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M A R S
2 0 1 5
T R I B U N E
1€
no
4
L I B R E
LETTRE OUVERTE
AXELLE LEMAIRE
SECRÉTAIRE D’ÉTAT
CHARGÉE DU NUMÉRIQUE.
newspaper
Par Axelle Lemaire
DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES,
LA FRANCE EST LE PAYS
QUI COMPTE LE PLUS
D’ENTREPRISES DANS LE
CLASSEMENT DELOITTE FAST
500 DES ENTREPRISES À LA
PLUS FORTE CROISSANCE.
uelques noms de grands succès français
montrent qu’il est possible d’arriver
non pas encore au « Billion Dollar
Startup Club » mais à des levées de
cent millions ou plus, à des entrées en
Bourse tonitruantes – Blablacar, Criteo,
Sigfox encore récemment.
Ces histoires individuelles sont
importantes à connaître, parce qu’elles illustrent à la fois
l’inventivité technique en matière de réseaux télécoms ou
d’algorithmique et l’inventivité en termes de produit et
d’expérience utilisateur qui peuvent s’épanouir en France.
Ces histoires nous montrent aussi ce qui nous manque :
du financement pour accompagner les entreprises qui
grandissent, et surtout d’autres belles histoires, dans tous
Q
lexique
L’ I N N O V A T I O N
Q U E L’ O N N ’ A T O U J O U R S
PA S C O M P R I S E
Cloud : traduit littéralement par « nuage », le cloud,
est un terme très utilisé mais encore trop nébuleux…
À quoi ça sert ? À sauvegarder des fichiers multimédias ou
des logiciels sur un réseau de manière à ce qu’ils soient
disponibles tout le temps, où que vous soyez. Probablement
plus sûr que votre vieux disque dur qui traîne sous le lit,
le cloud facilite le travail collaboratif, le traitement et le
stockage de l’information, en se débarrassant de tout
support matériel visible.
Où vont mes données ? Au lieu d’être sur votre ordinateur,
vos données sont quelque part dans les limbes des serveurs
et des datacenters des géants que sont Google, Dropbox,
Apple avec iCloud…
Mais encore ? En plus d’être un simple serveur, le cloud
permet de faire marcher des programmes nécessitant
une puissance de calcul conséquente, comme c’est le cas
pour Siri d’Apple par exemple, ou encore les CogniToys
présentés dans ce numéro, directement reliés au superordinateur Watson.
L’ I N N O V A T I O N P O U R T O U S
#01
S I L E X I D : U N M A G A Z I N E , U N N E W S PA P E R , D E S C O N F É R E N C E S , U N E C O M M U N A U T É , U N E P L AT E F O R M E W E B
les domaines traditionnels d’excellence française : la
médecine, les transports, l’énergie, le tourisme mais aussi
l’industrie de pointe, la culture et l’éducation.
Cette sensibilisation aux enjeux de l’innovation est
au cœur de l’action que je mène auprès des grands
groupes comme des petites entreprises. J’ai ainsi prévu
de rencontrer chacun des patrons du CAC 40 pour les
engager en faveur de l’investissement dans l’innovation,
de la commande privée innovante, des incubateurs
et accélérateurs internes à leur entreprise. Je porte le
message auprès des TPE et PME que je rencontre de
l’urgence à exister sur Internet, sur les réseaux sociaux, sur
les supports mobiles. La sensibilisation vaut aussi auprès
de mes collègues du Gouvernement à travers des initiatives
comme le Jeudigital – un « jeudi » consacré à la rencontre
de start-ups, d’acheteurs publics et d’investisseurs
privés sous l’égide d’un ministre ouvert à l’innovation.
L’Agence du numérique qui a été officiellement créée
le mois dernier devra bâtir un partenariat durable avec
les collectivités locales, en s’appuyant sur les succès de la
French Tech, sur l’ambition unique en Europe de doter
toute la France d’infrastructures de très haut débit d’ici
2022 et la promesse républicaine d’inclusion de tous
les citoyens grâce au numérique que porte le réseau de
médiateurs numériques, qu’il nous faut professionnaliser.
