2000 - gregor

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2000 - gregor
2000.08
Henri Fayol et la guerre de 1914
Jean-Louis Peaucelle
Professeur à l’IAE de Paris
Résumé : Henri Fayol publie Administration Industrielle et Générale en 1916, alors qu’il
a évoqué les questions administratives déjà à deux reprises en 1900 et 1908. Le déclenchement
de la publication est lié à la guerre. Guerre qui modifie la politique de publication de la revue.
Guerre qui constitue un exemple de l’utilité de la théorie administrative. Guerre qui favorise
les idées concurrentes de Taylor auxquelles il faut rétorquer. L’analyse des textes et des
archives montre ainsi comment le moment historique est favorable aux thèses de Fayol. A
l’inverse dès 1925, la situation se retourne. Les idées d’Henri Fayol perdent leur attrait et
passent de mode.
Mots clés : Fayol, histoire, première guerre mondiale.
Abstract : Henri Fayol publishes Industrial and General Administration in 1916 whereas
it mentioned the administrative questions already twice in 1900 and 1908. The release of the
publication is related to the first world war. The war which modifies the policy of publication
of the review. The war which constitutes an example of the utility of the administrative theory.
The war which supports the concurrent Taylor’s ideas to which it is necessary to reply. The
analysis of the texts and the archives shows thus how the historical moment is favorable to the
theses of Fayol. To the reverse since 1925, the situation is turned over. The ideas of Henri Fayol
lose their attraction and pass old fashioned.
Keywords : Fayol, history, first world war.
1
Un centenaire
La pensée d’Henri Fayol sur les questions administratives paraît dater de 1916, moment où
parut son fameux ouvrage Administration Industrielle et Générale [38]. En fait ses idées remontent à beaucoup plus longtemps. Il avait commencé d’en parler le 23 juin 1900, dans son
discours de clôture du congrès de la Société de l’Industrie Minérale à Paris [28]. Cent ans déjà.
Sa doctrine administrative nous paraît aujourd’hui quelque peu obsolète et ennuyeuse. Les
travaux de recherche de Donald Reid [69] et [70] sur l’origine de la pensée d’Henri Fayol, de
John Breeze sur l’activité du Centre d’Etudes Administratives et la biographie établie par
Tsuneo Sasaki sont des travaux sérieux qui jettent de nouveaux éclairages sur Henri Fayol.
Le lecteur naïf du livre d’Henri Fayol s’étonne de ne disposer que de la première moitié de
l’ouvrage. Sont annoncées quatre parties et seules les deux premières sont proposées à la
lecture. Henri Fayol n’aurait-il pas eu le temps de les rédiger? Il a vécu encore 9 ans après la
première parution de ce texte. Où sont donc les parties III et IV? Ont-elles été rédigées? Pourquoi sont-elles annoncées ? Cette négligence étonne de la part d’un homme qui mettait la
« prévoyance » au cœur des qualités de l’homme d’action.
Cette question se poursuit si on remarque que la quatrième partie s’intitule Leçons de la
guerre. En 1916, il était tentant de parler de cette guerre qui avait vu des revers si considérables
en août 1914. C’était tentant, mais aussi probablement difficile pour un patron d’entreprise qui
travaillait essentiellement pour l’armée. Sans compter la censure. Le moment de la publication
d’Administration Industrielle et Générale [38], en pleine guerre, ne signifie-t-il pas que le texte
parle aussi bien de l’armée que de l’entreprise, de l’entreprise comme métaphore de l’armée. Ce
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2
texte commence par la phrase : L’administration joue dans le gouvernement des affaires, de
toutes les affaires, grandes ou petites, industrielles, commerciales, politiques, religieuses ou
autres, un rôle important. Est-ce l’armée qui est évoquée par le terme « autres »?
Ces questions ont un intérêt historique pour comprendre les motivations d’Henri Fayol. Les
réponses correspondantes peuvent aussi faciliter la compréhension de ce qu’il nous dit depuis
100 ans.
2
Les sources d’information sur Henri Fayol
Cette recherche historique peut se mener par une analyse des textes publiés eux-mêmes. Les
écrits des disciples d’Henri Fayol sont à cet égard instructifs. Les comptes rendus des Assemblées Générales de la Société de l’Industrie Minérale fournissent aussi des indications dont on
verra tout l’intérêt. La collection complète du Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale dans
lequel ont paru les articles d’Henri Fayol jusqu’en 1919 est conservé par la bibliothèque de
l’Ecole des Mines de Paris. Un autre exemplaire de cette revue est accessible à la Société de
l’Industrie Minérale qui édite actuellement la revue Mines et Carrières.
