mediamerica AVRIL 2011
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Newsletter N°81 – AVRIL 2011 Time Warner Cable retire des chaînes de son application iPad Date : 15/04/2011 L’application lancée par le câblo-opérateur il y a quelques semaines, offre la possibilité aux abonnés de Time Warner Cable (TWC) de regarder à domicile, sur leur iPad, certaines chaînes du câble. Initialement 32 chaînes étaient prévues, – une partie seulement des chaînes du bouquet offert par TWC – dont Discovery Channel et Fox News Channel. Suite aux plaintes déposées par trois entreprises importantes du monde des médias - Viacom, Discovery Communications et News Corporation - le câblo-opérateur a retiré de son offre plusieurs chaînes dont MTV et FX. Pour ces entreprises, l’application lancée par TWC est une violation des termes du contrat de diffusion passé avec eux, puisque le câblo-opérateur n’a pas payé les droits relatifs à la diffusion des chaînes sur des appareils portables. Le câblo-opérateur envisage néanmoins d’ajouter d’autres chaînes pour remplacer celles retirées, et réaffirme sa volonté de continuer ce qu’il a entrepris avec Apple : « Pour l’instant, nous avons décidé de concentrer nos efforts sur les programmateurs éclairés qui comprennent le bénéfice et l’importance de permettre aux abonnés – et aux téléspectateurs - de visionner leurs programmes chez eux sur n’importe quel écran. Nous utiliserons tous les moyens légaux à notre disposition pour nous battre contre les chaînes qui ne partagent pas notre vision ». L’iPad est le dernier champ de bataille d’un combat qui dure depuis longtemps déjà sur la question de la retransmission télévisuelle : comment et par qui la télévision doit-elle être retransmise ? Lorsque des entreprises comme TWC achètent les droits de diffusion télévisuels d’une chaîne, est-ce que ces droits comprennent la diffusion de la chaîne sur de nouveaux écrans comme l’iPad ? Après tout, les ordinateurs, l’iPad et les téléphones portables peuvent tous faire office d’écran de télévision. Les distributeurs pensent que, dans la mesure où l’application n’est effective que dans la limite du domicile de l’abonné, l’iPad n’est, dans ce cas précis, en rien différent d’une télévision. De leur côté, les programmateurs pensent que les contrats de diffusion télévisuelle actuels ne couvrent pas la diffusion sur les tablettes, et qu’il faut créer un nouveau type de droits. Les revenus sont un sujet sensible puisque l’audimat n’est pas mesurable sur l’iPad. Donner aux programmeurs une autre source de revenu n’est pas une perspective agréable, pour des opérateurs qui bataillent déjà pour obtenir les droits de retransmission de certains programmes. Les câblo-opérateurs ont comme principe de base de rendre disponible le contenu pour lequel les abonnés paient, à la fois sur la télévision et sur les plateformes numériques. La controverse sur l’iPad prouve bien la difficulté à mettre en application ce principe. Certains observateurs pensent que TWC a décidé de forcer la main aux programmateurs, voyant la lenteur avec laquelle ils rendaient disponibles leur contenu sur Internet. Même si les offres de Comcast, DirecTV et Verizon sont limitées à la vidéo à la demande et à la navigation, beaucoup de distributeurs essaient de profiter de l’engouement pour les applications, notamment Dish Network avec son offre Sling, qui permet à ses abonnés de visionner du contenu au-delà des limites de leur domicile. D’après les recherches de BTIG, Dish aurait réussi à éviter des poursuites judiciaires, parce que le signal est émis par un décodeur et non par un serveur cloud-computing. L’offensive la plus forte a été lancée par Cablevision, qui vient de sortir une application iPad qui va encore plus loin que celle de TWC. Elle permet aux abonnés de visionner les chaînes de son bouquet et offre un service de vidéo à la demande, d’enregistrement et de stockage de contenu (DVR). Comcast s’aligne sur l’exemple de Cablevision avec son application Xfinity que l’entreprise lancera une fois que certains problèmes techniques et logistiques auront été réglés. Les studios ont montré qu’ils savaient se défendre en bloquant la mise en ligne de programmes télévisuels sur Google TV. L’arrivée sur le marché de l’iPad a fait tellement sensation qu’elle a éclipsé Google TV. Apple a vendu 15 millions d’iPad en moins de neufs mois mais cela n’effraie pas pour l’instant les programmateurs : les possibilités de visionnage restent restreintes. « Mais qu’en sera-t-il dans quelques années ; c’est de cela que les programmateurs ont peur » déclare l’analyste de BTGI, Richard Greenfield. Time Warner Cable iPad flap heats up, d’Andrew Wallenstein, Variety, 25 mars 2011 Time Warner Pulls Channels From iPad App, de Brian Stelter, The New York Times, 31 mars 2011 Laure Dahout Apple toujours numéro un sur le marché des applications en 2010 Date : 11/04/2011 Malgré la multiplication des concurrents à l’iPhone en 2010, les soi-disant iPhone Killers, Apple a maintenu sa position de numéro un sur le marché des applications sur l’année, selon une étude publiée récemment par IHS Screen Digest. L’App Store d’Apple a généré 1,8 millions de chiffre d’affaires en 2010, ce qui représente 82,7% des parts de ce marché, contre 92,8% en 2009. Malgré cette baisse, le chiffre d’affaires de l’App Store a progressé de 131,9% depuis 2009 où il était à 768,7 millions de dollars. Le chiffre d’affaires mondial du secteur des applications a augmenté de 160,2% en 2010 pour atteindre 2,2 milliards de dollars contre 828 millions en 2009. « En 2010, les concurrents d’Apple ont réussi à réduire l’écart avec le numéro un en proposant des Smartphones équipés de très bonnes interfaces. Toutefois, aucun n’a vraiment réussi à monétiser les applications d’une manière aussi efficace qu’Apple », souligne Jack Kent, analyste Mobile Media chez IHS. En 2010, l’Apple Store a également bénéficié du lancement de l’iPad. Bien que les applications pour iPad soient moins nombreuses que celles pour iPhone, les premières sont plus chères et ont donc un impact important sur le chiffre d’affaires d’Apple. D’ici 2014, l’étude d’IHS Screen Digest prévoit que 50% des recettes de l’Apple Store aux Etats-Unis seront liés à l’iPad, contre moins de 20% en 2010. Malgré la difficulté de la tâche, les concurrents d’Apple ont réussi à récupérer une partie des parts du marché des applications en 2010. C’est l’Android Market de Google qui a connu la progression la plus importante, avec une croissance de son chiffre d’affaires de 861,5%. Cela permet au concurrent de l’Apple Store de récupérer 4,7% des parts de marché contre 1,3% en 2009, ce qui le place en 4ème position. Les recettes de l’OVI Store de Nokia ont, elles, progressé de 719,4%, ce qui place la société en 3ème position sur le marché des applications et lui permet de récupérer 4,9% des parts de ce marché, contre 1,5% en 2009. Enfin, l’App World de Blackberry (Research in Motion) conserve sa position de n°2 dans ce secteur avec une croissanc e de 360,3% de son chiffre d’affaires. Les parts de marché de la société passent de 4,3% en 2009 à 7,7% en 2010. Avec l’amélioration et le développement des différentes interfaces, celles-ci vont continuer à grignoter les parts de marché d’Apple. Toutefois, selon IHS Screen Digest, Apple devrait engranger plus de la moitié des recettes de ce marché au moins jusqu’en 2014. Le marché mondial des applications devrait poursuivre sa progression en 2011, avec des recettes qui devraient être en hausse de 81,5%, pour atteindre 3,9 milliards de dollars. Parmi les éléments moteurs de cette croissance figurent le modèle des freemium, applications proposées gratuitement, mais dont les options supplémentaires (premium) sont payantes. Les achats liés au freemium devraient représenter la moitié des recettes du marché des applications nordaméricain en 2014, contre 24% en 2010. Ce chiffre devrait être encore plus important en ce qui concerne les jeux. Ces derniers dominent le secteur des applications et représentent 52,2% de son chiffre d’affaires en 2010. Apple Maintains Dominance of Mobile Application Store Market in 2010, de Jack Kent, IHS Screen Digest, 15 février 2011 Géraldine Durand Focus : la nouvelle stratégie de Warner Bros sur Facebook Date : 12/04/2011 Le 8 mars dernier, Warner Bros Digital Distribution (WBDD), la branche de Warner Bros qui dirige les opérations de distribution de contenus en VOD, Pay-Per-View, sur Internet ou sur les téléphones portables, a annoncé le lancement d’une période de test offrant l’achat ou la location de films à travers les pages Facebook de ces films (Voir l’article du 24 mars 2011 : Facebook s’associe à Warner Bros. et se lance dans la vidéo à la demande). Premier film testé : l’un des épisodes de Batman, « The Dark Night », réalisé par Christopher Nolan avec Christian Bale dans le rôle de Batman/Bruce Wayne. La page Facebook du film a plus de 6 millions de fans à l’heure actuelle, dont 10 000 à 17 000 fans supplémentaires chaque jour au mois de mars, et près de 100 000 internautes ont téléchargé l’application leur permettant ensuite de louer le film. En passant directement par Facebook, Warner Bros révolutionne le marché de la distribution en se passant des services d’un intermédiaire comme Amazon, YouTube ou Netflix : le studio loue et bientôt vendra directement ses films aux consommateurs, même si Facebook prend une commission de 30% sur chaque location effectuée. Depuis début mars, Warner Bros a complété son offre avec de nombreux titres de son catalogue : « Inception » de Christopher Nolan toujours, « Harry Potter et la Chambre des Secrets », « Bébé Mode d’Emploi » ou « Yogi l’Ours »… toujours pour 30 crédits Facebook la location soit 3 dollars américains. En augmentant son offre, Warner Bros signale très clairement que le test mené avec « The Dark Night » a été concluant. Même si seul un peu plus de 1,5% des fans du film ont souscrit à l’application, cela représente tout de même 100 000 clients potentiels pour un film déjà disponible sous de multiples formats. La nouvelle stratégie de Warner Bros est en droite ligne avec l’évolution récente des réseaux sociaux et en particulier de Facebook. Les entreprises cherchent à monétiser et à exploiter au maximum ces nouveaux modes de communication. Une étude récente menée par TicketMaster, le leader de la vente de billets pour des concerts ou des événements, a révélé que chaque publication par un consommateur sur son mur ou sa page Facebook d’un événement rapportait en moyenne 5,30 dollars en vente de billets à la société, et que chaque clic « J’aime » sur un événement rapportait, quant à lui, 3 dollars en vente de billets. Facebook est un excellent moyen non seulement de promouvoir un événement, d’attirer plus de clients mais également de vendre des billets… et donc pourquoi pas de louer du contenu en ligne ? Mathieu Fournet Netflix : un pas en avant avec Miramax, deux pas en arrière avec Starz et Showtime Date : 12/04/2011 Depuis que Filmyard Holdings a acheté Miramax fin 2010 (Voir l’article du 5 mai 2010 : La société Miramax enfin vendue), l’objectif de la société a été de monétiser le catalogue de 700 titres de la compagnie fondée par les frères Weinstein. Après avoir entamé des négociations avec YouTube afin de louer et de vendre ses films sur son site Internet, les nouveaux propriétaires de Miramax seraient sur le point de signer un accord similaire avec Netflix. Selon certaines sources, l’accord pourrait rapporter à Miramax la somme de 100 millions de dollars sur 5 ans. Le catalogue de Miramax comprend des titres tels que Shakespeare in Love, Chicago, Pulp Fiction et Good Will Hunting. Cherchant à étoffer son offre, Netflix n’a pas hésité à signer des accords très juteux ces derniers mois (Voir l’article du 24 septembre 2010 : La nouvelle stratégie de Netflix : une révolution pour le secteur de la distribution aux Etats-Unis). Au mois de février, Miramax avait déjà signé des accords avec Lionsgate et Studio Canal pour la distribution des films de la compagnie en DVD et en Blu-ray, ainsi que sur plate-forme numérique, aux Etats-Unis et à l’étranger. Le CEO de Miramax, Michael Lang, avait déclaré il y a quelques mois que les accords de distribution pour une diffusion numérique du contenu étaient au cœur de ses préoccupations et qu’il souhaitait pouvoir ainsi passer outre les chaînes de télévision payantes comme HBO ou Showtime. La conclusion d’un accord avec Miramax serait une bonne nouvelle pour Netflix qui vient d’essuyer deux revers consécutifs avec deux de ses principaux et plus anciens partenaires, Showtime et Starz. La chaîne de télévision payante Starz a en effet annoncé fin mars qu’elle entendait limiter la disponibilité de ses films et séries télévisées sur Netflix. Cette annonce intervient peu après une décision similaire prise par Showtime mi-mars. L’accord signé récemment entre la chaîne premium du