Mag-Assirou-net-1

Transcription

Mag-Assirou-net-1
Mont Assirou
3/09/10
16:30
Page 1
Mont Assirou
3/09/10
16:30
Page 2
Mont Assirou
3/09/10
16:30
Page 3
Editorial
LL EE V
VO
O YY A
AG
G EE D
D EE S
S
V EE R
V
R TT U
U EE U
U XX
C
hers lecteurs, nous voilˆ ˆ
l'entame d'un nouveau nŽ :
votre magazine ASSIROU.
Prolongement de votre site
www.assirou.net,
Assirou
Magazine dont vous parcourez
les premires lignes est le fruit
de la passion d'une Žquipe soucieuse de mettre ˆ votre disposition des informations fiables,
authentiques et diversifiŽes sur
l'Islam, le Mouridisme et l'Žvolution de notre sociŽtŽ et de ses
acteurs. Assirou, du nom de l'ŽlŽgie de Cheikh Ahmadou Bamba
en partance pour le Gabon,
retentira tout au long de nos
publications dans le sillage d'un
appel pour une sociŽtŽ vertueuse et dŽveloppŽe.
Nous vous demandons de nous
accompagner dans ce voyage et
de le guider pour son affirmation
dans le paysage mŽdiatique
sŽnŽgalais.
Pour la parution de ce premier
numŽro, l'honneur revient ˆ
Cheikh Ahmadou Bamba d'occuper l'actualitŽ, au seuil de ce
mois de septembre. Devant le
conseil privŽ du 5 septembre
1895, le Cheikh nous a indiquŽ le
chemin ˆ suivre, nous sŽnŽgalais
par Serigne Fallou MBACKE
en particulier et africains en
gŽnŽral. De Darou khoudoss, ˆ
partir de 1927, ˆ Gouye Mbind,
avec le khalifat de Serigne Sidy
Mokhtar, le Mouridisme a su rester constant et dynamique, au
service de la Nation toute
entire. Ce dynamisme, on le
sent chaque jour, notamment
avec la dimension Žconomique
d'un viatique d'exil: le cafŽ
Touba qui fera l'objet d'un dossier dans ce numŽro.
L'espoir en Cheikh Sidy Mokhtar,
le 7me Khalife de Serigne
Touba, est intact et les dossiers
laissŽs par son prŽdŽcesseur,
Cheikh Mouhamadou Lamine
Bara MBACKE Falilou, seront
gŽrŽs de main de ma”tre: en
atteste la nouvelle configuration
de l'Žquipe de gestion de la ville
sainte de Touba. Autant la problŽmatique de la gestion de l'espace sacrŽ de Touba retient
notre souffle, autant l'Islam sur
le plan international nous interpelle. Le NigŽria, confrontŽ ˆ un
vŽritable problme de cohabitation entre musulmans et chrŽtien, nous replonge dans les discours d'un guide religieux exceptionnel: Serigne Abdou Aziz SY
ÇDabakhÈ. Le monde islamique,
au milieu des mutations et des
dŽfis mondiaux, doit y faire face
pour une vision stratŽgique et
prospective pour la sauvegarde
des intŽrts de l'un des plus
grands pays d'Afrique.
Chers lecteurs, Assirou magazine
a pour sacerdoce d'informer
juste et vrai, de voyager avec
vous tous les mois en vous
livrant des informations fiables,
des analyses, des dossiers et
interviews sur la marche de
notre pays et du monde. Les
sŽnŽgalais disposeront dŽsormais d'une source d'informations qui les aidera ˆ bien
conna”tre nos guides religieux,
les problŽmatiques de la sociŽtŽ
sŽnŽgalaise, l'actualitŽ en gŽnŽral. Il sera un magazine pour
ceux et celles qui aimeraient
dŽcouvrir vŽritablement les phŽnomnes de nos diffŽrentes
confrŽries.
Bonne lecture.
Magazine Mensuel d’informations Page 3
Mont Assirou
3/09/10
16:30
Page 4
S o m m a i re
Le mois d’Assirou P. 6-7
Brouille des tŽlŽcommunications
La pression Žlectrique au SŽnŽgal
A là une P. 8-9
Le 7
me
KHALIFAT A TOUBA
LES HOMMES DE CONFIANCE
Constat P. 25-26
DEVITRIFICATION POLITIQUE AU SENEGAL
International P. 27-28
NigŽria
Les Berom et les fulani s'entredŽchirent
Projecteur P. 29-30
Actualité P. 10-11-12-13-14-15
LES ACTEURS ET LE PREMIER MAGAL DES
DEUX RAKAAS
05 SEPTEMBRE 1895
Le ÒPŽril vertÓ ˆ lÕassaut du Conseil PrivŽ
SERIGNE MBACKE SOKHNA LO
LE SOLDAT INTRANSIGEANT DE L'ISLAM
21 SEPTEMBRE 1895
L'EXALTATION DE LA PRIERE PAR CHEIKH
AHMADOU BAMBA
Leader à l’affiche P. 16-17
Pour le contr™le de lÕAssemblŽe
Nationale
Kara se dŽvoileÉ
Dossier P. 18-19-20
CAFE TOUBA : VIATIQUE D'EXIL
Entre nous P. 21-22-23-24
ADIEU
CHEIKH MOUHAMADOU LAMINE BARA
MBACKE FALILOU
CHEIKH IBRA FALL
MODELE DE SORTIE DE CRISE POUR LES
PAYS PAUVRES
LÕACTION POLITIQUE DU GUIDE RELIGIEUX
ENTRE VECU SPIRITUEL ET TEMPOREL
Magazine Mensuel d’informations Page 4
SERIGNE MOUSTAPHA NDIAYE
L'EXPERT DES DEUX EXTRæMES
Edition P. 31-32
ISLAM ET DIPLOMATIE : LA POLITIQUE
AFRICAINE DU MAROC
ÇLA UMMAH ISLAMIQUE : UNE COHESION
SANS CONSCIENCEÈ
Coin du Poéte P. 31-32
BISMILAHI RAHMANI RAHIIMI
Un parfait cadeau pour les musulmans
BISMILAHI RAHMANI RAHIIMI
La merveille de Ramadan
ASSIROU MAGAZINE
édité par le Groupe Assirou SARL
au capital de 1 000 000 FCFA
Président : Cheikh Alassane SENE
Administrateur : Malick SOW
Directeur de Publication : Serigne Fallou MBACKE
Rédacteur en Chef : Abdoulaye DIOP
Rédaction :
Bacary NDIAYE, Ibrahima NDIAYE,
EL Bachir THIAM, Raymond SAGNA, Djibril NDAO,
Abdoulaye DIOP, Amadou Mokhtar SAMB
Directeur Commercial :
Moustapha DIOP 77 354 27 87/ 33 864 51 14
Infographie : Abdoukarim Dramé
Impression et Distribution : Assirou
Adresse :
ASSIROU MAGAZINE, Sacré 2
«133 Immeuble Sokhna Astou LO»
Tel: 33 864 51 14 - Fax: 33 864 51 15
E-mail: [email protected]
Site web: www.assirou.net
Mont Assirou
3/09/10
16:30
Page 5
Le 7me KHALIFAT DU MOURIDISME
SERIGNE TOUBA CHEIKH SIDY AL
MOUKHTAR MBACKE
LES HOMMES DE CONFIANCE
DU KHALIFE
SERIGNE MBACKE SOKHNA LO
LE SOLDAT INTRANSIGEANT
DE L'ISLAM
Pour le contr™le de
lÕAssemblŽe
Nationale
Kara se
dŽvoileÉ
ISLAM ET DIPLOMATIE: LA POLITIQUE
AFRICAINE DU MAROC
ÇLA UMMAH ISLAMIQUE :
UNE COHESION SANS
CONSCIENCEÈ
Magazine Mensuel d’informations Page 5
Mont Assirou
Le
3/09/10
16:30
Page 6
mois d’Assirou
Le paysage des tŽlŽcommunications au SŽnŽgal est en phase de conna”tre une guerre sans merci.
En effet, ce conflit oppose deux mastodontes de la communication, en occurrence Sonatel et
Global Voice. A l'origine de ce conflit aux relents financiers, le contr™le de la tarification des
appels internationaux entrants que l'Etat du SŽnŽgal a dŽcidŽ de confier ˆ la structure ha•tienne.
Brouille des tŽlŽcommunications
Brouilleur
Pour rappel, l'Etat du SŽnŽgal a
signŽ un contrat avec Global Voice,
le 28 mai dernier par le PrŽsident de
la RŽpublique et publiŽ au Journal
officiel le 20 juin 2010. Le dŽcret n¡
2010-632 instituait un systme de
contr™le et de tarification des communications tŽlŽphoniques internationales entrant au SŽnŽgal. Cet
accord d'une durŽe de cinq ans,
prŽvoit d'attribuer ˆ Global Voice
group (GVG) 49% des recettes
dŽcoulant d'une nouvelle taxe dont
le montant annuel est estimŽ ˆ 60
milliards de FCFA, en Žchange de la
mise ˆ disposition de l'Etat d'un
Žquipement d'un cožt de 10 milliards de FCFA. Tels sont les termes
du contrat. Mais voilˆ, en dehors
des
protestations
de
l'Intersyndicale des travailleurs de
la Sonatel, de l'opposition de la
Sonatel, des dŽnonciations de l'opi-
nion publique et des
rŽserves
de
la
grande majoritŽ des
experts du secteur,
les choses sont
encore un peu plus
compliquŽes.
En
effet, les ministres
en charge des tŽlŽcommunications au
sein de l'Union Žconomique et monŽtaire ouest-africaine
(UEMOA),
ont
exprimŽ leur intention de requŽrir l'avis
technique de l'Union
Internationale des
tŽlŽcommunications
(UIT), ˆ propos de
cette taxe et demandŽ qu'elle ne
s'applique pas aux autres Žtats
membres par solidaritŽ. Mais alors,
ceci Žquivaudrait ˆ dire que le discours des autoritŽs sŽnŽgalaises
tentant de faire croire que l'instauration de cette taxe, ˆ laquelle la
C™te d'ivoire et le Burkina Faso ont
renoncŽ aprs l'avoir instaurŽe,
serait sans effet sur le cožt des
communications tŽlŽphoniques,
pour les consommateurs comme
pour les opŽrateurs de tŽlŽcommunications, est bien peu crŽdible.
D'autant plus que le fait que l'augmentation du prix des tŽlŽcommunications qui en dŽcoulera va inciter
vraisemblablement les fraudeurs ˆ
redoubler d'ingŽniositŽ pour
contourner le systme mis en place,
si on sait que leurs gains seront
encore plus ŽlevŽs que par le passŽ.
Ainsi donc, la baisse du volume du
Magazine Mensuel d’informations Page 6
trafic tŽlŽphonique entrant, qui risque de survenir, du fait du surenchŽrissement de la destination
SŽnŽgal, entrainera de facto une
baisse des recettes fiscales. C'est
d'ailleurs la raison pour laquelle le
syndicat des travailleurs de la
Sonatel, aprs moult tractations et
autres discussions qui ont abouti ˆ
un niet catŽgorique de l'Etat de
revenir sur sa dŽcision, a initiŽ une
marche de protestation ˆ la fin du
mois de juillet prŽcŽdent, dans la
perspective de trouver un terrain
d'entente avec l'Etat. Sans rŽsultat.
Alors, se sentant lŽsŽ, ils ont dŽcidŽ
de passer ˆ la vitesse supŽrieure en
brouillant le service Internet et les
appels tŽlŽphoniques durant deux
jours, le jeudi 05 Aožt et le vendredi
06 du mme mois. Ce qui leur a valu
une amende de huit milliards infligŽ
par l'ARTP (l'agence de rŽgulation
des tŽlŽcommunications et des postes), qui s'est rŽunie le 6 aožt dernier, sans oublier les diffŽrentes
plaintes enregistrŽes contre la
structure nationale. Au regard de
tout ceci, force est de reconna”tre
que la seule solution qui vaille est le
consensus car, n'oublions pas que la
Sonatel est une sociŽtŽ nationale
qui contribue, ˆ plus d'un titre, ˆ
l'Žconomie nationale et que, partant de ce fait, l'Etat qui est garant
de la stabilitŽ Žconomique de ce
pays, devrait tout mettre en Ïuvre
pour la survie de nos sociŽtŽs nationales, mais surtout, dŽfendre l'intŽrt supŽrieur de la nation ˆ moins
queÉ
Raymond SAGNA
Mont Assirou
3/09/10
16:30
Page 7
Le
mois d’Assirou
Dans ce contexte o l'ŽlectricitŽ est revendiquŽe de partout, parce que servie ˆ compte gouttes aux
consommateurs, la pression est forte, ˆ la limite, menaante sur l'Etat. L'alibi d'un mauvais combustible
est servi pour expliquer les pannes qui seraient ˆ la base de la conjoncture ŽnergŽtique.
La pression Žlectrique au SŽnŽgal
Dans un passŽ rŽcent, le ministre de
l'Žnergie Samuel SARR Žtait auditionnŽ
par l'AssemblŽe Nationale afin d'apporter
des explications sur les vraies raisons qui
sont ˆ la base des coupures rŽcurrentes
d'ŽlectricitŽ. L'audition a donnŽ lieu ˆ un
dŽbat parlementaire passionnant. Les
dŽputŽs de toute obŽdience politique qui
ont bien suivi le ministre de l'Žnergie dans
sa tentative de rŽponse ˆ la question du
jour, s'en sont courageusement pris ˆ
l'Etat qui n'aura pas inscrit en prioritŽ le
rglement de la crise ŽnergŽtique ˆ l'ordre
des urgences. Le fond du problme, c'est
de reconnaitre que la centrale Žlectrique
du Cap des Biches, avec tout ce qu'elle
compte comme installations, est un parc
vŽtuste. Et Samuel SARR, sur qui l'Žtau se
resserre, de prendre les dŽputŽs ˆ tŽmoin
pour dire aux sŽnŽgalais comment il sera
possible de mettre fin aux dŽlestages dans
un court ou moyen terme. Aprs un long
discours qui peine ˆ fournir des explications sur les coupures d'ŽlectricitŽ, le
ministre a fini par l‰cher que le 15 Aožt
sera une date symbolique devant marquer la fin des coupures. On n'est pourtant au-delˆ du 15 Aožt, et ils sont encore
nombreux les sŽnŽgalais qui sont dŽus
de constater que l'Etat n'a pas tenu la promesse. Dans tous les cas, la pression est
forte et les autoritŽs en sont conscientes.
Seulement, les dŽclarations les plus rŽcentes faites par le directeur gŽnŽral de la
SENELEC repoussent l'ŽchŽance ˆ fŽvrier
2011, tandis que le
ministre de l'Žnergie,
quant ˆ lui, se dŽdit, en
parlant de mise en fonction trs prochainement
de quatre autres machines.
Monnaie courante, les
coupures d'ŽlectricitŽ au
SŽnŽgal poussent les
populations ˆ s'Žterniser
dans une vie d'infortune.
Elles pigent la marche
progressive de l'Žconomie par le ralentissement des activitŽs
majeures surtout pendant la journŽe. La nuit, c'est l'obscuritŽ
qui s'invite partout et dans les foyers pour
y apporter sa dose de prŽcaritŽ, histoire
de faire vivre l'angoisse combinŽe ˆ la
pauvretŽ. Les 103 milliards dŽpensŽs par
le rŽgime de l'alternance de 2000 ˆ nos
jours n'ont pu remettre la SENELEC sur les
rails. Et on est tentŽ de croire que c'est
l'Etat du SŽnŽgal qui aura coupŽ le souffle
ˆ la SENELEC. Par le dŽcret 2002-01 du 10
janvier 2002, il est dit en rŽsumŽ que tous
les biens de production de l'ŽlectricitŽ de
la SENELEC appartiennent ˆ l'Etat. La
SENELEC Žtant une sociŽtŽ anonyme relevant du droit privŽ, a, sous ce rapport,
perdu la confiance des bailleurs de fonds
pour dŽsormais fonctionner sans garantie.
Face ˆ cette situation chaotique, l'Etat qui
ne semble pas dŽtenir la solution en main,
dispose d'une cartouche dont la tonalitŽ
divertit par moment le peuple, pompe des
discours de nature ˆ meubler le temps
pour entretenir l'espoir quant ˆ un rglement dŽfinitif de la crise ŽnergŽtique.
Pendant longtemps, on a promis la fin du
calvaire mais, au fil du temps, toutes les
promesses ont fait preuve de leur absence
de rŽalisation et les sŽnŽgalais d'apprŽcier
l'Etat que dans les actes. Dans ce contexte
o l'ŽlectricitŽ est revendiquŽe de partout, parce que servie ˆ compte gouttes
aux consommateurs, la pression est forte,
ˆ la limite, menaante sur l'Etat. L'alibi
d'un mauvais combustible est servi pour
expliquer les pannes qui seraient ˆ la base
de la conjoncture ŽnergŽtique. En tout
cas, on vit les moments les plus tendus de
la protestation contre les coupures d'ŽlectricitŽ au SŽnŽgal. Les populations, sur un
ton ferme, jouent la pression, en exigeant
non seulement le retour ˆ la normale de la
situation mais surtout que les gouvernants arrtent de surfer sur leur tte. ‚a
gronde de partout sur fond d'appels et
menaces de non paiement des factures
d'ŽlectricitŽ. La polŽmique est,
aujourd'hui, ˆ un stade Žlectrique, dŽs lors
que le combat du peuple est portŽ, en
partie, par certains leaders d'opinion
comme les imams de la banlieue dakaroise de GuŽdiawaye regroupŽs dans un
collectif activement agissant et prts ˆ
jouer le r™le d'instigateur du dŽsordre ; on
ne tarit pas pour autant de luciditŽ de
constater qu'une certaine Ç opposition de
salon È tente de rŽcupŽrer ce mouvement
de protestation populaire dont les imams
sont en droit de rŽclamer la paternitŽ. A
cette race de politiciens de comprendre
qu'ils ne seront jamais dans les gr‰ces du
peule qu'elle souhaite transformer en
Žlectorat. Sans jouer au complice du
complot du dŽsordre, nous osons dire que
cette pression qu'exercent les populations
sur l'Etat n'est que la consŽquence d'une
communication qui a longtemps entretenu la nŽbuleuse.