La source privilégie de la recherche historique est celle des archives, textes non publiés mais
conservés, soit par les particuliers, soit accessibles officiellement au public. Les Archives
Nationales disposent, au centre des archives du monde du travail à Roubaix, des documents officiels de la Société Commentry-Fourchambault et Decazeville Ils ont été donnés par les firmes
Schneider et Creusot Loire qui ont absorbé Commentry-Fourchambault et Decazeville au
milieu du 20˚ siècle. La famille d’Henri Fayol a légué à la Fondation des Sciences Politiques
(Centre d’histoire de l’Europe du 20˚ siècle) un ensemble de documents personnels d’Henri
Fayol, manuscrits notamment. Donald Reid a, le premier, exploité ce fonds. Je le remercie
chaleureusement de me l’avoir signalé. Les documents de ce fonds sont essentiels au présent
article.
La troisième source documentaire utilisée a été celle des témoins, les descendants d’Henri
Fayol. Ils ont accepté de me recevoir et de répondre à mes questions. Qu’ils soient spécialement
remerciés pour les informations qu’ils m’ont données!
Toutes ces sources permettent de construire une réponse à l’interrogation sur les circonstances qui ont amené Administration Industrielle et Générale à paraître en 1916. Le premier
aspect concerne la politique du Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale. Ensuite l’interrogation porte sur ce que les textes fayoliens, publiés ou non, disent de la guerre elle-même. Enfin
la date de 1916 se repère aussi par rapport à la diffusion des écrits de Taylor en France. Fayol
devait répondre aux idées concurrentes qui séduisaient bien des responsables. Ces trois points
vont être traités successivement.
3
La politique de publication du Bulletin de la Société de
l’Industrie Minérale
Pourquoi Henri Fayol a-t-il publié dans le Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale ?
Cette revue a une vocation technique. Les membres de la société, ingénieurs dans les entreprises
minières, y publient des mémoires traitant des expérimentations qu’ils ont eux-mêmes faits pour
traiter un problème technique. Ils évoquèrent leurs essais et leurs succès. Etrange lieu pour
héberger les premières publications de gestion. Pourquoi donc cette revue?
La réponse paraît simple. Henri Fayol a choisi cette revue parce qu’il la connaissait, qu’il
voulait parler à ses pairs, les ingénieurs des mines, parce qu’il n’y avait pas d’autres lieux pour
s’exprimer sur les thèmes de la gestion. C’est vrai, Henri Fayol connaissait le Bulletin pour y
avoir publié déjà des articles techniques, de 1874 à 1887 [12], [13], [14], [22], [23]. En 1879, il
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avait obtenu la médaille d’or de la société récompensant son travail sur les feux de mines. Il était
administrateur honoraire de la Société de l’Industrie Minérale qui gérait directement le Bulletin.
Mais la réponse devient moins simple quand on remarque que la publication d’articles de
gestion est un moment passager du Bulletin, de 1916 à 1919. A partir de 1920, il redevient une
revue technique. Pourtant, à cette époque, Henri Fayol et ses disciples produisent beaucoup de
textes.
La question peut alors s’inverser. Pourquoi la Société de l’Industrie Minérale a-t-elle publié
dans son Bulletin des articles qui sortent de son champ traditionnel? La réponse se trouve dans
les discussions du comité de rédaction de la revue dont il n’existe pas de trace. Mais, heureusement, les comptes rendus des conseils d’administration et des assemblées générales de la
Société de l’Industrie Minérale laissent percevoir les problèmes de la politique de publication.
Ces textes sont publiés dans le Bulletin lui-même.
Tout d’abord notons que la Société de l’Industrie Minérale ne suit pas Henri Fayol dans son
élan vers la gestion. Lors du discours de 1900 [28], après que Henri Fayol ait développé ses
thèmes, notamment contre la formation trop mathématisante des jeunes ingénieurs, M. Haton
de la Goupillère, polytechnicien, président de la Société, improvise une défense des mathématiques en tant que formatrice de l’esprit de rigueur. L’accord n’est donc nullement complet.