câble et Netflix stipule que le service aux enveloppes rouges n’aura pas les droits de diffusion en streaming des saisons précédentes de séries encore à l’antenne sur Showtime. La chaîne câblée souhaite pouvoir proposer une certaine partie de son contenu exclusivement sur son nouveau service de visionnage avec authentification sur Internet, Showtime Anytime. Lancé avec Comcast sur son offre TV Everywhere Xfinity TV en octobre dernier, ce service permet aux abonnés de la chaîne d’accéder gratuitement à plus de 400h de programmes à la demande sur plates-formes numériques. De la même manière, la chaîne payante Starz va imposer un délai de 90 jours entre la diffusion de ses séries sur son antenne et leur mise à disponibilité en streaming sur Netflix, procédure qui commencera à être appliquée dès le 1er avril avec la série Camelot. Jusqu’à présent, Netflix proposait les séries de Starz en streaming le lendemain de leur diffusion sur la chaîne premium. Les films diffusés sur Starz et pour lesquels la chaîne a la primeur, notamment grâce à des accords avec Disney et Sony, seront également mis à disposition plus tardivement qu’à l’heure actuelle sur Netflix. Ce délai n’a pas encore été précisé. Netflix a cependant souligné qu’il n’y aurait pas de changement immédiat dans la disponibilité des films puisque son accord avec Starz ne parviendra à échéance qu’à la fin de l’année 2011. Mais Starz semble d’ores et déjà décidé à revoir sérieusement les termes de l’accord qui lie les deux compagnies. Pour un représentant de Netflix, la décision de Starz ne devrait pas avoir beaucoup d’impact sur la société puisque ses abonnés attendent généralement de pouvoir regarder plusieurs épisodes d’une série en même temps. Toutefois, ce changement de position de la part de Starz reste un coup dur pour Netflix puisque c’était l’accord signé en 2008 avec la chaîne premium qui avait permis à la société aux enveloppes rouges de faire décoller son service en streaming. La limitation des fenêtres de diffusion sur Netflix a, pour certains, joué un grand rôle dans la décision de la société de se lancer dans la diffusion de programmes originaux, comme elle l’a fait fin mars en signant un accord avec Media Rights Capital concernant la série House of Cards (Voir l’article du 29 mars 2011 : Netflix se lance dans la production de séries télévisées). Les décisions de Starz et de Showtime mettent en avant la situation de « frenemies » (friends et enemies) qui lie désormais les services sur abonnement comme Netflix et les chaînes du câble payantes. Le pas franchi par Netflix avec la série House of Cards en fait un concurrent encore plus menaçant pour ces chaînes. Netflix apparaît désormais comme une chaîne premium située en-dehors du modèle classique des chaînes câblées sur abonnement. Les annonces de Starz et Showtime démontrent que ces chaînes considèrent que fournir du contenu trop rapidement à Netflix pourrait décourager certains consommateurs de s’abonner au câble. En effet, l’offre de Netflix est considérée par beaucoup comme une des causes de la hausse des résiliations des abonnements du câble aux Etats-Unis (cord cutting). Toutefois, les chaînes premium ne peuvent pas totalement se passer d’une vitrine qui compte désormais 20 millions d’abonnés (Voir l’article du 22 février 2011 : Netflix dépasse les 20 millions d’abonnés), notamment pour leurs programmes de catalogue. Pour certains analystes, la démarche de Starz et de Showtime annonce un revirement dans le marché de la distribution du contenu des chaînes câblées sur Internet. Ils pensent en effet que, de plus en plus, les chaînes du câble conserveront leurs droits de diffusion en streaming pour leurs initiatives de type TV Everywhere. Toutefois, à ce jour, à part HBO du groupe Time Warner, rares sont ceux qui ont systématiquement refusé de proposer du contenu en streaming sur Netflix. Showtime shifts its Netflix stance, d’Andrew Wallenstein, Variety, 22 mars 2011 Starz to delay new series on Netflix streaming, movies may follow, de Joe Flint et Ben Fritz, Los Angeles Times, 24 mars 2011 Starz tightens Netflix windows, d’Andrew Wallenstein, Variety, 25 mars 2011 Netflix, Miramax in talks on streaming, de marc Graser et Andrew Wallenstein, Variety, 28 mars 2011 Géraldine Durand VOD sur Internet : l’achat de contenu bientôt devancé par la location Date : 11/04/2011 La location de contenu vidéo sur Internet (Internet video on demand ou iVOD) est en train de devenir plus populaire, aux Etats-Unis, que l’achat sur le web (electronic sell-through ou EST). Selon des chiffres publiés au mois de février dernier par IHS Screen Digest, le chiffre d’affaires de l’iVOD devrait dépasser celui de l’EST en 2013. Le cabinet d’études prévoit en effet que le chiffre d’affaires de l’iVOD atteindra les 341,7 millions de dollars en 2013, contre 155,2 millions en 2010, soit une progression attendue de 120,2%. Le chiffre d’affaires de l’EST devrait également progresser, mais de manière plus limitée, pour passer de 230,6 millions de dollars en 2010 à 331,1 millions en 2013, soit une progression de 43,6%. Cette tendance devrait se confirmer en 2015. Ces chiffres ne prennent pas en compte les services de VOD sur abonnement comme Netflix. Selon Arash Amel, Director Digital Media chez IHS, « jusqu’à présent, l’achat de contenu a toujours dépassé la location dans les transactions effectuées sur Internet. Toutefois, depuis 2010, les internautes américains favorisent l’iVOD et dépensent plus en location de contenu qu’en achat. Cette évolution a été favorisée par les efforts déployés par les services de location de contenu sur le web pour promouvoir leurs services. Avec la popularité grandissante de services sur abonnement comme Netflix, nous constatons la généralisation d’un nouveau modèle d’accès au contenu sur Internet. Les films de catalogue sont visionnés par le biais de services sur abonnement et les nouveautés sont louées ». Grâce aux nouveaux appareils d’Apple, l’iPad et la nouvelle Apple TV, l’iTunes store, leader sur le marché du film en ligne, a beaucoup contribué à la progression de l’iVOD aux Etats-Unis. iTunes détient 55% des parts du marché de l’iVOD américain en 2010, mais son activité d’EST ne représente plus que 74% de ce marché, notamment en raison de la compétition de Microsoft. En effet, grâce au succès de la Xbox 360 Kinect et de son service Zune, Microsoft a enregistré une forte progression de son secteur vidéo sur le dernier trimestre de l’année 2010. Ainsi, sur la totalité de l’année 2010, Microsoft a engrangé 17,9% des dépenses des Américains dans le secteur EST/iVOD contre 11,6% l’année précédente. Sony et son Playstation Store se placent en 3ème position et représentent 7,2% des dépenses des Américains dans le secteur, contre 5,37% en 2009. La société est talonnée par Amazon et Vudu, aujourd’hui propriété de Wal-Mart (société de grande distribution américaine). La croissance limitée de l’EST en 2010 est attribuée aux limites du modèle actuel, considéré par les consommateurs comme plus complexe et moins accessible que le modèle de location ou le piratage. Selon Arash Amel, « à moins d’importants changements dans le domaine de l’EST, le marché américain ne devrait jamais dépasser les 500 millions de dollars de chiffre d’affaires. Si les films ne sont pas vendus plus tôt sur Internet après leur sortie en salle, et ce, même avant leur sortie en DVD et en Blu-ray, et si personne ne propose un visionnage partout, tout le temps, sur n’importe quel appareil, comme le fait actuellement Netflix, le marché américain de l’EST va s’épuiser ». iVOD to Exceed EST in U.S. Online Movie Market in 2013, d’Arash Amel, IHS Screen Digest, 14 février 2011 Géraldine Durand Netflix se lance dans la production de séries télévisées Date : 29/03/2011 HBO et Showtime ont un nouveau concurrent dans le secteur de la télévision américaine, et pour la première fois, ce n’est pas une chaîne de télévision. Netflix, le service de location de films et séries télévisées sur Internet le plus populaire aux Etats-Unis, a annoncé, vendredi 18 mars, l’acquisition des droits exclusifs de la série télévisée House of cards qui sera réalisée par David Fincher (The Social network) et dans lequel jouera Kevin Spacey. House of cards sera produite de la même manière qu’une série classique, mais distribuée différemment. La série ne sera pas lancée sur une chaîne de télévision à une date et à une heure précises, mais en ligne, là où il n’y a pas d’horaire à respecter. La promotion s’effectuera via la rubrique « Recommandations » du site Netflix, dans laquelle sont listés un certain nombre de programmes, en fonction des goûts de chaque utilisateur. Plusieurs épisodes sortiront à la fois, pour répondre au mode de consommation des membres de Netflix, qui aiment regarder plusieurs épisodes à la suite. « Il y a quelques années, cela aurait été complètement inconcevable » explique le directeur des programmes de Netflix, Ted Sarandos. « C’est révélateur de la vitesse à laquelle va le marché. Cela souligne également à quel point le service de Netflix est devenu une véritable référence du monde du divertissement, à la fois pour les consommateurs et pour les producteurs de contenu ». Avec l’acquisition de House of cards, l’entreprise prouve qu’elle est prête à payer cher pour des séries télévisées de grande qualité et offre à Hollywood une alternative à des chaînes du câble payantes comme HBO ou Showtime. Le prix de la transaction n’a pas été communiqué, mais selon des estimations, il pourrait s’élever à environ 100 millions de dollars. Grâce à cette opération, Netflix cherche à la fois à diversifier ses services et à réduire sa dépendance vis-à-vis des films et séries produites par des tiers. Netflix se positionne ainsi en concurrence directe de HBO, de sa maison mère, Time Warner, et d’un grand nombre d’autres entreprises Cela pourrait avoir pour conséquence une augmentation considérable des prix d’achat des droits de diffusion des programmes de ces chaînes. Netflix a 20 millions d’abonnés (voir l’article du 22 février 2011 Netflix dépasse les 20 millions d’abonnés) et ce chiffre ne fait qu’augmenter grâce à la prolifération d’écrans connectés à Internet, en particulier l’iPad. Ingrid Chun, analyste chez Goldman Sachs, fait remarquer que 27% des consommateurs américains visionnent des films et des séries en streaming sur Internet, alors que l’année dernière à la même période, ils n’étaient que 16%. La plupart le font sur Netflix, qui d’après Ingrid Chung « a maintenant une importance telle, qu’il est difficile pour de nouveaux concurrents d’entrer sur le marché. Les offres d’abonnement Netflix défient toute concurrence et les prix des programmes sont en revanche très élevés ». L’action Netflix, dont la valeur a quasiment quadruplé l’année dernière, a terminé vendredi 18 mars à 209,40 dollars, perdant 4,50 dollars. Un petit groupe d’entreprises, parmi lesquelles Hulu, YouTube de Google, Xbox de Microsoft, réfléchit actuellement à la mise en place d’un modèle de distribution tel que celui élaboré par Netflix et Media Rights Capital, producteur de House of cards. Netflix a fait l’acquisition des droits de diffusion aux Etats-Unis de 26 épisodes, l’équivalent de deux saisons d’une série sur le câble. Cette démarche est en rupture avec le schéma habituel de production de séries télévisées aux Etats-Unis. De manière générale, un pilote est d’abord réalisé, puis, si ce dernier convient à la chaîne, celle-ci commande une saison entière. Media Rights Capital conservera les droits de diffusion à l’international, les droits de syndication et de ventes de DVD. Netflix relativise les risques pris en soulignant que l’entreprise a déjà mis en ligne des centaines de séries télévisées. La seule différence cette fois, c’est que Netflix « s’est engagé en amont de la production », explique Ted Sarandos. Le lancement de la première saison aura lieu fin 2012. House of cards est adapté d’un roman portant le même nom qui raconte l’histoire d’un politicien britannique. Le roman a d’abord était adapté en minisérie par la BBC en 1990. Les producteurs de cette dernière seront producteurs délégués de la nouvelle série. Netflix a un avantage majeur par rapport aux chaînes télévisées : sa nature de service à la demande. « Quand une série télévisée ne marche pas, c’est parce qu’elle ne parvient pas à rassembler suffisamment de personnes à un horaire précis », explique Ted Sarandos. « Il y a des millions de raisons différentes qui provoquent cette échec – ce n’est pas seulement parce que la série est mauvaise ». Pour l’instant, il n’est pas question pour Netflix d’investir dans la production d’une autre série télévisée. Néanmoins, l’entreprise l’envisage pour plus tard. Elle se dit très intéressée par des séries comme 24h ou Lost, dont la popularité ne faiblit pas sur Netflix. « Les séries télévisées ou dramas, dont le format est de 60 minutes, ne