A l'Etat de comprendre que l'Žnergie est
une affaire si sŽrieuse devant tre prioritaire dans les options politiques de tout
gouvernement soucieux des enjeux du
dŽveloppement. Mais ˆ force de promettre et de ne rien rŽaliser, l'autoritŽ perd de
sa crŽdibilitŽ qui demeure sa force. Nous
ne serons pas optimistes autant, mais
nous croyons fermement que le ministre
de l'Žnergie Samuel SARR et compagnie
sauront sauver la situation au moins aprs
le 15 Aožt, afin de nous Žpargner d'un
dŽsordre programmŽ nŽ du dŽficit de
perspectives, de volontŽ, de conviction et
de clartŽ de l'Etat dans les actions envers
les opportunitŽs de progrs.
Bacary Diarra NDIAYE
Magazine Mensuel d’informations Page 7
Mont Assirou
3/09/10
16:30
Page 8
A la une
Le 7me KHALIFAT DU MOURIDISME sera l'occasion pour Serigne Sidy Mokhtar, comme ses prŽdŽcesseurs, d'assumer avec la dernire Žnergie la bonne marche de la confrŽrie. La droiture, la cohŽsion, la
concertation, l'ŽquitŽ et la justice seront de mise. Sa feuille de route qui revt l'empreinte de l'engagement de Serigne Abdoul Ahad et la vision de Serigne Saliou MBACKE, invite guides religieux, chefs de
quartier, prŽsidents de dahiras et disciples ˆ s'unir dans le discernement, dans l'engagement et dans
l'unitŽ, pour relever les grands dŽfis de l'heure.
SERIGNE TOUBA CHEIKH SIDY AL MOUKHTAR MBACKE
Fils de
Khadim
Touba,
Serigne
Serigne Bara MBACKE ibn
Rassoul, l'actuel khalife de
communŽment, appelŽ
Cheikh Maty LEYE est issu
de la noble famille
des Almamy qui ont
su, trs t™t, joindre le
spirituel au temporel.
NŽ le 25 Octobre
1925 ˆ MbackŽ Kadior
au 12me jour du
mois
bŽni
de
Ramadan, son illustre
pre lui donna le nom
de son frre et ami
Serigne Cheikh Sidy
Moukhtar, plus connu
sous le nom de
Cheikh Awa Balla. Son
pre l'amena voir
Serigne Touba, alors
en rŽsidence surveillŽe ˆ Diourbel, pour
qu'il prie pour lui. Son
pre Serigne Bara
entama son Žducation avant de le
confier ˆ son homonyme Cheikh Awa
Balla. Quelque temps
aprs, il regagna
Touba et se voit
confiŽ ˆ Serigne Niane
DIOP pour la mŽmorisation du Saint Coran.
Aprs Touba, Il fut
envoyŽ ˆ Ndiarme
chez
Serigne
Mouhamadou Lamine
DIOP Dagana qui lui
inculqua les sciences
religieuses et les
autres Žtudes thŽologiques.
De lˆ, il retourne chez son parrain
jusqu'en 1948 o il reoit le ndig‘l
d'Žriger son propre village du nom
de Keur Ngana pour s'adonner ˆ
Magazine Mensuel d’informations Page 8
l'Žducation et ˆ la formation de ses
disciples. Il s'esseule dans cette localitŽ pour ne jamais se mler des
choses mondaines et de la vie
tumultueuse des grandes agglomŽrations.
Devenu khalife de Serigne Bara en
1990, Cheikh Maty LEYE s'installe ˆ
MbackŽ Kadior et entreprend de
moderniser la localitŽ. Il procde au
bitumage des routes, y construit un
poste de santŽ et fait Žriger le village
en chef lieu de communautŽ rurale.
C'est alors qu'il va se lancer dans
l'acquisition de rŽsidences Serigne
Bara partout au SŽnŽgal, ˆ hauteur
de centaine de millions et qui seront
la propriŽtŽ de tout khalife de
Gouye Mbind. Rien que la maison de
HLM1 ˆ Dakar a cožtŽ plus de 220
millions. Chaque annŽe, il envoie
des dizaines de petit-fils, talibŽs ou
proches de Serigne Bara en plerinage ˆ la Mecque prenant entirement en charge les frais de voyages.
Ce nombre atteint aujourd'hui prs
de 100 personnes.
Humble et trs modeste, Cheikh
Sidy Moukhtar est rŽputŽ tre un
homme courageux mais rŽservŽ et
retirŽ. Fervent croyant, il est placide
et posŽ avec une cohŽrence
extrme dans ses idŽes. Il dŽteste
l'injustice dans toutes ses formes,
aime le travail bien fait et tient ˆ
l'Žducation des talibŽs et ˆ leur formation spirituelle. C'est pourquoi,
en dehors de MbackŽ Kadior et de
keur Ngana, il a crŽŽ des daraas ˆ
Touba Tawfekh, Ndindi Bougoul etc.
Puisse Dieu le laisser longtemps
avec nous!
Djibril NDAO
Mont Assirou
3/09/10
16:30
Page 9
A la une
LES HOMMES DE CONFIANCE DU KHALIFE
Serigne
Mountakha MBACKE
Serigne Mountakha MBACKE est le fils
de Serigne Bassirou et l'actuel khalife de
Darou Minane. Il joue, aujourd'hui plus
qu'hier, un important r™le dans l'organisation et la gestion de la confrŽrie. Trs
dŽvouŽ, tous les talibŽs lui reconnaissent cette dŽvotion, cette constance et
son amour incommensurable envers
Cheikh Ahmadou Bamba. Fervent et
pieux il a, depuis la disparition de
Serigne Mourtalla MBACKE, dirigŽ les
prires d'A•d et les prires mortuaires
des grands dignitaires mourides. Son
engagement et sa franchise font de lui
un meneur d'hommes. Courtois et
ouvert, il est irrŽprochable tant dans ses
relations avec les humains qu'avec son
Seigneur. Le nouveau khalife qui a mis
l'accent sur la droiture et la justice lui
confie la gestion de la Grande MosquŽe
de Touba.
Serigne Sidy MBACKE
Fils de Serigne Abdou Lahad MBACKE, 3me
Khalife GŽnŽral des mourides qui sonna
l're de la modernisation de la ville sainte de
Touba, Serigne Sidy a jouŽ un grand r™le aux
c™tŽs de son pre. Le nouveau Khalife vient
de le remettre au devant de la scne en lui
confiant la communautŽ rurale et le foncier.
RŽputŽ tre trs direct et vŽridique, on dit
de lui qu'il se suffit de ses biens. Il a notifiŽ ˆ
tous les chefs de villages et dŽlŽguŽs de
quartier son intention de remettre de l'ordre dans l'attribution des terres ˆ Touba.
L'ordre de mission lui indique de freiner la
spŽculation et de retourner aux principes
fondamentaux du rve urbain de Cheikhoul
Khadim qui consiste ˆ offrir ˆ tout musulman un asile, un havre de paix et de sŽrŽnitŽ
loin de toutes tracasseries aussi bien financires que sociales. Beaucoup de dossiers
l'attendent et il sera ˆ hauteur de la t‰che
quant on sait qu'il peut compter sur des
soutiens de taille avec des guides de la
dimension de Serigne Cheikh Saliou et de
Serigne Cheikh Souhaibou.
Serigne Ahmadoul Mokhtar
Khalife de Darou Khoudoss, le dernier des
fils de Serigne Modou Moustapha est un
diplomate de formation. D'un abord facile
et trs ˆ l'Žcoute de tout ce qui se dit
autour de lui, Il est au cÏur de l'Žvolution
du monde. En charge des grands chantiers
de la ville sainte, il va dŽployer tout son
savoir-faire et son expŽrience pour booster
l'amŽnagement de Touba. Mais, il a au
sein de sa famille les ressources et les compŽtences requises pour bien mener cette
mission. Qui vous parle de Serigne Abdou
Fatah Gainde Fatma.
Serigne Mame Mor MBACKE Mourtalla
Serigne Mame Mor MBACKE Falilou
Cet Žminent intellectuel, fils de Serigne
Fallou, a en charge l'Žducation. Sa mission
portera surtout ˆ veiller sur la formation
morale et religieuse des enfants de la communautŽ. Un secteur qui tient trs ˆ cÏur
le Khalife car, conscient des dŽfis qui l'attendent dont seule l'Žducation et le retour
aux idŽologies du fondateur permettront
de faire face. Il sera alerte par rapport aux
influences extŽrieures contraires ˆ la vision
du Fondateur du Mouridisme. Il peut se
fŽliciter de bŽnŽficier de l'appui de son
grand frre Serigne Abo, khalife de Serigne
Fallou, qui aurait mme dŽsignŽ Serigne
Ahmadou Rafahi pour l'assister dans sa
t‰che.
Serigne Bassirou Abdou Khadr
ƒminent Žrudit, ce fils de Serigne Abdou
Khadr MBACKE a le verbe facile. Sa ma”trise des ŽlŽgies de Serigne Touba et de
l'histoire du Mouridisme ont fini par le propulser au devant de la scne avec l'avnement du khalifat des petits fils. ChargŽ de
porter la parole du Khalife et l'organisation
du Grand Magal de Touba. Il va coordonner toutes les commissions techniques
intervenant dans le magal, harmoniser le
travail afin que le message de Serigne
Touba soit peru par tout le monde.
Serigne Bass n'est pas en terrain inconnu
mais saura certainement apporter une
nouvelle touche ˆ ce poste stratŽgique
dans l'Žvolution du Mouridisme.
L'on se souviendra des longs pŽriples de
son dŽfunt pre qui avait saisi son b‰ton de
plerin pour conquŽrir le monde et amener
le message de Serigne Touba dans les
contrŽes les plus reculŽes du monde.
Depuis sa disparition, cette mission est
assurŽe par son fils Serigne Mame Mor
MBACKE. En bon diplomate, il a coutume
de rencontrer les autoritŽs locales des pays
Žtrangers dans ses dŽplacements et de les
entretenir des prŽoccupations des
SŽnŽgalais qui vivent sous leurs cieux. Il
n'hŽsite pas aussi de rappeler ses compatriotes ˆ l'ordre quand leur comportement
n'est pas conforme aux enseignements de
l'Islam. Il est chargŽ de travailler sur l'image
du Mouridisme, de veiller sur les expatriŽs
de la diaspora, de dŽvelopper des mŽcanismes d'insertion et de prolifŽration des maisons de l'islam partout dans le monde, d'offrir aux mourides de tous les pays un cadre
d'Žpanouissement et de pratique de leur
foi, dans la libertŽ et le respect des lois et
rglements du pays h™te. Sa mission est de
promouvoir les relations entre le
Mouridisme et le monde extŽrieur.
Magazine Mensuel d’informations Page 9
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 10
Actualité
Regroupement des Mourides pour la CommŽmoration de la Prire de Cheikh Ahmadou Bamba dans le Palais de l'ex
Gouverneur Colonial, le 5 septembre 1895
LES ACTEURS ET LE PREMIER MAGAL
DES DEUX RAKAAS
Le kureel des deux rakaas de Cheikh
Ahmadou Bamba est le principal instigateur de cet Žvnement religieux mouride
que cŽlbrent, chaque 5 septembre, des
milliers de disciples venus des quatre
coins du SŽnŽgal ˆ la gouvernance de
Saint-Louis. Ce fut un soir du 28 mai 1976
que s'Žtait tenue la rŽunion qui a fini d'inscrire dans l'agenda des grandes manifestations religieuses au SŽnŽgal la cŽlŽbration de la prire effectuŽe par Serigne
Touba, devant le Conseil PrivŽ colonial du
5 septembre 1895.
Comme principaux acteurs de ce moment
fort de l'histoire du Mouridisme ˆ SaintLouis nous pouvons citer: Abdou Khadr
THIOUNE, Cheikh THIOUNE (ancien footballeur de la saint-louisienne), MadikŽ
WADE, Adja Mame NDIAYE, lieutenant
5 SEPTEMBRE 1895
Macodou THIOUNE, YŽrim CodŽ DIOP,
Abdoulaye SARR, un exŽgte mouride,
Serigne Touba THIOUNE, Ngagne SYLLA,
Moustapha NDIAYE dit ÇDiosÈ, Mafaly
SENE, Mambaye MBAYE, Doudou MBAYE,
Abdoulaye GUEYE, Cheikh DIOP tailleur,
TOURE, un ancien sergent de l'armŽe
franaise, MadikŽ SAMBA de Ndar Toute,
Ndiaga DIOP, KŽba MBAYE.
Cette rencontre, tenue dans la salle de l'ex
AssemblŽe RŽgionale, ex Conseil Colonial
et ex Conseil gŽnŽral, a vu la proposition
de MadikŽ WADE sur l'appellation de l'association adoptŽe ˆ l'unanimitŽ.
DŽsormais, il fallait parler de
ÇRegroupement des Mourides pour la
CommŽmoration de la Prire de Cheikh
Ahmadou Bamba dans le Palais de l'ex
Gouverneur Colonial, le 5 septembre
EXTRAIT DU DISCOURS DE 1982
PrŽsident du Regroupement des Mourides
pour la CommŽmoration des 2 rakaas de
Serigne Touba ˆ Saint-Louis, MadickŽ WADE a
tenu un discours montrant tout son attachement et son engagement envers Serigne
Touba. Revenant sur cet Žvnement important de l'Islam au SŽnŽgal, il nous replonge
dans la conscience et les sentiments qui ont
animŽ tout un chacun durant le 5 septembre
1982.
Ç Nous voici rŽunis, pour la 7me fois consŽcutive, pour cŽlŽbrer un grand Žvnement pour
rendre hommage ˆ un grand homme. Nous
voici, face au palais du gouverneur o, justement l'Žvnement a eu lieu.
(...) Le 25 septembre 1895, aprs 25 jours d'internement, les colonialistes amenrent
Serigne Touba dans ce palais pour lui faire un
procs. En vŽritŽ, leur dŽcision Žtait dŽjˆ
priseÉ mais ils poursuivaient d'autres desseins
machiavŽliques: pour les colonialistes franais,
il fallait, ˆ travers ce procs de Khadimou
Rassoul, dŽvier les sŽnŽgalais vers leurs religions ˆ eux, dŽcourager les rŽsistants sŽnŽgalais pour qu'ils oublient ˆ jamais leur personnalitŽ et leur dŽsir d'indŽpendance, bafouer enfin
l'honneur de l'homme noir qui, pendant des
sicles, a continuŽ d'tre tra”nŽ dans la boueÉ
Nous avions bien compris les intentions des
Lamoth, Moutet, Coppe et consortsÉ eh bien
c'est le 5 septembre 1895, le mme jour, pendant le mme procs que Cheikh Ahmadou
Bamba a dŽfendu et honorŽ l'Islam! C'est ce
mme jour que Cheikh Ahmadou Bamba a sau-
vegardŽ la personnalitŽ africaine, ce qui nous a
valu de lutter et d'arracher notre indŽpendance ! Et c'est ˆ cette mme occasion que le
Cheikh a hissŽ encore plus haut la dignitŽ et
l'honneur de l'homme noirÉ En tout cas, il a
fallu ce fils du Baol pour exprimer par le courage, la conscience, l'abnŽgation, toute la plŽnitude de l'homme sŽnŽgalais. Qui aurait osŽ
afficher pareil caractre en 1895 alors que tous
les rŽsistants se fussent rŽsignŽs? C'est gr‰ce ˆ
son exemple que les musulmans, les
SŽnŽgalais ont partout relevŽ la tte et vaincu
les destins.
AssurŽment, Borom Touba, en confondant ses
juges et Žtonnant le monde, avait tracŽ ˆ son
peuple, ˆ sa religion la voie qu'il fallait suivre et
sauvegarder.
C'est pourquoi, en dehors de toute autre considŽration mystique que nous ne ma”trisons pas,
nous lui rendons hommage chaque 5 septembre(É). Mais chaque fois que nous rendrons
hommage ˆ Cheikh Ahmadou Bamba, nous
nous souviendrons aussi d'un des membres de
sa famille ou d'un de ses compagnons.
Aprs Serigne Modou Moustapha, le premier
khalife et Serigne Falilou MBACKE, nous associons, cette annŽe, ˆ l'hommage de notre
vŽnŽrŽ ma”tre et guide Khadimou Rassoul celui
de son frre et compagnon Mame Thierno
Birahim MBACKE.
En effet, c'est Mame Thierno Birahim MBACKE
qui porta la rŽponse de son frre au gouverneur de Ndar. C'est justement face ˆ ce
Gouverneur que Mame Thierno a fait montre
Magazine Mensuel d’informations Page 10
1895È. Le premier prŽsident de cette
structure a ŽtŽ MadikŽ WADE, fervent
mouride et disciple de Serigne Souhaibou
MBACKE ibn Cheikhoul Khadim et de
Sokhna Astou Gawane bintou Cheikhoul
Khadim.
