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Avant-propos
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Mise au point
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Reconnecter les générations
par le biais d’une cause durable
Développement durable et décroissance
Innovation sociale et intergénération
Une problématique
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Des moyens innovants
Le design graphique
Le co-design
L’illustration comme média sensibilisateur
L’espace urbain comme support de communication
L’objet et la rue
Street food et dérivés
36 Notre projet
38 Bibliographie
39 Webographie
41 Annexes
57 Remerciements
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s. » 1 Ce sont probablement ces mots de John Thackara, considéré aujourd’hui comme l’un des plus
importants théoriciens du design, qui conviennent le mieux comme lancement à ce Bachelor Thesis.
Avant d’aller plus en avant dans notre projet, de se perdre dans les recherches et les concepts, c’est cette
idée que nous souhaiterions placer au sommet de notre travail. Comment, à travers le graphisme,
pouvons-nous arriver à unir les individus, à les sensibiliser et même à les rendre actif. Car en effet, au
delà de pouvoir cibler un problème et de l’étudier de façon approfondie, ce sont les démarches vers
sa solution qui semblent pour nous les plus importantes. Nous restons convaincus que le graphisme,
parmi les disciplines du design, est un sujet social indivisible des problèmes inhérents à l’existence.
Voilà ce vers quoi nous voulons tendre avec ce Bachelor ; par le biais des médias que sont design et
graphisme, nous pensons possible de parvenir à une union collective. L’idée reste d’agir pour une
action bénéfique, allant dans le sens des intérêts communs. Il faut donc envisager les pages suivantes
comme une ouverture sur ce que nous estimons l’avenir de notre profession : vers un graphisme
engagé et responsable.
1- John Thackara, In the Bubble, de la complexité au design durable. Saint Etienne : Éditions Cité du Design, 2008. 187 pages.
6
7
Comment
sommes
nous arrivés à travailler
ensemble ?
À vrai dire, rien ne laissait présager que nous puissions collaborer pour la réalisation de ce Bachelor.
Bien qu’ayant un intérêt commun pour des causes sociales et environnementales, nous avions dès
le départ choisi deux sujets différents. D’un côté, une sensibilité plus forte pour les problèmes
écologique et économiques avec comme point de départ le thème de la décroissance ; de l’autre, un
questionnement autour des mouvements d’innovation sociale et plus précisément intergénérationnels. Nous pensions réaliser deux projets bien distincts, sans interaction quelconque entre les sujets.
Cela dit rien n’empêchait nos univers de ce croiser en des points parfois très similaires. Ainsi avons
nous commencé à comparer nos idées, à les enrichir mutuellement par le biais de conversations, de
conseils de lecture ou de référenciation.
Tels furent nos échanges, jusqu’à la découverte de ces associations de grands-parents, actifs en
Amérique du nord et dans les pays scandinaves luttant pour la cause climatique. Des grands-parents qui
s’inquiète de l’état de la planète qu’ils laissent à leurs petits-enfants. Grâce à nos contacts avec les
rédacteurs de LaRevueDurable, nous apprenions que de tels mouvements cherchent à voir le jour en
Suisse Romande. Cette nouvelle nous est alors apparue comme le point de jonction idéal entre nos
deux sujets. Mêlant avec évidence les soucis climatiques et la question des échanges entre générations, elle offrait la liberté de création d’un projet où tout est encore à construire, et où les propositions les plus innovantes offriront la possibilité de convaincre le plus grand nombre.
C’est avec cette envie principale d’agir et d’avoir, à notre échelle, un poids dans la balance, que nous
avons décidé de nous engager ensemble dans ce projet. À travers notre humble statut de communicateurs visuels, nous souhaitons profiter des cinq mois à venir pour obtenir un résultat convaincant et
qui puisse, avec les armes que connait le graphisme, sortir du cadre institutionnel en oeuvrant pour
une cause que nous considérons juste et durable.
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L’organisation du système économique
dans lequel nous vivons est la cause de
la plupart des grands problèmes du siècle.
Aujourd’hui, la croissance économique
infinie est remise en cause. Cette croissance, qui se définit comme étant l’outil
suprême pour améliorer nos conditions de
vie est en train de faire exactement l’inverse. En effet, la croissance n’augmente
plus le bonheur mais au contraire, par son
productivisme dévastateur, peut même le
nuire. Il faut donc maintenant choisir une
voie qui vise à dissocier la prospérité de
la croissance. C’est pour cette raison que
depuis quelques années, un mouvement
opposé à la croissance s’impose progressivement : la décroissance.
Décroissance ne signifie pas un retour en
arrière, il ne faut pas entendre « décroissance » comme un déclin. Selon Paul
Ariès 1, dans une société qui a complètement sombré dans la démesure matérialiste, la décroissance à plutôt pour objectif
de réconcilier notre aspiration à la vie bonne
avec les contraintes d’une planète finie.
Dans sa définition propre, pour entrer
dans la logique de la décroissance, il faudrait articuler trois niveaux de résistance 1 :
société technicienne, qui se vante d’être
la plus efficace de toute l’histoire, ne soit
peut-être la plus inefficace en termes d’accroissement du vrai bonheur, de la connaissance de soi et du sens de la vie ». 2
- L’ébauche d’un projet politique à partir
d’un fait simple : la terre ne peut pas absorber chaque année plus de trois milliards de
tonnes d’équivalent carbone.
- La simplicité volontaire : réduire volontairement sa consommation, ainsi que les
impacts de cette dernière.
- Favoriser les expérimentations collectives
comme les coopératives de production, de
consommation ou d’habitation.
« Le temps c’est de la l’argent » ; toute
l’économie actuelle et plus globalement notre société sont basées sur cette
expression, formulée en 1748 par Benjamin Francklin. Encore une fois, comme
l’a relevé Pierre Pradervant, « Jamais dans
l’histoire la société n’a affirmé quelque
chose de plus malsain et de plus pathologique que ces trois mots ». 2
Le défit est donc de résoudre le problème
climatique tout en trouvant une certaines
prospérité en la dissociant de la croissance. Le modèle économique actuel tente
de nous faire croire que c’est par l’acquisition de biens matériels que nous trouvons le bonheur et l’épanouissement
personnel. Comme le souligne Pierre
Pradervand, « Je crains terriblement que la
En effet, le temps est intimement lié à
la croissance et par extension à la prospérité. C’est avec l’invention de l’horloge en Occident, point de départ de
cette révolution des temps modernes,
que la société de croissance est née.
Pour beaucoup de personnes, la vie ne se
résume plus qu’à consommation et consumation de temps, de travail et d’argent,
1 - Jean-Claude Decourt. Simplicité volontaire et décroissance. Lodeve : Utopimages, 2008. DVD, 60 min.
2 - Pierre Pradervand, Vivre le temps autrement. Genève : Editions Jouvence, 2004.
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au détriment d’un rapport social toujours
plus dégradé. Comme l’a remarqué John
Thackara, la mauvaise gestion du temps
et l’empressement réduisent le temps
accordé à la sociabilité, à rendre visite à
ses amis, ses parents ou ses voisins. Cela
serait même considéré comme un manquement à l’éthique chez le peuple Kelantan
(Malaisie) 1.
D’un point de vu plus écologique, alors
qu’il aura fallu des dizaines de millions d’années d’évolution pour créer les espèces
vivantes, la Terre en a perdu la moitié en à
peine un siècle. Il est donc urgent de mettre
terme à cette obsession de la vitesse qui
dégrade les écosystèmes dont nous dépendons. Il faut maintenant apprendre à ralentir, modifier notre rapport au temps, changer de rythme et sortir de cette société qui
prône l’instantanéité. Des mouvements
existent déjà autour de cette idée, comme
les Slow City ou les Slow Food. Ces initiatives ont compris que notre rapport à la
vitesse détruit notre santé mentale, qu’il
était temps de redonner le goût de la lenteur, redécouvrir les saveurs de la vie liées
aux terroirs, à la proximité et au prochain 2.
C’est donc maintenant que nous devons
mettre en avant les relations sociales et
démontrer que le matérialisme n’est pas
synonyme de bonheur. Nous devons amorcer une transition vers la durabilité, vers un
monde ou les humains sont plus importants
que les machines. D’après John Thackara
3
, l’objectif d’un designer aujourd’hui est
de passer d’un développement irraisonné à
un design responsable, attentif et soucieux
d’altérité. En tant que designer et d’une
manière personnelle, nous pensons donc
avoir le devoir de contribuer à ce mouvement en valorisant l’expérience sociale plutôt que l’objet.
Nous avons donc tous deux une certaine
conscience écologique, terme que nous
trouvons d’ailleurs mal approprié au regard
de la situation qui est devenue tellement
urgente qu’elle devrait se réduire plus simplement à « conscience ».
Avoir conscience que si rien ne change,
l’avenir de la planète et des êtres qui la
peuple se réduira à de bien triste lendemain, bien plus tôt que nous le pensons.
Il faut cesser de détruire autant pour produire si peu, continuer à trouver des alternatives à ce que nous proposes ce fameux
1 % qui gouvernent ce monde, continuer
à changer nos habitudes et faire pencher
la balance en notre faveur et à celle de la
Terre. Il est bien plus facile de se décharger
de nos responsabilités en pensant que de
toute manière, acheter bio, moins consommer d’électricité ou prendre les transports
en communs, ce n’est qu’une « poussière »
face aux grands groupes industrielles. Que
de toute façon, il est déjà trop tard...
« Un jour, il y eut un immense incendie de
forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés,
observaient impuissants le désastre. Seul
le petit colibri s’activait, allant chercher
quelques gouttes avec son bec pour les jeter
sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé
par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces
gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! ».
Et le colibri lui répondit :« Je le sais, mais je
fais ma part. » 3
1 - John Thackara, In the Bubble, de la complexité au design durable. Saint Etienne, Éditions Cité du Design, 2008.
2 - Serge Latouche, Didier Harpagès, Le temps de la décroissance. Lormons, Le Bord de L’Eau, 2012.
3 - Colibris tire son nom d’une légende amérindienne, racontée par Pierre Rabhi dans son ouvrage La part du colibri. La Tour d’Aigues, De l’Aube, 2013.
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L’innovation sociale
S’il existe bien un sujet absolument indissociable des thématiques autour du développement durable, donc, c’est bien l’humain. Qu’on le veuille ou non, nous vivons
dans une réalité sociale : notre point de
vue sur le monde est centré sur l’homme
et ses besoins. Il n’est pas question ici de
remettre en doute la place des individus
dans notre système, établie depuis des millénaires, car cela reviendrait à réinventer
l’humanité (un travail peut-être trop ambitieux pour un Bachelor de six mois ! ). Mais
nous pensons possible d’influer de nouvelles dynamiques chez les gens, en imaginant avec eux d’autres façons d’interagir
quotidiennement avec leur environnement
et de modifier leur impact au sein de ce dernier. En effet, comme nous l’avons souligné précédemment, il y a urgence à changer
notre mode de vie. Nous ne pouvons plus
nous permettre de nous comporter comme
nous l’avons fait jusqu’à présent, de feindre
l’ignorance d’une planète mais aussi d’une
population meurtrie par nos choix politiques et économiques.
C’est l’aspect social, l’union des individus entre eux, qui nous apparait comme
une partie de la solution au problème. En
effet, sans action il n’y a aucune chance
d’espérer un changement. Si l’on souhaite
obtenir d’un gouvernement, d’une population ou même d’un individu, sa réaction face à un problème, il est nécessaire
de stimuler celle-ci par un acte. Il est plus
qu’évident qu’une action solitaire et déta-
chée d’un contexte global ne puisse malheureusement pas influencer un changement efficace dans un monde aussi centralisé que le notre. Cela dit, face aux multiples failles du système dans lequel nous
vivons, on voit de plus en plus de petites
communautés d’individus s’unir dans de
micro-entreprises avec l’espoir d’offrir de
nouvelles alternatives dans leur périmètre
d’action. Les mouvements d’innovation
sociale ont le mérite de changer les points
de vues sur notre quotidien en améliorant
de façon créative les problèmes liés à la
société et donc à son environnement. Cette
philosophie du « small and local », comme
se plaît à le répéter Ezio Manzini 3, théoricien de ces innovations sociales, a le mérite
d’agir directement à la source du problème,
sans pour autant être érigée au rang de
valeur, action et/ou solution unique, voir
incontestable.