sont pas très rentables pour les chaînes de télévision. En revanche, elles sont très populaires sur Netflix. Nous pouvons être les sauveurs de ce genre », déclare Ted Sarandos. Netflix Gets Into the TV Business, de Brain Stelter, The New York Times, 18 mars 2011 Laure Dahout Facebook s’associe à Warner Bros. et se lance dans la vidéo à la demande Date : 24/03/2011 Facebook va se faire beaucoup d’amis à Hollywood - et beaucoup d’ennemis partout ailleurs. L’annonce du partenariat entre le géant du réseau social et Warner Bros., le premier studio américain en termes de box office depuis 2008, pour tester aux Etats-Unis un service de vidéo à la demande (VOD) sur Facebook (chaque film est proposé à la location sur sa « fan page », à commencer par The Dark knight) a eu un retentissement immédiat sur la bourse mardi 8 mars, provoquant la chute des actions Netflix de presque 6%, à 195,13 dollars. Les principales entreprises du secteur de la VOD aux Etats-Unis, Netflix, Redbox, YouTube de Google, Amazon, Vudu de Walmart et CinemaNow de Best Buy, ont des raisons de s’inquiéter. La première incursion de Facebook sur le marché de la location de films en streaming pourrait en effet sérieusement bouleverser le monde du divertissement numérique. Cette expérience pourrait notamment intéresser d’autres studios, actuellement à la recherche d’alternatives leur permettant de distribuer leurs films sur Internet, tout en gardant le contrôle sur leur contenu. D’autre part, si Netflix a dépassé les 20 millions d’abonnés (Voir l’article du 22 février 2011 : Netflix dépasse les 20 millions d’abonnés), Facebook a 600 millions d’utilisateurs dans le monde entier (environ 70% en dehors des Etats-Unis) et devrait en compter 1 milliard l’année prochaine. The Dark knight a déjà environ 4 millions de fans sur Facebook. En proposant des films à la location, Facebook devrait inciter plus d’utilisateurs à adopter son système de paiement par credits, un système mis en place l’année dernière afin de remplacer les cartes de crédit et autres méthodes de paiement. Si Facebook ne peut pas encaisser un paiement effectué par carte de crédit, la société peut percevoir un paiement effectué en Facebook Credits et conserve généralement 30% du montant d’un achat (le même pourcentage revient à Apple pour l’achat d’une application). La « monnaie Facebook » avait jusqu’ici principalement été utilisée pour les jeux vidéo. Facebook a adopté la même stratégie que Netflix et Pandora en créant pour son site une application disponible sur tous les appareils pouvant être connectés à Internet, de l’ordinateur à l’iPad en passant par les téléphones portables et les télévisions à écran plat : Facebook est ainsi disponible partout où sont ses membres. Contrairement à Netflix, qui a dû investir pour acheter des films pour son service en streaming, Facebook reçoit simplement un type de contenu que le site n’avait pas à disposition auparavant. Pour Facebook, il s’agit aujourd’hui de prouver aux studios que cela peut leur rapporter de l’argent. La location d’un film sur Facebook coûtera 30 crédits, c’est-à-dire 3 dollars. Les utilisateurs pourront voir The Dark knight pendant 48 heures via leur compte Facebook. Les services de VOD font en général payer entre 3,99 et 5,99 dollars pour la location d’un film pendant 24 heures. « Facebook est consulté quotidiennement par des centaines de millions de gens. Rendre nos films disponibles sur Facebook est une étape naturelle pour nous qui cherchons à développer la distribution numérique », explique Thomas Gewecke, président de la distribution numérique chez Warner Bros. John Martin, directeur financier de Time Warner, la maison mère de Warner Bros, insiste sur le fait que la mise à disposition par Warner Bros de certains de ses films sur Facebook est pour l’instant à l’essai : « Les réseaux sociaux s’accordent bien avec notre type de contenu… cela est dû au fait que les gens veulent pouvoir parler entre eux des films qu’ils ont vu », explique-t-il. La location ou l’achat de films sur Facebook donnerait aux studios une raison de garder actives les pages Facebook de leurs films. En effet, ces pages ne sont généralement plus mises à jour après la sortie des films en DVD ou en Bluray. La mise à disposition des films sur les pages devrait maintenir l’intérêt du public et permettre aux studios d’avoir accès à une base de fans qu’ils pourront tenir au courant de projets à venir – remakes, suites de film, etc. Le partenariat de Warner Bros et Facebook était prévisible : Time Warner avait déjà exprimé sa volonté de réinventer le marché du home video et les méthodes de distribution numérique. La société a notamment évoqué la création d’un service premium de VOD sur lequel certains films seraient lancés le jour même de leur sortie en salle, l’objectif étant de générer plus de recettes. Jeff Bewkes, président de Time Warner, a déclaré que le lancement du service vidéo en streaming sur Facebook apporterait plus de concurrence dans un marché dominé par Netflix. « Ils apportent le contenu directement là où se trouvent les utilisateurs. Pourquoi les fans devraient-ils regarder des films sur un site VOD ? Si on regarde les choses sous cet angle là, c’est un grand pas pour les consommateurs », déclare l’analyste James Mc Quivey. « C’est aussi l’occasion pour Warner d’avoir une relation directe avec les consommateurs, sans avoir à passer par Comcast, Netflix ou encore Walmart. Si Warner peut construire cette relation grâce à un site que les consommateurs fréquentent plus que les magasins de location de DVD, ou les menus VOD des chaînes du câble, cela représente un marché très lucratif. De plus, Warner peut jouer sur l’exclusivité de son offre pour lancer des prix qui défient toute concurrence. Avec cette initiative, l’entreprise peut tester des services qui lui permettront de mieux définir son approche du marché », explique McQuivey. Est-ce que cela à un impact sur d’autres entreprises ? « Oui », répond McQuivey, « d’autres studios veulent faire de même. Facebook concentre ses efforts sur les téléphones mobiles et les tablettes, afin de rendre des services comme celui-ci accessibles sur tous les supports, ce qui permet aux producteurs de voir leurs films diffuser sur une grande variété de plateformes.» Facebook friends Hollywood, d’Andrew Stewart, Variety, 9 mars 2011 Laure Dahout Canadian Music Week (9-13 mars 2011) Date: 12/04/2011 A l'occasion de la 13ème édition de la Canadian Music Week, les Missions économiques-Ubifrance au Canada ont organisé, en partenariat avec le Consulat général de France à Toronto, un "Focus on France” qui a permis de faire venir à Toronto, une dizaine de sociétés françaises et leurs artistes, pour des rencontres professionnelles et des concerts. En 29 ans, la Canadian Music Week (CMW) est devenue l'un des principaux festivals de musique et marchés d'Amérique du Nord : c'est aujourd'hui un rendez-vous incontournable aussi bien pour les artistes internationaux que pour les professionnels de l'industrie musicale. La CMW attire ainsi à Toronto plus de 2000 professionnels, 3500 artistes, 650 journalistes, 800 groupes en concert à travers toute la ville pendant 5 jours et un public de 100 000 personnes. En dehors de la programmation musicale (“Canadian Music Fest”), la CMW organise également des conférences, débats thématiques, cérémonies, rencontres entre professionnels canadiens et étrangers. A l’occasion de l’édition 2011, une délégation de dix entreprises françaises, regroupant à la fois labels, tourneurs, programmateurs de festivals (Atmosphériques, A Gauche de la lune, MaMA Event, etc.) est ainsi venue à Toronto après un passage à Montréal. La délégation de "Focus on France" a participé à un panel franco-canadien et de nombreux rendez-vous avec les professionnels locaux de l'industrie musicale, dans la perspective d'exporter leurs artistes mais également de mieux appréhender la réalité du marché canadien. En parallèle, huit groupes français, liés à ces entreprises, se sont produits devant le public torontois au cours du festival, en particulier lors d'une soirée consacrée à la présence française le 10 mars. Etaient ainsi présents Dub Inc, Medi, 1979, Yeti Lane, Marxs, Noone, Prince Koloni et Dagoba. Tous ces artistes ont bénéficié de deux dates de concert à Toronto (dont un concert en première partie d’USS pour Medi, devant 1200 personnes), en plus de dates à Montréal ou Ottawa, ce qui leur a permis d’optimiser leur venue au Canada. Le panel franco-canadien a attiré un grand nombre d'accrédités, signe de l'intérêt réel des professionnels canadiens pour la musique française. Les entreprises françaises se sont dites satisfaites de leur séjour car elles ont pu rencontrer un grand nombre de professionnels, même si elles déploraient que ces rencontres soient souvent, pour leurs interlocuteurs, l'occasion de vendre leurs propres artistes plutôt que de signer des artistes français. Cette opération, fruit d'une collaboration entre le service culturel du Consulat, pour la partie artistique, et Ubifrance, pour la partie industrie et rencontres professionnelles, s’inscrit pleinement dans une logique de synergie et de complémentarité des compétences de ces deux services. Elle constitue un précédent riche d’enseignements pour ce type de collaboration en matière d’industries musicales. Marie Herault-Delanoe Interview de Tim Armstrong, CEO d’AOL: acquisition du Huffington Post et licenciements Date : 15/04/2011 Au cours de la conférence Digital Hollywood NYC qui s’est déroulée a New York les 9 et 10 mars derniers, Tim Armstrong a donné une interview à BusinessWeek. Au programme, la récente acquisition du Huffington Post par le groupe dirigé par Tim Armstrong et l’annonce du licenciement de près de 20% des effectifs d’AOL qui compte, à ce jour, 5000 employés. Concernant l’acquisition du Huffington Post, Tim Armstrong a notamment mis en avant son désir de transformer AOL en une vraie société du web, ce qu’il avait déjà commencé à faire, explique-t-il, en remplaçant un grand nombre d’éditorialistes du groupe par des ingénieurs. Quand Armstrong a pris la tête de la compagnie, il y a deux ans, celle-ci comptait deux fois plus d’employés qu’aujourd’hui et ingénieurs et éditorialistes étaient aussi nombreux : « ce n’était pas une société de l’Internet ». Les licenciements annoncés récemment vont dans le même sens : il s’agit pour lui de recentrer la stratégie du groupe et d’éviter de dupliquer les tâches avec les employés du Huffington Post, de TechCrunch et autres acquisitions récentes du groupe. Il annonce notamment que le groupe devrait, à l’avenir, s’appuyer plus sur ses propres journalistes que sur des freelancers. Aux critiques concernant le service Seed, accusé par certains d’être une content farm (Voir l’article : Les leçons à tirer des content farms), il répond que son objectif est de créer du contenu qui touche les gens. Mais il recherche également du « bon contenu » et trouve injuste que le groupe soit critiqué sur ce point. D’ailleurs, il met en garde contre le fait de se concentrer uniquement sur ce que les gens recherchent sur Internet : « En faisant cela, on passe à côté d’une partie importante du contenu. Par exemple, les gens ne tapent pas ‘Lybie’ dans leur moteur de recherche ». Tim Armstrong se montre globalement positif en ce qui concerne la santé et l’avenir de son groupe. Il affirme que le trafic est resté stable ou a augmenté, selon les sites, depuis son arrivée et prévoit que son chiffre d’affaires lié à la publicité devrait bientôt afficher une croissance à deux chiffres. Aux critiques concernant le modèle économique du Huffington Post, dont de nombreux rédacteurs ne sont pas payés, il répond que ce modèle est durable et juste. Selon lui, le Huffington Post ne paie pas pour les tribunes, mais il paie pour les articles de journalistes. Il permet à des personnalités de faire partie du monde des médias et d’écrire pour ce monde : « Pour ces gens-là, il est plus important d’exprimer leurs idées que d’être payés », affirme-t-il. Géraldine Durand Compte-rendu de la conférence Digital Hollywood New York City : 9-10 mars 2011 Date : 15/04/2011 Depuis 1990, le groupe Digital Hollywood met en place des conférences sur les médias à travers le monde, dont, deux fois par an, à New York. La dernière édition de cette conférence s’est tenue les 9 et 10 mars derniers (lire le compte rendu de la précédente édition : Dossier spécial : Future of Television et Digital Hollywood New York, points forts des 2 conférences). Elle réunissait des professionnels des médias et de l’audiovisuel autour des grands thèmes du moment : tablettes numériques, applications, vidéo à la demande (VOD) et télévisions connectées. Tablettes numériques - Lecture numérique En ouverture du 1er jour de la conférence, David Carey, President, Hearst Magazine, répondait aux questions d’un journaliste du groupe Bloomberg