Bouygues et SFR détaillent leur mutualisation

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Bouygues et SFR détaillent leur mutualisation
Bouygues et SFR détaillent leur mutualisation :
relais, fréquences, emploi…
Bouygues Telecom et SFR sont revenus ce matin sur la mutualisation de leurs réseaux mobiles, officialisée
vendredi. Olivier Roussat, PDG de Bouygues Telecom, et Jean-Yves Charlier, PDG de SFR, ont détaillé les tenants
et aboutissants de cet accord à l'occasion d'une conférence de presse.
Bouygues Telecom et SFR ont annoncé vendredi la signature d'un accord de mutualisation visant à améliorer leur
couverture tout en réalisant des économies. Ils se partageront pour ce faire ce qu'on appelle communément leurs
relais. L'objectif est de faire face à « l'explosion des usages dans un contexte économique difficile » et donc
« d'optimiser les investissements ».
7000 relais démantelés mais une couverture améliorée
Cet accord fait suite à une récente évolution de la règlementation. Pour les zones denses couvrant les 42 premiers
pourcents de la population, les opérateurs doivent maintenir leurs propres réseaux. Pour les zones blanches couvrant
le dernier pourcent de population les 2500 relais requis sont déjà mutualisés. Mais pour les 57% restant, en dehors des
32 agglomérations de plus de 200 000 habitants, les opérateurs peuvent désormais mutualiser leurs réseaux d'accès.
Concrètement, Bouygues Telecom et SFR ont fondé une coentreprise (joint-venture) chargée de bâtir un nouveau
réseau unique et de gérer les équipements passifs (les pylônes par exemple). Chacun des deux opérateurs assurera
l'exploitation des équipements actifs dans les grandes zones qu'ils se sont réparties, pour son propre compte ainsi que
pour le compte de son partenaire.
À terme les deux opérateurs exploiteront ainsi 11 500 sites mutualisés, alors qu'ils en totalisent aujourd'hui 18 500.
Mécaniquement, l'exposition aux ondes « diminuera sensiblement », a souligné Olivier Roussat. 7000 relais seront
effectivement démantelés : ils seront soit revendus à d'autres opérateurs, soit réutilisés ailleurs. La couverture devrait
donc globalement s'améliorer, puisque moins de la moitié des relais seront mis hors service. À petite échelle, certains
usagers pourront néanmoins constater une baisse ou une hausse de signal.
Bouygues Telecom en bleu, SFR en rouge, les zones denses en gris.
Les zones denses sont les villes où il y a une concentration de population.
Pas de partage de fréquences
Sur le plan technique, les dernières évolutions en matière de RAN sharing permettent de faire fonctionner deux
réseaux sur un site avec une seule baie technique.
Pour autant chacun des opérateurs restera indépendant et autonome, non seulement sur le plan de l'offre mais aussi
sur le plan technique. En particulier il n'y aura pas de partage de fréquences, conformément à la règlementation : SFR
n'accèdera pas à la bande des 1800 MHz avec laquelle Bouygues Telecom couvre plus de 63% de la population en 4G.
Les deux opérateurs ne porteront pas non plus leur spectre à 20 MHz sur la bande des 800 MHz, contre 10 aujourd'hui,
ce qui leur aurait permis de porter le débit maximal de 100 à 150 Mb/s en 4G, et de s'aligner ainsi sur Orange et Free.
Calendrier et perspectives
Cet accord de mutualisation ne se concrétisera qu'en fin d'année. 2014 sera effectivement essentiellement consacré
à la conception du réseau, seuls quelques centaines de sites devraient être mutualisés d'ici la fin de l'année. Les
interventions ne s'accélèreront qu'en 2015, pour s'achever fin 2017/début 2018.
D'ici là les opérateurs promettent qu'il n'y aura « aucune réduction d'emploi », « au contraire ». Au-delà, après un
investissement de départ de plusieurs centaines de millions d'euros, ils comptent réduire leurs dépensent
d'investissement et d'exploitation d'environ 20%, soit des économies de 100 et 200 millions d'euros pour Bouygues
Telecom et SFR selon les prévisions des analystes.
Ils pourraient économiser encore plus en accueillant un 3e voire un 4e opérateur — « il n'y a pas de clause juridique
dans notre accord qui nous en empêche », ont précisé les deux PDG ce matin — mais ils n'y semblent pas favorables, se
justifiant par les « plus de six mois de négociations pour se mettre en place rien qu'à deux ».