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newspaper M A R S 2 0 1 5 T R I B U N E 1€ no 4 L I B R E LETTRE OUVERTE AXELLE LEMAIRE SECRÉTAIRE D’ÉTAT CHARGÉE DU NUMÉRIQUE. newspaper Par Axelle Lemaire DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES, LA FRANCE EST LE PAYS QUI COMPTE LE PLUS D’ENTREPRISES DANS LE CLASSEMENT DELOITTE FAST 500 DES ENTREPRISES À LA PLUS FORTE CROISSANCE. uelques noms de grands succès français montrent qu’il est possible d’arriver non pas encore au « Billion Dollar Startup Club » mais à des levées de cent millions ou plus, à des entrées en Bourse tonitruantes – Blablacar, Criteo, Sigfox encore récemment. Ces histoires individuelles sont importantes à connaître, parce qu’elles illustrent à la fois l’inventivité technique en matière de réseaux télécoms ou d’algorithmique et l’inventivité en termes de produit et d’expérience utilisateur qui peuvent s’épanouir en France. Ces histoires nous montrent aussi ce qui nous manque : du financement pour accompagner les entreprises qui grandissent, et surtout d’autres belles histoires, dans tous Q lexique L’ I N N O V A T I O N Q U E L’ O N N ’ A T O U J O U R S PA S C O M P R I S E Cloud : traduit littéralement par « nuage », le cloud, est un terme très utilisé mais encore trop nébuleux… À quoi ça sert ? À sauvegarder des fichiers multimédias ou des logiciels sur un réseau de manière à ce qu’ils soient disponibles tout le temps, où que vous soyez. Probablement plus sûr que votre vieux disque dur qui traîne sous le lit, le cloud facilite le travail collaboratif, le traitement et le stockage de l’information, en se débarrassant de tout support matériel visible. Où vont mes données ? Au lieu d’être sur votre ordinateur, vos données sont quelque part dans les limbes des serveurs et des datacenters des géants que sont Google, Dropbox, Apple avec iCloud… Mais encore ? En plus d’être un simple serveur, le cloud permet de faire marcher des programmes nécessitant une puissance de calcul conséquente, comme c’est le cas pour Siri d’Apple par exemple, ou encore les CogniToys présentés dans ce numéro, directement reliés au superordinateur Watson. L’ I N N O V A T I O N P O U R T O U S #01 S I L E X I D : U N M A G A Z I N E , U N N E W S PA P E R , D E S C O N F É R E N C E S , U N E C O M M U N A U T É , U N E P L AT E F O R M E W E B les domaines traditionnels d’excellence française : la médecine, les transports, l’énergie, le tourisme mais aussi l’industrie de pointe, la culture et l’éducation. Cette sensibilisation aux enjeux de l’innovation est au cœur de l’action que je mène auprès des grands groupes comme des petites entreprises. J’ai ainsi prévu de rencontrer chacun des patrons du CAC 40 pour les engager en faveur de l’investissement dans l’innovation, de la commande privée innovante, des incubateurs et accélérateurs internes à leur entreprise. Je porte le message auprès des TPE et PME que je rencontre de l’urgence à exister sur Internet, sur les réseaux sociaux, sur les supports mobiles. La sensibilisation vaut aussi auprès de mes collègues du Gouvernement à travers des initiatives comme le Jeudigital – un « jeudi » consacré à la rencontre de start-ups, d’acheteurs publics et d’investisseurs privés sous l’égide d’un ministre ouvert à l’innovation. L’Agence du numérique qui a été officiellement créée le mois dernier devra bâtir un partenariat durable avec les collectivités locales, en s’appuyant sur les succès de la French Tech, sur l’ambition unique en Europe de doter toute la France d’infrastructures de très haut débit d’ici 2022 et la promesse républicaine d’inclusion de tous les citoyens grâce au numérique que porte le réseau de médiateurs numériques, qu’il nous faut professionnaliser. Le Président de la République a annoncé notre ambition Thomas Watson, PDG d’IBM en 1943. « Créer une intelligence