Le rôle du design
C’est là qu’interviennent certains penseurs, théoriciens et praticiens qui, avant
nous et de façon bien plus approfondie, ont interrogé ces problématiques en
fonction du design. De Victor Papaneck à
son disciple John Thackara en passant par
Ezio Manzini ; ils ont supposé que le design
pouvait lui aussi avoir un rôle à jouer dans
ces problématiques et, en analysant plus
en profondeur ces questionnements, ont
ouvert la voie à d’autres créateurs pour la
réalisation concrète d’idées innovantes.
La difficulté ici est peut-être de réussir
à comprendre le rôle du designer et plus
particulièrement du graphiste comme un
rôle permettant ces actions concrètes. Ces
dernières années, la frontière entre art et
design est apparue de plus en plus étroite.
Nous sommes loin de remettre en cause
ces faits, car nous les pensons évidemment
bénéfiques, apportant de nouveaux angles
3 - Ezio Manzin, Small, local, open and connected design for social innovation and sunstainability, The journal of design strategies. [en ligne]
<https://webspace.utexas.edu/cherwitz/www/articles/darwin-journal.pdf> , 2010.
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d’approches, de nouveaux outils, etc.
Cependant, d’après John Thackara, cette
orientation du design vers une pratique artistique a souvent limité celui-ci à la seule
action d’une représentation. On peut tout
particulièrement remarquer cela dans notre
discipline : face à un sujet tel que le développement durable, un graphiste aura tendance à propager un message plutôt que de
poser concrètement un acte ; par exemple :
il ne cherchera pas à diminuer la consommation de carburant des habitants dans une
ville mais il réalisera une affiche pour les
transports en commun locaux. Cela dit et
pour citer l’auteur : « L’esthétique crée le
besoin mais le design donne les moyens » 1. Il
semble de plus en plus évident qu’une séparation entre l’esthétique et les moyens ne
soit pas une solution efficace. C’est donc de
l’association de ces deux angles d’approche
que naissent de nouvelles alternatives,
œuvrant activement pour le bienfait de
causes éthiques. Ainsi sont apparus récemment dans le milieu du design des sous-catégories ancrées dans cette perspective
d’un design esthétique, actif et innovant ;
des sous-catégories telles que le co-design
ou le design de service.
Un angle d’attaque : l’intergénérationnel
C’est donc à travers ces savoirs que nous
sommes parvenus à cette idée d’intergénération. Comme nous considérons que le
lien social est une étape fondamentale dans
la mise en œuvre d’une solution, nous avons
souhaité que ce lien soit visible et accessible
à tous. Or, par le biais de nos observations
ou de conversations, nous avons remarqué
qu’un écart se creuse entre la génération dite
« active » et celle de ses aînés. Il y a entre
ces deux stades de l’existence une nette
séparation. Nous vivons dans un système
ou l’individu doit se montrer productif pour
légitimer sa place dans la société. Instaurée inconsciemment comme telle dans les
mentalités, la retraite est un passage inévitable entre deux statuts: actif et inactif ; elle
rompt le lien d’appartenance entretenu par
toute une vie de travail. Nous considérons
qu’il est dommage de limiter une appartenance sous le seul prétexte de la productivité ; disons même plus : il faudrait reconsidérer la notion de productivité. Produire,
ce n’est pas forcément être rentable, être
rentable ce n’est pas forcément répondre
à la loi d’un marché. Notre idée est qu’en
dehors du système que nous connaissons
une autre réalité existe. Celle-ci nécessiterait des individus qu’ils reconsidèrent leurs
vrais besoins pour des bénéfices communs :
mieux vivre ensemble, dans un environnement partagé.
Le but ici n’est pas de mener une révolution,
mais de faire éclore au sein du système des
preuves que certaines solutions existent,
des solutions éthiques qui alternent avec
les modes d’approche habituels. Ainsi pensons-nous qu’à tout âge, chaque individu
peut s’avérer utile dans une communauté
et ce, en fonction de ses aptitudes propres.
Une personne âgée n’a peut-être pas l’énergie d’un travailleur lambda, en revanche elle
a tout le temps disponible pour œuvrer
à diverses occupations. Il semble évident
que nos aînés ont encore des choses à dire,
des choses à faire ; bien que le système les
catalogue généralement sous l’étiquette de
vieillards grincheux, dépassés et désintéressés ! Pour nous, c’est là que figure l’un
des principaux malentendus : le fait de créer
des catégories parmi les individus, et ce au
moyens de supports factuels et non qualitatifs éloigne considérablement les gens les
uns des autres. Chacun sait qu’un peut avoir
vingt-cinq ans et rester imperméable aux
problèmes qui nous environnent et qu’ainsi
on peut avoir quatre-vingt ans en restant
inlassablement concerné par ces problématiques. Il faut donc regrouper les individus
en fonction de leurs motivations, et non
en fonction d’une quelconque information
hasardeuse, telle que son âge. Voilà pourquoi l’intergénération nous semble un sujet
suffisamment fort pour être traité de façon
sérieuse et surtout innovante.
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Pour revenir à ce que nous évoquions, ces
associations de « grands parents responsables » nous apparaissent comme le juste
point de ralliement des thématiques précédemment abordées. Si de tels mouvements voient le jour en Suisse, ils auront
l’avantage de lier une liberté de création
totale avec le potentiel d’action que nous
souhaitons avoir. En se référant aux organisations de ce genre déjà existantes, on
remarque qu’elles reposent sur les techniques de communication très classiques
des manifestations. Sur les home pages des
sites, on voit en premiers lieux des photos de marches appuyées par tout le « folklore » (si l’on peut dire) qui s’ensuit : chants
de slogans, affiches et pancartes coup-depoing, maquillage guerrier, etc... Campant
sur leurs acquis, vus et revus, ces événements de masse ont le défaut d’apparaître
dépassés, clichés, sans grand impact en
dehors d’un soutien médiatique.
Cela dit dans l’histoire, on sait que certains
autres grands évènements ont retenu l’attention, certes par leur importance politique, mais aussi grâce à de puissants appuis
visuels. Prenons Mai 68, qui demeure un
exemple fort en tant que manifestation
d’envergure mondiale. Force est de constater que dans l’imaginaire collectif cette
période s’accompagne d’images, de part
le grand nombre de photographes présents
alors, mais aussi de visuels graphiques, voir
typographiques, ayant indéniablement
marqué les esprits. Dans cette lignée, les
« Révolutions d’érable » qui ont eu lieu
durant l’automne 2012 au Québec, sont
un bon exemple des tournures que peuvent
prendre des revendications purement politiques (ici l’accessibilité à une éducation
gratuite pour tous) vers le développement
d’un univers graphique. En effet, en parallèle des mouvements de manifestation, une
partie des étudiants de l’UQAM avaient
crée « l’École de la Montagne Rouge » qui
visait à unir les talents créatifs de chacun
au service des revendications. Nous voyons
dans cette initiative une réelle ouverture
vers de nouvelles formes de manifestation.
En effet, celle-ci reste affiliée à des mouvements de révolte, parfois violent dont la
vigueur n’a pas grand chose à voir avec des
associations de grands parents ! Mais à nos
yeux, elle ouvre une brèche à explorer en
tant que communicateur, sur de nouveaux
moyens de transmettre un message, qu’il
soit social, politique ou environnemental.
Nous pensons que pour cette association
de grands-parents, l’objectif reste d’ouvrir
le dialogue (qui à nos yeux est la source de
toute action) et d’entraîner la formation
d’une communauté éclectique, guidée par
le seul souci d’un monde durable. Ainsi, avec
l’idée que le graphisme peut jouer un rôle
important dans ce procédé de communication, nous nous posons la question suivant :
comment rendre ce projet concret et efficace par le biais de moyens innovants ?
1 - John Thackara, In the Bubble, de la complexité au design durable. Saint Etienne : Éditions Cité du Design, 2008.
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15
A
B
Le design
graphique
C
- Code Design, Sitka Salmon Shares , 2013.
En ligne. <http://cododesign.com/sitka-salmon-shares-2/>.
Crédit : Code Design. Consulté le 01.02.2014
- Jessica Nielsen, Landscape’ cards , 2013.
En ligne. <http://jessicanielsen.nl/2013/11/new-landscape-cards/>. Crédit
: Jessica Nielsen. Consulté le 04.02.2014
En tant que futurs designers graphiques,
il nous parait logique de commencer à
explorer les perspectives et les solutions
qui peuvent s’ouvrir à travers cette discipline. De plus en plus de communicateurs
visuels se sentent impliqués dans ce mouvement visant à changer nos habitudes
et notre manière de vivre en utilisant les
arts graphiques au service de ce propos. Un ensemble de moyens techniques
peuvent être mise en place en amont,
afin d’avoir un engagement responsable,
quant au processus de conception et de
fabrication : encres à base végétale, papiers
recyclés, réduction des déchets, utilisation
de toners recyclables, matériels informatiques recyclés...
pirant des éléments que l’on peut retrouver en campagne. Chacune de ces cartes est
imprimée avec des encres végétales sur du
papier recyclable - .
D’une manière générale, la façon dont l’objet final est conçu doit entrer en corrélation
avec le propos tenu. Si l’intention est de
sensibiliser d’une manière ou d’une autre
et si en plus le processus d’élaboration est
lié à la valeur responsable donnée, le message sera d’autant plus pertinent. Malgré
tout, les moyens restent limités et ce genre
de service est encore considéré comme un
luxe. C’est pourquoi la plupart des réalisations portant un message « éthique » ne
rentrent pas toujours dans ces critères de
réalisation.
Par exemple, l’agence CODO Design,
basée à Indianapolis, a proposé un packaging en carton recyclé et encres naturelles à
Sitka Salmon Shares, fournisseur engagé de
saumons d’Alaska - . C’est également le
cas pour l’illustratrice Jessica Nielsen, qui
propose une série de cartes illustrés, s’ins-
Le graphiste hong-kongais Yaumatei
Gardener et l’agence MaD nous proposent des infographies illustrées, colorées et ludiques illustrant des méthodes et
des astuces pour s’alimenter de façon responsable et économique. Une cartographie de Hong-Kong est dressée, regroupant
les commerces responsables et les jardins
urbains, avec en complément un guide à
titre éducatif et sensibilisateur. Ici, le message porte un sens profond, avec des valeurs
nobles et durables puisque notre manière
de nous alimenter est intimement et logiquement liée à notre manière de consommer - . Nous développerons d’ailleurs ce
point dans une prochaine partie.
- Yaumatei Gardener et MaD, Sham Shi Po Cherish Food Guide, 2013.
En ligne. <http://etapes.com/guide-pour-une-alimentation-irreprochable>. Crédit : MaD. Consulté le 04.02.2014
16
17
Attardons-nous maintenant à l’aspect
visuel sur des supports « communs » visant
une diffusion de l’information à grande
échelle. L’affiche grand format est un
moyen courant et efficace de promouvoir
un événement ou une cause puisqu’elle
s’impose visuellement dans le paysage
urbain, bien qu’il se multiplie aussi sur les
routes de campagne. Le studio Modern
Designers, situé à Manchester, a travaillé
sur l’identité visuelle du festival « Dig the
city », qui propose chaque année un événement sur le jardinage urbain. Chaque création illustre un moment clef de la manifestation par une couleur verte dominante
- . Cette identité visuelle est bien évidemment appliquée au site web. Bien que
controversée, la publicité «intrusive» est
utilisée ici dans une éthique environnementale, est-ce donc valable ?