La date du 12 juin 1976 fut arrtŽe pour la
premire cŽlŽbration du Magal des 2
rakaas ˆ Saint-Louis ˆ la Grande MosquŽe
du Nord. Cette date, aprs celle de 1974
ponctuŽe par une grande confŽrence sur
Serigne Touba organisŽe par Serigne
Moustapha Abdourahmane LO ˆ la
Chambre de Commerce, allait constituer
le troisime rŽveil dŽfinitif du Mouridisme
dans la capitale du Nord.
Abdoulaye DIOP
de tout son amour et de toute sa fidŽlitŽ ˆ
Serigne Touba: il a demandŽ au Gouverneur,
ce jour lˆ, ˆ l'insu du marabout, d'Žpargner
Cheikh Ahmadou Bamba, de lui dire tout ce
qu'on voulait dire ˆ son frre et de le laisser
subir plus que ce qui lui serait destinŽ. Par son
dŽpassement et par son altruisme, il impressionna si profondŽment les autoritŽs que ces
dernires se figuraient dŽjˆ ce que serait
Serigne Touba (É).
Cheikh Ahmadou Bamba est si profondŽment
rivŽ dans notre cÏur que nous ne pouvons
parler de lui sans frŽmir. Oui un adage a dit: Ç
que chacun adore son guide et ensemble nous
aimerions Dieu È.
Du reste, tout ce que nous faisons n'est qu'une
contribution au dŽveloppement et au renforcement de l'Islam. Comme Khadimou Rassoul
nous voulons raffermir ici l'Islam afin qu'ˆ
jamais il soit la prŽoccupation majeure de tout
le mondeÉ Alors seulement Serigne Touba
sera satisfait de nous (É).
Quant ˆ vous tous, qui tes venus rŽpondre ˆ
notre invitation, nous formulons le vÏu suivant: que Cheikh Ahmadou Bamba nous fasse
bŽnŽficier aujourd'hui et demain de tout le
rŽsultat de son travail. Qu'il obtienne de Dieu
longŽvitŽ, prospŽritŽ et bonne santŽ pour tous
ceux qui sont venus et tous ceux qui ont voulu
venirÉEt que nos familles, leurs familles, le
SŽnŽgal et Ndar continuent de recevoir sa
bŽnŽdiction la plus large et la plus durableÉ
Par MadickŽ Wade
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 11
Actualité
05 SEPTEMBRE 1895, Serigne Touba a honorŽ l'Islam devant ses oppresseurs, par la prire des deux
rakaas dans l'enceinte mme de l'antre du Gouverneur gŽnŽral de l'Afrique Occidentale Franaise. Le
colonialiste voulait l'amener ˆ renoncer ˆ la conviction fondamentale du musulman: Çil n'y a de Dieu
qu'Allah! Et Mohamed (PSL) est son ProphteÈ, sans vŽritablement cerner les dimensions du Fondateur
du Mouridisme.
Le ÒPŽril vertÓ ˆ lÕassaut du Conseil PrivŽ
L'itinŽraire mystique de Serigne Touba
DramŽ va succomber aux
apparait, en fait, comme une rŽgle de vie
assauts des colons ˆ
pour tout musulman ˆ la recherche de
Toubacouta. Du nord au sud,
son crŽateur. Cheikhoul Khadim ne cherd'autres rŽsistants suivirent.
cha que Dieu, il n'aima que Dieu et son
Le territoire sŽnŽgalais coloProphte (PSL). Son amour passionnŽ et
nisŽ, l'Žconomie confisquŽe,
l'exaltation de sa fidŽlitŽ envers l'EnvoyŽ
les populations brimŽes, Žtait
de MŽdine ont fait de lui le RŽnovateur
compltement sous le joug de
de l'Islam et l'Abreuvoir des assoiffŽs. Il
la France. Il ne nous restait
Žtait un saint exceptionnel par le respect
que notre culture, notre vie
des prescriptions du Ç Musharaf È et de la
spirituelle et nos pratiques
Sunna, via une foi surnaturelle et par un
cultuelles. Les blancs nous
mysticisme fondamentalement marquŽ
avaient vidŽs de notre hispar l'imitation du Prophte (PSL). Il est un
toire, d'une bonne partie de
rassembleur de la Ouma qui, par le tranotre culture, de nos valeurs
vail, la discipline et la prire, a su rattaet de notre personnalitŽ. Nul
cher la crŽature humaine ˆ Dieu, tout en
n'ignore comment Žtaient les
le rŽconciliant avec la sociŽtŽ dans
Ç ceddos È dans leurs pratilaquelle elle Žvolue.
ques. Beaucoup de marabouts
Son avnement dans la sociŽtŽ wolof
s'Žtaient coalisŽs avec eux
d'alors, dans le Baol et le Cayor a permis
pour leur servir de Ç cadi È ou
une organisation religieuse, Žconomique,
juge et de conseillers pour
sociale et culturelle de ses adeptes, comceux d'entre eux qui s'Žtaient
munŽment appelŽs mourides. Cette nouconvertis ˆ l'Islam et qui prŽvelle plateforme sociŽtale instituŽe par
tendaient se conformer ˆ la
Cheikh Ahmadou Bamba, allait constilŽgislation musulmane.
tuait la vŽritable barrire contre la politiLes autres Žtaient allŽs se
que d'assimilation et de domination de
liguer avec les blancs et le
l'administration coloniale. Cette nouvelle
reste avait des disciples qui
donne dans l'avancŽe des colonialistes va
leur servaient de main d'Ïuexacerber la lutte implacable de ces dervre dans les travaux champniers contre lui, en particulier et les
tres o ils amassaient des
musulmans en gŽnŽral, dans les deux
richesses ˆ partir des produits
provinces citŽes plus haut.
de la rŽcolte. Les Ç band kat È
A partir de 1880, l'expansion coloniale
ou danseurs et les disciples
allait transformer le SŽnŽgal en un
des Žcoles coraniques s'adonnaient aux Ç
immense
lawaan È
Les torts de Serigne Touba Žtaient d'tre ou flattechamp de
bataille. Les l'espoir de tout un peuple, d'ouvrir une ries et au
sŽnŽgalais autre forme de rŽsistance par la science et Ç takhuopposrent
È ou
la foi, d'tre investi d'une mission divine et raan
une
rude
chansons
rŽsistance ˆ de serviteur du socle de la VŽritŽ: profanes.
la France. En Mohamed (PSL).
Les
Ç
1886, Samba
domou
LaobŽ tomba, suivi le 27 octobre de la
sokhna È ou fils des familles religieuses se
mme annŽe par son oncle Lat Dior ˆ
consacraient au Ç wagnane È ou charlataDŽkheulŽ. En 1887, Mamadou Lamine
nerie pour hiberner les individus afin de
leurs soutirer leurs biens ou les mettre ˆ
leurs services.
Cheikhoul Khadim est apparu dans ce
contexte o, il ne restait aux colonisateurs que le temps de s'emparer de toutes nos valeurs culturelles et religieuses.
L'administration coloniale, dŽcidŽe et
affolŽe, voyait en Serigne Touba l'homme
venu sur terre, pour sauver son peuple
par une remise en cause d'un plan de
domination savamment orchestrŽ.
DŽjˆ en 1891, l'administration coloniale
se signalait par une dŽcision expulsant
tous les adeptes du Fondateur du
Magazine Mensuel d’informations Page 11
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 12
Actualité
Mouridisme de leur terroir. Serigne
Touba fut taxŽ de mener une guerre
sainte par les blancs. Il rŽpondit en ces
termes: Ç quand vous dŽclarez que je
mne une guerre sainte, je vous donne
entirement raison. Oui, je fais la guerre
sainte pour plaire ˆ Allah, le majestueuxÈ;
Çmais je la fais avec la science et la piŽtŽ
en rendant un culte sincre ˆ Dieu et en
Žtant le serviteur de Mohamed (PSL), le
Gardien par Excellence m'est tŽmoinÈ.
Les torts de Serigne Touba Žtaient d'tre
l'espoir de tout un peuple, d'ouvrir une
autre forme de rŽsistance par la science
et la foi, d'tre investi d'une mission
divine et de serviteur du socle de la
VŽritŽ: Mohamed (PSL). La t‰che de
Cheikhoul Khadim Žtait si ardue, sa responsabilitŽ Žnorme et lourde pour une
rŽhabilitation de l'homo sengalensis, tant
sur les plans endognes qu'exognes. Il
fut arrtŽ le 10 aožt 1895 ˆ JŽwal par un
dŽtachement de la force militaire franaise.
Le 05 septembre 1895 ˆ Saint-Louis, au
nord du SŽnŽgal, le Conseil PrivŽ dŽcrŽta
sa dŽportation vers le Gabon. Serigne
Touba a honorŽ l'islam devant ses
oppresseurs par la prire des deux rakaas
dans l'enceinte mme de l'antre du gouverneur gŽnŽral de l'Afrique Occidentale
Franaise. Le colonialiste voulait l'amener
ˆ renoncer ˆ la conviction fondamentale
du musulman: Çil n'y a de Dieu qu'Allah!
Et Mohamed (PSL) est son ProphteÈ,
sans vŽritablement cerner les dimensions
du Fondateur du Mouridisme. Cet attachement aux prŽceptes de l'Islam Žtait
suffisant pour l'amener loin de sa famille
et de son terroir: ÇMa place est devenue
vide dans mes palais, on m'a sŽparŽ de
Dieu et de son Prophte (PSL) la garantie
que les ennemis ne pourront le nuire
aucunement. C'est ainsi que dans son
ÇLissanul HaalÈ le hadith suivant: Çs'appuyer sur notre CrŽateur est mon Haal È,
Çmontrer une volontŽ ferme pour rŽussir
dans ce monde est ma SunaÈ. Qui plus
est, nous l'avons suivi ˆ travers ses termes: ÇDieu m'a montrŽ ce
Son avnement dans la sociŽtŽ wolof qui existait avant la crŽaÈ. Dans
l'ŽlŽgie
d'alors, dans le Baol et le Cayor a permis tion
ÇJawartouÈ qui constitue
une organisation religieuse, Žconomique, le ÇKhatimatal MatafÈ,
sociale et culturelle de ses adeptes, com- Serigne Touba fait allusion
ˆ ÇAssiroul MassouneÈ ˆ
munŽment appelŽs mourides.
savoir la forme de rŽvŽlama familleÈ; Çpourtant, cet exil rŽpond ˆ
tion la plus complexe. Celui qui l'a vŽcue
la volontŽ de pouvoir chanter celui qui ne
ne conna”tra plus de notion temporelle
saurait tre assez louŽÈ; Çje suis Captif de
ou spatiale. A l'ayant droit de cette rŽvŽDieu et je ne reconnais d'autre autoritŽ
lation, le CrŽateur lui fera conna”tre le
que luiÈ; Çsi ce n'Žtait pour sauver l'huCoran. Donc, Serigne Touba connaissait
manitŽ, je n'aurais jamais passŽ une seule
ce qui se passait avant la crŽation de
nuit sur terreÈ, a-t-il soutenu ˆ travers ses
notre grand pre Adama, comme il maiŽlŽgies.
trisait ce qui se dŽroulait sous ses yeux.
Le dŽtenteur de tel propos dŽpasse l'enEn rŽalitŽ, les colonialistes Žtaient partis
tendement humain. Sa rŽaction de refus,
pour Žchouer devant un saint si proche
face ˆ une force destructrice extraordide Dieu et soucieux du legs de Ta Ha:
naire, ne relve pas d'un homme ordil'Islam.
naire.
A. DIOP
Cheikhoul Khadim avait sollicitŽ auprs
de son CrŽateur ce voyage, car ne pouvant obtenir tout ce qu'il voulait en restant entre les murs du SŽnŽgal. Il reut de
AGENDA AGENDA AGENDAÉ
GUINEE: le second tour de lՎlection prŽsidentielle est prŽvu le dimanche 19 septembre. Ce second tour
opposera lÕancien premier ministre Cellou Dalein DIALLO ˆ lÕopposant historique Alpha CONDE.
MADAGASCAR: une confŽrence nationale se tiendra du 30 aožt au 3 septembre.
SAINT-LOUIS: 5 septembre 2010: commŽmoration de la prire des 2 rakaas de Cheikh Ahmadou Bamba
devant le conseil privŽ du 5 septembre 1895.
YOFF DAKAR: 21 septembre 2010: commŽmoration de la prire de Cheikh Ahmadou Bamba sur lÕocŽan
en route vers le Gabon.
PARIS France: 18 septembre 2010: 8me DEFISTIVAL de la diversitŽ et de la mixitŽ et qui sÕinscrit dans le
cadre de ÇlÕannŽe internationale de la biodiversitŽÈ et de ÇlÕannŽe europŽenne de lutte contre la pauvretŽ
et lÕexclusion socialeÈ. Ce festival relve le dŽfi du handicap.
CHINE: 27 septembre 2010: JournŽe Mondiale du Tourisme avec pour thme ÇTOURISME ET DIVERSITE
BIOLOGIQUEÈ
LEYLATOUL QADR: ce 2 septembre 2010, la communautŽ mouride cŽlbre la Nuit de la DestinŽe.
Magazine Mensuel d’informations Page 12
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 13
Actualité
SERIGNE MBACKE SOKHNA LO. D'une silhouette et d'une prestance doublŽe d'un charisme impressionnant, d'une belle figure radieuse qu'illuminait un sourire si doux, l'ombre de Serigne MbackŽ Sokhna Lo
plane ˆ jamais sur ce village de Taif qu'on imagine difficilement sans lui, tant il faisait corps avec l'ambiance des lieux. Et c'est tout naturellement que son mausolŽe, qui ne dŽsemplit jamais, est situŽ ˆ la
devanture de la rŽsidence Cheikh Moustapha, b‰tie ˆ hauteur de milliards dans ce bourg fondŽ il y a plusieurs dŽcennies par son grand-pre, tranchant avec le dŽcor rustique de ce village qu'il a servi jusqu'ˆ son
dernier souffle. Cette Ždition du Magal des 2 Rakaas mŽrite bien de porter son nom!
LE SOLDAT INTRANSIGEANT DE L'ISLAM
grand Žrudit doublŽ d'un homme de
culture ouvert au monde. Ce visionnaire politique et Žconomique avait,
avec ses qualitŽs d'homme de science,
tissŽ des relations cordiales avec des Ç
grands È de ce monde. Il a su entretenir, fructifier et Žlargir les relations
que Ga•ndŽ Fatma avait tissŽes partout dans le monde. Ce qui a fait que
Serigne MbackŽ Sokhna Lo comptait
des amis partout y comprirent des
chefs d'Etats, des Responsables politiques, des hommes d'Affaires mais
aussi des milliers de disciples et sympathisants ˆ travers les continents. Il
avait mis son intelligence et sa fortune
au service de sa patrie et de l'Islam. En
effet, toute sa vie durant Cheikh
Mouhamed MbackŽ a gardŽ ce que
l'homme a de plus noble, sa dignitŽ.
LES DIMENSIONS
DU SAINT DE TAìF
Serigne MbackŽ Sokhna LO est nŽ en
1934 ˆ Na•dŽ MbackŽ. La naissance de
ce premier fils de Ga•ndŽ Fatma provoqua un Žmoi de la part de son illustre grand pre Cheikh Moustapha Al
Karim, premier Khalife de Cheikhoul
Khadim, qui prŽd”t en lui un destin de
b‰tisseur du village de Ta•f. Il dŽbuta
ses humanitŽs coraniques auprs de
ce dernier ˆ Ta•f, avant d'aller continuer ses Žtudes pour la mŽmorisation
du livre Saint ˆ Darou Rahmane,
auprs de Serigne Ibra DIENG dont
l'Žrudition est restŽe cŽlbre. Ce fut
ensuite la Mauritanie et l'AlgŽrie qui
l'accueillent pour parfaire sa formation. Ce qui a fait, certainement, de
Serigne Mouhamed MBACKE un
Empreint d'une stricte neutralitŽ, ÇJe
ne suis d'aucun parti politique, ni ne
soutiens aucun candidat. Ma seule
prŽoccupation, c'est que le SŽnŽgal
aille de l'avant. Je suis avec quiconque
pose des actes pour faire avancer
notre paysÈ, aimait-il souvent laisser
entendre. Sa mission fondamentale
Žtait d'Ïuvrer pour un SŽnŽgal prospre et fort dans une Afrique unie et
respectŽe.
Serigne MbackŽ a rŽalisŽ des merveilles en donnant un cachet particulier
aux activitŽs de la FŽdŽration des
Groupements Religieux et Culturels
des disciples de Cheikh Ahmadou
Bamba, crŽŽe par son illustre ascendant Serigne Cheikh Ga•ndŽ Fatma.
Magazine Mensuel d’informations Page 13
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 14
Actualité
En effet, ces entitŽs (Sections, Willaya
jeunes et femmes) qui s'identifient
aux villages et villes de leurs membres,
sont de vŽritables organisations de
dŽveloppement Žconomiques, culturelles, Žducatives et sociales. A leurs
actifs l'implantation de plusieurs Žcoles dans toutes les localitŽs du pays et
de la sous rŽgion, le dŽveloppement
d'activitŽs agricoles, d'Žlevage, etc. au
profit de ses membres qui n'ont pas
un emploi rŽmunŽrŽ.
