidèle au modèle favori
de Toulouse-Lautrec, qui la dessinait sans relâche, taille fine, yeux perdus, longs gants noirs.
En 1897, la plus moderne des chanteuses d'antan épousa un autre Viennois, biologiste, Max Schiller.
Plus tard, Freud accrocha à son mur, à côté du portrait de son amie l'écrivain Lou Andreas-Salomé,
celui de cette femme qui fascina Paris et bien au-delà, jusqu'à ce qu'elle tombe malade en 1900. Et
Freud entretint une passionnante correspondance avec la "diseuse fin de siècle", unique en son art
du parlé-chanté et du théâtre en scène.
Passionnée par ce genre très européen, Nathalie Joly a construit un spectacle, Je ne sais quoi,
fondé sur dix-neuf chansons et dix-huit lettres inédites, écrites entre 1926 et 1939 - Freud était
alors réfugié à Londres. Elle l'a créé fin 2008 à l'initiative de la Société française de psychanalyse, à
la Cartoucherie de Vincennes, et le présente jusqu'au 31 décembre avec un pianiste, Jean-Pierre
Gesbert, sur la petite scène de la Vieille Grille, un cabaret comme il en reste peu à Paris. Un
passionnant coffret a, en outre, été édité, qui contient les chansons du spectacle et le texte des
lettres qui lui ont été confiées par le Freud Museum de Londres.
D'Yvette Guilbert, on a gardé ces chansons composées par Léon Xanrof - un certain M. Fourneau, qui
transposa son nom en latin, fornax, et inversa le tout -, qui firent le miel de Barbara, à ses débuts
en 1950. Le Fiacre ou la magnifique Maîtresse d'acteur sont des mélodies qui ont traversé le siècle.
Yvette Guilbert, la diseuse, mettait des musiques sur des textes de Paul de Kock (Madame Arthur),
des thèmes anciens (Verligodin) ou s'emparait de drames fabuleux, comme celui de La Glu (de Jean
Richepin et Gounod) ou de La Soularde (Jules Jouy et Eugène Porcin).
Freud s'interrogeait sur l'essence de l'artiste. D'un côté, Yvette Guilbert, qui changeait sans cesse de
registre - drame, humour, personnages louches, prudes, voyous, femmes trahies, femmes cruelles,
femmes naïves, etc. De l'autre, par exemple, un Charlie Chaplin, "qui joue toujours le même rôle,
celui du garçon souffreteux, pauvre, sans défense, maladroit, mais pour qui finalement tout tourne
bien. Or, pensez-vous que pour jouer ce rôle il lui faille oublier son propre moi ? Au contraire, il ne
représente jamais que lui-même, tel qu'il était dans sa pitoyable jeunesse", écrit Freud à Max, le
mari de "Madame Yvette".
A propos d'Yvette Guilbert, qui a une trentaine de "femmes" à son répertoire, Freud reçoit cette
réponse de Max Schiller : "Yvette Guilbert a une formidable énergie de concentration, une
sensibilité très forte, une imagination tout à fait extraordinaire. A cela s'ajoutent une capacité
d'observation considérable, et enfin, une volonté monumentale de créer dans le vrai, fût-ce à ses
dépens."
En ce sens, Je ne sais quoi est un spectacle passionnant, drôle souvent, jamais pesant, sobre (mise
en scène de Jacques Verzier), qui permet à la fois de redécouvrir des chansons dites réalistes (La
Soularde), des fables (La Glu, histoire d'un pauv' gars qui tue sa mère et lui prend le coeur à la
demande d'une cruelle amoureuse ; sur le chemin, il court, le coeur tombe, roule sur le chemin et
lui demande en pleurant : "T'es-tu fais mal mon enfant ?") ; des polissonneries (Quand on vous aime
comme ça).
Nathalie Joly chante avec justesse, éclaire l'importance de la star du Moulin rouge et du Divan
japonais, sans jamais chausser les gros sabots qui permettraient de comprendre le "je ne sais quoi"
qui attise les passions autour de Madame Arthur.
