Diversité et Discrimination
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Diversité et Discrimination
Etude du Comportement Organisationnel Cours 8 : Diversité et Discrimination Microsoft Ad, Summer 2009 La discrimination en chiffres (Amadieu, 2006) Dans une enquête réalisée par Amadieu en 2006, les résultats des convocations à un entretien d’embauche qu’obtenaient un candidat de référence (homme de 28-30 ans, « français de souche » par son nom et prénom, sans photo) et des candidats factices susceptibles d’être discriminés en raison de : l’âge (un homme de 48-50 ans), de l’origine (nom et prénom du candidat), du handicap (reconnaissance cotorep), et du genre (une femme), ont été comparés. 1 1 0.75 0.5 0.55 0.25 0 Référence 0.33 0.36 Âge Origine Handicap 0.63 Sexe La discrimination en mots En France, l'article L1132-1 du code du travail rend la discrimination à l'embauche illégale. « Aucune personne ne peut être écartée d'une procédure de recrutement ou de l'accès à un stage ou à une période de formation en entreprise, aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l'objet d'une mesure discriminatoire, directe ou indirecte, notamment en matière de rémunération, au sens de l'article L. 140-2, de mesures d'intéressement ou de distribution d'actions, de formation, de reclassement, d'affectation, de qualification, de classification, de promotion professionnelle, de mutation ou de renouvellement de contrat en raison de son origine, de son sexe, de ses mœurs, de son orientation sexuelle, de son âge, de sa situation de famille ou de sa grossesse, de ses caractéristiques génétiques, de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une race, de ses opinions politiques, de ses activités syndicales ou mutualistes, de ses convictions religieuses, de son apparence physique, de son nom de famille ou en raison de son état de santé ou de son handicap. Aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l'objet d'une mesure discriminatoire visée à l'alinéa précédent en raison de l'exercice normal du droit de grève. Aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l'objet d'une mesure discriminatoire pour avoir témoigné des agissements définis aux alinéas précédents ou pour les avoir relatés. En cas de litige relatif à l'application des alinéas précédents, le salarié concerné ou le candidat à un recrutement, à un stage ou à une période de formation en entreprise présente des éléments de fait laissant supposer l'existence d'une discrimination directe ou indirecte. Au vu de ces éléments, il incombe à la partie défenderesse de prouver que sa décision est justifiée par des éléments » Déterminants de la discrimination Déterminants individuels • • • • Personnalité (Adorno et al., 1950) Stéréotypes et attitudes (Katz & Braly, 1933) Perception et Attribution (Taylor & Jaggi, 1974 ; Deaux & Emswiller, 1974) Catégorisation (Tajfel & Wilkes, 1953; Tajfel et al., 1971) • • Conflits entre les groupes (Sherif, 1966) Normes collectives (Minard, 1954 ; Pettigrew, 1958) • Facteurs organisationnels (Brief et al., 2001; Dietz et al., en prép.) Déterminants collectifs Déterminants organisationnels et sociétaux Personnalité Adorno et al. (1950) • • • Proposent que les préjugés sont le résultat d'un type de personnalité spécifique : la personnalité autoritaire. Développent un questionnaire, la F-scale (F pour Fascisme) visant à détecter cette structure de personnalité prédisposant les individus à être favorables à des idées totalitaires et antidémocratiques et, par conséquent, à être prédisposé à avoir des préjugés Les individus possédant cette structure de personnalité tendent à être : • • • • • Très conformistes Soumis à l'autorité Intolérants Supersticieux / Croyants Rigides dans leurs modes de pensées Stéréotypes et Attitudes Définitions Attitude Stéréotype Préjugé Discrimination prédisposition à réagir de façon positive ou négative à une personne ou à un objet ou encore à un groupe de personnes ou d’objets. Les attitudes sont de nature évaluative et relativement persistantes. Trois composantes : Cognitive, Affective et Comportementale