Roger SERAIN
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Roger SERAIN
Sport De Modane à Bonneval Haute précision A Modane, le club de tir sportif propose différentes disciplines à ses adhérents. Roger Serain est l’un des plus anciens tireurs du club. Féru de précision, il fait partie des meilleurs Européens de benchrest, une spécialité qui exige des tirs parfaits à 100, 200 ou 300 mètres de distance. « Le bench, c’est la Formule 1 du tir sportif. A 100 ou 200 mètres de distance, tout se joue au millimètre près. » Roger Serain, un habitant d’Avrieux, fait partie du petit monde du benchrest, une discipline sportive importées des Etats-Unis il y a une trentaine d’années. Le benchrest se pratique assis derrière une table. Pour une plus grande précision, l’arme, équipée d’une lunette à très fort grossissement, repose sur des supports adaptés et réglables. Le but est de tirer 5 balles dans une cible à 100 ou 200 mètres. Le “tir au groupement” consiste à concentrer les impacts sur la plus petite surface possible. Les meilleurs parviennent à placer leurs 5 balles en quelques millimètres ! « C’est un tir très très technique, qui exige de nombreux perfectionnements mais aussi une solide expérience. Il faut parfaitement connaître son matériel et rester particulièrement attentif aux conditions climatiques : notre plus grand ennemi est le vent. Quand tout se joue à 1 ou 2 millimètres près, il suffit que la balle soit à peine déviée pour perdre la partie » explique Roger Serain. Ce retraité de l’Onera a toujours été bon tireur, à la chasse ou en club. Mais il cherchait toujours plus de précision. Et, logiquement, quand on lui a parlé du benchrest au début des années 80, il a foncé. En 1981 il est parti aux Etats-Unis se frotter aux cadors mondiaux de la discipline. Et il a décroché une belle 3ème place qui lui a permis de démarcher la fédération de tir. Le bench français était né. Régulièrement sélectionné en équipe de France alors qu’il ne peut pas vraiment s’entraîner faute de stand adéquat, Roger Serain a été envoyé participer à des championnats du monde ou d’Europe aux Etats-Unis, en Nouvelle-Zélande, en Europe du Nord, en Italie... Avec de beaux résultats à la clef comme le prouvent les vitrines de son salon où s’accumulent coupes et médailles. De l’horlogerie pour gagner des millimètres Roger Serain. « Les snipers sont loin d’avoir notre précision » assure le spécialiste du benchrest. Les tireurs de bench préparent eux-mêmes leurs balles. Par exemple, quand le vent est fort, ils ajoutent plus de poudre. A gauche, une petite partie des trophées remportés par Roger Serain. « En compétition, il faut avoir envie de gagner, sinon on reste à la maison. C’est la condition pour obtenir des résultats » explique le tireur. Si le bench a été à la mode jusque dans les années 90, les compétiteurs ne sont plus qu’une poignée en France aujourd’hui. La faute à de longues compétitions qui engendrent d’importants frais d’hébergement. Mais pas seulement. La discipline est très technique, avec de la mécanique de précision, presque de l’horlogerie, et même une bonne dose de physique et de chimie. Si certains tireurs fortunés achètent leur arme prête à l’emploi, les amateurs de bench préparent généralement eux-mêmes leur canon. Ils modifient aussi leur carabine pour pouvoir charger plus rapidement. Le but est encore une fois de gagner en précision : quand les conditions de vent sont favorables et que la cible est ajustée, les 5 balles sont tirées en quelques secondes. « Le chargement balle par balle se fait presque d’instinct, de même que la remise en batterie. On garde toujours un œil sur les girouettes pour surveiller le vent, les mains doivent donc travailler de manière automatique » détaille Roger Serain. Quant aux munitions, elles sont aussi préparées spécialement le jour du tir. En fonction du vent, les tireurs font varier la quantité de poudre. « Je travaillais à l’atelier de l’Onera, je connais la mécanique et ces préparations sont sans doute plus faciles pour moi » avoue Roger Serain. Equipé de machines avec notamment un tour, une doseuse volumétrique pour la poudre ou une mini presse pour ses balles, il peut modifier totalement son arme et préparer ses munitions. « Mais c’est vrai que lorsque je parle de toutes ces préparations, les tireurs sont souvent un peu freinés. Ils se disent que ce n’est pas pour eux. » Et pourtant le bench représente le tir de précision ultime. La comparaison avec un sniper fait d’ailleurs sourire Roger Serain : « sniper, ce n’est rien à côté de nos cartons. Ils font du tir longue distance mais je ne crois pas qu’ils soient capables de placer 5 balles en quelques millimètres… » Quant au côté arme à feu, le tireur d’élite est affirmatif : « on pratique un sport de compétition et le bench est à l’opposé des armes de guerre. Nos carabines sont peintes, décorées. Dans les stands, on ne voit pratiquement jamais de kaki. Le tir sportif est une discipline pacifique qui demande de l’entraînement mais aussi une vraie maîtrise de soi : au bench il faut savoir aller vite mais sans s’affoler. C’est peut-être pour cela que les anciens ont de meilleurs résultats que les jeunes. Il faut de l’expérience et savoir rester calme en toute circonstance, qu’on soit à l’entraînement ou en lice pour un championnat du monde. » Grâce à ses machines (ci-dessus un tour), Roger Serain peut entièrement modifier ses armes. Le but est d’obtenir une mécanique toujours plus précise. Le club de Modane Avec près de 120 adhérents, le club de tir de Modane regroupe toutes sortes de profils. Du bambin de 8 ans en école de tir au vétéran de plus de 80 ans. Si les chasseurs sont très minoritaires au sein du club, les femmes sont bien représentées. Grace à ses différents stands (en extérieur au Pâquier et à Loutraz, en intérieur au gymnase), le club peut proposer plusieurs disciplines : pistolet et carabine olympiques, armes réglementaires, tir de vitesse… Et les résultats sont là : depuis sa création à la fin des années 60, le club a accueilli et formé plusieurs champions nationaux. « Avec des qualités et quelques années de travail, on peut arriver à un niveau national » assure le président Bruno Casarin. Loin de l’ambiance fana militaire, le tir sportif exige concentration, rigueur et une certaine préparation physique : garder le bras tendu pendant 1h30 pour viser des cibles à 10 mètres demande un entraînement spécifique. Mais le tir sportif permet avant tout de faire le vide comme l’explique Bruno Casarin : « quand on tire, on est exclusivement concentré sur sa cible, on oublie ses soucis. Certains adhérents viennent avant tout pour apprendre à se maîtriser car être un bon tireur exige un vrai travail de contrôle sur soi. » Renseignements : Bruno Casarin au 04 79 20 31 70.