artificielle serait le plus grand évènement de l’histoire humaine. Malheureusement, ce pourrait être le dernier, à moins que nous découvrions comment éviter les risques. » Stephen Hawking MARS 2014 ea u 1 EUR W W W. S I L E X - I D. C O M I N N O VAT I O N S LES + ORIGINALES LES + FOLLES LETTRE OUVERTE AXELLE LEMAIRE SECRÉTAIRE D’ÉTAT CHARGÉE DU NUMÉRIQUE. COGNITOYS d’utiliser le numérique pour redonner un nouvel élan à des jeunes parfois sortis du système scolaire sans diplôme ni qualification et, plus généralement, à des publics en reconversion. Ma conviction, c’est que la culture de l’innovation existe bel et bien en France, ce « paradis des start-ups » selon Xavier Niel, mais que pour « passer à l’échelle », il nous faut de nouveaux outils et de nouveaux appuis, au premier rang desquels les forces vives de la French Tech et de tous les citoyens engagés – sans doute une partie du lectorat de ce premier numéro de Silex ID Newspaper ? ils ont dit « Je pense qu’il y a un marché mondial pour environ cinq ordinateurs. » uv agenda LES RDV À N E PA S M A N Q U E R 11/12 mars : Enova, le salon des technologies, à Toulouse 27 mars : MasterClash #1 (animé par l’équipe de Silex ID) 31 mars : Journée d’information sur le thème de l’innovation au service des maladies rares (BPI, Paris) Début avril : Sortie de Silex ID Magazine #4 « La culture de l’innovation existe bel et bien en France… » KEECKER D É C R Y P TA G E D E T E N D A N C E S 1 . B I G D ATA 2. DOMOTIQUE 3. RÉALITÉ VIRTUELLE L E S B I G D ATA Quoi ? C’est l’ensemble gigantesque de données que nous produisons à chaque fois que nous faisons une recherche, une géolocalisation… Par extension, ce sont les statistiques calculées par des algorithmes sophistiqués qui permettent de définir des analyses très précises de nos comportements. Quand ? Tous les grands groupes ont déjà lancé leur DMP (Data management program), et des start-ups se spécialisent dans l’analyse de ces données. 7 au 10 avril : Industrie Lyon 2015 - Salon des technologies de production (Eurexpo Lyon) 9 au 11 avril : Running Expo (Paris Expo, Porte de Versailles) LA DOMOTIQUE 11/12 avril : Japan Touch Haru (Villeurbanne) 29 avril au 10 mai : Foire de Paris 23/24 mai : Geekopolis (Paris Expo – Porte de Versailles) 4 au 27 juin : Festival de la French Tech ET AUSSI Think Tank : « laboratoire d’idées ». Ces structures regroupant des experts produisent des études ou des propositions dans divers domaines. Bump : to bump signifie « faire grimper rapidement ». C’est l’action de faire remonter un message dans un fil de conversation, sur un forum notamment. Data-crunching : principale source de travail du référenceur, il permet de former un contenu pertinent à partir de données statistiques désordonnées. GAFA, ou GAFAM : acronyme des « Big 4 » ou les 4 géants du marché du numérique : Google, Amazon, Facebook et Apple. Parfois, Microsoft est également inclus dans ce sigle. Silex ID Newspaper est une publication de Silex ID – Directeur de la publication : Matthieu Vetter – Rédacteur en chef : Daniel Geiselhart – Directeur Artistique : Yann Taeger – Secrétaire de Rédaction : Romain Bigay – Community Manager : Olivia Chevallier – Contributeurs : Anaïs Bozino, Léa Chassagne, Corentin Lecourt, Axelle Lemaire, Jean Moreau, Monsieur iou – Imprimé en France par Imprimerie Léonce Deprez - Distribution MLP – Textes, illustrations et photos copyright Silex ID, 16, rue Saulnier, 75009 Paris – SAS au capital de 9 000€ – Fondateurs : Léonce Deprez et Matthieu Vetter – Contact : 06 81 83 55 07 [email protected] – [email protected] – [email protected] – Dépôt légal à parution – Commission paritaire : en cours – Abonnement : www.silex-id.com. Il peut même raconter des blagues… P A G E 6 PA G E 4 Pourquoi ? Pour optimiser la rentabilité, la mobilité… Et pour faire de la prédiction en s’appuyant sur les puissances de calcul, ce qui permettra ensuite de définir des profils types à proposer aux utilisateurs. Attention cependant au diktat de la donnée ! 