De la carte manuscrite aux premiers Atlas : la place de l
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De la carte manuscrite aux premiers Atlas : la place de l
Les cartes et le territoire Fiche ressource « De la carte manuscrite aux premiers Atlas : la place de l’imprimerie » Jusqu’à la fin du Moyen-Âge, les cartes sont réalisées de manière manuscrite, chemins, forêts, habitats… tout était dessiné à la main par des copistes. Il faut attendre le XVIe siècle pour pouvoir copier à l’identique une carte grâce au système de gravure. Cette technique a permis de reproduire et de diffuser en plus grand nombre les cartes. Elle éliminait également les erreurs des copistes lors de la reproduction manuscrite. Aujourd’hui, plusieurs techniques de reproduction existent. La plus ancienne est la gravure sur bois. La gravure sur bois et « la taille d’épargne » Exécutée dans une planche de bois coupée dans le sens des fibres de l’arbre, cette technique se développe à partir de la fin du XIVème siècle, et règne jusqu’à la deuxième moitié du XVème siècle. Le graveur dispose de nombreux outils pour creuser des sillons (burin), tailler (couteaux et ciseaux) et évider le bois (maillet et gouges). C’est un procédé de gravure en relief. Ce sont les reliefs épargnés par l’outil qui sont encrées. Comme pour les autres procédés de gravure, il faut graver le sujet à l’envers, en “négatif ”, pour qu’il apparaisse à l’endroit lors de l’impression. On dispose alors la feuille sur la planche, la presse vient appuyer cette feuille qui reçoit alors les traces des éléments encrés en reliefs. A l’époque de la Renaissance, la gravure sur bois sert non seulement à illustrer des livres mais aussi à reproduire des œuvres d’art et des cartes. La gravure sur bois, surtout employée dans le domaine des images populaires, sera utilisée pour la diffusion des premières cartes de Ptolémée à la fin du XVème et au début du XVIème. Au cours des siècles suivants, on lui préfère la gravure sur cuivre plus fine. La gravure sur métal et « la taille douce » Les premières cartes produites par gravure sur métal, étain puis cuivre, datent de la fin du XVème siècle. Cette technique donne un résultat plus précis que la gravure sur bois, un résultat donc plus adapté aux besoins de la cartographie. Le support change ainsi que la technique. Le principe évolue aussi : cette fois, ce n’est plus la taille d’épargne, mais la gravure en creux. On creuse dans le métal ce qui sera un trait du dessin. On utilise le burin et d’autres outils tranchants : les échoppes, les pointes qui creusent un sillon en enlevant un fin copeau de cuivre. On peut faire des traits extrêmement fins, ce qui n’était pas possible avec le bois. Pour imprimer, on passe de l’encre sur la plaque, mais cette fois on la fait bien pénétrer dans les creux. Ensuite, on essuie la plaque, de façon à ce qu’il n’y ait plus d’encre sur le dessus de la plaque, mais seulement dans les creux, c’est-à-dire les traits du dessin. On met la feuille de papier sur la plaque, et le tout sous la presse. Le papier pressé va chercher l’encre au fond des creux, les traits du dessin s’impriment. Les cartes de Cassini et la technique de l’eau-forte C’est ici la technique utilisée pour la reproduction de la carte de Cassini. Ces cartes, gravées en taille douce avec une extrême finesse, sont de vraies œuvres d’art. On en trouve facilement des reproductions monochromes, commercialisées notamment par l’Institut Géographique National et imprimées soit en offset, soit en tailledouce à partir des cuivres originaux. Plusieurs exemplaires ont été colorés à la main, à l’aquarelle : deux collections complètes sont restées quasi intactes, malgré les années. La première, aux magnifiques couleurs, est conservée par la Bibliothèque Nationale de France et est consultable sur le site gallica.fr. La seconde appartient à la Bibliothèque du Congrès américaine. Plus tard, on perfectionne encore la technique en remplaçant la gravure par l’eau forte, qu’on appelle aujourd’hui acide ; Plutôt que de creuser avec des outils on passe l’acide dans les lignes et dessins à creuser. Carte de Cassini : Châteaudun Exposition « Les cartes et le territoire // L’invention de l’Eure-et-Loir » Ce produit, extrêmement nocif vient « manger » les morceaux de la plaque à creuser. On utilise du vernis pour protéger les parties de la plaque qui ne sont pas à creuser. Ainsi la gravure sur cuivre sera la seule technique de production cartographique mécanique jusqu’au milieu du XIXème siècle. Cette technique en côtoiera une autre, celle de la lithographie qui se développe à la fin du XVIIIème siècle. La version française de l’Atlas de Blaeu comporte plus de 5300 pages (textes et cartes) gravées à l’eauforte. On suppose qu’environ 2000 planches en cuivre ont été nécessaires pour la copie de cet Atlas, dont on estime le nombre d’exemplaires entre 200 et 650. Certains exemplaires ont été colorisés à la main par des peintres-enlumineurs. La gravure sur pierre ou lithographie Du grec “ lithos ”, pierre, et “ graphé ”, écriture, la lithographie est une technique d’impression qui permet la reproduction en plusieurs exemplaires d’un dessin exécuté avec de l’encre sur une pierre. Cette invention, que l’on doit à l’imprimeur allemand G. Aloys Senefelder, permet une reproduction plus rapide et moins couteuse des cartes et autres documents. Avec cette technique, on ne creuse plus, on se contente de dessiner. Il faut avant tout choisir une pierre calcaire coupée en planches de 5 à 10 centimètres d’épaisseur. On dessine la carte avec des crayons gras et des encres également grasses. Ensuite, on mouille la pierre avec un rouleau, puis on passe un rouleau encreur, lui aussi passé dans l’encre grasse. L’encre grasse n’aime pas l’eau : la pierre est mouillée, mais l’eau n’est pas restée là où l’on a dessiné. L’encre ne se dépose alors que sur les parties crayonnées et le tour est joué ! Reste à mettre la feuille de papier sur la pierre, et on passe sous la presse pour imprimer. De nombreux artistes se sont intéressés à la lithographie. On peut citer Géricault, Delacroix, Daumier, Gavarni mais aussi Toulouse-Lautrec et ses très jolies estampes, Matisse ou Picasso. La lithographie reste jusqu’au début du XXème siècle la plus importante découverte dans le domaine de la reproduction mécanique. Elle est aujourd’hui toujours employée dans l’édition d’estampes contemporaines. Enfin, l’invention de l’offset, entre 1876 et 1904, révolutionne le monde de l’imprimerie. Cette technique reprend celle de la lithographie, mais sur fines plaques métalliques au lieu de la pierre. Mais le progrès le plus significatif reste la photographie qui permet aujourd’hui à chacun de pouvoir tenir entre les mains une carte, qu’elle représente le département, la région, le pays, le continent ou le monde. © Le Compa - septembre 2014