sur la stratégie de son groupe en matière de tablettes numériques. Comme l’a souligné David Carey, le groupe Hearst a fait de gros investissements dans sa stratégie liée aux tablettes et a constaté que la lecture sur tablette était plus proche de la lecture d’un magazine que de la lecture sur ordinateur, avec une durée, en moyenne, de 45 minutes. Le groupe est actuellement en discussion avec Apple au sujet d’un modèle d’abonnement. David Carey fait cependant part de sa préoccupation vis-à-vis de Flipboard, qui, selon lui, est une « killer application » pour les magazines. Application iPad, Flipboard récupère les flux auxquels l’utilisateur est abonné (Twitter, Facebook, etc.) afin de les présenter sous la forme d’un magazine électronique incluant les images, les vidéos et les liens vers les médias d’origine. Flipboard fabrique le magazine sur mesure en fonction des centres d’intérêt de son utilisateur. Le chiffre d’affaires lié à l’iPad est encore limité pour les magazines, mais David Carey est d’avis que cela devrait s’améliorer une fois que les abonnements seront lancés. Le groupe Hearst prévoit que d’ici 5 à 10 ans, les abonnements à ses versions pour iPad devraient représenter 20 à 25% du total de ses abonnés. Or, la moitié des abonnés sur les nouvelles plates-formes sont de nouveaux lecteurs. Toutefois, la mise en place de systèmes d’abonnement sur iPad pose problème. En effet, certains intervenants de la conférence, comme Howard Tiersky, Président de l’agence spécialisée dans le numérique Moving Interactive, Inc., trouvent que les règles proposées par Apple sont confuses. D’autres, comme Marc N. DeBevoise, Senior Vice President – Digital Media, Business Development & Strategy, Starz Media, critiquent la rigidité du système : « si vous travaillez avec Apple, tout ce que vous proposez hors Apple doit aussi être proposé sur Apple ». Pour Erin E. Wilson, Specialist Sales Executive, Microsoft Mobile Advertising, cela pourrait pousser certains développeurs à se diriger vers d’autres plates-formes. Mais selon Howard Tiersky, Apple a mis la barre très haut : il faudrait que les autres tablettes fassent un véritable effort sur les prix pour faire le poids fasse au géant Apple. - La publicité sur tablettes La société Kargo s’efforce d’améliorer l’expérience des utilisateurs sur Smartphones et tablettes. Toutefois, Harry Kargman, President & CEO de la société reconnaît que cela n’est pas suffisant : l’important est de parvenir à distribuer et à rentabiliser le contenu. Or, cette dernière étape est difficile sur portable et tablettes. Tout d’abord, il est difficile pour les utilisateurs de trouver le contenu sur ces plates-formes. D’autre part, il est compliqué d’attirer les annonceurs sur ces contenus. Donc la question essentielle, pour lui, est : comment intégrer les annonceurs sur les appareils mobiles ? David Carey de Hearst Magazine reconnaît que les revenus liés aux publicités sur format numérique représentent seulement un maigre pourcentage de ceux liés aux publicités sur magazine papier. Mais, selon lui, le secteur numérique devrait se développer. Il prend pour exemple l’agence de marketing numérique iCrossing dont les activités sont en plein développement. Propriété de Hearst depuis juin 2010 (acquis pour 325 millions de dollars), iCrossing est une des plus importantes agences de conseil aux responsables marketing de grandes marques pour l’achat de mots-clés, l’agencement de sites Internet et le suivi de la manière dont une marque est perçue par les internautes. Le secteur de la publicité doit notamment s’adapter à l’utilisation, très spécifique, des tablettes. Ainsi, comme le remarque Jordan Kobert, Strategic Partnerships, Mobile chez Google, l’iPad est beaucoup plus utilisé en soirée et le week-end ce qui a obligé le géant de l’Internet à changer ses habitudes en matière de publicités. Il lui a fallu s’adapter à ce type d’utilisation. Autre élément qui distingue tablettes et Smartphones des autres appareils : la navigation avec ses mains sur l’écran. Pour Erin E. Wilson de chez Microsoft, cela affecte la manière dont les gens consomment. Ainsi, elle souligne qu’ils consomment beaucoup plus quand ils naviguent sur Internet sur leur mobile que quand ils font la même chose sur leur ordinateur. Selon elle, en 2013, le trafic sur Internet mobile sera plus important que sur les ordinateurs. - Un appareil secondaire Pour Zia Zaman, Chief Strategy Officer, LG Electronics North America, les tablettes vont devenir un appareil secondaire (companion device). Cette opinion est partagée par beaucoup, et notamment par Bryan Perez, SVP/GM, NBA Digital, qui parle de l’iPad comme d’un « écran de compagnie » (screen companion). Selon lui, à long terme, la tablette repèrera ce que vous regardez à la télévision et vous proposera des données liées à ce programme. Cela permettra d’accroître le public et son engagement. De la même manière, pour Mark Yackanich, CEO de la société MegaPhone Labs spécialisée dans l’interactivité, la tablette et le Smartphone apparaissent comme des moyens de contrôler ce qui se passe à la télévision. Ils aident à combler l’écart entre les différents écrans. - Android de Google vs iOS d’Apple Rhodes Mason, Vice President of Business Development d’Internet Video Archive (IVA), compagnie spécialisée dans l’agrégation et la diffusion de bandes annonces (films, télévision, jeux vidéo, musique) souligne qu’Android est devenu récemment le principal système d’exploitation pour les Smartphones. Toutefois, le système pâtit de plusieurs défauts. Tout d’abord, comme le remarque Bryan Perez, SVP/GM, NBA Digital, le problème avec Android c’est que chaque appareil est différent. En revanche, avec le système d’Apple, iOS, tous les appareils sont similaires puisque ce sont tous des produits Apple. Toutefois, Cameron Clayton, Senior Vice President, Mobile and Digital Applications, The Weather Channel, note que ce qui distingue les deux concurrents est leur environnement, ouvert pour Android, et fermé, pour Apple. Pour lui, un environnement ouvert donne beaucoup plus de possibilités. Les consommateurs et les développeurs plébiscitent ce genre d’environnement, même si le prix reste un élément fondamental. Howard Tiersky de Moving Interactive pense en revanche que les consommateurs ne s’intéressent pas à l’ouverture des systèmes d’exploitation. Ce qu’ils souhaitent, c’est un système d’exploitation simple, comme le souligne également Ezra Kucharz, President, CBS Local Digital Media. - Annonce Nokia / Microsoft Interrogés au sujet de l’accord entre Microsoft et Nokia, les intervenants se montrent plutôt sceptiques. Erin E. Wilson de chez Microsoft défend cette démarche en mettant en avant qu’il s’agit là de l’opportunité de travailler à plus grande échelle, tout en reconnaissant que Microsoft est vraiment au tout début de la construction d’un espace mobile. Mais pour Bruce Davis, CEO and Chairman of the Board of Directors de Digimarc, entreprise du secteur des technologies numériques, il y a un énorme fossé à combler entre les deux sociétés, ainsi qu’un important travail de recherche et de développement pour que les deux sociétés parviennent à récupérer une part du marché significative. Cameron Clayton de The Weather Channel remarque qu’il s’agit de la bataille pour être numéro trois, et non numéro un ou deux. VOD Autre sujet d’actualité, la distribution du contenu en VOD. Jay Fehnel, SVP and COO, Entertainment Products de Tribune Media Services, qui propose du contenu à différents types de médias, pense que les producteurs de contenu ne vont pas chercher à avoir directement accès aux consommateurs et que les intermédiaires ne disparaîtront pas. Toutefois, il se demande qui seront ces intermédiaires. Ainsi, le fait de pré-sélectionner le contenu (curation), est très importante, comme le remarque Susan Panico, Senior Director, PlayStation Network chez Sony Computer Entertainment America. Le défi pour les producteurs et distributeurs de contenu est, aujourd’hui, que leurs propriétés dans le domaine de la télévision soient accessibles sur toutes les plates-formes numériques. C’est ce que souligne notamment Tim Connolly, VP Mobile, Disney/ESPN/ABC : « Nous voulons proposer le cœur de l’expérience de la télévision sur tablettes, téléphones, etc. ». Ainsi, la chaîne ESPN est disponible en direct sur Internet depuis octobre dernier, et elle le sera bientôt sur tablettes et Smartphones, accompagnée d’un grand nombre d’outils sociaux. - VOD sur le câble Pour Marty Roberts, Vice President of Sales and Marketing de la société ThePlatform proposant des solutions de gestion de vidéos en ligne, « la VOD est la plus grosse opportunité manquée par le câble ces dernières années (missed opportunity) ». En effet, aux Etats-Unis, les opérateurs du câble proposent généralement très peu de contenu en VOD comparé à des services sur Internet comme Hulu. De plus, selon Marty Roberts, leur interface est souvent mal conçue, tout comme leur modèle économique. Il est d’avis que les services de VOD du câble devraient évoluer comme les services de VOD en ligne. Pour Olivier Manuel, Lead, Content Solutions Group Samsung Electronics America, la question est de savoir si le câble peut proposer un service valable. Comme il le remarque, nous avons déjà connu des transitions dans le secteur des médias, et les vieux modèles n’ont pas tout-à-fait disparu. Toutefois, ils ont dû s’adapter. Michael Taylor, SVP Business Development d’ActiveVideo Networks, entreprise spécialisée dans la distribution de contenu interactif, croit en un développement possible des services du câble. Il pense que les opérateurs du câble vont absorber tout ce qu’ils peuvent absorber et le restituer sur différentes plates-formes. Toutefois, il ne pense pas qu’on se dirige vers une désagrégation du contenu vidéo : il ne croit pas en une solution à la carte. Pour lui, l’agrégation du contenu reste un facteur important. Comme le remarque Dave DelBeccaro, CEO de Music Choice, service de diffusion de clips vidéo à la télévision et sur le web, il est difficile de rentabiliser la distribution du contenu télévisé sur Internet. Ce qui explique, selon lui, la popularité actuelle du modèle TV Everywhere. Il s’agit d’un système d’authentification mis en place par certains opérateurs du câble, comme Comcast (Voir l’article Lancement imminent du service de visionnage en ligne de Comcast), dont l’objectif, à long terme, est de permettre à ses abonnés d’accéder à l’intégralité de son contenu à partir de n’importe quelle plate-forme numérique. Pour le moment, les seuls systèmes permettant d’accéder au contenu télévisé sur Internet sont les services over the top (OTT). Toutefois, Comcast mettra prochainement tout son contenu sur Internet avec Xfinity, ce qui, selon Dave DelBeccaro, devrait pousser ses abonnés à conserver leur abonnement. Pour lui, il est certain que 120 millions de foyers ne vont pas résilier leur abonnement au câble. Il y en aura peut-être 10 millions, mais sur le long terme, le modèle du câble devrait être renforcé. Comme il le souligne, ce maintien des abonnements au câble est nécessaire, car il est impossible de créer du contenu télévisé uniquement avec le chiffre d’affaires de la VOD en ligne. Ainsi, il pense qu’Internet va permettre à la télévision de s’épanouir et non l’écraser. Toutefois, d’ici 10 ans, il est d’avis que le satellite ne sera plus qu’un système secondaire (back up service), notamment parce que les opérateurs n’ont pas d’infrastructure Internet. - VOD sur Internet Pour Dave DelBeccaro de Music Choice, Internet est une plate-forme pour développer du contenu, mais il n’est pas possible de gagner des millions avec ce contenu en restant seulement sur le web. Il considère que le net sert à créer une audience et qu’après, ces programmes migrent vers la télévision afin de s’épanouir. Soit leurs producteurs créent leur propre chaîne, soit ils créent un programme pour une chaîne. Marty Roberts, de ThePlatform, prend l’exemple d’ExerciseTV, service de télévision sur Internet en plein développement, possédant près de 8 sources de revenus différentes. Ainsi, le coût de l’innovation est très faible sur Internet et il est facile d’y tester de nouveaux modèles économiques. Toutefois, il souligne que pour franchir une autre étape, en termes de chiffre d’affaires, il est nécessaire de passer à la télévision traditionnelle. En termes de diffusion du contenu sur Internet, Timothy Dodd, Vice President et General Manager de Neustar Media, compagnie qui propose des solutions pour la diffusion numérique du contenu et a notamment travaillé sur le développement du casier numérique Ultraviolet, pense que le système Ultraviolet devrait faciliter les choses (Voir l’article du 13 décembre 2010 : Les studios s’associent afin d’éviter une nouvelle guerre des formats) : « Cela va créer un socle commun ». Cela devrait également rassurer les studios