VAM 2 Le programme EIS

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VAM 2 Le programme EIS
Congrès AQIS 2010
VAM 2 Le programme EIS: relier l’évaluation et l’intervention en intervention
précoce
Animatrices : Carmen Dionne et Maude Boutet, UQTR
Christine Rivest
Thème qui revient beaucoup dans nos préoccupations de cohérence entre les pratiques
évaluatives et les stratégies d’intervention qu’on met en place. Tant qu’à évaluer, il faut
toujours bien se servir de ce qu’on évalue pour travailler.
J’ai la chance d’être accompagnée par Christine Rivest, agente de communication de
programmation-recherche au CRDITED Mauricie Centre du Québec Institut
Universitaire. Maude Boutet qui travaille avec moi à la Chaire de recherche du UQTR en
intervention précoce ; elle est coordonnatrice dans le projet de recherche et elle a mis
en œuvre l’instrument et l’approche EIS dans les services d’intervention précoce.
En guise d’introduction, on va réfléchir ensemble sur:
• Le lien évaluation-intervention que l’on prend trop souvent pour acquis.
• Les instruments d’évaluation-intervention précoce. Voir s’ils peuvent favoriser
ou non, ce lien évaluation-intervention.
• Le programme EIS. Il comprend les grilles d’évaluation, les soutiens pour
favoriser la participation de la famille, les stratégies d’intervention et les
curriculums aidant à mettre en œuvre les stratégies d’intervention.
• Les scénarios d’activités, une façon alternative d’avoir un bon portrait de
l’enfant.
Pourquoi ces réflexions par rapport à l’évaluation ?
J’utilise régulièrement cette citation de Bronfenbrenner parce que je trouve qu’elle
illustre bien certains écueils des pratiques évaluatives sans vouloir juger les gens qui
font l’évaluation.
Bronfenbrenner en 1979, mettait en évidence que dans l’évaluation, on dissociait l’enfant.
Dans le fond, on pourrait voir l’évaluation comme étant la science des comportements
étranges.
«Une situation étrange, avec des adultes étranges dans des périodes de temps les plus
courtes possibles».
Dans les situations de testing, on va demander aux enfants d’attacher les souliers, de
mettre leur manteau alors que l’enfant n’ira pas dehors. On demande d’enfiler des perles
mais pas pour construire quelque chose.
On leur demande des comportements étranges du point de vue des enfants, dans les
situations étranges. Dans les situations classiques de testing, l’enfant se retrouve dans
un local, dans des lieux que l’enfant connaît plus ou moins, avec des adultes étrangers, un
évaluateur, où il doit fournir une performance dans une période de temps la plus courte
possible.
Cette pratique de l’évaluation qui pourtant a prédominé pendant des décennies nos
pratiques évaluatives en intervention précoce, amène son «lot de pépins». On n’a pas
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accès à voir comment les enfants fonctionnent au quotidien et on n’a pas accès non plus à
voir comment la famille, les proches, vont négocier avec les habiletés des enfants et
tirer profit de leurs perceptions du développement des enfants et de leurs propres
besoins à eux, comme famille et comme milieu qui accueille l’enfant.
C’est pour cela que dans la perspective du programme EIS, ce qu’on cherche à faire c’est
de s’éloigner de cette vision-là. La définition de Bronfenbrenner est une caricature pour
dire: c’est vrai que souvent les évaluations n’ont pas une valeur très « écologique ».
Valeur écologique étant d’être capable de considérer comment l’enfant fonctionne au
quotidien avec les gens qui lui sont proches.
Donc, on travaille davantage dans une perspective de voir l’évaluation comme un
processus, un processus de prise de décision. Donc, l’évaluation doit nous amener à faire
quelque chose, à décider de quelque chose. On ne documente pas pour documenter, on se
documente pour agir. La prise de décision qui est collective et qui est facile dans laquelle
les équipes de parents et de professionnels vont réviser leurs perceptions dans le but
d’atteindre un consensus.
Ce qui est important dans cette définition de Danièle Brault et ses collègues, c’est de
dire c’est peut-être pas bête dans nos services d’intervention précoce de travailler
ensemble et d’utiliser l’évaluation comme étant un moyen, un levier, pour planifier
l’intervention, pour voir si les interventions qu’on fait tiennent la route, si elles marchent,
si elles font la «job». Puis constamment, d’apporter un regard, un éclairage sur ce qu’on
fait pour ajuster dans le but de bien accompagner les parents, les familles et les milieux
de vie des enfants.