Dans le cadre du projet de recherche
européen Nanoplat, l’agence Strategic
Design Scenarios a simulé ce à quoi pourrait ressembler la nourriture de demain,
si nous partagions notre quotidien avec les
nano-technologies. Cet autre exemple
de sensibilisation est utilisé comme
amorce au débat publique concernant
« les nanos » - . Bien que ce sujet ne soit
absolument pas adopté au sein des mouvements écologistes, de plus en plus de
designers s’y intéressent et proposent des
solutions alternatives aux énergies fossiles.
Nous pouvons citer entre-autre l’étude
réalisée par Matali Crasset, en collaboration avec le scientifique Paul Louis Meunier, lors de la Biennale Internationale de
Design à Saint-Etienne en 2013. Plutôt que
de réduire notre consommation d’énergie,
Matali Crasset propose ici de passer du statut de consommateur, à celui de générateur d’énergie grâce aux nanos-technologies. Une série de neuf scénarios est dressée, imaginant la maison de demain, dépen-
A
dante de notre propre énergie - . Bien que
cela ne soit qu’à l’état de concept, l’idée
ouvre de nouveaux champs de recherche
mêlant nos progrès technologiques au service de la nature.
B
C
- Modern Designers, Dig the City, 2013.
En ligne. <http://www.moderndesigners.co.uk/#!/client/dig-the-city-manchesters-urban-gardening-festival>. Crédit : Modern Designers.
Consulté le 01.02.2014
- Strategic Design Scenarios, Nanoplat project , 2009.
En ligne. <http://www.strategicdesignscenarios.net/nanoplat-project/>.
Crédit : Inconnu. Consulté le 09.02.2014
- Matali Crasset avec Paul Louis Meunier . 2012. « Nano-ordinaire ».
En ligne. <http://www.biennale-design.com/saint-etienne/2013/fr/expositions/020113-z1-nano-ordinaire>. Consulté le 11.02.2014
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L e
c o design
- Et Alors, Rennes +6°C , 2006.
En ligne. <http://www.etalors.eu/portfolio/rennes-6c-2006/>.
Crédit : Et Alors. Consulté le 10.02.2014
- Polymorph, Tabula Rosa , 2006.
En ligne. <http://www.polimorph.net/>. Crédit :Polimorph.
Consulté le 10.02.2014
A
B
Comme le souligne John Thackara, il faut
désormais « donner la priorité à l’être
humain et ne plus le considérer comme un
simple détail de l’ensemble en donnant de
la valeur aux personnes et ne pas les livrer
aux systèmes » 1. Le co-design est un processus de développement guidé directement par les personnes concernés, les utilisateurs finaux. La 27e Région est l’initiative française suivant cette logique la plus
importante à ce jour. Elle offre de nouvelles
façons d’améliorer la création et la réalisation des politiques publiques. A l’origine de ce mouvement, le collectif d’architectes Et Alors, a imaginé la ville de Rennes
de demain, avec six degrés supplémentaires. La réflexion s’articulait autour du
réchauffement climatique, qui précise que
le changement sera inévitable si rien n’évolue. Ensemble, ils repèrent les espaces
humides ou ceux qui concentrent la chaleur
et dressent une série de photomontages.
Lors de l’exposition, les visiteurs pouvaient
écouter des habitants de la ville de 2009 et
ceux de 2100 en comparant leurs modes de
vie respectifs. Cet évènement a suscité tellement d’intérêt de la part des Rennais que
l’exposition a été prolongée - .
ginaire servira de base à la conception de
projets urbains, imagée et mise en forme
par Polimorph, puis soumise aux décideurs
publics - .
Nous l’avons compris, l’imaginaire peut
réellement servir de base au dialogue et
à la conception du monde de demain. De
nombreux autres projets participatifs nous
invitent à porter une réflexion et une imagination commune pour notre vision rêvée
de l’avenir. C’est le cas du jeu Tanula Rosa,
imaginé par Polimorph. Celui-ci à proposé aux habitants de Tours, lors de la troisième édition, de soumettre leurs intérêts,
leurs besoins ou leurs désirs par rapport à
leur ville. Une tente immense est dressée
en face de la gare, pendant une période
déterminée. Cette tente servira de lieu
de réflexion pour les habitants qui pourront s’amuser à imaginer le futur. Cet ima-
1 - John Thackara, In the Bubble, de la complexité au design durable. Saint Etienne : Éditions Cité du Design, 2008. 187 pages.
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Comment créer des liens ? Comment ouvrir
le dialogue et avoir une réflexion communautaire et constructive ?
A Cobonne, petit village isolé, situé dans la
vallée de la Drôme en France, avec la participation du collectif Bruit du Frigo, l’association De l’Aire a proposé un projet visant
à enrichir le développement social. Une
sociologue recueille en amont les idées des
habitants, puis un événement est organisé,
rassemblant tous les habitants avec comme
base un débat ouvert : « quels besoins, quels
rêves, quels projets pour Cobonne demain
? ». Puis, un diagnostic est posé : il manque
des lieux partagés, des lieux sociaux. Les
habitants ont donc crée de manière collective un « kiosque à vivre », qui deviendra
un lieu convivial où les habitants pourront
se retrouver. De plus, pour faire perdurer
l’échange et le dialogue, l’association De
l’Aire à proposé trois « malles à livre », une
sorte de bibliothèque nomade où les habitants peuvent échanger leurs lectures - .
Un autre événement qui illustre l’importance et la pertinence d’un processus de
travail collaboratif.
Kansas est un autre exemple qui a permis
d’agir politiquement par le biais d’un travail collaboratif. Des étudiants se sont
interviewés et se sont filmés puis ont diffusé la vidéo sur Youtube ; celle-ci a été
vue plus de quatre millions de fois. Les
élèves racontent leurs manière d’apprendre, leurs ennuis et quel rapport ils
ont avec l’institution. Cet exemple souligne à quel point la portée d’un message
peut être démultipliée par sa diffusion sur
internet ou sur les réseaux sociaux, sujet
que nous aborderons plus tard - . Un dernier exemple de vidéo qui a déclenché un
buzz mondial : la campagne de l’association Pro Infirmis en 2011. Cette organisation suisse, active dans le domaine du
handicap, a lancé une campagne s’intitulant
« Rapprochez-vous ». Le spot télévisé a
été réalisé par Jung von Matt/Limmat
puis diffusé en Suisse alémanique, Suisse
romande, au Tessin et sur internet - . On
y découvre un homme déguisé en ours qui
échange des free hugs (embrassades) aux
passants d’une rue. L’agence a su efficacement mettre en exergue les problèmes
d’intégration et d’acceptation liés au handicap. Preuve à l’appui : la vidéo a été vue
plus de trois millions de fois et a été partagée mondialement.
A
B
C
- Association De l’air et Bruit du Frigo, Cobonne , 2006 - 2008.
En ligne. <http://www.delaire.eu/coordination-de-projets/cobonne>.
Crédit : Inconnu. Consulté le 04.02.2014
- Michael Wesch et ses étudiants, Kansas ! , 2007. Vidéo.
En ligne. <http://www.youtube.com/watch?v=dGCJ46vyR9o>.
Capture d’écran. Consulté le 02.02.2014
- Agence Jung von Matt/Limmat, Get Closer, 2011. Vidéo.
En ligne. <http://www.youtube.com/watch?v=zFWr-CKMWGY>
Capture d’écran. Consulté le 02.02.2014
22
23
B
L’ i l l u s
tration
comme
média
sensibi
lisateu
r
A
- Penelope Bagieu, Chalutage profond, 2013.
En ligne. <http://www.penelope-jolicoeur.com/>.
Consulté le 18.12.2013
- Ludwine, Où vont les hommes ?, 2006. Antony : La Boîte à Bulles.
En ligne. <http://www.la-boite-a-bulles.com/fiche_album.php?id_
album=34>. Consulté le 15.02.2014
C
Dernièrement, un autre « buzz » lié à la sensibilisation d’un problème environnemental a suscité notre intérêt. Penelope Bagieu
a su dénoncer la pratique du chalutage profond, méthode de pêche très controversée,
sous forme d’une bande dessinée accessible et populaire - . Selon nous, c’est
l’exemple le plus marquant et actuel d’un
militantisme et d’une prise de conscience
communautaire et virale au travers de l’illustration. Postée sur son blog en novembre
2013, sa bande dessinée s’est propagée
sur tous les réseaux sociaux en quelques
semaines. Pour conclure sa bande dessinée, l’illustratrice propose alors de cliquer
sur un lien renvoyant à une pétition contre
le « Chalutage profond ». Celle-ci a atteint
près de neuf cent mille signatures, majoritairement françaises. Suite à cela, le Parlement Européen a proposé une interdiction du chalutage profond au-delà de six
cents mètres de sous-marins et un accord à
été trouvé. D’ici début 2015, la Scapêche
s’engage à arrêter de pêcher au-delà de huit
cents mètres de profondeur.
Dans un registre beaucoup plus moralisateur et sensibilisateur, le dessinateur
Ludwine nous plonge dans un univers
sombre et ironique à travers sa bande-dessinée « Où vont les hommes ? ». Il dresse ici,
comme dans de nombreux de ses ouvrages,
une critique brute et sévère de la société de
consommation actuelle. Ses dessins sont
articulés autour de symboles très forts et
objectifs, toujours en trois couleurs : bleu,
rouge et noir - . Selon nous, c’est un parfait contre-exemple de ce vers quoi nous
voulons aller. En effet, nous aimerions pouvoir sortir du ton moralisateur et catastrophique, cela fait trop longtemps que le
sujet écologique est abordé de manière
alarmiste et défaitiste. Le ton n’a pas, ou
peu, évolué avec les années, ce qui peut
provoquer une lassitude et un rejet de la
part de la population.
Par ailleurs, avec une structure narrative
plus profonde et mieux construite, Joe
Sacco a su nous plonger dans les événements marquants qu’il a traité en tant que
journaliste. Avec la parution de « Palestine »
en 1993, Joe Sacco a su offrir un autre point
de vue sur la Palestine que celui donné par
l’Amérique, en se rendant dans la bande de
Gaza et en Cisjordanie. Son travail d’investigation révèle une autre vision de ce
que nous avions l’habitude de voir dans
les grands médias. En mettant en exergue
les rapports entre colons et occupés, entre
l’armée d’occupation et les militants il a
démontré les souffrances subies par les
Palestiniens. Malgré l’utilisation d’un
médium classique, cela reste une référence
importante puisque ses ouvrages apportent
un regard novateur sur des sujets sensibles
- . Une narration pertinente, complexe
et minutieuse, constituée de personnages
charismatiques, étoffe le sujet et stimule
l’attention chez le lecteur.
Pour reprendre une fois encore les propos de John Thackara 1 : « Une histoire
attrayante et crédible, puissamment
orchestrée, même si elle n’est pas tout à fait
vraisemblable, a toutes chances de susciter chez l’auditeur ou le spectateur, engagement, implication et adhésion psychologique ».
- Joe Sacco, Palestine, 1993. Seattle : Fantagraphics.
En ligne. <http://artthreat.net/2010/12/joe-sacco-interview-2/>.
Consulté le 07.02.2014
1 - John Thackara, In the Bubble, de la complexité au design durable. Saint Etienne : Éditions Cité du Design, 2008. 187 pages.
24
25
Design
de service et
réseaux
sociaux
Tout comme le co-design, le design de service place l’usager en première ligne, dans
le souci d’améliorer nos conditions de vie
et d’enrichir l’activité sociale. Les innovations sociales sont indiscutablement
liées à l’écologie et au développement
durable. Comme le souligne Pierre Rabhi,
« si l’être humain ne change pas quotidiennement pour atteindre générosité, compassion, éthique et équité, la société ne pourra
changer durablement. On peut manger bio,
recycler ses déchets et ses eaux usées, se
chauffer à l’énergie solaire et exploiter son
prochain. Cela n’est pas compatible. » 1
- Jérémy Emsellem, Golden Hook , 2008.