qui, comme le remarque Bert Hesselink, CTO, Western Digital Branded Products, sont aussi très préoccupés par les questions de piraterie. Pour lui, il est important de trouver des méthodes pour assurer la sécurité du contenu et rassurer leurs propriétaires : cela facilitera également la commercialisation du contenu. Autre élément qui devrait faciliter la distribution du contenu sur Internet et qui, pour la majorité des intervenants, serait un développement essentiel dans les mois à venir : la standardisation des formats. - Annonce de l’accord Facebook / Warner Bros. L’annonce faite récemment concernant la distribution de contenu produit par Warner Bros. sur Facebook (Voir les articles : Facebook s’associe à Warner Bros. et se lance dans la vidéo à la demande et Focus : la nouvelle stratégie de Warner Bros sur Facebook) dénote, pour Michael Lazerow, CEO de Buddy Media, agence de marketing spécialisée dans les réseaux sociaux, un transfert de pouvoir vers des sociétés comme Apple, Facebook ou Twitter : « C’est une opportunité énorme, et en même temps, c’est effrayant pour certaines sociétés ». Bryan Perez, de NBA Digital, remarque cependant que le problème avec Facebook est la difficulté à rentabiliser le contenu vidéo posté dessus. Vu qu’il est impossible d’accompagner ce contenu de publicité, il s’agit surtout, pour le moment, d’un outil marketing. Télévisions connectées Selon Dave DelBeccaro de Music Choice, d’ici 10 ans, la télévision sera un appareil individuel, personnel (one to one device) et sera un moyen d’interaction sociale où tout ce qui sera regardé pourra être noté. Toutefois, Marty Roberts de ThePlatform souligne que l’interaction à la télévision est un défi : « Il y a de nombreuses questions qui se posent : l’information du public, la protection de la vie privée (privacy), etc. ». Les intervenants interrogés à ce sujet ne pensent pas que le système évolue vers la suprématie d’un seul boîtier. Pour Ed Lee, Vice President, Business Development de Roku, boîtier proposant un service de vidéo à la demande, le monde du contenu est vaste et un seul appareil ne pourra pas tout réunir, ni tout faire. Et même si cela était le cas, plusieurs opérateurs proposeraient des packages différents. Pour lui, ce que recherchent avant tout les utilisateurs c’est la manière la plus simple d’arriver au contenu. Autres éléments essentiels pour les boîtiers, selon Jay Fehnel, de Tribune Media Services, la meilleure télécommande disponible, avec le développement de nouvelles expériences qui y sont liées, et l’offre en termes de recommandations. Ainsi, les critères en matière de choix de plate-forme par les utilisateurs vont au-delà du meilleur écran disponible. - Apple TV vs Google TV Pour Olivier Manuel de chez Samsung, Apple TV ne rencontre pas le succès des autres appareils Apple, car il lui manque, encore, des applications. Selon Zia Zaman de chez LG Electronics, le problème d’Apple est que les gens vont chez Wal Mart ou Best Buy pour acheter une télévision. Or, Apple n’a pas la même relation avec ces revendeurs que les fabricants de télévision traditionnels. D’autres, comme Ed Lee de Roku, sont d’avis qu’Apple ne consacre pas assez d’énergie à la promotion de ce produit : « Apple doit mettre toute sa force marketing derrière le produit pour qu’il marche ». En ce qui concerne la Google TV, les intervenants considèrent que c’est un produit qui a été lancé trop tard et qui est trop limité. Pour Timothy Dodd de Neustar Media, ce n’est qu’un boîtier de plus, alors que les consommateurs recherchent une solution qui permettrait d’accéder à tout le contenu. Mais Roger Pavane de PaymentOne, qui propose des services de facturation, est d’avis qu’il n’y aura pas de plate-forme unique tant que les propriétaires de contenu n’auront pas réussi à trouver un modèle économique qui permette de rentabiliser l’existence d’un appareil unique. Applications Comme le souligne Jeffrey Litvack, General Manager, Global Product Development d’Associated Press, les producteurs de contenu se posent beaucoup de questions concernant les applications : « Que veulent les consommateurs ? Un système qui s’appuie sur la publicité ? Un système d’abonnement ? Quelle expérience recherchent-ils? ». Autre question fondamentale : comment faire pour créer de l’engagement et inciter les consommateurs à passer du temps sur une application ? Pour Jordan Kobert de chez Google, envoyer des alertes est un bon moyen. Andrew Stalbow, Senior Vice President, Mobile, Fox Digital Entertainment, souligne l’efficacité de l’intégration des réseaux sociaux. Tim Connolly de Disney/ESPN/ABC met l’accent sur le fait qu’il existe deux types d’applications : celles qui sont le véhicule essentiel pour présenter du contenu (full communication mode) ; et celles qui servent à compléter ce contenu (complimentary mode), notamment pour les fans d’un programme. Cela détermine également les caractéristiques d’une application. - HTML5 Sujet récurrent lors de la conférence du mois de mars, HTML5, le successeur de HTML 4.01. HTML5 crée un standard pour de nombreuses fonctionnalités auparavant disponibles sous forme de plugins, et permet ainsi de créer des sites plus évolués accessibles à tous les internautes. Avec HTML5, créer une application en ligne aussi évoluée qu'une application locale devient plus facile. Pour l'utilisateur, l'avantage est dans l'absence d'installation, la mise à jour automatique, et l'utilisation sur différents matériels. Les intervenants se sont tous montrés très enthousiastes vis-à-vis d’HTML5, notamment Jordan Kobert de Google. Pour lui, HTML5 est le meilleur moyen d’être partout. Kelly Day de Discovery souligne cependant que l’application la plus utilisée est celle du navigateur Safari et elle pense qu’HTML5 va ramener les gens vers les navigateurs sur Internet. - Modèle économique Autre question récurrente concernant les applications : leur modèle économique. Tim Connolly, de Disney/ESPN/ABC, affirme que son groupe les a tous essayés et que le modèle d’abonnement lui semble le mieux adapté au contenu premium. C’est, pour lui, le meilleur moyen d’assurer une source de revenus importante, le modèle à la carte n’étant pas adapté au contenu premium. Harry Kargman, de Kargo, remarque qu’il est très difficile de faire payer les gens pour du contenu sur mobile, même quand celui-ci est à 99 cents. Il est nécessaire, pour lui, de faire évoluer les mentalités. Le modèle fonctionnant sur la publicité est le deuxième modèle le plus efficace, mais il est d’avis qu’il faut un mélange de différents modèles. Opinion partagée par Tim Connolly pour lequel les contenus ne sont pas égaux entre eux : il y a des différences de format, de modèles et de platesformes. Harry Kargman de Kargo pense que le prochain modèle à la mode sera celui des crédits, comme les crédits Facebook. En effet, une fois que vous avez un lot de crédits, votre objectif est de le dépenser. Natalie Farsi, Head of Mobile, Warner Bros. Digital Distribution & Warner Bros. TV Group, se pose également la question des nouveaux modèles de facturation des applications : « Quelle sera la prochaine génération ? Les crédits Facebook ? L’Amazon Store ? Nous avons à ce jour 43 applications au sein d’iTunes et ce qui marche bien, ce sont les jeux freemium : il s’agit d’offrir une application gratuitement, mais de faire payer les bonus et autres options ». Ainsi, en termes de monétisation, le système de freemium marche bien, comme le remarque Howard Tiersky, de Moving Interactive, Inc. : « avec l’application Smurf Village (Village des Schtroumpfs), ce sont les bonus en téléchargement qui sont payants. Et cela permet d’engranger des revenus presque similaires à ceux des applications payantes ». Toutefois, il est également d’avis qu’il reste compliqué de définir le modèle idéal. Cela dépend du type d’application, même si on passe de plus en plus à un modèle d’application gratuite. Comme le souligne Marc N. DeBevoise de chez Starz Media, des expériences ont été faites avec un jeu sur la série Spartacus et la conclusion est que la gratuité est vraiment le modèle pour les jeux. En ce qui concerne le groupe Discovery, il a plusieurs applications payantes, à des tarifs variés. Représentant le groupe, Kelly Day remarque qu’il y a de la place pour différents modèles : « Nous avons noté que les applications basées sur des programmes télévisés marchent bien avec de la publicité. Pour ces applications, on s’attend en effet à ce que le consommateur tolère des publicités et il y a d’ailleurs une forte demande de la part des annonceurs ». - Difficultés Parmi les difficultés récurrentes concernant les applications figurent la multiplication des appareils et la difficulté à être sur tous. Comme le souligne Natalie Farsi, c’est un très gros problème pour Warner Bros., car le groupe ne peut effectivement pas être sur toutes les plates-formes. D’une part, le mode de facturation est différent sur chaque plate-forme, même avec le système d’exploitation d’Android. D’autre part, s’adapter à chaque interface représente un énorme travail. Or, les analystes ne sont pas très optimistes en la matière. Pour Harry Kargman, de Kargo, les choses devraient même empirer et ce qui marche aujourd’hui ne marchera pas avec les appareils de demain. Pour Tim Connolly, de Disney/ESPN/ABC, la plus grosse difficulté, concernant les applications, consiste à faire connaître son application, même au sein de ses fans. Il faut donc, dès le départ, penser à la communication et au marketing. Natalie Farsi de Warner Bros. souligne également les difficultés en matière de négociation pour la diffusion de contenu par le biais d’une application. Celles-ci commencent avec l’achat des droits des vidéos, continuent avec le mode de distribution et enfin se poursuivent avec le mode de facturation. Géraldine Durand La piraterie encouragée par des sites comme Hulu Date : 13/04/2011 Selon une récente étude menée par l’entreprise de conseil PricewaterhouseCoopers (PwC), la prolifération des sites comme Hulu, financés grâce à la publicité, favorise la piraterie. « De tels sites peuvent semer la confusion lorsqu’il s’agit de déterminer quel contenu est illégal, légal, gratuit », est-il expliqué dans l’étude. 70% des gens sondés par PwC et qui admettent télécharger illégalement, disent visionner du contenu légalement sur des sites financés par la publicité. Le porte-parole d’Hulu a refusé de commenter l’étude qui ne mentionne pourtant pas Hulu directement, mais fait référence à des sites Internet financés grâce à la publicité, sur lesquels on peut visionner des films et des séries. Pour réaliser cette étude sur le comportement et les habitudes des pirates, PwC a interrogé 202 personnes entre 18 et 59 ans ayant eu recours au téléchargement illégal ces six derniers mois. Le prix, et l’accès au contenu avant même qu’il soit distribué, constituent les raisons principales pour lesquelles ces « voyous du Net » commettent de tels larcins. Beaucoup admettent qu’ils préfèrent visionner les films et les séries en streaming plutôt que de les télécharger. 81% d’entre eux disent qu’ils continueront à aller sur des sites illégaux lors des six prochains mois. « Ce type d’étude souligne l’importance de combattre la piraterie, une des préoccupations majeures de l’industrie et plus généralement de l’économie américaine […] Nous avons la chance d’avoir au Congrès, et dans l’administration, des gens informés qui nous soutiennent, afin de protéger les emplois américains contre cette activité illégale, et nous apprécions tout particulièrement le fait qu’ils visent ces sites illégaux qui escroquent leurs visiteurs et viole la propriété intellectuelle », déclare Philippe Dauman, PDG de Viacom. Viacom fait appel d’une décision de justice rendue l’été dernier, qui rejetait la plainte déposée contre YouTube de Google pour violation de droits d’auteur concernant certaines vidéos postées sur le site. Viacom demande un milliard de dommages et intérêts. Toujours selon l’étude menée par PwC, les pirates ne sont pas prêts à donner plus de 3 dollars pour visionner un film et 1 dollar pour visionner un épisode de série. En ce qui concerne les films, à ce prix, les pirates considèrent qu’il est normal d’y avoir accès au moins dans le mois qui suit leur sortie en salle. Ce n’est certainement pas le prix envisagé par les professionnels. Le PDG de Time Warner, Jeff Bewkes, envisage de lancer sur le marché un service Premium de vidéos à la demande sur lequel les films seraient disponibles pour 30 dollars non pas 90 jours après leur sortie mais 60 jours. Cependant, les commentateurs affirment déjà que « la possibilité d’avoir légalement accès à un film 60 jours (ou même avant) après sa sortie au lieu de 90 jours, ne devrait pas arrêter les pirates ». Le partage de fichiers reste un des moyens les plus utilisés pour le piratage de films et de séries – 56% des gens interrogés disent avoir déjà utilisé des sites comme RapidShare afin de télécharger du contenu. L’étude avance que dans le futur, le piratage se fera sur les Smartphones. 