Au sud de nulle part: Mai-Thu Perret et ses étudiants

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Au sud de nulle part: Mai-Thu Perret et ses étudiants
Au sud de nulle part: Mai-Thu Perret et ses
étudiants de retour des grands espaces
américains
hebdo.ch
Au sud de nulle part: Mai-Thu Perret et ses étudiants de retour des grands espaces américains Electric
Fields © HEAD - Genève
Photo by: Baptiste Coulon & Sandra Pointet
Yann Chateigné
L’aventure de la modernité est jalonnée de ces conquêtes, de ces voyages aux confins de
zones non encore cartographiées, de ces espaces inconnus qui ont marqué les siècles passés
: des premiers photographes explorateurs dès le milieu du 19ème siècle et les voyages en
Orient de Gustave le Gray aux expériences intérieures menées par Henri Michaux un siècle
plus tard, l’art n’a eu de cesse de se chercher une extériorité, une surface de projection,
utopique : Anywhere out the World (« N’importe où, mais hors du monde ») a pu écrire
Charles Baudelaire.
C’est un chemin comparable qu’ont parcouru Pauline Beaudemont, Julia Burns, Chloé
Delarue, Simone Holliger et Quentin Lannes, étudiant-e-s à la HEAD – Genève, sur les
traces des figures radicales de l’art américain des années 1960, au Sud du Texas. Guidés par
l’artiste Mai-Thu Perret, leur enseignante, ils ont sillonné le désert américain en voiture
pour un road trip au cœur de la mythologie des grands espaces : de Marfa, petite ville du
Texas ou Donald Judd a installé son musée de l’Art Minimal à ciel ouvert à Taos où Larry
Bell y installé son laboratoire d’expérimentations optiques, en passant l’observatoire
astrologique de Charles Ross, le groupe a rencontré des personnages, découvert des lieux
chargés d’histoires, de visions.
L’exposition que présente LiveInYourHead est pensée comme un travelogue, un récit dans
l’espace, agençant œuvres et documents qui condensent le produit des rencontres et des
expériences faites sur la route : chacun de ces indices reflète une personne rencontrée, des
peintures abstraites d’Olivier Mosset (l’artiste Suisse vit une partie de l’année à Tucson) aux
films Super 8 de Noam Toran, artiste anglais qui enseigne également à la HEAD, et qui
menait alors une recherche sur l’imaginaire qui hante le désert américain, ou de BenoitMarie Moriceau, artiste français qui bénéficia de la résidence Fieldwork: Marfa, programme
mené conjointement par l’école genevoise et les Beaux-arts de Nantes.
Au-delà de la singulière constellation que met en lumière l’exposition, Electric Fields révèle
un autre pan de l’histoire de l’art, qui nous ramène en Suisse et à Genève, en particulier. Elle
prolonge et affine une relation continue entre la Romandie et les Etats-Unis, rappelant que
dès les années 1960, Olivier Mosset avait traversé l’Atlantique pour travailler à New York,
que John M Armleder y a lui-même exposé très tôt et que le travail de Mai-Thu Perret y par
ailleurs montré presque plus régulièrement qu’en Europe. Parallèlement, un certain nombre
d’artistes américains ont bénéficié d’une réception particulière en Suisse, parfois même
avant d’être connu ailleurs, de Steven Parrino, Blair Thurman à John Tremblay.
Ces échanges immatériels, ces parentés esthétiques – autant réelles qu’imaginaires – ces
affinités, personne ne sait les faire apparaître aussi bien que les artistes. Et de nous offrir
pour cet été qui commence, une invitation au voyage aussi bien transatlantique
qu’immobile, intérieur, placé sous le signe des grands espaces, du Sud sauvage, du rêve.
Yann Chateigné
Responsable du département des Arts visuels à la HEAD - Genève
Electric Fields - jusqu’au 6 juillet 2013
Projections du jeudi 4 juillet à 19h:
The Last Picture Show de Peter Bogdanovich, 1971
True Stories de David Byrne, 1986
LiveInYourHead, Institut curatorial de la Head – Genève
Rue du Beulet 4, 1203 Genève
http://head.hesge.ch/-Electric-Fields
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Au sud de nulle part: Mai-Thu Perret et ses étudiants de retour des grands espaces américains Electric
Fields © HEAD - Genève
Photo by: Baptiste Coulon & Sandra Pointet
Au sud de nulle part: Mai-Thu Perret et ses étudiants de retour des grands espaces américains Electric
Fields © HEAD - Genève
Photo by: Baptiste Coulon & Sandra Pointet