La montée en puissance de l`US Army Air Force en Europe et en
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La montée en puissance de l`US Army Air Force en Europe et en
La montée en puissance de l’US Army Air Force en Europe et en Méditerranée 1ère partie – 1942 1. Avant l’entrée en guerre : un sursis bien utilisé Pour l’US Army Air Force (USAAF) 1, la Seconde Guerre Mondiale commence avec l’attaque japonaise du 7 décembre 1941 ; pour les Européens, la guerre a commencé plus de deux ans plus tôt et a pris un tour dramatique avec la conquête du Benelux et surtout de la France au printemps-été 1940. Cette période intermédiaire est un utile sursis pour l’USAAF, qui peut se préparer progressivement à son entrée en guerre. Bien entendu, ce sursis est d’abord utilisé aux Etats-Unis, pour accélérer la montée en puissance de l’aviation américaine en augmentant le nombre de ses groupes de combat 2, ce qui passe par la production de plus de matériels mais aussi par le recrutement de plus de personnels (navigant et au sol), leur formation, etc 3. Mais ce sursis est aussi utilisé outre-mer, pour préparer le futur déploiement de l’USAAF sur les théâtres où elle sera amenée à opérer. Dès l’été 1940, le gouvernement américain, désireux de démontrer sa proximité avec les démocraties occidentales et, dans un même temps, de profiter de l’expérience durement acquise dans les combats en cours, dépêche des observateurs en Grande-Bretagne et en Afrique Française du Nord. Parmi ces observateurs, le colonel Carl Andrew Spaatz, arrivé au Maroc en juillet 1940, passe neuf mois en AFN, essentiellement en Tunisie où il assiste d’abord à la conquête de la Libye, puis surtout (du point de vue aérien) au blitz Malte-Tunis. Spaatz étudie de près les techniques de combat de l’Armée de l’Air et adresse de nombreux rapports à Washington. Il presse en particulier son gouvernement d’étendre l’assistance donnée à la France : outre la vente d’avions de combat et d’entraînement, il insiste sur les aspects logistiques, expliquant inlassablement comment l’amélioration des infrastructures portuaires et ferroviaires, la construction d’aérodromes 4 ou la mise en place de centres de réparation (spécialisés en appareils américains, bien entendu !) pourraient certes aider les 1 Par souci de simplification, les termes US Army Air Force et USAAF sont souvent utilisés dans ce document indistinctement pour couvrir l’US Army Air Force (USAAF) et son prédécesseur l’US Army Air Corps (USAAC) : l’USAAF est en effet créée en juin 1941 et cohabite avec l’USAAC finalement dissous en mars 1942. 2 « 54-Group Program » de juillet 1940 puis « 84-Group Program » de mars 1941. 3 Sans entrer dans le détail, rappelons le débat qui oppose d’une part l’administration présidentielle de Roosevelt, qui a obtenu des deux chambres un accroissement des moyens financiers pour l’USAAF et veut s’en servir pour un accroissement massif de la production d’avions de combat, et d’autre part l’état-major de l’USAAF, qui veut utiliser ces montants de façon plus équilibrée : en panachant les types d’appareils commandés (avec un fort pourcentage d’appareils d’entraînement pour faciliter la formation d’un nombre important d’équipages) et en finançant l’accroissement du personnel (navigant et au sol), le développement des infrastructures, l’approvisionnement en munitions… 4 Il insiste par exemple sur la nécessité de construire des pistes en dur dans les zones d’où, un jour, il sera pertinent de positionner des bombardiers lourds (type B-24 ou B-17) pour attaquer les industries stratégiques de l’Axe. Français à poursuivre la guerre, mais surtout accélérer un probable futur déploiement de l’USAAF dans cette zone. Spaatz met aussi à profit cette période pour nouer