Construire des quartiers durables en Méditerranée
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Construire des quartiers durables en Méditerranée
Construire des quartiers durables en Méditerranée : une ingénierie territoriale à renouveler Janine Bellante (Conseil Français des Urbanistes), Michel Chiappero (IUAR, Aix-Marseille Université), Yvette Lazzeri (Pôle développement durable et Territoires méditerranéens/CERIC, Aix-Marseille Université) Un grand nombre de problématiques environnementales, sociales et économiques menace la relative stabilité des sociétés actuelles et interroge les conditions de vie des générations futures. Au niveau global, les ressources s'amenuisent, les climats se modifient, la pollution s'aggrave, les inégalités sociales se creusent. Au niveau local, de nombreux problèmes (chômage, violence, déchets, santé, éducation, etc.) doivent aussi être résolus pour construire un avenir meilleur. Les villes sont désormais confrontées à l'étalement urbain et aux phénomènes de fragmentation écologique et urbaine. La multiplication des périphériques, rocades de contournement, couronnes urbaines, la multiplication des centres de loisirs, l'extension des zones d'activités, la recherche d'un habitat individuel en périphérie voire à la campagne créent une ville dispersée, consommatrice de sol et génératrice de déplacements. Pour les acteurs du Grenelle de l’Environnement, l’orientation vers un urbanisme durable est posée comme une nécessité. Il s’agit de « favoriser un urbanisme économe en ressources foncières et énergétiques, mieux articulé avec les politiques d’habitat, de développement commercial et de transports tout en améliorant la qualité de vie des habitants ». Tel est l’esprit qui prévaut à la création d’écoquartiers ou quartiers durables dont l’objectif est double : proposer des logements pour tous dans un cadre de vie de qualité et contribuer à l’allègement de l’empreinte écologique (protection des ressources et des terres agricoles, préservation de la biodiversité, réduction des gaz à effet de serre…). Comme en témoigne la démarche de quartiers durables en Méditerranée (projet CATMED1), cela impose à la fois une approche globale de l’urbanisme, où le quartier est pensé dans sa ville, mais aussi une ingénierie territoriale renouvelée. Développement durable et écoquartier Les notions d’écoquartier ou quartier durable font l’objet d’un intérêt grandissant en France, se traduisant par des politiques d’incitation, un appel à projets ÉcoQuartier et l’animation d’un club national par le ministère de l’Ecologie, du Développement Durable, du Transport et du Logement, mais aussi par tout un foisonnement d’articles, de visites et d’échanges sur les expériences menées en France et à l’étranger. Le ministère définit l’écoquartier comme « le développement d’un quartier durable englobant des considérations liées aux transports, à la densité et aux formes urbaines, à l’écoconstruction, mais également à une mixité sociale et fonctionnelle et à la participation de la société civile2 ». Le développement durable, principe directeur du quartier durable Agir durablement, c’est engager des actions qui répondent aux principes édictés lors de la conférence de Rio en 1992 et réaffirmés lors des conférences de Johannesburg en 2002 et de Jakarta en 2007. Il s’agit de promouvoir, par l'action collective et dans la durée, un développement économique, environnemental et social, centré sur l'intérêt, les potentiels et les besoins des populations actuelles, à commencer par les plus démunies, et garantissant la 1 Change Mediterranean Metropolises Around Time, CATMED, Projet européen de quartiers durables sur 11 villes méditerranéennes (2009-2011) 2 Appel à projet ÉcoQuartier, MEDDTL, 2011 1 préservation des ressources et le devenir des générations futures3. De nombreuses directives, recommandations, traités ont été signés par les gouvernements et déclinés en texte de portée nationale (Stratégie Nationale et Développement durable, lois, etc.). En France, en 1999, la «loi Voynet » intègre le principe de développement durable à la politique d'aménagement du territoire, puis en 2000, la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain (SRU) consacre son intégration au sein du droit de l'occupation du sol, en l'inscrivant parmi les objectifs assignés aux documents d'urbanisme à l'article L121-1 du code de l'urbanisme. Le Grenelle 2 engage un « verdissement » des schémas de cohérence territoriale et des plans locaux d'urbanisme, accélérant ainsi sensiblement le mouvement amorcé par la loi SRU. Cela se traduit par de nouvelles exigences en matière de protection de l'environnement mais aussi par de nouveaux mécanismes qui orientent « la croissance dans des directions plus respectueuses de l'environnement ». Cela constitue autant d’outils qui sont à la disposition des acteurs de territoire pour aménager et développer durablement. Le quartier : échelle pertinente de la durabilité Du point de vue de la durabilité, l’échelle du quartier présente un quadruple intérêt4 : - au niveau urbanistique, le quartier facilite l’articulation des pleins et des vides pour une ville plus compacte. Il permet de développer des synergies entre logements et équipements collectifs, ainsi que d’agencer les mixités sociales et fonctionnelles. Cette échelle facilite aussi le traitement des relations entre le bâti et l’espace public, la coordination entre les centralités et les réseaux de transport public, tout en ménageant des zones tampons (parcs, jardins, rues résidentielles)…En d’autres termes, elle permet de penser la qualité des usages de l’espace dans la proximité et de ce fait d’en parler avec chacun ; - du point de vue