Quand, en 1908, le congrès de la Société de l’Industrie Minérale vient dans la région minière
de la Loire, Henri Fayol ne peut manquer de faire un discours sur la société qu’il dirige,
Commentry-Fourchambault et Decazeville, implantée dans la région. Le compte rendu de son
intervention n’est que le résumé [30], en annonçant que le texte complet sera prochainement
publié dans le Bulletin. Or cette conférence n’a pas été publiée ultérieurement. Les autres conférenciers ont eu leur texte intégralement reproduit. Il y avait donc sans doute des désaccords sur
l’opportunité de publier ce genre de texte. Qu’est-ce qui va changer en 1916?
La guerre naturellement. Le président de la Société de l’Industrie Minérale est alors Tauzin
(1855-1921, X74). Lors de l’assemblée générale du 16 mai 1915, il rend compte de sa décision
de continuer de faire paraître le Bulletin pendant la guerre : «Nous avons un stock de mémoires
qui nous permettait de paraître assez longtemps, surtout si nous avions la sagesse de revenir au
bulletin trimestriel d’avant 1907». A l’assemblée générale du 21 mai 1916, il indique le retard
de publication des 4 livraisons trimestrielles à cause de «la moindre capacité de production de
notre imprimerie, dont le personnel de spécialistes a été […] très diminué par les appels successifs de l’autorité militaire». Le secrétaire général, Chipart (1871-1941, X90), qui s’occupe particulièrement du Bulletin, rend compte des publications. Puis il ajoute, «je termine en faisant
appel à votre bonne volonté pour nous fournir l’appoint nécessaire [en mémoires] et j’ai la plus
grande confiance qu’elle ne nous fera pas défaut ». Au conseil d’administration du 17 avril
1917, Tauzin exprime le même souci, «M. le secrétaire général engage vivement les membres
à chercher de nouveaux collaborateurs».
Cette pénurie d’articles techniques vient de ce que tous les jeunes ingénieurs sont au front.
Peu d’ingénieurs sont en mesure de faire des recherches. Henri Fayol propose alors ses services.
Il va faire passer ses textes et ceux de personnes de son entourage, Carlioz son directeur
commercial, Lévêque son directeur à Decazeville, Bouvier un de ses ingénieurs et divers disciples de la doctrine administrative.
Lors de l’assemblée générale du 20 mai 1917, Tauzin exprime sa gratitude : «Je ne saurai
trop remercier ceux de nos collègues qui ont eu le grand mérite, malgré les occupations dont ils
sont assaillis, de travailler pour notre Bulletin. Le concours de l’un d’eux nous a plus particulièrement touché ; vous devinez qu’il s’agit de l’un de vos administrateurs honoraires, titulaire
de la médaille d’honneur, M. Henri Fayol, qui a bien voulu nous confier la publication de son
magistral mémoire sur l’Administration». Chipart n’est pas dupe. Il glisse «M. Henri Fayol a
bien voulu… contribuer à maintenir notre bulletin en ces temps difficiles en publiant, dans la
troisième livraison de 1916, son travail sur l’administration industrielle et générale qui avait fait
l’objet de sa conférence au congrès de 1908 et qu’il a depuis considérablement développé».
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L’année suivante, le 26 mai 1918, Tauzin fait de nouveau le point : «La situation de nos
publications est moins satisfaisante. Nous achevons à peine la publication de la 4˚ livraison de
1917 et nous avons dû, à la suite de difficultés croissantes, tant au point de vue des fournitures
et de l’exécution matérielle qu’à celui des mémoires à publier, réduire l’importance de nos
dernières livraisons». Il continue par des remerciements. «Henri Fayol s’est mis sur le pied de
fournir, bon an mal an, à notre Bulletin la valeur de nos livraisons trimestrielles sur les questions
administratives qui lui valent, au soir de sa glorieuse carrière, l’un des plus brillants succès de
revue que nous ayons jamais connus». En fait, sur les quatre années, de 1916 à 1919, Henri
Fayol a apporté 35 % de la matière rédactionnelle, en nombre de pages (voir figure 1), donc plus
Figure 1 : Nombre de pages publiées, par semestre, dans le Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale
800
700
total publié
600
Nombre de pages
500
400
300
200
dont taylorisme
dont fayolisme
100
0
1912
1913
1914
1915
1916
1917
1918
1919
1920
1921
années
que le quart annoncé par Tauzin.
Cette part prise par un sujet exotique ne peut que faire des jaloux. La paix verra un recentrage
du Bulletin sur sa vocation technique. Dans les deux numéros de 1919, la gestion a encore sa
place, mais ce sont deux tayloriens qui ont été sollicités. Probablement une manière de
combattre le fayolisme trop régnant. Cependant une médaille d’or sera donnée à Carlioz pour
son article de 1918 sur la fonction commerciale. Manière de se concilier Henri Fayol au moment
où les colonnes du Bulletin se ferment pour lui.
