Dossier pédagogique

Transcription

Dossier pédagogique
RIEN
Une création du Théâtre du Loup
Du 04 au 20 novembre 2016
Dossier pédagogique
RIEN
D’après Janne Teller
Traduction Laurence W. Ø. Larsen
Editions (Les Grandes Personnes)
du 04 au 20 novembre 2016
mercredi, jeudi et samedi 19h,
vendredi 20h, dimanche 17h
durée : 1h50
dès 14 ans
Mise en scène Ludovic Chazaud
Avec la collaboration de Marie Probst et Rossella Riccaboni
Ecriture pour la scène Ludovic Chazaud
Scénographie Eric Jeanmonod
Création lumière Michel Guibentif
Création musicale et sonore Alexis Gfeller et Cédric Simon
Images vidéo Elisa Larvego-Senn et Simon Senn
Costumes Olga Kondrachina
Accessoires Leah Babel et Janice Siegrist
Technique Stéphane Charrier
Administration Pauline Catry
Promotion Esther Jochmans
Accueil Romaine Chappuis
Avec
Paola Arizzi, Lucie Berger, Mirko Blum,
Luna Desmeules, Nelson Duborgel, Marie Fuhrer,
Lisa Harder, Solal Karli, Noa Pellizari, Maks Minkovich,
Elliot Sanchez, Julie Richard, Zoé Fontana-Upjohn
10, Chemin de la Gravière 1227 Les Acacias, Genève
www.theatreduloup.ch
T+41 22 301 31 00
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Table des matières
La quête du sens........................ p.
Amitié, mensonges et trahison... p.
Sur l’amour................................ p.
L’influence d’un groupe.............. p.
Sur l’art...................................... p.
Pour aller plus loin..................... p.
4à7
7 à 10
10 à 12
12 à 15
15 à 18
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Mode d’emploi
Pour vous faire découvrir le texte Rien de l’auteure Janne Teller ainsi que l’adaptation théâtrale de Ludovic Chazaud, nous vous proposons quelques extraits du
roman, suivis des scènes correspondantes pour le théâtre.
Des propositions de réflexion sur les thématiques, ainsi que certaines pistes de
travail avec les élèves accompagnent ce choix de scènes. Cela vous permettra
d’apprécier l’écriture romanesque d’un côté ainsi que celle dramatique pour la
scène de l’autre.
Afin faciliter la compréhension entre les 2 versions, nous donnerons en haut de
page les détails du contexte de la scène, ainsi que les modifications concernant
notamment le nom de certains personnages.
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La quête du sens
Extrait 1
Contexte : L’histoire se passe dans la petite ville de Tæring, au Danemark. C’est
le premier jour d’école, après les vacances d’été et tous les élèves se retrouvent.
Subitement l’un d’entre eux, Pierre Anthon, quitte la classe pour aller se percher
dans un prunier. De là-haut il déclarera, moqueur et imperturbable :
« Rien n’a de sens, je le sais depuis longtemps.
Il n’y a donc rien à faire, je viens de le découvrir. »
Tiré du livre de Janne Teller (page 6)
« Pierre Anthon a quitté l’école le jour où il a découvert que rien ne valait la peine
d’être fait puisque, de toute façon, rien n’avait de sens.
Nous, on est restés.
Et même si les professeurs ont fait en sorte de remettre de l’ordre derrière Pierre
Anthon, autant dans la salle de classe que dans nos têtes, c’est peut-être pourquoi
ça s’est passé comme ça.
C’était la deuxième semaine d’août. Le soleil tapait fort, nous rendait paresseux et
irritables, l’asphalte collait à la semelle de nos tennis, les pommes et les poires
étaient si mûres qu’elles pesaient dans la main, bonnes à être jetées. Nous marchions tête baissée.
Premier jour d’école après les grandes vacances. La salle de classe sentait les produits ménagers et l’abandon prolongé, les vitres renvoyaient des reflets aveuglants,
et il n’y avait pas de craie sur le tableau. Les tables se tenaient en rang par deux,
en lignes droites comme des couloirs d’hôpitaux et comme elles ne le faisaient que
ce jour-là de l’année. 4e A.
On a pris nos places sans avoir le courage de bousculer l’ordre familier.
Eskildsen nous a souhaité la bienvenue avec le mot d’esprit qu’il utilisait chaque
année.
« Réjouissez-vous de ce jour, les enfants, a-t-il dit. Il n’y aurait pas de vacances,
s’il n’y avait pas d’école.»
On a ri. Pas parce que c’était drôle, mais parce qu’il l’était.
Et c’est là que Pierre Anthon s’est levé.
« Rien n’a de se sens, a-t-il dit. Je le sais depuis longtemps. Il n’y a donc rien à
faire. Je viens de le découvrir. »
Très tranquillement, il s’est penché et a rangé dans son sac les affaires qu’il venait
de sortir. Il a salué tout le monde d’un geste de tête indifférent et a quitté la salle
de classe sans fermer la porte derrière lui.
La porte souriait. C’était la première fois que je la voyais faire. Pierre Anthon l’avait
laissée entre-baillée, comme un néant riant qui m’avalerait si je m’aventurais à le
suivre. Souriait à qui ? A moi, à nous. J’ai regardé tout autour, et le silence embarrassé m’a dit que les autres aussi l’avaient remarqué.
