Jan Skácel - Esprits Nomades
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Jan Skácel - Esprits Nomades
Jan Skácel Le naufragé de la poésie tchèque Quand je perdrai ma voix non seulement par ma faute et que tu seras la seule à m'entendre alors je te dirai ce que ne dit que le muet et celui que le silence avait prévenu. Si parmi les poètes tchèques Jaroslav Seifert, Prix Nobel, et Vladimir Holan sont connus et reconnus hors de leurs frontières, Jan Skácel n’a pas eu cette chance et son œuvre reste à découvrir pour les lecteurs francophones. Interdit de publication de 1969 à 1981, il ne pouvait être lu que par la voie des « samizdat » et par l’opiniâtreté des maisons d'édition tchèques à l'étranger. Viscéralement lié au sud de sa Moravie natale et à Brno sa capitale, la terre de Leos Janacek, il sut en dégager les odeurs d’enfance, la nature foisonnante, les traditions, mais il fut bien autre chose qu’un poète régionaliste. La dignité et la morale sont au cœur de ses interrogations. Il aura été la conscience de la Tchécoslovaquie sous le joug de la normalisation soviétique et il était vénéré dans son pays. Milan Kundera se réfère à lui parfois (livre Ignorance). Interdit de publication pendant 12 ans il est une légende souterraine, solitaire et solidaire. Sa conception sans concession de la poésie, lui interdit toutes facilités, des métaphores brillantes, ou des mots clinquants. Il ne va pas mendier « la muse de porte en porte ». Sa soif de mots ne doit pas excéder « sa dose quotidienne » ! Il faut se contenter de prendre le plus dense des mots, les tenir « comme un œuf, les dégager de l’humain et en briser la coquille. » La poésie qui a pu grandir va droit, et les mots viennent après maturation « à quatre pattes comme des agneaux, un âne ou un enfant. » Elle est parfois si limpide, si dense, qu’elle en est difficile, complexe. « Le présent de la poésie ne se comprend qu’au travers d’un léger deuil. De ne pas pouvoir être vue jusqu’à ne pas être vue, elle se partage avec nous. » Il lui faut être à la fois le noyé et l’eau. Et ce naufragé aura porté au plus haut la langue tchèque. Chaque vers doit être porté pour durer, mûri longuement, lentement, péniblement.Et les mots du poème doivent autant surprendre le poète que le lecteur, car pour Jan Skácel ils montent le plus souvent de l’inconscient et d’un besoin intérieur impératif. Les poèmes ne peuvent pas être inventés ils sont sans nous, quelque part à côté de nous quelque part derrière nous. Ils sont là dans l'éternité le poète trouve le poème. Jan Skácel. Jan Skácel était l'un des principaux poètes de la génération qui soit entré dans la scène littéraire dans la seconde moitié des années 50. Entre mythes, la hantise du temps qui passe, le mal et la douleur, la durée de la mémoire, imprègnent sa poésie : …le temps est éternel et tout ce qui a été créé l’a été pour nous à partir de nous la peur la douleur l’herbe des steppes la mort et ton amour. (Millet l’ancien). Et lui fils courageux, orné d'une déchirure, habillé de fierté et de larmes, a su marcher dans les chaînes, debout, une gerbe de cheveux au front. L’homme de Moravie « Je suis né à Znorovy, et ce village est situé en Moravie et aussi sur le bord de la Morava, je veux dire la rivière Morava. Dans mon enfance, elle inondait au printemps de vastes prés où l'herbe poussait ensuite si haut qu'elle pouvait cacher un cheval. » C'est ainsi que Jan Skácel évoquait la première étape de sa vie dans sa contrée chérie. Jan Skácel, est né le 7 février 1922 à Vnorovy u Stráznice dans le sud de la Moravie. Il est mort le 7 novembre 1989 à Brno. Il était un immense poète tchèque, toujours ancré dans sa Moravie et sa rigueur morale. Radio Prague mentionne ceci : « Il était issu d’une famille d'un maître d'école, il passe les cinq premières années de sa vie à Znorovy qui s'incruste profondément dans sa mémoire. « Je retiens de ce village plus que de tout le reste de ma vie », dira-t-il. Il fréquente les lycées de Breclav et de Brno. Bachelier en 1941, il ne travaille que quelques mois comme ouvreur dans un cinéma, avant d'être envoyé aux travaux obligatoires en Autriche. Après la guerre, il étudie à la faculté des lettres Mazarik à Brno et devient ensuite journaliste