L'EDUCATION ET LA MORALE
AU CÎUR DE SON ACTION
Il saisissait toutes les occasions, surtout lors des moments de rassemblement, pour recevoir tour ˆ tour les
dahiras et organisations, des groupes
de disciples venant de partout du pays
et mme de l'Žtranger, pour raffermir
leur foi. En Žducateur humble, Serigne
Mouhamed MbackŽ recevait les disciples et les entretenait de Dieu et de
son Prophte (PSL) en leur rappelant
les vertus qui sont les seules aptes ˆ
faire d'eux des mourides sincres. Il
insistait beaucoup ˆ ce que la solidaritŽ et l'entraide soient les piliers, la
base d'action de toutes les fŽdŽrations
de disciples qui sont sous
sa charge. Pour Serigne
Mouhamed, les recommandations de Serigne
Touba sont celles de
Dieu, il les respectait
scrupuleusement et les
faisait aussi suivre ˆ l'ensemble de ses disciples.
Partout o il passait, il
semait la foi, l'amour du
travail et de son prochain
dans les sentiers de Dieu,
conformŽment ˆ ceux
qui l'ont prŽcŽdŽ. Il
demeurait ainsi un
dŽfenseur sans faille des
valeurs mourides, tout
en se rŽfŽrant en toute
occasion au fondateur
de la confrŽrie. Ses nombreux prches peuvent
en tŽmoigner. Tous ceux
qui, parmi les disciples, ont ŽpousŽ ces
valeurs se prŽsentent aujourd'hui
comme la souche la plus dynamique,
la plus disciplinŽe, la plus ardente au
travail dans la communautŽ mouride.
Ce qui explique en grande partie
l'adhŽsion massive des intellectuels
dans ses diffŽrentes organisations.
LA PERSONNIFICATION DE
LA GENEROSITE
Serigne MbackŽ Žtait d'une gŽnŽrositŽ et d'une grandeur de cÏur inŽgalables. Il savait rŽgler les problmes
qu'on lui soumettait sans calcul aucun.
Pour lui, la gŽnŽrositŽ ne se limite pas
ˆ ce qu'il appelait Çfaire son devoirÈ
car, selon lui, aider son prochain est
un devoir naturel et ne peut pas tre
considŽrŽ comme de la gŽnŽrositŽ.
Son entendement de la gŽnŽrositŽ
Žtait plus large et allait jusqu'ˆ aider
des gens dont on est sžr qu'ils ne
disaient pas la vŽritŽ par rapport ˆ leur
requte. Borom Ta•f Žtait un exemple.
Il faisait de sorte que tous ceux qui
vivaient dans sa maison avaient accs
ˆ lui. Aucune barrire, aucun intermŽdiaire n'existait entre sa famille, ses
talibŽs et lui. Il discutait avec tout le
Magazine Mensuel d’informations Page 14
monde, se prŽoccupait des problmes
des uns et des autres.
L'ambiance des Ç khadara È (veillŽes
nocturnes o le marabout discutait
librement avec les h™tes et les membres de la famille) Žtait toujours
bonne. Serigne MbackŽ ˆ l'image de
son illustre pre Gainde Fatma transcendait tous les clivages confrŽriques
et mme ethniques pour se mettre ˆ
la disposition de l'homme tout court:
Ç ma mission ici bas consiste ˆ aider
les nŽcessiteux È, rŽtorquait-il, souvent, ˆ ceux qui lui reprochaient ses
largesses. Ç Tout ce qui me tombe sur
la main je n'hŽsiterai pas ˆ le redistribuer, tout ce que vous ne voulez pas
que je donne, ne me le remettez pas
È: telles Žtaient sa vision et sa philosophie des choses.
PARTIR POUR NE
PAS PARTIR
Serigne Mouhamed semblait nous
prŽparer ˆ cette triste rŽalitŽ en nous
dŽsignant ˆ maintes reprises celui qui
allait prendre la relve, son frre
Serigne Abdoul Fatah MbackŽ,
qu'Allah le garde longtemps parmi
nous afin qu'il puisse perpŽtuer l'Ïuvre colossale de ses prŽdŽcesseurs.
A l'‰ge de 71ans, Serigne MbackŽ est
parti pour ne plus revenir, laissant
pantois un peuple abasourdi, encore
incrŽdule d'avoir comptŽ dans ses
rangs un homme d'une telle dimension. Une vŽritable ic™ne.
Au paradis, ˆ cotŽ de Cheikh
Mouhamadou Moustapha, celui qui
fut son repre et guide, il doit gožter
avec fŽlicitŽ la rŽcompense promise
par le Seigneur ˆ ceux qui ont persŽvŽrŽ dans la droiture et accomplissaient de bonnes actions uniquement
pour la face de Dieu.
Tout de mme il y a une attŽnuation ˆ
notre dŽtresse, quand nous savons
qu'il est Ç parti sans partir È. Il est restŽ
dans Serigne Fatah et Serigne
Ndiagne.
Djibril NDAO
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 15
Actualité
21 SEPTEMBRE 1895, Cheikh Ahmadou Bamba, dans sa qute pour sauver les musulmans, Žtait en partance
pour le Gabon, en compagnie des vertueux. Il menait le jihad pour que la crŽature humaine obtienne une
paix ici et ˆ l'au-delˆ. C'est ainsi que son acte de haute portŽe, prescrit en plein ocŽan, montre son courage,
son espoir et sa confiance en Dieu, malgrŽ les difficultŽs qui l'ont assailli durant ce pŽriple.
L'EXALTATION DE LA PRIERE PAR CHEIKH
AHMADOU BAMBA
Ocean Atlantique
La prire est l'action la plus importante
parmi toutes les actions d'adoration, a
affirmŽ le Prophte Mohamed (PSL), en
ses termes: Çce qui me satisfait rŽellement, c'est la prireÈ. La prire dans
l'Islam comporte des chartes et des exigences difficiles ˆ remplir. Elle constitue le principal pilier qui sous-tend la
dernire religion rŽvŽlŽe. Selon un
hadith rapportŽ par Muahd Ibn Djabal,
Seydina Mohamed (PSL) a dit: Ç la soumission constitue la base de l'affaire
(religieuse), la prire son pilier et le
jihad son point culminant È.
Cheikh Ahmadou Bamba, dans sa qute
pour sauver les musulmans, Žtait en
partance pour le Gabon, comme il l'a
dit dans Assirou, en compagnie des
Vertueux. Il menait le jihad pour que la
crŽature humaine obtienne une paix ici
bas et ˆ l'au-delˆ. C'est ainsi que son
acte de haute portŽe, prescrit en plein
ocŽan, montre son courage, son espoir
et sa confiance en Dieu.
En rŽalitŽ, chez Serigne Touba, la taille
de la difficultŽ ne faisait que renforcer
sa foi. Le chemin vers l'exil, la prŽsence
du bateau et des blancs, l'ocŽan et la
solitude ont rehaussŽ la valeur de cette
prire effectuŽe le 21 septembre 1895.
L'exclusivitŽ de cette prire que personne ˆ part lui n'a faite et que personne ne fera ˆ l'avenir, prouve qu'il
Žtait dotŽ de capacitŽs insouponnables, de lumires indescriptibles. Parmi
celles-ci, le Ç Sabru È ou la patience.
Mame Cheikh Ibrahima FALL disait du
Guide de Touba: Ç Vous Serigne, votre
patience est au dessus de celle des
tres adamiques. C'est pourquoi, notre
Seigneur vous a ŽlevŽ au grade le plus
haut de Ses distinctions È. Mais Žgalement, sa passion pour la prire, sa
concentration, son Ç hakhul yakhin È
car, il avait la mme considŽration pour
l'ocŽan, le blanc et le feu. En rŽalitŽ,
personne ne peut conna”tre le pre de
Serigne Saliou MBACKE. En affirmant: Ç
aux yeux de ceux-lˆ qui sont les amis de
Dieu, je suis un miracle que notre
Seigneur a fait descendre sur terre È,
Cheikhoul Khadim a transcendŽ les
espaces et les Žpoques. Par cet acte,
Cheikh Ahmadou Bamba a fait preuve
de l'orthodoxie Ç istiqama È par l'application de faon permanente de la voie
droite. Abou Seid Al-Hassan ben AboullHassan en a fait allusion: Ç les degrŽs
de la crainte rŽvŽrencielle sont au nombre de trois: le premier consiste ˆ dire
toujours la vŽritŽ; le second ˆ priver de
sa personne toutes les Ïuvres que
n'aime pas le Seigneur Trs Haut ; le
troisime ˆ se conduire de manire ˆ
voir ses actes agrŽŽes de Lui (Huwa) È.
Observer la prire signifie la perpŽtuer
en parole et en actes aux heures qui lui
sont fixŽes comme Allah le trs Haut
nous le dit dans le Coran: Ç quand vous
avez accompli la salaat (normalement),
car la salaat demeure, pour les
croyants, une prescription, ˆ des temps
dŽterminŽs È.
Nous musulmans devons savoir que la
meilleure des Ïuvres est celle qui va
avec une crainte et une mŽditation.
Serigne Touba nous a montrŽ le chemin
indiquŽ par Abou Seid Al-Hassan Ç celui
dont le cÏur ne va pas de pair avec la
langue, dont l'extŽrieur et l'intŽrieur ne
sont pas ˆ l'unisson, porte sur lui l'empreinte de l'hypocrisie. Le vrai fidle est
celui qui s'applique constamment ˆ ne
pas tomber dans l'hypocrisie, qui ne fait
rien de ce qu'il ne doit pas faire, qui ne
prononce jamais une parole qu'il ne
doit pas dire È.
Cheikhoul Khadim nous a enseignŽ que
le musulman doit veiller ˆ l'accomplissement de la prire aux heures qui lui
sont fixŽes et Žviter de la nŽgliger par
paresse ou par inadvertance.
Abdoulaye DIOP
Magazine Mensuel d’informations Page 15
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 16
Leader à l’affiche
CÕest un Serigne Modou Kara disponible et relax qui a reu lՎquipe de Assirou Magazine dans sa suite prŽsidentielle de lÕh™tel MŽridien de Dakar. Dans cette interview, le guide religieux, dÕun abord facile et
jovial, a acceptŽ de se confier. Et, de mŽmoire de talibŽ, jamais le marabout ne sÕest, de la sorte, ouvert
ˆ un organe de presse. Le fait mŽrite dՐtre soulignŽ, car Assirou Magazine est allŽ au fond des choses
avec le chikory, du nom du village de son pre. Il sÕest ŽpanchŽ sur sa jeunesse, ses passions, ses ambitions politiques, bref, tout sur Kara. EntretienÉ
Pour le contr™le de lÕAssemblŽe Nationale
Kara se dŽvoileÉ
Assirou : Qui est Kara?
Serigne Modou Kara : Avant de rŽpondre ˆ cette question, permettez-moi de
saluer votre courage et votre persŽvŽrance, mais surtout de fŽliciter votre
nouveau journal qui se penche sur les
problmes de Touba. Je prie pour vous,
afin que Serigne Touba vous apporte
ses gr‰ces.
Pour rŽpondre ˆ votre question, je suis
nŽ ˆ This, en 1954. Quatre ans plus
tard, mes parents sont venus me chercher, en ce moment, nous habitions
une localitŽ qui portait le nom de
Thiounkouly. Il existe nŽanmoins deux
Thiounkouly. Il y a Thiounkouly MbackŽ
et Thiounkouly Diop. Mon grand pre
Serigne Fallou MBACKE et Raymond SAGNA
nous a demandŽ de le
rejoindre
ˆ
Darou
Moukhty parce que cela
faisait longtemps quÕil y
rŽsidait (environ 16 ans).
Mame Thierno Birahim
MbackŽ
habitait
Thiounkouly. MbackŽ et
Thiounkouly
Diop
Žtaient les localitŽs de
Seydina Ousmane. Ces
deux localitŽs Žtaient distantes dÕenviron 300 ˆ
350 mtres. A lՉge de
quatre ans, il a envoyŽ
Ismeu Bye nous chercher pour le trouver ˆ
Keur Demba une localitŽ
qui Žtait prŽs de
Tchilmakha.
Ensuite,
nous nous sommes rendus
ˆ
Thiounkouly
MbackŽ o jÕai commencŽ mes classes. Il mÕa
confiŽ ˆ la famille de
Mademba TourŽ dans la
localitŽ de Serigne Mor
Nar TourŽ. JÕy ai passŽ un moment
avant de partir au Daara de Tchilmakha
Darou, celui de Thierno Guye, celui de
Serigne Dame Diop qui a enregistrŽ le
passage de plusieurs Marabouts de
Darou Moukhty. Par la suite, je suis
revenu ˆ This o mon oncle avait installŽ un Daara, pour y continuer mon
apprentissage du Coran. Je suis reparti
un moment ˆ Darou, jusquՈ lÕavnement de Serigne Cheikh Ahmadou
Moustapha MbackŽ ˆ la tte du
Khalifat.
Que peut-on retenir de votre jeunesse?
RiresÉ A propos de mes passions de
Magazine Mensuel d’informations Page 16
jeunesse, jÕaimais bien jouer au football, pour tout vous dire, jՎtais un
excellent footballeur; mais le Marabout
me lÕinterdisait et jÕai arrtŽ. Je suis
aussi un trs bon joueur de Baby-foot.
DÕailleurs, je le pratique jusquՈ prŽsent, jÕen ai un dans ma salle de musculation ˆ Daraye Cheikhoul Khadim ˆ
Dakar. JÕadorais aussi la pratique de la
boxe.
Pouvez-vous nous parler de vos rapports avec les khalifes de Serigne
Touba, en particulier avec le dŽfunt
Serigne Saliou MbackŽ ?
Bien sur !!! Vous savez tous les membres de la famille de mon Saint Grand
pre pensaient que Serigne Ousmane
Žtait de leur cotŽ, tellement il Žtait un
talibŽ humble. On mÕa racontŽ que du
temps de mon dŽfunt grand pre
Mame Thierno Birahim MbackŽ, il avait
rendu visite ˆ Serigne Modou
Moustapha MbackŽ ˆ Taif. Durant tout
le temps de son sŽjour, il partait ˆ la
chasse et ramenait trs souvent du
gibier ˆ Serigne Modou Moustapha. Il a
aussi rendu une fois visite ˆ Serigne
Fallou MbackŽ ˆ Ndindy qui lÕa retenu
un mois durant ˆ Ndindy. Un jour, le
Marabout disait ˆ ses proches quÕil
avait la nostalgie du riz, car cela faisait
longtemps quÕil nÕen avait pas mangŽ.
Ayant entendu cela, Serigne Ousmane
sÕest rendu ˆ MbackŽ pour vendre un
de ses boubous et se procurer du riz
quÕil a fait cuire pour le Marabout. On
raconte aussi quՈ une Žpoque, il avait
eu ˆ se raser la tte en compagnie de
Serigne Saliou MbackŽ et quՈ la fin du
rasage, ils ont mis ensemble leurs cheveux dans un trou. Ce geste avait une
grande signification parce quՈ une
Žpoque, Cheikh Ibra avait demandŽ ˆ
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 17
Serigne Touba de trouver un mari ˆ ma
grand-mre Mame Marma SEYE, ce
que ce dernier a fait en la donnant en
mariage ˆ Mame Thierno Birahim
MbackŽ. Je me rappelle un jour, jՎtais
en compagnie de Serigne Bassirou
MbackŽ Abdoul Khoudoss et Serigne
Saliou disait quÕil avait lÕintention dÕaccomplir un vÏu ˆ lÕendroit de Serigne
Ousmane, mais le bon Dieu en avait
dŽcidŽ autrement. NŽanmoins, il avait
pris la dŽcision dÕaccomplir cette
volontŽ sur ma personne. Un jour, jÕai
confiŽ ˆ Serigne Saliou que je ne pouvais plus partir ˆ la Mecque pour un
plerinage, parce que lorsque je me
rends ˆ la Mecque, cÕest comme si
jՎtais toujours ˆ Touba et vice versa,
alors il mÕa parlŽ dÕun Çaya È que
Serigne Touba avait rŽdigŽ pour dire
que Touba et la Mecque Žtaient pareils
sur le plan religieux.
Pourquoi chantez-vous diffŽremment
les khassaides?
Vous savez, les Ç khassaides È interprŽtŽs par la troupe, contribuent au
spiritualisme du talibŽ. Serigne Touba a
toujours combattu le diable, qui est lÕinventeur des instruments de musique
qui poussent les personnes ˆ la dŽrive.
JÕai dŽcidŽ aprs rŽflexion, de mettre
ces instruments ˆ la disposition des
khassaides, pour combattre le diable.
CÕest-ˆ-dire, jÕai pris les armes quÕil a
crŽŽes pour combattre le diable.
Maintenant, certaines personnes qui
ne comprennent pas ma philosophie
peuvent se permettre de jeter des pics
ˆ mon endroit, cela ne me dŽrange pas
du tout.
Etes-vous candidat ˆ la prŽsidentielle
de 2012?
Vous savez, nous vivons toujours avec
le systme colonial. Ainsi, avec ce systme, cela deviendra difficile pour que
je sois, un jour, le PrŽsident de ce pays
car, nous nÕavons pas les mmes rŽfŽrences. Eux, ils se rŽfŽrent au systme
colonial, tandis que moi je me rŽfre ˆ
Serigne Touba. Donc, partant de ce fait,
nous ne pouvons pas avoir les mmes
objectifs et ambitions. JÕai mis sur pied
une coalition dŽnommŽe Çcoalition du
sicleÈ qui rŽunit des personnes apolitiques soucieuses du dŽveloppement de
ce pays. Cette structure est en train de
faire de bonnes choses pour le pays.
