des-jeunes.. - Atelier Santé Ville Paris 19e

Transcription

des-jeunes.. - Atelier Santé Ville Paris 19e
COMPTE-RENDU DU GROUPE DE TRAVAIL
« SANTE DES JEUNES »
22 MARS 2013
Lieu de réunion : Résidence ALJT Ourcq
Etaient présent(e)s :
Roukiatou Sissoko, Espace 19
Christelle Faucher, Espace Résilience
Aurélie Da Costa, Résidence ALJT Ourcq
Michèle Gbapo, Association des Jeunes Amis du Marais (AJAM)
Youri Khelifi, Antenne Jeunes Flandre
Jessika Baguet, FJT Le Tempo
Baptiste Marais, Archipel
Audrey Gautier, OPEJ Club du Canal
Claire Talem, Unité éducative en milieu ouvert (UEMO) Goubet, Protection Judiciaire de
la Jeunesse (PJJ)
Emmanuelle Warnier, Maison des Adolescents Robert Debré
Agnès Sztal, Agence régionale de santé, Délégation territoriale de Paris
Maria-Luciana Ceretti, Agence régionale de santé, Délégation territoriale de Paris
Cécilia Giles, Atelier Santé Ville Paris 19
Etaient excusé(e)s :
Fatima Idrès, Antenne Jeunes Solidarité
Delphine Dumont, Centre de planification et d’éducation familiale Curial
Soraya Haddad, Fondation Jeunesse Feu Vert
Soraya Benaïssa, Fondation Jeunesse Feu Vert
Nathalie Chalhoub, Cité de la santé
Dalila Megherbi, UEMO Goubet, PJJ
Pascal Lamara, UEMO Goubet, PJJ
Ordre du jour :
1. Présentation de l’intervenante et du déroulé de la séance
2. Identification des problèmes posés par la circulation dans l’espace public
d’images « volées » à caractère intime ou violent
3. Identification des objectifs à atteindre par le groupe pour diminuer ces
problèmes
4. Organisation de la suite du travail
5. Présentation par l’ARS d’un projet autour de la parole des usagers
(accompagnement de l’Institut T. Renaudot)
Atelier Santé Ville Paris 19ème
APSV – Pavillon des Maquettes – 211, avenue Jean Jaurès 75019 Paris
01 40 03 77 33 – [email protected]
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1. Présentation de l’intervenante et du déroulé de la séance
A la suite de la validation par le groupe de travail, lors de la réunion du 5 février, du
thème des « images volées » (circulation dans l’espace public d’images volées à caractère
intime ou violent), la coordinatrice de l’ASV a fait appel à l’Agence régionale de santé
(ARS) pour accompagner le groupe dans sa réflexion.
Agnès Sztal, chargée de mission à la Délégation territoriale de Paris, a longtemps
travaillé au CRIPS (Centre régional d’information et de prévention du sida) comme
formatrice et référente en méthodologie de projet. Elle a notamment animé la formation
dont a bénéficié le groupe de travail en 2012 autour du thème « Communiquer avec des
jeunes autour de la sexualité ».
Agnès S. a accepté d’accompagner le groupe sur trois séances, selon une méthode
participative, de co-construction, à partir de situation concrètes rencontrées par les
professionnels.
Elle a rappelé le rôle de l’ARS dans le pilotage et la mise œuvre des politiques de santé
publique, et précisé le cadre de son intervention auprès du groupe de travail : non
jugement, discrétion professionnelle, parole libre.
A. Sztal a présenté au groupe le déroulé des trois séances de travail :
o identification des problèmes posés par la circulation dans l’espace public
d’images « volées » à caractères intime ou violent (à partir de situations
rencontrées par les membres du groupe)
o identification des objectifs à atteindre pour diminuer ces problèmes
o identification des besoins pour atteindre ces objectifs, en terme d’aptitudes, de
capacité, de ressources à développer/acquérir
chez les jeunes
chez les animateurs
et identification et appropriation d’une « diversité » de stratégies individuelles
(entretiens) et collectives (animations de prévention) permettant d’atteindre
ces objectifs
o en transversal et en synthèse : définition de clignotants, points de vigilance
d'une intervention (collective - animation et/ou individuelle - entretien) de
prévention autour des images à caractère sexuel volées.