On allait pourtant devenir quelque chose.
Quelque chose, ça voulait dire quelqu’un d’important, et ce n’était pas dit tout haut.
Ni même tout bas. C’était dans l’air, ou le temps, ou dans la clôture autour de
l’école, ou dans nos oreilles, ou dans les peluches, qui, leur devoir accompli, étaient
injustement reléguées dans les caves et les greniers à prendre la poussière. »
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La quête du sens
Tiré de la version scénique de Ludovic Chazaud
Scène 1 : Rien n’a de sens, le départ de Pierre Anthon
Agnès : Bonsoir à tous.
Voici l’histoire de Pierre Anthon.
Pas un mauvais mec, plutôt sympa même.
Toujours été bien intégré dans notre classe.
Oui, nous étions tous dans la même classe, dans la ville de Tæring.
Un copain, un ami.
Un jour il a tourné la carte.
Il est parti dans des pensées extrêmes et pas rassurantes sur la vie et le monde.
Il vivait avec son père et la communauté au 25 de la rue Tæring, dans une ancienne ferme.
Son père et la communauté étaient des hippies qui se croyaient encore en 68.
C'était ce que disaient nos parents, et même si on ne comprenait pas tout à fait
ce que ça signifiait on le disait aussi.
Le matin de la rentrée des classes il a sorti un truc :
Pierre Anthon : Rien n'a de sens, je le sais depuis longtemps.
Il n'y a donc rien à faire.
Je viens de le découvrir.
Agnès : Il a rangé tranquillement ses affaires et a quitté la classe.
Il a abandonné plutôt que de continuer à rêver qu’on peut devenir quelqu’un.
Quelqu’un de bien.
C’est radical comme abandon.
Il est allé s'installer dans un prunier.
C’est une métaphore si vous voulez.
Tout le monde a envie de devenir quelqu’un.
Pour lui, plus rien n’avait d’importance.
Pierre Anthon : Rien n'a de sens, je le sais depuis longtemps.
Il n'y a donc rien à faire.
Je viens de le découvrir.
Chœur
Nous ?
On est resté
Nous
On est resté
Nous tous
Seuls
Agnès : C'est peut-être pourquoi ça s'est passé comme ça.
On allait devenir quelqu'un, quelqu’un d'important, et ça, ce n'était pas dit tout
haut. Ni même tout bas.
Chœur
C'était dans l'air
Ou dans le temps
Ou dans la clôture autour de l'école
Ou dans nos oreillers
Dans nos chaussures
Dans nos veines
Dans nos bagarres
Nos baisers
Nos courses
Nos maquillages
Nos musiques
Nos rigolades
Nos bols de céréales
Dans nos coiffures
Nos premiers poils
Nos miroirs
Dans nos peluches
Nos peluches ?
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La quête du sens
Rikke-Ursula : Oui nos peluches, qui leur devoir accompli, étaient injustement
reléguées dans les caves et les greniers à prendre la poussière.
Pierre Anthon : Rien n'a de sens, je le sais depuis longtemps.
Il n'y a donc rien à faire.
Je viens de le découvrir.
Jan Johan, agacé : On a compris, Pierre Anth’ !
Agnès : La vie avait un sens pour nous.
Pierre Anthon ne pouvait pas dire ça nous allions devenir quelqu’un.
Non ?
On devait le faire descendre de ce prunier !
Le ramener dans la classe, parmi nous.
C’est cette histoire que l’on va vous raconter.
L’histoire de Pierre Anthon.
Le garçon pour lequel on a accumulé tout un tas de choses qui avaient du sens
pour nous.
Nous devions le lui prouver !
Chacun d’entre nous a commencé à demander à un autre de livrer ce qui avait le
plus de sens pour lui.
C’est cette histoire que l’on va raconter, celle de Pierre Anthon.
Une histoire de notre enfance.
Celle de la perte de ce qui avait du sens pour nous.
Cette histoire est la nôtre.
La nôtre en fait
Je m’appelle Agnès.
J’avais 13 ans.
J’ai dû me séparer de mes sandales vertes, vous pensez que ça ne signifie rien ?
Pour moi, à ce moment de ma vie, elles signifiaient beaucoup.
Je peux dire aussi maintenant que ça a été le tout petit grain de sable qui déclencha l’avalanche malheureuse.
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La quête du sens
Thématique
La quête du sens. Avez vous déjà réfléchi au sens de la vie, et de la vôtre en
particulier ?
Dans la fable de Tæring, Pierre Anthon quitte sa classe sous prétexte que rien
n’a de sens et va se mettre dans un arbre. Quelle serait votre réaction si cela se
produisait parmi vos amis ?
Quels arguments développeriez-vous pour le faire revenir parmi vous ? Dans les
circonstances actuelles avez vous déjà dû vous battre pour convaincre une personne qui vous est chère de ne pas partir, de ne pas abandonner. Face à l’abandon, quel sentiment prend le dessus chez vous ?
Exercice : Chaque élève prend le temps d’écrire une liste des dix choses et/ou
personnes qui ont un sens pour lui. Puis on échange les listes une première fois
à l’aveugle. Chaque liste sera lue à voix haute à l’ensemble du groupe. Puis cette
liste sera passée à une nouvelle personne qui, pour entrer dans la fiction, donnera la raison de son attachement à l’un ou l’autre des éléments de cette liste.