40% des pirates interrogés disent qu’ils auront recours aux Smartphones pour pirater dans les six mois à venir. « Les téléphones portables offrent une grande liberté – partout, tout le temps –, permettent d’explorer plus et de transformer le temps perdu en divertissement », expliquent les commentateurs. Ces derniers attirent également l’attention sur le fait que puisque la publicité sur les mobiles est mal tolérée, ils pourraient être encore plus tentés par la piraterie évitant ainsi les sites financés par la publicité. « Le problème de la piraterie ne sera pas résolu en un jour, mais nous continuerons à innover. Et, ce qu’il y a d’encourageant, c’est que même parmi les personnes interrogés – qui ont tous eu recours à la piraterie ces six derniers mois – la plupart ont compris que c’était « mal » de télécharger du contenu sur des sites illégaux ». Piracy Fog, de Tom Lowry, Variety, 16 février 2011 Laure Dahout La rétrospective Catherine Deneuve séduit côte Est et côte Ouest Date : 15/04/2011 Du 4 au 31 mars, à la BAM Cinematek a proposé, avec le soutien des services culturels, et de l’Institut Français, une rétrospective Catherine Deneuve. Ont été montrés Potiche, de François Ozon (2010) –avec l’aide d’Unifrance et de Music Box- Repulsion de Roman Polanski (1965), Les temps qui changent d’André Téchiné (2004), Les voleurs d’André Téchiné (1996), Généalogie d’un crime de Raoul Ruiz (1997), La chamade d’Alain Cavalier (1968), Les parapluies de Cherbourg de Jacques Demy (1964), La vie de château de Jean-Paul Rappeneau (1966), Belle de jour de Luis Buñuel (1965), Le sauvage de Jean-Paul Rappeneau (1975), Touche pas à la femme blanche de Marco Ferreri (1974), Manon 70 de Jean Aurel (1968), La sirène du Mississipi de François Truffaut (1969), Tristana de Luis Buñuel (1970), Les demoiselles de Rochefort de Jacques Demy (1967), Liza de Marco Ferreri (1972), Le temps retrouvé de Raoul Ruiz (1999), Le lieu du crime d’André Téchiné (1986), Ma saison préférée d’André Téchiné (1993), Le dernier métro de François Truffaut (1980), Peau d’Ane de Jacques Demy (1970), Un film parlé de Manoel de Oliveira (2003), Huit femmes de François Ozon (2002), Un conte de Noël d’Arnaud Desplechin (2008). Dans une salle comble, Catherine Deneuve a répondu aux questions du public le 4 mars au soir à l’occasion de la projection des films Potiche et Répulsion. Cette rétrospective, toutes projections confondues a réalisé 3208 entrées. Pour clore cette séquence Deneuve à New York, les services Culturels de l’Ambassade de France ont organisé avec le FIAF Alliance française de New York, le 8 avril dernier, une projection d’un documentaire français réalisé en 2009 par Anne Andreu, Catherine Deneuve Belle et bien là, en présence de la productrice Fabienne Servan Schreiber qui a répondu aux nombreuses questions du public. Sur la côte Ouest, le service audiovisuel de Los Angeles et le Los Angeles County Museum of Art (LACMA) ont organisé un hommage à Catherine Deneuve du 4 au 12 mars. Belle de jour de Luis Buñuel, Répulsion de Roman Polanski, Les parapluies de Cherbourg de Jacques Demy, Huit femmes de François Ozon et Le dernier métro de François Truffaut ont été projetés devant un large public dans la salle du LACMA. Le 8 mars, toujours dans la prestigieuse salle du LACMA, Catherine Deneuve a présenté en avant-première, le film de François Ozon, Potiche. Elle a été accueillie par 650 personnes et une longue standing ovation. Les places pour cette soirée s'étaient arrachées en quelques heures. En collaboration étroite avec le distributeur du film Music Box et Unifrance, un déjeuner avec la presse a également été organisé à la Résidence de France. Ce déjeuner avait pour but d'aider la sortie commerciale de Potiche, mais également celle du film de Bertrand Tavernier, La Princesse de Montpensier. Le réalisateur et Gaspard Ulliel étaient présents à Los Angeles cette même semaine. Une avant-première du film de Bertrand Tavernier a été organisée à l'American Cinémathèque le 9 mars par Unifrance et le service audiovisuel du poste. Le réalisateur français s'est également rendu à la rencontre des étudiants en cinéma de la ville, pour deux masterclasses, l'une à l'American Film Institute le 9 mars et la seconde à USC le 10 mars. Muriel Guidoni et Mathieu Fournet Les Etats-Unis atteignent la barre des 50% dans la numérisation de leurs salles de cinéma Date : 15/04/2011 Avec plus de 16 000 écrans équipés (sur un total de 39 000 salles sur l’ensemble du pays) près de la moitié des salles commerciales aux Etats-Unis sont maintenant numérisées. Une centaine sont converties au numérique chaque semaine. A ce jour, les studios livrent les films sur pellicule ainsi que sur plusieurs formats numériques (numérique 2D, Imax, Imax 2D et plusieurs versions en 3D). The Hollywood Reporter estime que si la course à la numérisation a été poussée par l’explosion de la 3D et des profits qu’elle génère (la vente de billets pour les films en 3D a représenté 22% du box office en 2010), la numérisation des salles est maintenant poussée par le soutien qu’apportent les distributeurs à leur numérisation sous forme d’accords impliquant ce qu’on appelle des VPF (Virtual Print Fee). La conversion au numérique coûte autour de 100.000 dollars par écran et grâce au VPF, ces frais sont partagés entre les studios et les salles de la façon suivante : chaque fois qu’un studio envoie le fichier numérisé d’un film chez un exploitant, il lui paie une somme qui sera utilisée pour rembourser l’équipement numérique. Par ce biais, les studios endossent près de 80% des coûts d’équipement des salles de cinéma. Il est estimé que d’ici à 2020 toutes les salles américaines seront équipées en numérique. Si cela permet aux studios de faire des économies sur les frais de tirage de copies et de transport, la numérisation permet aussi aux exploitants de proposer d’autres programmes dans leurs salles, tels que concerts ou retransmission d’évènements sportifs. Jusqu’à maintenant tous ces programmes ne rencontrent pas le même succès, le public étant plus particulièrement intéressé par les évènements présentés en « live ». A noter, enfin, que Paramount a profité de la flexibilité que donne le format numérique pour rajouter des éléments dans Justin Bieber : Never Say Never deux semaines après sa sortie en salle. Ce film à petit budget (13 million de dollars) est devenu le concert filmé le plus rentable avec plus de 72 millions de dollars de billetterie. A quand les différentes versions du dernier film de Scorcese qui feront revenir le public plusieurs fois en salle ? Digital Switch Halfway Home, de Carolyn Giardina, The Hollywood Reporter, 23 mars 2011 Delphine Selles Le programme Tournées Festival propose une sélection de nouveaux films français aux universités américaines Date : 15/04/2011 Le programme Tournées Festival, qui permet aux universités américaines de programmer des films français récents distribués aux Etats-Unis, vient de mettre en ligne une toute nouvelle offre de films (pour voir le livret envoyé aux Universités, cliquez ici). De Nénette à Potiche, les universités pourront choisir 5 de ces films et les faire découvrir à leurs étudiants dès septembre 2011. Lancé il y a maintenant plus de 15 ans, Tournées Festival a soutenu la programmation de plus de 350 films français dans plus de 300 universités. Le programme est piloté par le Service Culturel de l’Ambassade de France aux Etats- Unis et la Fondation French American Cultural Exchange (FACE). Il reçoit le soutien du CNC, de la Fondation Grand Marnier, de la Fondation Florence Gould et de Highbrow. Pour retrouver toute la sélection des films et la liste des universités qui participent au programme : www.facecouncil.org/tournees Delphine Selles Succès du festival Rendez-Vous with French Cinema 2011 Date : 14/04/2011 Du 3 au 13 mars s’est déroulé à New York – au Walter Reade Theater, à l’IFC Center (à Manhattan) et à la BAM Cinematek (à Brooklyn) -le festival de films français Rendez-vous with French Cinema, organisé par Unifrance et la Film Society of Lincoln Center, avec notamment le soutien des services culturels de l’Ambassade de France. C’est le film de François Ozon, Potiche qui a été présenté en ouverture de la manifestation au cinéma Le Paris, en présence du réalisateur, de Catherine Deneuve et de Judith Godrèche. La programmation 2011 comprenait : Crime d’amour de Alain Corneau, Au fond des bois de Benoît Jacquot, Les Mains en l’air de Romain Goupil, La Reine des pommes de Valérie Donzelli, La Campagne de Cicéron de Jacques Davila, Un poison violent de Katell Quilévéré, Les Femmes du 6e étage de Philippe Le Guay, D’amour et d’eau fraîche de Isabelle Czajka, Dernier étage gauche gauche de Angelo Cianci, Happy Few d’Antony Cordier, L’Homme qui voulait vivre sa vie d’Eric Lartigau, Les Mains libres de Brigitte Sy, Nannerl la sœur de Mozart de René Féret, Où va la nuit de Martin Provost, La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier, Solutions locales pour un désordre global de Coline Serreau, La Belle endormie de Catherine Breillat, Toi, moi, les autres de Audrey Estrougo et Ces amours-là de Claude Lelouch. La Film Society of Lincoln Center a également montré une série de films expérimentaux français, avec le concours de Nicole Brenez, parmi lesquels Nuit bleue de Ange Leccia, ainsi que des courts-métrages. A cette occasion, de nombreux artistes sont venus à New York présenter leurs films : Catherine Deneuve, François Ozon, Judith Godrèche, Catherine Breillat, René Féret, Benoit Jacquot, Eric Lartigau, Claude Lelouch, Martin Provost, Coline Serreau, Bertrand Tavernier, Gaspard Ulliel et Romain Goupil. Le festival a également été l’occasion de rencontres entre les réalisateurs, les acteurs et le public américain. Ont répondu aux questions du public notamment Coline Serreau, Bertrand Tavernier, Catherine Breillat et Claude Lelouche. Cette édition 2011, toutes salles confondues et toutes projections confondues, a réalisé plus de 12 000 entrées. Muriel Guidoni Tournées Film Festival en Louisiane Date : 14/04/2011 Au mois de mars dernier, la Louisiana State University (LSU) à Alexandria et le Centenary College à Shreveport ont organisé, dans leurs campus, deux nouvelles éditions du festival de films français "Tournées" proposé par les services culturels de l'Ambassade de France aux Etats-Unis et la Fondation FACE. Comme chaque année, leurs programmations ont suscité l’intérêt des étudiants et du public francophone local. A Alexandria, 249 spectateurs se sont déplacés à LSU. Selon le professeur de français, Shonu Nangia, « Les réactions ont été très positives et des discussions ont eu lieu spontanément après chaque projections. Des étudiants ont même souhaité ensuite parler des films en classe. Je suis donc très content ! Cela s’est très bien passé ». A Shreveport, pour la deuxième année consécutive, le Centenary College, en partenariat avec la Centenary Film Society, a intégré des longs-métrages du programme "Tournées" à son évènement cinématographique phare "The French Connection: A French Film Week in Louisiana". « Plus de 400 entrées ont été enregistrées pendant la semaine de projections », a constaté le Dr Jeff Hendricks, organisateur du festival. Il ajoute, « Nous avons un public intéressé par le cinéma français et nous souhaitons désormais organiser au moins une projection par mois ». Pour en savoir plus sur Tournées : Le Programme Tournées fête ses 15 ans (20 octobre 2010) Joseph Dunn Les Smartphones se vendent mieux que les ordinateurs Date : 14/04/2011 Selon un rapport du groupe de recherche IDC, les Smartphones tel que l’iPhone d’Apple se vendent, pour la toute première fois, mieux que les ordinateurs à usage personnel. Au niveau mondial, 100,9 millions de Smartphones ont été fabriqués au cours des trois derniers mois de l’année 2010, soit une augmentation de plus de 87% comparé à 2009. Les ventes de PC ont été plus faibles que prévu, avec une hausse de seulement 3% pour arriver à 92,1 millions. D’après Ramon Llamas, analyste chez IDC, il n’y a pas forcément de liens entre les deux tendances. Les Smartphones et les PC ne sont pas utilisés pour les mêmes raisons et les utilisateurs ont généralement besoin des deux. Les ordinateurs prévalent toujours dès qu’il s’agit d’écrire un texte, d’éditer des photos ou de créer d'autres types de contenu. Les ventes de PC ont, cependant, été touchées par la concurrence des tablettes numériques, à savoir l’iPad d’Apple. Les Smartphones, eux, profitent de la baisse des prix. En effet, il n'est pas rare de trouver des modèles neufs en vente pour 100 $, un prix que les consommateurs sont prêts à payer d’après Llamas. Les ventes de Smartphones bénéficient également de l'intérêt croissant pour le logiciel Android de