2. Identification des problèmes posés par la circulation dans l’espace public
d’images « volées » à caractère intime ou violent
Agnès S. a demandé aux participants de décrire deux ou trois situations vécues/entendues
lors d’une animation de groupe ou d’un entretien individuel.
Maison des Adolescents R. Debré : une jeune fille de 15 ans a été prise en photo lors
d’une soirée « déshabillée » => une copine l’a menacée de montrer les photos si elle ne
faisait pas certaines choses.
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Espace Résilience : une fille de 17-18 ans a filmé ses ébats amoureux avec son petit
copain => le frère de celui-ci a récupéré la vidéo et l’a faite circuler dans son cercle
d’amis.
Autre situation : une jeune fille de 14 ans a vu son journal intime, où elle racontait ses
histoires amoureuses et sexuelles, divulgué sur internet par une copine qui voulait se
venger.
OPEJ : un jeune garçon a diffusé des photos d’une fille, prises dans le cadre de la sphère
privée.
Constats partagés par le groupe :
- les jeunes n’ont pas toujours conscience des implications de leurs actes (ex :
filmer ses ébats amoureux) ;
- impression qu’il n’y a pas de limite, de frontière, entre la sphère privée et la
sphère publique ;
- les jeunes ne semblent pas toujours mesurer le mal qu’ils peuvent faire.
Agnès S. a demandé au groupe de citer les problèmes que ces situations posent,
individuellement et collectivement, et de préciser en quoi cela est un problème (en termes
de motivations, de sens et de conséquences pour les uns et pour les autres).
« Qu’est-ce qui pourrait expliquer ce manque de conscience des jeunes de l’implication
de leurs actes ? »
- volonté de se mettre en avant, d’être valorisé, de recueillir le plus de
clics « j’aime » sur Facebook => course à la popularité ;
- faille narcissique => il n’y a plus le regard de désir, d’admiration des parents.
L’adolescent n’est plus l’enfant, c’est celui « dont on ne veut pas ».
- volonté de montrer « de quoi on est capable », démonstration de force
(l’éducatrice de la PJJ décrit la situation d’une jeune fille qui a filmé sa copine en
train d’agresser physiquement son éducatrice référente) ;
- mimétisme des journaux « people » racoleurs (ex : Closer) => ce sont des « petits
reporteurs » qui ont accès aux outils des médias d’aujourd’hui ;
- méconnaissance de la loi sur le droit à l’image ;
- dès le plus jeune âge, les enfants sont « dépossédés » de leur image par des
parents qui mettent en ligne des photos d’eux (Facebook, blogs). Des
établissements scolaires mettent également en libre accès sur leur site internet
des photos des enfants prises lors des sorties :
- les lois ne sont pas toujours appliquées au sein de certaines institutions telles que
les établissements scolaires, les foyers, etc. Les problèmes de violence sont
traités « à l’intérieur », et le dépôt de plainte n’est pas encouragé. Il existe comme
une « omerta », un silence qui entoure ces affaires qui sont « étouffées » pour
renvoyer une image positive de l’institution. Il y a également une différence de
traitement entre les adultes et les adolescents (si c’est un adulte qui est la cible
des infractions, la situation est prise « plus au sérieux ») ;
- absence de limite entre l’intérieur et l’extérieur, entre l’intime et le public.
Les actes des adolescents seraient le symptôme d’un malaise plus général de la société
avec l’image et les médias/réseaux sociaux.
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Les deux foyers de jeunes travailleurs et l’Antenne Jeunes Flandre, qui accueillent des
jeunes adultes, évoquent les mêmes problèmes (mise en ligne par les jeunes eux-mêmes
de photos les montrant dans des situations « compromettantes », ou relais de photos
violentes).
Un tableau récapitulatif a été élaboré par le groupe :
Problèmes
Motivations/sens
Conséquences
Pas de limites
Valorisation de soi
Mauvaise réputation
Ignorance des lois (déni ou
non appropriation)
Recherche de popularité
Dépression
Mimétisme social
Phobie scolaire
Faille narcissique
Jalousie
Harcèlement (=>
intériorisation des
conduites de l’agresseur)
Vengeance
Faille narcissique
Défaut d’application des
lois
différence entre
milieu
institutionnel /
reste de la société
Différence entre
jeunes et adultes
Avoir un pouvoir sur l’autre Insertion professionnelle
Harcèlement
Vie amoureuse
Reflet de la société
Recherche de valorisation
=> ressources
(Sentiment d’)impunité
Méconnaissance des
possibles d’internet,
notamment en termes de
temporalité
Faille narcissique, manque
de confiance en soi
Non conscience des
conséquences
Banalisation
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Des associations proposent des actions de prévention sur ce sujet :
L’association E-Enfance propose des interventions en milieu scolaire, des
formations.