Le lien évaluation-intervention. Tous les instruments d’évaluation des enfants que ce
soient avec que ce soient des déficiences intellectuelles ou un trouble envahissant de
développement ou des limitations sensorielles ou motrice, ce ne sont pas tous les outils
d’évaluation qui ont ce même lien évaluation-intervention.
Il y a des outils d’évaluation qui prédisposent peu à intervenir, qui vraiment sont plus
documentés. Et ça ne dit pas que l’instrument n’est pas bon, ça dit juste qu’il n’est pas
fait pour ça. Donc ça questionne, il faut utiliser les instruments d’évaluation ce pourquoi
ils sont conçus.
Et ce lien évaluation-intervention, il y a différentes composantes qui nous permettent de
juger si l’outil d’évaluation a un lien étroit, un lien solide avec l’intervention. Ce sont les
travaux d’étude de Danièle Brault qui , il y a une dizaine d’années, a produit un livre que
je recommande à tous et cette étude est en train de faire un suivi quinze années plus
tard, qui sera réédité qui présente et analyse toute une série d’instruments d’évaluation
en intervention précoce, avec différents types d’enfants qui peuvent avoir des
difficultés et qui va situer chacun de ces outils d’évaluation par rapport aux critères qui
font que oui, cet instrument est un bon instrument pour intervenir et cet instrument-là
lui, n’a pas une bonne cote pour l’intervention.
Cela peut être un bon instrument pour bien diagnostiquer mais pas pour intervenir.
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C’est sont ces dimensions que les chercheurs ont utilisé, ont identifiés comme étant un
bon instrument:
•
La désirabilité : un bon instrument qui aide à intervenir, c’est un instrument dans
lesquels les items, (les habiletés) que les parents et les professionnels en
général, vont trouver importants que l’enfant maitrise. Ce n’est pas juste des
micro-habiletés mais des items par exemple : oui, c’est important que l’enfant
puisse ouvrir une porte ! c’est utile dans la vie !
•
L’authenticité : C’est un comportement de l’enfant qui sera utile au quotidien, Ce
ne sont pas des habiletés artificielles, pas des habiletés étranges comme
Bronfenbrenner avait pu nommé mais bien une habileté utile au quotidien.
•
Collaboration : la façon dont l’instrument va favoriser le partage et la cueillette
d’informations entre les différents partenaires de l’information, famille, milieux
de garde, milieux scolaires, ou d’autres d’intervenants qui gravitent autour de
l’enfant. Est-ce que l’outil qu’on utilise est vraiment d’usage exclusif Il n’y a rien
qui prévoit que je puisse demander : qu’est ce que l’ergothérapeute en pense ?
Qu’est-ce que la famille pense du développement de l’enfant et de ses besoins ?
•
La pertinence : la possibilité d’utiliser l’instrument autant dans les buts de
recherche que dans les buts de pratique. Donc c’est un instrument qui a de
solides propriétés de validité et de fidélité.
•
La multifactorialité : le recours à des méthodes, à des sources, à des contextes
et à des occasions différentes pour recueillir l’information concernant l’enfant.
Si je veux avoir une vidéo de comment mon enfant fonctionne dans ses
environnements, je ne peux pas voir juste à un endroit. Si je l’enregistre
seulement en milieu de garde, j’aurai un portrait parcellaire. Il faut que mon
instrument m’encourage à dire; attention, tu ne peux pas évaluer un enfant dans
un petit local, avec rien autour, en lui soumettant des épreuves. Il faut aller
observer l’enfant, aller chercher l’information sur comment l’enfant fonctionne
avec d’autres personnes.
•
Sensibilité : il faut que l’instrument puisse m’aider à intervenir, il faut qu’il soit
sensible aux changements de l’enfant. Donc de permettre qu’on puisse voir les
acquisitions que fait l’enfant. Parce que si l’instrument ne connaît pas un assez
grands nombre d’items, si je travaille et si je ne vois pas dans mon instrument les
gains que l’enfant fait, cela ne m’aide pas à ajuster mes stratégies d’intervention.
•
Universalité : l’instrument va permettre d’être utilisé avec différents types de
profils d’enfants. Si mon enfant utilise un tableau de communication, il faut
qu’avec l’instrument, j’aie le droit d’ajuster les items, que je puisse coter les
items de la communication. Si l’enfant communique avec un tableau, je veux qu’il
ne soit pas désavantagé par l’instrument.