d’étroits contacts avec de nombreux hauts responsables de l’Armée de l’Air française. En Grande-Bretagne, d’autres observateurs jouent le même rôle et étudient les tactiques de la RAF pendant la Bataille d’Angleterre. Parmi eux, le Brigadier-général James E. Chaney, arrivé en Angleterre en octobre 1940, recommande dès son retour, en décembre, d’adopter certaines tactiques et équipements britanniques, tout en étant le premier à annoncer que la force de la Luftwaffe a été surestimée et que la RAF ne sera pas battue. Sans doute grâce aux comptes-rendus de ces premiers observateurs, une nouvelle étape dans la coopération est franchie début 1941 avec la mise en place des Groupes Spéciaux d’Observateurs (Special Observers Group) : SPOBS-UK en Grande-Bretagne et SPOBSNA en Afrique du Nord. Ces groupes, officiellement composés de civils attachés à l’ambassade américaine, en réalité d’officiers des différentes armes, sont dès l’origine bien plus que des observateurs : ils doivent à la fois conseiller leurs hôtes sur l’utilisation des matériels américains (vendus et bientôt prêtés grâce au prêt-bail), identifier et promouvoir toute mesure pouvant favoriser le déploiement futur de forces américaines dans ces zones, et faire partager aux chefs d’état-major américains les expériences engrangées par les armées britanniques et françaises dans leurs opérations. Le groupe “anglais”, SPOBS-UK, est dirigé par le major-général J.E. Chaney 5, assisté du Brigadier-general Joseph T. McNarney. Il compte plus de trente personnes dont vingt officiers. Parmi eux, certains membres de l’USAAF jouent un rôle particulier : le colonel Harold L. McClelland est ainsi chargé des questions de formation et d’entraînement des équipages, le colonel Lyon est chargé de l’aviation de bombardement… Le groupe “nord-africain”, SPOBS-NA, de taille similaire, est dirigé par le brigadiergénéral John C.H. Lee (US Army) et chapeauté de juin à décembre 1941 par la mission d’inspection du major-general George H. Brett (USAAF). Le brigadier-général Lee, qui avait gardé de nombreux contacts et amitiés depuis ses années de service en France pendant la Première Guerre Mondiale, joue un grand rôle dans la parfaite coopération entre officiels français et américains. Spécialiste de la logistique, il transmet de façon répétée et argumentée les multiples demandes visant à développer les infrastructures en AFN, notamment pour l’aviation. Le major-général Brett avait été à la tête de l’US Army Air Corps de novembre 1939 à juin 1941, quand la réorganisation effectuée à cette date avait rendu redondante la fonction de commandant de l’USAAC, permettant au major-général Arnold de devenir chef d’état-major de l’USAAF. Il avait alors été envoyé en mission en AFN afin d’accélérer la préparation du déploiement outre-mer de l’USAAF. Mais en quatre mois, il réussit à se mettre à dos à la fois Arnold, qui juge irréalistes et prématurées ses demandes de création de stocks de pièces détachées en AFN, et les généraux français, lassés des avis péremptoires venant d’un officier n’ayant pas l’ombre de cette expérience pratique qu’ils ont acquise à prix fort. Il est rappelé aux Etats-Unis début décembre 1941 6 et le général Lee retrouve son autonomie de commandement du SPOBS-NA. 5 Qui revient ainsi en Grande-Bretagne en mars 1941 avec une étoile de plus, après seulement trois mois à la tête de la 1st Air Force aux USA. 6 Juste après l’attaque de Pearl Harbor, excellent prétexte pour justifier sa mutation vers l’Extrême-Orient, où Brett occupera des fonctions en Chine, aux Indes Néerlandaises puis en Australie… Tous ces conseillers militaires transmettent aux Etats-Unis de nombreux avis sur les tactiques et matériels, issus de l’expérience du combat de la RAF ou de