s`ADAPTER AU CHANGEMENT CLIMATIQUE EN FRANCE
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© p. herbert / wwf-france Energie Climat Changement climatique s’ADAPTER AU CHANGEMENT CLIMATIQUE EN FRANCE Adaptation Climat 2010 page 1 L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE EN FRANCE Contexte : L’aide à l’adaptation pour les pays en voie de développement est devenu un sujet majeur des négociations internationales sur le climat. Moins vulnérables car dotés de meilleures capacités et infrastructures, les pays riches doivent cependant dès à présent réfléchir à la stratégie à adopter pour limiter les conséquences négatives des changements liés au climat et tirer profit des éventuels avantages. Après avoir mis en place, en 2001, l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) qui publiait cette année son quatrième rapport, la France compte se doter pour l’année 2011 d’un Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC). La préparation de celui-ci est faite selon la même démarche que le Grenelle, c’est-à-dire à travers une consultation de 5 collèges (Etat, collectivités territoriales, syndicats, entreprises, ONG). Même si ce plan prend en compte les problématiques de l’Outremer, le WWF insiste pour qu’une consultation de qualité soit organisée dans chaque territoire d’Outre mer pour compléter ou adapter ce plan national selon les enjeux locaux. A quoi s’adapter ? L’incertitude est une constante de l’adaptation Si les effets du changement climatique mondial se font déjà sentir, l’évolution du climat dans le temps et l’espace est très difficile à prévoir de façon précise car il dépend de nombreux paramètres, aussi bien naturels (interaction entre les évolutions climatiques et leurs moteurs, réactions des écosystèmes) que sociétaux (émissions futures de gaz à effet de serre, capacités à changer les comportements individuels ou professionnels). Il reste cependant raisonnable aujourd’hui d’établir des fourchettes d’évolution présentant des probabilités de réalisation fortes. D’après les données du GIEC, le climat en France pourrait évoluer de la manière suivante : dans un scénario d’augmentation modérée des émissions mondiales de gaz à effet de serre, la température moyenne en France pourrait augmenter de 2 à 2, 5°C entre la fin du XXe et la fin du XXIème siècle. Les précipitations varieraient faiblement en hiver et diminueraient en été de 5% à 25%. Avec un scénario plus pessimiste, le réchauffement moyen serait de 3° à 3,5°C. L’assèchement estival moyen serait plus important de 20 à 35% et les extrêmes plus marqués. De plus, les évolutions peuvent varier fortement selon les zones : la zone sud ouest, par exemple, devrait subir fortement les phénomènes d’assèchement, tandis que certains centres urbains pourraient gagner presque une dizaine de degrés. Ces évolutions climatiques auront des impacts sur la santé des écosystèmes, les infrastructures, le confort humain, la disponibilité en eau etc. Comment s’adapter ? L’adaptation passe d’abord par le renforcement des connaissances sur les climats locaux, car l’adaptation se fait avant tout à l’échelle des territoires (commune ou agglomération, bassin hydrographique, forêt, éco-région…). Mais quelles que soient les avancées, l’incertitude et l’évolution des données à prendre en compte resteront un élément caractéristique à intégrer dans les politiques d’adaptation. Ainsi, les politiques d’adaptation doivent être les plus flexibles possibles pour permettre de réagir à des situations diverses et qui évoluent dans le temps. Par Adaptation Climat 2010 page 2 © Michèle Dépraz exemple, un bâtiment construit ou rénové aujourd’hui doit pouvoir répondre aux contraintes du climat de 2020, mais aussi de 2050, voir de 2100. C’est pourquoi il est préférable, quand cela est possible, de développer des solutions dites « sans regret », c’est-à-dire qui soient bénéfiques même si le climat et les impacts de son changement ne suivent pas les projections sur lesquelles les actions se sont basées. Une solution sans regret pourrait être par exemple la réhabilitation de la nature en ville, qui aurait l’intérêt de servir «d’îlot de fraîcheur», de fournir des espaces de confort aux habitants et de favoriser la biodiversité. Les politiques d’adaptation doivent être menées en cohérence avec les autres enjeux tels que la réduction des émissions de gaz à effet de serre ou la préservation de la biodiversité. Même si certaines solutions technologiques et artificielles seront parfois nécessaires, le WWF défend une adaptation basée sur la bonne santé et la biodiversité des écosystèmes, leur conservation et leur restauration plutôt que sur des solutions technologiques dont certaines (OGM, nanotechnologies) risquent de créer davantage de problèmes que ceux qu’elles prétendent résoudre. Une partie essentielle de l’adaptation réside dans la réduction des contraintes (pollution, surexploitation, artificialisation…) que nous imposons aux écosystèmes et aux services gratuits qu’ils nous offrent. Comme pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, pour être efficace et effective, la démarche d’adaptation au changement climatique doit être participative, fondée sur une approche à partir de la base (dite « bottom up ») en impliquant un maximum d’acteurs. Il existe de nombreuses solutions d’adaptation qui résident principalement dans des aspects institutionnels et organisationnels. Le succès des politiques d’adaptation dépendra du niveau d’appropriation de la problématique par chacun des acteurs (citoyens, Etat, entreprises, collectivités, associations etc). Le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) ne peut donc que fixer un cadre général pour l’action. L’application se fera à l’échelle locale, notamment et en particulier dans les collectivités et territoires d’outre mer qui abritent l’essentiel de la biodiversité nationale. Basées sur les documents et débats organisés autour de la concertation sur le PNACC et le travail des équipes du WWF, ce document présente les principales propositions du WWF pour l’adaptation au changement climatique pour la biodiversité, l’eau, les forêts, les océans et les côtes, l’énergie, le tourisme. Adaptation Climat 2010 page 3 La biodiversité face au changement climatique Contexte : En provoquant le changement climatique, l’espèce humaine vient ajouter une contrainte additionnelle aux nombreuses atteintes qu’elle fait déjà subir aux écosystèmes et donc à la biodiversité. Nous sommes face à la sixième extinction massive d’espèce que la planète ait connue, mais la première à être provoqué par une espèce vivante. D’après le rapport 2007 du GIEC, une augmentation des températures mondiales de 1,5 à 2,5°C menacerait d’extinction entre 20 et 30% des espèces terrestres de la planète. Des températures encore plus élevées, augmenteraient encore ces proportions. Avec la réduction de la biodiversité, ce sont aussi les potentiels d’adaptation pour les hommes qui seront limités. Les écosystèmes, de par la variété et la gratuité des services qu’ils offrent à l’homme sont nos meilleurs alliés pour l’adaptation. Nous avons donc tout intérêt à préserver les écosystèmes dans lesquels nous évoluons. Nous devons limiter nos impacts sur les écosystèmes et en favoriser l’adaptation. La France se situe au quatrième rang mondial pour le nombre d’espèces animales menacées et au neuvième rang pour la flore. Une très large majorité de sa biodiversité réside dans l’Outre-mer. De par ses capacités à agir et la biodiversité de ses territoires, la France à une responsabilité mondiale dans la préservation des écosystèmes face au changement climatique. Impacts et enjeux clefs : Total 2 Oiseaux Métropole Mammifères Domaine Reptiles Classe Poisssons d’eau douce Le changement climatique risque de modifier et fragiliser la plupart des écosystèmes, ou même d’en provoquer la disparition. De nombreuses évolutions liées au changement climatique sont déjà observables. Les implantations et comportements de certaines espèces se modifient ; les forêts méditerranéennes remontent vers le nord, les migrations de certains oiseaux se décalent dans le temps ou dans l’espace ou n’ont plus lieu; certaines espèces invasives ou nouvelles maladies viennent perturber des milieux fragilisés. Surtout, certaines symbioses risquent d’être rompues telles que la synchronisation entre l’éclosion des oeufs de certaines espèces d’oiseaux et le stade de développement des espèces qui les nourrissent (larves, bourgeons…). Dans certains cas, s’ils ne trouvent pas de territoire ou nourriture de substitution ou d’autres stratégies d’adaptations, certaines espèces et écosystèmes risquent de s’éteindre. Une plus grande occurrence des sécheresses rend les forêts plus vulnérables aux incendies. Le recul des traits de côtes s’amplifie principalement du fait du changement climatique, menaçant de faire disparaître des espaces entiers où vivent de nombreuses espèces. Une attention particulière doit être portée en Outre Mer, là ou se concentre l’immense majorité de la biodiversité française. Les questions qui se posent sont les suivantes: quelles évolutions de leurs écosystèmes les différentes espèces pourront-elles supporter ? Comment favoriser leur adaptation ? 