Amitié, mensonge et trahison
Extrait 2
Contexte : Agnès, la narratrice de l’histoire a dû renoncer à ses belles sandales
vertes. C’est Gerda qui lui a demandé ce sacrifice, et Agnès va mettre au point
une vengeance terrible… On retrouve les 2 jeunes filles dans la chambre de
Gerda, d’abord chez sa mère, ensuite chez son père.
Tiré du livre de Janne Teller (page 29)
« Ça m’a pris trois jours pour trouver le point faible de Gerda, mais pendant ces
trois jours, j’ai été adorable avec elle.
Je ne m’étais jamais intéressée à Gerda. Elle avait une façon bien à elle de postillonner quand elle parlait, et encore plus quand elle riait, ce qu’elle faisait
presque tout le temps. Et puis elle ne pouvait pas laisser Rikke-Ursula en paix, et
Rikke-Ursula était ma meilleure amie et quelqu’un de spécial puisqu’elle ne portait, en plus des cheveux bleus et six nattes, que des vêtements noirs. Si ma
mère ne s’était pas entêtée à tout saboter avec des achats colorés, j’aurais pu,
moi aussi, n’avoir que des vêtements noirs. À l’heure qu’il était, je devais me
contenter d’un pantalon noir, de deux tee-shirts noirs avec des jeux de mots en
anglais et d’un pull en laine noir trop chaud pour ce début septembre.
Mais maintenant, c’était de Gerda qu’il s’agissait.
On a échangé des élastiques à cheveux, j’ai chuchoté avec elle à propos des garçons et lui ai fait croire que j’aimais bien le grand Hans (ce qui n’était pas vrai du
tout, mais, même si on ne doit pas mentir, c’était ce que mon grand frère appelait un cas de « force majeure »; je n’étais pas tout à fait sûre de ce que ça voulait dire, mais en tout cas, ça impliquait que l’on avait, exceptionnellement, le
droit de mentir).
Les deux premiers jours ne furent pas très concluants. Gerda ne tenait apparemment pas à grand-chose. Ou peut-être m’avait-elle vue venir. Il y avait bien de
vieux chromos qui lui venaient de sa grand-mère maternelle, mais je savais
qu’elle n’y avait pas touché depuis la sixième.
7
Amitié, mensonge et trahison
Et puis, elle m’a montré une photo de Tom Cruise dont elle était complètement
mordue et qu’elle embrassait tous les soirs avant de dormir. Elle avait aussi
toute une pile de romans-photos avec des médecins qui embrassaient des infirmières et qui vivaient ensuite heureux jusqu’à la fin de leurs jours. Je dois reconnaître que je les aurais bien empruntés et Gerda aurait sans doute versé une
ou deux larmes de devoir s’en séparer, mais ça n’était quand même que des histoires et pas vraiment quelque chose. Non, c’est seulement le troisième jour que
j’ai trouvé.
On était dans sa chambre, à boire du thé et à écouter une cassette offerte par
son père, quand j’ai découvert son point faible. Les jours précédents, on avait
été chez sa mère, où sa chambre était remplie de trucs de fille et de bibelots. Ce
jour-là, nous étions chez son père, chez qui elle habitait une semaine sur deux.
Et ce n’était ni la stéréo, ni le fauteuil en plastique gonflable, ni les posters
d’idoles sur les murs qui rendaient cette chambre différente de celle de chez sa
mère, car là-bas aussi elle avait une stéréo et un fauteuil en plastique gonflable
et des posters d’idoles aux murs. Ce qui rendait cette chambre spéciale, c’était
dans un coin, une énorme cage avec un tout petit hamster dedans.
Le hamster s’appelait Oscarpetit, et le lendemain, j’ai dit que c’était Oscarpetit
que Gerda devait déposer sur le mont des significations. »
Tiré de la version scénique de Ludovic Chazaud
Scène 8 : La mauvaise amie
Le soir dans la chambre de Gerda.Elles lisent des magazines en pyjama
Gerda : Trois.
Agnès : Trois, t'es malade?
Gerda : Au moins.
Agnès : Au dessus de deux c'est du suicide.
Gerda : Ouais.
Je me suis tellement fait chier toute seule.
Agnès : Y'a des jours où j'aurais étripé mon frère.
Gerda : Je le trouve trop beau.
Agnès : T'es vraiment dérangée.
Gerda, montrant une photo : Tu connais?
Agnès : Tom Cruise?
Gerda, elle embrasse la photo : Ton frère, il lui ressemble carrément.
Agnès : Je vais dégueuler.
Gerda : Parce que tu crois que Hans il est mignon?
Agnès : Si t'en parles à quelqu'un…
Gerda : C'est bon, détends toi. J'embrasse Tom tous les soirs avant de dormir.
Un temps. Je suis débile?
Agnès : Mais non… Il a pas toujours le même nez sur toutes les photos?
Gerda : Laisse tomber. Tu veux encore du thé?
Agnès : Merci. Parlant des magazines. Je te les emprunterais bien.
Gerda : Oublie, ils restent chez ma mère. Si tu veux les lire tu les lis ici.