Leader à l’affiche
Mon principal objectif, cÕest
dՐtre
majoritaire
ˆ
lÕAssemblŽe nationale pour
pouvoir contrer le PrŽsident
dans ses dŽcisions. Ce nÕest que
par ce moyen que nous pourrons combattre valablement le
systme. Je ne dis pas que tout
le systme est mauvais, je dis
simplement que ce nÕest pas
ma rŽfŽrence. Cela dit, les gens
sont libres de me dŽsigner
comme Žtant leur candidat car,
se reconnaissant dans mes
actions.
Pourquoi prŽconisiez-vous le
remplacement du systme
colonial par celui de Serigne
Touba?
Les politiciens de ce pays sont
tous pareils. Ils se valent.
LÕopposition et le pouvoir sont
pareils car, ils ont les mmes
rŽfŽrences. PuisquÕils nÕont pas
pris les rŽfŽrences de Serigne Touba qui
nous a indiquŽ la manire de gŽrer une
sociŽtŽ et qui nous a inculquŽ les vertus
de bontŽ, de partage et dÕabnŽgation.
Pour ce fait, jÕaimerais bien que ceux
qui se rŽclament de Benno Siggil
SŽnŽgal soient unis au sens propre du
terme et quÕils ne se laissent distraire
par des futilitŽs et des intŽrts personnels.
Quelle analyse faites-vous ˆ propos du
monument de la Renaissance?
Lˆ o rŽside le problme, cÕest que le
gouvernement nÕa pas clarifiŽ dŽs le
dŽpart lÕobjectif de ce monument. Une
campagne de sensibilisation aurait dž
tre menŽe par les autoritŽs, afin de
dire ˆ lÕopinion que ce monument nÕest
pas une idole, mais plut™t un symbole
qui reprŽsente la renaissance de
lÕAfrique. JÕai le sentiment que les gens
sÕoffusquent pour peu de choses, alors
que nous voyons chaque jour ˆ la tŽlŽvision des images qui nous choquent et
que nos mÏurs sont en train de se
dŽtŽriorer au profit de lÕoccident. Nos
enfants ont perdu leurs repres, en
adoptant les coutumes et traditions des
europŽens et, pourtant, personne nÕa
organisŽ de marche de protestation
allant dans le sens de combattre ce
flŽau. Le monument est fait de pierres,
donc destructible mais, lՎducation et
nos mÏurs volent en Žclats et cela est
plus dangereux que nÕimporte quel
monument.
Certains accusent le PrŽsident Wade
de penchants monarchistes. QuÕen
dites-vous?
Un peu pensifÉ Je lÕaime beaucoup
parce que dÕabord cÕest un mouride, il a
beaucoup de courage et dÕabnŽgation.
Nous avons des rapports de grand-pre
et de petit-fils. Il arrive parfois que nos
points de vue divergent, ˆ cause du systme. Quant ˆ Karim, je nÕai jamais
entendu son pre tenir ce genre de discours. Personnellement, Me Wade ne
mÕa jamais dit quÕil voulait mettre son
fils ˆ la tte du pays et Karim ne mÕa
jamais dit quÕil voulait tre un jour prŽsident du SŽnŽgal. Je lÕai entendu des
gens.
Que pensez-vous du nouveau magazine Assirou?
CÕest une bonne chose parce que ce
magazine est diffŽrent des autres. Le
nom que porte votre magazine est trs
symbolique car, cela a un rapport avec
lÕexil de Serigne Touba. Que le Bon Dieu
protge Assirou Magazine, votre journal et vous bŽnisse. Que la paix et la
stabilitŽ rgnent dans notre SŽnŽgal.
Que les cÏurs sÕunissent pour le meilleur de notre pays.
Magazine Mensuel d’informations Page 17
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 18
Dossier
Réalisé par Raymond SAGNA et Abdou Khadr BA
CAFE TOUBA : VIATIQUE D'EXIL
Le cafŽ est entrŽ au SŽnŽgal par le fait des colonisateurs surtout
durant la pŽriode de la traite nŽgrire en Afrique. Aussi, appert-il que
consommer un tel nectar Žtait un luxe et un privilge, ˆ l'Žpoque, hors
de portŽe du commun des mortel. C'est la communautŽ Mouride qui le
vulgarisera et en fera la promotion sous l'appellation ÇCafŽ ToubaÈ,
par l'intermŽdiaire de son fondateur Cheikh Ahmadou BambaÉ
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 19
Dossier
ÉL'histoire rapporte que, lors de
son exil au Gabon, le Cheikh
constatait que les blancs dŽbordaient d'Žnergie, du fait d'une
grande consommation de CafŽ.
Les questionnant sur les motivations d'une telle consommation,
le Cheikh apprit des colons que
le cafŽ les tonifiait davantage et
leur donnait plus d'Žnergie, leur
permettant de mieux faire leur
travail.
Et Serigne Touba leur rŽpond”t:
Çsi vous, qui ne vous souciez que
de ce bas monde, consommez le
cafŽ dans le but de rester Žveiller
afin de mieux et bien faire votre
travail, alors nous, qui sommes ˆ
la qute de la rŽussite dans les
deux mondes, devrions plus que
vous nous approprier ce cafŽÈ.
Par lˆ, le Cheikh montre que le
musulman peut adopter les bons
actes, coutumes, traditions et
civilisations d'autrui, mme si ce
dernier n'est pas musulman, tant
que cela n'est pas en contradiction avec l'Islam.
Comme disait le prophte
Mouhamad(PSL), La sagesse
appartient au musulman, il la
prend o il la trouve. Ajoutons ˆ
cela que son serviteur Žternel
Khadim Rassoul dira ˆ ses disciples: "Je vous ordonne d'imiter
les blancs sur ces 3 bonnes qualitŽs: ainsi vous devez bien garder
le secret, veiller au respecter de
la hiŽrarchie dans vos groupes
pour qu'il y ait plus d'ordre et
aimer votre travail"
Pour les mourides, le ÇcafŽ
ToubaÈ reprŽsente, au-delˆ de
sa qualitŽ de boisson, l'expres-
sion concrte de leur appartenance au Mouridisme et, audelˆ, un moyen qui les rapproche de la bŽnŽdiction du Cheikh.
Dans les dahiras, dans les maisons et mme les lieux de travail,
talibŽ Serigne Touba rime avec
cafŽ Touba.
Toutefois, depuis un certain
temps, le CafŽ Touba a ses
entrŽes dans les habitudes des
SŽnŽgalais. De nos jours, plus de
70 % des SŽnŽgalais, de tout ‰ge
et sexe (mourides, autres confrŽries et autres non musulmans),
consomment le cafŽ Touba,
moulu et mŽlangŽ au piment
noire (Diar en Wolof), qui est
aussi, en mŽdecine traditionnelle, rŽputŽ tre bon pour les
yeux.
Dans son livre intitulŽ Wakhtani
Serigne Touba, S. El Hadji MbackŽ,
petit-fils de Serigne Saliou (5e khalife
du Cheikh) nous enseigne qu'il a ŽtŽ
rapportŽ que le cheikh disait:
o Celui qui boit du CafŽ avec l'intention d'avoir plus d'Žnergie pour mieux
servir dans le chemin d'Allah le tout
puissant c'est-ˆ-dire l'islam aura la
rŽtribution de la personne qui a dit :
"Laa ila ha ila lah" (Il
n'y a d'autre divinitŽ
qu'Allah),
au
moment
de
sa
consommation, et
de mme, celui qui
boit du thŽ pour la
mme
intention
aura
la
mme
rŽcompense de celui
qui
a
dit:
"
Muhamadu Rassulu
Laah"
(PSL)
(Muhamad est l'envoyŽ d'Allah).
o Il dira aussi: que le
cafŽ Touba est un
remde.
Si, sous l'influence d'un certain cartŽsianisme, le doute aurait pu tre permis, face ˆ de telles affirmations ǎsotŽriquesÈ, il ne le serait plus, face ˆ de
rŽcentes Žtudes scientifiques affirmant que le cafŽ serait bŽnŽfique Žgalement contre la maladie d'Alzheimer,
le Diabte de type2 aussi appelŽ Çdiabte insulino-rŽsistantÈ ou Çdiabte
de l'‰ge mžrÈ, le cancer du foie et,
sans doute, certains autres cancers
(l'Žtude se poursuit).
Un mŽdecin allemand, Leonhard
Rauwolf, dŽcrit le CafŽ: " une boisson
aussi noire que l'encre, utile contre de
nombreux maux, en particulier les
maux d'estomac ".
Toujours dans son livre, El Hadji
MbackŽ nous dit que son grand pre
Serigne Saliou lui a affirmŽ que:
o Serigne Touba disait : Celui qui boit
un verre de CafŽ toujours avec l'intention de rester Žveiller pour mieux pratiquer les obligations et recommandations enseignŽes par l'islam, bŽnŽficiera de la totalitŽ des rŽcompenses
des Franais, s'ils adoraient Allah, de
mme, celui qui boit du ThŽ bŽnŽficiera de la rŽcompense totale des
Anglais, s'ils adoraient Allah.
o Le Cheikh disait aussi: j'ai un secret
qui, si je le mettais dans le cafŽ, tous
les mŽcrŽants viendront embrasser
l'Islam.
FAVEURS ET BIENFAITS DU CAFE TOUBA
Magazine Mensuel d’informations Page 19
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 20
COMMENT PREPARER LE CAFE TOUBA?
Dossier
Un jour, les disciples demandrent aux Cheikh des recommandations sur le mode de prŽparation du cafŽ Touba. Le Cheikh
leur rŽpond”t qu'il faut d'abord dire Bismilah, avant chaque Žtape de la prŽparation, puis rŽciter la Sourate Mre Al Fatiha et
les versets suivants sur la poudre: ÇAlif, L‰m Mim, zalikal kitaab, Laa rayba fiihi hudan lil mutaxiine, Alaziina yuu mi nuuna bil
xaybi, wa yu ximuuna salaata wa mimaa razaxnaahum yunfixuun, Wa laziina yuminuuna bima unzila ilayka wa maa unzila min
xablika wa bil axirati hum yuxinuuna, Ulaa i ka ala hudan min rabihim wa u laa i ka hum al MuflihuunÈ.(2/1-5).
RESPECT DES NORMES
D'HYGIENE
Nous ne pouvons pas parler du cafŽ Touba, sans
pour autant Žvoquer cet aspect. En effet, selon
certaines personnes, le cafŽ Touba ne rŽpondrait
pas aux normes d'hygine requises. Ces derniers
pensent que les vendeurs de cafŽ Touba ne se
soucient pas trop souvent, de la prŽparation ˆ la
vente, de l'hygine. Ce qui ne les encourage pas ˆ
en consommer. Toutefois, la plupart des vendeurs interrogŽs, dans ce sens, s'ils assurent respecter les rgles ŽlŽmentaires d'hygine, reconnaissent tout de mme la prŽsence de patates
pourries qui desservent la grande communautŽ
de vendeurs de cafŽ touba et, par voie de fait,
l'esprit originel dudit produit. Toujours est-il que
nombre de consommateurs ont affirmŽ avoir, ˆ
plusieurs reprises, achetŽ un cafŽ qui avait un
gožt infect ˆ cause du riz que certains vendeurs
n'hŽsitaient pas ˆ mettre dans le produit. Dans le
lot des griefs contre les vendeurs vŽreux, il a ŽtŽ
citŽ la malencontreuse tendance ˆ commercialiser un cafŽ invendu et donc impropre ˆ la
consommation. Cela est souvent la cause de
malaises gastriques. Cependant, les vendeurs
rencontrŽs sont favorables ˆ des causeries ˆ
entreprendre par les professionnels du cafŽ
Touba pour combattre ces mŽfaits et, ainsi, aller
vers une formalisation plus industrielle de la
commercialisation de ce produit.
L'ASPECT ECONOMIQUE DU CAFE TOUBA
IndŽniablement, le cafŽ Touba participe de manire directe ˆ l'Žconomie de ce pays. Cette activitŽ gŽnŽratrice de revenus
est prisŽe par les jeunes baol-baol qui, sans conteste, ont un sens aigu du monde des affaires, en gŽnŽral et de la vente,
en particulier. Aussi, la majoritŽ des vendeurs de cafŽ Touba sont-ils originaires du Baol. Mais, autant la consommation du
cafŽ Touba a intŽgrŽ les habitudes sŽnŽgalaises, autant la commercialisation a Žlargi son rŽseau. Ainsi, retrouve-t-on, parmi
les vendeurs toutes les couches ethniques du pays, parfois mme de la sous-rŽgion. Les revenus gŽnŽrŽs sont assez substantiels. On estime le bŽnŽfice journalier entre 4000 et 5000 FCFA. Alors que les dŽpenses pour l'achat du matŽriel nŽcessaire ˆ la prŽparation du cafŽ Touba ne dŽpassent gure 5000 FCFA. Aussi, cette activitŽ a-t-elle beaucoup contribuŽ ˆ la
baisse du ch™mage qui demeure un flŽau au SŽnŽgal. C'est d'ailleurs pour cette raison que les vendeurs rencontrŽs sur le
terrain en appellent-ils ˆ l'assistance de l'Etat. Certains ont mme Žmis l'idŽe d'une syndicalisation de leur activitŽ, pour
pousser le gouvernement, censŽ leur venir en aide, ˆ discuter avec eux de leurs problmes.
Magazine Mensuel d’informations Page 20
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 21
Entre nous
ADIEU
CHEIKH MOUHAMADOU LAMINE BARA
MBACKE FALILOU
Le 6me khalife de Cheikh Ahmadou Bamba est dŽcŽdŽ le 30 juin 2010, entre 21 heures et
22 heures ˆ Touba Alieu, ˆ l'‰ge de 86 ans.
Depuis quelques temps, votre Žtat clinique Žtait sujet ˆ plusieurs commentaires et laissait sceptiques les mourides
les plus avertis. Vous comptez dŽsormais parmi les pionniers du Ç Nouveau
Touba È parmi les disparus. Aprs plus
d'un demi-sicle d'activitŽ continue au
service de l'islam, du Mouridisme et
concernant tous les secteurs de la vie
Žconomique et sociale du SŽnŽgal, vous
laissez derrire vous un bilan prŽcieux
et enviable.
Dipl™mŽ des hautes Žcoles de Serigne
Bara MBACKE, votre homonyme, et de
Serigne Fallou MBACKE, votre pre,
vous avez dŽmarrŽ votre vie active au
service de Cheikh Ahmadou Bamba.
Au service de vos pres et khalifes de
Serigne Touba, vous avez acquis une
expŽrience qui forge vos exigences sur
l'Žthique, la foi et les valeurs du vŽritable guide religieux que vous n'avez
cessŽ d'afficher tout au long de votre
vie de lumire.
Devenu khalife de votre illustre pre
Serigne Fallou, Cheikh Ahmadou Bamba
vous confie la destinŽe du Mouridisme
le 28 dŽcembre 2007, aprs le rappel ˆ
Dieu de Serigne Saliou MBACKE. Une
place de laquelle vous n'avez certes
plus grand-chose ˆ apprendre mais
beaucoup ˆ apporter.
L'amŽlioration des infrastructures de
voirie, le complexe socio Žducatif d'une
capacitŽ de 3000 Žlves, la nouvelle
rŽsidence Cheikhoul Khadim estimŽe ˆ
prs de 2 milliards de francs CFA, l'ouvrage hydraulique de keur Niang, la citŽ
Serigne Fallou avec prs de 2500 habitants, la Grande mosquŽe Mouride de
Dakar, le symposium international sur
le Mouridisme en 2009, en Mauritanie,
les visites de courtoisie dans les autres
citŽs religieuses, l' assistance aux
confrŽries du SŽnŽgal lors du Gamou,
entre autres en sont une parfaite illustration.
Dans cette activitŽ dŽbordante, tout le
SŽnŽgal, l'Afrique et le monde vous a
admirŽ d'avoir toujours su trouver le
temps pour cultiver une passion sans
borne: l'amour et le legs de Serigne
Fallou. Pour cela aussi, vous avez su
associer l'utile et l'agrŽable. Je me souviens d'un ziar chez vous avec un ami
artiste, Ousmane SEYE, o on vous avez
remis un tableau en collage de Serigne
Fallou. Vous Žtiez si honorŽ que vous
nous avez donnŽ l'opportunitŽ de tenir
entre nos mains la fameuse canne de
votre pre. En plus d'une canne, c'Žtait
une arme ˆ feu que vous disiez Ç bonne
pour tirer sur un petit MboussobŽ È.
Ce qui ressort le plus de votre personnalitŽ hors du commun, c'est votre
attachement ˆ la seule valeur qui en
vaille la peine: la relation humaine.
Tous vos disciples et vos amis -ils sont
nombreux- vous pleurent aujourd'hui
aux c™tŽs de votre famille, avec beaucoup d'amertume et d'affection. Adieu
Aladji Bara!
Abdoulaye DIOP
Magazine Mensuel d’informations Page 21
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 22
Entre nous
Cheikh Ibrahima FALL, 40me disciple de Cheikh Ahmadou Bamba, Il a su dŽvelopper tous les paradigmes
de la voie de Cheikh Ahmadou Bamba. Le Mouridisme constitue inŽluctablement une survie pour la marche du monde.
MODELE DE SORTIE DE CRISE
POUR LES PAYS PAUVRES
Chres frres en Dieu
C'est un tre Žmu, qui s'adresse ˆ
vous, pour parler de ce grand
homme qui marqua de manire
indŽlŽbile l'histoire du SŽnŽgal.