l’Armée de l’Air, contribuant ainsi au développement des unités, matériels et personnels de l’USAAF. En Afrique du Nord, les demandes répétées des premiers observateurs puis du SPOBS contribuent au développement des infrastructures logistiques locales. Dans un premier temps, elles permettent de favoriser, par des incitations politiques ou financières, les entreprises privées américaines qui répondent aux marchés ouverts par le gouvernement français pour améliorer les installations portuaires ou ferroviaires, construire de nouveaux aéroports, bases, ateliers d’assemblages ou dépôts de réparation. Dans un second temps, après la mise en place du Prêt-Bail, leur rôle prend une nouvelle dimension, avec la préqualification des besoins en matériel exprimés par les Français et l’assistance à la mise en place des flux logistiques pour livrer ces matériels. Sur ce dernier point, leur assistance va aussi bien à la montée en puissance de la voie maritime (avions pré-assemblés transportés en caisses par bateau et réassemblés à leur arrivée au Maroc ou en Algérie) que de la voie aérienne pour les appareils à long rayon d’action (route sud par les Antilles et le Maroc via Cayenne, Natal et Dakar). 2. L’Europe du Nord en 1942 : un théâtre secondaire ? A partir de décembre 1941, les Etats-Unis deviennent belligérants et le rôle de l’US Army (et donc de l’USAAF) en Europe et en Méditerranée peut se faire plus actif. Dans le cadre des plans établis avec les alliés occidentaux et raffinés tout au long de l’année 1941, l’US Army déploie en janvier 1942 deux commandements 7 : l’United States Army Forces in the British Isles (USAFBI), et l’United States Army Forces in North-Africa (USAFNA). Ces deux commandements sont rapidement (juin et juillet 1942) remplacés par de véritables commandements de théâtre d’opérations : l’European Theater of Operations – United States Army (ETO ou ETOUSA) et le North-African Theater of Operations – United States Army (NATO ou NATOUSA). En 1942, pour l’USAAF, le théâtre d’opérations d’Europe (plus exactement, d’Europe du nord) est un théâtre secondaire, c’est-à-dire servi en second, après le théâtre d’opérations nord-africain (lequel aurait sans doute dû être baptisé de façon plus exacte théâtre méditerranéen). En effet, depuis 1940, la Grande-Bretagne a mené et gagné deux batailles aériennes contre la Luftwaffe et – en partie grâce au prêt-bail – elle dispose désormais d’assez de forces pour résister à toute nouvelle offensive allemande. Le Coastal Command est assez puissant pour aider la Royal Navy à protéger à la fois les côtes britanniques d’une invasion et les convois navals contre les attaques aériennes, au moins dans sa zone de responsabilités, les Western Approaches. Par ailleurs, il n’y a pas sur ce théâtre de front terrestre et les groupes de bombardiers légers et moyens n’auront aucune action de soutien aux troupes au sol à mener. Bref, en attendant qu’une lente montée en puissance permette aux Alliés de disposer d’assez de forces pour reprendre l’offensive et 7 Ces commandements de l’US Army dirigent à la fois les forces terrestres, les forces aériennes et les unités de support logistique. Les unités de l’USAAF leur sont donc subordonnées. débarquer sur le continent, le seul domaine dans lequel l’aide de l’USAAF est vraiment nécessaire est celui du bombardement stratégique. Le major-général Chaney prend la tête de l’USAFBI dès sa création. Il a des idées très personnelles (mais en accord avec les anciens plans Rainbow 5 et la doctrine de l’US Army Air Corps) sur la façon dont les forces aériennes américaines en Grande-Bretagne doivent être organisées : il imagine des groupements régionaux (en Irlande, en Angleterre, etc.) directement rattachés au commandant de