de l’environnement, l’échelle du quartier permet une gestion plus intégrée des ressources et facilite l’organisation des déplacements : la gestion de l’énergie, de l’eau ou des déchets peut être appréhendée plus globalement qu’au niveau du bâtiment, par la mise en place d’équipements techniques bénéficiant d’une masse critique suffisante. De plus, l’articulation d’un projet de quartier à une infrastructure de transport public performante, permet d’optimiser la gestion du stationnement, ainsi que l’organisation des cheminements (piétons, vélos, covoiturage) vers des parcs relais ou pôle d’échanges. Ces domaines techniques et fonctionnels imposent de sortir du périmètre du quartier et de mettre en question à des échelles de territoire supérieures ; - sous l’angle social, le quartier est l’échelon du vécu quotidien pour les habitants. Les quartiers représentent le support des activités de proximité (associations, services sociaux, commerces…) qui permettent de lier les individus entre eux et de faire naître un sentiment d’appartenance au quartier. La durabilité sociale passe par l’implication des futurs habitants dans la définition du projet, de façon à répondre aux attentes en matière d’habitat (densité, mixité, mobilité douce, équipement de proximité, espace public de qualité..) et de logement (coopérative, location, propriété) ; - dans une perspective économique, le quartier, comme territoire des proximités, tel qu’énoncé précédemment, renvoie à la question de l’offre commerciale, pouvant s’avérer plus ou moins structurante pour un ensemble plus large. Il en va de même sur la question de diversité des activités économiques, artisanales ou tertiaires pouvant s’y développer. Des quartiers « vitrines » aux quartiers durables5 3 Rapport Bruntland, 1987. Observatoire de la ville et du développement durable, Lausanne, introduction au colloque « Projets de quartiers durables : de l’intention à la réalisation », 2008. 5 Les Écoquartiers au cœur du Grenelle de l’Environnement, quels enjeux? Lettre du développement durable du CERTU, janvier 2008. 4 2 Une première vague d’écoquartiers apparaît dans les années 1990, visant à minimiser l’impact de l’habitat sur l’environnement. Ils sont alors situés pour la plupart en zone périurbaine, sont l’expression d’un courant de pensée alternatif, et leurs habitants sont assimilés à des marginaux. On peut citer Vauban-Freiburg (Allemagne), pionnier des écoquartiers, imaginé et conduit par des citadins soucieux d'un environnement urbain plus sain et plus calme. D’autres vont suivre, fortement médiatisés pour certains pour leurs normes écologiques et techniques ou architecturales (l'anglais BedZED près de Londres, les suédois Bo 01 à Malmö et Hammarby à Stockholm). L’approche, essentiellement environnementale, répond à une prise de conscience, mais ne constitue pas une approche urbanistique complète. Le volet social est insuffisamment pris en compte6. Avec le Grenelle de l’environnement, l’écoquartier devient durable, avec des objectifs plus larges que la seule dimension environnementale : « Le quartier durable est un territoire qui, pour sa création ou sa réhabilitation intègre dans une démarche volontaire, une conception et une gestion intégrant les critères environnementaux, un développement social urbain équilibré favorisant la valorisation des habitants, la mixité sociale et des lieux de vie collective, des objectifs de développement économique, de création d’activités et d’emplois locaux, les principes de la gouvernance que sont la transparence, la solidarité, la participation et le partenariat7». Une seconde vague d’écoquartiers apparaît8, dans laquelle la ZAC de Bonne fait figure d’exemple dans les médias. Lauréat du Grand Prix National ÉcoQuartiers 2009 du MEDDTL, ce projet fait partie des premiers écoquartiers français réellement aboutis. Des efforts importants ont été menés i) dans le domaine écologique (normes basse consommation des bâtiments, espaces verts, voies cyclo-piétonnes, accessibilité des transports en commun, etc.), ii) social (40% de logements sociaux sur les 850 logements ; prix de vente plafonné à trois mille euros le m² pour la moitié des autres logements, moyennant des clauses antispéculatives de neuf ans ; établissement pour personnes âgées ; écoles ; accessibilité aux personnes à mobilité réduite9) et iii) économique (mixité habitats, espaces commerciaux et bureaux, hôtel). Le quartier urbain durable intègre ainsi une réflexion environnementale mais également économique et sociale. Si le quartier doit contribuer à économiser les ressources, il est surtout un lieu de vie et de mixité. C’est un espace micro urbain, dont le fonctionnement doit être appréhendé comme une ville, avec une multitude d’interrelations à des échelles différentes, et dans toute sa dimension humaine, sociale et culturelle. Il invite ainsi à une nouvelle manière d’appréhender la ville, dans sa complexité, bien loin des schémas simplificateurs qui ont ordonné les règles d’aménagement des 40 dernières années10. Pour des quartiers durables en Méditerranée : le projet CATMED Le projet CATMED a été lancé dans un contexte de forte littoralisation, d’urbanisation croissante de l’espace méditerranéen (75% de la population sera urbaine en 2025 en Méditerranée11) combiné à une prise de conscience que cet espace comptera parmi les zones qui seront les plus affectées par le changement climatique 12 . Une action globale et 6 Émelianoff, Theys, 2000, p53-63 ; Émelianoff, 2004, p21-36 ; ARENE, 2005 ; Bonard, Gaillard, Schaeffer, 2008, p53-60 ; Schaeffer, Ruegg, Litzistorf-Spinaa, 2010, p27-32 7 Association des Éco Maires. 8 Lefèvre, Sabard, 2009 9 Atger, 2008, p50-52 10 Chouvet, 2007, p5. 