Si je pense à un enfant qui a des incapacités motrices, et que je regarde la
capacité de l’enfant à se déplacer, si l’enfant le fait avec un fauteuil roulant ou
une marchette, il se déplace il faut que mon instrument me permette ces
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adaptations et qui ne soit pas fait pour un enfant verbal, moteur, sans déficience
intellectuelle. Il faut que l’instrument soit adapté à différents profils d’enfants.
•
Utilité : Il faut qu’il soit directement lié au but que je poursuis dans mon
l’intervention. Plusieurs instruments vont en fonction de ces critères avoir des
cotes plus ou moins fortes pour lier l’évaluation et l’intervention. L’instrument
qu’on va présenter à une cote exemplaire sur cette force évaluation-intervention.
Les types d’instruments
On tend à essayer en intervention précoce, de développer des instruments avec des
fonctions très spécifiques pour éviter une mauvaise utilisation de l’instrument, de ce
pourquoi il a été fait.
3 grands types d’évaluation en intervention précoce :
1. Évaluation à des fins de dépistage,
2. Évaluation à des fins de diagnostic,
3. Évaluation pour l’intervention.
Nous, ce qui nous intéresse, ce sont les évaluations à des fins d’intervention.
En quoi se distinguent ces instruments.
Évaluation à des fins de dépistage :
• Standartisée : elle est comparée à une photo vite faite, comportant peu de
détails, prise chez Costco.
• Peu coûteuse et rapide : la photo ne coute pas chère et se prend rapidement. Si
l’évaluation prend 30 minutes mais si elle prend 2heure, 8 heures à faire passer,
et que je conclue à la fin de l’évaluation que l’enfant va très bien, j’ai mal investi
mon temps.
• Pas de licence spéciale : pas beaucoup de questions. Pas besoin de quelqu’un avec
une formation ultra-spécialisée pour l’utiliser.
• Items choisis de façon statistique : items choisis uniquement pour être capable
de témoigner de l’âge de l’enfant à ce moment de son développement. Si l’enfant a
2 ans, ce sont des items qui vont permettre de cibler le développement d’un
enfant de 2 ans. Ils sont choisis de façon statistique.
• Performance de l’enfant composée à la norme. Un des risque de dérive, c’est si je
travaille avec des items de l’instrument de dépistage pour planifier une
intervention et qu’on choisit des items de l’instrument de dépistage, ca va mal
aller. Parce que ces habiletés ne sont pas des habiletés importantes en tant que
tel. Ce sont des habiletés qui sont choisis dans leur pouvoir de témoigner le
niveau de développement de l’enfant et non pas, parce que c’est une habileté à
maitriser dans la vie et qui va aider l’enfant à être plus autonome.
La question à laquelle on doit répondre après avoir fait une évaluation utile à des fins de
dépistage, c’est : est-ce que pour cet enfant, on aurait besoin d’aller vers une évaluation
supplémentaire ? Et non pas, arriver avec un profil de diagnostic ou à un âge de
développement.
Dans cette optique-là, on multiplie les interlocuteurs ou les intervenants qui sont
capables d’utiliser les instruments de dépistage. Donc, on na pas à dire votre enfant a un
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quotient et fonctionne comme un enfant de 1 an, cela ne se dit pas, on ne dit pas cela.
Mais plutôt l’enfant pour lequel vous avez des doutes et que cela vous fatigue, vous avez
raison, vous devriez pousser plus loin, vous devriez soutenir le processus de référence.
Peut-être que l’évaluation qui sera faite dira par la suite que les doutes ne sont pas
fondés mais peut-être que oui aussi.
Un bon instrument de dépistage est là pour nous aider à dire : est-ce qu’on va plus de
l’avant pour essayer de documenter le profil de développement de l’enfant?
Évaluation diagnostique
On se retrouve avec un rendez-vous avec un photographe, par exemple chez Sears au
temps des Fêtes. On s’est préparé (coiffeuse, vêtements choisis, maquillage, etc…). La
démarche est plus exhautive. Je vais avoir des concepts particuliers. Ça peut me prendre
du matériel spécifique, une formation spécialisée, etc…Même chose pour l’évaluation
diagnostic.
• Items non fonctionnels (choisi de façon statistique)
• Matériel, procédure et formation spécifique. Je ne ferai pas une évaluation
diagnostic si je suis éducatrice spécialisée, ce n’est pas mon rôle.
• Performance de l’enfant comparée à une norme
• Pas de possibilité d’enseignement pendant l’intervention
But : c’est essayer de comprendre le plus possible le fonctionnement, le profil de
l’enfant. C’est quoi le problème, quelles sont les difficultés ? Je vais documenter ces
difficultés.