Le Président de la République a annoncé notre ambition
Thomas Watson, PDG d’IBM en 1943.
« Créer une intelligence artificielle
serait le plus grand évènement
de l’histoire humaine.
Malheureusement, ce pourrait
être le dernier, à moins que nous découvrions
comment éviter les risques. »
Stephen Hawking
MARS 2014
ea
u
1 EUR
W W W. S I L E X - I D. C O M
I N N O VAT I O N S
LES + ORIGINALES
LES + FOLLES
LETTRE OUVERTE
AXELLE LEMAIRE
SECRÉTAIRE D’ÉTAT
CHARGÉE DU NUMÉRIQUE.
COGNITOYS
d’utiliser le numérique pour redonner un nouvel élan à
des jeunes parfois sortis du système scolaire sans diplôme
ni qualification et, plus généralement, à des publics en
reconversion.
Ma conviction, c’est que la culture de l’innovation existe
bel et bien en France, ce « paradis des start-ups » selon
Xavier Niel, mais que pour « passer à l’échelle », il nous
faut de nouveaux outils et de nouveaux appuis, au premier
rang desquels les forces vives de la French Tech et de tous
les citoyens engagés – sans doute une partie du lectorat de
ce premier numéro de Silex ID Newspaper ?
ils ont dit
« Je pense
qu’il y a un marché
mondial pour environ
cinq ordinateurs. »
uv
agenda
LES RDV
À N E PA S M A N Q U E R
11/12 mars : Enova,
le salon des technologies, à Toulouse
27 mars : MasterClash #1
(animé par l’équipe de Silex ID)
31 mars : Journée d’information sur le thème de
l’innovation au service des maladies rares (BPI, Paris)
Début avril : Sortie de Silex ID Magazine #4
« La culture de
l’innovation existe bel
et bien en France… »
KEECKER
D É C R Y P TA G E D E T E N D A N C E S
1 . B I G D ATA
2. DOMOTIQUE
3. RÉALITÉ VIRTUELLE
L E S B I G D ATA
Quoi ? C’est l’ensemble gigantesque de données que nous
produisons à chaque fois que nous faisons une recherche,
une géolocalisation… Par extension, ce sont les statistiques
calculées par des algorithmes sophistiqués qui permettent
de définir des analyses très précises de nos comportements.
Quand ? Tous les grands groupes ont déjà lancé leur
DMP (Data management program), et des start-ups se
spécialisent dans l’analyse de ces données.
7 au 10 avril : Industrie Lyon 2015 - Salon des
technologies de production (Eurexpo Lyon)
9 au 11 avril : Running Expo (Paris Expo,
Porte de Versailles)
LA DOMOTIQUE
11/12 avril : Japan Touch Haru (Villeurbanne)
29 avril au 10 mai : Foire de Paris
23/24 mai : Geekopolis
(Paris Expo – Porte de Versailles)
4 au 27 juin : Festival de la French Tech
ET AUSSI
Think Tank : « laboratoire d’idées ». Ces structures
regroupant des experts produisent des études ou des
propositions dans divers domaines.
Bump : to bump signifie « faire grimper rapidement ».
C’est l’action de faire remonter un message dans un fil
de conversation, sur un forum notamment.
Data-crunching : principale source de travail du
référenceur, il permet de former un contenu pertinent
à partir de données statistiques désordonnées.
GAFA, ou GAFAM : acronyme des « Big 4 » ou les 4 géants
du marché du numérique : Google, Amazon, Facebook et
Apple. Parfois, Microsoft est également inclus dans ce sigle.