J'ai pris le temps de visiter l'tre
dans toutes ses dimensions, spirituelle et temporelle. J'ai pris le
temps d'Žcouter, de manire
approfondie, les hommes de Dieu
parlant de Cheikh Ibra avec ferveur, admiration et amour pur. Je
pourrai Žcrire des livres sur cet
homme, tellement son histoire
est intŽressante; tellement elle
est riche d'enseignements. J'en
dŽduis, aujourd'hui,
qu'il est inŽluctablement un modle de
rŽfŽrence
pour
notre gŽnŽration et
celle du futur. Il
avait une personnalitŽ sans commune
mesure exerant sur
sa propre personne
une volontŽ de
domination; montrant que le corps
ne devrait pas le
conditionner et qu'il
devait faire preuve
de respect inconditionnel aux Žpreuves de la foi.
Cheikh
Ibrahima
FALL avait une
dŽmarche d'homme
majestueux.
Le
sable accueillait ses
pas
dans
une
ambiance fŽŽrique
et religieuse. On
sentait chez ce grand homme une
grande
personnalitŽ,
une
noblesse dans les idŽes et une
profonde connaissance du Coran
et des prŽceptes de l'Islam. Il
aimait profondŽment le Prophte
Mohamed (PSL) et ma”trisait dans
les moindres dŽtails le passŽ glorieux de l'Etre Exceptionnel. Son
dŽvouement envers Cheikhoul
Khadim, Khadimou Rassoul en est
une parfaite illustration. Quand
j'ai foulŽ le sol de Ndiarme, l'unique question que je me suis posŽ
Žtait de savoir s'il existerait un
Magazine Mensuel d’informations Page 22
homme aussi dŽvouŽ,
aussi
noble, aussi fidle en amitiŽ que
Cheikh Ibrahima FALL dans ce
SŽnŽgal d'hier ou d'aujourd'hui.
Les rŽponses seront nombreuses
et diverses mais, t™t ou tard, elles
rejoindront ma dŽmarche car,
Cheikh Ibra, personne ne pourra
l'Žgaler ni dans sa noblesse, ni
dans sa fidŽlitŽ, ni dans son engagement sans faille ni limite.
Dans ce monde marquŽ par la
crise financire qui n'a pas ŽpargnŽ nos pays sous dŽveloppŽs, il
existerait une grande alternative
qui ne sera empruntŽe ni du capitalisme, ni des pratiques hŽsitantes des pays Žmergents mais plut™t, d'une volontŽ ferme de nous
inculquer davantage les valeurs
auxquelles croyait Cheikh Ibra
FALL. Ferme et endurant dans le
travail, plein de dŽvouement et
de vertus sans lesquels l'homme
ne peut pas s'affirmer, Cheikh
Ibrahima FALL a montrŽ le chemin
pour une sortie de crise de nos
pauvres pays. Sans l'alternative
qu'il constitue, le cercle entre
pays du Nord et pays du Sud sera
de plus en plus vicieux.
Cheikh Ibra donc, dans sa grande
stratŽgie d'homme intgre et
d'Žrudit, a su concrŽtiser les
valeurs morales pour en faire le
levier principal du dŽveloppement.
Sheikh Alassane SENE
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 23
Entre nous
La vie politique de ces vingt dernires annŽes a vu se poser, avec acuitŽ, la problŽmatique de lÕentrisme
de certains guides religieux dans la politique. Le plus commun des sŽnŽgalais, les non initiŽs, se retrouvent dans un imbroglio total face ˆ cette situation. Certains pensent que la place du religieux est ˆ la mosquŽe avec son chapelet, dÕautres trouvent normale cette incursion en politique. De tout temps rŽservŽe ˆ
une certaine Žlite et ˆ des personnes dÕune Ç moralitŽ douteuse È. Les chefs religieux sont venus bousculer les donnŽes. Parmi les plus proches de notre gŽnŽration, Serigne Cheikh MBACKE GaindŽ Fatma,
Cheikh Abdoulaye DIEYE, Serigne Ousseynou FALL, Serigne Mamoune NIASSE, Ahmed Khalifa NIASSE,
Cheikh Ahmadou Kara MBACKE Noreyni, Serigne Bara Doly MBACKE, Imam Mbaye NIANG, Cheikh Bamba
DIEYE, entre autres.
Pour voir plus clair dans cette rencontre spirituelle du religieux et de la politique, nous avons fait un saut
dans lÕhistoire, prŽcisŽment en 1997, pour avoir la ÇRŽponseÈ dÕun musulman, Cheikh Abdoulaye DIEYE.
Natif de Saint-Louis en 1938, guide spirituel de la cha”ne initiatique du saint Deymani Cheikh Sidy
Mohamed, il sÕest toujours engagŽ ˆ briguer les suffrages des sŽnŽgalais. Entretien posthumeÉ
LÕACTION POLITIQUE DU GUIDE RELIGIEUX
ENTRE VECU SPIRITUEL ET TEMPOREL
Hamid Al Ghazali, nÕest
autre que la dŽmarche
du Prophte (PSL). CÕest
un devoir qui incombe ˆ
tous, une collaboration
solidaire qui doit rŽaliser
la mission ˆ la fois spirituelle et temporelle du
Prophte
(PSL).
LÕapostolat du Prophte
Mohamed consistait ˆ
transmettre le message
universel que lui rŽvŽlait
son Seigneur et, par voie
de consŽquence, ˆ organiser temporellement la
communautŽ
de
croyants qui sՎtaient
ralliŽs ˆ lui.
Ce mandat faisait donc
de lui ˆ la fois un guide et
Cheikh Bamba Dieye héritier spirituel et
un chef dÕEtat, rendant
politique de Cheikh Abdoulaye Dieye
indissociables, ds le
dŽbut de la rŽvŽlation, le
ASSIROU : QuÕest ce que la politique?
pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. La mission prophŽtique avait
Cheikh Abdoulaye DIEYE :Dans la
comme finalitŽ le bonheur des deux
Grce Antique, la Ç politique È Žtait
mondes, comme Dieu le suggre dans
lÕart de gŽrer la CitŽ. Mais on peut aller
le Coran (Q.II, 201), certains hommes
plus loin et dire que la politique est
disent : Ç Seigneur ! Accorde nous
lÕart de gŽrer cette plante, et cela
des biens en ce monde et des biens
aussi longtemps que Dieu voudra que
dans la vie future. PrŽserve-nous du
les hommes vivent.
ch‰timent du feu È.
La politique, selon lÕImam Abdul
Gr‰ce ˆ la politique lÕhomme doit avoir
la fŽlicitŽ sur terre et la fŽlicitŽ dans
lÕau-delˆ, et doit pouvoir Žviter sa
perte dans ce monde et dans lÕau-delˆ.
Le musulman ne doit pas vivre dans la
pauvretŽ et la mendicitŽ dans ce bas
monde. Il a droit ˆ la fois au Paradis
terrestre sÕacquŽrant par le travail
licite et sincre quÕil fait conformŽment ˆ la loi de Dieu, et au Paradis
dans lÕau-delˆ, qui est la rŽcompense ˆ
son obŽissance. QuÕAllah nous rŽcompense demain!
Les structures de la citŽ idŽale se rŽsument en deux ma”tres mots: organisation et raison. On peut la comparer ˆ
une tariqa (confrŽrie) dont les membres, pourtant dissemblables par leur
prŽdestination, vivent la solidaritŽ
agissante.
LÕhomme nÕa donc, pour amŽliorer son
existence, quÕune seule garantie: lÕentraide de la vie communautaire. Mais
une collectivitŽ ne peut vivre dans le
dŽsordre et lÕanarchie ; un principe
dÕordre et dÕorganisation est donc
impensable. Et cette science qui permet ˆ lÕhomme de vivre paisiblement
et pacifiquement tant sur le plan spirituel que temporel, cÕest la politique.
QuÕen est-il de lÕengagement politique du musulman?
Depuis le Prophte Muhammad
(saws), la plupart des hommes de Dieu
Magazine Mensuel d’informations Page 23
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 24
Entre nous
qui ont voulu rŽaliser la corrŽlation
sensible du spirituel et du temporel
ont failli y perdre leur spiritualitŽ. Et
cÕest pourquoi certains ont prŽfŽrŽ
abandonner le temporel au profit de
leur vie spirituelle comme lÕavait
conseillŽ le Prophte (PSL): Ç si vous
ne pouvez pas mettre en adŽquation
les deux mondes, abandonnez le bas
monde au profit de lÕau-delˆ È.
Quelles sont les conditions de cet
engagement?
Al Ghazali dŽfinit quatre conditions
indispensables ˆ lÕengagement politique de lÕhomme de Dieu afin de ne pas
tomber dans le gouffre de la Ç politique politicienne È enseignŽe par
lÕOccident : lÕhabitat, lÕautosuffisance
alimentaire, le vtement et la paix.
Sans ces quatre conditions lÕhomme ne
peut prŽtendre faire ses Ç far‰-id È,
cÕest-ˆ-dire accomplir sincrement ses
dŽvotions.
Le problme de lÕhabitat se pose
quand une vŽritable dichotomie existe
entre les habitants dÕune mme
nation, quand certains vivent dans des
gratte-ciel et des palais qui aiguisent
lÕenvie de leurs voisins des taudis. La
communautŽ se prŽsente alors comme
si Dieu lÕavait faite pour dire aux uns Ç
jouissez È et aux autres Ç enviez È.
Nous vivons quotidiennement cette
contradiction flagrante et injurieuse
dans notre pays. Une minoritŽ vit ˆ
lÕheure des pays les plus industrialisŽs,
et leurs enfants jouent dans les aires
de golf, de tennis, de piscines, etc.,
alors que la majoritŽ vit dans les rigoles des bidonvilles construites en caisses dÕemballages recyclŽs. Le Prophte
Muhammad disait ; Ç nÕest pas des
n™tres celui qui dort rassasiŽ alors que
son voisin est affamŽ È. Or, dans certains quartiers rŽsidentiels de notre
pays, des gens mangent ˆ leur faim au
point de jeter dans les poubelles des
quantitŽs honteuses de Ç riz rouge
bien huilŽ È. Il est trs frŽquent de
voir dÕautres musulmans venir fouiller
dans ses mmes poubelles pour y
rŽcupŽrer les restes. CÕest dire combien certains vivent dans lÕabondance
et dÕautres dans le dŽnuement ! Non
seulement les conditions dÕauto suffisance alimentaire ne sont pas remplies
dans notre sociŽtŽ mais, comble de
Les structures de la citŽ idŽale se rŽsument en deux ma”tres mots: organisation et raison. On peut la comparer ˆ
une tariqa (confrŽrie) dont les membres, pourtant dissemblables par leur
prŽdestination, vivent la solidaritŽ
agissante.
les rassembler. Demain, je ne
veux pas me prŽsenter
devant le Seigneur et quÕil
me dise : Ç O mon serviteur, ces dons incommensurables que jÕavais cachŽs en
toi, croyais-tu que cՎtait
pour toi ? CՎtait pour la
sociŽtŽ que tu devais en faire
usage È.
cynisme, les dons des ONG sont
Quand
lÕhomme
sent quÕil a des potendŽtournŽs vers les marchŽs pour y tre
tialitŽs
quÕil
pourrait
mettre au profit
vendus!
de
ses
semblables,
sÕil
ne le fait pas, il
Quand on voit aussi que certains nÕont
est
fautif
devant
Dieu
et devant son
plus la quiŽtude dans leur famille, et
Prophte
(saws).
que lÕon peut tuer les personnes au
En rŽflŽchissant sur la pensŽe de Saint
pouvoir sans tre inquiŽtŽ, on peut
augustin, de Cheikh Oumar Al
affirmer que lÕinsŽcuritŽ rgne.
Foutiyou, de Muhammad Lamine
Alors comme le dit Ghazali, si les quaDRAME et de tant dÕautres croyants,
tre conditions ne sont pas remplies,
on se rend compte quÕils avaient tous
tout musulman sincre qui a la possibiune vision sincre de la religion qui
litŽ de parler ou dÕagir, nÕa plus le droit
consiste, par son travail, ˆ Ïuvrer au
devant Dieu de rester indiffŽrent.
profit et ˆ lÕavantage de tous les
Toutes les personnes capables dÕaider
croyants. DÕautre part, je suis
leur pays, ne serait-ce quՈ lՎchelle
conscient, (É), que le redressement
dÕune aiguille, doivent prendre cette
que jÕenvisage de ma communautŽ, ou
aiguille et venir coudre lˆ o il leur est
du moins de mon quartier, ne peut se
possible de le faire; cela ne signifie pas
faire sans argent. Mais je sais Žgaleque la sociŽtŽ va en tre obligatoirement que tous ceux qui ont eu une
ment transformŽe, mais le musulman
mission quÕils ont sacralisŽe en lÕofconscient doit toujours essayer dÕagir
frant ˆ Dieu, nÕont pas eu ˆ sÕinquiŽde sorte que lorsquÕil compara”tra
terÉ
devant son Seigneur, il aura fait son
Sur le plan financier, je ne compte que
devoir dÕautant plus que Dieu dit dans
sur la MisŽricorde Divine. JÕai
le Coran quÕil a enlevŽ son Amour de
confiance en ma communautŽ et en
celui qui gaspilleÉ
mon pays ; je sais que nous sommes
tous des Ç domou-gor È,
Al Ghazali dŽfinit quatre conditions indispen- de vrais croyants, de bons
sables ˆ lÕengagement politique de lÕhomme musulmans, et que si un
de Dieu afin de ne pas tomber dans le gouffre homme pauvre mais sinde la Ç politique politicienne È enseignŽe cre se prŽsente devant
eux, ils comprendront sa
par lÕOccident : lÕhabitat, lÕautosuffisance parole.
alimentaire, le vtement et la paix. Sans ces Je ne cherche, en vŽritŽ,
quatre conditions lÕhomme ne peut prŽtendre rien dÕautre quՈ me renfaire ses Ç far‰-id È, cÕest-ˆ-dire accomplir dre utile. Aprs avoir ŽtudiŽ et cherchŽ le savoirsincrement ses dŽvotions.
faire, je me tourne maintenant
vers
la sociŽtŽ pour lÕaider, et
Je ne voudrais, (É), quÕau jour de la
ce au Nom de Dieu.
RŽsurrection, mon seigneur me
LÕhomme au service des autres comcompte parmi ceux qui ont gaspillŽ les
prendra que le pouvoir et la puissance
dons quÕil leur avait donnŽs.
nÕappartiennent quՈ Dieu, lÕEternel.
Dieu, dans Sa MisŽricorde et Sa
Alors que le mortel doit sÕen servir
Grandeur, mÕa fait gr‰ce du don de
pour chercher lÕagrŽment de son
pouvoir parler aux gens, de les conseilSeigneur aprs une vie terrestre faite
ler, et mme si je nÕai pas dÕargent, de
de science, dÕactions de piŽtŽ, et de
pouvoir les consoler et Žgalement de
gŽnŽrositŽ.
Magazine Mensuel d’informations Page 24
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 25
Constat
A la lecture de la presse nationale depuis avril 2009, je suis restŽ sidŽrŽ: Ç Wade-Idy la nouvelle alliance
È, Ç PDS/REWMI, les plŽnipotentiaires accordent leurs violons È, Ç PDS-REWMI, une fusion des Žlus locaux
pour prŽparer la grande retrouvaille È, Ç rapprochement PDS-REWMI, Idy verse ses voix dans la corbeille
libŽrale È, Ç Decroix est-il du PDS ou de And J‘f ? È, Ç le PDS doit respecter les autres partis de la mouvance prŽsidentielle È, Ç La dŽmarche singulire de Talla SYLLA dŽnoncŽe È. Autant de titres et de titrailles qui troublent le sŽnŽgalais lambda dans sa qute d'une rŽfŽrence politique sžre.
DEVITRIFICATION POLITIQUE AU SENEGAL
A force de jouer avec les mots, on
finit par jouer avec le feu et, par s'y
bržler ! A force de jouer avec la politique, on finit par jouer avec le peuple et par sombrer dans un fossŽ
sans retour!
Dans les institutions de sciences
politiques, les Žtudiants apprennent
que dans un Etat de droit, on trouve,
en principe, une certaine organisation: une gauche et une droite et,
parfois, un centre, une majoritŽ et
une opposition, des alliances logiques, un gouvernement pour gouverner et un parlement pour lŽgifŽrer, un domaine rŽglementaire et un
domaine lŽgislatif. Qui plus est des
Žlecteurs qui s'expriment librement,
des partis pour encadrer leurs Žlecteurs, pour prŽsenter et dŽfendre
des programmes de gouvernement,
avec des projets de sociŽtŽs, des
choix fondamentaux, qui pouvaient
tre totalement diffŽrents, d'un
parti ˆ un autre.
L'activitŽ politique, rŽgie en ces termes, montre tout un intŽrt, tout un
charme, tant elle est noble. Au
SŽnŽgal, force est de noter que tout
ce qui a ŽtŽ dit plus haut a compltement disparu du paysage politique.
A la lecture de la presse nationale
depuis avril 2009, je suis restŽ
sidŽrŽ: Ç Wade-Idy la nouvelle
alliance È, Ç PDS/REWMI, les plŽnipotentiaires accordent leurs violons
È, Ç PDS-REWMI, une fusion des Žlus
locaux pour prŽparer la grande
retrouvaille È, Ç rapprochement
PDS-REWMI, Idy verse ses voix dans
la corbeille libŽrale È, Ç Decroix estil du PDS ou de And J‘f ? È, Ç le PDS
doit respecter les autres partis de la
mouvance prŽsidentielle È, Ç La
dŽmarche singulire de Talla SYLLA
dŽnoncŽe È. Autant de titres et de
titrailles qui troublent le sŽnŽgalais
lambda dans sa qute d'une rŽfŽrence politique sžre.