Croyances partagées concernant les caractéristiques personnelles, généralement des traits de personnalité, mais souvent aussi des comportements d’un groupe de personnes. (Composante cognitive de l’attitude) Prédisposition à réagir défavorablement vis-à-vis d’une personne en raison de son appartenance catégorielle. (Composante affective de l’attitude) La discrimination est une action défavorable envers une personne, réalisée uniquement en raison de son appartenance catégorielle. (Composante comportementale) Stéréotypes et Attitudes Katz & Braly (1933) • Examinent les stéréotypes des Américains à l'encontre de différents groupes ethniques • • • Donnent aux participants une liste de nationalités et de groupes ethniques (e.g., Allemands, Irlandais, …) Ils doivent choisir parmi 84 traits de personnalité les 5 ou 6 qu'ils pensent être typiques de chaque groupe Observent un grand consensus dans les traits utilisés. Par exemple, les Européens-Américains sont caractérisés comme "travailleurs", "progressistes" et "ambitieux", alors que les Africains-Américains sont qualifiés de "fainéants", "ignorants" et "musicaux" Concluent que les stéréotypes sont largement répandus et partagés par les membres d'un groupe donné. Stéréotypes et Attitudes Moss-Rascusin et al., (2012) 4.5 32 4 3.5 28 3 2.5 Compétence Employabilité Candidat M / Eval. M Candidat M / Eval. F Candidat F / Eval. M Candidat F / Eval. F 24 Salaire (en M$/an) Conséquences Steele & Aronson (1995) • • S’intéressent à l’effet des stéréotypes sur la performance Font passer un test aux participants Blancs et Noirs • • • Condition diagnostique : Le test est présenté comme mesurant l’intelligence Condition non diagnostique : Le test est présenté comme mesurant les capacités verbales Mettent en évidence ce qu’ils nomment la «menace du stéréotype» Blanc Noir 13 12 11 10 9 8 7 Diagnostique Non Diagnostique Stéréotypes et Attitudes LeVine & Campbell (1972) Autostéréotype Nous sommes : Ø fiers, avons le respect de nous-mêmes et honorons les traditions de nos ancêtres, loyaux, honnêtes et dignes de confiance entre nous, mais ne sommes pas dupe des combines des étrangers, courageux et allons de l’avant. Nous défendons nos droits et nos propriétés ; nous ne nous laissons pas marcher dessus, pacifiques et aimables, ne haïssons que nos vils ennemis. Hétérostéréotype Ils sont : Ø égoïstes et centrés sur eux-mêmes, ne voient que leurs intérêts et sont exclusifs, s’ils le peuvent ils nous trompent, agressif et expansionnistes, veulent aller de l’avant à nos dépends, hostiles et nous détestent, Immoraux et malpropres. Stéréotypes et Attitudes Les formes modernes du racisme • Formes traditionnelles, ouvertes, de racisme appartiennent au passé et ne sont plus acceptables ni acceptées socialement • Nouvelles théories : formes modernes, indirectes, «rationalisables» des préjugés raciaux • • • • • Symbolic racism, (Kinder & Sears, 1981), Ambivalent racism (Katz, 1981; Katz & Hass, 1988), Aversive racism (Gaertner & Dovidio, 1986), Modern racism (McConahay, 1986) Caractérisées par un conflit entre le déni de préjugés personnels ou l’adhérence à la norme anti-discrimination et une attitude négative, probablement inconsciente, envers les Africains Américains (i.e., ambivalence) Perception et Attribution Taylor & Jaggi (1974) • Processus d’attribution dans les relations intergroupes • • • • • Participants = Hindous Évaluer les membres des deux groupes (Hindous vs Musulmans) sur 12 caractéristiques Lire des scénarii : un acteur (Hindou vs Musulman) émet un comportement (Socialement désirable vs indésirable) à leur encontre. Après chaque scénario, on leur donne 4 ou 5 explications possible du comportement, 1 interne, autres externes Erreur Ultime d’Attribution (Pettigrew, 1979) Perception et Attribution Taylor & Jaggi (1974) 60.00 45.00 Acteur Hindou (IG) Acteur Musulman (OG) Nord 30.00 La mesure est le pourcentage d’attribution interne parmi les 5 ou 6 alternatives 15.00 0 Cpt Désirable Cpt Indésirable Perception et Attribution Deaux & Emswiller (1974) Explication du succès dans des tâches sexuellement