11 Benoit, Comeau, 2005, p38. 12 Plan Bleu, 2008, p231 3 multisectorielle s’impose dans les villes, selon les recommandations du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC). CAT-MED13 : une démarche transnationale collective Initié en mai 2009 à Málaga en Espagne, CATMED propose d’identifier des solutions opérationnelles permettant de modifier les comportements urbains afin de réduire l’impact environnemental de l’urbanisation et de limiter les émissions de gaz à effets de serre (GES). Onze villes méditerranéennes 14 se sont mobilisées autour de deux actions essentielles : - l’identification et la quantification d’objectifs communs de développement urbain durable, via des indicateurs, - la définition d’un modèle partagé et opérationnel de quartier méditerranéen durable. Quatre grandes phases de travail pour une approche commune 1. Création d’un Système Transnational d’Indicateurs. Les indicateurs sont définis sur la base d’une approche systémique du développement durable et visent à évaluer la situation en temps réel de chaque ville et à mesurer son évolution. Les données relatives à chaque territoire sont ensuite intégrées dans un Système d’Informations Géographiques (SIG) unique, afin de connaître le positionnement de chaque ville par rapport aux objectifs communs. Grâce aux résultats du SIG, des valeurs optimales sont définies. Elles constituent des objectifs de convergence des métropoles dans la lutte contre le réchauffement climatique. Le Système Transnational d’Indicateurs acquiert ainsi une dimension stratégique. Il constitue un outil de comparaison transnationale et d’évaluation de l’impact des actions de lutte contre le réchauffement. Il permet de fixer des objectifs chiffrés à atteindre pour agir préventivement et efficacement contre les effets du changement climatique et d’envisager les projets expérimentaux sur la base des valeurs optimales identifiées. 2. Expérimentation de projets pilotes de type « Green Apple » à travers la création de groupes de travail métropolitains. Le groupe réunit des acteurs pouvant contribuer à l’émergence d’un quartier durable (promoteurs immobiliers, sociétés de services urbains –eau/transport/énergie/déchets-, Agences d’urbanisme, ONG/associations d’habitants, chambre de commerce, cabinets d’études…). Il est coordonné par le partenaire du projet et doit déterminer les actions à mettre en œuvre pour atteindre les valeurs optimales des indicateurs sur le projet pilote, dans la perspective de l’émergence d’un quartier durable méditerranéen. 3. Capitalisation des expériences à travers la rédaction d’un guide méthodologique sur les quartiers durables méditerranéens. Le processus de concertation intra et inter groupes métropolitains permet de construire un modèle commun, dont les principes et modalités de mise en œuvre sont diffusés à l’aide d’un guide méthodologique des quartiers durables. Ce guide propose des réponses concrètes à la diversité des problématiques urbaines, afin de prévenir, par une modification profonde des comportements urbains, les risques liés au changement climatique. 4. Engagement des villes partenaires sur la voie du développement urbain durable à travers la signature de « La Charte de Malaga », qui met en avant quatre objectifs principaux: - Penser et concevoir les villes méditerranéennes comme des modèles urbains durables, en s'engageant à intégrer les priorités qui ont été définies comme dénominateurs communs des villes et quartiers durables en Méditerranée. - Consolider et partager un système d'indicateurs urbains de durabilité. - Promouvoir l'expérimentation comme une étape vers la construction de villes durables, à travers des projets urbains expérimentaux qui s'inscrivent dans une perspective transversale et mettent en avant des objectifs de durabilité urbaine. - Constituer et maintenir une plateforme de métropoles méditerranéennes, adossée au partenariat CATMED. 13 www.catmed.eu Séville, Malaga, Valence, Barcelone, Marseille, Communauté du Pays d’Aix, Gênes, Turin, Rome, Athènes et Thessalonique 14 4 Afin de concrétiser la réflexion menée à travers l’élaboration et l’intégration d’indicateurs transnationaux dans le Système d’informations géographiques transnational, chaque ville définit un projet pilote de quartier durable15 et coordonne un groupe de travail métropolitain : Les opérations urbaines retenues sont très différentes. Ainsi à Turin, le projet est centré sur les enjeux de logements dans un quartier populaire périphérique ; la zone d’Euroméditerranée à Marseille se caractérise par son grand périmètre et la multiplicité de ses vocations pour assurer la reconversion d’une zone arrière-portuaire16 ; les Michelons à Venelles, commune de la première couronne d’Aix-en-Provence, sont aujourd’hui une friche autoroutière appelée à devenir une zone résidentielle pourvue de plusieurs équipements et commerces ; à Malaga, un nouveau quartier sera construit sur les anciennes emprises de la société de transport ; à Valence, il s’agit d’une opération de rénovation urbaine proche du centre ville ; à Thessalonique, le projet s’organise autour de la réappropriation d’un parc et de l’intégration de cet espace périphérique dans la ville. L’avancement des projets est aussi très variable. Dans certains cas, les projets sont dans une étape de définition encore peu avancée, dans d’autres, des activités de communication sur le projet ont déjà été réalisées et des partis pris architecturaux et urbanistiques actés. De même, la gouvernance de chaque projet est singulière, bien que tous les partenaires soient des collectivités et principalement des municipalités17. Le groupe métropolitain est constitué d’acteurs clés cooptés par