L’évaluation diagnostique sera requise, sera utile pour déterminer l’admissibilité à un
service.
Si je travaille avec une évaluation diagnostic, dans le cas de service d’intervention
précoce, et que je me sers des items du texte pour faire mon intervention, je risque de
m’égarer un peu. Parce que une bonne évaluation-diagnostique est standartisée, elle
réfère à la norme. Les items de cet instrument ne sont pas là pour faire des buts et
objectifs d’intervention.
Évaluation utile à des fins de programmation ou d’intervention
Elle doit contenir :
• Items fonctionnels : des habiletés utiles.
• Souvent associé à un curriculum : associé à un guide d’intervention.
• Situations ordinaires : s’intéresse aux situations de la vie de tous les jours
• Le but : comparer la performance de l’enfant face à lui-même. Ce n’est pas de
comparer l’enfant face aux autres, ni pour savoir quel âge il a, ni combien de
retard il a,mais bien pour le comparer avec lui-même. Cet instrument pour
travailler et voir comment l’enfant avec son profil, harmonise ses compétences ;
s’il a des retards qui se creusent, s’il a des habiletés qui sont en développement.
• Possibilité d’enseignement pendant l’évaluation. Un bon instrument d’intervention
permet l’enseignement pendant l’évaluation. Le but n’est pas d’être le plus
objectif possible. Dans l’évaluation-diagnostique, on compare l’enfant face aux
autres, la situation est normalisée. Dans l’évaluation pour l’intervention, ce qu’on
veut ici, c’est mieux connaître l’enfant, on va faire une photo de l’enfant le plus
en profondeur possible. S’il a de la difficulté à faire quelque chose, on va donner
un modèle, on peut adapter l’environnement, on va changer la consigne. On peut
faire tout ça, c’est correct et souhaitable de le faire, cela va permettre de
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•
•
savoir comment l’enfant traite l’information. Si je change la consigne et l’enfant a
une meilleure performance, c’est intéressant de le savoir, je pourrai essayer de
l’utiliser plus tard dans mon intervention.
Pas de licence spéciale : Idéalement, un bon instrument d’intervention ne doit pas
être d’usage exclusif à une profession ou à une discipline. Un instrument doit
pouvoir être partagé avec différentes disciplines pour faire en sorte que cela
nous serve d’instrument un peu commun. Ce qui n’empêche pas le fait que
certaines disciplines ont besoin d’avoir leurs instruments, leurs outils. Mais quand
on se retrouve à discuter d’un enfant, on doit entendre et faire cette mise en
commun.
Favorise la participation de la famille : dans le processus de l’évaluation et
l’intervention.
Donc, normalement, mon instrument utile à des fins d’intervention doit permettre de
trouver c’est quoi le niveau de développement d’habiletés de l’enfant. Qu’est-ce qu’on
devrait faire ? Que devrions-nous travailler ? J’ai documenté le profil d’un enfant, j’ai sa
photo. Maintenant qu’est-ce que je dois mettre en place pour qu’il puisse poursuivre son
développement. Une fois que c’est mis en place, l’enfant progresse-t-il vers l’atteinte de
ces buts et objectifs ?
Le programme EIS
Le programme EIS est un outil d’intervention qui a été développé par des chercheurs de
l’université d’Orégon.
C’est un instrument qui a eu plusieurs versions qui ont été faites et revisées. Nous,
Christine Rivest, Carmen Dionne, et Charles-Albert Tavares avons travaillé à une
traduction et une adaptation en contexte québécois parce que, à ce moment-ci, nous on
considérait en services d’intervention précoce que ce type d’instrument n’était pas
accessible.
À partir de là, on a aussi réalisé certaines études pour voir comment on peut en faire une
utilisation plus optimale.
Le principe à la base du programme EIS, c’est l’idée de travailler en système intégré. À
la fois, au niveau de la collaboration professionnel, la participation de la famille et des
proches et de mettre ça en commun pour documenter l’évaluation, choisir des buts et
objectifs d’intervention, mettre en place les interventions et suivre les progrès.
C’est
cette cohérence à travers les composantes qui est visée par l’instrument.
Le EIS repose sur une approche d’intervention qu’on appelle l’approche naturaliste. Elle
est la façon dont on a recours systématiquement aux opportunités naturelles présentes
dans la vie de l’enfant pour mettre en pratique les objectifs qui sont ciblés dans le plan
d’intervention.