dans des revues littéraires. Ainsi il entra en 1948 comme journaliste au quotidien Rovnost, d'où il sera licencié. De 1963 à 1969, il est rédacteur en chef de la revue Host do domu (Un invité dans la maison). Après l'invasion soviétique, les écrits de Skácel, sont interdits… Exclu de la littérature officielle, il accepte sa condition humaine et poétique, mais continue à s'insurger contre la bêtise et la médiocrité et à exprimer par les vers l'amour de son pays, de la nature et de l'homme, continue à chanter l'enfance et les enfants, la douleur et la mort. Ses poèmes ne sont publiés qu'en samizdat et à l'étranger. Ce n'est qu'au début des années 80 que le poète, entré dans la dernière décennie de sa vie, peut de nouveau publier dans son pays. Jan Skácel, meurt le 7 novembre 1989, quelques jours seulement avant la Révolution de velours et la chute du régime communiste. Ce n'est qu'après sa mort qu'on lui décerne le prix Pétrarque et le prix d'Europe centrale. » Et ses poèmes, certains du moins, sont devenus des chansons populaires. Il y a trois grandes tristesses dans ce monde trois tristesses grandes et personne ne sait comment éviter ces grandes tristesses La première tristesse J'ignore où je mourrai La deuxième tristesse J'ignore à quel moment Et la dernière J'ignore où je serai dans l'autre monde C'est ce que raconte la chanson Laissons-le ainsi Laissons la chanson chanter Saisissons l'angoisse comme un poignet et entrons. Traduction Radio Prague Jan Skácel dans la dignité de l’homme et dans l’herbe des mots Le poète se défend comme l’abeille et offre sa propre mort À ceux qui l’ont blessé. Jan Skácel. Jan Skácel offre sa mort symbolique à tous, et par sa poésie qu’il refuse d’expliquer, la voulant à la fois mystérieuse, et compréhensible par les enfants. «Comme tous les arts, la poésie est essentiellement un mystère. Chaque tentative pour définir leur magie, se termine par un fiasco parfois ridicule, parfois brutal. L’explication d'un poème, c'est le poème luimême, et il est indissolublement lié avec elle. Je ne me laisserai pas entraîner à essayer d'éclaircir certains vers, dont je ne sais pas moimême exactement pourquoi je les ai écrits et où je l'ai lu. » Jan Skácel Sa poésie joue avec la syntaxe de la langue tchèque et dont il joue très librement. Imprégné des traditions de la Moravie du Sud, de ses contes, de ses atmosphères, il est aussi très marqué par le minimalisme de la poésie chinoise. Ses textes sont souvent très ramassés, très compacts, précis et profonds. Meurt avant moi, un tout petit peu Avant moi Pour que jamais Tu ne prennes seul le chemin de la maison Hanté par le mal et la culpabilité du monde, écrasé par la « normalisation communiste », il demeure une voix libre, profondément morale. Il est donc bien autre chose que « le barde » de la Moravie, bien qu’il soit imprégné des chansons populaires de cette région, de ses proverbes, de son essence. Mars De la forêt entre dans le village le printemps. Sous le bras, il porte le violon, l'instrument antique fait à partir de trois bois. Puis, un soir, une chanson résonne dans les jardins. Et au plus profond dans la nuit et sur une seule corde le musicien inconnu nous raconte ces choses simples. II est surtout universel. Une belle conscience humaine. Homme intègre qui jamais ne tricha, ne se renia, ni se compromit devant la terreur rampante du régime. Homme ferme, homme debout, il a su restituer dans la densité de ses poèmes la résistance à toute oppression. Il est avant tout authentique. Tard venu à la poésie il frappe par sa maturité, son refus de toutes les modes littéraires. Dans la revue qu’il anima jusqu’à l’invasion soviétique, il était à l’écoute de la jeune poésie et admirait surtout Seifert. Il a intitulé un de ses recueils « Ce que le vin sait de nous ». Mais toute sa poésie serait « Ce que Skácel sait des hommes ». Pour Jan Skácel l’histoire n’est pas morte, et même s’il na pas pu connaître « La révolution de Velours », car décédé dix jours avant, il a cru en l’humanité, même s’il en connaît les noirceurs. Malgré les assassins de la vie quotidienne, il a eu le courage de tous les jours. La vérité du vin, la dignité des hommes, feront, il en est sûr, le jour et l’amour. Vivre malgré