Silex ID Newspaper est une publication de Silex ID – Directeur de la publication : Matthieu Vetter – Rédacteur en chef : Daniel Geiselhart – Directeur Artistique : Yann Taeger – Secrétaire de Rédaction : Romain Bigay – Community Manager : Olivia Chevallier
– Contributeurs : Anaïs Bozino, Léa Chassagne, Corentin Lecourt, Axelle Lemaire, Jean Moreau, Monsieur iou – Imprimé en France par Imprimerie Léonce Deprez - Distribution MLP – Textes, illustrations et photos copyright Silex ID, 16, rue Saulnier, 75009
Paris – SAS au capital de 9 000€ – Fondateurs : Léonce Deprez et Matthieu Vetter – Contact : 06 81 83 55 07 [email protected][email protected][email protected] – Dépôt légal à parution – Commission paritaire : en cours – Abonnement :
www.silex-id.com.
Il peut même raconter
des blagues… P A G E 6
PA G E 4
Pourquoi ? Pour optimiser la rentabilité, la mobilité… Et
pour faire de la prédiction en s’appuyant sur les puissances
de calcul, ce qui permettra ensuite de définir des profils
types à proposer aux utilisateurs. Attention cependant au
diktat de la donnée !
2 avril : Conférence Silex ID x Club business
et techno de l’Edhec Alumni sur la Fintech
(Edhec, Paris)
Un dino
super smart.
Quoi ? Il s’agit de la maison connectée, tout simplement, et
du fait que tous vos appareils (télé, radiateur, frigo, réveil,
chauffage, lumière…) soient interopérables, ces objets
et fonctionnalités se synchronisant dans un cadre précis
(maison, appartement, hôtel, garage…).
DÉCOUVREZ NOTRE VILLAGE
DES START-UPS.
et de sécurité. Attention aux cambriolages 2.0, pour
lesquels il n’y aura plus besoin de pied-de-biche, juste
d’un ordinateur…
LA RÉALITÉ VIRTUELLE
Quoi ? C’est un masque immersif de l’apparence d’un
masque de ski, mais opaque. Ajoutez à cela un casque
audio, et vous voilà plongé dans une autre réalité à 360°,
dans laquelle vous pouvez bouger la tête et découvrir un
monde virtuel comme s’il existait vraiment.
Quand ? L’Oculus Rift existe déjà en version bêta. Les
versions grand public arrivent fin 2015/début 2016.
Pourquoi ? Au top de la SF des années 80, la réalité virtuelle
devrait finalement s’installer pour de bon dans nos vies
via les jeux vidéo et le cinéma. Facebook a racheté Oculus
Rift, Samsung et Sony ont des projets dans les tuyaux, HTC
et Valve ont annoncé la sortie future de Vive, sans oublier
HoloLens (ci-dessous), le masque de réalité augmentée
de chez Microsoft, qui va aussi pouvoir s’utiliser en version
« fermée » pour la réalité virtuelle.
© Microsoft
L’ É C O N O M I E C I R C U L A I R E
VERS UNE NOUVELLE RÉVOLUTION
INDUSTRIELLE ?
Faire des déchets des uns la matière première des autres et limiter le gaspillage, en s’appuyant sur un développement
durable et une logique économique vertueuse. Une chose est sûre : l’économie circulaire est dans l’air du temps.
Mais que signifie vraiment ce buzzword dorénavant utilisé à toutes les sauces ? Dernière lubie en date des bobos branchés
ou vrai concept capable de repenser nos modes de fonctionnement linéaires ? Mirage utopique ou révolution en marche ?
S U I T E PA G E S 2 - 3
Va-t-il révolutionner
notre quotidien ? P A G E
PA G E S 5 - 6
Quand ? Le terme (contraction de domus, « maison » en
latin, et du suffixe « -tique », pour « automatique ») a
été introduit en France en 1984 par Bruno de Latour,
fondateur de l’Association pour les maisons du futur
(APMF). Cependant, 30 ans après, la diffusion reste encore
relativement faible. Mais c’est pour bientôt, disent les
spécialistes !
Pourquoi ? Utilisée avec intelligence, la domotique devrait
véritablement révolutionner nos vies, en termes de confort
Un R2D2
à la maison.