l’animateur du groupe : les citoyens (largement représentés par des intermédiaires dans le projet) ; les techniciens des services municipaux et professionnels de l’urbain ; les représentants politiques des villes partenaires. Ces acteurs déterminent comment, de manière opérationnelle, le projet de quartier durable, sur lequel ils travaillent, peut atteindre les valeurs optimales de chaque indicateur. Ils analysent également les problèmes qui se posent et proposent les solutions envisageables. Pour chaque problème identifié, un processus de coopération croisé est utilisé : les groupes de travail font appel aux expériences et solutions déjà expérimentées dans les autres villes. Cela signifie que dans chaque ville, les acteurs engagés sur le projet ne travaillent pas seulement pour leur territoire mais ils contribuent de manière plus large à la construction d’une réflexion et définition collective de ce que pourraient être des modèles urbains durables méditerranéens. Cette démarche participative a permis de faire émerger un ensemble de propositions, en phase avec une réalité méditerranéenne partagée par les villes du projet. Dans toutes les villes, le développement des transports publics et de plateformes multimodales pour améliorer leur efficacité a été au cœur des débats. Pour encourager le développement des transports alternatifs et notamment des modes doux (marche à pied, vélo), il est nécessaire de repenser le partage de l’espace public au détriment de la voiture. L’amélioration de la gestion du stationnement est apparu comme un enjeu important, avec des propositions en matière de stationnement souterrain, de parcs-relais, d’espaces de stationnement partagés. Certains modes de déplacement ont été plébiscités comme le covoiturage et l’autopartage. Des options originales ont été choisies et développées comme le navibus à Gênes ainsi que des offres de transport public à la demande. Concernant la gestion des flux et des services urbains, les mêmes préoccupations sont apparues : amélioration de la collecte et recyclage des déchets, réduction des consommations d’eau et d’énergie (sensibilisation des citoyens, plus grande sobriété des administrations locales concernant la gestion de l’éclairage public, l’irrigation des espaces verts, l’efficacité des réseaux, etc.). Certaines propositions sont liées aux conditions géographiques et climatiques en Méditerranée et leur déclinaison concrète appelle une adaptation aux spécificités locales. Dans chaque 15 Une présentation succincte des quartiers durables choisis figure en Annexe. Uniquement la zone d’extension d’Euroméditerranée. 17 Séon, 2011, p.5 16 5 projet, la réhabilitation ou la construction de nouveaux bâtiments s’appuie sur le concept du « bioclimatique », avec une prise en compte de l’ensoleillement et des régimes de vent. Par ailleurs, l’introduction d’une végétation locale (peu gourmande en eau) est une proposition récurrente. Enfin, la production d’énergies renouvelables (thalassothermie, éolien, solaire) est introduite dans quasiment tous les projets, avec des propositions novatrices de construction de petites unités, intégrées en milieu urbain, notamment pour l’éolien et la thalassothermie. D’autres propositions, ayant trait à la qualité de vie et à l’urbanité, constituent une ligne directrice du projet et nécessitent d’anticiper les usages à venir. Il en est ainsi de la valorisation de la proximité (marchés 0km, proximité des services publics, transports, commerces, éventuellement emplois), de la recherche de mixité (intergénérationnelle, culturelle et sociale) en favorisant l’accès au logement. L’expérience de Turin dans ce domaine est originale. La ville met en place un système de colocation solidaire. Elle loue un logement en colocation à des étudiants, qui s’engagent, en échange d’un loyer avantageux, à réaliser des activités d’intérêt général pour le quartier et ses habitants. Cette présence quotidienne sur ce quartier doit permettre de faciliter sa cogestion, les colocataires jouant le rôle d’intermédiaires entre les habitants et les services municipaux qui interviennent sur le quartier. La mutualisation des équipements est aussi largement mise en avant. À Rome, il est prévu que l’espace réservé au marché laisse place à un musée et à un espace d’exposition aux jours et horaires convenus. À Venelles, le parking relais est dédié, lors de représentations, à la salle de spectacle. Dans la plupart des villes, des équipements sportifs d’un complexe scolaire sont mis à disposition des associations du quartier. La qualité de l’espace public, rendu aux citoyens, tient une place centrale dans les échanges. Elle renvoie à la fois aux enjeux de mobilité et aux manières de vivre ensemble dans les villes méditerranéennes. Elle interroge sur l’appropriation de cet espace par les habitants et usagers (pour quelles activités, quelles rencontres ?). En matière de gouvernance, il est apparu nécessaire d’approfondir les approches collaboratives avec les citoyens et les efforts de communication à destination des habitants. Plusieurs villes ont proposé de créer, dans le quartier concerné, un centre multi-fonctions (diffusion d’information en continue auprès des citoyens, cogestion des espaces publics avec les usagers du quartier, guichet unique pour les administrations et services publics, sensibilisation du public aux enjeux environnementaux, etc.). Certaines de ces propositions exercent un impact important. Ainsi, le stationnement souterrain à Malaga, la conservation d’un parc et l’expropriation d’un certain nombre d’activités à Thessalonique nécessitent aujourd’hui la révision de plans d’urbanisme locaux. À Rome, le lancement sur initiative privée de la