Google, présents sur des dizaines de téléphones fabriqués par HTC Corp., Samsung, Motorola, etc. Les consommateurs ont aussi tendance à remplacer leur téléphone beaucoup plus souvent que leurs ordinateurs. Ils peuvent ainsi attendre de trois à cinq ans pour remplacer leurs PC alors qu’ils ont souvent la possibilité de remettre à niveau leur téléphone portable avant même la fin du contrat de deux ans. Toutefois, ces avantages devraient se raréfier. La compagnie Sprint a annoncé que la mise à niveau de son téléphone portable avant la date prévue coûtera plus cher et Verizon Wireless a déclaré qu’il ne l’autorisera plus. Smartphones Outsell PCs for the first time ever, de Dana Wollman, The Huffington Post, 8 février 2011 Nathalie Charles Fiche synthétique : CARTOON NETWORK Date : 14/04/2011 Cartoon Network est une chaîne du câble créée le 1er octobre 1992 par Turner Broadcasting System, qui appartient au groupe Time Warner. Turner Broadcasting System est également propriétaire des chaînes CNN, HLN, TBS, TNT, Adult Swim, Boomerang, truTV, Turner Classic Movies et WPCH-17. Le siège social de Cartoon Network est à Atlanta et son président actuel est Stuart Snyder. La chaîne est reprise par la majorité des opérateurs du câble aux Etats-Unis, sur DirecTV et Dish Network pour le satellite, et U-verse (AT&T) et FiOS (Verizon) pour l’IPTV. Cartoon Network est distribuée dans 99,4 millions de foyers américains. La chaîne est en concurrence avec SyFy Channel Anime Block, Nick Jr., Teen Nick, Disney Channel et Disney XD, Nickelodeon. Son originalité et son succès résident dans le fait qu’elle diffuse des dessins animés à destination d’un large public, des plus jeunes aux adolescents (2-17 ans), en passant par les adultes, puisqu’elle partage de l’espace avec Adult Swim. Cartoon Network est déclinée dans plusieurs pays européens (diffusion en 18 langues) dont la France depuis le 5 novembre 1999. Elle est la chaîne dédiée aux dessins animés la plus largement distribuée dans le monde. Audimat : JOUR ENTIER (24h) : taux d’audience 0,3 (cela inclut tous les téléspectateurs d’un même foyer) soit 1 million de téléspectateurs ; PRIMETIME : taux d’audience 0,5 soit 1,5 million de téléspectateurs ; JOURNEE : taux d’audience 0,3 soit 780 000 téléspectateurs. En 2010, en primetime, chez les enfants de 2 à 11 ans, le taux d’audience a augmenté de 6%, chez les garçons plus particulièrement de 4%, et la distribution de 5%. Programmation : A ses débuts, Cartoon Network diffusait exclusivement les dessins animés du catalogue Turner Broadcasting : Looney Tunes, Merrie Melodies, Popeye… La chaîne s’est alors forgé une identité grâce au programme Looney Tunes qui l’a lancé. En 1993, le premier dessin animé original de Cartoon Network, The Moxy Show, est lancé sur la chaîne. En 1994, le studio Cartoon Network Studio est créé. Il permet à la chaîne de diversifier son offre avec des dessins animés originaux tels que Dexter's Laboratory (1996), Johnny Bravo, Cow and Chicken (1997), The Powerpuff Girls (1998), Mike, Lu & Og, Courage the Cowardly Dog (1999), I Am Weasel (1997) et Ed, Edd’n Eddy (1999). Depuis 2003, Cartoon Network a ouvert ses portes au non-animé en programmant, entre autres, des films de Warner Bros et New Line Cinema (propriétés de Time Warner) ou des programmes courts sportifs. La plupart des classiques de Cartoon Network ont été déplacés sur la chaîne Boomerang pour laisser place à de nouveaux programmes. Certains dessins animés comme Dexter's Laboratory, The Powerpuff Girls passent toujours sur la chaîne lors de l’émission The Cartoon cartoon show, un programme quotidien de 30 minutes. D’autres ont totalement disparu comme Time Squad (2001), Mike, Lu & Og (1999), Cow and Chicken, I Am Weasel (1997), Looney Tunes, Sheep in the Big City (2000). En 2009, Cartoon Network a ouvert ses portes à des programmes de télé-réalité pour la case CN Real. Aujourd’hui, le catalogue de Cartoon Network comprend 8500 titres. Parmi les dessins animés proposés par la chaîne figurent : Generator Rex, Sym Bionic-Titan, Regular Show, Generator Rex, etc. et pour les non animés : Destroy buil destroy, Dude, what would happen, Hole in the wall, Tower Prep, etc. Pami les programmes phares figurent : Regular Show, Adventure Time, Ben 10: Ultimate Alien, Mad, Johnny Test. La grille de programmation comprend 55% de programmes originaux et 45% d’acquisitions. 98% des programmes achetés par la chaîne sont américains et 2% sont étrangers. Les principaux fournisseurs de programmes de la chaîne sont : Hanna-Barbera, MGM, Paramount, Lucasfilm, Warner Bros., the Pokemon Co. Int’l, Cookie jar, Nelvana, Mediatoon, Moonscoop, Cake et 9Story. Parmi les programmes français déjà ou actuellement diffusés sur Cartoon Network figurent : - Garfield saison 1 (2009) & 2 (2010). La saison 2 est diffusée en ce moment du lundi au vendredi à 17h, le samedi à 12h et 12h30 et le dimanche à 13h. Garfield est produit par Dargaud Média et distribué par Mediatoon Distribution. Chaque saison comprend 52 épisodes de 11 minutes chacun. - Totally Spies saison 5 (26x5’ - 2010), produit par Marathon et distribué par Zodiak Entertainment. - The Amazing Spies (spin off de Totally Spies). - Totally Spies le film. - Amazing Spiez (2010), produit par Zodiac Spierz. - Casper l’image de la peur (2009), produit par Moonscoop (52x11’). - Gormiti, les seigneurs de la nature (2009), produit par Zodiac Rights (65x26’). VOD : La plupart des programmes sont disponibles en streaming gratuitement sur le site Internet www.cartoonnetwork.com et à travers une plate-forme IPTV. Ventes liées à la publicité : La chaîne diffuse des publicités et offre des partenariats personnalisés. Elle diffuse un maximum de 12 minutes de publicités par heure la semaine (lundi-vendredi 6h-21h), et 10 min. 30 de publicités par heure le week-end. Merchandising : Le produit phare de la chaîne est le Ben 10 Ultimate Alien Disc Alien Ultimatrix (Bandai), un gadget dans lequel s’insère un alien en forme de disc, que l’on expulse pour lui redonner vie. Objectifs et opportunités : Selon Stuart Snyder, « Nous avons commencé à diffuser beaucoup de nouveaux programmes en 2010, et beaucoup d’autres sont à venir cette année. C’est une opportunité, mais c’est aussi un défi pour nous de présenter avec succès tous ces nouveaux programmes ». Cartoon Network a donné son feu vert pour l’achat et la diffusion du dessin animé Green Lantern. La nouvelle série animée, basée sur le héros du célèbre comics, constitue le centre autour duquel graviteront les autres programmes. La date de diffusion du premier épisode est encore à déterminer, mais devrait très probablement être planifiée pour l’automne 2011. De même, la diffusion du dessin animé Secret Mountain Fort Awesome est prévue pour 2011. Co-viewing (plus d'une personne regarde en même temps le même écran): Cartoon Network diffuse certains soirs des programmes originaux regroupés autour d’un thème. D’après Nielsen, la chaîne serait parmi les plus regardées de l’offre câble basic par les parents (18-49 ans) et leurs enfants (6-11 ans) le mercredi soir. Fiche synthétique : DISNEY CHANNEL Date : 14/04/2011 Basée à Burbank, en Californie, la chaîne du câble Disney Channel appartient à la Walt Disney Co. et sa présidente actuelle est Carolina Lightcap. La chaîne est distribuée dans 99 millions de foyers américains. Audimat : JOUR ENTIER (24h) : taux d’audience 0,7 (cela comprend tous les téléspectateurs d’un même foyer) soit 1,78 million de téléspectateurs ; PRIMETIME : taux d’audience 1,06 soit 2,17 millions de téléspectateurs ; JOURNEE : taux d’audience 0,4 soit 1,28 million de téléspectateurs. 2010 a été, pour Disney Channel, l’année où la chaîne a eu le plus de téléspectateurs avec 1,72 million de téléspectateurs en moyenne par jour, dont 623 000 enfants et 533 000 adolescents entre 9 et 14 ans. Programmation : Parmi les programmes phares figurent : Wizards of Waverly Place, Shake it up, Good luck Charlie, Phineas and Ferb, Fish Hooks. La grille de programmation de la chaîne compte 80% de programmes originaux et 20% de co-productions et acquisitions. Les principaux fournisseurs de programmes sont : Fremantle/Fresh, 9Story Entertainment, MarVista, Chorion et Nerd Corps. Ventes liées à la publicité : Les principaux clients de la chaîne sont : Best Western, Honda Odyssey, Sara Lee Soft & Smooth Bread, Milk PEP, Microsoft office, Xbox Kinect, Horizon milk et Chrysler. Merchandising : Les jeux vidéo et les vêtements Fineas and Ferb sont les produits dérivés qui marchent le mieux. Plus d’1,3 million d’exemplaires du jeu sur Nintendo DS ont été vendus à ce jour. Co-viewing (plus d'une personne regarde en même temps le même écran) : Disney Channel déclare être la chaîne pour enfants la plus regardée en primetime. Le nombre de mères (18-49 ans) qui regardent la chaîne avec leurs enfants en primetime a déjà atteint 12,3 millions d’après Nielsen. Fiche synthétique : DISNEY XD Date : 14/04/2011 Basée à Burbank, en Californie, la chaîne du câble Disney Channel appartient à la Walt Disney Co. et sa présidente actuelle est Carolina Lightcap. La chaîne est distribuée dans 99 millions de foyers américains. Disney XD est un spin off de Disney Channel. Sa programmation se compose de programmes d’action (animés ou non) et de quelques programmes plus ou moins récents empruntés à Disney Channel (programmes originaux, téléfilms…). Contrairement à Disney Channel, Disney XD diffuse des publicités pour des marques autres que celles appartenant à Walt Disney Co. La chaîne cible, comme public, les garçons de 6 à 18 ans. Audimat : JOUR ENTIER (24h) : taux d’audience 0,14 (cela comprend tous les téléspectateurs d’un même foyer) soit 282 000 téléspectateurs ; PRIMETIME : taux d’audience 0,15 soit 314 000 téléspectateurs ; JOURNEE : taux d’audience 0,1 soit 269 000 téléspectateurs. Au cours de l’année 2010, l’audience de la chaîne n’a cessé de progresser. Programmation : Parmi les programmes phares figurent : Wizards of Waverly Place, Suite Life on Deck, Suite Life of Zack & Cody, Phineas and Ferb, Kick Buttowski. La grille de programmation de la chaine est composée, à 60% de programmes originaux et, à 40% de co-productions et acquisitions. Ses principaux fournisseurs de programmes sont : Fremantle/Fresh, 9Story Entertainment, MarVista, Chorion et Nerd Corps. Ventes liées à la publicité : Les principaux clients de la chaîne sont : Mattel, Hasbro, Lego, Nintendo, Ubisoft, Campbell’s, Warner Bros. et Fox. Disney XD aimerait travailler avec plus de clients dans le domaine de l’électronique et des télécommunications pour l’année à venir. Merchandising : Les jeux vidéo et les vêtements Fineas and Ferb sont les produits dérivés qui marchent le mieux. Plus d’1,3 million d’exemplaires du jeu sur Nintendo DS ont été vendus à ce jour. Objectifs et opportunités : Après son lancement il y a deux ans pour remplacer Toon Disney, c’est finalement en 2010 que Disney XD a eu les meilleurs résultats. Il s’agit désormais de maintenir la chaîne au même niveau. Comme pour toutes les chaînes Disney, « l’idée est de toujours se dépasser, en termes de qualité et de quantité », a déclaré Carolina Lightcap. Co-viewing (plus d'une personne regarde en même temps le même écran): D’après la chaîne, 41% des femmes entre 18 et 49 ans regardent Disney XD avec leurs enfants entre 6 et 14 ans en primetime, ce qui la place en tête des chaînes pour enfants du câble dans ce créneau et sur cette population-là. Fiche synthétique : THE HUB Date : 14/04/2011 Détenue par Discovery Communications et Hasbro, Inc., the Hub est dirigée par Margaret Loesch. La chaîne est distribuée dans 60 millions de foyers. The Hub est une chaîne câble et satellite lancée le 10 octobre 2010 en remplacement de Discovery Kids (voir l’article du 4 mai 2010 The Hub, la chaîne des 2-12 ans). Elle est détenue par Hasbro - qui a racheté 50% des parts de Discovery Kids le 30 avril 2009 – qui gère la programmation et Discovery Communications qui est en charge de la publicité. Elle vise un public d’enfants de 6 à 12 ans le jour et de parents la nuit en diffusant d’anciens programmes (sitcoms, dessins animés, films). Audimat : JOUR ENTIER (24h) : taux d’audience 0,4 (cela comprend tous les téléspectateurs d’un même foyer) soit 70 000 téléspectateurs. PRIMETIME : taux d’audience 0,7 soit 105 000 téléspectateurs. JOURNEE : taux d’audience 0,4 soit 61 000 téléspectateurs. Depuis le 10 octobre 2010, The Hub, créée en remplacement de Discovery Kids, a vu le nombre de ses téléspectateurs dans les groupes démographiques clés augmenter considérablement. Programmation : Parmi les programmes phares figurent : My Little Pony: Friendship is magic, Pound puppies, Strawberry shortcake’s Berry Bitty Adventures, Transformers Prime et Family Game Night. Depuis sa création fin 2010, The Hub a produit 10 programmes originaux et acheté 23 programmes. Les producteurs de ces programmes