l’USAFBI. Mais, éloigné des Etats-Unis presque en permanence depuis l’automne 1940, Chaney n’a que peu suivi l’évolution rapide des doctrines au sein de l’état-major de l’USAAF : ses plans sont désormais assez différents de ceux du chef d’état-major de l’US Army Air Force, le lieutenant-général Henry H. Arnold. Ce dernier met sur pied en janvier 1942 la Ninth Air Force (9th AF), sous les ordres du lieutenant-général Frank M. Andrews, avec l’intention de la déployer en Grande-Bretagne. L’état-major de sa première composante, le IX Bomber Command, sous les ordres du brigadier-général Ira C. Eaker, arrive en Angleterre dès fin février 1942 pour préparer l’arrivée de ses groupes et du reste de la 9th AF. Mais Chaney résiste et s’oppose à l’organisation voulue par Arnold : il ne veut pas d’un commandement d’Air Force, il veut garder Groups et Wings directement sous ses ordres ! Pendant plusieurs mois, ce conflit retarde le déploiement des échelons de la Ninth Air Force. Finalement, après la réorganisation des forces aériennes américaines 8, Arnold obtient aussi la mutation de Chaney : lors de la réorganisation du USAFBI en ETOUSA, en juin 1942, Chaney est rappelé aux Etats-Unis 9. Le lieutenant-général Frank M. Andrews, qui préparait son arrivée en Grande-Bretagne à la tête de la Ninth Air Force, prend en fait le commandement de l’European Theater of Operations (ETO) ; c’est le major-général Lewis H. Brereton qui est rappelé d’Inde pour prendre le commandement de la Ninth Air Force. Ces retards d’organisation, s’ils ralentissent le déploiement des forces aériennes américaines en Grande-Bretagne, ne sont pas pour autant la cause première d’un déploiement lent et compliqué. En effet, le plan de développement de l’USAAF n’est pas achevé début 1942, les unités ne sont pas prêtes et les considérations stratégiques prévoient de donner la priorité au théâtre méditerranéen. Pire, l’étendue des victoires japonaises dans le Pacifique bouleverse les plans en rendant nécessaire l’envoi dans cette zone de renforts plus nombreux que prévu. Dans ces conditions, les forces de l’USAAF en Grande-Bretagne sont servies en dernier et les groupes de combat y arrivent à un rythme bien plus lent qu’initialement prévu. Cependant, les chefs de l’USAAF au Royaume-Uni, en particulier le général Eaker, ont noué des liens étroits avec le Bomber Command de l’Air-Marshal Harris et présentent un front uni face aux demandes ou propositions de l’état-major interallié ou des responsables politiques. Ce front uni n’est en réalité qu’une alliance circonstancielle d’intérêt convergents mais différents : le Bomber Command ne veut pas voir remis en cause ni ses 8 Voir l’histoire du GHQ Air Force, le problème de l’unité de commandement et la réorganisation de mars 1942 avec la “dissolution” de l’US Army Air Corps 9 Chaney prend alors le commandement de la First Air Force. Il occupera ensuite plusieurs fonctions aux Etats-Unis, en mission (au Portugal) ou dans le Pacifique. objectifs stratégiques (bombarder l’outil de production militaire allemand) ni la priorité donnée à l’industrie britannique pour construire des bombardiers lourds ; l’état-major de la Ninth Air Force, tout en rêvant que l’USAAF gagne, à l’exemple de la RAF, son indépendance de la tutelle de l’US Army, veut que le maximum de bombardiers lourds soient envoyés en Europe pour y mettre en pratique leur politique de bombardement stratégique. L’USAAF et le Bomber Command sont donc d’accord pour faire confirmer tout au long de l’année 1942 la stratégie de bombardement de l’Allemagne. Mais chacun mène sa campagne de son côté (la RAF de nuit, la 9th AF de jour), en choisissant ses cibles et ses modes opératoires de façon autonome. L’effort de l’USAAF en Europe est principalement