N° 001 2010: A MUANDA (BAS-CONGO), A KINSHASA… MORT

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N° 001 2010: A MUANDA (BAS-CONGO), A KINSHASA… MORT
COMMUNIQUE DE PRESSE N°001/RDC/VSV/CD/2010
A MUANDA (BAS-CONGO), A KINSHASA… MORT DES
DETENUS AUX CACHOTS
La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV) ne cesse d’en
appeler à l’humanisation urgente des conditions de détention en RDCongo par
la mise en œuvre des réformes pénitentiaires recommandées par le Forum
National (les Assises pénitentiaires de Kinshasa) organisé du 17 au 21 juillet
2007 par le Ministère de la Justice avec l’appui de la Mission de l’Organisation
des Nations Unies au Congo (MONUC) et l’Union Européenne (UE).
Le non respect par le gouvernement de la RDCongo des standards minima
internationaux en matière de détention est une des causes principales de la
multiplication de cas de décès en prisons et autres lieux de détention,
notamment, de la police, lesquels échappent, en réalité, au contrôle judiciaire
et administratif rigoureux.
Dans le territoire de Muanda, province du Bas-Congo, l’amigo de la police,
bien indexé depuis des années, vient de connaître deux décès successifs des
détenus les 27 et 28 décembre 2009 de suite de surnombre suite au non
respect du délai légal de détention préventive, d’absence d’aération, de
toilettes, de restauration, de soins médicaux…
Faute d’installations sanitaires, les détenus font leurs besoins dans un vieux
seau métallique, non couvert, jamais désinfecté, laissant ainsi dégager des
odeurs nauséabondes, des asticots et des microbes, y compris les IST
(Infections Sexuellement Transmissibles). Ainsi, l’amigo de la police ne
manque des détenus malades.
Monsieur Ezéchiel KENAWA, arrêté le 17 novembre 2009 pour vol simple est
décédé à l’amigo, à cause de l’étouffement, au moment où le magistrat
instructeur Tshungu Delphin serait en congé à Kinshasa, sans avoir clôturé le
dossier. M. TSHUNGU Delphin serait réputé notoirement pour son traitement
non objectif des dossiers des détenus.
Monsieur Louis VANGU VEMBA, 28 ans, arrêté le 24 décembre 2009 par
l’inspecteur judiciaire LUDJUBUR pour abus de confiance, coups et blessures
volontaires est décédé le 28 décembre 2009 à la maison de détention de la
police.
M. LUDJUBUR aurait refusé de le présenter devant le ministère public dans le
délai légal de 48 heures.
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Malgré sa capacité d’accueil de sept (7) à huit (8) personnes, la cellule de
détention de la police, située près du bâtiment de l’Administration du
Territoire, en hébergerait présentement trente (30) au moins.
L’équation se complique davantage avec l’arrêt du projet de construction d’un
amigo moderne répondant aux conditions humaines de détention grâce au
financement, en 2008, de la Division des Droits de l’Homme de la MONUC.
A Kinshasa, la prévarication de l’Etat RDCongolais est bien établie dans le
drame survenu dans la nuit du jeudi 26 au vendredi 27 novembre 2009 lors
du décès massif d’au moins sept (7) détenus au cachot de la police du camp
Lufungula de suite d’étouffement.
Il est à noter que quatre (4) des victimes sont mortes après coma dans le
cachot, tandis que de quatre (4) autres évacuées à l’Hôpital Général de
Kinshasa (ex Mama Yemo) pour des soins médicaux, une seule a survécu,
monsieur MONGALI.
Cette tragédie a été banalisée tant par les autorités de la police que
politiques du pays qui cherchaient à faire passer la version de tentative
d’évasion à la suite d’une interruption du courant électrique.