2 avril : Conférence Silex ID x Club business et techno de l’Edhec Alumni sur la Fintech (Edhec, Paris) Un dino super smart. Quoi ? Il s’agit de la maison connectée, tout simplement, et du fait que tous vos appareils (télé, radiateur, frigo, réveil, chauffage, lumière…) soient interopérables, ces objets et fonctionnalités se synchronisant dans un cadre précis (maison, appartement, hôtel, garage…). DÉCOUVREZ NOTRE VILLAGE DES START-UPS. et de sécurité. Attention aux cambriolages 2.0, pour lesquels il n’y aura plus besoin de pied-de-biche, juste d’un ordinateur… LA RÉALITÉ VIRTUELLE Quoi ? C’est un masque immersif de l’apparence d’un masque de ski, mais opaque. Ajoutez à cela un casque audio, et vous voilà plongé dans une autre réalité à 360°, dans laquelle vous pouvez bouger la tête et découvrir un monde virtuel comme s’il existait vraiment. Quand ? L’Oculus Rift existe déjà en version bêta. Les versions grand public arrivent fin 2015/début 2016. Pourquoi ? Au top de la SF des années 80, la réalité virtuelle devrait finalement s’installer pour de bon dans nos vies via les jeux vidéo et le cinéma. Facebook a racheté Oculus Rift, Samsung et Sony ont des projets dans les tuyaux, HTC et Valve ont annoncé la sortie future de Vive, sans oublier HoloLens (ci-dessous), le masque de réalité augmentée de chez Microsoft, qui va aussi pouvoir s’utiliser en version « fermée » pour la réalité virtuelle. © Microsoft L’ É C O N O M I E C I R C U L A I R E VERS UNE NOUVELLE RÉVOLUTION INDUSTRIELLE ? Faire des déchets des uns la matière première des autres et limiter le gaspillage, en s’appuyant sur un développement durable et une logique économique vertueuse. Une chose est sûre : l’économie circulaire est dans l’air du temps. Mais que signifie vraiment ce buzzword dorénavant utilisé à toutes les sauces ? Dernière lubie en date des bobos branchés ou vrai concept capable de repenser nos modes de fonctionnement linéaires ? Mirage utopique ou révolution en marche ? S U I T E PA G E S 2 - 3 Va-t-il révolutionner notre quotidien ? P A G E PA G E S 5 - 6 Quand ? Le terme (contraction de domus, « maison » en latin, et du suffixe « -tique », pour « automatique ») a été introduit en France en 1984 par Bruno de Latour, fondateur de l’Association pour les maisons du futur (APMF). Cependant, 30 ans après, la diffusion reste encore relativement faible. Mais c’est pour bientôt, disent les spécialistes ! Pourquoi ? Utilisée avec intelligence, la domotique devrait véritablement révolutionner nos vies, en termes de confort Un R2D2 à la maison. SILEXGRAPHIE 2 ET AUSSI TETRABIN GLOW La poubelle ludique Les écouteurs lumineux USELESS CAN L’innovation inutile édito Pourquoi Silex ID Newspaper ? L’innovation est partout. Des formidables avancées technologiques qui métamorphosent notre vie personnelle jusqu’à celles qui servent aux professionnels pour transformer l’industrie, en passant par les innovations sociétales, écologiques, durables… Il faut se rendre à l’évidence : le monde se réinvente tous les jours, avec une énergie et une vitesse telles qu’il est parfois compliqué de tout suivre, de tout assimiler. Ce sont ces changements de paradigmes majeurs que nous avons pour mission de relater dans Silex ID, avec toujours cette même envie : comprendre et donner du sens. Le Newspaper que vous tenez entre les mains est l’extension naturelle du magazine que nous avons lancé il y a quelques mois, c’est son pendant ludique et divertissant. C’est notre façon à nous de vivre l’innovation : en vous sélectionnant les dernières tendances, les start-ups du moment, les entrepreneurs qui font parler d’eux, en faisant avancer la réflexion sur certains concepts forts, tout