N°14 les rongeurs

Transcription

N°14 les rongeurs
Les rongeurs
14
Septembre 2006
Trous dans la pelouse, taupinières, légumes ou arbres rongés…
sont autant de signes de la présence d’un ou plusieurs petits
mammifères indésirables. Mais qui sont-ils ? Taupes, campagnols,
mulots, … ?
Tous ne sont pas nuisibles pour vos cultures légumières ou vos
arbres fruitiers. Dans ce dossier, nous ferons la lumière sur les
nuisances réelles de ces différents petits rongeurs que l’on peut
retrouver dans le jardin.
LE CAMPAGNOL
En Wallonie, 5 espèces de campagnols sont recensées :
• Campagnol terrestre
• Campagnol des champs
• Campagnol roussâtre
• Campagnol agreste
• Campagnol souterrain
Nous nous attarderons sur les deux premières espèces qui sont les plus
fréquemment rencontrées dans les jardins et les vergers.
¾ Le campagnol terrestre
Le campagnol terrestre (Arvicola terrestris), que
l’on appelle aussi grand campagnol, rat
taupier ou rate est d’assez forte taille. Il
mesure environ 20 cm dont 7 cm seulement
de queue et pèse entre 75 et 120 g. Il est
caractérisé par un corps trapu, un museau
obtu, des petits yeux noirs bien visibles, de grandes moustaches et des
oreilles cachées dans le pelage brun foncé.
Ce campagnol mène une vie strictement souterraine, ne sortant
qu’exceptionnellement de ses galeries. On le retrouve dans les jardins, les
vergers, les prairies et les friches, où il se nourrit des parties souterraines
de certains végétaux tels que le pissenlit, le trèfle, plusieurs
légumineuses…
Les jeunes arbres, surtout les pommiers, ne sont pas épargnés. L’axe
radiculaire est taillé en pointe, comme un crayon (caractéristique de ce
ravageur) provoquant la mort rapide de l’arbre.
1
Le campagnol terrestre creuse ses galeries avec les dents, propulse la terre en arrière avec les pattes,
puis la pousse avec la tête vers la surface pour former des buttes de terre. Il n’est pas rare toutefois
qu’il utilise les galeries creusées par les taupes.
Les rejets de terre du grand campagnol ont une forme irrégulière, souvent aplatie (maximum 25 cm
de hauteur). La galerie d’évacuation, souvent oblique, est obturée sur toute sa longueur par un
bouchon de terre, située à la périphérie du monticule.
Le campagnol terrestre rebouche très rapidement (en moins d’une heure) tout orifice fait dans ses
galeries. Cette particularité permet de prouver avec une bonne fiabilité, si un terrier est occupé par
des campagnols.
Les campagnols vivent en couple, avec ou sans descendants. La période de reproduction se situe
entre janvier et fin octobre. Après une gestation de 3 semaines, la femelle donne naissance à 4 à 6
jeunes et plusieurs portées se succèdent rapidement (en général de 4 à 6 / an). Les jeunes atteignent
leur maturité sexuelle à l’âge de 2 mois. De ce fait, à la fin de l’été, le nombre de campagnols peut
être très élevé ; jusqu’à 300 individus par ha.
Le campagnol terrestre, trou de sortie et les galeries
¾ Le campagnol des champs
Il ressemble au campagnol terrestre mais il est de taille plus petite, 9 à 12 cm. Il pèse une vingtaine de
grammes et est de couleur brun-clair. Il pullule dans les prairies, les champs de céréales, les vergers
mais il est par contre très rare dans les jardins.
Les campagnols des champs vivent en petites colonies ; leurs terriers sont
parsemés de petits trous de sortie et de coulées d’un trou à l’autre (sorte
de rigole creusée en surface). Ils habitent également les galeries
abandonnées par les campagnols terrestres ou les taupes. Les trous de
sortie ne sont pas rebouchés car le campagnol des champs sort
régulièrement pour s’alimenter de végétaux (herbes), de graines ou de
fruits tombés à terre.
Ces campagnols rongent une multitude de plantes, au ras du sol et sous terre. Ils
peuvent également creuser le sol, plus ou moins en spirale, en descendant le long
des racines qu’ils ne cessent de ronger. En général, les arbres attaqués ne
meurent pas.
La reproduction a lieu de février à fin octobre. Il peut y avoir entre 3 et 10
portées par an, avec 4 à 8 individus par nichée.
La maturité sexuelle du campagnol des champs arrive rapidement, 11 à 13 jours après la naissance.
Dans ces conditions, les populations augmentent très rapidement pouvant aller jusqu’à 5000
campagnols par ha !
2
Le campagnol des champs, trou de sortie et les galeries
¾ La lutte contre les campagnols
Les prédateurs naturels des campagnols (terrestres et des champs) sont le renard, la belette,
l’hermine et divers rapaces nocturnes et diurnes tels que les faucons, les chouettes,…. Le chat
représente également un excellent prédateur.
Lutte préventive
- Les campagnols affectionnent particulièrement les endroits fortement enherbés ainsi que les tas
de matières organiques, de bois,... car ils sont ainsi à l’abri de leurs prédateurs. Eliminez donc ces
obstacles là où ces rongeurs sont indésirables, et maintenez particulièrement le pied des haies ou
des arbres fruitiers le plus propre possible (tonte rase, désherbage mécanique, ...).