SILEXGRAPHIE
2
ET AUSSI
TETRABIN
GLOW
La poubelle ludique
Les écouteurs lumineux
USELESS CAN
L’innovation inutile
édito
Pourquoi Silex ID Newspaper ?
L’innovation est partout. Des formidables avancées
technologiques qui métamorphosent notre
vie personnelle jusqu’à celles qui servent aux
professionnels pour transformer l’industrie, en
passant par les innovations sociétales, écologiques,
durables… Il faut se rendre à l’évidence : le monde
se réinvente tous les jours, avec une énergie et une
vitesse telles qu’il est parfois compliqué de tout
suivre, de tout assimiler. Ce sont ces changements
de paradigmes majeurs que nous avons pour
mission de relater dans Silex ID, avec toujours
cette même envie : comprendre et donner du
sens. Le Newspaper que vous tenez entre les mains
est l’extension naturelle du magazine que nous
avons lancé il y a quelques mois, c’est son pendant
ludique et divertissant. C’est notre façon à nous
de vivre l’innovation : en vous sélectionnant les
dernières tendances, les start-ups du moment, les
entrepreneurs qui font parler d’eux, en faisant
avancer la réflexion sur certains concepts forts,
tout simplement en racontant l’innovation. Pour
nous suivre dans cette belle aventure, n’hésitez
pas à consulter l’agenda en fin de journal, et
rejoignez-nous sur l’un de nos futurs évènements,
à l’une des nombreuses conférences que nous
avons prévues cette année ! Ce projet, c’est pour
vous et avec vous que nous le faisons.
Daniel, Matthieu, Léonce
et toute l’équipe de Silex ID.
2
newspaper
M A R S
CLOVIS EN FORÊT
2 0 1 5
3
A R T I C L E
forts de plusieurs milliers d’employés.
L’économie circulaire n’est donc pas
nouvelle, mais il reste relativement difficile
de quantifier son poids dans l’économie
française. On estime que le secteur de la
gestion des déchets représente plus de
cent trente-cinq mille emplois1. L’Agence
de l’environnement et de la maîtrise de
l’énergie (ADEME) communique pour
sa part sur un potentiel de trois cent à
quatre cent mille emplois liés à ce nouveau
paradigme. Sur le plan mondial, certains
pays comme l’Allemagne, la Belgique, la
Suisse, le Japon ou la Chine se placent en
avant-gardistes de la tendance.2
L’ É C O N O M I E C I R C U L A I R E
VERS
UNE NOUVELLE
RÉVOLUTION
INDUSTRIELLE ?
Texte : Jean Moreau
« CIRCULAIRE,
Y’A RIEN À VOIR ! »
Illustration : Monsieur iou
S U I T E D E L A PA G E 1
« RIEN NE SE PERD, RIEN NE SE CRÉE, TOUT
SE TRANSFORME » ÉCRIVAIT LAVOISIER AU XVIIIe
SIÈCLE. CETTE CÉLÈBRE MAXIME, QUE NOUS
AVONS TOUS APPRISE À L’ÉCOLE, EST FONDATRICE
DU CONCEPT APPELÉ ÉCONOMIE CIRCULAIRE.
n concept qui
s’applique aussi aux
citations puisque celle
de Lavoisier n’est autre
qu’une récupération
de celle du philosophe
grec Anaxagore, qui
s’exprimait en des
termes similaires 22 siècles plus tôt : « Rien
ne naît ni ne périt, mais des choses déjà
existantes se combinent, puis se séparent
de nouveau ». Mais plus concrètement, que
cachent ces beaux principes ?
ressources existantes, favorise une logique
de coopération entre les différentes parties
prenantes et privilégie les gisements locaux
et les circuits courts. Prenez ce mode de
fonctionnement et appliquez-le à notre
façon d’exploiter les ressources naturelles
(selon la logique dite de « biomimétisme »),
vous verrez qu’il y a un vecteur de mutation
qui peut véritablement changer la
société et nous diriger vers une transition
énergétique, sociale et écologique.