orienté vers le bombardement stratégique des industries de guerre allemandes. Sur la base de leur doctrine, les aviateurs américains pensent que des raids diurnes composés d’un nombre important de bombardiers lourds bien armés et organisés en “boxes” défensives permettra d’obtenir des résultats probants. Les premières expériences négatives des Français en Méditerranée ne les font pas changer d’avis : d’une part, les Français… ne sont pas Américains, d’autre part, les B-24 utilisés semblent moins robustes et moins bien armés défensivement que les B-17 utilisés à partir de la Grande-Bretagne. Néanmoins, la stratégie américaine ne se met que progressivement en place : avec une arrivée des premiers groupes de l’USAAF en Grande-Bretagne à partir du second semestre 1942, les raids organisés en 1942 restent modestes et principalement dirigés vers des objectifs en France (industries, infrastructures ferroviaires ou bases de U-boots) ou aux Pays-Bas : l’USAAF n’a pas encore atteint le niveau de concentration requis pour attaquer des cibles en Allemagne… 3. 1er semestre 1942 : priorité à la Méditerranée La Méditerranée a été identifiée en 1941 par les Alliés comme la zone la plus propice à une reprise de l’offensive en 1942 : c’est donc dans cette zone que l’effort américain va s’exercer en priorité, à la fois pour contribuer à l’effort allié, accélérer l’entraînement des unités en collaboration avec les unités françaises et leur donner l’expérience du combat. L’USAAF suit cette logique et engage ses forces en priorité en Méditerranée, seul théâtre permettant à ses bombardiers légers de tester la doctrine d’appui des troupes au sol. Avec la création de l’USAFNA, le SPOBS-NA est dissous : ses membres rejoignent une des équipes de l’USAFNA, le plus souvent la direction en charge de la logistique, les Services of Supply North-Africa (SOS-NA). Le USAFNA est commandé par le majorgénéral Eisenhower : celui-ci, qui a précédemment été affecté à l’état-major de l’armée et qui a donc travaillé récemment à la fois avec Marshall et Arnold, organise ses forces en relation étroite avec les états-majors de Washington et ne rencontre donc pas les mêmes difficultés (ou ne commet pas les mêmes erreurs) que Chaney. Au sein de l’USAFNA puis du NATO, les forces aériennes américaines sont organisées au sein de la North African Air Division, constituée le 19 janvier 1942 et activée le 1er février. Après une première étape de montée en puissance, elle est rebaptisée North African Air Command en mai 1942 et placée sous le commandement du major-général Carl A. Spaatz 10, rattaché à Eisenhower. En juillet 1942, ce Command, ayant pris suffisamment d’ampleur, est rebaptisé Eigth Air Force (8th AF) 11. A cette occasion, Spaatz reçoit son état-major complet, avec à sa tête le colonel Hoyt S. Vandenberg. Les premiers groupes de combat de l’USAAF arrivent en AFN fin janvier 1942, mais jusqu’en mai 1942, la priorité va au déploiement des unités de soutien et à la mise en place de la logistique, si bien que le nombre d’unités de combat ne progresse que lentement. La tendance s’accélère au printemps 1942, avec l’arrivée des groupes de bombardement lourd qui doivent contribuer à l’opération Blowlamp, sous l’autorité du brigadier-général Jimmy Doolittle. Ce dernier est arrivé en Méditerranée en juillet 1942 après son fameux raid sur Tokyo. Les organes de commandements des Wings et Commands se forment aux Etats-Unis et sont transférés en Méditerranée en août 1942, en vue de préparer l’opération Torche de septembre 1942. 4. 