marquées. • • Participants : 130 étudiants, 55 hommes, 75 femmes Évaluer la performance d’une personne (homme vs femme) sur des tâches marquées sexuellement sur une échelle allant de « chance » (externe) à « capacité » (interne) Résultats : • • Performance à une tâche masculine est perçue comme interne (capacité) quand effectuée par un homme et comme externe (chance) quand effectué par une femme. Pas de différence due au genre du participant Performance à une tâche féminine est attribuée à un facteur interne (capacité) que l’acteur soit un homme ou une femme. Pas de différence de genre. Catégorisation Tajfel &Wilkes (1963) Modèle général des stéréotypes entre groupes Utilisent le modèle de la catégorisation Tâche Évaluer la longueur (en cm) de lignes présentées une à une. Matériel La différence entre deux lignes consécutives était la même pour toutes les lignes. Condition 1 Non classée : les lignes étaient présentées de manière aléatoires Condition 2 Classées au hasard : les lignes étaient accompagnées d’un label (A ou B) attribué au hasard Condition 3 Classées systématiquement : les lignes les plus courtes étaient accompagnées de la lettre A et les lignes les plus longues étaient accompagnées de la lettre B Catégorisation Tajfel &Wilkes (1963) H C A B BA A B N AAA B B B Stimuli classés au hasard (H), de manière systématique (C) ou non classés (N). A Catégorisation Tajfel &Wilkes (1963) Résultats : Lorsque les lignes sont catégorisées de manière systématique (C), on observe que la différence entre l’estimation de la plus longue des lignes courtes et celle de la plus courte des lignes longues (différence intercatégorielle) est en moyenne plus importante que les différences des estimations de deux lignes consécutives à l’intérieur d’une même catégorie (différence intracatégorielle). Cette différence ne se retrouve pas dans les autres conditions. C AAA B B B H et N Catégorisation Tajfel et al. (1971) Participants Élèves d’une même école Tâches Ø Tâche de perception visuelle (sur- vs sous-estimateurs) ou tâche de préférence esthétique (Klee vs Kandinsky) Ø Attribution de ressources, à l’aide de matrices, à un des participants de l’expérience, les participants ne se rémunèrent pas eux-mêmes, ils ne savent pas quel est le participant qu’ils doivent rémunérer, ils ne connaissent que son groupe et son code. Ø Les participants sont répartis au hasard dans l’un ou l’autre des groupes (soit Klee ou Kandinsky, soit Sur- ou sous estimateur) Paul Klee (1879-1940) Vassily Kandinsky (1866-1944) Catégorisation Type A Version I/O Matrix 1 Matrix 2 Tajfel et al. (1971) MIP + MD MJP 19 18 17 16 15 14 13 12 11 10 9 8 7 1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 23 22 21 20 19 18 17 16 15 14 13 12 11 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29 Type B MD Matrix 3 Matrix 4 MIP + MJP 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29 Catégorisation Tajfel et al. (1971) Les Matrices de Tajfel permettent de différencier les stratégies d’allocation : • Égalité • Profit Conjoint Maximum • Profit Maximum de l’endogroupe • Différence maximale en faveur de l’endogroupe Les résultats montrent que les participants préfèrent la stratégie : • Permettant l’équité ou un profit conjoint maximum pour deux membres de l’endogroupe, • Permettant une différenciation maximale en faveur de leur groupe lorsqu’ils évaluent un membres de chaque groupe, même aux dépens d’un profit maximal. = Biais de favoritisme pro-endogroupe. Catégorisation Brown (1978) Participants : • • 2 groupes d’ouvriers d’une usine aéronautique de Bristol (UK) Le groupe Développement gagne traditionnellement plus que le groupe Production Matériel : • Matrices adaptées de celle de Tajfel Tâche : • • Déterminer combien devrait gagner les membres de chaque groupe à l’aide des matrices, Estimer combien devraient gagner les membres de chaque groupe Catégorisation Brown (1978) Exemples de Matrices Type 1 Type 2 Salaires pour Développement Salaires pour Production Salaires pour Développement Salaires pour Production £ 63.30 £ 64.30 £ 65.10 £ 68.10 £ 62.80 £ 63.30 £ 65.60 £ 67.10 £ 62.30 £ 