Questions à JOHN DAVID COLES

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Questions à JOHN DAVID COLES
Questions à JOHN
Christophe Andréi
DAVID COLES
Groupe 25 images : Comment êtes-vous devenu
réalisateur ?
John David Coles : J’ai débuté dans la réalisation
après avoir été contacté par un ami lorsque j’étais
encore étudiant. Il envisageait de faire un remake du
célèbre film Casablanca. Un projet situé dans un lycée
qui suivait la trame de l’original, permettant ainsi de
tourner en dérision les préoccupations des jeunes NewYorkais qui avaient du mal à se rendre en cours...
ÉCRITURE ET MISE EN PRODUCTION
GR.25.I.: Et comment êtes-vous devenu showrunner ?
J. D. C. : Après de nombreuses années comme réalisateur
de télévision, j’ai souhaité progresser en m’impliquant
plus sur le long terme des séries, particulièrement sur
le plan créatif.
GR.25.I. : Quel but poursuiviez-vous ainsi ?
J. D. C. : Je souhaitais avant tout développer ma propre
série. J’écris peu moi-même, mais je collabore avec
des scénaristes sur des idées que nous développons
ensemble.
GR.25.I. : Est-il habituel qu’un réalisateur devienne
showrunner, ou ce rôle est-il plutôt destiné aux
producteurs ou aux scénaristes ?
John David Coles, réalisateur et créateur de la série Elementary
Encore inédite en France, mais plus pour longtemps car M6 l’a achetée, Elementary
est diffusée depuis fin septembre 2012 sur la chaîne américaine CBS et au Canada
sur le réseau Global. Après une première commande de 13 épisodes, CBS est passée
à 24 devant le succès recueilli.
Concept : Après quelques ennuis, le célèbre détective Sherlock Holmes s’installe à
New York. À peine sorti d’une cure de désintoxication, il est contraint de cohabiter
avec son sobre entraîneur, le docteur Joan Watson, ancienne femme chirurgien
reconvertie. Les capacités d’observation et de déduction de Holmes et l’expertise
médicale de Watson vont résoudre les affaires les plus insolubles du NYPD.
Avant de devenir « showrunner » de cette série, et de travailler aussi comme
coproducteur sur Homeland, Six Feet Under ou Dexter, John David Coles a réalisé
de nombreux épisodes de West Wing, Sex and the City, Desperate Housewives,
Grey’s Anatomy, Damages, Law and Order, recueillant nombre d’Emmy Awards. Pas
vraiment un débutant !
Créateur d’Elementary, dont l’une des particularités est que chaque épisode
est confié à un scénariste et à un réalisateur différents, John David Coles
répond à nos questions :
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La Lettre des Réalisateurs n° 30
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J. D. C. : Durant les dix dernières années, il y a de plus
en plus de réalisateurs qui sont devenus showrunners.
La raison principale est que les scénaristes sont souvent
submergés par le nombre de paramètres à connaître et
à superviser (en particulier la post-production, qu’ils ne
maîtrisent pas). Une autre raison est que le nombre de
séries tournées dans différentes villes des USA alors que
l’écriture et le montage ne s'effectuent pas sur place,
donc un showrunner réalisateur est vraiment plus utile
pour les acteurs et la production.
GR.25.I. : Est-ce vous qui décidez des réalisateurs
travaillant sur vos séries et quelles relations entretenezvous avec eux ?
J. D. C. : Je choisis la plupart des réalisateurs avec
lesquels je travaille. J’essaie de leur faire partager les
éléments de style ainsi que l’approche visuelle, les
entretiens sur les acteurs et je leur fais comprendre
qu’ils trouveront toujours en moi un allié.
GR.25.I. : Quand vous n’êtes que réalisateur sur d’autres
séries, quelle est votre relation avec les showrunners ?
J. D. C. : Cela dépend du projet et des personnes
impliquées. Mais je cherche toujours à respecter la
dynamique et la politique qui ont prévalu à la création
de la série, et je travaille en respectant ces paramètres,
mais sans négliger mon apport artistique.
GR.25.I. : Quels sont vos rapports avec le producteur
de la série (j’entends par producteur, la société de
production) ?
J. D. C. : Mes relations avec les producteurs varient en
fonction des personnalités, mais je m’efforce toujours
de trouver le juste équilibre pour les rendre heureux
et impliqués, tout en préservant mes besoins de
réalisateur, et sans oublier les contraintes budgétaires.
GR.25.I. : Et vos rapports avec les diffuseurs ?
J. D. C. : J’ai peu de contacts avec les diffuseurs, ce qui
ne nous empêche pas d’échanger fréquemment sur les
scénarios et le casting. Les diffuseurs nous adressent
des notes sur ces points ainsi que sur le montage des
épisodes.
GR.25.I. : Comme showrunner, ressentez-vous une
différence entre votre approche de réalisateur et celle
des producteurs ou des scénaristes ?
J. D. C. : J’ai un sentiment bizarre vis-à-vis des
scénaristes, car ils ne pensent pas toujours en termes
visuels (ni même parfois dramatiques) et cela peut
occasionner des frictions. Mais j’ai souvent travaillé
avec des scénaristes qui ne venaient pas sur le plateau
et laissaient aux réalisateurs et producteurs, les
décisions importantes de production et de casting.
GR.25.I. : Pouvez-vous préciser ?