Je fais une mise en garde : on travaille dans le quotidien oui c’est intéressant, mais ce
n’est pas parce que c’est plus écologique que c’est moins systématique. Et peut-être qu’il
nous reste des efforts à faire à bien systématiser la prise d’information et la mise en
oeuvre de nos stratégies et nos réajustements.
L’intervention en milieu naturel, ce n’est pas parce que ça l’air naturel que c’est
l’intervention naturaliste.
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Ce n’est pas parce qu’on travaille dans le milieu de garde ou on travaille dans la famille
qu’on a une intervention naturaliste. On peut être dans le milieu familial et être tout à
fait directif et proposer des stimulations et des activités d’apprentissage qui ne seront
pas en lien avec l’enfant, qui ne seront pas respectés en milieu familial ni en service de
garde.
Donc, il faut concilier : c’est à la fois un contexte d’intervention mais c’est aussi une
approche d’intervention.
Le programme EIS
Il est un programme intégré. C’est d’abord un instrument d’évaluation.
Il est composé de 3 livres. Le tome 1 est un outil d’évaluation et les deux autres manuels
sont un curriculum d’intervention.
L’approche naturaliste est au cœur et l’approche sur laquelle se base le programme EIS.
Quand on est au niveau de l’intervention, comment ça se traduit le fait qu’on est dans une
approche naturaliste pour un intervenant ? La façon d’évaluer va être d’abord par
l’observation de l’enfant dans son milieu naturel.
On privilégie l’observation
• Activités amorcées par l’enfant lui-même (ses goûts, ses motivations, jeux
spontanés, ses tentatives de communication, etc…)
• Des routines quotidiennes : centré sur les situations quotidiennes. (ex : attacher
et mettre son manteau pour aller dehors, voir comment il se débrouille au
moment du diner, etc…)
• Des activités planifiées. Certaines activités ne permettent pas d’observer tel
comportement alors on parle d’observer dans des activités dirigées. Les adultes
ont alors un rôle plus grand au niveau de l’activité ; par exemple l’activité de
bricolage, ou différents jeux.
Tout ça, dans le but de dresser un portrait du répertoire des habiletés fonctionnelles de
l’enfant.
On ne veut pas savoir s’il est capable de séparer 2 pièces dans un type de jeu, On veut
savoir dans la vraie vie, l’enfant est-il capable de mettre son pyjama ? Est-il capable de
le mettre dans le tiroir de pyjama ?
Comment il procède quand il est assis à la table pour manger à la maison ? Est-ce que
l’habileté est transférée au service de garde ou si elle est faite seulement avec maman
ou papa ? Ou vice-versa, l’habileté est faite seulement au service de garde ?
Cela est fait pour connaître c’est quoi ses habiletés, c’est quoi ses forces, ses besoins
pour faire un Plan d’intervention qui a du sens.
Lors de l’intervention dans l’approche naturaliste
• On privilégie l’approche la moins directive i.e.suivre l’enfant, donner le moins
d’aide possible, incitation minimale, estomper l’enseignement pour voir ce que
l’enfant lui-même est capable de faire.
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•
•
•
Dans les contingences naturelles i.e. utiliser les conséquences qui se présentent
naturellement. La conséquence quand on met un manteau, c’est qu’on s’en va
dehors, il devient agent de renforcement et se fait naturellement.
Mise sur les intérêts, les motivations, les choix de l’enfant. On aura alors moins
besoin d’utiliser de renforcement.
Le grand but : favoriser le développement et l’utilisation des habiletés qui sont
fonctionnelle chez l’enfant et «génératives» i.e. l’idée, c’est une habileté qui va
ouvrir sur autre chose.
Ex : en motricité, la rotation du poignet, va permettre d’ouvrir les portes, les
pots, etc…
Clientèle visée par EIS
• Enfant de la naissance à 6 ans
• Retard de développement ou à risque de retard de développement
• Avec incapacités physiques, sensorielles, TED
• Enfants 6 à 9 ans présentant des retards importants (certains items doivent
être modifiées)
Utilisateurs
• Intervenants de formations diverses (éducatrices, psychoéducateurs,
psychologues, orthophoniste, ergothérapeute, etc…)
• Ce n’est pas un instrument réservé mais il demande une bonne connaissance du
développement de l’enfant et une bonne connaissance de l’instrument. On ne
s’improvise pas.
L’organisation
Le programme EIS est un système intégré : Évaluation-Intervention-Suivi.
