La ville conjuguée au futur composé

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La ville conjuguée au futur composé
Pays des trois frontières
Q SAMEDI 22 OCTOBRE 2016
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SAINT-LOUIS Lancement du chantier du «multiparc du château d’eau»
L’emploi sur les rails
Dans une quinzaine de jours débuteront les opérations de déconstruction du site de l’ancienne gare marchande de Saint-Louis.
Celui-ci accueillera à terme un « multiparc » qui comblera une dent creuse locale en proposant des locaux adaptés et
adaptables au tissu local de petites et moyennes entreprises. Sa commercialisation vient de débuter.
A
REPÈRES
vec le château d’eau
fiché à proximité immédiate de ce nouveau terreau économique, difficile d’imaginer
signalétique plus flagrante…
C’est en effet à l’ombre du château d’eau ludovicien que s’implantera, dès l’année prochaine, un nouveau parc d’activité
dédié au seul tissu économique
des PME-PMI.
Imaginé et construit par la société Proudreed, leader national du foncier d’entreprise avec
une quarantaine de sites répartis dans toute la France, ce
« multiparc » aura pour vertu
première de combler une double dent creuse : une offre peu
abondante d’immobilier adapté aux petites entreprises, dans
le secteur. Et une friche à reconvertir.
Les bâtiments que projette de construire l’investisseur proposeront des lots modulables, adaptés aux entreprises.
130 à 180 emplois
attendus
« Saint-Louis et son territoire
bénéficient d’un tissu économique dense et varié, qui génère 15 000 emplois, nous avons
souhaité élargir l’offre et proposer un nouveau lieu de développement pour les PME et les
PMI », présente le maire de
Saint-Louis, Jean-Marie Zoellé,
qui a signé au nom de la municipalité, hier matin, l’acte de
vente de cette friche au profit
de l’investisseur Proudreed et
remis, dans la foulée, les
« clés » de l’ancienne gare à
son nouveau propriétaire.
Si les grandes industries du
secteur ont réussi à trouver
chaussure à leur pied, les petites et moyennes entreprises
peinent encore à s’insérer dans
le contexte urbain dense des
Trois Frontières. « Nous ne disposons pas de zones spécifiques pour soutenir le développement des PME et PMI, c’est
un manque », regrette le maire
de Saint-Louis.
d’industries ni de logistique,
donc pas de flux importants de
camions. On sera sur le rythme
d’un porteur par entreprise et
par semaine, au vu de nos
autres réalisations. »
« Le profil
des locataires sera
très hétéroclite »
« Notre produit immobilier sera destiné à satisfaire ce type
d’entreprises, assure Christophe Le Corre, le président de
Proudreed. Nous avons identifié un manque de locaux d’activité neufs et modulables et
nous allons créer un outil immobilier sur le modèle de notre
opération-phare en Alsace, le
Parc des Forges à Strasbourg,
qui accueille des entreprises
très diversifiées. »
« Le profil des locataires sera
très hétéroclite, confirme Antoine Laboureur, directeur du
développement chez Proudreed. Les bâtiments seront
modulables, divisibles en petites surfaces en fonction de la
demande des entreprises, trois
d’entre eux, notamment, pro-
DR-ARCHI-TECTURA
Une pépinière
d’entreprises
ensuite ?
La destruction des bâtiments de l’ancienne gare marchande de
Saint-Louis débutera d’ici 15 jours. PHOTO DNA - JFO
poseront des lots à partir de
150m². Locaux d’activités, bureaux, services aux entreprises, laboratoires et pourquoi
pas également services à la personne comme des crèches,
nous pourrons accueillir tout
type d’activité. Mais le commerce ne sera pas la destination première, il ne s’agit pas
d’en faire une nouvelle zone
commerciale ! »
Mixité économique sera donc le
maître mot de ce programme, a
priori taillé sur mesure pour les
petites entreprises.
Et quid de la mixité urbanistique, le multiparc s’intégrant
dans un foncier dense, entouré
de logements ? « Ce sera une
greffe légère et le projet n’aura
rien de nuisible pour les habitants du secteur, assure Antoine Laboureur. Il n’y aura pas
Enfin l’aménagement du site
accorde une grande place au
traitement paysager. le multiparc sera donc à dominante
verte.
L‘accessibilité ayant son importance, la municipalité a engagé l’aménagement d’un giratoire près d’une grande surface
dédiée au bricolage, et, petit
clin d’œil, a achevé ce dernier
le jour de la cession du terrain…
Les premières PME pourront
s’implanter au multiparc du
château d’eau dans un an, l’investisseur prévoyant la livrai-
Le futur « Multiparc du château
d’eau » représente, pour la
société Proudreed, un investissement de 12 millions d’euros.