tout, envers tout, sans tiédeur, car vivre debout. Dans son extrême absence à lui imposée par l’occupant et ses sbires tchèques s complices espionnant même le silence, il a pu se consoler avec sa belle Moravie. Et savoir que quelques jeunes gens sous un porche, dans un recoin de rue, se passaient fiévreusement ses poèmes ronéotypés, rare source d’espoir et de dignité en ces temps de cendres, réconforte. Alfonso Gatto avait écrit : « …Vivre c’est toujours affirmer un salut désespéré, urgent. » Et Jan Skácel, plus amer que désespéré, aura par le salut de ses poèmes opposé l’urgence à la résignation. Il aura mis « la nuit à l’envers » et fait réveiller l’aube. Et entre le temps et le hasard, la hantise de la mort, Jan Skácel aura écrit, non pas à un bureau, mais en mettant la raison en veilleuse, en rencontrant les arbres et les hommes : «Je ne suis jamais seul à la maison à la maison, en Moravie on dit - . « Chez nous ». Et avec nous , je suis entouré par trop de choses fortes que je n'ai jamais écrit un vers dans mon appartement, j'ai besoin de marcher, de la pluie ... , la poussière des routes en terre , le balancement des feuilles dans les arbres , j'en ai besoin, ainsi que de rencontrer des gens inconnus pour les évaluer et de passer parmi eux, d'entendre quelques mots, d'autres mots à dire à haute voix, se débarrasser de la sagesse et de la perception rationnelle pendant un certain temps, me trouver seul au milieu de la foule. À la maison je peux tout au plus - sur la table de la cuisine - car je n'ai pas de bureau écrire quelques vers, et ensuite soit de les jeter à la poubelle ou les mettre avec un certain espoir désespéré dans le fichier . Rien de plus. Et puis aller dormir. » Dans sa poésie si colorée, où la nature devient audible, mais non un exil, Jan Skácel fait passer le poids du temps, l’odeur de roseau de l’enfance. Je ne veux pas qu'un dieu quelconque me gratifie. J'ai le mien depuis longtemps, à mon propre usage et pour ma rectitude. Et pour l'humilité dont j'ai besoin. Il arrive parfois que l'âme humaine pue comme un chien mouillé. Je ne blasphème pas. Je veux seulement que la douleur soit douleur et qu'une larme soit larme. Traduction Radio Prague Gil Pressnitzer Source : articles de Radio Prague Choix de poèmes Les îles En mettant la nuit à l'envers contre notre désir contre notre blessure sous le ciel étoilé nous déshabillons le noir Et même si le continent de notre espoir devait être submergé et que tout allait disparaître de même qu'un peu de vous ne désespérons guère De la mer du temps après nous émergeront de nouvelles îles pour de nouveaux naufragés. Traduction Radio Prague Les anges Si je vous livre tous mes diables mes anges s’en iront avec eux Je resterai seul et je le regretterai et je me demanderai où est l’espérance et en vain pour moi aux clochers en ruine sonneront les cloches Les neiges, les neiges vertes ne tomberont plus les anges blancs ne reviendront plus. Millet l’ancien (Dávné proso), trad. Yves Bergeret et Jiří Pelán, Atelier La Feugraie, 1997, Le cauchemar Soudain du fond du rêve l’enfant crie et ses pleurs le réveillent ce grand Petit il en a rêvé une chose archaïque s’est passée l’enfant ne sait ni qui ni quoi Et voici l’abîme de cet instant où le sureau noir fleurit blanc et la nuit sent la tige de poivre d’eau Millet l’ancien (Dávné proso), trad. Yves Bergeret et Jiří Pelán, Atelier La Feugraie, 1997, Le temps Si l’angoisse de l’herbe des steppes se calmait si le vent perdait la voix si l’eau ne trouvait plus où se jeter si la pierre avait pitié si la lumière s’éteignait dans le ciel et si l’homme tournait le dos au mal alors incassable paraîtrait la cruche qui tant va à l’eau que zut, aide-moi à ramasser les morceaux le temps est éternel et tout ce qui a été créé l’a été pour nous à partir de nous la peur la douleur l’herbe des steppes la mort et ton amour Millet l’ancien (Dávné proso), trad. Yves Bergeret et Jiří Pelán, Atelier La Feugraie, 1997, Je veux l’entendre Au fond de chaque chanson même la plus triste au fond de chaque verre quelque chose sonne doucement. Une fois plus fort Une autre fois à peine. Je veux l’entendre. Dieu sait ce qui me pousse à attendre que vienne ce son, sinon j’aurais la peur au cœur. Ce