Agnès : Sans déconner?
Gerda : J'en avais prêté un à cette nouille de Rikke-Ursula, elle me l'a rendu tout
corné.
Agnès : Quelle nouille…
Gerda : Je déteste ça. Tu connais Gossip girl?
8
Amitié, mensonge et trahison
Agnès : Gossip girl? Elle délirait ou quoi?
Trois jours, j'ai mis trois jours pour trouver son point faible.
Adorable avec elle.
Jamais je m'étais intéressée à elle.
Gerda ne laissait jamais tranquille Rikke-Ursula, et Rikke-Ursula était ma meilleure amie.
Une nouille? Elle délirait!
Rikke-Ursula assurait sur tout, elle. Elle portait toujours des vêtements noirs et si ma mère
ne s'était pas entêtée à tout saboter avec des achats colorés j'aurais pu, moi aussi, n'avoir
que des vêtements noirs.
Focus!
Je devais rester focus sur Gerda.
On avait échangé des élastiques à cheveux.
Chuchoté sur les garçons.
Tom Cruise? La blague des années 80. Je lui avais raconté que j'aimais Hans, ce n'était pas
bien de mentir mais il s'agissait d'un cas de force majeur.
La percer à jour.
Les magazines auraient pu être un bon plan, j'aurais moi-même bien aimé en avoir chez
moi.
Mais, un soir, chez son père j'ai trouvé!
Gerda :… et il lui roule une pelle de dingue.
Agnès : Le rêve.
Gerda : Elle fait la pouffiasse depuis une semaine.
Agnès : Derrière le cinéma c'est pas non plus hyper glamour.
Gerda : Dans la pisse des clodos.
Un temps.
Gerda : C'est chouette que tu restes ce soir.
Agnès : Clairement. Ton père il assure, il est hyper sympa.
Gerda : J'avoue. Il aurait voulu faire du piano ma mère l'en a empêché : pas
assez de stabilité.
Agnès : Il joue encore?
Gerda : Hyper bien.
Agnès : T'as exactement les mêmes choses chez ta mère et ton père.
Gerda : Ils veulent pas que ça me perturbe, que je me sente chez moi, ici et
là-bas sans aucune différence.
Agnès : Ça marche?
Gerda : Regarde. C'est Oscarpetit.
Agnès : Non!!! Wahouhou. Il est trop beau. Ses petites moustaches: love.
Gerda : Je vais lui chercher une pomme, tu vas voir.
Gerda : Il en met dans ses bajoues, pour plus tard.
Agnès : J'avais trouvé?
Agnès : Oh la tête, j'adore! On dirait le prof…
Gerda : Pour faire enrager ma mère mon père a trouvé la parade. Oscarpetit. Tout est différent grâce à lui. Je lui raconte toujours tout. Les semaines
chez mon père je me sens vraiment… importante.
Agnès : Trouvé!
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Amitié, mensonge et trahison
Thématique A
L’amitié, la trahison, la vengeance. Qu’est ce qui nous pousse à nous venger, à
trahir ou rechercher l’amitié d’une personne ?
Thématique B
La valeur d’un objet est-elle plus importante ou aussi importante que celle d’un
être vivant ?
Dans RIEN, les objets suivants sont mis sur le mont de signification : une paire
de sandales vertes, le hamster de Gerda, les cheveux bleus de Rikke-Ursula, le
drapeau du Danemark de Frederik, le vélo jaune de Hans, le voile de Kadija, l’index droit de Jan Johan... Selon vous, dans cette liste, y a-t-il une progression
logique dans l’escalade de la violence ? Pouvez-vous imaginer le sens et la valeur
de chacun de ces objets : Déposer ses sandales vertes ou son voile ou ses cheveux sur le Mont, est-ce la même chose? Ces objets ont-ils la même valeur? Que
représentent-ils pour chacun des personnages ?
Exercice : Par groupe de 2, imaginer une situation où vous devez faire croire à
l’autre que vous êtes devenu sont meilleur ami, afin de trouver ce qui est le plus
important pour lui. Puis au moment où il se dévoile enfin, repoussez-le.
Sur l’amour
Extrait 3
Contexte : Depuis son prunier, Pierre Anthon se moque d’Agnès et Rikke-Ursula.
Il leur balance un dur propos sur l’amour, qui pour lui, comme tout le reste ne
dure pas toujours.
Tiré du livre de Janne Teller (page 40)
« Qu’est-ce que vous croyez, les filles, avec vos jules? avait-il lancé le matin
même quand j’étais passée devant le 25 rue de Tæring, bras dessus, bras dessous avec Rikke-Ursula. D’abord on est amoureux, et puis on sort ensemble, et
puis on ne s’aime plus et on se sépare.
- Ta gueule ! » a crié Rikke-Ursula très, très fort.
Peut-être se sentait-elle particulièrement visée, car on venait justement de parler de Jan-Johan et de ces sentiments impossibles à contrôler ou même à comprendre.
Pierre Anthon a ri et a continué, amical :
« Et c’est comme ça chaque fois, jusqu’à ce que vous soyez tellement fatiguées
de cette rengaine que vous choisissiez de faire comme si celui qui se trouvait
dans le coin à ce moment-là était l’unique. Quand j’y pense !