simplement en racontant l’innovation. Pour nous suivre dans cette belle aventure, n’hésitez pas à consulter l’agenda en fin de journal, et rejoignez-nous sur l’un de nos futurs évènements, à l’une des nombreuses conférences que nous avons prévues cette année ! Ce projet, c’est pour vous et avec vous que nous le faisons. Daniel, Matthieu, Léonce et toute l’équipe de Silex ID. 2 newspaper M A R S CLOVIS EN FORÊT 2 0 1 5 3 A R T I C L E forts de plusieurs milliers d’employés. L’économie circulaire n’est donc pas nouvelle, mais il reste relativement difficile de quantifier son poids dans l’économie française. On estime que le secteur de la gestion des déchets représente plus de cent trente-cinq mille emplois1. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) communique pour sa part sur un potentiel de trois cent à quatre cent mille emplois liés à ce nouveau paradigme. Sur le plan mondial, certains pays comme l’Allemagne, la Belgique, la Suisse, le Japon ou la Chine se placent en avant-gardistes de la tendance.2 L’ É C O N O M I E C I R C U L A I R E VERS UNE NOUVELLE RÉVOLUTION INDUSTRIELLE ? Texte : Jean Moreau « CIRCULAIRE, Y’A RIEN À VOIR ! » Illustration : Monsieur iou S U I T E D E L A PA G E 1 « RIEN NE SE PERD, RIEN NE SE CRÉE, TOUT SE TRANSFORME » ÉCRIVAIT LAVOISIER AU XVIIIe SIÈCLE. CETTE CÉLÈBRE MAXIME, QUE NOUS AVONS TOUS APPRISE À L’ÉCOLE, EST FONDATRICE DU CONCEPT APPELÉ ÉCONOMIE CIRCULAIRE. n concept qui s’applique aussi aux citations puisque celle de Lavoisier n’est autre qu’une récupération de celle du philosophe grec Anaxagore, qui s’exprimait en des termes similaires 22 siècles plus tôt : « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau ». Mais plus concrètement, que cachent ces beaux principes ? ressources existantes, favorise une logique de coopération entre les différentes parties prenantes et privilégie les gisements locaux et les circuits courts. Prenez ce mode de fonctionnement et appliquez-le à notre façon d’exploiter les ressources naturelles (selon la logique dite de « biomimétisme »), vous verrez qu’il y a un vecteur de mutation qui peut véritablement changer la société et nous diriger vers une transition énergétique, sociale et écologique. LE BIOMIMÉTISME À L’ORIGINE DU CONCEPT « Le meilleur déchet reste celui qu’on ne produit pas », dirait Flore Berlingen, Directrice du mouvement Zero Waste France (anciennement CNIID), association qui impulse une démarche positive pour tendre vers une société zéro déchet et zéro gaspillage, et œuvre pour la participation de toutes les composantes de la société. La réduction de déchets en amont par l’écoconception des produits et le management environnemental est primordiale. En aval, l’écologie industrielle promeut l’échange de ressources secondaires entre des entreprises d’une même filière ou de filières différentes. À Dunkerque, l’hydrogène émis par l’usine sidérurgique Sollac est brûlé en produisant de l’électricité pour EDF et de la chaleur pour le réseau GDF local. Vient ensuite l’économie de fonctionnalité, qui vise à vendre un service plutôt qu’un produit, pour lutter notamment contre le principe d’obsolescence programmée. Le fabricant d’imprimantes Ricoh, par exemple, commence ainsi à faire payer l’usage (un coût à l’impression) plutôt que l’achat de U Partons en balade en forêt. Et réalisons à quel point cet écosystème naturel s’avère exemplaire en matière de réemploi des ressources, et constitue une véritable source d’inspiration. Il n’y a qu’à voir comment ses multiples composantes (animales, végétales, bactériologiques…) s’autoorganisent pour que les déchets des uns se muent en ressources pour les autres. Le recyclage et la réutilisation forment ainsi la logique fondamentale d’un système qui atteint l’autosuffisance. Et au sein de cet écosystème, l’action combinée des animaux, des bactéries et