0 0 1 60 3 368 7 9 408 Outre-mer français 216 82 Europe 350 42 10 Nombre d’espèces endémiques Source : Le Courrier de la Nature n° 249 Adaptation Climat 2010 page 4 © bruno Pambour Adaptation Climat 2010 page 5 © harMut Jungius / wwf-canon LEs TRAMEs vERTEs ET bLEUEs Les trames vertes et bleues ont pour objectif de favoriser ou reconstituer des continuités écologiques sur le territoire. En effet, pour survivre, les espèces ont besoin d’un territoire assez large pour réaliser la totalité de leur cycle vital (alimentation, reproduction, repos, nidification…). Leurs territoires étant aujourd’hui fragmentés par les activités humaines (étalement urbains, autoroutes, pollutions…) il est nécessaire de créer des corridors écologiques pour leur permettre de rejoindre leurs différentes zones vitales. Cette nécessité est amplifiée par les besoins de déplacement engendrés par le changement climatique. Mesures préconisées : Pour agir, il faut connaître. Le WWF préconise de renforcer la recherche sur les évolutions et adaptations des écosystèmes. La participation des citoyens à des inventaires et suivi des espèces (sur le même principe que les « Reef Check » développés dans les collectivités et territoires d’Outre Mer) permettrait de les sensibiliser à cette problématique. La nature possède en elle bien des options d’adaptation, comme elle l’a montré au cours de l’histoire de la planète. Ainsi, pour donner les meilleures chances aux écosystèmes de survivre au changement climatique, il faut avant tout limiter les contraintes que nous leurs imposons : surexploitation, pollution, artificialisation. La fiscalité peut être un levier de réduction des impacts écologiques. Nous pourrons aider à la survie de certaines espèces mais ne pourrons maintenir artificiellement des écosystèmes entiers. Certaines espèces évolueront aux dépens d’autres, pour adapter les écosystèmes aux nouveaux contextes climatiques. Nous devons veiller à une évolution naturelle des milieux. La mise en place des trames vertes et bleues est un premier pas important dans ce sens. Nous pouvons restaurer la biodiversité en mettant en valeur de nombreux espaces interstitiels ou en friches, en ville comme à la campagne. Restaurer la biodiversité, c’est aussi réintégrer la nature et la biodiversité dans nos activités économiques, dans l’ensemble des secteurs, et en particulier dans le tourisme et l’agriculture. Cependant, même si l’homme réduit fortement ses contraintes sur les écosystèmes, la rapidité du changement climatique et son emballement potentiel pourraient avoir pour conséquence un appauvrissement très fort de la biodiversité qui ne reviendrait que sur un laps de temps très long. C’est pourquoi il reste absolument essentiel de réduire rapidement nos émissions. Le WWF agit : Le Fond Mondial pour la Nature est reconnu internationalement pour ses actions de préservation des écosystèmes partout dans le monde. Il mène des actions de suivi et de protection des écosystèmes et espèces qui permettent notamment d’établir les rapports annuels Planète Vivante. Il a donc une position privilégiée pour observer les impacts du changement climatique sur la biodiversité, alerter et proposer des solutions. Tous ses programmes (Eau, Forêts, Changements climatiques, modes de vie et tourisme durable, océans et côtes) se concentrent sur les enjeux de biodiversité. Le WWF se distingue également par sa forte présence dans les territoires d’Outre Mer, hauts lieux de biodiversité. Pour l’année internationale de la diversité, le WWF participe notamment à la campagne La biodiversité c’est ma nature. Adaptation Climat 2010 page 7 L’eau face au changement climatique Contexte : D’après le rapport Planète Vivante 2010, moins de 1% de l’eau douce mondiale est disponible comme ressource renouvelable. Le changement climatique vient ajouter une pression supplémentaire sur les ressources en eau, avec des conséquences dramatiques sur les populations et les écosystèmes. Selon un rapport de l’Unesco, le changement climatique expliquerait environ 20% de l’augmentation de la pénurie d’eau dans le monde. Le Rapport 2006-2007 du Programme des Nations Unies pour le Développement prévoit que d’ici à 2025, environ 38% de la population mondiale pourrait vivre dans des pays soumis au stress hydrique. De nombreux écosystèmes basés sur l’eau douce risquent d’être fragilisés, voir de disparaître. Alors que plus de la moitié des eaux de surface en France sont aujourd’hui considérées comme étant de qualité moyenne, médiocre ou mauvaise, il est important d’éviter que le réchauffement climatique ne vienne exacerber des contraintes sur l’eau déjà trop nombreuses. Le changement climatique nous offre l’occasion de repenser profondément notre gestion et utilisation de l’eau en France. Impacts : Un réchauffement des cours d’eau a déjà été observé depuis ces trente dernières années. Le fleuve du Rhône par exemple se serait réchauffé de 1 à 2°C du fait de l’évolution de la température de l’air. Les débits des cours d’eau sont modifiés du fait de la fonte plus précoce des glaciers, une évaporation plus importante, et la baisse des précipitations moyennes. Pour les mêmes raisons, la recharge des eaux souterraines pourrait baisser de manière significative dans la plupart des bassins versants. Source : Jean Boé, cité dans Basilico L, Massu N, Séon-Massin N, changement climatique, impacts sur les milieux aquatiques, et conséquences pour la gestion, décembre 2009 Evolution des debits moyens HIVER (Déc / Janv / Fev) -60 -46 -33 -20 ETE & AUTOMNE (Juin / Juil / Août / Sept / Oct / Nov) -6 6 20 33 46 60 -60 -46 -33 -20 -6 6 20 33 46 60 Changement relatif multi-modèle (en %). 2046 / 2065 points cerclés de noir : accord de 85% des modèles sur le signe Adaptation Climat 2010 page 8 Source : Jean Boé, cité dans Basilico L, Massu N, Séon-Massin N, changement climatique, impacts sur les milieux aquatiques, et conséquences pour la gestion, décembre 2009 La hausse du niveau des mers risque de venir saliniser des zones d’eau douce (de surface ou souterraines). Enfin la multiplication des évènements climatiques extrêmes devrait augmenter les risques d’inondation et les difficultés à gérer les excès d’eau pluviales, source de pollution importante. La baisse des ressources en eau les rendra d’autant plus fragile à nos rejets de produits toxiques, qui seront alors davantage concentrés. Les impacts du changement climatique doivent être compris dans le cadre des contraintes « traditionnelles » sur l’eau: pollution, artificialisation, surexploitation. De plus, le changement climatique aura des impacts sur nos besoins en eau, notamment pour les loisirs, le confort et l’agriculture. Pour refroidir nos centrales électriques lors des périodes de forte chaleur, nous aurons besoin de prélever d’avantage d’eau alors que la ressource sera fragilisée. Nos politiques d’adaptation doivent favoriser des solutions