Composantes
Évaluation :
- Motricité fine
- Motricité globale
- Domaine adaptatif
- Domaine cognitif
- Domaine social
- Communication
Intervention
Outils
- Protocole d’évaluation
de l’enfant
- Grille d’observation
de la famille
- Rapport de la famille
Suivi
Protocole d’évaluation de
l’enfant
Représentation visuelles
des progrès de l’enfant
Curriculum
- 0-3 ans
- 3-6 ans
Buts
-Dresser un portrait
fonctionnel de l’enfant
-À partir de l’information
recueillie, déterminer les
objectifs prioritaires du PI
Identifier et mettre en
œuvre les stratégies
d’intervention permettant
l’atteinte des objectifs du
PI
Suivre les progrès de
l’enfant
Ce qu’on entend par système intégré ; les données d’évaluation, selon chaque sphère de
développement (motricité fine, motricité globale, domaine adaptatif, domaine cognitif,
domaine social et communication), sont repris dans le curriculum.
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Par exemple, dans le Protocole d’évaluation, je veux évaluer l’habileté : la permanence de
l’objet.
Donc item 1.2 au niveau B du domaine cognitif.
Le but (ou item) : cherche un objet qui n’est pas à sa place habituelle.
Pour chaque habileté qu’on évalue, il y a un critère. Parce que, si on change d’intervenant,
on évaluera de façon identique. Le critère définie la performance attendu de l’enfant.
Dans ce cas-ci: l’enfant cherche dans plus d’un endroit un objet qui n’est pas à sa place.
Dans le rapport de la famille, on retrouverait pour cet item : Lorsque votre enfant ne
peut trouver un objet (un jouet préféré, son manteau, etc…) à sa place habituelle, le
cherche-t-il à d’autres endroits ? Souvent on va donner un des exemples aux parents.
Dans le curriculum, je vais retrouver des suggestions d’activités simples graduées selon
l’intensité, qui vont concerner spécifiquement cette habileté.
Alors que souvent dans les curriculums qui sont associés à des évaluations, l’information
est plus générale ; par exemple au niveau cognitif, ils ne donnent pas de suggestions
d’habiletés spécifiques.
Donc, le curriculum donne du bagage pour intervenir au niveau des habiletés spécifiques.
Les outils que le programme EIS propose au niveau de l’évaluation :
•
Ce sont les protocoles pour évaluer les enfants de la naissance à 6 ans.
•
Il y a des outils spécifiques à la communication qui s’ajoutent à la grille
d’observation qui permettent de documenter le développement de la
communication chez les enfants.
•
Le rapport de la famille, c’est un outil qui s’adresse aux parents. Les parents
peuvent le remplir seul ou si c’est nécessaire, avec l’aide d’un intervenant.
Avec cet outil, on va vraiment chercher la perception des parents concernant le
développement de leur enfant. Les items du protocole de l’enfant sont repris
dans le rapport des parents, mais ils sont moins nombreux. On va chercher les
items qui sont plus importants, ils sont reformulés de façon plus concise. L’idée,
c’est d’aller chercher la perception des parents quant au développement de leur
enfant et de connaître leurs perceptions quant aux habiletés qui seraient
importantes à développer au niveau du plan d’intervention.
Les outils que le programme EIS propose pour l’intervention :
Ce sont les curriculums d’intervention. Ils se présentent en 2 tomes qui s’adressent aux
enfants:
• de la naissance à 3 ans
• de 3 à 6 ans.
Ils proposent des activités qui sont pairées, associées termes à termes, avec les
habiletés qui sont évaluées dans l’évaluation.
Le programme EIS permet d’évaluer, nous permet d’intervenir par rapport aux habiletés
qui sont jugées prioritaires pour un enfant et cela permet également d’assurer un suivi.
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Pour assurer le suivi, l’intervenant a besoin :
• Protocole d’évaluation de l’enfant :
La question qui est posée : qu’est-ce que ça donne l’intervention que je fais ? Pour
ce faire, on demande aux intervenants de travailler avec le protocole
d’évaluation. On sort l’évaluation faite il y a 1 an et on la refait. Cela permet
d’ajuster les interventions qui seront faites au niveau des habiletés de l’enfant.
• Les représentations visuelles des progrès du suivi de l’enfant :
Les items de l’évaluation sont transposés au niveau visuel pour permettre aux
parents de «voir» les progrès de leur enfant selon le suivi du plan d’intervention.
Les buts visés au niveau des composantes du programme EIS:
• Dresser un portrait des habiletés fonctionnelles de l’enfant
• Déterminer les objectifs prioritaires à partir de l’information recueillie.
Le but visé au niveau de l’intervention : identifier et mettre en œuvre les stratégies
d’intervention permettant l’atteinte des objectifs du Plan d’intervention.