Dans sa biographie autorisée [88], Verney affirme, page 9, que «sans la guerre, l’ouvrage
aurait paru deux ans plus tôt». Cette affirmation parait digne de confiance, car Verney est le
gérant du Bulletin. Breeze [5] la reprend en suggèrant que des restrictions sur le papier auraient
retardé la publication et seraient la cause de la non-publication des parties 3 et 4. Au regard des
textes exprimant la vie de la Société de l’Industrie Minérale, cette hypothèse doit être inversée.
C’est grâce à la guerre que Henri Fayol put publier des idées qu’il mûrissait depuis plus de 16
ans. Le trou rédactionnel en matières techniques fut occupé, de manière opportuniste, par des
gestionnaires prêts à s’exprimer.
La politique de publication de la Société de l’Industrie Minérale prend sa spécificité quand
on la compare à celle des Annales des Mines, la grande revue concurrente publiée par le Corps
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des Mines depuis 1822 (le Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale ne commence à paraître
qu’en 1855). Les Annales des Mines assurent la parution de 1100 pages en 1912 et 1000 pages
en 1913. Au moment de la guerre, presque 600 pages sont déjà publiées. La publication s’arrête.
Elle ne reprend qu’en 1919, avec un avertissement, page 87 du tome VI de 1914. «La publication des Annales des Mines s’est brusquement interrompue au mois d’août 1914. […] Au cours
de ces quatre années de guerre, l’activité des ingénieurs et des savants qui publient leurs travaux
dans ce recueil s’est consacrée à des devoirs qui l’ont temporairement privé de leur habituelle
collaboration. […] La suspension des hostilités va permettre va permettre la reprise de l’activité
scientifique de cette revue». L’année 1914 se termine donc en 1919, par 200 pages d’articles
résiduels.
En 1919, les Annales des Mines publient environ 550 pages, puis 1100 en 1920. Le rythme
de croisière d’avant guerre est repris. Si les auteurs des deux revues écrivent avec le même
rythme, on comprend que le Bulletin ait eu une pénurie d’articles pendant une guerre qui fut
plus longue qu’on ne l’envisageait.
La revue La Technique Moderne adopte une stratégie similaire. Elle cesse de paraître entre
août 1914 et janvier 1918. La Revue de métallurgie d’Henri Le Chatelier continue de paraître,
avec une pagination réduite de moitié.
4
Les Leçons de la guerre
Stephane Rials a avancé l’hypothèse d’une relation forte entre la guerre et la doctrine administrative d’Henri Fayol. Il conclut, après une investigation très riche dans les écrits de l’époque
([73] page 89). « La guerre n’a sans doute pas enfanté à proprement parler la doctrine
administrative : mais elle lui a donné l’occasion de s’approfondir, elle lui a donné une audience,
elle lui a donné le début d’une consécration».
Fayol n’a pas d’expérience personnelle de l’armée. Pour son service militaire, il fut dispensé
par rachat en 1861, comme cela se faisait très communément. Depuis 1914, il connaît la guerre,
comme tous les Français, par les journaux. Il a en outre une expérience spécifique par sa responsabilité de chef d’entreprise, en relation avec les approvisionnements militaires. Il en parle avec
prudence dans ses écrits publiés. Il est beaucoup plus virulent dans les textes non publiés,
retrouvés dans les archives. Il préfère mettre en avant des héros de la guerre, pour qu’ils donnent
leur propre point de vue, sans risque.
4-1
Les informations d’Henri Fayol sur la guerre
Il n’est pas inutile de rappeler la situation de la France en 1916, au moment de la rédaction
et de la publication d’Administration Industrielle et Générale [38]. La mobilisation générale a
été déclarée le 1˚ août 1914. L’impôt sur le revenu avait été institué en juillet 1914 pour la
financer. L’état de siège et la guerre sont proclamés le 2 août. La censure est instituée. Les autorités militaires ont un droit de réquisition sur les biens, sur les personnes, sur les usines [93].
Les Allemands attaquent à partir du 20 août et les armées françaises sont battues. Elles reculent jusqu’au 6 septembre en perdant tout le territoire Nord-Est. La bataille de la Marne évite la
catastrophe. D’où vient cette «débâcle»? Joffre savait qu’il y avait des problèmes de commandement. «Pendant la retraite, outre deux généraux d’armée, il devait relever neuf commandants
de corps d’armée, un commandant de corps de cavalerie, trente trois divisionnaires, soit un bon
quart des officiers généraux commandant au feu! (entre le 26 août et le 5 septembre 1914)»
([53] page 186).