alternatives à ces risques. Recommandations : Pour que les cours d’eau et leurs écosystèmes soient davantage résilients au changement climatique, nous devons avant tout réduire les contraintes classiques auxquelles nous les soumettons. Le WWF-France préconise par exemple de réserver l’exploitation des meilleures ressources en eau aux usages pour lesquels il est nécessaire que l’eau soit potable, c’est-à-dire pour l’alimentation et la préparation des aliments (soit 3% de nos usages). Pour le reste, nous pourrions utiliser des eaux de moins bonne qualité, ce qui permettrait de préserver les ressources hydriques les plus précieuses et les plus fragiles. Cela demanderait de gros efforts de réorganisation mais pourrait s’avérer un bon investissement sur le long terme. De même, donner un prix à l’eau permettrait d’éliminer en grande partie les usages non rationnels et de favoriser les mesures alternatives ; par exemple stopper les cultures à irrigation intensive dans des zones soumises au stress hydrique. La préservation des zones naturelles, en particulier des forêts et des zones humides est absolument indispensable pour protéger nos ressources en eau. Les écosystèmes offrent en effet bien souvent des services essentiels et gratuits de régulation de l’eau (stockage, purification, écoulement, infiltrations…). Ils pourraient constituer la plus grande partie de nos solutions d’adaptation. Le WWF agit : Le WWF a mis en place un programme eau douce qui veille à la qualité des ressources en eau et à protéger les écosystèmes d’eau douce. Parmi les campagnes développées par le WWF sur ces thèmes, on peut citer la campagne contre les PCB, la campagne rivières vivantes. A travers ses autres programmes (agriculture, changement climatique, urbanisme…), le WWF contribue, en France comme dans le monde, à renforcer la résilience des ressources d’eau douce et leurs milieux. Adaptation Climat 2010 page 9 De nouveaux enjeux pour la santé Elément de contexte : On ne peut pas vivre en bonne santé sur une planète malade. Le réchauffement climatique constitue une menace supplémentaire pour la santé dans le monde. Directement, à travers l’aggravation et la multiplication des évènements climatiques extrêmes (sécheresses, tempêtes…), comme indirectement : développement et propagation de maladies infectieuses, dégradation des milieux naturels, menaces sur la sécurité alimentaire, sur les ressources en eau potable etc. Un récent rapport du Forum mondial humanitaire, présidé par l’ex-secrétaire général des Nation Unies Kofi Annan, estime que le changement climatique causerait actuellement en moyenne la mort de 325 millions de personnes par an. Ce chiffre devrait doubler d’ici 2030. Si le changement climatique a de tels impacts sur la santé, c’est aussi et surtout parce qu’il intervient dans le contexte d’équilibres naturels déjà dramatiquement fragilisés par les surexploitations et pollutions de toutes sortes. Les écosystèmes ne jouent alors plus leur rôle de régulateur. C’est pourquoi limiter les impacts du changement climatique sur la santé passe indéniablement par l’équilibre et la protection des écosystèmes. Impacts : Les conséquences dramatiques de la canicule de 2003 en France nous ont alertés sur les effets potentiels d’un réchauffement rapide de quelques degrés auquel nous ne serions pas préparés. Dans le cas de la France, on peut espérer, mais avec prudence, que la mortalité en hiver diminue grâce à des hivers plus doux. Par contre, la mortalité en été devrait augmenter, les épisodes de canicules tels que celle de 2003 risquant de devenir la norme dans la deuxième partie du XXIe siècle. Ainsi, ce n’est plus en hiver qu’auront lieu les périodes de mortalité les plus importantes, mais en été. Au-delà du nombre des maladies, c’est donc dans la modification de la configuration générale de celles-ci que résideraient les enjeux les plus importants. Les services de santé devront répondre à l’augmentation de certaines maladies dues par exemple à la baisse de la qualité de l’eau et de l’air, l’émergence de nouveaux vecteurs et « réservoirs » de maladies, ou encore une présence plus forte des éléments allergènes du fait de la multiplication des événements climatiques extrêmes. Au-delà de la santé des êtres humains, le changement climatique aura des répercutions sur celles des animaux d’élevage, de nos cultures agricoles et des écosystèmes. Car des écosystèmes fragilisés et surexploités sont un terrain propice aux maladies. Les impacts du changement climatique sur la santé dépendront également des solutions que nous choisirons de développer. Or, le changement climatique risque de servir de prétexte à l’introduction et/ ou au développement massif de nouvelles pratiques et technologies peu ou pas évaluées quant à leurs effets sur la santé et l’environnement telles que les OGM ou les nanotechnologies. © E. Petre Adaptation Climat 2010 page 10 Recommandations : Se préparer aux impacts du changement climatique sur la santé passe bien sûr avant tout par l’identification de ces derniers. Il faut donc étudier régulièrement ces impacts. De nombreuses actions relativement simples et efficaces peuvent être mises en place au niveau organisationnel et institutionnel pour mieux se préparer au changement climatique, comme l’a montré le succès des « plans canicules » mis en place après 2003. Cependant, alors que les structures de santé devront être en mesure d’accueillir les populations atteintes par des événements extrêmes de plus en plus fréquents et graves, les plans prévoyant la construction ou la rénovation des structures de soin pour les années à venir n’intègrent pour l’instant aucune mesure d’adaptation aux changements climatiques. Et le maillage du territoire par des structures locales est de plus en plus mité par la fermeture des établissements de santé. Il faut donc davantage adapter les bâtiments de soin au climat de demain. Face à la raréfaction des ressources en eau, des terres arables et à la croissance de la population mondiale, nous sommes appelés à modifier nos habitudes alimentaires, à commencer par notre consommation de viande. En effet, les élevages, destinés à satisfaire notre modèle alimentaire actuel, occupent près de 80 % de la superficie agricole de la planète (zones de pâturage et de cultures pour l’alimentation des animaux). L’intensivité du modèle d’élevage actuellement en cours pour répondre à notre modèle de consommation alimentaire constitue en outre un risque sanitaire majeur (infections, maladies, résistance aux antibiotiques, développement d’algues vertes…). Une consommation alimentaire moins calorique (notamment une consommation de viande plus raisonnée) mais de meilleure qualité serait bénéfique à notre santé, à celle des écosystèmes et contribuerait à renforcer la sécurité alimentaire dans le monde. De manière générale, il s’agit de sortir d’une vision purement curative de la santé pour se concentrer davantage sur la prévention des maladies : pollutions, habitudes alimentaires, modes de vie etc. Le changement climatique est l’illustration la plus emblématique du fait que les activités anthropiques peuvent induire des effets largement irréversibles. Ainsi en est-il des OGM et des nanotechnologies, souvent présentées comme des solutions miraculeuses pour la réduction des gaz à effet de serre et l’adaptation au changement climatique qui pourraient s’avérer pires que le mal qu’elles sont censées combattre. Rien ne peut assurer aujourd’hui leur non dangerosité à court, moyen et long termes. Le WWF demande l’application rigoureuse du principe de précaution sur ces technologies. Le WWF agit : • Le WWF intègre dans son programme urbanisme et habitat durables l’adaptation au changement climatique. Il souligne systématiquement son importance et les mesures simples qui peuvent déjà être prises dans ses actions de lobby, de d’échanges avec les collectivités locales et de communication lors de colloques, jurys etc. • Le WWF soutient le Réseau Environnement Santé qui rassemble ONG, professionnels de la santé, malades, scientifiques