2ème semestre 1942 : premières batailles en Méditerranée Pour des raisons politiques et de propagande, le déploiement des premiers groupes de combat de l’USAAF en Méditerranée est très rapide : dès février 1942, les 33rd et 57th Fighter Groups sont mis sur pied et engagés immédiatement dans le cadre de l’opération Avenger/Vengeur : cette rapidité est liée au fait que ces deux groupes sont majoritairement composés de pilotes déjà présents sur zone et aguerris, car ils étaient “infiltrés” au sein des groupes de chasse de l’Armée de l’Air française. Après un renforcement progressif au printemps, l’USAAF dispose d’une force significative de bombardiers lourds avec à sa tête un chef renommé, le général Doolittle. Cette force reste d’une importance modeste par rapport aux forces de bombardement stratégiques que les Alliés pourront engager en 1943 ou 1944, mais pour l’époque, elle est plus importante que celle que peuvent engager à ses côtés tant les Français que les Britanniques. Tous ces motifs (importance relative des forces engagées, renommée des chefs et impact pour la propagande) expliquent que le commandement des forces de Blowlamp soit confié à Doolittle. Cette opération d’attaque des installations pétrolières roumaines a un réel impact sur l’économie de guerre de l’Axe. De plus, elle permet aux Alliés d’engranger une première expérience de bombardement stratégique et de tester en conditions réelles tant la doctrine de Douhet que les tactiques à employer. Tant les Britanniques que les Français en tirent des conclusions définitives qu’ils vont mettre en œuvre en 1943 (vulnérabilité des bombardiers à la chasse de jour ennemie, donc bombardement de nuit pour les premiers, bombardement de jour uniquement sous couvert d’une forte escorte pour les seconds). En revanche, les Américains – ou du moins leur état-major – estiment que des concentrations plus importantes de bombardiers et l’utilisation du B-17, plus robuste et doté d’un 10 Après son retour aux Etats-Unis au printemps 1941, Spaatz a commandé les services des Plans à l’étatmajor de l’USAAC, puis, à partir de juin 1941, l’état-major de l’Air. Nommé major-général, il revient donc en Afrique du Nord en mai 1942 à la tête du North African Air Command. 11 Ce numéro lui était réservé dès janvier 1942 avec, à cette date, la mise en place aux Etats-Unis des embryons d’état-major et de services en vue de leur déploiement progressif en Afrique du Nord. armement défensif plus puissant, doivent permettre de surmonter l’opposition de la chasse ennemie de jour sans avoir besoin d’une escorte de chasse durant toute la mission. A l’été 1942, forts de l’expérience réussie du commandement américain de Blowlamp, les chefs de l’USAAF s’immiscent entre Anglais et Français dans les discussions sur la répartition des responsabilités dans les commandements interalliés des forces aériennes en Méditerranée. Leurs revendications ne sont pas entendues : tant les commandements des forces aériennes en Méditerranée Orientale et Occidentale que celui des forces aériennes de l’opération Torche sont confiés à des chefs français et britanniques. Mais les jalons sont posés : les arguments qui leur sont opposés sont purement conjoncturels et tant celui du manque d’expérience opérationnelle que celui de forces encore inférieures ne peuvent que tomber avec le temps. A la fin de l’année 1942, c’est d’ailleurs bien ce qui arrive : les forces aériennes américaines en Méditerranée sont désormais très importantes et ses chefs comme ses personnels se sont aguerris au cours de Torche, si bien que le commandement des forces aériennes interalliées en Italie n’échappe pas à un général américain, le général Auby Strickland. Appendices 1. Ordre de bataille de l’USAAF en Méditerranée en septembre 1942 (Torche) Eigth Air Force (8th AF) : Major-général Carl A. Spaatz VIIIth Bomber Command : Brigadier-général Doolittle - 5th Bomber Wing o 97 Bombardment Group (B-24) o 98 Bombardment Group (B-24) o 376 Bombardment Group (B-24) nd - 42 Bomber Wing o 17 Bombardment Group (B-26) o 319 Bombardment Group (B-26) o 320 Bombardment Group (B-26) VIIIth Fighter Command : Major-général Hugh E. McConville - 62nd Fighter Wing o 1 Fighter Group (P-38) o 14 Fighter Group (P-38) rd - 63 Fighter Wing o 31 Fighter Group (Spitfire) o 33 Fighter Group (P-51) o 52 Fighter Group (Spitfire) o 79 Fighter Group (P-51) VIIIth Air Support Command : Brigadier-général Demas T. Craw - 64th Fighter Wing o 57 Fighter Group (P-40) o 324 Fighter Group (P-40) - 57th Bomber Wing o 12 Bombardment Group (B-25) o 47 Bombardment Group (A-20) o 340 Bombardment Group (B-25) 51st Troop Carrier Wing o 60 Troop Carrier Group o 62 Troop Carrier Group o 64 Troop Carrier Group 90th Photo Reconnaissance Wing o 67 Reconnaissance Group 2. Ordre de bataille de l’USAAF en Méditerranée au 31 décembre 1942 Eigth Air Force (8th AF) : Major-général Carl A. Spaatz VIIIth Bomber Command : Brigadier-général Doolittle - 5th Bomber Wing o 97 Bombardment Group (B-24) o 98 Bombardment Group (B-24) o 376 Bombardment Group (B-24) nd - 42 Bomber Wing o 17 Bombardment Group (B-26) o 319 Bombardment Group (B-26) o 320 Bombardment Group (B-26) o 322 Bombardment Group (B-26) VIIIth Fighter Command : Major Hugh E. McConville - 62nd Fighter Wing o 1 Fighter Group (P-38) o 14 Fighter Group (P-38) o 82 Fighter Group (P-38) o 350 Fighter Group (P-38) - 63rd Fighter Wing o 31 Fighter Group (Spitfire) o 33 Fighter Group (P-51) o 52 Fighter Group (Spitfire) o 79 Fighter Group (P-51) o 81 Fighter Group (P-51) VIIIth Air Support Command : Brigadier-général Demas T. Craw - 64th Fighter Wing o 27 Fighter Group (A-36) o 57 Fighter Group (P-40) o 324 Fighter Group (P-40) o 325 Fighter Group (P-40) - 57th Bomber Wing o 12 Bombardment Group (B-25) o 25 Bombardment Group (A-20) o 47 Bombardment Group (A-20) o 310 Bombardment Group (B-25) o 321 Bombardment Group (B-25) o 340 Bombardment Group (B-25) 51st Troop Carrier Wing o 60 Troop Carrier Group o 62 Troop Carrier Group o 64 Troop Carrier Group o 316 Troop Carrier Group 90th Photo Reconnaissance Wing o 3 Reconnaissance Group o 67 Reconnaissance Group o 68 Reconnaissance Group 3. Ordre de bataille de l’USAAF en Grande-Bretagne au 31 décembre 1942 Ninth Air Force (9th AF) : Major-général Lewis H. Brereton IXth Bomber Command : Major-général Ira C. Eaker - 44 Bombardment Group (B-24) - 91 Bombardment Group (B-17) - 301 Bombardment Group (B-17) - 303 Bombardment Group (B-17) - 305 Bombardment Group (B-17) - 306 Bombardment Group (B-17) IXth Fighter Command : Brigadier-général Frank O’Driscoll Hunter - 55 Fighter Group (P-38) - 4 Fighter Group (Spitfire) IXth Air Support Command : Brigadier-général Robert C. Candee - 15 Bombardment Group (Boston) - 315 Troop Carrier Group 4. Chronologie d’arrivée des Groups de l’USAAF en Méditerranée (1942) A fin… Janvier 1942 Février 1942 Mars 1942 Avril 1942 Mai 1942 Juin 1942 Juillet 1942 Août 1942 Sept. 1942 Octobre 1942 Nov. 1942 Déc. 1942 Total North-African Theater of Operations Bombardiers Bombardiers Chasseurs Transports Reconnaissance lourds moyens et légers 0 0 0 0 0 0 2 0 0 2 0 0 2 0 0 2 0 0 4 0 2 2 0 0 5 0 2 3 0 0 8 1 2 4 1 0 10 2 2 5 1 0 19 3 4 8 3 1 20 3 5 8 3 1 24 3 7 10 3 1 28 3 7 11 4 3 32 3 9 13 4 3 5. Chronologie d’arrivée des Groups de l’USAAF en Grande-Bretagne (1942) A fin… Janvier 1942 Février 1942 Mars 1942 Avril 1942 Mai 1942 Juin 1942 Juillet 1942 Août 1942 Sept. 1942 Octobre 1942 Nov. 1942 Déc. 1942 Total European Theater of Operations Bombardiers Bombardiers Chasseurs Transports Reconnaissance lourds moyens et légers 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 1 1 0 0 3 1 1 1 0 0 4 1 1 2 0 0 6 3 1 2 0 0 8 5 1 2 0 0 10 6 1 2 1 0 10 6 1 2 1 0