Cette période nous a donné le mot de «limogeage». Elle a profondément choqué les esprits.
Ce choc impulsera le mouvement de réforme qui domine la société française de 1918 à 1925.
Les idées de Fayol y auront une place privilégiée.
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Le gendre d’Henri Fayol, Joseph Oberthür (1872-1956), est médecin neurologue. Il a été
affecté au 94˚ Régiment d’Infanterie, comme volontaire. Il a, sans doute, transmis ses observations personnelles. Joseph Oberthür a été ensuite nommé dans un hôpital à l’arrière. AnneMarie Oberthür, sa fille, y jouait le rôle d’anesthésiste auprès de son père. C’est probablement
dans cet hôpital que Robert Désaubliaux, blessé en 1916 par des éclats d’obus à la tête et à la
cuisse, fera sa connaissance. Ils se marieront en 1917 et ainsi Robert Désaubliaux entrera dans
la mouvance du fayolisme.
D’autres membres de la famille d’Henri Fayol sont mobilisés. Ils pouvaient aussi l’informer.
Notamment son neveu, Amédée Fayol est affecté au service de l’inspection des forges, service
chargé de la relation avec les industries sidérurgiques, notamment de la réception des
commandes du Sous Secrétariat d’Etat du ravitaillement et de l’Intendance.
Les études historiques nous restituent ce que pouvaient percevoir les contemporains. «Les
déficiences de la doctrine et de l’instruction dans l’armée française avaient coûté très cher. Plus
de 300000 hommes étaient tombés en moins de quatre mois de combat…. On s’était fait tuer
héroïquement et, deux fois sur trois, inutilement» ([53] page 216). Par comparaison, signalons
que rythme des morts français sera de 20000 hommes par mois, dans la suite de la guerre.
Passé ce premier choc, la guerre dure. Le gouvernement est à Bordeaux. Le comité des
forges, dès octobre 1914, est consulté par le gouvernement. Le problème de l’acier va durer
toute la guerre. D’une part, la production sidérurgique est réduite de moitié, parce que les principales mines et usines se trouvent en zone occupée. D’autre part, les militaires n’avaient pas
prévu de réapprovisionner les munitions.
Le 5 février 1917, le député Couesnon présente un rapport [8] où il explique ce qui s’est
passé. « Les tableaux dressés avant les hostilités, indiquant les métaux nécessaires pour les
besoins de guerre, comportaient pour l’acier et par mois, les quantités suivantes […] 4 300
tonnes. Nos besoins mensuels actuels sont de 400000 tonnes par mois. Nous avons trouvé la
même imprévoyance au point de vue des approvisionnements en laiton». En conséquence, la
France importe, durant toute la guerre, 70 % du fer qui lui est nécessaire. Une partie vient de la
Bethleem Steel, aux Etats-Unis, l’entreprise de Taylor.
On notera que le mot «imprévoyance» utilisé par Couesnon fait écho à la « prévoyance »
d’Henri Fayol. Administration Industrielle et Générale est paru peu de temps auparavant (fin
1916).
Le problème de l’acier donne lieu à d’autres rapports parlementaires, dont ceux de Adrien
Veber, de A. Gervais et de Dalbiez. Celui-ci dit en septembre 1917 [9] : «Au moment où ils
proclamaient leur résolution de conduire la guerre «jusqu’au bout», les gouvernements qui se
sont succédés ne prenaient pas les décisions sur lesquelles auraient dû s’appuyer leurs affirmations dans la «certitude de la victoire»».
Au début de la guerre, l’armée s’était donnée la réquisition des biens et des personnes [93]
comme moyen d’action économique. L’Etat intervenanit directement dans les transports, dans
la production métallurgique, dans les importations. Il surveillait la production agricole pour
prélever l’approvisionnement des soldats. Cette intervention tatillonne et bureaucratique des
militaires de l’arrière irritait sans doute beaucoup de gens.
Mais la réquisition paralysait la production. Pour la stimuler, fin 1915, sont institués [94])
des «Comités Consultatifs d’Action Economique», par région militaire et des «Sous Comités»
par département [95]. Ces comités réunissaient les responsables locaux de l’intendance militaire
et des notables. Leur but officiel consistait à proposer les moyens de soutenir la production et
de l’orienter vers les besoins militaires. En fait ils servaient à mettre un peu d’huile dans les
rouages de la bureaucratie militaire. Ils intervenaient sur des situations particulières, donnaient
des avis. Ils traitaient notamment des transports de marchandise et de sursis d’incorporation, au
cas par cas.