construction d’un édifice haute qualité environnementale dans un quartier populaire a d’ores et déjà obligé la municipalité à reconsidérer la zone dans son ensemble. Retour d’expérience de la démarche CATMED L’expérience de la démarche CATMED met en évidence un certain nombre de points forts, du point de vue méthodologique et conceptuel : - une co-construction du projet avec des acteurs de terrain a été mise en place. Le projet a bénéficié d’un réseau de villes travaillant ensemble depuis de nombreuses années et qui ont l’habitude d’échanger sur des grandes thématiques de la ville (Rome, Thessalonique, Malaga, Barcelone). Les appuis technique et administratif de l’Observatoire de l’environnement urbain de Malaga et de l’Institut de la Méditerranée à Marseille ont été décisifs pour la coordination avec les services européens et le financement du projet. Les partenaires, chacun dans leur ville, ont mobilisé les services d’urbanisme et les services de système d’information géographique 6 afin de réaliser un référentiel commun sur les objectifs de développement durable pour les quartiers et des indicateurs transnationaux ; - le contenu et le calcul d’indicateurs transnationaux ont été définis et mis en commun. Afin d’assurer un suivi dans le temps des réalisations sur les quartiers, il était nécessaire de partager la définition de termes, d’indicateurs et de méthodes de calcul. Les partenaires ont ainsi défini et calculé une vingtaine d’indicateurs (5 indicateurs ont été rajoutés à la demande des partenaires français pour la partie sociale). Les travaux ont été intégrés aux systèmes d’information géographique des villes ; - les échanges d’expériences in situ ont permis des échanges argumentés. Grâce aux rencontres sur site, aux contacts des techniciens et des élus locaux, les expérimentations menées par chaque partenaire ont été analysées et ont entraîné des adaptations par chaque partenaire en fonction des contraintes locales ; - une méthode de management de projet urbain durable a été proposée par la Communauté du Pays d’Aix. Déjà en partie réalisée avec l’aide des Eco maires et de la Région Provence Alpes Côtes d’Azur, cette méthode qui comprend un premier livret « Piloter un quartier durable », a été complétée par un second document « Réaliser un quartier durable ». Les partenaires partagent ainsi un glossaire commun et un référentiel qui décline les objectifs de développement durable pour le quartier ; - plusieurs supports de communication ont constitué un outil commun d’échange mais aussi d’essaimage des enseignements. Le site de CATMED (www.catmed.eu) rassemble aujourd’hui de nombreux acteurs de la ville qui suivent et se documentent sur les avancées du projet. Un film est réalisé sur les différentes « Green Apple ». Des publications sont mises à disposition via le site internet et les partenaires échangent leurs comptes rendus sur un espace sécurisé. Les membres du projet sont régulièrement appelés dans des colloques ou des manifestations nationales ou internationales pour travailler sur la ville durable (MED CITÉS, ÉCO CITÉS…) ; - une vision alternative au « quartier prêt-à-porter » a pu s’affirmer : le « quartier sur mesure ». Les villes de CATMED œuvrent pour une définition de quartiers sur mesure, en opposition aux quartiers imposés par les grands groupes de l’immobilier, notamment dans les pays les plus pauvres, sans maîtrise d’ouvrage forte en matière de projets urbains ; - la Charte de Malaga de 2011 ouvre un espace d’approfondissement et d’essaimage de la démarche, dans la continuité de ces travaux. Une plateforme de métropoles méditerranéennes, adossée au partenariat CATMED, va être développée. Ce réseau doit permettre le suivi des « Green Apple », favoriser un échange sur les bonnes pratiques. Le partage de ces expériences avec le Sud et l’Est de la Méditerranée, qui est actuellement au cœur des discussions du réseau, peut contribuer à construire une vision convergente du développement urbain durable en Méditerranée et favoriser de nouveaux projets de coopération concrets dans différents contextes : coopération décentralisée, politique de voisinage, Union pour la Méditerranée. A contrario, plusieurs points faibles sont à relever : - le premier tient à la mobilisation des élus, plus ou moins marquée selon les villes partenaires. Suivant leurs sensibilités, les élus ne portent pas le projet de la même manière. Certains se mobilisent et apportent leurs visions politiques de l’avenir des villes et des marges de manœuvre dont ils peuvent être porteurs, afin d’encourager les habitants et les services à plus de transversalité et d’actions en faveur du développement durable. Ils sont au fait de l’urbanisme durable et l’appliquent depuis longtemps (Barcelone, Malaga, Turin…). D’autres, plus frileux, soutiennent le projet mais dans une logique plus court-termiste (affichage, opportunité, pression de services….). Les élections dans certaines villes ont également modifié le portage politique avec l’arrivée de nouveaux maires ; 7 - l’apprentissage de la transversalité s’est avéré un exercice difficile. La définition et le calcul des indicateurs ont fait mesurer aux chargés de mission des différentes villes la difficulté pour les techniciens des villes d’être à l’écoute des autres et de travailler ensemble et en mode projet ; - la pratique de la participation est encore balbutiante. Dans la méthodologie proposée par CATMED, le groupe métropolitain est constitué de quelques acteurs clés. Si cela s’est imposé pour répondre aux impératifs pratiques et créer rapidement une dynamique autour du projet, ce type de démarche participative ne peut être suffisant pour un projet urbain complexe et long. La