En ligne. <http://lasuperettedemodspe.blogspot.fr/2011/01/goldenhook-nos-grand-meres-tricotent.html>. Consulté le 02.02.2014
tous les ingrédients sont présents pour placer Golden Hook parmi les exemples les
plus intelligents et cohérents.
- Dennis Crowley, Naveen Selvadurai4, Harry Heymann, Nathan Folkman et Mike Singleton, Foursquare, 2009.
En ligne. <http://haverzine.com/2013/09/17/foursquare-releases-updated-ios-app-with-all-new-design-for-ios-7/>. Consulté le 15.02.2014
A
Les réseaux sociaux sont également de
bons exemples d’innovation sociale. Par
exemple, Foursquare est un réseaux social
qui propose de trouver, partager et de sauvegarder les lieux les plus agréables, les
activées les plus intéressantes autour de
soi. De nombreux commentaires de clients
sont mis à disposition selon les lieux - .
Mais les réseaux sociaux peuvent également
intervenir en tant que puissants diffuseurs
d’information. Le succès de la bande-dessiné de Penelope Bagieu 2 à été engendré
par la propagation instantanée et virale de
la communauté Facebook. L’illustratrice a
adapté une cause louable à un public jeune
et décomplexé. Le narrateur omniscient
emploie un ton familial, humoristique et
décalé. En traitant différemment un sujet
si sérieux, l’illustratrice a provoqué le buzz
par le partage de son article via Facebook.
Le co-voiturage qui permet le partage de
sa voiture, les services d’hébergement
temporaire ou encore les SEL (Système
d’Echange Local) sont également des services générateurs de valeurs communautaires, environnementales et sociales. Un
exemple local : le SEL du Lac est une association genevoise qui offre aux utilisateurs
un service d’échange de Biens, de Services
et de Savoirs
B
Pour citer un service intergénérationnel : Jérémy Emsellem a fonder en 2008
Golden Hook, parfait exemple s’inscrivant
dans une démarche d’équité et d’innovation sociale. L’utilisateur choisit une grandmère parmi un petit casting, qui tricotera
à la demande un bonnet, une écharpe ou
encore un nœud pour les cheveux - . Service éthique, social, environnemental,
intergénérationnel, local et humoristique ;
1 - Pierre Rabhi, La part du colibri. La Tour d’Aigues : De l’Aube, 2013.
2 - Se référer au chapitre « L’illustration comme média sensibilisateur » page 30-31.
26
27
e
L’ e s p a c
urbain
e
comm
e
support d
commu
nication
- Banksy, Sans titre, 2005.
En ligne. <http://clg-pierre-auguste-renoir-ferrieres-en-gatinais.tice.
ac-orleans-tours.fr/php5/spip/spip.php?article758>. Crédit : Inconnu.
Consulté le 07.02.2014
- Mathilde Enjalran et Juliette Hoefler, La brique, 2013.
En ligne. <http://juliettehoefler.com/post/50078850935/collaboration-avec-mathilde-enjalran-suite>. Crédit : Mathilde Enjalran. Consulté
le 15.02.2014
- La Ruche, Territoires en résidences , 2009.
En ligne. < https://territoiresenresidences.wordpress.com/category/
residences/residence-a-la-ruche-a-rennes-la-citoyennete-numeriquement-augmentee/>. Crédit : Inconnu. Consulté le 15.02.2014
A
B
C
28
Si l’on remarque un point commun entre
toutes les manifestations existantes, c’est
leur lien à l’espace public à la ville, à la rue.
Généralement sous forme de marches organisées, ces évènements utilisent l’argument
de la masse comme soutien à leur lutte.
Plus il y a de participants, plus l’événement
est pris en considération : la prise en considération étant l’élément pivot amenant
vers une solution. On en conclut donc qu’il
est primordial de stimuler l’intérêt de son
interlocuteur pour espérer de sa part une
réponse. Dans cette dimension, on sait que
l’espace urbain est un outil hyperpuissant
pour la propagation du message. Le premier exemple qui puisse venir en tête est
bien sûr le graffiti, et tout le mouvement du
Street Art qui en découle. Vu par certains
comme un simple acte de révolte juvénile,
cette discipline est pourtant par essence
une discipline de la communication, qui
vise à dépasser les frontières institutionnelles pour révéler l’essence d’un problème. La désobéissance au service d’une
cause : « J’écris là où je ne dois pas, pour
dire ce que je ne devrais pas ». Certains
artistes ont parfaitement su jouer avec ce
procédé et par le choix d’emplacements et
d’images suffisamment évocatrices ils ont
rendu public leur message. Ainsi peut-on
citer l’un des travaux les plus marquants de
l’artiste britannique Banksy. Celui-ci avait
réalisé des fresques géantes à Jerusalem,
sur la surface même du tristement célèbre
mur séparant Israël de la Palestine - . On
y voyait une jeune fille s’envoler à l’aide
d’un ballon. Une façon poétique et pourtant engagée de remettre en cause l’absurdité de cette barrière immense qui déchire
deux peuples.
L’architecture donc, comme porteuse d ’un
message, mais aussi l’espace. Jouer avec
les formes et les structures, les pleins et les
vides. Prendre conscience de ces notions
intrinsèques à la ville et les détourner
pour soutenir la communication permet de chercher d’autres moyens de prodiguer un message. On ne cite plus l’affiche comme instrument classique de la
communication urbaine. Cela dit, grâce à
un système d’accroche original ou au bon
calcul de son emplacement, elle peut sortir de ses retranchements et devenir, en
tant que support, l’objet même du propos ; à la frontière de l’installation. Ainsi
peut-on évoquer le travail de Mathilde
Enjalran et Juliette Hoefler. Conscientes du
manque de rue portant un nom de femme,
elles ont fait le choix de réaliser un travail
d’affichage sauvage mentionnant ce fait et
par là-même mettant en valeur certaines
figures féminines méritantes. Ici, l’affiche informe mais aussi sensibilise à une
absence, un manque institutionnel. Dans
d’autres cas, elle peut mettre en avant un
vide, une absence physique. C’est le cas
d’une campagne de sensibilisation sur le
sujet des sans-abris. Installées dans des
espaces hors du commun et évocateurs (au
pied d’un mur, sous un abri bus, etc...),
elles ont le mérite de stimuler la curiosité
du passant, de le stopper dans sa marche,
de l’extraire de son quotidien et de l’inciter,
pour un instant, à réfléchir sur un problème
social qu’il ne voyait plus jusqu’alors - .
Il arrive que l’espace soit utilisé pour résonner avec d’autres sujets, et ainsi offrir une
nouvelle lecture d’un message. Prenons
l’exemple très parlant d’un projet de quartier qui visait à créer une interaction et
un contact entre les habitants. Pour cette
occasion, les graphistes ont demandé à plusieurs riverains de composer un texte, et de
le mettre en ligne sur une plate-forme commune. Pour stimuler l’envie du voisinage à
lire ces textes, des extraits ont été inscrits
directement sur la chaussée - . Avec un
système de pochoir, les participants ont
simplement « kärcherisé » le sol pour que
le texte apparaisse en contraste de la salissure des rues. Ce genre de procédé ingénieux joue avec un espace qui s’auto-réfère
pour créer une réaction de la part du public
ciblé.
29
Événe
t
ments e
instal
s
lation
Évoquée précédemment, l’installation est
une des formes graphiques qui s’applique
facilement à un acte de militantisme. Nul
besoin d’évoquer de façon approfondie les
stands itinérants, commun à toute sorte
d’ONG ou association, souvent installés dans les rues les plus fréquentées pour
soustraire signatures et adhésions. Nous
connaissons tous ces installations, et force
est de constater que leur communication n’atteint probablement pas le résultat escompté. Fonctionnant sur un procédé
d’interpellation directe, ce système a souvent le défaut d’agacer ou de gêner les passants pressés ; et malheureusement, peu de
personnes font délibérément le choix de
s’arrêter. À notre avis, d’autres solutions
existent, qui permettent d’utiliser l’espace
public comme support de communication,
sans pour autant interrompre maladroitement, voir inutilement, le quotidien des
gens. Prenons l’exemple de Jérome Medeville,
personnage engagé au sein du mouvement
de décroissance. Sa particularité, en tant
que musicien, est de s’installer dans la rue, à
bord d’un véhicule lui permettant de déplacer aisément son piano, et de jouer dans la
ville qu’il investit. C’est à l’aide d’un autre
média, ici la musique, qu’il ouvre le dialogue avec les passants les plus curieux.
Ceux-ci l’abordent, le questionnent sur ses
motivations et durant une mélodie il prend
le temps de les informer et de les sensibiliser à la cause de la décroissance. L’art,
donc, est un moyen efficace d’interpeller
30
- Roadsworth & B. Armstrong, Fragile, 2012.
En ligne. <http://fragile.projekroom.com/>. Crédit : Roadsworth & B. Armstrong.
Consulté le 01.02.2014
les citadins. En l’installant intelligemment
dans l’espace urbain, nous restons convaincus qu’il a la possibilité d’éveiller chez chacun la sensibilité artistique qui poussera le
spectateur à développer lui-même un intérêt. On ne compte plus le nombre d’installations de ce genre, ainsi que leurs impacts
bénéfiques sur la population : d’une ouverture culturelle vers une sensibilité éthique.
Dernièrement, on peut citer cette sculpture improvisée sous forme d’étang, qui
avait investi le rez-de-chaussée d’un centre
commercial - . Constituée exclusivement
à base d’objets déjà utilisés, celle-ci évoquait avec humour et poésie la problématique du recyclage. Un autre exemple : les
installations, elles aussi temporaires, réalisées par le créateur Paulo et deux artistes
thaïlandais en collaboration avec le WWF.
Mille six cent pandas miniatures, représentant les Mille six cent pandas vivants
actuellement dans le monde, envahissaient
la place d’une ville : la campagne plaît et
sensibilise avec humour - . Certains collectifs ont d’ailleurs fait de cette discipline
la leur. En prenant la ville comme support
et en l’aménageant de façon créative, ils
ont développé l’idée d’une pratique communicante sur le monde environnant. En
Suisse on peut citer le Studio 42 et le collectif Tako qui œuvrent chacun pour l’accessibilité et la communication de l’art, par l’art,
dans la rue.
Dans d’autres cas, des installations plus
classiques et didactiques, jouant avec
les diverses facettes de la signalétique,
peuvent s’avérer efficaces dans le contexte
d’une campagne de sensibilisation ou
même de communication. Dans le cadre
du New Museum Festival of Ideas for a New
City de 2011, Laetitia Wolff et Julie Lasky
avaient travaillé ensemble sur une installation temporaire à destination des enfants,
expliquant les procédés du compost. Avec
un travail graphique très abouti, le projet
avait l’intérêt d’attirer l’attention et ainsi
d’augmenter le nombre de visiteurs - .
Dans le même esprit, dans le cadre de la
Biennale de Saint-Etienne, Sébastien Philibert et Laure Berton ont travaillé à la re-dynamisation de la ville. En proposant des
aménagements ludiques propices à la rencontre, ils ont fait de la rue un terrain d’interaction entre les habitants, les incitant
ainsi à œuvrer pour leur vie de quartier - .
- Paulo en collaboration avec le WWF, Sans titre, 2008.
En ligne. <http://www.imageofblog.com/new/daxiongmaodetupiandaquan/347901.
htm>. Crédit : Inconnu. Consulté le 04.02.2014
- Laetitia Wolff et Julie Lasky, ExpoTENtial Hug a Worm Lab , 2011.