que le vin sait de nous ,Brno, 1988,, éditions de La Lettre volée, Bruxelles, 1998, Traduit du tchèque par Jan Rubeš. Les statues et la neige La neige aime les statues et ses plumes blanchâtres lors de leur chute se reposent dessus. Sur les têtes des saints, sur les revers des généraux sur les poitrines de bronze ou de grès, là partout la neige fait son lit. Sur les vieilles places où, minuit passé, tu n'entends battre que ton propre cœur, sur le nez romain de Charles de Zerotin partout un ange se dresse au-dessus d'une rampe sur les torses sublimes la neige ne fond pas. Te souviens-tu, un soir assombri comme au crayon de toutes ces lignes, de fils traversant le ciel et de boue, la première neige tombait et fondait sur tes cheveux, mais elle s'obstinait sur les statues. Les vieux messieurs auraient tout rendu les médailles de leurs manteaux l'or des auréoles et les sculpteurs auraient donné tout même leur béret français pour que sur les seins de Vénus sous l'arcade durs comme de la pierre une seule veine, gorgée de sang devienne bleue sous le bronze et de son front chaud et de sa joue brûlante une première goutte, une deuxième, une troisième, puis une cinquième.... Ce que le vin sait de nous ,Brno, 1988,, éditions de La Lettre volée, Bruxelles, 1998, Traduit du tchèque par Jan Rubeš. Adaptations personnelles à partir de traduction en anglais ou allemand Averse Et cela sera autre sans la moindre question comme au fond du lac les chênes noyés Et nous nous habituerons au vide sans mots Et aux ténèbres toujours présentes L’averse de tes jours est tombée sur le rocher Et s’écoule dans la vallée Le pressentiment est resté la mémoire du futur Et la mort et l’amour sont bien égaux Partout dans la ville sonnent des orgues et les oiseaux bleus boivent dans des flaques où le tonnerre s’est lavé Filles de la chanson Ma nuit est la plus sombre D’où émerge le matin et l'horreur de ces petits oiseaux sous les fenêtres commence à fond. Alors je me lève Et déshérité de la veille Je vais à la salle de bains. Et arrivé là, j'ai honte parmi tous mes meubles. Encore une fois, je ne suis que moi-même dérobé de telle sorte que, par rapport à l'éternité je ne suis suspendu qu’à un fil. Tout me rappelle honteusement qu’hier je n’étais qu’une verticale. L'eau me libère pour un moment De la porcelaine blanche avec mon ongle J’enlève en grattant un cheveu Trop lié à vous. À nouveau tout va mal, pire encore. Mais alors, je me souviens encore et en buvant mon café, je récite les versets, lentement, difficilement, pour les prolonger: " Sur les gazouillis des oiseaux il se lève et toutes les filles de la chanson pleurent. " Sonnet avec un paysage en lieu et place d’un collier et parce que nous serons vite vieux et comment les maisons deviendront oiseaux J'ai trouvé un paysage pour nous Là où il est une boisson une montagne rose la chute vers le bas et aussi une pente où le souvenir perdure encore et je te le donne Comme je t’offre la vie de la mort de chacun Ainsi que jadis je fus submergé dans la prairie des éléphants dans l'herbe non foulée L'enseignant de la seconde mort Sur un long banc le long de quatre murs blanchis à la chaux étaient assis les enfants décédés très récemment Maintenant, ils attendaient pour leur seconde mort. Ils étaient assis de manière bien élevée et avec leurs petites mains sur leurs genoux Totalement immobiles et si tranquilles que, derrière la fenêtre ouverte, les chaînes du manège de l'automne pouvaient s’entendre Avec leurs petits cous ils touchaient le mur et attendaient jusqu'à ce que le professeur vienne et attendaient patiemment comme jamais auparavant dans leur vie Puis des pas ont été entendus dans le corridor le professeur entrait, il est arrivé sans visage comme s'il n'y avait pas de seuil et les enfants l'ont accueilli sans un mot Et parce que tous étaient déjà bien après la mort aucun d'entre eux ne tremblait de peur Ils savaient tous Qu’ autrefois n’était pas assez Puis, quand il a commencé à les appeler par l’ordre alphabétique ils se levèrent l'un après l'autre et après une légère inclinaison de leur tête à peine ébouriffée à petits pas ils ont quitté la salle de classe Minuscules ils étaient tous de la première année Toujours Inlassablement la