- Mais ta gueule ! » ai-je répété et je me suis mise à courir. Parce que même si
je n’avais pas de petit ami et ne savais pas qui ça aurait pu être si j’avais dû en
choisir un à l’instant, j’en voulais un, et vite. Et Pierre Anthon ne devait absolument pas se mêler de gâcher mon histoire d’amour avant même qu’elle ne se
réalise.
Rikke-Ursula et moi, on a couru le reste du chemin jusqu’à l’école. On ne se souvenait pas d’avoir jamais été d’aussi mauvaise humeur et en même temps. Ça
n’a rien arrangé que la belle Rosa nous rappelle que Pierre Anthon était sorti une
fois avec Sofie pendant deux semaines, qu’ils ne s’étaient même pas embrassés
que c’était déjà fini, et qu’ensuite Sofie était sortie avec Sebastian, pendant que
Pierre Anthon sortait avec Laura. Cette histoire sonnait un peu trop comme
quelque chose que je ne voulais pas entendre. Et peut-être aussi un peu trop
comme ce que Pierre Anthon avait dit.»
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Sur l’amour
Tiré de la version scénique de Ludovic Chazaud
Scène 17 : Sur l'Amour
Pierre Anthon : Qu'est-ce que vous croyez avec vos jules? Vous avez trouvé
une mélodie du bonheur? Cette mélodie est pleine de fausses notes les filles.
Rikke-Ursula : Laisse nous tranquille.
Pierre Anthon : D'abord on est amoureux, et puis on sort ensemble, et puis on
ne s'aime plus et puis on se sépare.
Rikke-Ursula : Ta gueule!
Pierre Anthon : Et c'est comme ça à chaque fois, jusqu'à ce que vous soyez tellement fatiguées de cette rengaine que vous choisissiez de faire comme si celui
qui se trouvait dans le coin à ce moment-là était l'unique. Quand j'y pense!
Agnès : Mais ta gueule !!!
Gerda: Qu'est ce que tu fais là?
Hans : Je t'attendais.
Gerda : Vraiment?
Hans : Ça t'étonne que…
Gerda: Oui, mais je…
Hans: Je t'aide à porter ton…
Gerda : C'est bon je me débrouille, t'es gentil.
Hans : On s'embrasse?
Gerda : Ok.
-*Elise : Je t'aime.
Maiken: Tu me connais à peine.
Elise : Ça fait rien, je t'aime.
Maiken : Comment tu peux m'aimer?
Elise : J'en sais rien, je t'aime.
Maiken : Tu me fais rougir.
Elise : J'aime bien, je t'aime.
Maiken : Pourquoi tu me regardes comme ça?
Elise : On s'embrasse?
Maiken : Ok
-*Kadija : Salut.
Kaj : Salut, toi.
Kadija : Est-ce que tu veux faire un tour?
Kaj : Oui.
Kadija : Tu me fais rire.
Kaj : J'aime l'odeur de tes cheveux.
Kadija : On s'embrasse?
Kaj : Ok.
-*Sofie : T'es déjà là?
Hans : J'ai pris le bus.
Sofie : C'est chouette
Hans : On s'embrasse.
Sofie : Ok.
-*Kaj : Tu…
Sofie : Hum?
Kaj : On s'embrasse.
Sofie : Ok.
-*Jan Johan : C'est incroyable?
On s'embrasse.
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Sur l’amour
Agnès : Même si je n'avais pas de petit ami et ne savais pas qui ça aurait pu être si j'avais
dû en choisir un à l'instant, j'en voulais un, et vite.
Et Pierre Anthon ne devait absolument pas se mêler de gâcher mon histoire d'amour avant
même qu'elle ne se réalise.
Rikke Ursula : Des fois on a envie de sortir avec un mec, mais il est pas forcement là, c'est au moment où tu t'y attends le moins que boum, tu le rencontres.
Agnès : Comme avec Jan-Johan? Un peu.
Rikke Ursula : J'arrive même pas à comprendre pourquoi. Il est pas si… Mais
depuis cet été quand je le vois.
Agnès : Ouais.
Rikke Ursula : A chaque fois qu'il est là, je te jure c'est un vrai choc, je te dis…
Agnès : Boum… tu l'as rencontré.
Rikke Ursula : Oui.
Agnès : Dire que vous êtes dans la même classe depuis vos cinq ans.
Rikke Ursula : L'école protectrice nous crache au visage des souvenirs oubliés.
Kadija nous rappela que Pierre Anthon était sorti avec Sofie pendant deux semaines, qu'ils
ne s'étaient même pas embrassés que c'était déjà fini, et qu'ensuite Sofie était sortie avec
Kaj, pendant que Pierre Anthon sortait avec Elise.
Ces histoires sonnaient un peu trop comme quelque chose que je ne voulais pas entendre.
Et peut-être aussi un peu trop comme ce que Pierre Anthon avait dit.
Thématique
L’amour. La perte des illusions. Peut-on être sûrs que notre histoire d’amour va durer toujours ? Est-ce que le fait de ne pas être sûrs nous empêche de nous lancer, de prendre le
risque de tomber amoureux ? Comment se déclare-t-on ?
Exercices :
1) En partant de l’extrait du livre de Janne Teller, écrivez la scène pour le théâtre.
