Fiche niveau 3ème Histoire des Arts

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Fiche niveau 3ème Histoire des Arts
Fiche niveau 3
Histoire des Arts
ème
Période :
Le XXè siècle et notre époque
Domaine artistique :
Arts du langage, arts du son
Thématique :
Arts, Etats et pouvoir
Arts, techniques, expression
Problématique : Comment le conflit nord-irlandais est-il évoqué par les artistes ?
Cartel de l'oeuvre
Titre
Sunday Bloody Sunday
Auteur
U2 (paroles de The Edge et
Bono)
Album
War
Date de
réalisation
1983
Nature de
l'œuvre
Chanson
Genre
Rock
Studio
Windmill Lane Studios, Dublin
Localisation
https://www.youtube.com/watch
?v=EM4vblG6BVQ
L'auteur et le contexte
U2:
Le groupe U2 est fondé en 1976 à Dublin. Il est composé de Bono (Paul Hewson) au chant et à la guitare, The
Edge (David Evans) à la guitare, au piano et au chant, Adam Clayton à la basse et Larry Mullen Junior à la batterie.
Depuis les années 1980, U2 s'est imposé comme un groupe majeur sur la scène mondiale. On lui doit notamment les
albums War, The Unforgettable Fire, The Joshua Tree, Achtung Baby, Zooropa, Pop et All That You Can't Leave Behind.
U2 a vendu plus de 170 millions d'albums et a également remporté 22 Grammy Awards. U2 est classé 22e sur la liste
des 100 plus grands artistes de tous les temps par le magazine Rolling Stone.
Depuis le milieu des années 1980, le groupe défend la cause des droits de l'homme.
Bono, le chanteur charismatique et engagé a été en lice pour le Prix Nobel de la paix en 2003 et en 2005. Il fait
également la promotion d'Amnesty International lors de ses concerts et le groupe devient « ambassadeur de
conscience » de l'organisation en 2004. En 2005, Bono est nommé « Personnalité de l'année 2005 » par le Time
Magazine pour son combat en faveur de l'Afrique. En 2008, il se voit décerner le titre d'« Homme de la paix » par le
maire de Paris et en 2013, Il est nommé Commandeur de l'ordre des arts et des lettres par la ministre de la culture
française, Aurélie Filippetti.
CONTEXTE
En Irlande du Nord, un conflit entre Catholiques et Protestants dure depuis très longtemps. Pour le
comprendre, il faut remonter jusqu’à la fin du 16e siècle où les principales causes apparaissent: la colonisation,
la confiscation des terres par Henri VIII et la religion.
En 1919, le Sinn Féin /ʃɪn ˈfeɪn/, parti sécessionniste, et l’IRA, Armée Républicaine irlandaise, font une vraie
guerre
d’indépendance contre les Britanniques. Cette lutte aboutit, en 1920, à l’autonomie de l’Irlande ( Government of
Ireland Act), mais aussi à sa division, avec notamment la création de l'Etat libre d'Irlande en 1922 qui ne comprend
pas l'Irlande du Nord.
Le conflit nord‐irlandais, appelé aussi « the Troubles », est une période de violence et d'agitation politique en
Irlande du Nord (Ulster) dans la seconde moitié du XXe siècle. Il débute à la fin des années 1960 et est considéré
comme terminé entre 1997 et 2007 selon les interprétations.
À la fin des années 60, en Irlande du Nord, les Catholiques sont soumis à d’importantes discriminations, c’est
pourquoi ils organisent des manifestations pour obtenir l’égalité avec les Protestants. Cependant, cela provoque des
frictions entre les deux communautés religieuses. L'opposition entre républicains et nationalistes (principalement
catholiques) d'une part, loyalistes et unionistes (principalement protestants) d'autre part sur l'avenir de l'Irlande du
Nord entraîne une montée de la violence qui dure pendant trente ans. Elle est le fait de groupes paramilitaires
républicains, comme l'IRA provisoire dont le but est de mettre fin à l'autorité britannique en Irlande du Nord et de
créer une République irlandaise sur l'ensemble de l'île, et loyalistes, comme l'Ulster Volunteer Force formée en 1966
pour stopper ce qu'il perçoit comme la détérioration du caractère britannique du pays, mais aussi d'émeutes
populaires et des forces de sécurité de l'État, l'Armée britannique et la police.
