Homme - Femme Malachie - son nom signifie `messager`

Transcription

Homme - Femme Malachie - son nom signifie `messager`
Homme - Femme
Malachie - son nom signifie ‘messager’ - prend la parole vers les années 480-460. Le
peuple est rentré de l’exil, le temple de Jérusalem a été reconstruit, le culte est à
nouveau célébré. Mais la fidélité à Dieu et au message des anciens prophètes n’est pas
toujours là. Voilà pourquoi Malachie intervient. Et, dans la page de ce matin, il intervient,
en forme poétique, sur le divorce.
Son intervention est double, en eux strophes. Dans la première (vv. 10-11a), le poète
prend Dieu comme référence fondamentale. Dieu est le père, c’est lui qui nous a
créé(e)s. Et bien, lorsqu’on trahit son partenaire, un frère, une fille du même Dieu, on
casse sa relation avec Dieu, on profane son alliance.
Dans la seconde strophe (vv. 13-16), Malachie fait référence au culte, aux liturgies
célébrées dans le temple, des liturgies accompagnées de pleurs et de gémissements. Les
fidèles voudraient que Dieu accueille d’une façon favorable ces célébrations. Et
pourtant, ces ‘fidèles’ qui célèbrent l’alliance avec Dieu…sont infidèles à la femme
choisie : «Le Seigneur est témoin entre toi et la femme de ta jeunesse, la femme que, toi,
tu as trahie. Elle était pourtant ta compagne et la femme de ton alliance » (v. 14).
Et renvoyer sa femme parce qu’on n’a pas d’enfant est inacceptable : les enfants sont
un don de Dieu. Mais le but du couple n’est pas d’engendrer les enfants. Ce que le
couple doit rechercher c’est d’être un couple, « un être unique ». Et le fait de contraindre
la femme à s’en aller est un comportement inacceptable : on recouvre son vêtement et
sa personne… «de violence» (v. 16).
En effet, Dieu a fait de vous «un être unique, qui est chair et souffle de vie» (v. 15). Voilà
pourquoi, à l’homme et à la femme, aux deux ensemble, le prophète adresse cette
invitation: «Prenez-soin de vous-mêmes, dans votre souffle, et ne commettez pas cette
trahison!» (v. 16).
Du livre de Malachie (2,10-11a.13-16)
10
N’y a-t-il pas un Père unique pour nous tous ?
N’est-ce pas un Dieu unique qui nous a créés ?
Pourquoi sommes-nous traîtres, l’un envers son frère,
en profanant (ainsi) l’alliance de nos pères ?
11
Juda a trahi, et une abomination a été faite en Israël et à Jérusalem.
13
Et celle-ci (est) une seconde chose que vous faites :
vous couvrez de larmes l’autel du Seigneur, avec pleurs et gémissements,
parce qu’il ne se tourne plus vers l’offrande
et il ne la reçoit plus favorablement de vos mains.
14
Et vous dites : «Pourquoi ?»
C’est parce que le Seigneur est témoin entre toi et la femme de ta jeunesse,
la femme que, toi, tu as trahie.
Elle était pourtant ta compagne
et la femme de ton alliance.
15
Et Dieu n’a-t-il pas fait de vous un être unique, qui est chair et souffle de vie ?
Et cet être unique, que cherche-t-il ? Une descendance donnée par Elohim.
Prenez-soin de vous-mêmes, dans votre souffle, et la femme de ta jeunesse, ne la trahis
pas.
16
Car il déteste qu’on fasse partir la femme - dit le Seigneur l’Elohim d’Israël et qu’on recouvre de violence son vêtement - dit le Seigneur tout-puissant.
Prenez-soin de vous-mêmes, dans votre souffle, et ne commettez pas cette trahison!
Au lieu d’un psaume, ce matin nous allons lire deux petits poèmes du Cantique des
cantiques. Ce livre est composé de poèmes très brefs, des poèmes qui chantent l’amour
d’une femme et d’un homme. Ce sont les protagonistes eux-mêmes qui expriment, selon
leurs sensibilités respectives, qu’est-ce que, pour elle et pour lui, l’expérience amoureuse
dans toute sa richesse : la découverte de l’autre comme un don, le désir de partager sa
vie avec l’autre, la nostalgie dans l’absence, la joie de la présence.
Laissons-nous prendre, laissons-nous fasciner, ce matin, par les mos que le jeune adresse à
la femme en l’invitant à manifester son amour en toute confiance. Laissons-nous fasciner
aussi par les mots de la jeune femme qui avoue son amour, un amour qui dépasse tout
obstacle et qui est fort comme la mort : un amour dans lequel la femme découvre - et
elle ose à peine en prononcer le nom - Dieu, Yah lui-même.