LE BIOMIMÉTISME
À L’ORIGINE DU CONCEPT
« Le meilleur déchet reste celui qu’on
ne produit pas », dirait Flore Berlingen,
Directrice du mouvement Zero Waste
France (anciennement CNIID), association
qui impulse une démarche positive pour
tendre vers une société zéro déchet et zéro
gaspillage, et œuvre pour la participation
de toutes les composantes de la société. La
réduction de déchets en amont par l’écoconception des produits et le management
environnemental est primordiale.
En aval, l’écologie industrielle promeut
l’échange de ressources secondaires
entre des entreprises d’une même filière
ou de filières différentes. À Dunkerque,
l’hydrogène émis par l’usine sidérurgique
Sollac est brûlé en produisant de
l’électricité pour EDF et de la chaleur
pour le réseau GDF local. Vient ensuite
l’économie de fonctionnalité, qui vise à
vendre un service plutôt qu’un produit,
pour lutter notamment contre le principe
d’obsolescence programmée. Le fabricant
d’imprimantes Ricoh, par exemple,
commence ainsi à faire payer l’usage (un
coût à l’impression) plutôt que l’achat de
U
Partons en balade en forêt. Et réalisons à
quel point cet écosystème naturel s’avère
exemplaire en matière de réemploi des
ressources, et constitue une véritable source
d’inspiration. Il n’y a qu’à voir comment
ses multiples composantes (animales,
végétales, bactériologiques…) s’autoorganisent pour que les déchets des uns
se muent en ressources pour les autres. Le
recyclage et la réutilisation forment ainsi
la logique fondamentale d’un système
qui atteint l’autosuffisance. Et au sein de
cet écosystème, l’action combinée des
animaux, des bactéries et des champignons
crée et entretient la décomposition de la
matière organique, générant l’humus, la
couche supérieure du sol, fondamentale
de par sa capacité à retenir l’eau et les
nutriments. En résumé, dans la forêt, Mère
Nature transforme les déchets (les feuilles
mortes) en ressources via ses champignons
et autres micro-organismes, facilite
une gestion raisonnée et optimisée des
Scénario : Corentin Lecourt & Anna Six
3R : REDUCE, REUSE, RECYCLE…
la machine. L’économie circulaire existe
aussi à la fois grâce au réemploi et à la
réutilisation. La différence ? Le réemploi
consiste à prolonger la durée de vie d’un
produit ou d’une matière en le récupérant
pour l’utiliser sans modification de sa
forme ou de sa fonction, par exemple en
réemployant le verso de papiers imprimés.
La réutilisation, c’est l’utilisation d’un
matériau récupéré pour un usage différent
de sa fonction initiale. C’est notamment
la mission de La Réserve des Arts, une
association récupérant des chutes de
matériaux d’entreprises (textiles, beauxarts, décoration…), pour les valoriser et les
revendre aux professionnels de la création.
Enfin, l’économie circulaire c’est la
réparation, portée par des plateformes web
comme oureparer.com et commentreparer.
com, ou les Repair Cafés qui fleurissent un
peu partout en Europe, et le recyclage, soit
de faire du neuf avec du vieux. Le nouvel
objet n’a souvent rien à voir avec l’ancien
qui sert uniquement de matière première.
À la différence de la réutilisation et du
réemploi précédemment cités, le recyclage
présente l’inconvénient de nécessiter de
Le principe de
circularité, c’est le
bon sens appliqué
à l’économie.
l’énergie pour la transformation du déchet
en ressource. C’est ainsi que l’on produit de
l’engrais à partir de compost, un composé
riche en humus et en minéraux semblable
à un terreau. On parle aussi d’upcycling,
qui prône non pas la simple réutilisation
des déchets mais leur valorisation créatrice,
créant des produits dépassants de loin la
valeur de l’objet initial.
DES ENJEUX ÉCONOMIQUES,
SOCIAUX ET ENVIRONNEMENTAUX
Selon les conclusions du dernier rapport
McKinsey pour la Fondation Ellen
MacArthur, l’adoption de modèles
circulaires pourrait générer une économie
nette de matières premières de sept
cents milliards de dollars dans le monde.