2) Par 2, travailler sur la rencontre, se regarder, amorcer une petite conversation, se déclarer. Puis à partir des petites scènes de rencontres amoureuses écrites par Ludovic Chazaud,
faire un travail d’interprétation avec les élèves et en tirer certaines réflexions sur la façon
que nous avons de nous rencontrer, de nous parler, de chercher le contact.
12
L’influence d’un groupe
Extrait 4
Contexte : Le court extrait que nous avons choisi met en scène Hussein qui
vient de donner son tapis de prière et s’en trouve anéanti. Il va se venger en demandant à Hans son vélo de course jaune fluo. Dans l’adaptation théâtrale de
cette scène, Hussein a été remplacé par Kadija, pour des raisons de distribution.
Elle vient de mettre son voile sur le mont de la signification et à l’arrivée de Hans
dans la scierie tôt le matin, elle le somme de donner son vélo.
Tiré du livre de Janne Teller
(page 66)
« D’abord, Hussein n’a pas voulu dire ce que le prochain devrait remettre. Il s’est
contenté de secouer tristement la tête quand on a essayé d’insister.
Les cris de Pierre Anthon avaient recommencé, et il fallait que Hussein se décide.
C’était déjà le mois d’octobre, on était loin d’avoir fini - il restait encore six personnes.
Hussein ne pouvant plus se dérober, il a fini par pointer du doigt le grand Hans et
a dit calmement : « Le vélo jaune.»
Ça ne valait pas grand-chose, même si le vélo était flambant neuf, de course,
jaune fluo et que le grand Hans était tellement triste que qu’il a attendu deux
jours entiers pour le déposer sur le mont de signification dans la scierie abandonnée. C’était quand même mieux que rien, et au moins, on pouvait passer au
suivant.
Si on avait su que l’histoire du vélo mettrait le grand Hans dans une telle colère
qu’il demanderait ensuite quelque chose d’épouvantable, l’un de nous aurait probablement prié Hussein de trouver autre chose. Mais on ne savait pas, et on a
juste insisté pour qu’il apporte son vélo jaune fluo comme Hussein l’avait dit.
Sofie était parmi ceux qui insistèrent le plus. Elle n’aurait pas dû. »
Tiré de la version scénique de Ludovic Chazaud
Scène 27 : Jaune impérial
Hans : 05.02
Kadija, à Hans qui arrive dans la scierie : Ton vélo jaune fluo.
Hans : On est les premiers?
Kadija : Je ne suis pas partie hier soir.
Hans : T'as dormi là?
Kadija : Ton vélo jaune fluo!
Hans : T'es tarée.
Sofie, qui vient d'arriver : Je crois qu'elle a été claire.
Hans : De quoi?
Sofie : Ton vélo jaune.
Hans : Calme toi la bourgeoise? Tu sais le prix qu'il m'a coûté?
Sofie : Mon pauvre poussin.
Hans : C'est pas toi qui aurais travaillé deux étés pour te payer ça.
Maiken, qui entre : Ça roule les amoureux?
Sofie : Elle veut son vélo.
Maiken : Easy!
Hans : C'est mort…
Maiken : On te voit jamais dessus de toute façon.
13
L’influence d’un groupe
Hans : Il est réservé aux compètes poulette.
Maiken : Ça veut dire que t'en as un autre.
Hans : Je lui ai promis de remporter le trophée de région avec lui.
Maiken : Une promesse à un vélo?
Hans : Parle à mon cul!
Frederik, qui arrive : Ça parle de cul ici? Humm?
Sofie : Il nous faut le vélo de Hans.
Frederik : Le jaune poussin?
Hans : Impérial, il est jaune Impérial !
Kaj, qui arrive : La paix du Christ !
Sofie : Ton copain doit donner son vélo.
Hans : Ça suffit Sofie!
Sofie : Quoi? On doit faire l'impasse pour toi alors que tu as été dur avec tout le
monde?
Kaj : Elle a pas tort, et tu aurais pu tomber plus mal. Ce n'est que du plaisir
matériel.
Ingrid arrive et s'adresse à Fred : Il y a un problème?
Sofie : Hans trouve ses rêves plus importants que les vôtres.
Frederik : Elle résume un peu… on parle de son vélo jaune poussin.
Hans : IMPÉRIAL !! Imbéciles.
Jan Johan, qui arrive : Vous avez vu qu'ils laissent tomber l'enquête sur le cimetière?
Hans : Ouais! Ils se tapent dans la main.
Sofie : Ne change pas de sujet! Je crois que Kadija a été claire.
Gerda, arrive avec Rikke-Ursula et Agnès : Elle a demandé, quoi?
Sofie : Le vélo de Hans.
Elise, qui rentre avec Cendrillon : On entend tout depuis dehors.
Agnès : Depuis trois jours Kadija ne sortait plus de la scierie.
Au départ on s'est demandé ce que ses parents allaient dire. Puis c'est devenu
quelque chose de normal.
Normal.
Tout prenait une tournure étrange.
Kadija.
Elise lui apportait à manger quand elle venait s'occuper de Cendrillon.
Pierre Anthon continuait de gueuler des choses depuis son arbre et j'avais l'impression que lui comme nous, nous devenions fous.
Fous pour rien.
Hans a laissé son vélo après une grosse bagarre avec JJ.