J. D. C. : Il faut savoir que si le showrunner est réalisateur,
il sera le metteur en œuvre technique et artistique de la
série. Il – ou elle – aura un regard global sur la continuité
et la faisabilité du projet dans le budget prévu, il sera
présent aux côtés des réalisateurs lors des sessions
de casting, il discutera le temps qu’il faut du ton et du
style de tournage et suivra parfois les repérages pour
trouver les meilleurs décors. Il travaillera aussi avec le
décorateur sur les décors qui doivent être construits,
avant d’avoir son mot à dire sur le montage final…
John David Coles
www.groupe25images.fr
La Lettre des Réalisateurs n° 30
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GR.25.I. : Les tournages de
certains épisodes peuvent-ils se
chevaucher ?
J. D. C. : Il peut arriver parfois que
nous fassions un jour « tandem »
durant lequel une deuxième équipe
interviendra. Mais nous n’utilisons
cette alternative que pour une
date de diffusion proche ou des
considérations financières.
Entretien avec
NICOLAS PICARD-DREYFUSS
Dominique Attal, Dominique Baron, Philippe Venault
GR.25.I.
:
Avez-vous
des
répétitions avec les acteurs avant
le tournage ?
J. D. C. : Nous faisons une lecture,
si le planning le permet, mais
rarement des répétitions autres
que celles du plateau technique.
John David Coles
Il s’agit plutôt d’un échange et, à moins qu’un point
les irrite particulièrement (comme trop de violence ou
de sexe), nous dialoguons et nous en sortons le plus
souvent par une entente à l’amiable.
GR.25.I. : A quel moment de l’écriture faites-vous
partie de l’équipe et comment ?
J. D. C. : Comme je l’ai dit, je joue un rôle important
dans toute la chaîne de création, œuvrant avec tous les
départements dès le début, déco, costumes, photo, etc.
Le diffuseur a toujours le dernier mot, mais les grands
axes restent définis par le créateur/auteur de la série.
L’écriture dépend de la façon dont la production est
montée. Généralement, je travaille sur des séries qui
sont tournées à New York, mais écrites par un pool
de scénaristes basé à Los Angeles. Mon implication
dans les épisodes dépend donc de la géographie. Si je
suis absent, je manque nombre de discussions. Sur
certaines séries, j’ai eu la possibilité d’échanger une
masse abondante de notes qui m’ont permis d’avoir
une vraie influence sur les scénarios. Cela varie avec
chaque projet.
LE TOURNAGE
GR.25.I. : Êtes-vous souvent présent sur le plateau ou
y dépêchez-vous un de vos adjoints ?
J. D. C. : J’essaie de rester le plus possible en dehors
du plateau en me concentrant sur la préparation de
la suite. C’est comme ça que fonctionne le dispositif :
j’aime que le réalisateur sache que le plateau reste son
territoire !
GR.25.I. : Supervisez-vous
post-production de la série ?
la
J. D. C. : Non, mais je regarde le montage des épisodes
et je transmets des notes aux réalisateurs.
GR.25.I. : Parlez-nous des choix de la musique ?
J. D. C. : Le choix des plages musicales est fait par le
monteur et le réalisateur au cours de leur montage. Puis
le compositeur travaille à partir de ces propositions.
GR.25.I. : Pour Elementary, quel budget avez-vous par
épisode ?
J. D. C. : La série revient à un peu moins de 4 millions
de dollars par épisode. (NDLR : à peu près 3 millions
d’euros…)
GR.25.I.: Quelle est l’importance de la première saison
pour une nouvelle série ?
J. D. C. : C’est là qu’il faut faire la différence… Ça passe…
ou ça casse, si vous n’y parvenez pas la première année !
J. D. C. : Pas vraiment ! Il faut avoir la chance de
décrocher un bon Audimat !
GR.25.I. : Est-ce que les producteurs et les scénaristes
travaillent déjà sur la deuxième saison d’Elementary ou
attendez-vous la diffusion ?
J. D. C. : Ils sont tous à fond sur l’écriture… du prochain
épisode ! Il y a sept scénaristes permanents et deux
consultants complémentaires. Mais la série se vend
partout et, bien entendu, nous réfléchissons à une
deuxième saison.
GR.25.I. : Combien de jours pour un épisode ?
J. D. C. : Huit jours de préparation pour huit jours de
tournage. (NDLR : les journées de tournage américaines
sont de 10 à 12 heures de plateau, hors déplacements.
Soit l’équivalent de 10 à 12 jours en « heures françaises »,
avec des moyens bien supérieurs, comme on le verra par
ailleurs…)
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La Lettre des Réalisateurs n° 30
© Christophe Polin - Nicolas Picard Dreyfuss sur le tournage de Drôle de Noël
GR.25.I.: Y’a-t-il des « recettes » pour s’assurer d’une
seconde saison ?
Questionnaire réalisé par mail en avril 2012
Nicolas Picard-Dreyfuss a réalisé en 2001 un premier téléfilm très remarqué,
La Victoire des vaincus, où cinq enfants, en 1940, entrent en résistance à leur façon.
Quelques années plus tard, après son deuxième téléfilm, Drôle de Noël, Nicolas
a assuré la réussite des saisons 2, 3 et 4 de la série Nicolas Le Floch.
Il vient de réaliser les épisodes 5 à 8 de Candice Renoir (ép. 1 à 4 par
Christophe Douchand), une série policière créée par Robin Barataud,
Brigitte Peskine, Solen Roy-Pagenault, et produite par Boxeur de lune.
Cette équipe, renforcée d’un casting fort, dont l’excellente Cécile Bois dans le rôle
titre, a offert à France 2, un gros succès d’audience qu’elle n’avait pas rencontré
depuis Les Hommes de l’ombre, de Frédéric Tellier.
Membre du Groupe 25 Images, Nicolas Picard-Dreyfuss se confie :
www.groupe25images.fr
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