Donc on le retrouve dans le protocole, on le retrouve aussi dans le rapport pour la famille
Donc pour revenir avec l’exemple de l’évaluation de la permanence de l’objet, l’objectif
formulé au Plan d’intervention serait :
Lorsqu’un objet familier ne sera pas à sa place habituelle, Florence le cherchera dans
plus d’un endroit.
Si son doudou n’est pas sur le lit, son manteau n’est pas sur le crochet, Florence le
cherchera à d’autres endroits plausibles. L’habileté sera observée 3 fois par jour, tant à
la maison qu’en milieu de garde.
Dans l’outil, il y a une section qui aide à la formulation des objectifs.
L’objectif a été personnalisé pour Florence. La personnalisation des objectifs ainsi que la
fréquence des critères sont déterminés par l’intervenant.
Ce qui est intéressant, du fait que les items qui composent l’instrument au niveau des
habiletés, sont fonctionnelles, utiles aux enfants, on peut les prendre tout simplement et
les formuler en objectifs pour le plan d’intervention.
À l’intérieur des curriculums, il y a toujours une section qu’on appelle : importance de
l’habileté. On aura une demi-page, une page qui va nous dire ce pourquoi c’est important
dans la vie des enfants, c’est quoi les liens avec d’autres aspect du développement. On
retrouve un rappel, un rafraichissement du pourquoi c’est important de développer telle
habileté. Pour les intervenants, ils constatent que cela permet de mieux expliquer aux
parents l’importance de travailler tel objectif et pour les parents, cela fait plus de sens.
Avec cette habileté qui a été priorisé au niveau du plan d’intervention,
ce qu’on va retrouver comme information au niveau du curriculum pour cet habileté, dans
le curriculum 0-3 ans, pour la permanence de l’objet : que l’enfant soit capable de
retrouver ses objets, cela va l’aider pour la mémoire à long terme, les associations avec
des objets et des endroits, etc…
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Chaque
•
•
•
•
•
habileté est organisée de cette façon :
importance de l’habileté,
suggestions d’intervention,
adaptation de l’environnement,
activité dirigée,
aspects à considérer
C’est un système gradué.
-------------------------------------------------------------------------------------------------Question :
L’outil EIS, a-t-il été construit, utilisé et validé auprès d’autres clientèles, par exemple
les enfants à troubles envahissants du développement?
L’instrument a été validé auprès de différentes clientèles.
Dans le cadre des enfants qui ont un trouble envahissant du développement, Helen Short
de l’Université de Seattle, travaille avec l’instrument dans un programme très spécifique
au niveau des TED dans les centres de développement. Elle ne travaille pas avec le EIS
seul. Elle utilise le EIS et elle le combine avec d’autres types de stratégies
d’intervention qui est plus proche du Listing (ou listening ?) contemporain. Ce listing
contemporain n’est pas une application à la lettre des principes ABA mais une mise en
commun de différentes stratégies gagnantes dans les TED.
Il y a des utilités pour les enfants qui ont un TED mais pour l’articulation avec les
autres composantes des services classiques en TED il y a du travail à faire.
Dans le cadre de notre étude à l’UQTR, on s’est dit qu’il y aurait lieu de mettre en
commun nos stratégies d’intervention, nos 2 clientèles DI et TED y gagneraient.
On a demandé aux intervenants travaillant auprès des enfants qui ont un TED de nous
aider pour d’adapter le document des deux curriculums, pour les enfants TED et
d’apporter des suggestions. Les intervenants nous ont fourni un ensemble de
recommandations. On remarque qu’avec les enfants TED, on a beaucoup de mise en garde
(aspects à considérer) pour les activités et il y a des ajustements à faire.
Bref, c’est un instrument qui est actuellement en développement, il devrait être prêt
dans 6 mois.
--------------------------------------------------------------------------------------Ce qui est intéressant aussi, c’est que souvent on travaille avec des instruments
d’évaluation que l’on utilise et on veut des mises à jour qui ne sont pas ou plus
disponibles, on n’a pas de suivi.
Le EIS existe depuis une trentaine d’années, il y a eu des éditions nouvelles. On travaille
actuellement à une nouvelle édition qui sera disponible dans quelques années. Mais c’est
toujours dans l’idée est-ce ’on est capable d’utiliser les nouvelles connaissances et des
informations jugées intéressantes par les utilisateurs pour ajuster l’instrument.
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Maude Boutet présente l’outil EIS
Outil qui facilite la cueillette d’informations lors d’une évaluation de l’enfant avec l’EIS.
