Le tabagisme en entreprise

Dr Chantal NARDIN
medecin du travail
Le tabagisme
en entreprise
Regard d’un médecin spécialiste en santé au travail
n Objectif
Le tabagisme représente à l’heure actuelle la
première cause de mortalité dans l’union européenne et dans le monde. Pour lutter contre
ce fléau, l’OMS recommande l’adoption par les
gouvernements de législations anti tabac, dont
l’une des principales recommandations est la
limitation du tabagisme sur les lieux du travail.
Une prise de conscience se développe dans tous
les états européens, notamment en France ou le
plan cancer 2003-2007 comporte des éléments
relatifs à la lutte contre le tabac en entreprise.
L’objectif de ce travail est de connaître la situation actuelle dans les entreprises d’un service
de santé au travail au regard des dispositions
réglementaires de la loi Evin concernant le
tabagisme. L’analyse des questionnaires permettra de connaître les différences dans l’application de la loi Evin, notamment en fonction de
la taille de l’entreprise.
n Description de l’enquête
L’enquête s’est déroulée d’avril à juillet 2005
et a concerné 23 entreprises de 2 à 120 salariés. Les modalités ont été les suivantes :
- Remise d’un questionnaire aux différents
employeurs que le médecin a rencontrés individuellement. L’employeur a rempli le questionnaire avec l’aide du médecin. L’objectif du
questionnaire était de faire un état des lieux
aussi exhaustif que possible du tabagisme
dans leur entreprise.
- Un 2e questionnaire a été remis aux salariés
volontaires par l’employeur. Le but était de
savoir comment était perçu le tabagisme sur
leurs lieux de travail et la façon d’aborder les
problèmes liés à l’utilisation de la cigarette
(le questionnaire était donc rempli de façon
anonyme).
La collecte des questionnaires a été faite par
voie postale. Au total, 23 employeurs et 363
salariés ont répondu.
n Analyse
Au regard de la loi Evin, la majorité des entreprises (78%), ne disposent pas de local réservé aux
fumeurs. Lorsque ce dernier existe, il ne répond
pas aux normes de ventilation imposées par la
loi. En pratique, la moitié des salariés fumeurs
doit sortir à l’extérieur des locaux pour fumer,
ou, ils disposent pour un peu moins de la moitié
d’entre eux, d’un espace près de la machine à
café, dans le hall d’entrée, voire en sous-sol.
Il est à remarquer que plus de 50% des entreprises ont une signalétique sur le tabac dans
leurs locaux. Dans ce cas, plus de 80% des salariés respectent l’interdiction de fumer quand
celle-ci est spécifiée par l’entreprise.
Dans les 3/4 des entreprises, les salariés non fumeurs
sont incommodés par la fumée des collègues.
L’analyse des questionnaires montre que ce
sont les employeurs qui sont les plus demandeurs, soit d’information collective (93%), d’aide
collective (67%) et d’une aide individuelle aux
salariés fumeurs (93%).
En ce qui concerne les salariés, la majorité est
en faveur d’une information non pas individuelle
mais collective.
n Les limites de l’analyse
Les sujets ayant effectivement répondu à
l’enquête ne constituent pas un groupe représentatif de l’ensemble des entreprises d’un
service de santé au travail. Nous avons une
auto sélection puisque les entreprises sont
entrées dans l’étude en fonction d’une décision qu’elles ont prise elles-mêmes (à savoir
qu’elles ont téléphoné au service de santé
au travail pour obtenir des visites médicales
pour leurs salariés).
Il y a les non-réponses aux questionnaires :
les questionnaires égarés ou non renvoyés
malgré les rappels, ou les salariés qui n’ont
pas souhaité répondre pour de multiples raisons. Le questionnaire étant anonyme, nous
n’avons aucune information sur la population
des non-répondants.
Cette enquête, surtout ponctuelle, pourrait
être étendue à l’ensemble des entreprises
d’un service de santé au travail.
n Conclusion
Si les résultats de l’enquête montrent que le
problème du tabagisme n’est pas une préoccupation essentielle dans l’entreprise, il n’en
demeure pas moins que la demande de sensibilisation et d’information est importante.
L’introduction d’une information en tabacologie dans les services de santé au travail est
opportune.
n Contact
[email protected]
Mieux protéger pour mieux travailler
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