En ligne. <http://blog.archpaper.com/wordpress/archives/16810>. Crédit : Inconnu.
Consulté le 01.02.2014
- Sébastien Philibert et Laure Berton, Ancrages à Saint-Etienne, 2012-2013.
En ligne. <http://saint-etienne.fr/actualites/saint-etienne-ville-creative-design-unesco-remporte-4-prix-au-concours-jeunes-talents-du-/>. Crédit : Laure Berton. Consulté
le 19.02.2014
- Caroline Wüthrich, Geraldine Borio et Parallel Lab, STAG , 2012.
En ligne. <http://www.yooko.fr/biennale-design/2013/03/12/exposition-empathicity-making-our-city-together/>. Crédit : Parallel Lab. Consulté le 01.02.2014
B
Enfin, peut-on se permettre d’élargir
encore un peu les domaines d’action en
évoquant le design d’objet qui, mis en résonance avec la rue, peut devenir un véritable
support de communication militante. Nous
avons en tête le projet STAG, conçu par
Caroline Wüthrich et Geraldine Borio,
qui consistait en l’hybridation d’un sac
à dos avec un tabouret - . Très pratique,
cet objet permet de circuler dans la ville et
peut à tout moment se transformer en support et aire de repos. Il joue ainsi avec les
codes du public et de l’intime, du durable
et de l’éphémère, et ouvre vers une autre
perception de l’espace urbain. Sachant que
cet espace est lui-même le lieu de multiples questionnements, actes militants ou
sensibilisateurs, le champ des possibilités
devient alors infini.
A
C
D
E
31
- Gregory Kloehn, Dumpster Home, 2013.
En ligne. <http://theflyingtortoise.blogspot.fr/2012/10/a-tiny-home-indumpster.html>. Crédit : Inconnu. Consulté le 07.02.2014
A
- Studio Swine, Can City, 2012.
En ligne. <http://www.studioswine.com/can-city>. Crédit : Studio
Swine. Consulté le 06.02.2013.
- Dries Verbruggen et Claire Warnier, Kiosk 2.0 , 2012.
En ligne. <http://vimeo.com/43664926>. Crédit : The Machine.
Consulté le 07.02.2014
A
B
C
32
L’objet e
t la rue
Ce dernier exemple nous amène donc à
considérer le rôle de l’objet dans le paysage
urbain, comme outil de communication. En
effet, nous avons découvert certains projets qui, s’inspirant du concept de l’installation, ont fait dériver ce support vers une
forme mobile. Ceux-ci ont tout particulièrement attiré notre attention, car il ont
l’intérêt de se présenter sous des aspect
très originaux, témoins d’une grande créativité, tout en restant d’excellents moyens de
transmettre des idées, des revendications
et de sensibiliser à certaines thématiques ;
cela, dans un contexte citadin. Ainsi avonsnous sélectionné la création de Gregory
Kloehn, artiste anglais, qui a eu l’idée audacieuse d’aménager une benne à ordure pour
la rendre habitable - . Certes à la frontière
d’une création artistique, ce projet a l’intérêt de reconsidérer la notion d’urbanisme
avec les outils de l’architecture d’intérieur
et du design d’objet ; sans omettre d’afficher un parti pris évident. En se réappropriant cet objet symbole de consumérisme
et de dégradation, l’auteur fait probablement référence aux difficultés de logement
en lien à l’inéquitable composition sociale
des villes. Cette architecture improbable
qui joue avec les codes de la rue a le mérite
de provoquer un rire jaune et probablement
une prise de conscience chez celui qui la
découvre.
d’une transformation immédiate du vieux
vers le neuf.
Dans le même état esprit : le « Kiosk 2.0 »
de Dries Verbruggen et Claire Warnier - .
Cet objet-installation itinérant se base sur
le modèle du kiosque traditionnel avec la
particularité de servir, non pas des cigarettes ou des magazines, mais des impressions 3D instantanées ! Bien qu’étant hors
d’un contexte de communication engagée
et militante, cet exemple a le mérite d’inspirer de nombreuses idées, en dévoilant
l’étendue multiple des possibilités qu’offre
ce genre d’objet communiquant au cœur
d’une ville. C’est probablement l’idée d’un
service original qui nous séduit le plus dans
ce projet. En effet, il a l’intérêt de sortir de
l’habituel schéma de l’application numérique pour se matérialiser concrètement
dans la rue. Il établit un contact direct avec
les passants et futurs interlocuteurs en leur
délivrant concrètement et immédiatement
un service tangible qui correspond à leur
attente.
Nous avons également sélectionné le travail de Studio Swine, dans la ville de Sao
Paulo - . C’est à l’aide d’objets de récupération que ceux-ci ont développé une
machine mobile dont la spécificité est de
faire fondre sur place les déchets en aluminium abandonnés dans les rues et de
les recycler instantanément en meubles,
à l’aide de moules préfabriqués. Cette
machine faite de bric et de broc a l’avantage de sensibiliser tout en agissant directement dans l’espace urbain, par le biais
33
Impossible de terminer sans parler de ce
que nous évoque immédiatement ce dernier exemple : la culture de la Street Food.
Lors de nos recherches, nous avions été
séduits par l’exposition « Ma Cantine en
Ville » présentée lors de la dernière Biennale du Design de Saint-Étienne ; un projet de recherche et d’expérimentation sur
la cuisine de rue. En confrontant ce travail
avec le titre de la biennale « l’Expérience et
l’empathie de l’autre », il nous est revenu
l’un des aspects primordiaux de la communication : l’échange. Que le message soit
gratuit ou qu’il demeure dans un but de sensibilisation et de militantisme, le contact
social reste un outil indéniable et rien de
tel que la nourriture pour unir les individus ! Il est impossible de lister le nombre
de villes qui contiennent des stands, des
« bouibouis » ou des kiosques à nourriture.
Allant du kebab au hot-dog en passant par
les churros, chaque endroit a sa spécialité
et nous pensons que ce modèle d’alimentation propre à la rue reste un outil de communication fort.
Très en vogue depuis quelques temps, la
Street Food a d’ailleurs connu une évolution remarquable. Développé de plus
en plus dans les villes, le Food Truck est
l’exemple parfait d’une cuisine itinérante
de plus en plus raffinée. De nombreuses
entreprises ont su s’approprier ce système
pour rendre leurs mets toujours plus abordables. Cela dit, on remarque qu’en dehors
d’un aspect marketing, ce système peut
être utilisé à des fins bénéfiques : pour
valoriser des produits locaux par exemple,
comme dans le projet mené par Augustin
Scott de Martinville, professeur à l’ECAL
- . Lors d’un workshop, il avait offert la
possibilité à ses étudiants de se réapproprier le Food Truck pour en faire un objet
de valorisation de produits du terroir, avec
34
un cahier des charges responsable et une
éthique décroissante.
Nous en parlions précédemment, l’objet
est souvent proche de l’installation, qui
elle-même se rapproche de l’événement.
Ainsi, il n’est pas surprenant de voir que
certains collectifs utilisent la nourriture
comme point central d’une action. C’est le
cas de Kitchen Guerilla, qui improvise des
banquets éphémères dans l’espace public
avec comme maître mot le partage d’une
bonne cuisine et le plaisir d’être ensemble
- . Pouvant apparaître comme purement
hédoniste aux yeux de certains, les projets de Kitchen Guerilla sont pour nous,
au contraire, une réelle action contre une
société du toujours plus, toujours plus vite.
D’ailleurs, en évoquant cette notion du
temps, il devient aussi important de citer
les mouvements du Slow Food qui jouent
sur le thème de la consommation acharnée
de la nourriture et qui remettent au goût du
jour un mode d’alimentation sain et équilibré. Pour ne citer qu’un exemple, les « Slow
Fast-Food » conçus par l’agence de design
allemande Korefe - . Ceux-ci ont fait le
choix de mettre en bocaux des aliments
sains, cultivés localement mais permettant
une consommation instantanée. Ils jouent
ainsi avec dérision sur les codes du FastFood, qu’ils s’approprient pour revenir à
une consommation plus responsable de la
nourriture.
Street
food et
dérivés
- Augustin Scott de Martinville et les étudiants de l’ECAL, Terroir, 2013.
Installation nomade. En ligne. <http://www.designmiami.com/designlog/
columns-listing/disegno/terroir-by-ecal/>. Crédit : Emile Barrett. Consulté
le 10.02.2014
- Kitchen Guerilla, Sans titre, 2011.
En ligne. <http://blog.kitchenguerilla.com/2011/05/kitchen-guerilla-refugee-camp-in-basel/?lang=en>. Crédit : Bettina Matthiesen. Consulté le
10.02.2014
- Korefe, Slow Fast Food, 2012.
En ligne. <http://undergroundgastronomes.blogspot.fr/2012/01/slow-fastfood.html>. Crédit : Inconnu. Consulté le 09.02.2014
A
C
B
35
Arrivés à ce stade de nos recherches, nous percevons maintenant toute l’étendue des champs d’application pour ce futur projet de Bachelor. Conscients de cette large possibilité de moyens, nous ne
souhaitons pas pour autant perdre de vue notre objectif initial : servir une cause que nous considérons louable. En effet, c’est là, pour l’instant, notre seule conviction. Forts de notre motivation, nous
sommes pourtant encore dans un processus de réflexion sur le support final de notre projet, et sur les
outils que nous emploierons pour y parvenir.
Nous souhaitons que notre projet ai un impact en dehors du contexte scolaire, qu’il s’étende concrètement et publiquement pour servir les intérêts de ces grands parents, soucieux d’un avenir meilleur
pour leurs petits-enfants. Ayant déjà pris contact avec les membres de la future association suisse
romande, nous avons pu constater leur convictions et leur engouement pour notre travail. Nous souhaitons continuer à garder contact avec ces personnes, touchantes dans leur combat, pour nous inspirer. Ainsi, nous avons aussi pensé à organiser d’éventuelles réunions, sur le modèle du co-design,
pour échanger nos avis, prélever leurs opinions et idées face à notre avancement. Sans nous limiter
à un rapport commanditaire-exécutant, c’est plutôt dans une perspective collaborative que nous
voyons notre travail se lier à leur démarche et nous espérons sincèrement que l’aboutissement de
notre projet en juin 2014 servira leur action, si tel est leur souhait.
Dans notre sélection d’exemples, certains procédés, certaines techniques, et même certains univers
nous ont tout particulièrement séduis. Sans vraiment pouvoir expliquer la raison de ces choix, nous
36
savons d’ores et déjà que notre projet ne se limitera pas à une édition, ou une application numérique.
Loin de rejeter ces possibilités. Nous sommes cependant motivés par l’idée de la mise en espace et du
support urbain comme outils de communication. Comme nous l’avons déjà souligné, c’est l’un des
points majeurs dans la diffusion de ce genre d’action. Nous souhaitons vraiment contribuer à ces disciplines qui tentent d’extraire les mouvements contestataires ou revendicateurs de leurs habitudes,
pour les mener vers des alternatives plus profondes et certainement plus efficaces. Comme précisé
au début de ce thésis, le dialogue reste pour nous un outil fondamental qui lutter contre l’ignorance
ou le déni. Nous désirons vraiment articuler notre Bachelor autour de ce concept. Parmi le grand
nombre de moyens existants, nous retenons l’utilisation de la nourriture comme support de communication. Le partage et les échanges qu’elle suscite entre les individus nous fascine. Parmi tous
les domaines qui nous intéressent (décroissance, social, réappropriation du temps, espace urbain,
etc...) elle semble apparaître comme l’une des pièces maîtresses pour notre ouvrage dans les mois à
venir.
Ainsi savons-nous seulement que nous souhaitons offrir à ces grand-parents un moyen de communiquer leur action par un procédé qui permet, tout d’abord de sensibiliser, mais aussi de pouvoir amener les individus à repenser leur rapport au monde et au temps. Peut-être ne deviendront-ils pas de
fervents supporters de cette lutte, mais s’ils pouvaient juste s’arrêter un instant pour apprécier une
rencontre, engager un discussion, contempler une image... alors pour nous, cela serait déjà une
victoire.