question de la participation de la population, des décideurs, experts et financeurs, au cours des phases d’élaboration des quartiers voire au-delà (animation du quartier, qualité des services, cogestion de l’espace public), a simplement été évoquée et le maintien des groupes métropolitains comme instance de participation est en débat ; - la réflexion sur les spécificités méditerranéennes a été reportée. L’élaboration d’indicateurs a contribué à la compréhension de la réalité méditerranéenne, dans sa singularité et sa diversité. Les villes partenaires ont échangé sur les spécificités qu’elles pouvaient avoir en commun (étalement urbain, problème de transports, concentration des hommes et des activités sur le littoral, sensibilité au réchauffement climatique, etc.), mais chacune devra décliner ses propres particularités nationales et locales. L’adhésion à la démarche de villes du Sud va introduire de nouvelles spécificités (culturelles, sociales, économiques, etc.). Une ingénierie de projet à renouveler pour la réalisation de quartier durable L’approche comparative générale et celle, en particulier, des expérimentations françaises impliquées dans la démarche CATMED, mettent en évidence plusieurs freins (techniques et organisationnels) liés à l’ingénierie territoriale. Le « réflexe de périmétrisation » : entre nécessité et contrainte De façon générale, les expériences menées montrent la propension à rester dans le périmètre d’opération. Les termes initiaux de emplaziamento ou site (en anglais) susceptibles de devenir un quartier, neighbourhood ou barrio durable, semblent avoir impliqué de facto l’idée d’un processus de délimitation et de « périmétrisation » dans laquelle l’intervention se distingue de ses périphéries. Plusieurs éléments semblent avoir conforté l’idée d’une nécessaire délimitation des « Green Apple » : nécessité d’argumentaire simplifié pour construire un discours d’intervention, recherche d’outils opérationnels et de procédures de mise en œuvre des projets qui confortent par retro-effet l’idée de bien délimiter le territoire d’actions futures, difficultés de mise en contexte élargie parce que faisant appel à des connaissances et des compétences techniques et conceptuelles plus larges, voire trop larges. Pourtant, les témoignages convergent sur l’idée que la périmétrisation représente un frein dans la réarticulation du projet à des politiques publiques plus larges (transports publics, déplacement doux, gestion des ordures ménagères, positionnement par rapport aux dynamiques de développement commercial, etc.). Continuité et discontinuité dans la conduite des projets Les différences de gouvernance dans la conduite de projet sont un facteur important, tel que le révèlent dans un même cadre institutionnel national, les deux exemples de quartiers durables français (Euroméditerranée Marseille et Venelles). D’un coté, on assiste à la mise en place d’une opération d’intérêt national pour Euroméditerranée, qui a fixé dès le départ les objectifs, les règles du jeu, les rôles de chacun, le système technico-décisionnel. L’opération n’a que progressivement confirmé son intérêt pour les questions de développement durable. D’un autre côté, il existe une volonté municipale à Venelles de contribuer à une démarche engagée par la Communauté d’agglomération du Pays d’Aix d’appui aux projets communaux de 8 quartiers durables. Ce modèle permet d’enclencher et de développer les initiatives communales, sans toutefois maîtriser les outils financiers et opérationnels nécessaires à leur mise en œuvre. Outre la différence d’échelle des deux projets, qui peut bien sûr influencer les choix de dispositifs de mise en œuvre, un premier bilan d’étape permet de mettre l’accent sur deux constats : - la complexité, liée à de nouveaux aspects et à une nouvelle culture techniques ou conceptuels, fait qu’un dispositif d’échange et de discussion doit être mis en place. Clairement identifié sur le qui fait quoi dans le cas d’Euroméditerranée, il s’est avéré plus problématique dans le cas de Venelles en raison d’une diversité d’intervenants autour de la commune, de méthodes de travail et de progression de culture technique sensiblement différentes ; - le deuxième constat relève de la continuité dans la philosophie de l’action. Dans le cas d’Euroméditerranée, les orientations ont été confirmées à travers une continuité et un raffermissement conceptuel, sans doute liés à une équipe technique positionnée en continue sur le projet. Dans le cas de Venelles, s’agissant d’une nouvelle façon de faire induite par des principes nouveaux, l’absence de continuité dans l’assistance à maîtrise d’ouvrage spécialisée « quartiers durables » et la multiplication des implications techniques semblent avoir entraîné des « pertes d’objectifs », peu favorables à la qualité du projet. La concertation pour une adhésion de la population au changement L’acceptabilité sociale, par la population locale, des changements proposés est un des éléments importants de la faisabilité et de la mise en œuvre du projet. L’acceptabilité par des habitants futurs, le plus souvent inconnus, est construite sur des hypothèses. Certains principes comme la limitation de l’usage de la voiture en cœur de quartier et son report en périphérie, renvoient à la notion de prise de risque économique. Le risque sera différent s’il s’agit de logement social locatif réalisé par un bailleur social, ou de logements à la vente réalisés par un promoteur privé, qui risque de ne pas vendre son « produit ». L’acceptabilité de « voisinage » est aussi un facteur important. La concertation engagée à Venelles, pendant plusieurs mois et selon des modalités très différentes (exposition, groupes