Véronique Mortaigne
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LE NOUVEL OBSERVATEUR 12.12.09
Spectacle musical "Je ne sais quoi". "Non, je ne crois pas que ce qui sort de moi en scène soit le
"surplus" supprimé et employé" écrivait en 1931 Yvette Guilbert à son ami Sigmund Freud. Le savant
et la diva entretinrent une profonde relation d'amitié, cherchant tous deux à démêler les mystères
de l'art et de la sublimation sexuelle et populaire. Cet échange épistolaire fournit la matrice de ce
"Je ne sais quoi", créé à l'initiative de la Société Psychanalytique de Paris pour le cent-cinquantième
anniversaire de la naissance de Freud. Dense mais intense, ce spectacle mêle habilement les succès
d'Yvette Guilbert, de "La Soûlarde" aux "Bonnes Grosses Dames" à la lecture de ces lettres exhumées
du Freud Museum. Au chant, Nathalie Joly, spécialiste des répertoires des années 1930, que l'on
avait pu voir à Chaillot interpréter Kurt Weill, fait resurgir l'âme du café-concert du Paris de l'entredeux guerres avec truculence et malice. Un spectacle qui fait rire et réfléchir.
Timothée Barrière
LIBÉRATION, 18.12.2008
SIGMUND FREUD ET L’INTREPRÉTATION D’YVETTE Récital : À la Cartoucherie de Vincennes,
Nathalie Joly exhume le répertoire d’une reine du café-concert, muse du psychanalyste.…. Coffret
CD + Livre Editions Publialp Aux murs de son bureau au 19 Berggasse à Vienne, Sigmund Freud
aurait eu deux portraits de femme : Lou Andréas Salomé et la chanteuse Yvette Guilbert. Le père
de la psychanalyse fan de chansonnettes ? Hé oui. En 1890, en stage à paris auprès du célèbre
docteur Charcot, Freud découvrit la chanteuse à l’aube de sa carrière, avant qu’elle ne devienne
la reine du café-concert, une célébrité adulée par le Tout-Paris des peintres et des écrivains. De
1926 à 1939, le praticien viennois entretint une correspondance avec Yvette Guilbert, et c’est de
ce matériau, inédit, que Nathalie Joly a tiré un spectacle débordant d’humour et d’intelligence,
qui fait oublier l’inconfort de la salle où il se déroule. On comprend ce qui a fasciné Freud dans le
répertoire de la chanteuse : le dédoublement de personnalité qui permet d’incarner chaque
personnage (« des coquettes, des femmes vertueuses, des ingénues » énumère-t-il dans une des
lettres), la liberté (souvent autorisée par l’humour) à l’heure d’aborder l’adultère, la sexualité ou
le témoignage d’un certain féminisme. Ce qui fit d’Yvette Guilbert la plus grande chanteuse de
son époque c’est d’abord son art d’interpréter, dans un chanté parlé tout en nuances. Ses
« tubes » (Le fiacre, Madame Arthur) sont des petits chefs d’oeuvre d’irone vacharde, mais elle
excella aussi dans le mélodrame, sans tomber dans le pathos des chanteuses réalistes. Notamment
avec la Glu, sidérant conte Gothique mâtiné de gore (texte de Jean Richepin, musique de Charles
Gounod). Le spectacle enchaîne sans temps morts chansons et extraits de lettres (Le musée Freud
de Vienne en conserve 18, écrites entre 1926 et 1938), et intermèdes dialogués entre Nathalie
Joly et son pianiste. Un Siècle après leur création, on rit encore à l’écoute de l’Eloge des vieux ou
de l’Hôtel du numéro 3. «A table ceux qui veulent des serviettes, avec eux descendent leurs
draps/Et c’est le chien qui fait la vaisselle/A l’hôtel du numéro 3».
François-Xavier Gomez
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RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
• Renseignements et réservations :
I 04 91 91 52 22
I www.theatredelenche.info
• Horaires :
I Mardi, vendredi et samedi : 20h30
I Mercredi, jeudi : 19h
I Dimanches 3 et 17 octobre 2010 à 16h00
• Tarifs:
I Général : 12 €
I Réduit : 7 €
I Bénéficiaire du RSA : 2 €
• Accès :
I Métro Vieux-Port (ligne 1) ou Joliette (ligne 2)
I Tramway arrêt Sadi Carnot
I Bus 49 arrêt Place de Lenche
I Parking jules Verne
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