Mais, selon les témoignages des rescapés et des membres de famille des
victimes (dont monsieur Jean-Marie Kinkangala, domicilié dans la commune
de Lingwala et la mère de la victime de M. Tati Buleri, résidant au camp
Kokolo), ce sont les mauvaises conditions de détention qui ont occasionné ce
drame, notamment, le surpeuplement du cachot mesurant 7m sur 3m, où
plus d’une centaine de personnes ont été confinées, consécutivement à une
rafle de la police dans la nuit du 25 au 26 novembre 2009 et écrouées sans
aucun Procès-Verbal d’audition.
Colonel Célestin Kanyama, Commandant de la police du district de Lukunga
est largement cité comme principal instigateur et responsable du
surpeuplement dudit cachot.
Il sied de relever le décès en détention d’autres prévenus après leur
enlèvement suivi de leur détention prolongée au secret dans des cachots des
services de sécurité civile et militaire échappant au contrôle des cours et
tribunaux avant d’échouer au Centre Pénitentiaire et de Rééducation (CPRK,
ex Prison Centrale de Makala). C’est le cas, notamment des lieutenant
MAKAMBO MOLENGE Franco décédé le 28 janvier 2009, sous-lieutenant
AKOLOMOKO WASHA HONGO décédé en octobre 2008, etc.
Sur un autre registre, la VSV proteste vivement contre l’existence d’un
cachot souterrain au camp militaire Tshatshi dans la commune de Ngaliema,
à Kinshasa.
Les informations parvenues à la VSV sur ce lieu de détention au secret font
état de la précarité de la vie et des conditions inhumaines, à cause de
l’insuffisance prononcée d’aération et de l’obscurité délibérément entretenue
ainsi que de la famine par manque de l’alimentation.
Ce cachot constitue de l’avis des rescapés un véritable couloir de la mort.
A Mbuji-Mayi, province du Kasaï Oriental, la Prison Centrale de Mbuji-Mayi a
enregistré 19 cas de décès parmi les pensionnaires en 2008 et au premier
trimestre 2009. Depuis avril de la même année, le nombre de décès dans ce
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milieu carcéral oscille entre 1 et 3 morts par mois. Dans cette institution
pénitentiaire, une quarantaine de prisonniers présenteraient des signes de
malnutrition inquiétante qui rappellent les détenus « squelettes humaines »
que la VSV était choquée de découvrir dans cet établissement en 2003.
Des échos en provenance de la Prison Centrale de Mbandaka font état de la
contamination d’environ une vingtaine des prisonniers en 2009 qui
présenteraient des Infections Sexuellement Transmissibles (IST). Selon des
sources médicales sur place, les prisonniers se livreraient à une forte activité
sexuelle non protégée.
Eu égard aux conséquences néfastes pour la vie des détenus qui ne
demeurent pas moins des sujets de droit en tant que personne humaine, la
VSV recommande au :
Président de la République de :
-
s’impliquer personnellement pour la fermeture effective du cachot
souterrain du camp Tshatshi avec du béton et l’humanisation des
conditions de détention au cachot souterrain de la Direction Générale
de la Police des Parquets ou à défaut en construire un autre bien aéré
et entretenu, mais non souterrain.
Président du Sénat de:
-
s’impliquer également personnellement en vue d’obtenir de la part du
gouvernement, la fermeture effective du cachot souterrain du camp
Tshatshi et autres lieux de détention ne répondant pas aux normes
minima de détention des Nations Unies.
Gouvernement
particulier de :
RDCongolais
et
Ministre de
la justice
en
-
veiller scrupuleusement au respect des normes minima de détention
des Nations Unies ;
-
humaniser les conditions de détention dans les lieux ne répondant pas
aux principes sus-voqués des Nations Unies ;
ouvrir des enquêtes et poursuites judiciaires et sanctions pénales et
administratives à l’endroit des personnes impliquées dans la mort des
détenus dans des cachots à travers le pays.
-
Fait à Kinshasa, le 06 janvier 2010.
LA VOIX DES SANS VOIX POUR LES DROITS DE L’HOMME (VSV)