de travail, débats en séances publiques) a montré à la fois une évolution collective dans l’acceptation d’une certaine densité, sans toutefois admettre que le projet pouvait dépasser trois niveaux (RdC +2). Le temps d’évolution des modèles de référence d’un habitat idéalisé, fortement stabilisé semble-t-il dans les représentations collectives, constitue un sujet en soi qu’il s’agirait de mieux expertiser. Et pourtant, les modes de concertation engagés par cette Commune sont exemplaires, ils sont le fruit d’une mobilisation constante autour de la mise en œuvre du développement durable. Des expositions sont organisées tout au long de l’année sur des thèmes tel que les économies d’énergie, la biodiversité, les maisons du futur, etc. Des rencontres citoyennes avec des acteurs locaux ou des personnalités, en partenariat avec Image de Ville (association cinématographique), rassemblent les habitants. Des groupes de travail « Le Grenelle de Venelles » se mobilisent sur différentes questions et écrivent les actions à proposer à la Municipalité, un cahier est ouvert en Mairie pour les personnes qui ne peuvent pas donner de leur temps. La concertation sur le projet de quartier durable s’est donc inscrite dans un processus plus large et maîtrisé par les élus et les techniciens de Venelles. Toutes les Communes ne sont pas prêtent à assumer une telle charge. Une approche en coût partagé et en coût global encore balbutiante Les expérimentations montrent que les coûts engendrés, par chaque réalisation du projet, sont calculés par chaque financeur en coûts d’investissement, rarement en coûts de fonctionnement. Ils se retrouvent isolés du concept de projet sur les lignes budgétaires thématiques de chacun. Ainsi, l’aménageur qui réalise les voies (classées ensuite dans le 9 domaine public) ne donne pas à la Commune un calcul des coûts de gestion de ces voies sur plusieurs années et ne fait pas un comparatif entre plusieurs solutions possibles. En outre, le savoir-faire local, en matière d’innovations ou de constructions, reste à promouvoir. Depuis les études jusqu’à la réalisation et à la gestion du quartier, le développement durable incite à rechercher des acteurs et des matériaux locaux. En effet, il est devenu maintenant urgent de réduire les transports des personnes et des biens. Or, les marchés publics obligent les collectivités à ne pas prendre en compte cet aspect. Certains matériaux font le tour de la planète pour arriver sur le chantier du quartier durable. En cela, les expérimentations (BedZED, Fribourg-Rieselfeld, Hammarby Sjöstad, etc.) ont montré que le recyclage de matériaux locaux pouvait constituer des solutions d’avenir. Conclusion Un peu partout, en France et à l’étranger, fleurissent des quartiers durables. Ils proposent tous de nouvelles techniques de construction permettant de réduire leur impact environnemental tout en intégrant des critères économiques et sociaux pour un développement plus respectueux des humains et de la nature. C’est une nouvelle manière d’appréhender la ville, dans toute sa complexité. Plus qu’un lieu d’aménagement, le quartier est un lieu à vivre. De ce fait, le projet doit associer les parties prenantes, afin d‘intégrer leurs attentes mais aussi de limiter voire dénouer des situations de blocage qui pourraient apparaître au cours du projet. Cela exige un intense travail de concertation, qui va bien au-delà de la participation citoyenne. L’échelle impose une conception très en amont, réunissant une multiplicité d’acteurs, pour répondre aux questions techniques, financières, et prendre les décisions. La démarche CATMED a montré que les projets de quartiers durables offre une réelle opportunité pour lancer des démarches originales de concertation. Par la transversalité des enjeux abordés et leur impact direct sur la vie des habitants et des usagers, ces projets peuvent susciter un réel intérêt et de fortes attentes, auxquelles il sera d’autant plus facile de répondre que les processus auront été pensés et articulés en amont avec le reste du phasage du projet. L’enjeu des quartiers durables n’est pas de réaliser des territoires d’exception, entre laboratoire du développement durable et espace témoin. Le quartier n’est qu’un maillon de la chaîne pour un urbanisme durable (avec moins d’étalement urbain, plus de culture participative, des dispositifs éco-techniques). Il faut penser le quartier durable dans sa ville, l’intégrer dans un cadre plus large de projet de territoire, tel qu’un Agenda 21 local mais plus encore, dans une perspective de multiplication des expériences, il s’agit de repérer, analyser et mesurer les effets d’entraînement des quartiers dans leur ville. Bibliographie ARENE, 2005, Quartiers durables : guide d’expériences européennes, Ile-de-France. Atger C., 2008, « Grenoble. Un laboratoire à énergie positive », Diagonal, No178, 50-52. Benoit G., Comeau A., 2005, Méditerranée, les perspectives du Plan Bleu sur l’environnement et le développement, Paris, L’Aube. Bonard Y., Gaillard D., Schaeffer V., 2008, « Genève/Lausanne : enjeux sociaux et quartiers durables », Urbanisme, No.363, 56-60. Chouvet C., 2007, Les quartiers durables : un exemple de démarche intégrée et participative, Comité 21-Angenius Communauté du Pays d’Aix, 2011, CAT MED : un partenariat européen pour des modèles urbains durables en Méditerranée, Aix en Provence, PUAM, Collection Espace et développement durable. Émelianoff C., Theys J. 2000, « Les contradictions de la ville durable », in Theys J. (dir.), Développement durable, ville et territoire, Paris ; MELT-DRAST, 53-63. 