37
Cyril Afsa, Design de service : pourquoi
les serviteurs sont devenus des fast-foods
et les applications numériques. St-étienne,
Cité du design éditions, 2013.
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Saint-Etienne, L’empathie ou l’expérience
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38
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ject.net/
http://www.larevuedurable.com/fr/
39
Ces annexes sont des prises de notes résumant les différentes réunions ou conférences auxquelles nous avons assisté.
Compte
rendu de la
première
réunion des
Grands-Par e n t s
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la nce
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40
41
Compte rendu de la soirée sur les Grands parents et le climat
Certains insistent sur leur envie de créer plutôt que de protester. Notamment sur l’autonomie
Lausanne, 5 février 2014, de 18h30 à 22h.
alimentaire, la création d’écovillages ou d’écoquartiers, l’importance des jardins potagers, etc.
Une personne évoque les jardins potagers collectifs comme un moyen de retrouver le goût des
Présents : une cinquantaine de personnes.
vraies choses et un premier contact avec la protection de la nature.
Jacques Mirenowicz, rédacteur en chef de LaRevueDurable, souhaite la bienvenue et donne le
Dans la même veine, plusieurs personnes soulignent leur envie de travailler au niveau local,
cadre de la réunion.
en informant sur la manière dont le changement climatique se manifeste et se manifestera
localement et sur les alternatives possibles.
Ensuite, deux étudiants en troisième et dernière année d’études à la Haute Ecole d’art et de
design de Genève, Benoit Écoiffier et Marion Brand, se présentent. Ils souhaitent construire
Une personne se dit séduite par l’idée de marcher pour manifester, dans la ligne des marches
un projet de communication pour le mouvement romand des grands-parents comme travail de
pacifiques qui ont eu lieu en Inde et ailleurs en octobre 2012.
fin d’études. Leur but est d’aider ce mouvement à faire passer son message par des moyens
http://ekta-geneve.blogspot.ch/p/marche-2012.html
innovants. Marion s’intéresse à l’intergénérationnel, Benoit à l’écologie. Tous deux sont très
motivés.
Plusieurs personnes disent vouloir informer, former, profiter de leurs compétences
d’enseignants, notamment en tant qu’architectes.
Olivier de Marcellus, grand-père de trois enfants et militant altermondialiste et écologiste,
apporte son témoignage.
Une personne remet en cause les conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat (Giec) et, a fortiori, celles de James Hansen. Note : cette personne a écrit
Il est d’accord avec le propos de Jacques et pense qu’il faut se concentrer sur l’objectif de
le lendemain pour dire son souhait de ne pas faire partie de ce mouvement naissant.
laisser sous terre la plus grande partie des énergies fossiles. Il propose.
Des personnes informent ne pas avoir d’enfant, mais être motivés par ce mouvement. L’une
-
-
Des actions de désobéissance civile, éventuellement dirigées contre les entreprises de
d’elle garde un excellent souvenir des dimanches sans voiture – mesure d’économie d’énergie
commerce de matières premières, très présentes en Suisse.
instaurée dans les années 1970 suite aux premiers chocs pétroliers.
Une marche vers Paris à l’occasion de la Conférence sur le climat qui doit aboutir au
protocole de Paris qui succédera au protocole de Kyoto. Cette échéance est très
Une autre a passé beaucoup de temps à se renseigner pour trouver des placements non nocifs
importante, car cet accord contraignant sur le climat doit inclure pour la première fois des
pour la planète. Elle a réussi à placer son petit capital dans des activités « propres » avec un
engagements de tous les pays émetteurs de gaz à effet de serre, y compris la Chine.
rendement de 2,8 %. Elle est convaincue qu’il y a une urgence et une pertinence particulière à
La participation au mouvement Alternatiba, qui a réuni des dizaines de milliers de
ce que les personnes à la retraite travaillent sur les caisses de pension qui comptent parmi les
personnes à Bayonne, au Pays Basque, autour de toutes les alternatives possibles –
plus gros investisseurs et qui font n’importe quoi.
agriculture, mobilité, bâtiment, finance, consommation, etc. – au système économique
actuel qui entraîne le réchauffement de la planète. http://alternatiba.eu
Un spécialiste du climat estime nécessaire de travailler sur ses propres émissions de CO2. Il
connaît beaucoup de gens à la retraite qui passent leur temps à voyager. Or, on ne peut pas
La discussion est ouverte. Tout le monde est invité à donner son avis et proposer des activités
vouloir protéger le climat et avoir un style de vie très émetteur en CO2. Les grands-parents
à mener.
42
43
doivent être des exemples pour leur entourage. Note : LaRevueDurable a mis en ligne un site
heures pour dégager des pistes d’action et d’organisation. Un accord apparaît sur cette
qui accompagne tout un chacun dans la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre :
proposition.
www.leclimatentrenosmains.org
Un comité de six personnes se constitue à cette fin, piloté par Georges Perrin.
Une ancienne conseillère pédagogique pour les garderies est prête à travailler sur des moyens
Mme Catherine Froidevaux
de sensibiliser les enfants – et, par ricochet, les grands-parents : kamishibaï, livres, petites
Mme Catherine Garret
pièces de théâtre.
Un ancien enseignant dit toute la richesse et la pertinence qu’il y a construire un mouvement
avec des personnes qui n’ont pas toutes les mêmes idées, mais ont un intérêt commun. Il est
très motivé pour participer. Il pense que les grands-parents ont un rôle particulier, car ils font
partie de la génération qui a contribué à créer le problème. Il ne faut pas se le reprocher mais,
maintenant que le problème est avéré, il ne faut pas rester les bras ballants.
Après une demi-heure/trois quarts d’heure de prises de position et de suggestions, le
modérateur demande si quelqu’un souhaite prendre le relais de l’animation pour envisager la
création d’une association ou d’un mouvement de grands-parents en Suisse romande. Car
LaRevueDurable pourra venir en appui, relayer, et souhaite même suivre ce processus, mais
c’est aux grands-parents de s’organiser et de porter le mouvement selon leurs moyens et leurs
Mme Carole de Weck
M. Jean-Claude Lalou
M. André-Lou Sugàr
Georges Perrin
Ces personnes se réuniront au plus vite.
LaRevueDurable, qui a la liste des participants à la soirée et autant de personnes qui se sont
déclarées intéressées, mais qui ne pouvaient pas venir, demandera à toutes ces personnes leurs
domaines de compétences (que peuvent-elles et veulent-elles apporter au mouvement),
d’intérêt (les sujets sur lesquels elles souhaitent travailler), leur domicile (pour envisager la
logistique) et le ou les jours de la semaine à éviter pour la prochaine rencontre.
LaRevueDurable transmettra ce document dès qu’il sera prêt aux organisateurs de cette
rencontre.
envies.
La séance est levée vers 20h30. Les discussions continuent autour d’un buffet bio et local
Georges Perrin prend alors la parole et résume l’essentiel de la situation : l’idée forte est de
livré par l’association d’agriculture contractuelle de Fribourg : www.notrepanierbio.ch
constituer une association dont la spécificité est d’être composée de grands-parents (ou
assimilés) qui veulent s’occuper de protéger le climat en tant que grands-parents. C’est ce
Fait le 12 février, à Fribourg.
statut particulier de grands-parents qui apporte la spécificité de son engagement sur un objet,
le climat, lui aussi très précis.
Une discussion a lieu pour savoir s’il est pertinent de créer une association ou s’il faut plutôt
garder l’idée de mouvement, plus informel. Pour avancer sur ce point, Georges Perrin propose
de créer un petit comité chargé de préparer – sur un strict plan logistique – une nouvelle
séance plénière (date, lieu, thèmes à discuter, etc.), à laquelle seront invités tous les
participants qui le souhaitent, tous les absents ayant manifesté leur intérêt et dont on a les
coordonnées et toute personne intéressée alertée. Le but est de se réunir au moins quatre
44
45
CONFERENCE DECROISSANCE
La décroissance est bel est bien une utopie complète par rapport à notre situation aujourd’hui.
Nous sommes effectivement en plein culte de la croissance.
Journal « Moins » :
Checker le dernier numéro : les 10 principes qu’il faudrait appliquer pour pouvoir se revendiquer être sur le
chemin de la décroissance.
5 principes :
Se libérer de la voiture
Se libérer des smartphones
Se libérer de la télévision
Renoncer à la viande
Boycotter la grande distribution
Projet lancé en 2008 par « LaRevueDurable » : « Le climat entre nos mains ».
Invitation à calculer notre profil d’émission de CO2 : diagnostique qui révèle nos émissions, avec comparution
national.
L’intérêt de l’exercice : montrer les actions significatives quotidiennes qui permettront de baisser notre
empreinte carbone. 4 secteurs : transport, alimentation, logement et la consommation d’une manière générale.
A peu près les même critères que ceux cités dans « LaRevueDurable », sauf pour le smartphone et la télévision
qui sont finalement plus des incitations à émettre des gaz à effet de serre, par la télévision et d’autres stimuli qui
incitent à consommer.
Ces principes sont essentiels et fondateurs, bien qu’ils restent complètement ridicules face à l’échelle mondiale.
Le 6ème principe mit en avant : s’engager politiquement.
Il faut effectivement que cela s’articule sur un engagement publique.
Exemple pour « LaRevueDurable » : opposition de l’ouverture d’une centrale à charbon sur le canton de
Fribourg.
Exemple extérieur : « 350.org »
L’association « 350.org », dont la mobilisation pour le sommet de Copenhague en décembre 2009 avait été particulièrement remarquée, lance sa campagne 10/10/10. Le 10 octobre 2010 est une date clé, dont l’objectif est
d’adresser un message symbolique au monde entier autour de 10 idées essentielles pour enrayer le changement
climatique. La campagne internationale de l’ONG permettrait notamment l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toits des bâtiments publiques et la mise en place d’autres actions pour éveiller la conscience
des dirigeants en vue de politiques énergétiques ambitieuses.
« GoFossileFree » : initiative de « 350.org »
« Noé 21 » : association sur Genève.
A l’occasion de la Conférence de Varsovie sur le Changement Climatique (préparatoire à l’accord qui devra
être établi à Paris en décembre 2015), « Moins » (ou « LaRevueDurable » ??) a fait un numéro spécial sur la
Pologne (dispo gratuitement sur l’internet).
Quel est la situation écologique d’une manière très générale :
Nous sommes dans une société à la dérive complète. Si on se réfère aux rapports scientifiques qui sont publiés
sur l’état de la biosphère, du système terre dans son ensemble, nous sommes en pleine dérive.
46
Les scientifiques évoquent désormais la notion de seuil.
Nous sommes dépendants de grands équilibres globaux (Biosphère, acidité des eaux...). Si nous romprons ces
équilibres, ces systèmes qui tempèrent ces équilibres réduiront leurs effets et ne fonctionneront plus.
La questions extrêmement délicate qui se pose ici : où se situe ces seuils ?
Il n’y a pas vraiment de consensus scientifique. Par exemple la pollution chimique :: on ne sait pas mesurer les
niveaux de pollution chimique globaux qui pourraient être véritablement délétères à l’échelle de la planète.
Un domaine dans lequel le travail scientifique et la recherche de pointe sont parfaitement coordonnée : le
domaine du climat.
Dans ce domaine, le seuil à ne pas dépasser serait une hausse de la température (par rapport a la température
pré-industriel) ; une hausse de 2°C. L’évaluation se fait par rapport à la quantité de CO2 accumulée dans l’atmosphère. Et la quantité de CO2 accumulée dans l’atmosphère qui engendrerait une hausse de la température
c’est 400 PPM par millions de CO2 ?
