Le Crouesty 2010 - Club de Voile des vieilles
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Le Crouesty 2010 - Club de Voile des vieilles
Quelques lignes de JC SIMON, responsable radio de la flottille vertes et rouges, cardinales. Lente entrée dans le port, pare-battages dehors, sous l’oeil vif d’un élégant échassier. Après l’amarrage, les voiles sont bien rangées, les écoutes mises au clair. Repas sur le cockpit par une température de paradis terrestre… La presqu’île de Quiberon est prolongée par des rochers à fleur d’eau et aux formes variées puis par les îles d’Houat et d’Hoëdic. Le conseil des chefs de bord, pour cette deuxième sortie, opte pour l’île d’Houat. Il fallait y regarder à deux fois, oui, nous étions bien par 47°32’5 Nord et 2°54’2 Ouest…Simplement, cette fois, GPS voulait dire Grand Plein Sud ! L’océan serein se reposait. Dans le golfe on ne vit pas de ces voiliers orgueilleux qui tracent leur route sur toutes les mers du monde, peut-être parce que Eole était en vacances et souriait en songeant que nous allions faire appel à cette sombre énergie qui sourd des entrailles de la terre en faisant le bonheur factice des hommes. Les bateaux sortirent du port arborant le pavillon des Ardennes, les équipages déjà aux postes de manœuvre. Aucun problème d’oreille interne ! Face au vent, si l’on peut dire, pour hisser la voile, avant de laisser la « Meaban » à tribord et cap sur La Trinité. Oscillations entre moteur et voile, apprentissage tranquille à 1,5 ou 2 nœuds, 3 si la surface de la mer se ride sous la risée… Dans ce monde où l’on va tellement vite pour, au mieux, rester sur place, quel bonheur de savourer la vie, la lenteur de la pensée et les bonnes choses…Au mouillage à la Trinité, après avoir évité les parcs à huîtres, en-cas bienvenu. Au retour, parfois un peu plus de vent, excellente occasion de peaufiner l’entraînement des filles et des garçons à la fois pour les manœuvres du bateau et pour situer les repères sur la mer, balises diverses, bouées « Levez-vous vite, orages désirés !.. » Non, ce sera pour une autre fois, la météo est toujours indolente. On avance, si j’ose dire, à petit pas…L’armada s’étire…On voit quelques spis s’ouvrir timidement, comme une fleur à la sortie de l’hiver…La silhouette de notre île se précise, nous allons bientôt mouiller près d’une plage de sable fin. Grincement de la chaîne d’ancre. C’est fait. Un débarquement partiel sur la plage est effectué par deux des vaillantes annexes, certains restent méditer à bord, d’autres goûtent aux pures joies balnéaires. Tous se sustentent. Un incident prouve, une fois de plus, les limites de la subtilité humaine : un équipier du « NUMEROSIS » se blesse le pied sur une bouteille brisée laissée dans l’eau claire de cette belle plage. Le SAMU est sur répondeur…Le blessé immédiatement soigné sera pris en charge dès le retour. Tutto va bene. La VHF sonne le départ. L’après midi, le vent est plus marqué, on va même gîter assez fort avant d’arriver au Crouesty, ça c’est la vie ! Comme il n’y a pas de vagues, on peut s’en donner à cœur joie ! Cette fois, c’est la grande aventure au-delà du golfe : en route pour Belle-Ile…Pour atteindre l’île, il faut soit faire un très grand tour pour contourner Hoëdic, soit passer entre Hoëdic et Houat par le passage des Sœurs, soit prendre l’un des deux passages, celui du Béniguet ou celui de la Teignouse, à travers les rochers qui séparent Houat de la presqu’île de Quiberon. Va pour la Teignouse. La météo est désespérément calme. Diesel remplace, au moins pour un temps Eole, on n’arrête pas le progrès ! Des voiles tentent de séduire quelque zéphyr. Elles auront plus de chance l’après midi. La mer réverbère la grosse chaleur. Passée la Teignouse, le vent se lève sans montrer de force herculéenne, mais enfin…Tous les bateaux des jeunes atteignent Belle Ile et mouillent à Sauzon, au nord de l’île. Un bateau manque…Ciel ! Le vieux, gros et digne « CLAFRA » est sorti de la seule carte qu’il avait à son bord ! Autant imaginer Christophe Colomb dans le lac des Vieilles Forges…Le GPS ne nous permettait que de marquer le point par une croix dans la mer, comble de l’éphémère. Heureusement, l’île était en vue, mais il était trop tard pour rejoindre les autres à Sauzon et nous n’avons pas le temps de fêter notre rentrée dans la carte… Le « CLAFRA » ira mouiller plus au sud devant le port du Palais aux places préalablement réservées pour tous et, reconnaissable par ses pavillons, l’armada ardennaise, prévenue par VHF, le rejoint devant le Palais sous la grandiose forteresse de Vauban. voilé par la brume de chaleur. On aperçoit à tribord, couchés nonchalamment sur la mer comme de grosses bêtes, les rochers entre les îles. Parfois, une longue vague toute mince et noire barre l’horizon comme si la mer baillait. Nous dûmes attendre que passent le ferry et la navette, avant que l’on vienne nous chercher pour atteindre prudemment l’avant port, sous les canons de Vauban pointés vers le large et devant l’immense cul plat et triste du ferry, avant d’entrer dans le port par la porte de l’écluse. Il fallut toute la dextérité des chefs de bord pour assurer la manœuvre, car, non seulement des bateaux sortaient du port dans cet espace étroit, mais, au dessus de l’écluse, une passerelle pour piétons se levait et se baissait à un rythme apparemment aléatoire. On apprend qu’il a fait 37° à Charleville ! En a-t-on gardé pour l’hiver ? Entre deux eaux, de grosses et inquiétantes méduses. Un regroupement était prévu à l’entrée du passage de la Teignouse, mais les rythmes des bateaux sont différents. Le moment arrive ou le vent va se lever un peu et on convient, par VHF, de se retrouver dans le golf du Morbihan. Au paravent, tous les bateaux avaient salué, en ce premier juillet, notre amie Maggy, Belge et Chef de bord, qui va présider aux destinées de l’Europe…au moins pendant six mois… La Petite Mer est toujours aussi magique. Les bateaux mouillent dans ce cadre enchanteur et pendant le retour, les tourbillons toujours mystérieux de l’entrée du golf nous entraîneront dans des mondes inconnus. Petit flirt avec les zéphyrs… L’Uruguay a battu le Ghana. La vie toute bête est là : demain départ… Soirée d’adieux, certes, mais il faut commencer à ranger et à briquer les bateaux… Vendredi matin, sortie ad libitum…Une sortie en douceur, on sait, maintenant et on apprécie. En rentrant, ne pas oublier le plein de gazole… Ce n’était pas fini, le fond du port fut rempli de bateaux, à couple, à triple, voire à quadruple, sous les fenêtres des braves Belle-Ilois. Une équipière pourtant bien protégée du soleil, souffrit d’une insolation et fut immédiatement soignée. Chacun garde plein de choses dans sa tête tout en ayant gagné en expérience de la vie collective et du travail en équipe… A quand sur la mer avec le grand aquilon ? ============= Les cockpits se jouxtaient joyeusement pour le repas du soir et la nuit fut citadine. Au matin, ouverture des portes de l’écluse et départ. Il fait très chaud, la mer est un immense miroir, on avance, bercés par le ronron du moteur. L’horizon est légèrement