Au SŽnŽgal, les politiciens jonglent
avec des formules qu'on pourrait
qualifier de compromis historiques.
Toutes les alliances politiques
nouŽes sont illogiques jusqu'ˆ faire
croire ˆ la population que c'est a la
politique. En rŽalitŽ, je retrouve,
dans cet Žtat de fait, toute la luciditŽ
d'un vieux avec qui j'avais partagŽ le
minibus Tata qui, suite ˆ la sortie de
Monsieur Pape DIOUF de REWMI sur
les ondes d'une radio de la place, a
affirmŽ que les politiciens sont des
l‰ches. Le mot n'est pas assez fort,
mais vous conviendrez avec moi
qu'il n'a pas tort. Pour corroborer
son assertion, il dit avoir fait plu-
Magazine Mensuel d’informations Page 25
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 26
Constat
sieurs pays en Afrique et en Europe,
a vŽcu aux Etats-Unis, au Japon et je
ne sais quels autres pays.
La manire de faire de la politique, la
pratique de la gestion de la chose
publique, les arcanes du dŽveloppement Žconomique et social, toutes
ces sciences ont ŽtŽ dŽvolues ˆ nos
actuels dirigeants, qui ont meurtri le
fond de leurs pantalons sur les bancs
des amphithŽ‰tres des universitŽs
les plus huppŽes du monde, de surcro”t bardŽs de dipl™mes en tout
genre.
Ds que nos chers dipl™mŽs flirtent
avec la politique et le pouvoir, ils
changent compltement, usant de
subterfuges, de nouveaux concepts
politiques, de nouvelles pratiques
politiques tout ˆ fait originales pour
tromper, changer la volontŽ populaire des urnes, Çrien que pour des
postes de sinŽcuresÈ, soutient-il.
L'avnement de coalitions de partis
politiques dans le landerneau politique pour briguer des suffrages a
montrŽ toutes ses limites au sortir
des Žlections rŽgionales, municipales et rurales du 22 mars 2009.
Comment expliquer ces retrouvailles
entre And Ligey SŽnŽgal et la coalition Sopi 2009? Comment apprŽhender la gestion des collectivitŽs locales par la coalition Benno Siggil
SŽnŽgal? Comment expliquer le pro-
bable Žclatement de Benno Siggil
SŽnŽgal? Comment expliquer la
venue de Benno Taxawal SŽnŽgal?
Comment apprŽhender la montŽe
en puissance de la GŽnŽration du
Concret dans le PDS? Que dire ˆ
Idrissa Seck et ˆ Djibo Leyti KA qui
rvent chacun de devenir le quatrime prŽsident du SŽnŽgal en tant
qu'ex et actuel ministre de WADE ?
Ce qui est sžr c'est qu'aucun dŽterminant commun n'est partagŽ par
les partis qui forment les Benno sauf
peut tre celui de faire partir un
groupe et rien que a. Aprs avoir
atteint cet objectif, bonjour les querelles. En tout cas, rien ne semble
motiver objectivement ces coalitions: problmes de personnes, problmes de postes au sein des
conseils, problme de distribution
des r™les politiques, etc.
Les coalitions des Žlections locales
du 22 mars 2009, l'AST, la Cap 21,
n'auraient donc pas d'autre but que
de mener automatiquement au partage du g‰teau gouvernemental: la
politique ne serait plus des idŽes,
des convictions, des projets mais
juste de l'arithmŽtique.
Du fait de certaines pratiques dŽcelŽes de manire nette aprs l'avnement de l'alternance, le SŽnŽgal se
trouve dans la situation que le plus
machiavŽlique des politologues
Magazine Mensuel d’informations Page 26
n'aurait pas imaginŽe:
abstention ŽlevŽe depuis les dernires Žlections lŽgislatives et prŽsidentielles,
un parlement sens dessus-dessous,
une majoritŽ dŽchirŽe et ŽcartelŽe
par des rivalitŽs pour le moins personnelles, des coups bas, des dŽnonciations calculŽes (affaire Diombasse
DIAW), une chasse aux sorcires et
devant jongler avec des alliances
conjoncturelles,
un gouvernement impopulaire et
plŽthorique (41 ministres)
une opposition tatillonne (Benno
Siggil
SŽnŽgal-Benno
Taxawal
SŽnŽgal)
Face ˆ cette situation, les politiciens
croient que seuls les citoyens avertis
de questions politiques sont en
mesure de faire la part des choses et
le reste, ceux que mon professeur en
analyse du discours politique, monsieur Abdou Aziz DIOP, appelait Ç le
peuple du trou È n'y voient que du
noir.
Et bien non ! La Ç percŽe È de Benno
Siggil SŽnŽgal, les manifestations
contre les coupures et les inondations, la signature des pŽtitions dans
l'affaire dite de la SUDATEL, l'Žmergence de mouvements citoyens en
donnent une autre situation. Celle
d'un peuple averti dont le souci premier est de voir ses enfants recevoir
une Žducation valable, de voir ses
revenus couvrir les besoins de la
famille, de voir sa dignitŽ respectŽe,
de pouvoir se soigner, de pouvoir se
dŽplacer, d'avoir de l'ŽlectricitŽ et
du gaz butane, de ne pas vivre dans
les eaux, d'avoir des habitations
dŽcentes et non vivre sous des tentes, etc.
Les magouilles politico-politiciennes
ne l'intŽressent plus et n'engagent
que ceux qui les font et surtout, ce
peuple semble n'avoir plus Ç aucune
confiance aux hommes politiques,
de quelque bord qu'ils soient È.
Alors de gr‰ce messieurs les politiques, il est temps de se ressaisir et
d'Žclaircir l'opacitŽ politique et ses
acteurs et de ne pas verser dans la
pleutrerie.
Abdoulaye DIOP
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 27
International
Le Nigeria, secouŽ depuis la fin du rŽgime militaire en 1999, est sous le feu des violences dont les principales causes sont l'ethnie, l'appartenance religieuse et l'influence politique. La ville de Jos, entre le nord
et le sud du pays, est un lieu de massacre entre les chrŽtiens Berom et les musulmans fulani. Plus de 13
500 personnes ont perdu la vie dans ces violences ethniques ou religieuses.
Les Berom et les fulani s'entredŽchirent
Scéne de violence à Jos
Au Nigeria, Les citoyens ne dorment plus du sommeil du juste du
fait de la frŽquence des reprŽsailles intercommunautaires qui peuvent se dŽclencher ˆ tout moment.
La ville de Jos, dans l'Etat du plateau, est la plus touchŽe par ces
tueries organisŽes. Il faut rappeler
que l'Etat du Plateau, au centre du
Nigeria, compte 150 millions d'habitants partagŽs entre chrŽtiens,
au sud et musulmans, au Nord. Les
causes de ces violences rŽpŽtŽes
sont multiples et les esprits compŽtents se dŽsolent de ce conflit
opposant les ethnies Berom, des
cultivateurs sŽdentaires et les
fulani, des Žleveurs nomades.
Le massacre de Jos
La tuerie de JOS, en ce 18 juillet
2010, est la dernire d'une sŽrie
qui a, ces dix dernires annŽes,
causŽ la mort de plus de 2000 personnes, entre le nord et le sud du
Nigeria. Des villages attaquŽs, des
citoyens innocents tuŽs, mosquŽes
et Žglises bržlŽes sont, entre
autres le triste spectacle auquel on
assiste
quotidiennement
au
NigŽria. InterpellŽes, les forces de
l'ordre sont souvent impuissantes
ˆ maintenir la stabilitŽ. Aussi,
devant l'ampleur de la menace des
violences ethniques et religieuses
qui ont dŽjˆ fait des centaines de
morts depuis le dŽbut de l'annŽe,
les responsables religieux en
appellent-ils ˆ la tolŽrance. Le lieutenant colonel Kingsley Umoh,
porte-parole de l'armŽe, revenant
sur l'attaque de Jos, indiquera que
les assaillants Žtaient entrŽs dans
le village entre 01H30 et 05H00
GMT, tirant des coups de feu en
l'air pour faire sortir les habitants
et ensuite les tuer. Ce 18 juillet
2010, la famille d'un pasteur a ŽtŽ
dŽcimŽe dans le village de Mazzah,
au centre du Nigeria, par les assaillants. Parmi les huit morts de cette
attaque, l'Žpouse du pasteur, ses
deux enfants et son petit-fils.
L'agression a ŽtŽ attribuŽe ˆ des
musulmans fulani d'un village situŽ
ˆ 14 km de Jos, la capitale de l'Etat
du Plateau. Le religieux ŽplorŽ, le
rŽvŽrend Nuhu Dawat de l'Eglise
du Christ du NigŽria, a dž, pour son
salut, s'enfuir vers une ferme proche de sa maison. ÇMon Žpouse et
Magazine Mensuel d’informations Page 27
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 28
International
mes deux enfants ont ŽtŽ massacrŽs dans la maison, alors que mon
petit-fils a rendu l'‰me au moment
de son Žvacuation ˆ l'h™pitalÈ, fera
savoir l'homme de Dieu. Pour prŽvenir de nouvelles reprŽsailles
ethno-religieuses, la police monte
la garde ˆ 15 km de la ville de Jos,
rŽgion qui a enregistrŽ des milliers
de morts depuis le dŽbut de cette
dŽcennie.
VIOLENCE SUR FONDS
DE REVENDICATIONS
SOCIO-ECONOMIQUES,
TRIBALES ET CULTURELLES
De l'avis des spŽcialistes, la religion n'est pas la principale cause
de ces violences. Les frustrations
politiques, les rivalitŽs sŽculaires
interethniques et autres conflits
liŽs opposant paysans sŽdentaires
et bergers nomades sont, ˆ leurs
yeux, plus dŽterminants. Pour
preuve, la dernire attaque,
menŽe dans la nuit du dimanche
18 juillet au lundi 19 juillet par des
Žleveurs musulmans de l'ethnie
fulani, qui a causŽ la mort de 500
chrŽtiens de l'ethnie Berom, survient moins de 60 jours aprs le
massacre de plus de 300 musul-
mans par des chrŽtiens habitant ˆ Jos et
dans ses environs.
Les Berom, des Žleveurs du Nord ˆ la
recherche de p‰turages, ont migrŽ au
cours des annŽes
dans cette rŽgion. Ces migrations
sont les vecteurs de conflits rŽpŽtitifs liŽs ˆ la terre. Si ce conflit entre
locaux et nomades a une coloration religieuse, selon Tajudeen
Akanji, directeur du Centre pour la
paix et la rŽsolution des conflits ˆ
l'universitŽ d'Ibadan (ouest), il
serait plut™t issu d'un Çsentiment
d'injusticeÈ chez les Berom, qui
craignent d'tre dominŽs par les
Hausa et Fulani musulmans, selon
Akanji de l'universitŽ d'Ibadan. Mgr
John Onaiyekan, archevque
catholique d'Abuja, est d'avis, lui
qui prŽcise qu'on ne se tue pas ˆ
cause de la religion, mais pour des
revendications sociales, Žconomiques, tribales, culturelles. ÇC'est
ethnique et politique, cela n'a rien
ˆ voir avec la religionÈ, confirmera
Sulaiman Nyang, spŽcialiste de
l'Afrique et de l'islam ˆ Howard
University ˆ Washington qui est
pour la piste de ceux qui, au
Nigeria, Çne voulant pas de la stabilitŽ, jouent toutes sortes de
jeuxÈ. Un dŽputŽ de l'Etat du
Plateau a aussi mis en cause des
raisons politiques, Žvoquant
notamment les frustrations de la
communautŽ chrŽtienne. ÇA chaque Žlection, ce sont les Hausa
Magazine Mensuel d’informations Page 28
(ethnie musulmane) qui gagnent,
c'est beaucoup plus difficile pour
les natifs de la rŽgion. Aucun des
administrateurs rŽgionaux n'est
beromÈ, a-t-il informŽ.
Les lignes de partage ethnique
Žpousant les diffŽrences confessionnelles, les violences prennent
souvent une coloration religieuse.
"Il s'agit du conflit classique entre
bergers et agriculteurs, mais les
Fulani (les agresseurs) sont tous
musulmans et les Beroms (les victimes) sont tous chrŽtiens", a expliquŽ l'archevque d'Abuja. A son
tour, un porte-parole de la communautŽ musulmane au Nigeria a
avancŽ que les gens ne se battent
pas pour le droit ou les lieux de
prire; ce qui indique que la cause
religieuse de ces violences n'est
pas fondamentale. Ces confrontations interethniques ont donnŽ
suite ˆ de nombreuses condamnations de la part des autoritŽs religieuses qui, trs souvent, Žcartent
la thse de l'appartenance ˆ une
religion particulire, mais Žvoquent plut™t la thse de gangs
organisŽs au profit de forces politiques rivales.
En janvier 2008,
aprs les Žlections locales ˆ Jos,
capitale de la Middle Belt, dans
l'ƒtat du Plateau, le feu des violences a ŽclatŽ entre les partisans du
parti au pouvoir Pdp dans cet Žtat
et l'opposition, sous prŽtexte d'irrŽgularitŽ des Žlections. Jets de
pierres, incendies criminels, meurtres ayant conduit ˆ de lourdes
pertes en vies humaines et ˆ des
dŽgradations de biens, la police,
dŽpassŽe, a ŽtŽ soutenue par la
brigade de l'armŽe nigŽriane basŽe
dans la ville. A moins d'un an des
Žlections prŽsidentielles et des
gouverneurs des 26 Žtats de la
fŽdŽration, il n'y a toujours de
solution dŽfinitive ˆ ces massacres
organisŽs.
Ibrahima NDIAYE
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 29
Projecteur
SERIGNE MOUSTAPHA NDIAYE. Sincrement convaincu que l'Ïuvre et les missions historiques de Cheikh
Ahmadou Bamba sont universelles, Il est l'un des principaux ma”tres d'Ïuvres du Festival International
de Khassa•des et de la Culture de Diourbel. DŽsormais ÇrevenuÈ dans les activitŽs de vulgarisation du
Mouridisme, il engage une croisade au strict retour des disciples sur les enseignements de Serigne Touba.
Va-t-il rŽussir le pari?
L'EXPERT DES DEUX EXTRæMES
Quel dommage que Serigne
Moustapha NDIAYE ait dŽlaissŽ les
Žtudes philosophiques pour se
consacrer au management des
grands projets, au coaching de plusieurs responsables de groupes en
France, aux Etats-Unis, au Canada
et aujourd'hui superviseur et coordonnateur de la cellule des grands
projets ˆ la PrŽsidence de la
RŽpublique. Il aurait dž avoir un
grand apport dans l'aspect philosophique de l'Ïuvre de Cheikh
Ahmadou Bamba.
Originaire de Diourbel, au centre
du SŽnŽgal, Serigne Moustapha
NDIAYE a grandi devant un pre
acquis ˆ la cause de Cheikhoul
Khadim. Homonyme de Serigne
Moustapha Bassirou MBACKE, il a
ŽtŽ ŽduquŽ ÇmilitairementÈ par
un pater ancien militaire de l'armŽe franaise et dŽtenteur de la
mŽdaille d'officier de la lŽgion
d'honneur du mme pays.
Son cursus scolaire, ˆ l'ŽlŽmentaire comme au moyen secondaire
au CES Moustapha Bassirou
MBACKE, est sanctionnŽ presque
dans toutes les disciplines par le
sceau de l'excellence. En quittant
Ndiarme, cette citŽ de lumire o
Cheikh Ahmadou Bamba a vŽcu
une bonne partie de son existence
en
rŽsidence
surveillŽe,
Moustapha va rejoindre la vie
urbaine et les mirages du modernisme ˆ Dakar, au lycŽe Maurice
de la Fosse o il dŽcrocha son parchemin pour les Žtudes supŽrieures: le baccalaurŽat avec mention.
D'ailleurs, son passage au lycŽe
faisait de lui l'un des meilleurs Žlves du SŽnŽgal. Brillant et ambitieux, Moustapha quitte le SŽnŽgal
pour entreprendre ses Žtudes
supŽrieures en France en cours
prŽparatoires et pour les grandes
Žcoles comme l'Ecole Nationale de
Commerce dans le 17me arrondissement. La rŽputation des universitŽs canadiennes et amŽricaines le mne en AmŽriques du Nord
toujours sous le sceau de l'excel-
Magazine Mensuel d’informations Page 29
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 30
Projecteur
lence, notamment, au Concordia
University.
Aprs ses Žtudes, le monde du travail lui ouvre ses portes au pays de
l'oncle Sam. Revenu en France,
Moustapha passe le concours ˆ
l'Ecole Nationale d'Administration.
Bien que retenu pour cause de
bŽgaiement, il intgre l'administration franaise. Du ministre de
l'Education, il passe ˆ celui de la
Culture, ˆ celui du budget et finit
par atterrir ˆ l'Agence Franaise de
Modernisation. La monotonie de
l'administration
publique
le
pousse ˆ quitter le corps des fonctionnaires pour se retrouver dans
une grande sociŽtŽ de coaching de
l'Hexagone. Trs expŽrimentŽ et
muni d'une grande expertise en
mŽthodologie de conduite de projets, en management, en stratŽgie
et en planification, Moustapha
aura sous sa fŽrule plusieurs responsables de groupes bancaires
comme le CrŽdit Lyonnais, des
directeurs et chefs de projets.