Il sera aménagé sur une surface
de 3,5 hectares le long de la rue
de Mulhouse, correspondant à
l’ancienne gare de marchandises de Saint-Louis, en friche
depuis plus d’une dizaine d’années. Tous les bâtiments seront
détruits à l’exception des anciens bureaux, qui pourront être
reconvertis en pépinière d’entreprises, dans un deuxième temps.
Six bâtiments seront construits,
d’une surface globale de
11000m². Ils seront notamment
desservis par le nouveau giratoire dont la construction vient de
s’achever à l’intersection de la
rue michelfelden et de la rue du
rail.
A terme, une quarantaine
d’entreprises locataires pourront se déployer dans ces bâtiments, et devraient représenter
entre 130 et 180 emplois.
Le désamiantage et la déconstruction de l’ancienne gare
interviendront au courant du
mois de novembre, et les premières constructions sortiront
de terre au printemps prochain.
Le multiparc devrait être livré
pour la fin de l’été 2017, selon
Proudreed.
son des bâtiments en août prochain. A plus long terme, une
pépinière d’entreprises pourrait être implantée dans les anciens bureaux de la gare. « Cela
me semble logique, on loge les
entreprises en phase d’éclosion, et on propose de quoi les
garder ensuite sur notre secteur, via ce multiparc », imagine Jean-Marie Zoellé. Le tissu
de PME mérite effectivement
d’être soigné.
JEAN-FRANÇOIS OTT
R
SIERENTZ Urbanisme
La ville conjuguée au futur composé
Pendant toute la semaine,
une trentaine d’étudiants en
architecture ont planché sur
le futur de Sierentz. A quoi
pourrait ressembler la commune en 2050 ? la réponse
ne se trouve pas dans une
boule de cristal…
LA MÉDIATHÈQUE INTERCOMMUNALE A SERVI DE CAMP DE
BASE à ces étudiants en master
1 à l’école d’architecture de
Strasbourg ainsi qu’à celle de
Saint-Etienne, pour alimenter
un workshop, un cercle de réflexion, sur ce à quoi ressemblera Sierentz dans 40 ans.
Pour penser la ville de demain,
une bonne dose d’utopie est
requise, mais également la faculté de bien discerner les réalités de l’urbanisation, celle de
ressentir le quotidien des habitants pour appréhender les
vrais enjeux de l’évolution de
la trame urbaine.
Pour les étudiants et leurs enseignants, qui ont vécu ce
F31-LSL 01
workshop en immersion totale
(ils étaient logés chez l’habitant), c’était une première enthousiasmante. « Cela leur a
permis d’être en prise directe
avec leur sujet d’étude, abonde
Claude Tautel, enseignant à
Saint-Etienne. Et de comprendre vers quoi doit tendre l’architecture pour reposer sur un
intérêt public. Il ne s’agit pas
de s’enfermer dans son métier. »
Le futur est simple
à imaginer
Et Sierentz représente visiblement un sujet d’études intéressant. « Les gares, notamment,
sont un enjeu considérable de
la métropole. Or à Sierentz, il y
a matière à rechercher des solutions dynamiques pour résoudre ce qui ne fonctionne
pas ».
Pour les architectes, le futur
est simple à imaginer : « Sierentz, et au-delà tout le territoire des Trois Frontières, sera
un lieu de plus en plus deman-
Les étudiants en architecture ont décortiqué l’urbanisme de Sierentz pour imaginer le
développement de la commune dans les décennies à venir. PHOTO DNA - JFO
dé et habité. »
Parmi les pistes de réflexion
proposées par les étudiants, figurait la mobilité, en bonne
place d’ailleurs. Ceux-ci ont
suggéré la mise en réseau des
modes de transport, en faisant
rayonner des pistes ou des itinéraires cyclables autour de la
gare, en implantant une navet-
te intercommunale qui puisse
relier les villages alentours et
les pôles de vie de Sierentz,
voire en imaginant une épicerie mobile qui serait présente à
la gare aux heures de pointe.
Quant à la gare, ils l’envisagent comme une nouvelle zone
centrale de Sierentz, dotée
d’un parking à étages, dont le
rez-de-chaussée est imaginé
comme le prolongement de
l’espace public. Aux alentours,
la rue du maréchal Foch serait
réaménagée pour être débarrassée de ses voitures-ventouses et doper le commerce local.
Les suggestions n’ont pas
manqué. Les étudiants sauront-ils convaincre les élus ?
Pour le maire de Sierentz JeanMarie Belliard, ces réflexions
sont à l’épreuve d’une évolution naturellement lente de
l’urbanisme. « Ils tracent une
piste, proposent un fil rouge
dont les prochains conseils
municipaux s’inspireront ».
Ce sera une forme d’héritage
pour les futurs élus, des idées
à prendre en compte pour
s’éviter toute inflexion vers la
pensée unique, suggère-t-il. A
suivre…
JF-OTT
R

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