10 Émelianoff C., 2004, « L’urbanisme durable en Europe : à quel prix ? », Écologie et politique, No.29, 21-36. Lefèvre P., Sabard M., 2009, Les éco-quartiers : l’avenir de la ville durable, Rennes, Apogée. Plan Bleu, 2008, Changement climatique et énergie en Méditerranée, Banque européenne d’investissement. Schaeffer V., Ruegg J., Litzistorf-Spina N., 2010, « Quartiers durables en Europe : Enjeux sociaux et processuels », Urbanisme, No.371, 27-32. Séon A., 2011, La démarche participative de CATMED, communication au colloque « Les quartiers durables : pourquoi et comment faire ? » Université Paul Cézanne, 8 et 9 décembre 2011. Union européenne, Projet européen CAT MED « Changer les métropoles européennes avec le temps », 2011, www.catmed.eu. 11 Annexe Présentation des quartiers expérimentaux « Green Apple » des différentes villes (www.catmed.eu) Barcelone. Le quartier du « Llevant » à Figueres est un espace qui, bien qu'à proximité du centre de la ville, présente les symptômes typiques de ces zones urbaines qui ont grandi et se sont étendues sans connexion avec le centre de la ville, en raison notamment de la rupture créée par une ligne de chemin de fer. Communauté du Pays d’Aix. Cette intercommunalité a choisi la commune de Venelles et son projet sur la ZAC (Zone d'Aménagement Concertée) des « Michelons ». Ce terrain se situe sur un délaissé d’autoroute à l’entrée de la commune. La programmation et la concertation était déjà amorcées. Une réflexion sur le type de bâti, la place de la voiture, les équipements, la diminution du bruit et l'intégration des contraintes et risques naturels (zones inondables) a été menée pour aboutir à une approche de quartier durable. Gênes. Suite à l'analyse de trois zones, qui toutes nécessitent une revitalisation sociale et urbanistique dans des parties différentes de la ville, le choix s'est porté sur « Voltri » en raison de la volonté de se concentrer sur la zone littorale dégradée par l'expansion portuaire, dans l'esprit de la ligne bleue du plan directeur qui souligne la nécessité d'intervention sur l'ensemble de l'arc côtier, et de la possibilité de collaborer pour la première fois avec les autorités portuaires. Malaga. La zone choisie est celle de « El Duende ». Bordée par une ligne de chemin de fer, il s'agit d'une zone centrale mais dégradée. La création de mécanismes d'intervention économiques et techniques est en jeu. Le plan général de Malaga implique une rénovation totale de la zone pour faire disparaître la zone industrielle et la reconvertir en zone résidentielle. La construction de 30% de logements sociaux est imposée par la loi. Il est également prévu que la zone soit densifiée et qu'une partie des espaces soit réservé à des équipements, d'où des bâtiments de 12 étages prévus sur la zone. Les groupes de travail qui ont déjà amorcé leur réflexion sur le quartier ont montré la nécessité de procéder à des modifications du plan général pour répondre aux objectifs d'accessibilité et d'intégration du quartier dans le tissu urbain. Marseille. La zone choisie correspond à l'extension du périmètre de l'opération « Euroméditerranée ». Cette opération a été labellisée "Éco-cité" par le gouvernement français. Elle fait l'objet d'un ambitieux programme de renouvellement urbain axé sur la durabilité, notamment autour du ruisseau des Aygalades. Suite à un concours d'urbanisme, la proposition de plan-guide d'aménagement de l'équipe de François Leclerc a été retenue. Préfecture d’Athènes. Le choix du quartier Green Apple s'est porté sur la municipalité d' « Argyroupoli ». Il s'agit d'une zone démilitarisée qui a déjà fait l'objet de beaucoup d'études et de nombreuses propositions. Il a été décidé de privilégier le caractère de zone de loisirs verte. Rome. La zone pilote choisie par Rome correspond à l'urbanisation « Casal Bertone ». Cette zone, située dans le centre, a une superficie d'environ 131 ha et plus de 16 700 habitants. La proximité des quartiers « San Lorenzo », « Pigneto » et du centre historique, tout comme les stations ferroviaires « Termini » et « Tiburtina » (qui va devenir une centralité intermodale importante) illustrent la position stratégique de ce quartier. Séville. Après avoir mené une analyse sur l'opportunité, les possibilités d'aménagement et les impacts sociaux potentiels, le quartier situé au Nord Ouest de la zone de « Cerro Amate » a été privilégié. Thessalonique. Le quartier Green Apple est la zone d’ « Allatini », située au Sud-Est de la ville. Caractérisé par un « mix » entre des bâtiments à usage résidentiel, commercial et de 12 bureaux, cet espace est situé à proximité de la mer et abrite des bâtiments ayant une valeur patrimoniale reconnue et des espaces verts importants. Il doit cependant faire face à deux problèmes majeurs: un trafic intense et des niveaux de pollution sonore élevés. Turin. Le quartier de « Mirafiori Nord » a déjà été au centre de plusieurs interventions de la ville pour améliorer l'habitat et la qualité de vie depuis 2002. Il a notamment fait l'objet d'un projet « Urban II ». Cependant, il reste encore des problèmes à traiter, c'est pourquoi ce quartier a été choisi. Par ailleurs, le lancement d'une cohabitation solidaire est un des éléments particulièrement intéressants à étudier sur le quartier, notamment par rapport aux aspects sociaux. Valence. Le quartier de « Russafa » est situé au Sud du centre historique de Valence et compte 24 937 habitants. Situé à proximité des chemins de fer, il borde la zone Ouest de la ville qui se caractérise par un état avancé de dégradation. Le quartier de « Russafa » va être transformé en un grand parc central au-dessus des chemins de fer qui deviendront souterrains. Cela permettra de mettre en contact les deux côtés du centre de la ville afin de remédier à l'état de dégradation du quartier. 13