Le conflit nord‐irlandais est diversement défini par plusieurs de ses acteurs, soit comme une guerre, un conflit
ethnique, une guérilla ou une guerre civile. Ce conflit dégénère souvent en combat armé, en émeutes et en
attentats à la bombe. Il affecte la vie quotidienne de la plupart des Nord‐Irlandais, ainsi qu'incidemment celle des
Anglais et des Irlandais dans le Sud de l'île. En plusieurs occasions entre 1969 et 1998, ce conflit manque de se
transformer en une véritable guerre civile.
Le 22 mai 1997, il y a eu un référendum pour la paix, mais il n’a jamais été appliqué. Le 10 avril 1998, des
accords de paix causent des soubresauts de violence.
La reconnaissance par le gouvernement britannique pour la première fois de la « dimension irlandaise », le principe
que le peuple de l'île d'Irlande dans son ensemble puisse résoudre les problèmes entre le Nord et le Sud par
consentement mutuel, sans intervention extérieure, permet d'obtenir l'accord des nationalistes et des républicains.
Elle établit aussi en Irlande du Nord un gouvernement consociatif, composé obligatoirement d'unionistes et de
nationalistes.
Maintenant, nous savons que même s’il y a presque autant de catholiques que de protestants en Irlande du
Nord, (43% de catholiques et 54% de protestants), il y a des inégalités dans cette société. Aujourd’hui, la paix est
en voie d’être maintenue. L’IRA a déposé les armes en échange d’un pouvoir politique et du retrait d’une partie
des troupes anglaises.
Analyse de l'œuvre
Lecture descriptive et interprétative :
Le Bloody Sunday (dimanche sanglant) survient lors d’une des marches organisées depuis le milieu des années 60
par l’Association des Droits Civiques d’Irlande du Nord pour promouvoir l'égalité de droits entre catholiques et
protestants. A Derry, en Irlande du Nord, le 30 janvier 1972 a lieu une tuerie sanglante lors de la marche
organisée par l'Association nord-irlandaise pour les droits civiques. Les responsables, des soldats du 1° Régiment
de parachutistes anglais, ont quelquefois tiré dans le dos des manifestants, dont certains n'avaient que dix-sept
ans. 13 personnes sont mortes (une quatorzième victime mourra quelques mois plus tard) et de nombreuses
personnes furent blessées. La chanson a été écrite 10 ans après les évènements.
Le morceau commence par une intro de batteries qui rappelle les roulements de tambours militaires joués
pendant les défilés.
Dans le 1er couplet, Bono semble desabusé par ce qu'il voit aux informations, il ne peut rester insensible et
impuissant ("I can't believe the news today, I can't close my eyes and make it go away"). Combien de temps aura
t'il encore besoin de chanter cette chanson ? ("how long must we sing this song"). Il utilise ici l'anaphore*: How
long? , il insiste ici sur la durée. Cette question est répétée 10 fois. Dès ce soir les Irlandais se réuniront pour ne
former plus qu'un ("cause tonight we can be as one"): la paix est possible.
*L'anaphore est une figure de style qui consiste à commencer des vers, phrases ou ensembles de phrases ou de
vers, par le même mot ou le même syntagme. Elle rythme la phrase, souligne un mot, une obsession, provoque
un effet musical, communique plus d'énergie au discours ou renforce une affirmation, un plaidoyer, suggère une
incantation, une urgence. Syntaxiquement, elle permet de créer un effet de symétrie.
Dans le 2ème couplet le ton se durcit. Bono y décrit un champs de bataille ("broken bottle under children feet"),
des corps gisant sur le sol ("bodies strewn accross the dead end street") et il crie sa colère ("It puts my back up
against the wall"). Allitération* en B : en anglais un coup de feu fait "bang" donc cette allitération représente le
bruit des tirs. *Allitération: Répétition des consonnes initiales ou intérieures dans une suite de mots pour obtenir
un effet d'harmonie, de pittoresque ou de surprise
Dans le 3ème couplet, Bono dénonce la guerre, une guerre où il n'y a pas de gagnant. Il utilise le champ lexical
de la guerre: "battle", "trenches".
Juste après le solo arrive une parenthèse. Bono demande d'arrêter de pleurer ("wipe your tears away"), preuve
que la guerre n'est pas une fatalité et qu'il faut garder espoir envers l'avenir.