Dans laquelle on n'est pas sûr qu'il y ait eu un gagnant.
Kaj avait raison ce n'était que du matériel.
Ce qui allait suivre était effrayant.
Effrayant encore plus effrayant.
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L’influence d’un groupe
Thématique
Appartenance à un groupe : qu’est-ce qui fonde un groupe ?
Essayez de définir votre groupe idéal. Est-ce celui de votre classe, celui de votre
club de sport, de votre cours de danse ou de théâtre, celui de votre groupe de
musique ? Au sein de ce groupe avez-vous déjà ressenti l’exclusion de l’un ou
l’autre de ses membres ? Vous-même avez-vous déjà eu le sentiment d’être
obligé de suivre le groupe ? Si oui, essayez de définir pourquoi : plaisir d’appartenir à un ensemble, peur de ne pas être comme tout le monde, autre… Avezvous essayé d’échapper à l’emprise d’un groupe ? Quels conseils pourriez-vous
donner pour cela ?
Exercices :
1) Proposer un travail corporel où on développe la conscience d’un groupe très
soudé, duquel un individu tente de s’échapper. S’il parvient à s’extraire du
groupe, travaillez ensuite sur une liste d’arguments, promesses ou menaces pour
le faire revenir.
2) La scène écrite pour le théâtre par Ludovic Chazaud peut être travaillée en
classe, elle montre clairement la détermination de Sofie face à Hans et la façon
dont tous les autres se rallient à elle.
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Sur l’art
Extrait 5
Contexte :
A la fin de la construction du mont de signification et après avoir alerté d’euxmêmes les médias, la classe de Tæring réalise que Pierre-Anthon ne donne aucune prise à leur entreprise. A ce moment-là, le MOMA, musée d’art
contemporain new-yorkais décide d’acheter le mont de signification et de l’exposer Outre – Atlantique. Ils sont certains qu’avec cette reconnaissance artistique
internationale Pier-Anthon va renoncer à son perchoir et revenir parmi eux. Mais
à l’annonce de cette nouvelle, il leur balance : Alors c’est ça la signification ? Si
ce tas dégueulasse a jamais signifié quelque chose, il n’a plus rien signifié le jour
où vous l’avez vendu !!!
Tiré du livre de Janne Teller (page 114)
« C'est un grand musée de New York qui a réglé l'affaire. Son nom était une
drôle d'abréviation qui sonnait comme un mot qu'un enfant ne serait pas arrivé à
prononcer correctement. Mais aussi bête qu'ait été son nom, il a coupé court une
bonne fois pour toutes au débat quand il a offert trois millions et demi de dollars
pour le mont de signification.
Subitement, tout le monde a compris que le mont de signification était de l'art,
et que seuls les ignorants non initiés pouvaient s'aviser de dire autre chose.
Même le critique d'art du plus grand des journaux de la côte ouest a battu en retraite et dit qu’il avait regardé le tas de plus près, et que c'était finalement quasi
génial et qu'on était peut-être confronté ici à une nouvelle et originale interprétation du sens de la vie.
Trois millions et demi de dollars, c'était un beau paquet d'argent, on a pensé,
sans saisir tout à fait combien ça faisait en réalité.
Par le biais de l'avocat à trois millions six cent mille dollars ; il ne faut jamais
vendre moins cher si on peut vendre plus cher. Oui, finalement on a même demander trois millions six cent vingt mille dollars, comme ça il y avait de quoi
rembourser l'église pour Jésus sur sa croix de rose, parce que lui, on ne pouvait
plus le rendre.
Le musée a accepté, et ça a été tout.
Il ne restait plus qu'à convenir d'une date à laquelle ils viendraient chercher le
mont de signification.
(…)
Le musée s'est finalement mis d'accord avec lui-même sur le 8 avril, à quatre semaines et demie de là. Conséquence : les gens du musée et leurs avocats ont
cessé de s’intéresser à Tæring, et avec eux la presse du monde entier, puis notre
presse nationale. Tæring est redevenue la ville qu'elle avait toujours été.
Ennuyeuse. Plus ennuyeuse. La plus ennuyeuse.
C'était extrêmement bizarre.
On avait découvert la signification et, du coup, le sens de tout. Toutes sortes
d'experts avaient proclamé à quel point le mont de signification était grandiose.
Un musée américain voulait le payer des millions de dollars. Et pourtant, c'était
comme si personne ne lui trouvait plus aucun intérêt. On ne comprenait pas.
Ou bien le mont était la signification, ou bien il ne l'était pas. Et si tout le monde
était d'accord sur le fait qu'il l’était, est-ce qu'il pouvait juste cesser de l'être ?
Ou pas ? »
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Sur l’art
Tiré de la version scénique de Ludovic Chazaud
Scène 44 : Le spleen du MOMA
Rikke-Ursula : C’est un grand musée de New-York qui a mis d’accord les pour
et les contre.
Agnès : Le nom de ce musée sonnait comme un mot qu’un enfant n’était pas
arrivé à prononcer. Une drôle d’abréviation.
Mais avec son nom débile il a quand même coupé court à tous les débats quand
il a offert trois millions et demi de dollars pour le mont de signification.
Hans : Trois millions et demi c’est un beau paquet d’argent.