Or, nous y sommes. Nous sommes donc au bord du seuil qu’il ne faudrait pas dépasser.
La population, d’une manière générale, est extrêmement mal informée sur cette question.
Très inconsciente de ce qui nous arrive collectivement.
Tous les parents n’ont qu’une envie c’est le bonheur futur de leurs enfants. Si tous ces parents comprenaient ce
qui se passe, ils seraient les premiers à s’engager dans cette course du climat.
L’un des maillons faible sont les médias. Il y a un déficit de l’information qui circule dans les grands médias.
2 choses :
- Il y a la manière dont les grands médias vont, par exemple, relayer l’apparition du 5eme rapport du JEC sur le
climat. Le résumé de ce rapport est très important : « le Temps » l’a très bien fait comparé à « l’Hebdo ».
- Une fois que l’on prétend avoir pris connaissance de ces données, comment analyse-t-on ensuite toute l’information, en particulier dans le champ économique en correspondance à ce qu’on a compris du climat. C’est là,
du point de vu de ????????? que le déficit des grands médias est le plus profond.
Nous n’avons pas réellement de partis politiques qui ont pris la mesure du problème et qui poussent de
manière très volontariste pour trouver des accords et mettre sur pied des politiques qui seraient vraiment
génératrices de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Référence littérature ; dans les années 30, il y avait un péril évident avec la monté du fascisme et des dictatures,
en particulier le nazisme. Il y avait quelques personnalités (Churchill) qui le criaient qu’il fallait arrêter. Aussi
des intellectuels (Stefan Zweig). Il a décrit son impuissance face à la monté de cette dictature dans un livre :
« Le monde d’hier ». Il décrit un homme qu’il avait aimé et qu’il a cherché à sauver mais qui finalement à été
détruit : il était trop isolé.
Autre livre ; « Erasm ». La tolérance contre l’intolérance, l’ouverture contre la fermeture. Autre livre :
« Conscience contre violence ». Castellion (représente selon lui l’humaniste ouvert) contre Calvin (représente
l’intolérance).
On ne veut pas écrire le monde d’hier. Il faut aussi dire ce que l’ont veut : toutes les bonnes pratiques qui sont
économes en énergie et respectueuses de l’écosystème.
Sur la question de la décroissance :
« LaRevueDurable » met plus l’accent sur le climat que sur la décroissance ou le monde économique.
En réalité, si on schématise, nos sociétés actuelles reposent sur 3 grands principes :
47
- L’exploitation maximale de toutes les ressources de la terre (ex : énergie fossile non conventionnelle - Combat absolument prioritaire : à la fois les gaz et les huiles de Schiste, les Schistes bitumineux au Canada Cela
concerne aussi l’Europe : une directive circule en ce moment pour savoir si les énergies fossiles non-conventionnelles peuvent être assimilées à du pétrole conventionnel - Si cela est le cas, cela veut dire que l’ont pourra
l’importer et l’utiliser en Europe).
- Conception de la richesse fondée exclusivement sur la production matérielle
- Fédère toutes leurs politiques publique décisives autour de la croissance (PIB) et la production
L’idéologie qui domine aujourd’hui c’est la thèse du découplage : la croissance verte. Libérer la croissance
actuelle de ce qui est néfaste à la biosphère. Sauf que ce n’est absolument pas ce qu’il se passe.
Il y a un discours très fort mais rien ne se fait.
Référence : « Prospérité Sans Croissance », 2009, Tim Jackson.
Pour ne pas dépasser ces 400 PPM que nous ne devront pas dépasser avant 2050 (scénario le plus optimiste du
JEC) - qui n’est lui-même pas à la hauteur de ce qui devrait êetre fait puisqu’il ne faut pas dépasser les 350 PPM
- il faudrait que le contenu carbone du PIB moyen ne dépasse pas 6 grammes de CO2 émis par dollars (contre
les 750 grammes actuels). Il faudrait donc que l’intensité carbone de l’économie chute de 11% chaque année
jusqu’en 2050. U T H O P I E.
Et pourtant, on entend partout dire que nous allons vers une croissance verte.
Quand on parle de décroissance, on parle des pays qui sont très opulent (ex : la Suisse). Il ne s’agit pas d’abandonner la croissance de manière universelle, mais de l’abandonner là ou elle ne sert plus à rien, mis à part à
détruire.
Référence : « L’âge d’or ». Mythe qui apparaît principalement dans la mythologie grecque puis la mythologie
romaine (qui s’y réfère sous le nom de « règne de Saturne »). L’âge d’or fait partie du mythe des âges de l’humanité, avec l’âge d’argent, l’âge d’airain et l’âge de fer. L’âge d’or est celui qui suit immédiatement la création de
l’homme alors que Saturne (ou Chronos pour les Grecs) règne dans le ciel : c’est un temps d’innocence, de justice, d’abondance et de bonheur ; la Terre jouit d’un printemps perpétuel, les champs produisent sans culture,
les hommes vivent presque éternellement et meurent sans souffrance, s’endormant pour toujours. L’âge d’or
symbolise alors un passé prospère et mythique. Au Moyen Âge, l’âge d’or devient en revanche une promesse,
celle d’un futur paradisiaque et d’un monde de paix.
« LaRevueDurable » :
A Genève ils essayent de mettre en oeuvre l’écologie industrielle. De faire en sorte que le système industriel
dans son ensemble, à l’échelle du territoire, devienne compatible avec le respect des équilibres écologiques
dont nous dépendons.
La planification énergétique territoriale : Genève est leader de ce point de vue. Identification où il y a des ressources que l’on peut exploiter de manière renouvelable : géothermie, énergie du lac Léman, biomasse, le
solaire.
Si dans le même temps on continue a promouvoir la croissance, cela ne sert à rien. Ce sont des avancés importantes, mais le contexte général dans lequel elles se déroulent n’est pas adapté à notre besoin : besoin lié à la
physique de l’atmosphère et des écosystème. On ne négocie pas avec la biosphère.
2007 : Jean Louis Laville (économiste - Paris) qui est l’un des spécialistes en Europe de l’économie solidaire.
Interview dans « LaRevueDurable ». La figure de ce courant de pensée minoritaire est Karl Polanyi. Dans les
années 30-50 il a mis en place, d’après lui, les 3 piliers fondateurs de l’économie :
- Le marché.
48
- Une instance publique qui récupère une partie des ressources qui sont générées et qui les redistribue pour
créer de la justice sociale et de l’harmonie sociale.
- La réciprocité : interaction marchande non-controlée par une quelconque forme de contrat.
Nous vivons dans une société qui a écarté la réciprocité puisque le marché ne la mesure pas. Le PIB écarte ce
point.
Aujourd’hui avec les politiques économiques actuelles, l’Etat social joue de moins en moins son rôle. Nous restons donc seuls face au marché guidé par ce référentiel absurde, aberrant et suicidaire aujourd’hui, qui est la
croissance du PIB.
Sur un plan pratique, Jean-Louis Laville nous a fait comprendre que nous faisions de l’économie solidaire sans
le savoir.
Ce qui nous intéresse et ce que l’on va mettre en avant ; c’est la finalité.
Produire un gadget avec une obsolescence programmée ou un produit qui a du sens. Produire dans de bonnes
conditions avec des matériaux renouvelables, au seins d’une économie relocalisée. Si on prend en compte tous
ces critères, nous sommes dans une économie solidaire (checker le numéro qui en parle -mars 2009).
Groupe de recherche sur la question des modes de vie et de la psychologie sociale de la consommation, dirigé
par Tim Jackson. (Contenu remarquablement bien expliqué et vulgarisé.)
Il met ensemble beaucoup de disciplines différentes : les sciences économiques, les sciences de l’environnement, le comportement des consommateurs, la question des modes de vie, la question du sens que l’on cherche
à accorder à nos vies, la question du bien-être...
Et tout ça l’amène à lier cette réflexion générale à un travail sur la macro-économie et sur la possibilité de vivre
heureux et épanoui dans une société sans croissance.
Il n’est pas pour autant considéré comme crédible selon la majorité des économistes mais son livre à eu un
impact très important.
C’est un moyen de sortir de l’idéologie dominante de ce qu’est l’écologie. Cela ouvre des perspectives pour aller
vers une forme de prospérité économique et sociale qui n’a plus besoin de croissance.
Une question qui nous parait très importante, soulevée par Dominique Meda dans son ouvrage « La mystique
de la croissance » qui s’appuit sur les travaux de Tim Jackson : rapprocher le consommateur du producteur.
Le PIB focalise tout sur la production : le but est d’avoir une production qui croit sans arrêt. C’est en se focalisant uniquement sur cet aspect que le producteur devient secondaire. Produire le plus possible au plus bas
coût possible pour qu’il y ai le maximum de choix. Tous ce qui consiste aujourd’hui a rapprocher le producteur
du consommateur, à lui faire comprendre que derrière lui il y a des gens qui ont travaillé plus ou moins dans de
bonnes conditions. C’est évidement quelque-chose de très important à faire.
Ex1 : Si on pense au commerce équitable : payer le producteur un petit sur-prix par rapport à l’économie dominante. Mais là ce n’est pas seulement lui donner un petit plus sur le plan financier, c’est réfléchir à toutes les
conditions de travail ; où est-ce-que cela à été produit, par qui, comment...
Ex2 : Agriculture contractuelle de proximité. Nouer un rapport direct avec le producteur. On ne profite plus de
ce qui est le moins cher possible, on est plutôt en train d’avoir une attitude responsable.
(ex livre : si il a été produit en chine, papier recyclé...)
Le problème (selon moi) : l’accès à ce genre d’information !!!!! Voir Leclerc.
Réf : « Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous », Les Petits Matins, 2013 - Richard Wilkinson et Kate Pickett.
Les tords et les travers du PIB :
- On ignore toute la richesse non-monétaire (réciprocité)
A partir d’un certains niveau de richesse, on augmente plus le bien-être. C’est un principe universel. Dans tous
les pays qui ont atteint ce niveau de richesse, on augmente plus de bien-être. A ce niveau là, on détruit la pla-
49
nète sans avoir de bien-être supplémentaire. Dans certains pays comme le Japon, les Etat-Unis ou l’Angleterre
on a même pu mesurer une régression (indice de santé social au seins de la population).
C’était mieux avant ?
- Aucune donnée sur ce qui est de la redistribution de la richesse. On peut avoir un très fort taux de croissance
avec une très forte inégalité sociale.
Plus la société est inégalitaire, moins la démocratie fonctionne, moins les problèmes de durabilité seront
réglés. Pourquoi ? C’est toute l’histoire du mouvement Occupy (USA). L’essentiel de la richesse (25% de la
richesse des USA est accaparée par 1% de la population !!!!). Et bien évidement ce 1% fait TOUT pour nous
empêcher de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, créer plus de justice sociale... Ces gens ont un pouvoir financier tel que leur pouvoir politique est disproportionné dans nos sociétés. Ces 1% sont le lobby des
énergies fossiles. Ils ne distinguent pas les investissements constructifs dans nos sociétés (Hôpital, école...), et
les actions défensives (accident, catastrophe – ex : Fukushima va augmenter le PIB du japon). Il ne disent rien
sur la destruction du capital naturel.
Le PIB fait la même chose à l’environnement qu’aux travailleurs : il l’exploite et le pressurise au maximum.
L’utopie de la décroissance :
Sortir du PIB et le remplacer par d’autres indicateurs :
- La santé sociale de nos sociétés (nombre de personnes en prison, délinquance, niveau de partage des ressources, scolarisation...). Ref : « Les Petits Matins ».
- La santé de la planète.
Beaucoup de chose à faire dans ce domaine :
La solution d’après Tim Jackson : dans une société qui quitte la croissance, il va y avoir un choc sur l’économie. Si on fait ça, d’après les politiques actuelles, on aura encore moins de travail et nous serrons en récession.