sont : Hasbro Studios, Film Roman, Endemol, American Greetings et The Hatcherry, LLC. The Hub diffuse Comic Quantum Ray, une série animée de 26 épisodes de 22 minutes produite par l’entreprise française Moonscoop (2010). Ventes liées à la publicité : 75 des annonceurs les plus renommés travaillent avec The Hub. La raison est, qu’en grande partie, la chaîne est associée à des émissions très populaires. Pendant la semaine, 11 minutes par heure sont consacrées à la publicité ; le weekend 10 min.30. Le créneau pour les moins de 5 ans pendant la semaine (9h-13h) consacre 6 minutes par heure à la publicité. Merchandising : Certains contrats d’acquisition de programmes stipulent une participation du producteur dans le merchandising, mais la chaîne est trop récente pour l’exiger. Il est important de noter que la chaîne appartient à hauteur de 50% au fabricant de jouet Hasbro et que plusieurs programmes sont basés sur des produits préexistants. Objectifs et opportunités : Selon Margaret Loesch, « Il y a de la place pour la chaîne, surtout chez les 6-12 ans. Nous pensons que les marques traditionnelles représentent une grande opportunité. Si nous pouvons réinventer des séries traditionnelles de manière créative, les parents nous soutiendront en regardant ces séries ». Co-viewing (plus d'une personne regarde en même temps le même écran): D’après la chaîne, The Hub est la chaîne pour enfants du câble la plus regardée à la fois par les parents (18-49 ans) et les enfants (2-11 ans). Crédits d’impôt aux Etats-Unis : après dix ans de compétition entre territoires, les producteurs vont-ils devoir faire face à une baisse des offres ? Date : 12/04/2011 Depuis une dizaine d’années, et plus fortement depuis la crise économique de 2008, les Etats américains ont joué avec les crédits d’impôt pour attirer des tournages sur leur territoire. Cette arme fiscale redoutable et étudiée à la loupe par les producteurs américains, a joué un rôle très important dans la concurrence que se livrent les Etats pour attirer les productions audiovisuelles et cinématographiques. Depuis le début de l’année, les difficultés des Etats américains à boucler leurs budgets et les nombreuses réductions de dépenses publiques mettent en péril ces mesures fiscales. Aujourd’hui, plus de 80% des Etats américains ont adopté des mesures fiscales en faveur des tournages, qu’il s’agisse de films de cinéma, de télévision ou de publicités. Ces mesures fiscales sont en général des réductions sur les impôts futurs que la société de production devra payer ou un chèque de remboursement sur une partie des dépenses effectuées. A titre d’exemple, en Louisiane, le crédit d’impôt peut atteindre 30% des dépenses totales réalisées dans l’Etat. Si des résidents sont engagés sur le tournage, 5% de leur salaire est éligible pour une exemption de taxes salariales, avec un plafond de salaire fixé à 1 million de dollars par personne. Certaines villes et paroisses offrent des réductions supplémentaires et, au total, le crédit d’impôt louisianais peut attendre 42% des dépenses éligibles. Cette politique agressive menée par Bâton-Rouge a permis à la Louisiane de se positionner en troisième place en termes de production audiovisuelle (cinéma, télévision, publicité) derrière la Californie et New-York. Depuis 2006, près de 300 films ont été tournés en Louisiane, des indépendants, comme I Love You Phillip Morris, aux blockbusters, comme L’Etrange histoire de Benjamin Button. En Floride, l’Etat a mis en place en 2009 un fond de 10.8 millions d’euros destiné au Crédit d’impôt sur les tournages (film, télévision, publicité, etc.). Ces crédits varient de 10 à 22% selon le type de production et le pourcentage de locaux employés. Les films indépendants ainsi que les documentaires et les clips musicaux sont éligibles (voir aussi l’article du 8 juin 2010, La Floride met en place un crédit d’impôt dans le secteur audiovisuel). Le Michigan a mis en place le programme de crédit d’impôts le plus généreux sur le territoire américain, qui couvre jusqu’à 40% des dépenses faites au sein de l’Etat. Le budget minimum afin d’être éligible est de 50 000 dollars. Les productions peuvent également bénéficier de 2% additionnels si le tournage a lieu dans l’une des 103 zones déterminées au préalable (des friches industrielles nées des restructurations chez les grands constructeurs automobiles), dont la ville de Détroit. Le système mis en place au Nouveau Mexique (25% de crédit d’impôt) a permis quant à lui la constitution d’une main d’œuvre qualifiée qui est incontestablement un atout attractif. Les studios ne s’y trompent pas : l’équipe de Terminator Renaissance, par exemple, s’est installée pour 10 mois dans les nouveaux studios d’Albuquerque. Depuis 2008, l’Etat de Géorgie offre un crédit d’impôt de 20% sur des dépenses éligibles. 10% supplémentaires peuvent être alloués si les productions éligibles incluent un logo promotionnel « Géorgie » dans le produit final. La délocalisation des tournages hors des studios d’Hollywood a conduit la Californie, en 2009, à lancer son programme de crédit d’impôt, avec un investissement global de 500 millions de dollars (voir l’article du 27 janvier 2010, l’industrie cinématographique, nouvelle arme anti-crise des Etats américains). L’Etat a mis en place un crédit de 20% sur les dépenses locales, les postes fortement rémunérés étant exemptés de ce crédit. Les productions éligibles sont choisies par loterie. Certaines villes de l’Etat offrent des aides supplémentaires : San Francisco, par exemple, rembourse certaines taxes payées à la ville pour tout tournage faisant l’objet de dépenses d’au moins 600 000 dollars, dans la mesure où le projet prend place au sein de la ville, et en fait donc la promotion. Santa Clarita rembourse les taxes d’hôtel et autres taxes liées aux permis de tournage pour toutes les séries TV qui emploient des personnels locaux. La ville de Los Angeles a également mis en place certaines aides : parking gratuit dans certaines zones, crédits d’impôts supplémentaires, etc. A Culver City, la municipalité a suspendu pour 5 ans la taxe que devaient payer les productions filmant sur le territoire. Depuis la mise en place des aides en Californie, la commission du film estime que près de 120 projets de longsmétrages de cinéma, de films de télévision ou de séries télévisées, aidés par le programme, sont restés ou ont choisi la Californie. Ils ont dépensé au total près de 2,2 milliards de dollars et engendré 6 milliards de dollars de chiffre d’affaires pour l’économie californienne. En janvier 2010, Arnold Schwarzenegger, alors Gouverneur de l’Etat, avait déclaré : « Il s’agit de sauvegarder nos emplois, de stimuler notre économie, à savoir les traiteurs, les maquilleurs, les innombrables petites entreprises sur lesquelles reposent l’industrie cinématographique pour créer des emplois en Californie ». La Californie avait pris la décision de mettre en place ce programme après le départ très médiatisé des plateaux d’Hollywood pour les studios New-Yorkais de la série produite par ABC Ugly Betty. Le territoire de Porto Rico offre également jusqu’à 40% de crédit d’impôt. Les dépenses doivent être réalisées auprès de personnels ou d’entités basés à Porto Rico et elles incluent les équipements, les salaires versés à l’équipe, les voyages (si payés via une agence de voyage locale), les hôtels et toutes autres dépenses de pré-production, de production et de post-production. Afin d’être éligible, le projet doit être tourné à 50% à Porto Rico et faire l’objet de dépenses locales d’au minimum 1 million de dollars. Jusqu’à 50% des montants investis dans le projet peuvent également être éligibles, sous réserve que la production structure financièrement son projet à Porto Rico. >>Ces mesures sont cependant remises en question dans plusieurs Etats : A commencer par le plus généreux d’entre eux : le Michigan. Il y a quelques semaines, le nouveau gouverneur de l’Etat, le Républicain Rick Snyder, a annoncé qu’il estimait que ces aides coûtaient trop cher et que les retours en termes d’emplois étaient trop faibles. Cette analyse a été vigoureusement dénoncée par les acteurs de l’industrie, d’autant plus qu’une ancienne usine General Motors est en train d’être transformée en studio de cinéma. Une opération qui pourrait devenir un échec retentissant si les productions désertaient l’Etat. La proposition de Rick Snyder n’a pas encore été adoptée, mais elle apparaît comme le signal de ce qui pourrait être la fin, ou du moins, le ralentissement des aides publiques aux productions. Les producteurs de The Avengers, Marvel/Disney (2012), ont déjà annoncé que le tournage du film serait délocalisé en dehors du Michigan. S’il y a une chose que les producteurs d’Hollywood ne supportent pas, c’est bien l’instabilité ou les incertitudes. Dans de nombreux Etats, alors que le budget annuel est difficile à finaliser, le débat sur les niches fiscales et le crédit d’impôt fait rage. Depuis plusieurs semaines, la Pennsylvanie examine également la possibilité de supprimer le crédit d’impôt, se trouvant face à de grandes difficultés pour équilibrer le budget de l’Etat. La semaine dernière, le Nouveau-Mexique a choisi de maintenir son programme, mais au prix de nombreux débats et de la mise en place d’un montant maximal de dépenses annuelles fixé à 50 millions de dollars. Le législateur ne souhaitait pas perdre l’industrie du film et l’activité économique créée grâce à cette mesure, mais se trouvait confronté à un devoir d’équilibre entre les avantages donnés à l’industrie et les mesures prises en faveur de l’éducation, de la santé ou de la jeunesse. Le Gouverneur de l’Etat, Susana Martinez a insisté pour que le montant du crédit soit limité, déclarant ne pas pouvoir « continuer à subventionner Hollywood sur le dos de nos enfants et des plus vulnérables ». En 2010, l’Etat avait dépensé 65 millions de dollars au titre du crédit d’impôt pour les productions cinéma et audiovisuel. Fin 2010, l’Iowa avait, quant à lui, choisi de suspendre son crédit d’impôt. Cette suspension faisait, il est vrai, suite à un scandale : la découverte que des producteurs avaient largement gonflé leurs dépenses et leurs coûts afin de toucher un maximum de fonds de l’Etat. A Washington, des experts n’hésitent plus à ouvertement remettre en question ces avantages fiscaux. Certains, comme Robert Tannenwald du Center on Budget and Policy Priorities, estiment que les crédits d’impôt sont un leurre et qu’ils n’apportent absolument pas ce qu’ils étaient censés apporter en termes d’emploi et d’activité économique. Il cite l’exemple du Massachussetts qui n’aurait touché que 16 cents en retour par dollar dépensé. Le CBPP est un Think Tank à but non-lucratif basé à Washington. Soutenu par d’importantes fondations américaines, telles la Ford Foundation ou la John D. and Catherine. T MacArthur Foundation, il se consacre à l’étude des politiques fiscales américaines, au niveau fédéral et étatique, et à leur impact sur les classes moyennes et les classes défavorisées. La Tax Foundation, un autre Think Tank créé en 1937, pourtant souvent opposé aux analyses du CBPP, a, sur ce sujet, le même discours. Mark Robyn, un des économistes de la fondation, estime clairement que « les bénéfices économiques (des mesures de crédits d’impôt) sont grandement exagérés et qu’une partie importante des coûts engendrés est ignorée ». Du côté de la MPAA (Motion Picture Association of America), ces prises de position sont combattues. Vans Stevenson, responsable des affaires gouvernementales à la MPAA, dénonce vigoureusement les analyses et les calculs de Robert Tannenwald. Il reconnaît cependant que, désormais, ces mesures font à nouveau débat dans les Etats américains qui doivent boucler et équilibrer leurs budgets annuels. A mots couverts, la MPAA s’attend à une baisse de l’offre en matière de crédits d’impôt et s’il n’est pas prévu qu’ils disparaissent, une réduction des avantages et une baisse du nombre d’Etats offrant de tels avantages ne seront pas une surprise aux Etats-Unis. A l’heure actuelle, après l’Iowa, il se pourrait que le Michigan ou la Pennsylvanie suivent le chemin d’une remise en question du crédit d’impôt. La Californie ou le Nouveau-Mexique semblent aujourd’hui à l’abri, comme la Géorgie qui a maintenu fin mars son programme de soutien, malgré une recommandation d’arrêt du Conseil spécial de l’Etat sur la réforme de la fiscalité (Special Council on Tax Reform and Fairness). Sur la côte Ouest, la ville de Los Angeles (à travers notamment le Comité sur le développement économique en faveur de l’emploi, présidé par Richard Alarcon), réfléchit à plusieurs pistes pour encourager les tournages et stimuler l’industrie-phare de la ville. Ces pistes incluent de nouveaux crédits d’impôt et la création d’un « Film friendly L.A. » accordant des réductions aux équipes de tournages dans de nombreux commerces. Mathieu Fournet