et citoyens. • Le WWF intervient sur les impacts majeurs de notre alimentation : pêche, aquaculture, agriculture, questions centrales du soja et de l’huile de palme, empreinte écologique, pollution de l’eau, produits toxiques… • Le WWF a écrit « Planète Cuisine », aux éditions Minerva (2009), dans lequel il démontre qu’il est possible de se nourrir avec plaisir tout en s’adaptant aux enjeux actuels et à venir. Adaptation Climat 2010 page 11 Les forêts face au changement climatique Contexte : La déforestation est responsable d’environs 18% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Même si les forêts n’ont pas toutes les mêmes caractéristiques en termes de séquestration de carbone, elles jouent un rôle absolument essentiel dans le cycle de celui-ci. Mais ce n’est pas tout, les forêts constituent des réservoirs de biodiversité, stockent et purifient l’eau, limitent l’érosion des sols et les enrichissent, purifient et humidifient l’air, et constituent des zones de rafraîchissement. Elles ont une influence importante sur les climats locaux. Elles fournissent de nombreuses ressources et zones de loisir. A la fois essentielles pour l’atténuation et l’adaptation, les forêts et leurs écosystèmes risquent cependant de souffrir du changement climatique. La rapidité du réchauffement climatique risque de dépasser leurs capacités d’adaptation. Il existe un risque sérieux que l’ampleur du réchauffement climatique fasse disparaître localement le rôle de piège à carbone que jouent celles-ci; avec comme conséquence la libération dans l’atmosphère d’une grande quantité de carbone, et donc une exacerbation du réchauffement climatique et de ses conséquences ! Il est donc capital de développer des modes de gestion des forêts qui leur assurent des capacités d’adaptation maximales. La France, en métropole comme en Outre-mer a un rôle capital à jouer sur ses questions. Impacts : Même si beaucoup d’incertitudes demeurent sur les détails, on peut affirmer que les forêts subiront (positivement ou négativement), les effets du changement climatique: modification des températures moyennes, des régimes de précipitation, des ressources hydriques, de leur peuplement (notamment en ce qui concerne les maladies et parasites) ou encore de la concentration en carbone de l’atmosphère. Certaines menaces devraient se multiplier telles que les évènements climatiques extrêmes, les grands incendies et les sécheresses. Les facteurs d’adaptation et éléments à prendre en compte sont très complexes, mais on peut s’attendre à ce que certaines espèces soient alors plus favorisées que d’autres sur certains territoires et qu’ainsi les peuplements soient modifiés. De manière générale, dans la zone tempérée de la France, on s’attend à ce que la croissance moyenne des arbres augmente entre 2015 et 2045 du fait d’une plus forte concentration en CO2, mais qu’ensuite, les éléments négatifs prennent le dessus. La réaction de notre société face aux effets du changement climatique pourra être (comme le prévoit le Grenelle) un recours plus important aux ressources en bois pour la construction et le chauffage (pour limiter la libération de carbone fossile). Il semble là y avoir un enjeu majeur à ce que cette option ne pousse pas à une trop forte intensification des exploitations sylvicoles et à une artificialisation des forêts. Cela les fragiliserait encore face au changement climatique. Recommandations : Le meilleur moyen de favoriser la résilience des forêts est de laisser à la nature un maximum d’options d’adaptation. Autrement dit, de favoriser la naturalité et la diversité des forêts et de leurs peuplements. En effet, les forêts naturelles ou gérées de façon proche de la nature seront les mieux à même de s’adapter aux évolutions progressives, en douceur, quel que soit le scénario climatique (sècheresse, tempêtes accrues, réchauffement – au moins à l’horizon 2050), aussi bien pour l’écologie, que pour l’économie (plasticité des exploitations sylvicoles). Ce sont également celles qui ont les meilleures capacités d’absorption du carbone. Il est capital d’améliorer encore la connaissance sur les impacts du changement climatiques sur les forêts, notamment en ce qui concerne les ressources en eau et la biodiversité (au-delà des arbres). Le WWF estime également que l’objectif de « produire plus » sur lequel le Grenelle avait débouché ne doit pas justifier une remise en cause de l’objectif de durabilité, de multifonctionnalité et d’intégration dans les territoires de la gestion des forêts françaises (protection de la biodiversité, protection contre les risques naturels, accueil du public et tourisme, production de bien marchands, chasse…), comme l’a consacré la loi forestière de 2001. Adaptation Climat 2010 page 12 © Michèle Dépraz Adaptation Climat 2010 page 13 Le WWF agit : • Le WWF a été le principal initiateur du Label FSC (Forest Stewardship Council) et promeut l’utilisation de ce label. Il soutient toutes les initiatives de gestion proche de la nature crédibles • Le WWF travaille à la réduction de la déforestation et à la protection des forêts les plus naturelles dans le monde comme en France, notamment à travers son programme Ecorégion Forêts Méditerranéennes • Dans le cadre des négociations internationales sur le climat, le WWF s’engage pour une politique ambitieuse de réduction de la déforestation, avec un objectif d’une déforestation nette égale à zéro d’ici 2020, à travers le processus REDD +, qui doit prendre en compte le droit des populations locales et la multifonctionnalité des forêts. Adaptation Climat 2010 page 14 © michel gunther / wwf-canon Adaptation Climat 2010 page 15 L’énergie face au changement climatique Contexte : Le domaine de l’énergie fait face à deux enjeux principaux que sont la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre et une concurrence mondiale croissante pour l’accès aux énergies fossiles, avec tous les impacts politiques et écologiques qu’ils comportent. A ces enjeux vient maintenant s’ajouter celui de l’adaptation. En effet, le changement climatique a des impacts sur l’offre (contraintes nouvelles ou amplifiées sur les infrastructures) comme sur la demande (évolution des besoins énergétique). L’avertissement a été donné par la canicule de 2003 au cours de laquelle le système énergétique français pourtant bien développé a été fortement mis à mal et a tenu le coup grâce à des mesures exceptionnelles (dérogations pour les prélèvements d’eau etc.) Les infrastructures énergétiques sont parmi les équipements dont la durée de vie est la plus longue (entre 20 et 50 ans en général). Les choix énergétiques actuels (paquet énergétique, normes de sécurité etc…) doivent donc prendre en compte les évolutions climatiques des prochaines décennies. Impacts : Les récentes études sur les conséquences du changement climatique sur la consommation énergétique prévoient une légère baisse de la consommation en hiver liée à des températures plus douces, mais à une augmentation des pointes de demande en été due à des pics de chaleur plus fréquents. L’incertitude est une constante de l’adaptation Ces besoins particuliers en été seront d’autant plus problématiques que chaleur et sécheresse provoquent des pertes de rendement significatives. Des températures élevées (au-delà de 25 degrés) provoquent un risque de surchauffe des centrales électriques et fragilisent les réseaux de transport. De même, la capacité de production énergétique est fortement liée aux ressources disponibles en eau. C’est le cas pour la production hydraulique, qui subira les conséquences de la réduction des débits des cours d’eau en particulier en été du fait d’une plus forte évaporation et de la réduction ou disparition des glaciers qui alimentent aujourd’hui les cours d’eau en été. L’Observatoire national des effets du réchauffement climatique (ONERC) estime ainsi que la production hydroélectrique (10% du paquet énergétique français aujourd’hui) pourrait chuter d’au moins 15% d’ici 2050. La ressource en eau est également capitale pour la production et la sécurité de l’ensemble