Il faut partager le travail. Si on a augmenté la productivité comme on l’a fait, si on peut produire dans un temps
de travail moindre autant de biens et de services alors il faut partager les tâches. IL faudrait arrêter avec les
gains de productivité mais plutôt miser sur les gains en durabilité (d’après « Adieu à la croissance : Bien vivre
dans un monde solidaire », Jean Gadrey - économiste). Si on veut produire mieux, de manière durable, on va
avoir besoin de plus de travail (voir N°10 de « LaRevueDurable »). Si on quitte progressivement la voiture de
manière individuelle, une demande d’un autre moyen de transport va naître ou accroître (vélo, tram...). On ne
tue pas le travail, on le transforme.
L’espoir en ce moment vient des USA : James Hansen - Climatologue. Travail extraordinaire fait aux USA.
La raison pour laquelle il se mobilise : la sensation qu’il a eu en devenant grand-père.
Association de grand-parents qui se mobilisent pour le climat en Norvège. Il se battent contre le pétrolier local.
- - - - - - - - >Aucun genre d’association comme celle-ci en France ou en Suisse
Association de mères (260 mères) au Massachusetts :
On a vu nos leaders échouer sur tous les niveaux d’action face à la crise du climat.
Nous avons vu l’industrie exercer une influence injuste sans égare pour le bien commun.
Nous avons remarqué la petite part de peur dans chacun d’entre nous qui nous amène à vouloir prétendre que
finalement c’est pas aussi grave que ça, plutôt que faire face au danger qui arrive.
Et maintenant nous disons : ça suffit, c’est moralement inacceptable.
Nous allons donc tout faire pour nous battre contre ces gens.
Groupe de monnaies complémentaires locales existe à Genève, est en train de se créer.
Échange de richesses fabriqué ici, pour les gens d’ici. monnaiegrandgeneve.org
1:00:45 -> un grand-père parle de sa volonté de créer une association de grand-parents.
« Storms Of My Grandchildren » de James Hansen.
Des grands-parents se retroussent les manches et ne veulent pas laisser arriver le cataclysme qui est en train de
se préparer pour leurs petits-enfants.
Exemple de domaine dans lequel on créer plus de travail, avec des méthodes modernes en allant vers la durabilité : l’agriculture.
Pour produire mieux, il faut plus de mains-d’oeuvre. Il y a un travail de fond à faire, aller vers la durabilité et
sortir de l’obsession de la croissance, ça n’est pas aller vers la récession et le chaos.
Motif d’espoir :
- Pour rentrer dans la décroissance il faut partir d’un changement de manière de vivre (les principes du magazine « Moins ») et reconnecter le consommateur avec le producteur. Exiger aussi du milieu académique qu’il
travail beaucoup plus sur ces sujets qu’il le fait à présent.
- Inventer une macro-économie sans croissance (tâche plus proprement académique) : changer la conception
de la richesse et faire travailler les climatologues avec des économistes hétérodoxes.
- Rendre la vie impossible à l’énergie fossile (« Nous avons un ennemi, cet ennemi c’est l’industrie fossile ». Bill
McKibben).
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INTERVIEW DE JACQUES MIRENOWICZ, DIRECTEUR DU MENSUEL « LAREVUEDURABLE ».
27 janvier 2014, bureau de « LaRevueDurable », Fribourg.
Selon moi, un tel mouvement est surtout là pour peser politiquement. En disant que ce n’est pas admissible que
les élus, les responsables ne prennent par leurs responsabilités alors que nous avons mis au monde les générations suivantes qui vont être confrontées à un environnement de plus en plus dégradé. Je vois donc un enjeu
moral de la part de ces gens, de prendre position, de se manifester et de rappeler à l’ordre une société qui, à
mon avis, a une fâcheuse tendance à mettre sous le tapis ce problème. Comme une espèce de vaste refoulement
qui n’est pas du tout en phase avec ce que nous disent les scientifiques. Je répète inlassablement ce discours, on
nous dit objectivement qu’il y a une dégradation qui va s’accélérer si nous ne prenons pas des mesures fortes.
Alors la plupart des gens font comme si de rien n’était, se disent que c’est pas si grave que ça. Mais ce que nous
disent les scientifiques c’est que la situation est très grave et en plus cela s’accélère et s’approfondit.
Je vois donc un enjeux moral et je pense que les grands parents ont peut être cette capacité à avoir un peu de
poids dans cette affaire. Un poids moral sur le débat politique qui pèsera en fonction des actions qui seront
capables de réaliser.
Je me demande si vous, vous n’êtes pas plus dans une approche sensibilisatrice.
Une action de sensibilisation il y en a eu une énorme avec l’affaire « Greenpeace » de la fin d’année 2013
(checker).
Je pense que même si des actions aussi éclatantes que celle-là, qui a eu un énorme impact médiatique a l’échelle
internationale (« Greenpeace » a eu l’intelligence de rassembler des personnes de nationalités différentes pour
que chaque pays parle de sont «héros»), J’ai quand même l’impression qu’il faut trouver des voies plus directes
vis à vis des dirigeants qui doivent être mis au courant de la réalité de la dégradation du climat par des textes
officiels. Je pense que sur une action de ce type, c’est ce qui serait le plus intéressant et satisfaisant.
Je verrais leurs actions plutôt comme des actions d’interpellation. Interpeller ces dirigeants qui ont le pouvoir
d’infléchir les directions dans un certain sens plutôt qu’un autre. Sur la question du climat en particulier, il y a
un rapport de force qui est complètement au désavantage des écologistes. C’est ce qu’on appel les Lobbys, ceux
qui détiennent véritablement ont le pouvoir. Ils ont un pouvoir financier incomparable par rapport aux discours de tous les écologistes.
Ce mouvement serait donc un poids de plus dans la balance des ONG et des scientifiques. Une voie que
je qualifierais de moral. Les parents protègent leurs enfants comme ils sont eux-mêmes protégés par leurs
grands-parents. Parmi les fondamentaux de l’éducation comme nourrir son enfant, l’habiller, le soigner etc...
Là, nous avons maintenant le devoir de sortir de l’indifférence de la réalité du climat qui se détériore et qui
donnera lieu à des conséquences absolument tragiques et irréversibles.
Parmi ceux pour qui cette question ne laisse pas indifférent, certains manifestent leur mécontentement dans
l’espace public. Peut-être que cela peut avoir un écho !
Cela pourrait donc s’appliquer pas seulement au grand public mais plutôt un public cible, notamment les
politiques.
Il faut savoir que statistiquement, plus les gens sont vieux, moins ils sont climato-sceptique. C’est à dire que la
génération la plus préoccupée par cette cause est sans doute la votre et les plus jeunes encore.
Les mouvements de grands-parents déjà existants ont fait des actions de désobéissance civile.
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Ce genre d’action n’est bien sûr pas autorisée, mais étant donné que le combat est tout à fait légitime, c’est
finalement socialement accepté même si certains peuvent en payer le prix très fort. En terme d’amende par
exemple.
- Et par des moyens plus pacifistes ?
Nous ne pouvons pas compter sur les médias conventionnels pour relayer ça, mais ça peut avoir un impact
énorme sur le web.
C’est vrai que certains messages ont vraiment bien fonctionné de manière tout à fait pacifiste, comme la campagne de « Pro Infirmis ». Mais j’ai pu remarquer que de toute manière, ce n’est pas parce-qu’on est sensibilisé
que cela change quoique ce soit. Il faut vraiment être très conscient de ce problème. On est sensible et puis ça
change rien dans le fond. Comment réussir à aller au-delà, comment être capable de prendre des risques ou de
prendre sur soit pour faire plus, pour exiger plus, pour s’engager plus.
- Trouver les moyens d’ouvrir le dialogue ?
Je pense que la conversation, et c’est même prouvé par les sciences humaines, a un rôle très important dans
la prise de conscience, dans la consolidation de la prise de conscience et dans l’émergence grandissante d’une
compréhension de plus en plus approfondie. Parce que la conversation renvoie à des lectures, cela motive pour
lire ; on lit plus donc on a d’autres questions qui se posent, on parle donc de nouveau à des gens qui ont des
compétences, etc... on conforte donc sa compréhension des problèmes qui nous intéressent.
Mais en même temps on ne peut pas présager de ce qu’il va se passer quand on mise uniquement sur la conversation. Or, par rapport aux enjeux du climat, moi je ressens une urgence folle. Il y a notamment
une échéance qui est « Paris 2015 » où en principes tous les plus polluants doivent se mettre d’accord sur des
objectifs et des moyens de remplir ces objectifs. Peut être que vous, vous pourriez décider d’engager et de générer plus d’échanges sur ces sujets dans la sphère publique. Mais il faut être conscient que le lien entre la progression de la conscience publique et sa capacité à peser sur une telle échéance n’est absolument pas claire et déterminée dans le temps. Mais j’ai espoir qu’on arrive à forcer le passage politique alors que bien évidement nous
avons la conscience du rapport de force totalement inégale et absolument pas à notre avantage aujourd’hui.
Mais nous pouvons toujours y croire !
Ça serait une superbe idée que de développer une identité visuelle aussi forte que « l’Ecole de la Montagne
Rouge » l’a fait lors du printemps d’érable québécois.
Autre chose que je trouve séduisant dans votre motivation, c’est justement le fait de mettre des outils de communication disons « à la pointe » sur cette cause qui est portée par des personnes qui sont nés bien avant l’avènement des nouvelles technologies. Ça sensibilisera d’autant plus votre génération.
Idéalement il faudrait voir si vous pourriez avoir des groupes de travail ou une 10ene/12ene de personnes qui
seraient prêtes à travailler avec vous.
Si vous trouvez véritablement le moyen d’engager la conversation où on prend le temps de l’échange, ça a un
coté intéressant même si le lien avec le politique n’est pas là. Parce-qu’en soi, c’est tout de même constructif et
ça a finalement du sens. Par contre les actions de communication pures comme des événements Facebook
publiques où on est 100 ou 1000 à se réunir tout d’un coup parce-qu’il y a eu un appel sur internet, cela ne me
parle pas beaucoup.
Si votre objectif est d’attirer l’attention chez les gens, qu’ils s’arrêtent et se parlent, c’est plutôt trouver un moyen
efficace pour que cela fonctionne. Si l’on essai de cibler les choses, si c’est ces grands-parents qui mènent ces
actions, nous pourrions aussi imaginer qu’ils les mènent avec des jeunes, des étudiants pourquoi pas. Et que
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leur cible dans le public soit les gens de leur génération et/ou les jeunes, ceux qui sont de chaque coté de la vie
active. On aurait cette petite particularité que les parents sont mis d’office hors-jeux.
Susana et moi sommes là pour vous en tant que « facilitateurs », nous cherchons à trouver les moyens de faire
en sorte que cela aille un peu mieux sur le plan du climat. Et là, manifestement on touche une fibre, une faille,
une accroche à quelque-chose qui peut être une contribution du bon coté de la balance. Nous serons ici pour
médiatiser la chose, nous vous suivrons éventuellement. Finalement, nous sommes ici plutôt en tant que relais
et témoin.
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Un grand merci à Jacques Mirenowicz et Susana Jourdan
pour nous avoir accordé de leurs temps.
Merci à Pierre Pradervand
pour tout ce qu’il représente.
Merci à Martine Anderfuhren et à Florence Marguerat.
Merci à Marie-José Croptier et Madeline Flückiger
pour la relecture.
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Papier
Lessbo Smooth Natural 90 grammes.
Typographies
Priori Sans, dessinée par Jonathan Barnbrook.
Triplex, dessinée par Zuzana Licko.
Image 4ème de couverture et cadre
Cette image est une amorce graphique au futur travail de notre Bachelor.
Marion Brand
Benoit Écoiffier
Bachelor Thesis
« Quand nos ainés décident d’agir »
Achevé d’imprimé à Crenans
© HEAD - Genève
Février 2014
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