Un Montmorillonnais Roi de l`île de Pâques

Explorateurs Voyageurs Aventuriers
COLL. PRIVÉE & PHOTO BERNARD GAROTIN
Les aventures
de Jean-Onésime Dutrou-Bornier
POITIERS
H
Montmorillon
Un Montmorillonnais Roi
Dutrou-Bornier, 1867
(photographie colorisée)
et moaïs de l’île de Pâques
(volcan Rano Raraku).
1. Alphonse Pinart, 1852-1911
(voir bibliographie).
2. Paul-Émile Lafontaine, officier
de marine, est né à Nieul-sur-Mer
(Charente-Maritime) en 1829
et mort à La Rochelle en 1886.
Il a donné un récit d’un de ses
voyages dans le Pacifique (18751879) récemment réédité au
Mercure de France (2006) sous le
titre Campagne des mers du Sud.
e 9 septembre 1888, le Chili prenait officiellement possession de l’île de Pâques, située
à 3 700 kilomètres à l’ouest de ses côtes.
Rapa nui en langue pascuanne, isla de Pascua
en espagnol et Easter island en anglais, cette
modeste, fantastique et fantasmatique île triangulaire d’environ 160 km² – un peu moins que l’île
d’Oléron – gagnait (?) un statut national qui aurait
pu être tout autre du fait de l’installation en ces
lieux, quelques années plus tôt, d’un certain DutrouBornier, originaire de Montmorillon, dans la Vienne.
Perdue dans l’océan Pacifique – elle est également
à 2 500 kilomètres de la Polynésie française –, l’île,
devenue « province » chilienne en 1974, est gérée
par un gouverneur insulaire qui représente l’État
chilien et un conseil municipal. Elle doit son nom
à sa découverte (pour les Européens !) le jour de
Pâques 1722, par l’explorateur hollandais Jakob
L
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Michel GRANGER
Roggeveen. Rapa nui compte aujourd’hui plus de
4 000 habitants, occupant essentiellement les
villages de Hanga Roa, Moeroa et Mataveri où
Jean-Onésime Dutrou-Bornier avait construit sa
résidence, « une demeure dans le genre de celles
des planteurs des États du Sud »1 des États-Unis.
Des adieux définitifs
Lorsque l’ethnologue français Alphonse Pinart
arrive à l’île de Pâques, en avril 1877, et qu’il
demande après le célèbre sieur Dutrou-Bornier,
on lui répond qu’il est mort !... en août dernier.
Accompagné du commandant Aube et du lieutenant Lafontaine2, il pourra cependant rencontrer
son épouse, la reine Koreto Pua a Kurenga, et ses
deux filles. À cette époque, elle compte moins de
150 sujets. Quant à la mort de « Jean-Onésime 1er »,
elle reste une énigme : accident de cheval, meurtre