des centrales thermiques classiques et nucléaires, le nucléaire étant de loin le plus gourmand en eau pour son fonctionnement. L’impact existe également dans l’autre sens : l’utilisation par les centrales de ces cours ou plans d’eau viennent ajouter une contrainte à ces derniers déjà fortement touchés par les impacts du changement climatique. Au-delà du lien entre énergie et ressource en eau, le secteur énergétique devra prendre en compte des risques d’incendie de forêt plus fréquents, l’élévation du niveau de la mer, la multiplication des glissements de terrain et des inondations. Les études sur les impacts du changement climatique sur les énergies renouvelables (autres que l’hydraulique), qui par définition dépendent des conditions météorologiques, sont encore peu nombreuses. Cependant, on peut s’attendre à ce que l’éolien soit impacté positivement et/ou négativement par une modification des régimes des vents. Les performances du solaire pourraient être légèrement impactées par les évolutions en terme d’humidité, de chaleur et de nébulosité. Adaptation Climat 2010 page 16 © michel gunther / wwf-canon Recommandations : La première des recommandations reste de travailler sur la demande, en cherchant à réduire la consommation d’énergie et à éviter la création de nouveaux besoins, notamment lors des pics de chaleur. Cela passe par des politiques ambitieuses dans l’ensemble des secteurs, notamment celui de l’urbanisme et de l’habitat (voir fiche urbanisme et habitat). Côté offre, les centrales thermiques et nucléaires devront développer des modes de refroidissement plus économes et plus efficaces en termes de consommation d’énergie et de prélèvement d’eau. Le développement des réseaux électriques intelligents pourraient permettre de mieux répartir les ressources d’énergie et de mieux gérer les périodes de forte demande. Adaptation Climat 2010 page 17 © eDwarD parker / wwf-canon LA CANICULE DE 2003, UN AvERTIssEMENT POUR LE sYsTÈME éNERGéTIQUE FRANÇAIs La canicule de 2003 a constitué une véritable répétition générale pour des conditions qui pourraient devenir la norme d’ici 2050. Comme pour d’autres secteurs, en particulier la santé, elle a souligné les lacunes du système actuel. Au niveau énergétique, la situation a été plutôt bien gérées en France, mais les solutions utilisées ont eu et ne pourraient pas être répétées chaque année. Une mission du Sénat sur les conséquences de la canicule sur le secteur énergétique a notamment souligné les éléments suivants : - La canicule a provoqué une augmentation de 5 à 10% de la consommation d’électricité dû à la nécessité de « fabriquer du froid ». Comme l’expliquait à la mission du Sénat M. Pierre Bornard, directeur de la division « systèmes électriques » à Réseau de transport d’électricité (RTE), « pour chaque degré de température au-dessus de 25 degrés, la France consomme environ 250 à 300 mégawatts supplémentaires, ce qui représente grosso modo la consommation de la ville de Nantes ». - Le réchauffement et la réduction de débit des cours d’eau pose un véritable problème pour les centrales thermiques, et pousse à un dépassement des prélèvements habituellement autorisés. Cela pose une question délicate de redéfinition des seuils de prélèvement et rejets autorisés. Malgré de nombreuses dérogations, ce problème a provoqué une baisse de 4% de la production d’origine nucléaire entre le 4 et 24 Août 2003. - 6 centrales thermiques classiques ont dû être arrêtées et la production de plusieurs des 58 réacteurs nucléaires a dû être réduite. - Les fortes chaleurs ont provoqué des surcharges des réseaux de transport d’électricité (RTE). A Paris, la chaleur des sols a entraîné une recrudescence d’incidents sur le réseau souterrain de distribution : Au total, 237 000 clients en Ile de France ont été concernés par des coupures momentanées. - Selon les estimations réalisées par le groupe lui-même, la canicule aurait coûté environ 300 millions d’euros à EDF. Adaptation Climat 2010 page 18 © michel gunther / wwf-canon La nécessité de diversifier le paquet énergétique français est renforcé par ces enjeux d’adaptation. La question des impacts du changement climatique sur les énergies renouvelables nécessite des recherches supplémentaires. Le solaire semble en tous cas une solution à favoriser, notamment parce qu’il ne consomme quasiment pas d’eau (sauf pour le solaire concentré). Le WWF agit : Le WWF travaille auprès de tous les acteurs (grand public, entreprises, collectivités territoriales, Etats) pour promouvoir les politiques énergétiques les plus optimales en terme d’atténuation et de protection de la nature tout en intégrant les enjeux d’adaptation au changement climatique. Cela passe par exemple par la création de scénarios énergétiques sobres en carbone, la surveillance voir la mise en place de labels concernant les énergies renouvelables comme l’hydraulique, l’éolien et le solaire (http:// www.wwf.fr/s-informer/nos-missions/changement-climatique) Le WWF accompagne un nombre croissant de collectivités dans la mise en place de leur politique d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Adaptation Climat 2010 page 19 Le tourisme face au changement climatique Contexte : Avec la mondialisation, le secteur du tourisme se développe avec une rapidité spectaculaire en ce début de siècle. Sa croissance dans les 50 pays les moins avancés a été de 110% entre 2000 et 2007. Le nombre de touristes internationaux, de 900 millions en 2010 devrait passer à plus de 1,5 milliards en 2020. Le tourisme peut ainsi apporter des ressources nécessaires au développement et être un moteur de valorisation des espaces et des écosystèmes. Il est également facteur de dégradation, d’artificialisation et de surexploitation des écosystèmes, avec des conséquences parfois graves pour les populations hôtes (accès à l’eau, pollution…). Le changement climatique vient à la fois menacer les activités touristiques et fragiliser encore les écosystèmes avec lesquels il interagit. Ce secteur doit dans donc porter une attention particulière aux enjeux d’adaptation. Avec 74 million de visiteurs en 2009, la France est la première destination pour le tourisme international. Elle se doit d’être exemplaire dans la mise en place d’un tourisme durable et résilient au changement climatique. Impacts : L’impact le plus connu et le plus emblématique du changement climatique sur le tourisme en France est l’affaiblissement de l’enneigement moyen, en particulier en moyenne montagne, qui rend les activités liées au sport d’hiver moins rentables, et qui impose une redéfinition du modèle économique de nombreuses stations. Le changement climatique aura également des conséquences non négligeables sur le confort, la santé et la sécurité des touristes: périodes prolongées de fortes chaleurs, feux de forêts, multiplication des évènements climatiques extrêmes, développement de nouvelles maladies ou de leurs vecteurs. Les zones et périodes et destinations touristiques pourraient ainsi être modifiées par ces secteurs, au dépens de certaines zones (devenues trop chaudes ou trop sèches) et à l’avantage de nouvelles rendues plus attractives. Les spécificités paysagères et gastronomiques de certains territoires pourraient être modifiées du fait d’une nécessité de modifier les activités et atouts traditionnelles. On pense en particulier aux impacts sur l’oenotourisme. L’élévation du niveau de la mer et le réchauffement et l’acidification des océans peuvent avoir des conséquences lourdes pour les zones côtières. Cet aspect est particulièrement inquiétant pour les récifs coralliens d’Outre Mer. Le changement climatique aura des conséquences non seulement sur les activités touristiques, mais il risque également d’amplifier les impacts traditionnels du tourisme sur ces derniers. On pense par exemple à l’augmentation de l’exploitation des ressources en eau pour des besoins accrus par le réchauffement climatique. Les chaleurs plus élevées risquent également d’inciter à recourir massivement à la climatisation, et donc à l’émission de gaz à effet de