L’association « Internet sans crainte » propose des kits pédagogiques gratuits à
commander à partir de leur site internet. Elle intervient également auprès de
deux tranches d’âge : 7-12 ans et 12-17 ans.
Espace Résilience propose une fois par semaine, sur un ou deux ans, des ateliers de
théâtre, de danse… qui permettent aux jeunes de s’exprimer et de préparer un spectacle
qui est ensuite présenté dans le collège => les jeunes artistes acquièrent alors une
visibilité, une notoriété, une reconnaissance. Ils sont valorisés aux yeux des autres.
Agnès S. a souligné le fait que les actions à développer devraient concerner trois
interlocuteurs : l’agresseur, la personne agressée et les spectateurs.
Au-delà de « ce qui pose problème », il est important de s’intéresser aux ressources, aux
compétences mobilisées par les jeunes.
La Maison des Adolescents a exprimé un besoin d’être formé à l’utilisation d’Internet et
des réseaux sociaux.
3. Identification des objectifs à atteindre par le groupe pour diminuer ces
problèmes
Agnès S. a demandé au groupe d’élaborer des objectifs à atteindre pour réduire les
situations ou les dommages entraînés, sous la forme « le jeune est capable de » :
• avoir conscience des conséquences (légales, individuelles, collectives) :
- où atterrit l’image : qui peut la voir / l’avoir / l’utiliser ?
• avoir un positionnement clair et le formuler :
- refuser d’être filmé ou pris en photo dans une situation inconfortable
- connaître ses droits
• identifier des personnes de confiance :
- amitiés pour la vie qui durent 6 mois ?!
- faire valoir ses droits
• se protéger personnellement des actes des autres
• s’aimer
L’objectif « se protéger personnellement des actes des autres » pourrait être l’objectif
général, et les autres objectifs les objectifs spécifiques.
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4. Organisation de la suite du travail
La prochaine séance de travail a été fixée au lundi 1er juillet à partir de 14h30.
D’ici là, deux séances de formation/information ont été programmées avec le groupe :
le 24 mai : journée d’échange et de formation sur le thème « Religion et
sexualité »
le 14 juin : information sur l’accès aux droits/accès aux soins avec la CPAM de
Paris
5. Présentation du projet de l’ARS autour de la parole des usagers
(accompagnement de l’Institut T. Renaudot)
Maria-Luciana Ceretti, chargée de mission à la Délégation territoriale de Paris, a
présenté au groupe un projet de l’ARS autour de la parole des usagers.
L’ARS a sollicité l’Institut Théophraste Renaudot (ITR), spécialiste des démarches en
santé communautaire, pour l’accompagner sur l’axe « santé des jeunes » sur le quartier
Flandre.
L’ITR a répondu favorablement et proposé un accompagnement qui poursuit les
objectifs de :
- créer les conditions de la participation de tous les acteurs, en particulier des
habitants, aux actions locales en santé (pilotage, mise en œuvre et/ou
évaluation) ;
- accompagner les acteurs à affiner le diagnostic, à partir des préoccupations et
attentes des jeunes et parents ;
- poser les bases de la co-construction des actions locales de santé, à partir d’un
diagnostic partagé ;
- permettre aux acteurs d’évoluer dans leurs pratiques ;
- tirer des enseignements des démarches locales engagées, notamment en termes
de participation des acteurs et d’animation territoriale dans une démarche
communautaire.
Un groupe-ressource, composé notamment de professionnels du groupe de travail
coordonné par l’ASV, se réunirait cinq fois dans l’année pour développer une
méthodologie permettant d’intégrer la parole des habitants.
Les professionnels se sont montrés intéressés mais ont soulevé le problème de leur
disponibilité pour participer aux cinq réunions.
Ils vont soumettre l’idée à leurs équipes et reprendront contact avec l’ARS.
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