62.30 £ 66.10 £ 66.10 £ 61.80 £ 61.30 £ 66.60 £ 65.10 £ 61.30 £ 60.30 £ 67.10 £ 64.10 Catégorisation Brown (1978) 0.5 0.4 Salaire Existants Développement Production 0.3 0.1 0 Différence de salaires estimés Conflits entre groupes Sherif (1966) Participants Phase 1 Groupes de garçons d’un camp de vacances. Les Ps sont divisés en deux groupes Phase 2 Ils participent à des activités compétitives Phase 3 Ils participent à des activités non compétitives communes Phase 4 Ø Diminution de l’hostilité intergroupe, Introduction de buts « supraordonnés » = importance pour chaque l’image de l’exogroupe devient aussi groupe, nécessité de collaborer pour sa favorable que celle de l’endogroupe. réalisation. Ø Développement d’une forte hostilité, bagarres injures, etc… Chaque groupe développe une image négative de l’autre groupe, et se surestime. Ø Les animosités intergroupes ne diminuent pas. Déterminants collectifs : les normes Minard (1952) • • • Etudie comment les normes sociales influences les stéréotypes et la discriminations Analyse le comportements de mineurs noirs et blancs dans une ville du Sud des Etats-Unis (Ségrégation) Résultats : • • • Dans la mine, où la norme était plutôt à la camaraderie entre collègues, 80% des mineurs blancs se montraient amicaux envers leurs collègues noirs A l’extérieur de la mine, où la norme était aux préjugés envers les noirs, seuls 20% des mineurs blancs se montraient amicaux envers leurs collègues noirs Conclusion : Les mineurs semblent se conformer aux différentes normes contextuellement saillantes. Déterminants collectifs : les normes Pettigrew (1958) • • • • Examine le rôle du conformisme dans les préjugés Postule que les individus les plus conformistes seraient ceux qui ont le plus de préjugés dans des contextes dans lesquels la norme est d’avoir plus de préjugés Afrique du Sud : • Le niveau de préjugés à l’encontre des Africains corrèle fortement avec le conformisme des participants USA : • • Le niveau de préjugés corrèle fortement avec le conformisme dans les états du Sud, mais pas dans les états du Nord Le niveau d’autoritarisme entre les deux régions est comparable Facteurs organisationnels Brief et al., 2000 • étudient le rôle de justifications économiques sur les comportements racistes • 2.00 «Given that the vast majority of our work force is White, it’s essential we put a White person in the V. P. position. I don’t want to jeopardize the fine relationship we have with our people in the units. Betty worked long and hard to get those folks to trust us; and, I do not want her replacement to have to overcome any personal barriers. Therefore, I advise that you recruit a White person.» Low MRS High MRS 1.50 1.00 0.50 0 No justification Business Justification Facteurs organisationnels Dietz et al., en prép. • • • • S’intéressent à la discrimination à l’encontre d’ouvriers immigrés qualifiés et au rôle de la diversité organisationnelle Manipulent le statut (local vs. immigré) du candidat • • Education (diplômes canadiens vs. diplômes étranger) et l’étatcivil (Citoyen Canadien vs. Immigré). Genre et appartenance ethnique constants Manipulent la qualification 2 locaux et 2 immigrés fortement qualifiés (expérience et éducation), les 5 candidats restants (3 locaux et 2 immigrés) étaient faiblement qualifiés Manipulent le Profil démographique (Neutre, Exclusif, Inclusif) de l’entreprise Facteurs organisationnels Dietz et al., en prép. Local! Immigré! 6.5! 6! 5.5! 5! 4.5! 4! 3.5! Qualification Qualification Qualification Qualification Qualification Qualification Haute! Basse! Haute! Basse! Haute! Basse! Contexte Neutre! Contexte Exclusif! Contexte Inclusif! Conclusion • La discrimination est un problème complexe. • Résulte de l’action conjointe de facteurs : Individuels : Personnalité, Attribution, Stéréotypes, ... Collectifs : Conflits intergroupes, Normes groupales, ... Organisationnels : Culture, actions dirigeants, ... • • • • Relève de déterminants conscients et inconscients • Est intériorisée par les différents acteurs Aussi bien par les membres de groupes discriminants que par les groupes discriminés •