serre. De manière plus large, le changement climatique pose la question des émissions de gaz à effet de serre dues au tourisme, et donc, de nos modes de vie et habitudes. © roger leguen Adaptation Climat 2010 page 20 Recommandations : Le WWF s’accorde généralement avec les conclusions du groupe de travail sur le tourisme de la concertation sur le PNACC, notamment sur l’importance du renforcement des études et scénarios sur les impacts locaux du changement climatique et la mise en place de modèles économiques de tourisme alternatifs, en particulier pour les stations souffrant de l’affaiblissement de l’enneigement. Il serait également intéressant d’échelonner les périodes de vacances scolaires afin de limiter les afflux de masse et d’éviter les périodes de canicule. Cet échelonnement pourrait réduire la contrainte sur les écosystèmes. Face aux risques croissants liés aux évènements climatiques extrêmes, des systèmes d’alerte précoce devront être mis en place ou renforcées. L’enjeu de l’adaptation au changement climatique est une raison supplémentaire de favoriser un tourisme moins impactant sur l’environnement, à tous les niveaux : choix des aménagements et lieux d’installation, éco-conception des bâtiments, choix des activités et services proposés, choix des destinations, organisation des déplacements. Si les cas sont très rares aujourd’hui pour lesquels on peut estimer que le tourisme est réellement neutre voire positif pour l’environnement, cette activité peut être une occasion privilégiée de sensibiliser les visiteurs à l’importance, l’intérêt et la fragilité des écosystèmes. Les professionnels du tourisme peuvent servir de vecteurs pour des pratiques responsables et conviviales: préparation de produits locaux, observation et suivi des écosystèmes, camps de restauration des écosystèmes et des paysages, développement de divertissements neutres en carbone etc. Développer de tels intérêts participe au développement d’un tourisme local et à la valorisation des territoires. Le WWF agit : Le WWF France travaille particulièrement sur les écorégions alpines et méditerranéennes où il rencontre et sensibilise les acteurs pour des pratiques touristiques plus durables, Le WWF a mis en place les Gîtes Panda, des gîtes répartis partout en France qui font l’objet de partenariat avec les exploitants pour des pratiques exemplaires, Partenaire de Pierre et Vacances, le WWF accompagne ce leader du tourisme pour qu’il développe un secteur touristique engagé vers la conservation de l’environnement (accompagnement dans le choix des matériaux de construction, sensibilisation du personnel etc). Le WWF lançait cette année son premier Pandathlon, un rendez-vous de randonneurs engagés auprès du WWF et de la cause qu’il défend. Cet évènement se veut exemplaire en termes d’impact sur le climat et l’environnement. Adaptation Climat 2010 page 21 Les villes face au changement climatique Contexte : Si ce sont surtout les grands centres urbains des pays du Sud qui semblent les plus menacés par les impacts du changement climatique du fait de leur croissance extrêmement rapide et anarchique, les villes du nord ne seront pas pour autant épargnées. Milieux artificialisés, imperméabilisés, tributaires de tout un ensemble de réseaux et infrastructures complexes pour l’électricité, les transports, ou l’eau, les villes pourraient subir de plein fouet les multiples conséquences du changement climatique. Heureusement, c’est aussi dans les villes que les leviers d’action pour l’adaptation sont les plus importants, aussi bien pour l’adaptation de la ville elle-même que pour celle des écosystèmes qui l’entourent et avec laquelle elle est interdépendante. En France, de nombreuses villes subissent déjà clairement les impacts du changement climatique et développent des stratégies d’adaptation. Selon les principaux modèles de scénarisation énergétique, la température de Paris à la fin du siècle pourrait être similaire à celle d’aujourd’hui à Rome ou en Estrémadure en Espagne. De tels changements ne pourront être ignorés. Analogues climatiques en 2070 Les villes sont placées à l’endroit de leur analogue climatique, c’est-à-dire à l’endroit qui a aujourd’hui le climat proche de celui qu’elles auront à la fin du siècle. A gauche, le modèle Arpège, à droite, le modèle du Hadley Center (tous deux basés sur le scénario SRES A2 Source : Sebastian Kopf, Stéphane Hallegatte, Minh Ha-Duong, L’évolution climatique des villes européennes. Impacts et enjeu principal : En France, on prévoit que les canicules comme celle de 2003 pourrait devenir de plus en plus fréquentes, jusqu’à devenir la norme dans la seconde moitié du XXI siècle. Les villes sont particulièrement vulnérables aux longs épisodes de chaleur du fait de la densité de leur population et du phénomène d’ilôt de chaleur. © Edward Parker / WWF-Canon Ilôt de chaleur : Du fait de leur artificialisation, les villes souffrent du phénomène d’îlots de chaleur, c’est à dire de microclimats avec des températures plus élevées par rapport aux zones rurales voisines : ainsi, lors de la canicule de 2003, Météo France avaient ainsi constaté jusqu’à 9°C de différence la nuit entre la température mesurée dans Paris et celle mesurée dans la forêt de l’Essonne, à quelques dizaines de kilomètres de là. Cela est du à la réverbération de la chaleur par le sol sombre et les façades des villes, alors que la forêt et la végétation en général absorbent beaucoup plus les rayons du soleil. La végétation comme les surface d’eau permettent par ailleurs par évaporatranspiration et évaporation de rafraîchir l’air ambiant. Des épisodes de pluie plus violents, associés à des sécheresses plus longue favoriseront largement les risques d’inondation et perturberont l’alimentation en eau potable. Les différences de températures plus importantes auront des conséquences pour les sols et matériaux qui, par un phénomène de retraitgonflement, fragiliseront de nombreux bâtiments et/ ou leurs fondations. Les feux de forêts, plus fréquents toucheront des zones jusqu’ici épargnées. Pour les régions côtières, l’approvisionnement en eau risque d’être perturbé par un phénomène de salinisation des sols et des nappes phréatiques. Face à la montée du Adaptation Climat 2010 page 22 niveau de la mer, certaines villes côtières devront faire le choix entre des aménagements de protection très couteux ou l’abandon de certaines zones. Les conséquences du changement climatique sur les villes dépendront également bien sûr des solutions d’adaptations que nous choisirons de mettre en place. Si les politiques d’adaptation sont mal conçues, on risque de voir par exemple le développement de climatiseurs individuels (consommateurs d’énergie, émetteurs de gaz à effet de serre et qui réchauffent l’extérieur) alors que des solutions collectives et alternatives existent (conception bioclimatique des bâtiments, zones de fraîcheur en ville…). Mesures préconisées : Pour adapter au mieux les villes au changement climatique à venir, il s’agira avant tout de renforcer les connaissances sur les évolutions locales du climat, et de prendre en compte le caractère dynamique de ces changements. Les bâtiments et aménagements neufs comme anciens devront être adaptés non seulement au climat de 2020, mais également à celui de 2070, 2100 et voir au-delà. Ces enjeux doivent être intégrés dans l’ensemble des documents d’urbanisme et être appropriés par tous les acteurs de la ville : citoyens, élus, entreprises, associations etc. Les Plans Climat Energie Territoire (PCET) qui doivent maintenant automatiquement prendre en compte les enjeux d’adaptation sont l’outil idéal pour mettre en place ces mécanismes. Mais les leviers nationaux tels que par exemple la réglementation sur les bâtiments ne doivent pas non plus être négligées. Ces politiques d’adaptation doivent non seulement assurer le bien être des populations à l’intérieur de la ville, mais également réfléchir à l’ensemble des conséquences des options choisies pour cela telles que la consommation énergétique (par exemple éviter le recours à la