Moustapha NDIAYE, ce brillant
intellectuel que tous ceux qui le
connaissent s'accordent ˆ trouver
attentionnŽ et perspicace, va coordonner un grand projet d'envergure mondiale: Europeaid Card
Visa entre la France, les pays europŽens et les Etats-Unis.
Ayant fait des Žconomies substantielles, Moustapha se lance dans la
crŽation de sociŽtŽ comme SENEGAULOIS
avec
l'Union
EuropŽenne. Dynamique et innovateur, il va participer ˆ l'effort de
formation de la France, en mettant
en place le concept d'Atelier au
PrŽparation de l'Entreprise (APE).
Il s'agit d'une entreprise virtuelle
qui recevait des jeunes de la banlieue parisienne pour les former
aux diffŽrents mŽtiers de l'entreprise.
Cette volontŽ de persŽvŽrance et
de crŽation rŽsulte d'une Žducation rigoureuse acquise dans les
vastes champs de son pre o
l'austŽritŽ et les difficultŽs de survie et de culture de la terre ont
forgŽ en lui un homme de dŽfi que
rien n'arrte. En effet, la crŽation
ex-nihilo d'un village en pleine
fort par son pre avec ses propres ouvriers agricoles lui a permis, sans doute, d'acquŽrir et d'assimiler, ds le bas-‰ge, ces notions
de mŽthode et de management de
projets ou de programmes.
N'ayant pas eu le privilge de
jouer au football comme tout
jeune de son ‰ge et de passer Noel
dans des cadres enchanteurs,
Moustapha NDIAYE a grandi dans
l'environnement typique d'une
Magazine Mensuel d’informations Page 30
Žcole ou ÇDaraaÈ religieux o on
allie Žtudes et travail. Il a connu la
richesse et la pauvretŽ entre la vie
ˆ l'Žcole et les champs ˆ
Ndiarme. Ce dualisme de la crŽation qu'il a vŽcu dans tous ces
aspects lui a permis de cultiver
l'humilitŽ, l'Žquilibre et l'altruisme
et de c™toyer de grands hommes
au SŽnŽgal, en France et un peu
partout dans le monde et particulirement son homonyme et guide
Serigne Moustapha Bassirou, son
fils Serigne Moussa Nawel et le
PrŽsident de la RŽpublique, Me
Abdoulaye WADE.
D'ailleurs, le fils de Serigne Cheikh
Mouhamadoul Bachir l'a moulu
aux enseignements de Serigne
Touba, faisant ainsi de lui un mouride averti et ŽduquŽ pour un
intellectuel de sa dimension.
Aujourd'hui, il travaille ˆ la prŽsidence de la RŽpublique dans le
cadre des grands projets de l'Etat.
Au fond, Moustapha NDIAYE est la
personnification de la rŽussite
d'un musulman. Sa vie religieuse
et sa carrire professionnelle sont
inextricablement mlŽes. Au-delˆ
du rŽsultat de ses actions de disciple de Cheikh Ahmadou Bamba,
initiateur de la confŽrence sur le
Mouridisme ˆ l'Unesco, de facilitateur dans l'acquisition de la
RŽsidence Serigne Touba d'Aulnay
sous Bois, etc., le plus important
reste peut tre son dŽsir d'amener
les disciples mourides, en particulier et les sŽnŽgalais, en gŽnŽral, ˆ
faire des enseignements de notre
vŽnŽrŽ Abdoulahi Wa Khadimou
Rassoul notre livre de chevet et ˆ
le conserver comme unique alternative dans notre monde ici-bas et
ˆ l'au-delˆ. Pourquoi pas? Peut
tre que le Mouridisme est en
train de faire sa mue pour l'affirmation de sa dimension universelle par les intellectuels d'ici et
d'ailleurs.
A.DIOP
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 31
Edition
Un essai du Docteur Bakary SAMBE, chercheur ˆ la Fondation EuropŽenne pour la DŽmocratie ˆ Bruxelles.
La rencontre avec le public dakarois, le 3 aožt 2010, a permis ˆ lÕauteur de se pencher sur la problŽmatique de son ouvrage, ˆ savoir lÕapplication des sciences sociales ˆ la religion, le ÇPŽril VertÈ, la rŽorientation du champ politique international et la place de lÕIslam et de la confrŽrie Tidjanya dans les relations
sŽculaires entre le Maroc et lÕAfrique subsaharienne, marquŽes par un ÇbilatŽralisme sŽlectifÈ et une
Çmanipulation des symboles religieuxÈ. La publication de lÕouvrage dans son pays dÕorigine lui a permis
dՎchapper ˆ un certain cercle de penseurs europŽens ayant des prŽjugŽs sur sa problŽmatique et de battre en brche lÕapproche institutionnelle des relations internationales. En marge de cette rencontre, il
sÕest exprimŽ sur la cohŽsion de la Ummah Islamique. Entretien
ISLAM ET DIPLOMATIE: LA POLITIQUE AFRICAINE DU MAROC
ÇLA UMMAH ISLAMIQUE : UNE COHESION SANS
CONSCIENCEÈ
Assirou : Pourquoi avoir convoquŽ le
fait religieux pour apprŽhender la
diplomatie?
Bakary Sambe : LÕIslam, comme une
religion ˆ prestation universaliste, avec
des variantes et des Žcoles dans une
parfaite diversitŽ, est quelque chose
qui entre dans le cadre du sacrŽ. Et
quand on parle de diplomatie quÕon
pourrait considŽrer comme un art profane de rŽguler et de faciliter ou en
tout cas de gŽrer des rapports entre
Etats ou entre des sociŽtŽs, faire la
connexion entre les deux, cela renvoie
ˆ cette Žternelle question de rapport
entre le religieux et le politique. Ce
rapport est quelque chose dÕinhŽrente
dans toutes les religions. Si je convoque le facteur religieux pour apprŽhender la question diplomatique, cÕest
pour souligner cette manipulation
positive ou nŽgative de lՎlŽment religieux dans lÕapproche des faits internationaux ou dans la gestion des rapports des faits internationaux.
Quels sont les objectifs de cet
ouvrage?
La deuxime partie du titre ÇLa politique africaine du MarocÈ sert de cadre
dÕillustration. CՎtait dans un premier
temps sur le plan acadŽmique de rompre avec cette conception trs institutionnaliste des relations internationales, pour dire que, finalement, dans
lÕanalyse des rapports internationaux,
on doit prendre en compte des faits
trs importants comme le religieux et
le croire.
Alors le Maroc, pourquoi ce choix
pour qui connait cette proximitŽ avec
la MŽditerranŽe, avec la civilisation
occidentale, peut-on parler dÕafricanitŽ dans le cadre du Maroc?
Hassan II disait que le Maroc est un
vieillard dont les branches tendent
vers la MŽditerranŽe et dont les racines sont plongŽes en Afrique noire. Et
que le Sahara nÕa jamais ŽtŽ une barrire infranchissable mais une mer
intŽrieure qui a ŽtŽ toujours invitŽ ˆ
passer dÕun rivage ˆ un autre. Et le
Maroc sÕest toujours dŽfini dans cette
triple identitŽ dÕarabitŽ revendiquŽe
par le biais de lÕhistoire, dÕune certaine
appartenance ˆ lÕislam mais aussi la
revendication assumŽe dÕune africanitŽ. Les politologues marocains vous
diront que mme le combat marocain
pour la rŽcupŽration du Sahara occidental est un combat pour son africanitŽ. Voilˆ un pays qui a quittŽ
lÕOrganisation de lÕUnitŽ Africaine
(OUA) depuis 1984 mais qui est aussi
prŽsent en Afrique subsaharienne par
le biais de ce bilatŽralisme sŽlectif et la
sŽlection de ses partenaires privilŽgiŽs
dont le SŽnŽgal.
Magazine Mensuel d’informations Page 31
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 32
Edition
Comment se manifeste ce fait religieux dans le concert international?
Depuis la disparition de lÕempire soviŽtique et la fin de la guerre froide, on a
rompu avec lÕidŽe dÕun pŽril rouge, on
parle plut™t dÕun pŽril vert, cÕest-ˆ-dire
cet islam qui serait un ŽlŽment dŽstabilisateur, un ŽlŽment perturbant dans
la marche des affaires internationales.
Et comme lÕOccident a toujours fonctionnŽ sur le modle selon lequel il se
fixe un ennemi commun ˆ abattre,
avec la disparition de lÕennemi communiste, voilˆ quÕon se focalise sur un
autre ennemi qui serait lÕennemi islamique avec des thŽories de Samuel
Huntington qui a parlŽ du choc des
civilisations, dÕune possible collusion
entre le domaine islamique et le
domaine confucŽen, contre le bloc
occidental. On a commencŽ ˆ voir
dans lÕislam, les musulmans, ces nouveaux barbares venus pour tre ˆ lÕassaut de lÕempire ˆ prŽserver qui serait
lÕOccident.
Vous avez parlŽ de manipulation de
symbole religieux, quÕen est-il exactement?
Quand jÕutilise le terme manipulation,
ce nÕest pas sous une forme tout ˆ fait
nŽgative. La manipulation peut tre
positive ou nŽgative, dans le sens dÕun
usage. On peut user du symbole religieux pour produire des asctes de
sorte ˆ promouvoir une certaine fraternitŽ religieuse comme cÕest le cas
avec la notion dÕUMMAH, comment la
question dÕappartenance ˆ une religion commune est soulevŽe sur la
question palestinienne o on oublie
Gaza et on se focalise sur JŽrusalem
parce que le symbole est fort, le symbole est rŽunificateur. CÕest dans ce
sens que jÕutilise la notion de symbole
religieux pour des motifs religieux.
Quels sont les traits dominants de
cette manipulation dans le cas du
Maroc par rapport ˆ lÕAfrique subsaharienne?
Mais le Maroc sÕappuie sur son passŽ
historique comme les Almoravides, les
vagues dÕislamisation dÕAfrique noire,
la prŽsence marocaine en Afrique
noire et, aujourdÕhui, le facteur
Tidjanya. Lˆ o cÕest intŽressant, cÕest
que la Tidjanya nÕest pas une confrŽrie
qui est nŽe au Maroc mais en AlgŽrie.
Cheikh Ahmed Tidiane ChŽrif, le fondateur de la Tidjanya, sÕest rŽfugiŽ au
Maroc, au temps de Moulay
Souleymane, lorsquÕil Žtait persŽcutŽ
par les ottomans; et le Maroc sÕest
imposŽ comme la capitale de la
Tidjanya. Les algŽriens ont tentŽ, de
temps en temps, de rŽagir comme en
1984 avec lÕorganisation du colloque
dÕAinomadi et que les marocains ont
rŽpliquŽ, ds 1985, avec lÕorganisation
dÕun grand colloque avec tous les oulŽmas et khalifes gŽnŽraux. Et voilˆ que
le facteur religieux est au cÏur des
relations bilatŽrales, au cÏur dÕun
conflit dÕintŽrt entre deux pays qui se
disputent lՎminence ou le prestige
religieux ˆ prŽvaloir; ce capital religieux ˆ investir sur le champ diplomatique pour le convertir en capitale politique et diplomatique.
Comment sÕest dŽroulŽe cette diplomatie marocaine en Afrique; Žtaitelle sŽlective?
Au dŽbut, cՎtait une tentative continentale qui ne marchait plus ˆ partir
de 1984, quand le Maroc a quittŽ
lÕOUA. De lˆ, ils ont inaugurŽ lՏre du
bilatŽralisme sŽlectif parce que le
Maroc sÕest toujours cru investi dÕune
mission pour protŽger et propager lÕislam en Afrique noire. JÕai citŽ la grande
mosquŽe de Dakar qui a ŽtŽ inaugurŽe
en 1964 par Hassan II, cette rŽŽdition
des classiques du zikr Malikite et ˆ distribuer en Afrique noire pour justement faire face au Hanbalisme et au
Wahhabisme propagŽs par lÕArabie
Saoudite. On voit que le terrain africain et musulman est devenu un terrain dÕaffrontement entre les idŽologies venues du monde arabe. Et lˆ,
cÕest intŽressant, avec lÕarrivŽe des
chiites au SŽnŽgal et en Afrique de
lÕOuest. Toujours est-on dans le cadre
de la manipulation des symboles religieux pour des motifs politiques pour
une ingŽrence ou une forme de pres-
Magazine Mensuel d’informations Page 32
sion diplomatique ˆ faire valoir.
Quels sont les pays qui ont ŽtŽ beaucoup plus touchŽs par cette diplomatie marocaine?
Le SŽnŽgal est un pays trs touchŽ par
cette diplomatie. Mais, le Maroc nÕarrive pas encore ˆ conquŽrir le NigŽria
qui est beaucoup plus proche de
lÕAlgŽrie et de lÕAfrique du Sud, des
rivaux du Maroc. Par contre, au
SŽnŽgal, la diplomatie marocaine sÕappuie sur des acquis comme cette allŽgeance des tidjanes. Quand Mohamed
VI Žtait au SŽnŽgal, il Žtait accueilli par
le cheikh tidjane qui a donnŽ lÕordre ˆ
tous les disciples dÕaccueillir le souverain marocain. AujourdÕhui, dans les
confŽrences quÕorganise le Roi du
Maroc au mois du Ramadan quÕon
appelle les DROUSS HASSANIYIA, cÕest
vŽritablement les Žminences de la
Tidijaniya comme Barham Diop et
Maodo Sy, le fils dÕEl Hadji Abdoulaye
Aziz. On voit que le SŽnŽgal reprŽsente
un enjeu trs important, non seulement, pour les marocains mais aussi,
les saoudiens. Le SŽnŽgal est le sige
de la ligue islamique mondiale, de la
Libye, lÕAppel Mondial Islamique et les
chiites aussi qui sÕinstallent avec la
communautŽ mous dahi. Il faut tre
vigilant et attentif ˆ ces signes, faire de
lÕanticipation pour pouvoir gŽrer
dՎventuels
affrontements sÕappuyant sur le SŽnŽgal comme base
arrire.
LA UMMAH islamique existe-t-elle?
Politiquement cohŽrente, la UMMAH
islamique nÕexiste pas. Elle serait beaucoup plus proche comme elle se prŽsente aujourdÕhui de ce que disait
Maxime Rodenson, en parlant dÕun
patriotisme de communautŽs, ce sentiment dÕappartenance ˆ une communautŽ transnationale et transversale
qui, de lÕAtlantique ˆ la Mer de Chine,
rŽunit un milliard et quelques musulmans et ce que soutenait Samuel
Huntington, en parlant dÕune
conscience sans cohŽsion malheureusement.
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 33
BISMILAHI RAHMANI RAHIIMI
Le Coin du Poete
Un parfait cadeau pour les musulmans
Ciel pur ciel ˆ dŽcouvert !
Hommes de foi et comblŽs la vue de la lune est presque couverte
Annonant lÕarrivŽe du mois tant attendu
Nous vous souhaitons Chahrou Ramadan, le bienvenu
Ralentissez la vitesse de vos jours.
O ! Que nous avons impatiemment attendu le passage de ton tour.
Un mois qui Žgaie les esprits et purifie les cÏurs.
Ramadan meilleur des mois
Ahlan wa sahlan.
Mouhamad, notre amour vous observait avec une parfaite dŽvotion.
Ahmadou, Khadim notre sauveur avec les meilleures invocations.
Dans une de vos nuits bŽnies,
ALLAH, le MISERICORDIEUX a dissimulŽ une des meilleures nuits,
NombrŽe en valeur Žgale ˆ mille mois.
Ah quel cadeau ! Un trŽsor cachŽ une nuit parfaite.
Leylatoul Qadr, Ahlan Wa Sahlan.
Mettez nous en rapport avec ces anges qui descendent dans cette nuit bŽnie,
O Allah le ma”tre du tr™ne.
UlŽmas et hommes de sciences nous lÕont toujours rappelŽe.
Bamba la lumire de Touba nous a sans cesse interpellŽs.
Alkhour-‰ne a eu sa descente salvatrice dans cette nuit parfaite.
Redoublons lÕeffort durant le mois avec les meilleures pratiques.
Allah, LÕOMNIPOTENT, rappelons-nous, a certes donnŽ de meilleures dŽfinitions,
Khairoune min alfi chahrine: que tout nos vÏux soient exaucŽs. Amiin !
BISMILAHI RAHMANI RAHIIMI
La merveille de Ramadan
LÕheure de couper le ježne a sonnŽ.
Aprs la prire du Maghreb, on est tous pressŽ.
Ya ALLAHOU, oh ! Que lÕon est enthousiasme !
Leylatoul Khadr nous a fascinŽs.
Apres Icha on y est,
Tous aux lieux saints pour prier.
O ALLAHOU YA MALIKAL MOULK
Un aspirant vous demande de par le ÇFOULK È,
La nuit semble certes si courte pour notre passion,
Khadim Rassoul nous conseille de demander pardon.
Hadith rapportŽ par notre mre A•cha, exhorte sans faon
Allahouma innaka afouwoune touhiboul hafwa fahfouhanni
Donnez nous O ma”tre les clŽs de vos trŽsors.
Rassoul, nous offrirons tout en ÔhadiyaÕ, par soumission mais surtout par amour.
Par Fallou GAYE
Magazine Mensuel d’informations Page 33
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 34
Mont Assirou
3/09/10
16:31
Page 35
Mont Assirou
3/09/10
16:32
Page 36
ASSIROU
Ce Poster vous offert par votre magazine

Documents pareils