- Evitez l’installation des taupes puisque les campagnols empruntent leurs galeries (voir chapitre
sur les taupes)
- Evitez de planter des arbres dans une ancienne prairie, sans avoir préalablement travaillé le
terrain de manière profonde (pendant au moins deux ans). Si ceci n’est pas possible, il faut au
moins avoir maintenu le sol propre l’année précédente de la plantation, soit par des tontes
régulières, soit en éliminant les zones d’abris (touffe d’herbes, tas de bois, ...).
- Lors d’une nouvelle plantation, placez un treillis métallique (mailles de 15 mm maximum) dans
le trou de plantation. Le treillis doit être situé à au moins 50 cm du tronc et sur une profondeur
d’au moins 50 cm. Cet aménagement protégera les racines contre les dégâts du grand campagnol
pendant les 5 à 6 premières années de la vie de l’arbre.
- Une autre précaution peut être prise au moment de la plantation, en déposant dans le fond du
trou, un mélange de terre et de tourteau de ricin. Celui-ci a une action répulsive vis-à-vis des
campagnols et des taupes.
3
Lutte curative
Une méthode, non chimique et offrant d’excellents résultats, consiste à placer des pièges dans les
galeries. Différents modèles existent : tube auto-fermant, pinces et piège "guillotine".
Pinces :
Le piège « guillotine » est de loin le plus efficace et le plus facile à employer. Il est vendu avec une
sonde et une tarière facilitant la mise en place du piège.
Précaution : les rongeurs sont vecteurs de toutes sortes de parasites, de maladies virales et
bactériennes transmissibles à l’homme. Il est donc recommandé de porter des gants pour toucher
tout animal vivant ou mort.
LA TAUPE
La taupe est un animal qui serait bien utile s’il ne transformait pas nos pelouses et prairies en champs
de bataille. Elle est carnivore et mange des vers de terre (sa nourriture préférée), des limaces mais
aussi des larves et adultes de nombreux insectes (carabes, staphylins, élatéridés, fourmis, tipules, etc.)
qu’elle récolte dans ses galeries. La taupe n’utilise des végétaux, herbes ou feuilles sèches, que pour
garnir les chambres de repos ou de reproduction. Elle collecte ces matériaux en surface sans
commettre de déprédation.
Les taupes sont les bulldozers du sous-sol ! Les taupinières sont formées de terre grossière et la
quantité de terre refoulée est souvent impressionnante (les taupinières peuvent atteindre 60 cm de
hauteur).
Un animal habite à lui tout seul 200 à 300 mètres de galeries. Ce n’est que pendant la période de
reproduction (février-mars) que l’on peut trouver plus d’un animal dans une galerie. Si la taupe est
régulièrement dérangée dans son habitat par des campagnols terrestres, elle continuera à agrandir son
territoire jusqu’au moment où elle aura trouvé la tranquillité.
La taupe fait un travail de pionnier fort utile aux campagnols et dès lors il n’est pas rare de capturer
d’abord une taupe et ensuite un campagnol au même endroit.
4
La taupe, sa taupinière et les galeries
Lutte
- Des bulbes, enrobés d'une substance naturelle répulsive, sont disponibles dans les jardineries.
Ces bulbes sont à déposer sur le terrain. Pour cela, quadrillez le terrain, mais en prenant soin de
laisser une porte de sortie pour permettre aux taupes de s'échapper.
Remarque : les bulbes ne germent pas et ne nuisent donc pas à l’esthétique de votre pelouse.
- Le tourteau de ricin, épandu de manière homogène sur la pelouse, a également un effet répulsif
sur les taupes (respectez la dose à l'hectare et les conditions d'application).
LE MULOT
Contrairement à ce que l’on pense, le mulot est rarement
nuisible pour les plantes cultivées (sauf pour les cultures
de betteraves et les semences). Ce petit mammifère aux
allures de souris (longue queue et longues oreilles) est
omnivore ; ses repas se composent de végétaux, vers de
terre, limaces et insectes divers.
Il existe deux espèces de mulot dans nos régions : le
mulot à collier et le mulot sylvestre.
Description du mulot à collier :
Il mesure entre 8 et 13 cm, plus 8 à 13 cm de queue. Son dos est de couleur fauve, légèrement mêlé
de gris. Il se distingue du mulot sylvestre (Apodemus sylivaticus) par la présence d'un collier complet de
teinte jaune ocre ou d'une tache pectorale arrondie plus grande. Le pelage du ventre du mulot à
collier est blanc pur, alors qu’il est grisâtre chez le mulot sylvestre.
Le mulot ne creuse pas de galeries, il utilise les galeries inoccupées de campagnols ou de taupes ou se
confectionne un nid fait de mousse, d’herbes et de feuilles sous les souches et les racines. Il peut
également occuper des nichoirs à passereaux.
Le mulot à collier est une espèce protégée en Wallonie !
REFERENCES
Sources photo :
http://perso.orange.fr/fredonca/lutte%20collective/lutte%20collective.html
http://www.srpv-auvergne.com/images/import_export/taupiniere.jpg
http://www.topcat.ch/francais/maeuse/feldmaus.html
http://www.pestcontrol-products.com/rodent/voles.htm
Sources texte :
Fiches techniques GAWI
Site Internet du ministère de l’environnement : http://environnement.wallonie.be
Site Internet sur les pièges TOPCAT : http://www.topcat.ch
5