climatisation), et l’impact sur les écosystèmes environnants. L’adaptation au changement climatique est d’ailleurs une bonne occasion de pousser à une forte présence de la nature en ville. Le WWF agit : Le WWF intègre dans son programme urbanisme et habitat durables l’adaptation au changement climatique. Il souligne systématiquement son importance et les mesures simples qui peuvent déjà être prises dans ses actions de lobby, de d’échanges avec les collectivités locales et de communication lors de colloques, jurys etc. Il veille à ce que les meilleures solutions en termes d’adaptation soient valorisées dans ses projets de démonstration avec des villes comme Lyon et Grenoble. Adaptation Climat 2010 page 23 L’agriculture face au changement climatique Contexte : Le changement climatique, en jouant sur la moyenne des températures mais également sur l’amplitude thermique, les évènements climatiques extrêmes et les ressources en eau, a et aura des impacts significatifs sur les activités agricoles dans le monde. S’il est vrai que, du moins jusqu’en 2050, les effets ne seront pas partout négatifs (le Canada, l’Europe du Nord et la Russie par exemple bénéficieront d’un climat plus favorable à certaines cultures), la situation risque de se dégrader dans les zones déjà sujettes à l’insécurité alimentaire. Ainsi, selon la FAO, les pays en développement pourraient connaître un déclin de 9 à 21% de leur productivité agricole potentielle totale à cause du réchauffement de la planète selon les différents scénarios du GIEC. Ces impacts interviendront alors que d’ici 2050, la planète devra nourrir environ 2,5 milliards de personnes supplémentaires, principalement dans les pays en développement. La France et l’Europe ne seront pas en reste, et les changements climatiques auront également des impacts importants sur les productions agricoles. Cela doit donc constituer une raison supplémentaire pour passer à une agriculture plus respectueuse de l’environnement car il ne pourra y avoir de durabilité alimentaire et agricole sans durabilité des écosystèmes. Il est capital que la réforme de la PAC en 2013 aille dans ce sens. Impacts : Malgré une forte industrialisation mise en œuvre depuis les années 1950, l’agriculture reste par définition dépendante des éléments climatiques et de la santé des écosystèmes qui l’entourent. Les effets des changements climatiques sur l’agriculture française sont d’ailleurs déjà observables : lors de la canicule de 2003 par exemple, le rendement des arbres fruitiers en France a diminué en moyenne d’environs 25%. Les périodes de vendange évoluent, certaines zones non propices aux cultures viticoles le deviennent alors que certains vins emblématiques, issus d’un climat spécifique risquent de perdre leurs caractéristiques. Ces changements, pour le vin comme pour d’autres productions impliquent une réflexion sur les labels « appellation d’origine contrôlée » (AOC). Les patrimoines gastronomiques, paysagers et culturels sont donc susceptibles d’être fortement perturbés par les changements climatiques. Les effets néfastes ou bénéfiques en France sont difficiles à évaluer car ils dépendront des capacités des agriculteurs et du marché agricole à s’orienter vers les cultures les mieux adaptées. Les changements climatiques risquent aussi d’amplifier certains impacts actuels des activités agricoles intensives sur les écosystèmes comme celui sur les ressources en eau à cause d’une irrigation plus importante ou de l’utilisation accrue de produits phytosanitaires dues aux modification des aires de répartitions de certains ravageurs.. Il est donc important de commencer à anticiper et à adapter les cultures aux territoires et à leurs évolutions climatiques et de choisir les modèles agricoles les plus résilients et les plus productifs écologiquement. © Istock Adaptation Climat 2010 page 24 Recommandations : Pour rendre l’agriculture plus résiliente, il est bien sûr nécessaire de prévoir au mieux les changements climatiques et de réfléchir aux possibles adaptations nécessaires en termes de choix de culture (besoin d’eau, d’ensoleillement etc…). Pour cela, des mesures doivent être prises afin de renforcer les connaissances et favoriser la flexibilité des activités et des marchés agricoles. Cependant, les mesures isolées ne seront d’aucune utilité : le secteur agricole est complexe et multifonctionnel et c’est donc dans son ensemble, en profondeur, qu’il doit être repensé et que les solutions doivent être trouvées. Le modèle économique dominant aujourd’hui, est basé sur l’industrie, une mécanisation et de la chimie à outrance, entretenu par de larges subventions. Les conséquences de ce modèle sont connues : atteintes graves à la biodiversité, pollution des eaux, dégradation et érosion des sols, et ainsi destruction des services rendus par les écosystèmes (régénération des sols et fertilisation, purification des eaux, maintien des sols…), précarité de nombreux agriculteurs face aux marchés et aux fournisseurs d’équipement. Ce système a également des conséquences en termes de santé, pour les consommateurs comme pour les agriculteurs. Le modèle d’une agriculture résiliente soutenu par le WWF est une agriculture réconciliée avec la nature qui passerait par exemple par une production moins intensive, les bon choix de semences et de pratiques, la culture la diversité, la replantation de haies, l’intégration de l’activité dans son milieu, ou encore la mise en place de circuits courts. Un modèle agricole plus respectueux de l’environnement est d’autant plus viable économiquement qu’il permet de conserver et tirer profit des services gratuits rendus par les écosystèmes tout en les préservant. Il est essentiel de mieux prendre en compte ces services rendus par les écosystèmes et les externalités négatives des activités agricoles intensives. Des écosystèmes préservés sont autant d’options en plus pour soutenir le secteur dans son adaptation. Le WWF s’oppose à la présentation des OGM comme une ou la solution pour l’adaptation de l’agriculture aux changements climatiques. En effet, les impacts de ces technologies agricoles sur la santé humaine et les écosystèmes n’ont toujours pas été correctement évalués aujourd’hui, et celle-ci va à l’encontre de l’autonomie des agriculteurs et de leurs choix de cultures. Les démarches d’adaptation doivent bien sûr prendre en compte la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet serre. Cela passe surtout par une forte réduction des engrais et pesticides issus de la pétrochimie (l’azote représente 51% des émissions du secteur, du fait de l’utilisation d’engrais azoté), une alimentation mieux adaptée aux ruminants (le méthane, issu essentiellement de la fermentation entérique des animaux, représente 41% des émissions du secteur.) et la réduction de l’utilisation de carburants. De même, il faut réduire nos importations de soja (pour nourrir le bétail) et d’huile de palme, facteurs de déforestation dans les pays producteurs, alors que la déforestation est responsable de 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Chacun de nous a un rôle important à jouer en tant que consommateur, en favorisant les produits locaux et de saison et si possible issus de l’agriculture biologique et en consommant des protéines animales (viande et lait) de manière plus raisonnable. La sensibilisation du public sur l’impact de ses choix est un enjeu fondamental pour le WWF. Le WWF agit : • Le WWF mène la campagne Oui au bio dans ma cantine, une campagne qui vise à sensibiliser le grand public et les décideurs aux enjeux de l’agriculture locale, biologique et durable. • Le programme agriculture durable mène un lobbying constant pour favoriser des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement, notamment à travers la préparation de la réforme de la Politique Agricole Commune en 2013. • Le programme eau douce traite des impacts de l’agriculture sur la qualité de la ressource en eau • Le programme Modes de vies durables sensibilise le grand public aux enjeux de l’alimentation pour la préservation des écosystèmes