des champignons crée et entretient la décomposition de la matière organique, générant l’humus, la couche supérieure du sol, fondamentale de par sa capacité à retenir l’eau et les nutriments. En résumé, dans la forêt, Mère Nature transforme les déchets (les feuilles mortes) en ressources via ses champignons et autres micro-organismes, facilite une gestion raisonnée et optimisée des Scénario : Corentin Lecourt & Anna Six 3R : REDUCE, REUSE, RECYCLE… la machine. L’économie circulaire existe aussi à la fois grâce au réemploi et à la réutilisation. La différence ? Le réemploi consiste à prolonger la durée de vie d’un produit ou d’une matière en le récupérant pour l’utiliser sans modification de sa forme ou de sa fonction, par exemple en réemployant le verso de papiers imprimés. La réutilisation, c’est l’utilisation d’un matériau récupéré pour un usage différent de sa fonction initiale. C’est notamment la mission de La Réserve des Arts, une association récupérant des chutes de matériaux d’entreprises (textiles, beauxarts, décoration…), pour les valoriser et les revendre aux professionnels de la création. Enfin, l’économie circulaire c’est la réparation, portée par des plateformes web comme oureparer.com et commentreparer. com, ou les Repair Cafés qui fleurissent un peu partout en Europe, et le recyclage, soit de faire du neuf avec du vieux. Le nouvel objet n’a souvent rien à voir avec l’ancien qui sert uniquement de matière première. À la différence de la réutilisation et du réemploi précédemment cités, le recyclage présente l’inconvénient de nécessiter de Le principe de circularité, c’est le bon sens appliqué à l’économie. l’énergie pour la transformation du déchet en ressource. C’est ainsi que l’on produit de l’engrais à partir de compost, un composé riche en humus et en minéraux semblable à un terreau. On parle aussi d’upcycling, qui prône non pas la simple réutilisation des déchets mais leur valorisation créatrice, créant des produits dépassants de loin la valeur de l’objet initial. DES ENJEUX ÉCONOMIQUES, SOCIAUX ET ENVIRONNEMENTAUX Selon les conclusions du dernier rapport McKinsey pour la Fondation Ellen MacArthur, l’adoption de modèles circulaires pourrait générer une économie nette de matières premières de sept cents milliards de dollars dans le monde. Par exemple, la collecte systématique des déchets alimentaires ménagers, leur utilisation dans la production de biogaz et le retour des nutriments aux terres agricoles représentent une réelle opportunité. Ainsi, une tonne de déchets alimentaires peut générer l’équivalent de 19,50 euros d’électricité, 13,50 euros de chaleur et 4,50 euros d’engrais. L’économie circulaire constitue par ailleurs un puissant vecteur d’aménagement du territoire et de création d’emplois, en invitant les acteurs à coopérer et en contribuant à redynamiser l’espace grâce à un développement économique local favorisant les circuits courts et donc le maintien et la création d’emplois nondélocalisables. Le principe de circularité, c’est le bon sens appliqué à l’économie. Une logique gagnant-gagnant où les uns réduisent leurs déchets et les frais qui vont avec, tandis que les autres s’approvisionnent à moindre coût. Un système dans lequel « le bonheur des uns fait le bonheur des autres ». Une pluralité de jeunes acteurs, majoritairement encore de taille modeste, et dont une bonne partie est réunie au sein de la récente mais prometteuse fédération RCube, commencent à déployer leurs activités. Tandis que les poids lourds du recyclage (Veolia, Suez…) gardent un œil attentif sur ce marché naissant et se mettent à agiter la Tweetosphère à base de hashtag #economiecirculaire. Entre les deux figurent quelques acteurs pionniers historiques, comme Emmaüs, le groupe Vitamine T., ou le réseau Envie, présents depuis plus de 20 ans dans le paysage et « Circulez, y a rien à