neige tombe toute la journée comme si certains hooligans avaient battu à mort avec des bouteilles de bière un cygne dans le ciel et que ses plumes tristes tombaient. J’ai tellement peur du silence mortel, du poids sur les arbres et de l'éternité, qui cesse dans les humains. Et je ne suis pas un peu honteux pour mon anxiété, seigneur, tu le sais. Elle tombe sur moi en silence, sans un mot, Comme de vains regrets, Du moins de ce que nous sommes capables, en attente d'un mot gentil. Alors que derrière la fenêtre elle tombe. Et tout le temps encore et pire. Les morts Nos morts viennent tout le temps Ainsi, nous ne pouvons jamais être seuls Et ils viennent ici comme des ombres Dans la cendre de leurs cheveux et l'argile des prairies Leurs visages sont comme effacés Mais nous sommes honorés par notre mutuelle connaissance Après les bleuets de la magie de l'été dernier Leurs mains sentent très faiblement Ils me saluent discrètement comme un des leurs Un bossu dont la présence a été révélée Un bon jour pour mourir À l'heure de notre mort quand le bon jour pour mourir arrive Nous allons arracher les grains de la mauvaise herbe du printemps de l'enfance Nous allons soulever une image sainte Et à peine toucher l'eau du printemps de l'enfance À l'heure de notre mort quand le jour viendra le bon jour pour mourir L’humble roi lépreux sourira Une brève description de l'été Feux sauvages des quatre côtés brûle l'été des fleurs d'acacias soporifiques poussent l’âme verte du vin couve dans les vignes Les coquelicots saignent dans le blé L'obscurité vient et la lune se promène sur le pont d'argent Le monde est comme le pain retiré du four que la nuit ronge Un chant sur la culpabilité la plus proche Il y a un ressort rempli de sang Et tout le monde a bu de celui-ci Et quelqu'un a tué seulement un moineau Et quelqu'un est terriblement offensé Et après, il se repent Et laisse l'eau ses mains faire tache Et les regarde contre la lumière du soleil Et il craint de ne pouvoir le soutenir Et a tenu, mais pas longtemps maintenu L'eau dans ses doigts, oh mon Seigneur Et écraser la roche dans la carrière vide Et il a prié: lapide-moi ou prends Ton épée Et a tenu, mais pas longtemps maintenu Et sa crainte il n’a pu la soutenir Et le printemps est rempli de sang Et nous avons tous maintenant sa tache 1981 Proverbes Je m'inquiétais tellement du sort du monde que j'ai commencé à échafauder des proverbes. Ce sont de longues vérités aussi bien que ses courtes. Et si la punition ne vient pas immédiatement, vous avez la durée du mandat de votre propre vie pour votre culpabilité. Et personne ne pourra jamais défaire ce qui a été fait. Et personne ne peut écrire une chanson pour une jeune fille aveugle et pour un oiseau sans ailes. Les voyageurs de nuit Les vols de la propriété des dieux nous ont réveillés vers minuit Nous tâtons aveuglément autour de nous et somnolant demandons les nouvelles combien est fraîche la nuit Le rêve persiste comme un œuf non brisé sur un rocher Et c'est le moment où nous rêvons de nous-mêmes Et le centaure a la tête de la tourterelle Avec quels automnes allons-nous partager les repas du chevreuil nous qui voyageons dans la nuit et questionnons avec de telles voix endormies Un instant Pour aucune vérité du monde Mais si vous préférez, pour un peu morceau de silence. Il y a un moment qui partage en deux la terre. Quelque temps d'humilité, quand quelqu'un souffle sur nous. Les cendres Il écrivait avec le doigt dans la poussière et n'a rien laissé et le vent chante quelque chose depuis peu déjà si loin et près du derrick le troupeau de cerfs se tenait immobile et écoutait avec une certaine attention Ce qui est de cela et ne sera pas était déjà écrit autrefois Pourquoi dire haut et fort que l'herbe a été piétinée Et cela surgit lorsque tombe la pluie et quelque chose d'autre Qui est au moins un peu comme nous attendra Non, vraiment personne ne peut soulever des lames si lourdes Et la main oh seigneur était l'autre main Il écrivait avec le doigt dans la poussière et n'a rien laissé et le vent chante quelque chose depuis peu déjà si loin Une telle main oh seigneur ce que l'autre main élèvera une ville et périra dans les cendres. Un homme interdit Tout ce que j'ai est retourné vers