Dans le 4ème couplet, Bono fustige les médias. Ceux qui nous montrent la violence au quotidien et qui du fait
rendent difficile le discernement entre la fiction et la réalité et qui, en quelque sorte, banalisent la violence au
point qu'elle ne choque plus ("and it's true we are immune when fact is fiction and tv reality"). Pourtant les gens
pleurent et de nombreux gens risquent encore de mourir parfois dans une totale indifférence ("and today the
millions cry, we eat and drink while tomorrow they die"). Mais la bataille réelle ne fait que commencer. Non pas
celle qui va voir la victoire des catholiques et des protestants mais celle qui verra la victoire de Jésus (les Irlandais
sont en majorité très croyants).
Dans le refrain, Bono utilise la question en How? pour dire qu'ils sont fatigués de cette guerre qui a déjà duré trop
longtemps et personne ne semble écouter ceux qui veulent que cette guerre cesse.
Sunday, Bloody , Sunday : l'adjectif bloody a plusieurs sens: taché de sang/ ensanglanté; cruel / sans pitié; et en
anglais britannique c'est un juron utilisé dans une émotion telle que l'énervement. Dans la chanson , Bono y
donne les 3 sens.
Cette chanson est écrite plus de dix ans aprés l'évènement à une époque où il y a toujours des conflits. U2
cherche à médiatiser le problème et surtout dénoncer l'horreur de cette "guerre". La chanson avait d’ailleurs créé
une polémique. On a accusé le groupe d’être des révolutionnaires proches de l’IRA d’Irlande du Nord. De nos
jours on entend souvent cette chanson sans même savoir ce qu'il y a derrière les paroles, mais pour les Irlandais,
elle permet de se souvenir et de ne pas oublier les morts durant cette marche civile et tous ceux disparus dans
des attentats.
Comme le dit Bono sur scène avant de commencer à chanter, "This song is not a rebel song, this song is Sunday
Bloody Sunday" (ceci n'est pas une chanson rebelle, ceci est "Sunday Bloody Sunday").
La chanson sort à un moment où le conflit semble sans issue. La dénonciation reste assez vague et très poétique.
Il s'agit donc plus d'un appel à la paix qu'une chanson dénonciatrice. Elle introduit l'engagement politique du
groupe et surtout celui de son leader qui ne cessera de croître au fil des années.
Oeuvres liées, prolongements, etc...
Chanson:
Zombie, The Cranberries, sur le même thème
Murals (fresques)
fresques loyalistes (protestants fidèles à la GB)
fresques républicaines (catholiques)
Murals pour commémorer le Bloody Sunday:
Informations pouvant être utiles:
(source: wikipedia)
Les fresques loyalistes
La première fresque loyaliste a été peinte à Belfast autour de 1908. L’exécution des fresques loyalistes faisait partie
des festivités du 12 juillet, jour de la commémoration de la Bataille de la Boyne, occasion pour la population
protestante de réaffirmer sa loyauté à la couronne d’Angleterre et sa suprématie sur la population de confession
catholique.
Le nombre de murals loyalistes a décliné dans les années 1970 pour reprendre dans la deuxième moitié des années
1980, notamment autour de thèmes militaristes nécessaires à la propagande des groupes paramilitaires loyalistes.
Cependant, d’autres thèmes sont abordés depuis la fin des années 1990 : historiques, culturels ou encore liés à
l’actualité politique.
Les fresques républicaines
Les premières fresques républicaines apparaissent dans un contexte de lutte et de censure. À partir de la fin des
années 1970, au moment de la lutte des prisonniers pour un statut politique, les républicains ont commencé à
peindre des slogans sur les murs comme moyen de soutien et de propagande.
De manière générale, même si dans un premier temps, les fresques en l’honneur des membres de la PIRA (Armée
républicaine irlandaise provisoire) et des prisonniers ont continué à apparaître, dans la deuxième partie des années
1980 et les années 1990, les thèmes utilisés dans les murals républicains ont été les suivants : l’histoire, la culture,
les solidarités internationales, les réactions aux sujets d’actualité.
Il existe en permanence environ trois cents murals en Irlande du Nord. L'étendue et sa diversité de cette pratique
de « propagande murale » n’ont pas d’équivalent en Europe.

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