Par exemple, la collecte systématique
des déchets alimentaires ménagers,
leur utilisation dans la production de
biogaz et le retour des nutriments aux
terres agricoles représentent une réelle
opportunité. Ainsi, une tonne de déchets
alimentaires peut générer l’équivalent de
19,50 euros d’électricité, 13,50 euros de
chaleur et 4,50 euros d’engrais.
L’économie circulaire constitue par ailleurs
un puissant vecteur d’aménagement
du territoire et de création d’emplois,
en invitant les acteurs à coopérer et en
contribuant à redynamiser l’espace grâce
à un développement économique local
favorisant les circuits courts et donc le
maintien et la création d’emplois nondélocalisables.
Le principe de circularité, c’est le bon
sens appliqué à l’économie. Une logique
gagnant-gagnant où les uns réduisent leurs
déchets et les frais qui vont avec, tandis
que les autres s’approvisionnent à moindre
coût. Un système dans lequel « le bonheur
des uns fait le bonheur des autres ».
Une pluralité de jeunes acteurs,
majoritairement encore de taille modeste,
et dont une bonne partie est réunie au sein
de la récente mais prometteuse fédération
RCube, commencent à déployer leurs
activités. Tandis que les poids lourds du
recyclage (Veolia, Suez…) gardent un
œil attentif sur ce marché naissant et se
mettent à agiter la Tweetosphère à base
de hashtag #economiecirculaire. Entre les
deux figurent quelques acteurs pionniers
historiques, comme Emmaüs, le groupe
Vitamine T., ou le réseau Envie, présents
depuis plus de 20 ans dans le paysage et
« Circulez, y a rien à jeter ! » titrait Libération
en octobre 2013. Dix-huit mois plus tard, il
apparaît que l’économie circulaire mettra
encore un certain temps à se développer.
Pourquoi ? D’une part en raison des freins
classiques inhérents à tout processus
d’innovation : temps et évangélisation
nécessaires à la mise en place d’usages
nouveaux pour une activité nouvelle,
résistances au changement, manque de
financement des actions ; mais aussi des
problématiques spécifiques au secteur,
tenant notamment à la représentation
que l’on se fait parfois des déchets, et aux
aprioris sur la fiabilité et la qualité des
produits issus de matières recyclées.
L’autre constat partagé par un certain
nombre d’acteurs de terrain réside dans le
manque, à ce stade, de filières structurées
de reprise : le problème ne se situerait pas
du côté de l’offre, mais plutôt de celui
de la demande. Un certain nombre de
grosses structures semblent prêtes à jouer
le jeu et à approvisionner les acteurs de
la revalorisation en matériaux dont elles
n’ont plus besoin, mais ces derniers ne
paraissent pas encore suffisament matures
et dimensionnés pour pouvoir traiter les
volumes en question. De ce fait, une bonne
partie des surplus finit généralement à la
benne puis passe dans le trou noir des gros
poids lourds du recyclage, qui s’avèrent
quant à eux équipés pour traiter de grosses
quantités de matière.
Et ce problème de dimensionnement et de
structuration des filières en aval se couple
avec un souci de modèle économique, qui
reste encore balbutiant. Là encore, disons
que les entreprises émettrices se déclarent
dans le meilleur des cas disposées à donner
leur matière excédentaire et leurs chutes
de production, mais pas forcément à payer
des repreneurs pour les en débarrasser.
L’équation économique n’est pas simple :
le produit fini issu de la transformation
doit être revendu à un prix couvrant à la
fois l’activité de transformation elle-même,
la collecte, le transport et le stockage, la
distribution en aval, et parfois le rachat
initial de la matière. Contrairement aux
idées reçues, la récup’ et l’upcycling ne sont
pas toujours bon marché, et les coûts de
production peuvent parfois dépasser ceux
du neuf.