et la lutte contre le changement climatique. • Le programme forêts, contribue à renforcer la résilience de nos systèmes agricoles en cherchant à restreindre nos importations massives de viande de soja et d’huile de palme qui contribuent à la déforestation. Adaptation Climat 2010 page 25 océans et côtes face au changement climatique Contexte : Recouvrant plus de 70% de la planète, les océans jouent un rôle capital pour notre alimentation, la biodiversité et le système climatique mondial. Les produits de la mer fournissent la base de l’alimentation de plus de 2,8 milliards de personnes dans le monde. Les océans absorbent environs 30% du CO2 que nous rejetons, soit davantage que l’ensemble des forêts du monde. Le plancton végétal produit 70% de l’oxygène que nous respirons. Les écosystèmes côtiers sont les plus productifs et ils jouent un rôle essentiel pour protéger le littoral de l’érosion, notamment lors des tempêtes (en particulier les mangroves et les récifs coralliens). Ils contribuent significativement à la séquestration du carbone et à la dépollution des eaux ainsi qu’à la protection face aux tempêtes. On estime que plus de 40% des océans sont « fortement affectés » par les activités humaines (pollution, surexploitation, dégradation). 80% des espèces de poissons pêchés sont surexploitées, menacées ou en passe de l’être. Les « zones mortes » s’accroissent de manière spectaculaire non seulement en nombre, mais surtout en superficie, d’environ 5% par an. Si le réchauffement climatique est loin d’être le seul facteur de fragilisation des écosystèmes des océans, ses impacts risquent de renforcer et d’aggraver ce phénomène. Au-delà d’un certain seuil, les océans pourraient devenir émetteurs plutôt que puits de carbone, ce qui provoquerait un emballement du changement climatique. De la santé des écosystèmes des océans dépend leur capacité à continuer à jouer leur rôle de régulateur climatique. Les zones côtières sont particulièrement menacées par les impacts du changement climatique alors que la moitié de la population mondiale vit à moins de 60 km des côtes. Avec le deuxième territoire maritime le plus étendu du monde, la France a une responsabilité particulière pour favoriser la résilience des océans face au changement climatique. Impacts : Les interactions entre les océans, leurs écosystèmes et le changement climatique sont nombreuses et complexes. La fonte des glaces en particulier perturbera fortement les courants marins, les propriétés physiques et chimiques des océans, avec des effets sur les aires de répartition des espèces marines et leurs effectifs. De manière générale les eaux chaudes ont une plus faible capacité d’absorption du CO2 et sont moins riches en poissons. L’oxygène se dissout moins bien dans une eau réchauffée que dans une eau froide. Associé aux contraintes déjà existantes le changement climatique pourrait s’avérer dramatique voir fatal pour de nombreux écosystèmes marins. Un des éléments les plus inquiétants est le phénomène d’acidification des océans, conséquence de la concentration croissante en CO2 dans l’atmosphère. Cette acidification affectera la capacité d’organismes tels que les coraux, les mollusques et le phytoplancton calcaire à fabriquer leurs squelettes externes ou coquilles, et ainsi d’en réduire fortement les effectifs. Même si on ne connaît pas encore l’ampleur du phénomène, les conséquences de celui-ci pourraient être dramatiques à la fois pour la production d’oxygène, la capacité de stockage du CO2 et pour un grand nombre de chaines alimentaires dont ces organismes sont les premiers maillons. Cette acidification, en fragilisant les coraux renforcera la vulnérabilité de nombreuses zones face à la montée des eaux. La montée du niveau des mers, due principalement à la dilatation des océans, accélérera l’érosion des côtes, avec des conséquences évidentes pour les écosystèmes côtiers mais aussi pour les infrastructures de bord de mer. Si on peut envisager que certains écosystèmes survivront grâce à la colonisation de nouveaux espaces, une bonne partie d’entre eux risque cependant de disparaître. L’infiltration de l’eau salée dégradera de nombreux terrains et ressources en eau douce. L’observatoire national sur les effets du changement climatique prévoit qu’une élévation du niveau de la mer de un mètre toucherait en Languedoc Roussillon 140 000 logements et 10 000 entreprises. POINTS DE RUPTURES ! La notion de point de rupture exprime l’idée qu’une petite modification peut avoir un impact majeur, voir modifier le fonctionnement de tout un macro système. Par exemple, les eaux chaudes absorbant moins de CO2, une différence de quelques degrés pourrait faire passer les océans de puits de carbone en émetteurs de carbone, enclenchant ainsi des réactions en chaîne. Adaptation Climat 2010 page 26 Recommandations : Il est nécessaire de renforcer les connaissances sur les multiples effets du changement climatique sur les océans et les côtes, en particulier le phénomène d’acidification et ses impacts. Il est possible d’aider les écosystèmes côtiers à s’adapter en préservant des espaces disponibles pour qu’ils se déplacent, en favorisant le repeuplement d’espèces existantes ou mieux adaptées (par exemple des espèces de coraux mieux adaptées aux nouvelles conditions). Le WWF préconise de favoriser autant que possible l’adaptation basée sur les écosystèmes. En effet, la conservation ou la restauration d’écosystèmes côtiers (végétation dunaires, mangroves, barrières de corail etc) représentent bien souvent les moyens les plus efficaces et les moins couteux de se protéger contre l’élévation du niveau des mers. © Jürgen Freund / WWF-Canon Les écosystèmes des océans interagissent avec ses propriétés en terme notamment d’absorption du carbone. Plus les écosystèmes seront préservés, plus ils auront la capacité de s’adapter aux nouvelles contraintes liées au changement climatique. Il y a donc urgence à limiter nos impacts sur les océans. Les résultats du Grenelle de la mer sont un bon départ dans ce sens. Quoi que l’on envisage, l’urgence absolue reste cependant de réduire nos émissions de gaz à effet de serre de manière drastique pour éviter que les océans n’atteignent des points de rupture et provoquent ainsi un emballement du changement climatique et de ses conséquences. Le WWF agit : • A travers ses divers programmes, le WWF lutte pour une réduction des émissions de gaz à effet serre et donc une atténuation du changement climatique • La mission océans et côtes du WWF lutte pour des pratiques de pêche plus durable, et la mise en place d’aires marines protégées et une meilleur gestion des littoraux. • A travers diverses missions scientifiques, le WWF contribue à la recherche sur les impacts du changement climatique sur les milieux marins Auteur : Paul Brunel Co-Auteur : Gaëlle Boutier-Guerive, Elise Buckle, Bernard Cressens, Julie Delcroix, Jean-Stephane Devisse, Cyrille Deshayes, Edina Ifticene, Mohend Mahouche, Denis Ody, Christne Sourd, Daniel Vallauri. Adaptation Climat 2010 page 27 140 000 logements et 10 000 entreprises, seraient affectés par une augmentation du niveau de la mer de 1 mètre en Languedoc Roussillon 15 % La production hydroélectrique en France pourrait chuter d’au moins 15% d’ici 2050 du fait du changement climatique 1/3 1/3 des stations de ski françaises menacées si le réchauffement climatique atteint 2 degrés www.wwf.fr la baisse moyenne de rendement estimée des arbres fruitiers en 2003 WWF.FR © 1986 Panda Symbol WWF - World Wide Fund For nature (Formerly World Wildlife Fund) ® “WWF” & “living planet” are WWF Registered Trademarks / “WWF” & “Pour une planète vivante” sont des marques déposées. wwf – france. 1 carrefour de longchamp. 75016 paris. 25 % © brian J skerry / national geographic stock / wwf Notre raison d'être arrêter la dégradation de l'environnement dans le monde et construire un avenir où les êtres humains pourront vivre en harmonie avec la nature. Adaptation Climat 2010 page 28 ENERGIE CLIMAT jUILLET 2010 140 000 • s’adapter au changemement climatique en France