l’intérieur Et existe de l'autre côté comme les cravates Sur la paroi arrière de la garde-robe Lentement je m'habitue au silence et aux odeurs Je peux soulever une plume de la boue sans la jeter au loin Parfois, je me raconte une histoire Et une autre fois je chante une petite chanson À propos de mes jambes bonnes seulement pour la douleur Et mon âme pour se maintenir Et encore, je suis inaudible comme la lumière Alors je suis engagé avec le silence méticuleusement J'ai coupé la gorge de la peur en la touchant Des autres et de moi-même Et quand les aveugles regardent en arrière C'est comme si je faisais partie d’eux Nous les poussons ensemble dans le chas de l'aiguille La dernière soif Donc, il y a longtemps que nous avons trépassé et tellement de soif tellement de belle soif nous sommes partis en restant à la maison C'était il y a si longtemps et tant d'années se sont écoulées depuis lors C’est incroyable et toujours tout pareil avec ce goût de quartzite et après de soufre cette soif toujours cette soif pour la dernière fois L'enterrement de Jaroslav Seifert Les gens n'avaient pas encore fini jetant des poignées de terre dans la tombe pour en faire sa patrie pesant sur lui encore plus. Les conducteurs commençaient à faire démarrer leurs moteurs sous un mur et il semblait qu'il pleuvait un peu. Le cimetière s’est vidé et tout fut silence comme si quelqu'un avait mis un chien errant dans sa cour. Et quand la nuit tombe, La belle et folle Victoria viendra ici par un déversoir avec un nénuphar dans ses cheveux. Le poème Là où nous avons mis le sel à la maison, Longtemps je ne fus pas chez moi. La mère, avec des yeux coupables, à la porte salua cette rare visite. Le père ferma le livre, l'étroit était comme le temps les reliefs de la journée. Ils m'ont fait asseoir derrière la vieille table, M’ont offert du vin de framboise. Les tilleuls regardent à l'intérieur. à la fenêtre ouverte, je fis salutation surpris d'être ivre. Bourgeons, tout petit bourgeons, disons, est-ce possible un dé à coudre plein de vin et, en outre, de framboises? Idiot Grand comme un doigt de la terre, tu es si petit à l’intérieur, la rose exhalait directement dans l’oreille Soudain, je me suis souvenu, où nous avons à la maison mis le sel. Tout ce qui reste des anges matin, arbres encore bandés tout le reste non touché, entre deux peupliers à moitié endormi en vol un ange en lévitation À travers les fissures dans le sommeil il chante Le premier dans la rue celui que cette chanson blesserait peut rester là soupçonnant à moitié, mais jamais n’attrapera un éclat De la verdure tout ce qui reste de ces anges Un moulin à neige rayé comme une planche que le menuisier met de côté Je marche le long de la rivière, convoquant sept tonnerres lumineux et majestueux sur ma tête sous les ponts les oiseaux d'hiver volent ici et là l'eau vide très au-dessus de nos têtes, le moulin de la neige écrasement de la paille Bibliographie En français Paysage avec pendules, trad. Patrik Ourednik, Éditions K, 1990. Épuisé. Millet l’ancien (Dávné proso), trad. Yves Bergeret et Jiří Pelán, Atelier La Feugraie, 1997 ; épuisé. Ce que le vin sait de nous (Kdo pije potmě víno), trad. Jan Rubeš, La Lettre volée, 1998. Livres en tchèque Combien d’occasions a une rose , Kolik příležitostí má růže, (1957), Que reste-t--il de l’ange , Co zbylo z anděla (Prague 1960), L’Heure entre chien et loup, Hodina mezi psem a vlkem (1962), La tristesse, Smuténka (Prague 1965), Le vent s’appelle Jaromir,Vítr jménem Jaromír (Prague, 1966) Vergettes, Metličky (Prague,1968). Perdue,Tratidla (Brno, 1974) Le millet d’antan (Dávné proso, Brno 1981) Poèmes, Básně, Mnichov 1982 L’Espoir aux ailes de hêtre, Naděje s bukovými křídly, (Prague 1983), Berceuses, Uspávanky, (Prague1983) Moulage à la cire perdue, Odlévání do ztraceného vosku (Brno 1984), Où envoyer la corde, Kam odešly laně, (Prague 1985) Qui boit du vin dans le noir, Kdo pije potmě víno, (Brno 1988) Pourquoi l'oiseau à partir d'une branche tombe, Proč ten ptáček z větve nespadne (Prague 1988) Et encore l’amour, A znovu láska ( Brno 1991). Publication posthume. Le onzième cheval blanc, Jedenáctý bílý kůň , Brno 1964, contes. Le treizième cheval noir, Třináctý černý kůň (Brno 1993) , contes.