L’autre limite au déploiement de
l’économie circulaire réside dans le
manque de connexion entre les différents
acteurs. Les entreprises sont plutôt centrées
sur elles-mêmes et ne pensent pas encore
à entamer le dialogue avec leurs alter egos.
C’est l’une des raisons qui ont poussé à la
création de PHENIX, plateforme servant
d’interface entre l’offre et la demande,
mais aussi entre des structures qui ne
communiquent pas et n’ont pas de visibilité
sur les gisements récupérables. C’est
aussi le rôle d’acteurs plus institutionnels
comme l’Institut de l’Économie Circulaire,
impulsé par le député des Bouches-duRhône François-Michel Lambert (Europe
Écologie Les Verts), qui estime à juste titre
que l’économie circulaire s’appuie par
essence « sur un système d’interrelations,
d’interdépendances, sur une approche
systémique qui nécessite que tous les
acteurs d’un territoire soient impliqués :
les entreprises, les collectivités locales, les
L’économie circulaire
est un puissant
vecteur de création
d’emplois.
universités, les chercheurs, les associations,
les consultants » et qui a fait le constat que
« de nombreuses initiatives existaient sur
les territoires, mais qu’il manquait à l’appel
une structure fédérant toutes les strates de
la société pour une mise en dynamique de
cette économie circulaire ». En favorisant
les échanges, les confrontations, les
expérimentations et la promotion du
concept, la création de l’Institut en février
2013 est venue en partie combler ce
besoin, en attendant d’aller plus loin avec
un projet de loi en 2017. L’Institut, qui
est le pendant français de la Fondation
Ellen MacArthur, a également pour but
d’identifier les leviers pouvant accélérer la
transition vers l’économie circulaire, que
ce soit par le développement de politiques
publiques (écotaxes, incitations fiscales), via
la conjoncture économique (augmentation
des coûts de l’énergie et des matières
premières), la communication envers les
professionnels et le grand public, ou les
avancées technologiques : plateformes
web, open data, travail collaboratif et
développement de pièces détachées produites
par imprimantes 3D.
Un concept en vogue et prometteur, qui,
espérons-le, ne connaîtra pas le même sort
que son père spirituel, le bon Lavoisier,
stigmatisé comme traître et guillotiné lors
de la Terreur à Paris le 8 mai 1794, à l’âge
de 50 ans.
1. Source : Ministère de l’Écologie,
du Développement durable et de l’Énergie
3RXUHQVDYRLUSOXVLOIDXGUDDWWHQGUHODƓQGHOō«SRS«HGH-XOHV
et Raphaël de Circul’R, deux jeunes diplômés partis à
la découverte de cent initiatives circulaires à travers le globe.
Illustration : Corentin Lecourt
coup de cœur
KEECKER, UN R2D2
À LA MAISON
P
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Diffuser votre playlist préférée avec un son
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DXGHVVXVGHVDW¬WH"/ōRYR±GH.HHFNHUYRXV
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YRXVHQVHUYLUSRXUY«ULƓHUTXHYRVHQIDQWV
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DQFLHQGHFKH]*RRJOH6RQEXW"/LE«UHUYRV
contenus et sortir du cauchemar « reptilien »
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multiples capteurs pour cartographier là où
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F A U T- I L A V O I R P E U R …
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SILEX ID, VOUS REJOIGNEZ
DRONE ?
L
es premières images qui nous viennent
sont souvent celles de quelques soldats
en treillis parqués dans une salle climatisée
et larguant des bombes à partir d’un petit
avion bardé de caméras et de capteurs. Soyez
rassurés : les drones militaires et civils n’ont
pas grand chose à voir, et l’immense majorité
de ces petites bêtes volantes sont souvent des
quadricoptères téléguidés de taille variable
LA COMMUNAUTÉ DES
(de la taille d’une main à celle d’une valise)
avec des équipements embarqués (qui sont
parfois directement dirigés sur le protagoniste
en action, comme avec l’Hexo+). Rien de
bien méchant donc ! D’ailleurs, n’hésitez pas
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