Cantique des cantiques (2,14 et 8,6-7)
Lui :
214 Ma colombe, dans les fissures du rocher,
cachée dans la paroi d’un escarpement,
laisse-moi voir ton visage,
laisse-moi entendre ta voix,
car ta voix est douce
et ton visage ravissant.
Elle :
86 Place-moi comme un sceau sur ton cœur,
comme un sceau sur ton bras,
car fort comme la mort est l’amour,
passion inflexible comme la gueule de la mort.
Ses flèches sont flèches de feu,
éclairs flamboyants, éclairs de Yah.
7
Des eaux nombreuses ne sauraient éteindre l’amour,
aucun fleuve ne saurait le submerger.
Si quelqu’un donnait toute la richesse de sa maison pour (acheter) l’amour,
on ne ferait que le mépriser (Ca 8,6-7).
Le récit de la femme adultère manque dans la plupart des manuscrits anciens. Dans
d’autres il a été placé à la fin de l’Evangile de Jean ou juste avant le récit de la passion
selon Luc. C’est donc une page qui a déconcerté ceux qui recopiaient les récits
évangélique. Récit déconcertant. En effet, le pardon, le pardon que Jésus donne à la
femme, nous met en question. Nous sommes un peu comme les scribes et les pharisiens
qui veulent donner une certaine image d’eux-mêmes. Et heureusement Jésus les met en
question et nous met en question. D’abord à travers son silence et ensuite à travers son
avertissement : « Que celui d’entre vous qui est sans péché, le premier jette sur elle une
pierre ! » (v. 7). C’est ainsi que Jésus les pousse à ouvrir les yeux sur leur hypocrisie, sur leur
comportement de façade et sur ce qu’il cache. Pourquoi rester déconcerté si Jésus ne
condamne pas la femme ? Bien osé celui qui pourrait prétendre de ne pas avoir besoin
de la miséricorde de Dieu !1
Mais le récit de la femme adultère contient aussi un deuxième élément très important. A
côté du pardon, il y a la confiance. Jésus rassure la femme : elle peut s’en aller et
changer. Elle en est capable.
1
M. E. BONNARD – A. LAMOUILLE, L’Evangile de Jean, Cerf, Paris 1987, p. 217.
Lecture de l’Evangile de Jean (8,1-11)
1
Quant à Jésus, il alla au mont des oliviers. 2 Mais, dès l’aurore, de nouveau il arrivait au
temple, et tout le peuple venait à lui, et s’étant assis il les enseignait. 3 Or les scribes et les
Pharisiens amènent une femme surprise en adultère et, la plaçant au milieu, 4 ils lui disent :
« Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. 5 Or, dans la Loi, Moïse
nous a prescrit de lapider de telles femmes. Toi donc, que dis-tu?»
6
Ils disaient cela pour le mettre à l’épreuve, afin d’avoir matière à l’accuser. Mais Jésus,
se baissant, de son doigt écrivait sur la terre. 7 Comme ils continuaient à l’interroger, il se
redressa et leur dit : « Que celui d’entre vous qui est sans péché, le premier jette sur elle
une pierre ! » 8 Et se baissant de nouveau, il écrivait sur la terre. 9 Mais eux, entendant
cela, sortirent l’un après l’autre, à commencer par les plus vieux ; et il fut laissé seul, Jésus,
et la femme restant au milieu. 10 Alors, se redressant, Jésus lui dit : « Femme, où sont-ils ?
Personne ne t’a condamnée ? » 11 Et elle dit : « Personne, Seigneur ». Alors Jésus lui dit :
«Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et dès maintenant ne pèche plus ».
Prière d’ouverture
Envoie-moi l’amour, frais et pur comme la pluie,
qui bénit la terre altérée et remplit les jarres d’argile de la maison.
Envoie-moi l’amour qui voudrait s’abîmer
jusqu’au fond de l’être,
et de là jaillir en une sève invisible
à travers les branches de l’arbre de la vie,
donnant le jour aux fruits et aux fleurs.
Envoie-moi l’amour qui retient le cœur
dans une plénitude de paix2.
[Rabindranath Tagore : 1871-1951]
Prière finale
Personne, même aujourd’hui,
pense comme toi, Seigneur,
à propos d’une femme adultère,
même dans ton église.
Même aujourd’hui,
nous qui avons perdu la notion de péché,
nous sommes toujours prêts à accuser.
Seigneur, nous aimerions te remercier
avec le cœur même de la femme adultère,
nous aimerions tous nous sentir comme elle,
lorsque tu lui as dit : « Femme, va en paix… »
Amen.
[David Maria Turoldo : 1916-1992]
Le tour du monde en 80 Prières. Textes réunis par D. LE ROUX, Albin Michel, Paris, 1997, p.
95.
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