Agnès : Impossible de vraiment comprendre la chose !
On a embauché un avocat pour nous représenter, on a insisté pour vendre à trois
millions six cent mille ; ne jamais vendre moins cher si on peut vendre plus cher.
On pourrait rembourser Jésus sur sa croix.
Le musée a accepté, et c’est tout.
Kadija : Il y a beaucoup de paperasse à régler pour son déplacement.
Frederik : La partie périssable du mont périt vraiment vite.
Ingrid : Le 8 Avril, le musée viendra chercher le mont.
Elise : Dans quatre semaines.
Maiken : Les gens des musées, les journalistes se sont désintéressés de Tæring.
Kaj : Nous revoilà dans Tearing l’ennuyeuse.
Sofie : Ce qu’elle a toujours été.
Agnès : Ennuyeuse. Plus ennuyeuse. La plus ennuyeuse.
La veille de la venue des camions pour le musée.
Le 8 avril arrivait péniblement, lentement.
Nous sommes le 07.
Je ne sais plus qui a lancé l’idée que ce serait «sympa» de se retrouver une dernière fois autour du mont.
Sympa ? Débile, oui.
Idiot, débile.
Sofie : J’ai fait un stage d’optimiste.
Sur la côte nord, à Tisvildeleje.
C’est des petits bateaux ; les optimistes.
C’était vraiment super, j’étais toujours avec un gars de Copenhague.
Dans le futur tout sera différent…
Pierre Anthon : Le futur, c’est ce qui est sous vos yeux !
17
Sur l’art
Sofie : Le futur c’est ce qu’on en fait !
Pierre Anthon : C’est absurde ! Il n’y a rien à faire puisque rien n’a de sens.
Sofie : Plein de choses ont un sens.
Viens donc à la scierie tu verras !
Pierre Anthon : Votre bric-à-brac n’a pas de sens ! Sinon la presse mondiale
serait encore là, et la population du monde entier viendrait en pèlerinage à Tearing pour prendre part à la signification.
Sofie : Tu refuses de voir le Mont de signification parce que tu n’oses pas !
Pierre Anthon : Si ton tas d’ordures avait la plus petite signification, il n’y a
rien au monde qui me ferait plus plaisir.
Silence.
Mais il n’en a pas, sinon tu ne l’aurais pas vendu.
Thématique
L’art comme possibilité de construction de soi. Avez-vous déjà imaginé que vous
pourriez devenir un auteur à succès, un acteur à Hollywood, un chanteur, ou
danseur tel que Rudolf Noureev ? Quel type d’artiste ou oeuvre attire votre regard ? Pourquoi ? Qu’est ce qui fait la valeur d’une œuvre ?
Une œuvre littéraire ou musicale ou cinématographique a-t-elle transformé votre
regard sur le monde et la société ? Comment ?
Est ce que la reconnaisance dans le monde de l’art et la célébrité donnent un
sens à la vie ? Vers la fin du 20ème siècle le marché de l’art, réservé auparavant
à des collectionneurs avertis, s’est énormément développé grâce à l’intérêt du
monde de la finance.
Est-ce qu’une oeuvre reconnue par les marchés et les médias est forcément une
œuvre de qualité ?
Exercice : En faisant un petit tour du côté de l’histoire de l’art contemporain,
choisissez une œuvre marquante pour vous. Donnez-en une description précise,
puis la raison pour laquelle vous pensez qu’elle a marqué l’évolution de l’art
contemporain.
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Pour aller plus loin ...
Pour alimenter la réflexion nous proposons d’aller regarder les artistes suivants :
Kasimir Makevitch : L’un des premiers artistes abstraits : Carré blanc sur fond
blanc 1917
Marcel Duchamp : Figure majeure de l’art contemporain. Ready made : Fontaine 1918. « Ce qui est important c’est de déplacer l’attention du spectateur, et
l’amener à l’interprétation de l’œuvre plutôt qu’à l’appréciation du talent de l’artiste. »
Joseph Kosuth : Chef de file de l’art conceptuel : One chair, three chairs 1965
« L’art est langage, et relève du monde des idées. »
Joseph Beuys : Sauvé lors d’un crash d’avion militaire en 1943 en Crimée, il
utilisera la graisse animale et le feutre dont les nomades l’ont enveloppé pour le
réchauffer comme éléments primordiaux dans son lexique sculptural.
« ….Reconnaissons en Beuys cette inébranlable foi en l’art qui mêle toutes les
disciplines de la connaissance en une quête perpétuelle d’utopie, on n’avait sans
doute plus vu cela depuis la Renaissance, la recherche de l’œuvre d’art totale.»
Andy Warhol : Certainement l’un des mieux connus de cette liste, le maître du
pop art. Il fonde la Factory à New York, qui deviendra un haut lieu de la culture
au tout début des années 1960.
« J'ai commencé dans l'art commercial et je veux terminer avec une entreprise
d'art... être bon en affaire, c'est la forme d'art la plus fascinante... gagner de
l'argent est un art, travailler est un art, et les affaires bien conduites sont le plus
grand des arts ».
Lecture en lien avec ce texte
Le baron perché d’Italo Calvino
Photos de répétition
Pages 1, 6 Elisa Larvego
Pages 3, 12, 15, 19 Rossella Riccaboni
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