Il permet de couvrir dans l’ensemble des activités normales qui peuvent être faites avec
les enfants.
Vraiment un outil structuré pour permettre de dire que lorsque je joue avec l’enfant, à
telle étape de l’activité, je peux observer telle ou telle habileté chez l’enfant, comment il
le manifeste. C’est dans le but de faire le portrait du répertoire de l’enfant pour ensuite
faire le plan d’intervention.
C’est un outil qu’on a mis à l’épreuve dans notre projet de recherche dans le Centre du
Québec et qu’on a traduit de l’anglais et qu’on a essayé avec les intervenants.
On présentera des scénarios d’activités d’évaluation mis à l’essai.
Ce sont activités dans lesquelles l’enfant est susceptible de manifester plusieurs
habiletés évaluées dans le EIS.
On essaie, par souci que ce soit efficace, de couvrir différents domaines, de pouvoir
observer plusieurs habiletés chez l’enfant pas seulement un domaine particulier mais par
exemple : Quand l’enfant s’est assis pour faire l’activité, quelle était sa posture ? Est-ce
qu’il est capable de faire semblant avec la poupée ? A t-il la permanence de l’objet ? On
essaie de couvrir le plus possible dans un seul scénario.
C’est un défi aussi pour l’intervenant d’avoir son œil ajusté à tout ce qui se passe, c’est
pour cela que le vidéo est un outil fort intéressant qu’on a pu constaté dans le projet de
recherche pour surtout s’approprier l’instrument de base et avoir l’œil.
Les activités qu’on propose, on ne les a pas inventées, ce sont vraiment des activités
typiques de petites filles, de petits garçons qu’on peut voir
à la maison ou au service de garde.
Il y a une correspondance directe avec les items du EIS.
Ce sont des scénarios d’activités pour l’évaluation, on retrouve une liste d’activités pour
les enfants de la naissance à 3 ans et de 3 à 6 ans.
Il y a 2 tranches d’âges simplement parce que le texte est divisé en 2 parties.
On veut susciter l’intérêt de l’enfant mais l’intervenant peut choisir ; il peut cibler à
l’avance ce par quoi l’enfant est plus susceptible d’être intéressé et de manifester
naturellement les habiletés.
On retrouve les jeux d’activités typiques :
Liste d’activités de la naissance à 3 ans :
• Livres et jeux d’encastrement
• Jeux en cercle
• Poupées
• Spectacle de magie
• Routes et ponts (les petites autos)
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Le goûter
Les jeux d’eau
•
•
Activités de 3 à 6 ans :
• Centres d’activités
• Jeux libres
• Courses à obstacles
• Etc…
Structure des scénarios : on retrouve ;
• Nom du scénario
• Niveau de développement ciblé
• Domaine d’évaluation potentiel couvert par le scénario
• Le matériel requis
• Description du déroulement de l’activité
• Items du EIS couverts par le scénario.
Visionnement de vidéos d’activités d’évaluation :
• Poupée
• Spectacle de magie.
On va observer le scénario d’activité dans le quotidien, présenté à Florence, 3 ans
ensuite on va observer quelles sont les habiletés susceptibles d’évaluer chez Florence.
On va visionner et on verra comment Florence a utilisé ses habiletés dans le contexte.
1.
Les poupées :
• on regarde la motricité globale,
• au niveau cognitif, le faire semblant,
• au niveau social, les interactions avec les pairs, avec les adultes
(communication et socialisation)
Le matériel : les poupées et différents accessoires.
2. le spectacle de magie ; on regarde :
• la motricité fine (la prise de crayon, cercles et lignes)
• la permanence de l’objet
En guise de conclusion :
Ce qui
•
•
•
est suggéré pour l’évaluation :
avoir une bonne connaissance de l’instrument
avoir une bonne connaissance du développement de l’enfant
avoir une formation pour l’EIS
On peut utiliser les curricullum en service de garde pour enrichir nos connaissances Si
on veut être à l’aise il est bon d’avoir la formation. Cela sauve du temps.
Le EIS peut être utilisé en CRDI ou en service de garde.
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Dans le cours Évaluation-intervention en intervention précoce, petite enfance, cette
évaluation est étudiée en détail.
On peut se procurer les 3 volumes sur Google : www.cheneliere.ca
Chenelière éducation, Titre : Programme EIS, Évaluation, Intervention, Suivi ,
Auteurs : Diane Bricker, et Carmen Dionne, traductrice et adaptation francophone.
Rédigé par Monique L’Hérault
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