jeter ! » titrait Libération en octobre 2013. Dix-huit mois plus tard, il apparaît que l’économie circulaire mettra encore un certain temps à se développer. Pourquoi ? D’une part en raison des freins classiques inhérents à tout processus d’innovation : temps et évangélisation nécessaires à la mise en place d’usages nouveaux pour une activité nouvelle, résistances au changement, manque de financement des actions ; mais aussi des problématiques spécifiques au secteur, tenant notamment à la représentation que l’on se fait parfois des déchets, et aux aprioris sur la fiabilité et la qualité des produits issus de matières recyclées. L’autre constat partagé par un certain nombre d’acteurs de terrain réside dans le manque, à ce stade, de filières structurées de reprise : le problème ne se situerait pas du côté de l’offre, mais plutôt de celui de la demande. Un certain nombre de grosses structures semblent prêtes à jouer le jeu et à approvisionner les acteurs de la revalorisation en matériaux dont elles n’ont plus besoin, mais ces derniers ne paraissent pas encore suffisament matures et dimensionnés pour pouvoir traiter les volumes en question. De ce fait, une bonne partie des surplus finit généralement à la benne puis passe dans le trou noir des gros poids lourds du recyclage, qui s’avèrent quant à eux équipés pour traiter de grosses quantités de matière. Et ce problème de dimensionnement et de structuration des filières en aval se couple avec un souci de modèle économique, qui reste encore balbutiant. Là encore, disons que les entreprises émettrices se déclarent dans le meilleur des cas disposées à donner leur matière excédentaire et leurs chutes de production, mais pas forcément à payer des repreneurs pour les en débarrasser. L’équation économique n’est pas simple : le produit fini issu de la transformation doit être revendu à un prix couvrant à la fois l’activité de transformation elle-même, la collecte, le transport et le stockage, la distribution en aval, et parfois le rachat initial de la matière. Contrairement aux idées reçues, la récup’ et l’upcycling ne sont pas toujours bon marché, et les coûts de production peuvent parfois dépasser ceux du neuf. L’autre limite au déploiement de l’économie circulaire réside dans le manque de connexion entre les différents acteurs. Les entreprises sont plutôt centrées sur elles-mêmes et ne pensent pas encore à entamer le dialogue avec leurs alter egos. C’est l’une des raisons qui ont poussé à la création de PHENIX, plateforme servant d’interface entre l’offre et la demande, mais aussi entre des structures qui ne communiquent pas et n’ont pas de visibilité sur les gisements récupérables. C’est aussi le rôle d’acteurs plus institutionnels comme l’Institut de l’Économie Circulaire, impulsé par le député des Bouches-duRhône François-Michel Lambert (Europe Écologie Les Verts), qui estime à juste titre que l’économie circulaire s’appuie par essence « sur un système d’interrelations, d’interdépendances, sur une approche systémique qui nécessite que tous les acteurs d’un territoire soient impliqués : les entreprises, les collectivités locales, les L’économie circulaire est un puissant vecteur de création d’emplois. universités, les chercheurs, les associations, les consultants » et qui a fait le constat que « de nombreuses initiatives existaient sur les territoires, mais qu’il manquait à l’appel une structure fédérant toutes les strates de la société pour une mise en dynamique de cette économie circulaire ». En favorisant les échanges, les confrontations, les expérimentations et la promotion du concept, la création de l’Institut en février 2013 est venue en partie combler ce besoin, en attendant d’aller plus loin avec un projet de loi en 2017. L’Institut, qui est le pendant français de la Fondation Ellen MacArthur, a également pour but d’identifier les leviers pouvant accélérer la transition vers l’économie circulaire, que ce soit par le développement de politiques publiques (écotaxes, incitations fiscales), via la conjoncture économique (augmentation des coûts de l’énergie et des matières premières), la communication envers les professionnels et le grand public, ou les avancées technologiques : plateformes web, open data, travail collaboratif et développement de pièces détachées produites par imprimantes 3D. Un concept en vogue et prometteur, qui, espérons-le, ne connaîtra pas le même sort que son père spirituel, le bon Lavoisier, stigmatisé comme traître et guillotiné lors de la Terreur à Paris le 8 mai 1794, à l’âge de 50 ans. 1. Source : Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie 3RXUHQVDYRLUSOXVLOIDXGUDDWWHQGUHODƓQGHOō«SRS«HGH-XOHV et Raphaël de Circul’R, deux jeunes diplômés partis à la découverte de cent initiatives circulaires à travers le globe. Illustration : Corentin Lecourt coup de cœur KEECKER, UN R2D2 À LA MAISON P URMHWHUYRVƓOPV"6XUIHUVXUOHZHE" Diffuser votre playlist préférée avec un son GLJQHGōXQFRQFHUW"7UDQVIRUPHUYRWUHVDORQ HQVDOOHGōH[SRVLWLRQ"6XUYHLOOHUYRWUHPDLVRQ HQYRWUHDEVHQFH"'RUPLUDYHFODYRLHODFW«H DXGHVVXVGHVDW¬WH"/ōRYR±GH.HHFNHUYRXV permet de faire tout ça ! Ce petit robot de 40 cm de haut pour 28 cm de large a plus d’un tour dans son sac. Capable de transformer WRXWPXUHQ«FUDQGHƓOPHU¢rPDLVDXVVL de mesurer les taux de CO2, d’humidité ou la température à distance, vous pourrez même YRXVHQVHUYLUSRXUY«ULƓHUTXHYRVHQIDQWV dorment bien, et communiquer avec eux si besoin. À l’origine du projet : Pierre Lebeau, un DQFLHQGHFKH]*RRJOH6RQEXW"/LE«UHUYRV contenus et sortir du cauchemar « reptilien » des câbles. Autonome, le robot se sert de ses multiples capteurs pour cartographier là où il se trouve et se déplacer sans encombre. Présenté au CES de Las Vegas en janvier GHUQLHU.HHFNHUQōHVWFHSHQGDQWSDVHQFRUH accessible à tous types de budgets (il est précommandable pour la modique somme de 2990 € - et oui, quand même !) www.keecker.com scary innovation REJOIGNEZ LA COMMUNAUTÉ. F A U T- I L A V O I R P E U R … EN VOUS ABONNANT À DU GRAND MÉCHANT SILEX ID, VOUS REJOIGNEZ DRONE ? L es premières images qui nous viennent sont souvent celles de quelques soldats en treillis parqués dans une salle climatisée et larguant des bombes à partir d’un petit avion bardé de caméras et de capteurs. Soyez rassurés : les drones militaires et civils n’ont pas grand chose à voir, et l’immense majorité de ces petites bêtes volantes sont souvent des quadricoptères téléguidés de taille variable LA COMMUNAUTÉ DES (de la taille d’une main à celle d’une valise) avec des équipements embarqués (qui sont parfois directement dirigés sur le protagoniste en action, comme avec l’Hexo+). Rien de bien méchant donc ! D’ailleurs, n’hésitez pas à essayer le PowerUp 3.0 de chez PowerUp Toys, qui vous permettra de droniser un bout de papier avec une hélice, un gouvernail et un pilotage par smartphone. /HWōVŴ\ CRO-MAGNONS, AVEC UN ACCÈS PRIVILÉGIÉ À NOS CONFÉRENCES, AUX APÉROS-ABONNÉS, AU CONTENU WEB AINSI QU’À DE NOMBREUSES SUPRISES ! Abonnement d’un an au magazine (6 numéros) : 32 € pour l’étranger et les Dom-Tom, contacter [email protected]. Achat au numéro : 6 €/numéro Silex ID #1 (Dossier sur le Sport) Silex ID #2 (Dossier sur le Transport) Silex ID #3 (Dossier sur la Santé) Silex ID #4 (Dossier sur la Ville de Demain), début avril 2015 Silex ID #5 (Dossier sur l’Apprentissage et la Formation), mi-juin 2015 Pour tout comprendre du monde de demain, le magazine Silex ID vous propose 100 pages de contenu premium tous les trimestres, avec un dossier de 40 pages, de nombreux articles, des chroniques, des interviews, des bêta-tests… Tout simplement indispensable ! Abonnement à notre Newspaper prévu prochainement. Plus d’infos sur www.silex-id.com.