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Les Comités Consultatifs d’Action Economique étaient une soupape de sécurité. Leur coordinateur au Sous Secrétariat d’Etat du Ravitaillement et de l’Intendance, le lieutenant Colonel
Thierry sentait le risque qu’ils deviennent le canal d’expression des doléances. Dans la circulaire de mise en place [84], il écrit : «Les Comités ne perdront pas de vue […] qu’ils n’ont pas
à faire une oeuvre de critique pour laquelle du reste, les éléments d’appréciation leur manqueraient le plus souvent».
Du point de vue de Commentry-Fourchambault et Decazeville, la guerre est une opportunité
puisque son principal client va devenir la Défense Nationale. Auparavant, seule l’usine de
Imphy fournissait l’armée, pour des «boucliers» et, en 1913, des obus de marine [91]. Les arsenaux produisaient directement armes et munitions. Schneider au Creusot était aussi un fournisseur important. Pendant la guerre, l’entreprise de Fayol fabrique des axes de canon, des échelles
pour les tranchées, des obus (commande de 25000 obus à l’usine de Montluçon fin 1914), des
«sauterelles» pour envoyer des grenades de 1,2 kg, en tir courbe à 125 mètres, avec un mécanisme à ressort (à Imphy où fut inventé cet engin) [91].
La mobilisation avait vidé les usines. Celles de Fayol ont fermé en août 1914 [91]. D’ailleurs
les clients avaient annulé leurs commandes. Seules les mines ont continué de fonctionner, au
ralenti.
Pour fournir les commandes militaires, il fallait trouver de la main d’œuvre. L’administration
militaire trouvait des expédients. Fayol a employé dans ses usines des ouvriers africains, belges,
espagnols, italiens, polonais, grecs et même chinois. On s’engageait dans une politique compliquée de retour du front des ouvriers qualifiés, nécessaires à la production d’armement. On
embauchait les réformés, les blessés. On sollicitait les reports d’incorporation des jeunes. On
faisait travailler les prisonniers. La guerre a été une période continue de pénurie de personnels.
Mais les salaires augmentent peu, seulement sous la pression de l’inflation. Les prix de vente
à l’armée sont suffisants pour faire de gros bénéfices, compte tenu des longues séries. Henri
Fayol se paye même le luxe de baiser de 8 % le prix de ses obus. Il en sera remercié par Albert
Thomas, le secrétaire d’Etat chargé des approvisionnements militaires ([91] CA du
18 novembre 1915). La trésorerie de l’entreprise fut placée en bons de la Défense Nationale.
L’armée est un client difficile. Parfois, sous prétexte de contrôler la qualité, les militaires
détruisent les fabrications. ([92] le 11 août 1915). D’autres fois, la livraison ultra urgente attend
faute d’un contrôleur militaire pour faire la réception ([92] le 9 juin 1915). A d’autres moments,
les commandes militaires manquent ([92] le 28 juillet 1915). Les comptes rendus des réunions
de l’usine de Decazeville gardent trace de ces difficultés de coopération entre l’industrie et le
militaire.
Un maximum a dû être atteint en juillet 1915. Au Conseil d’Administration du 15 juillet
1915 [91], Henri Fayol ne peut s’empêcher d’évoquer une tension. La fourniture de ronds pour
obus, que la Forge de Decazeville lamine dans des conditions techniques imposées par l’administration de la guerre, donne lieu à un incident qui a conduit la direction à présenter sur ces
conditions des remarques dont elle espère qu’il sera tenu compte. Le mois suivant il ajoutera :
L’incident auquel avait donné lieu le laminage des ronds pour obus dans les conditions techniques imposées par l’administration de la guerre, a été réglé à la pleine satisfaction de la forge.
Le point technique devait porter sur le ceinturage des obus [92]. Dans cette petite querelle,
l’industriel a gagné contre les militaires.
Ces mauvaises relations quotidiennes ont probablement influencé les écrits d’Henri Fayol.
La guerre a surtout contre-carré le plan d’entreprise établi par Henri Fayol. Elle devait se
redéployer vers l’Est (mine de fer de Joudreville en Meurthe et Moselle) et dans le Nord (Usine
sidérurgique de Pont-à-Vendin à côté de Lens). Ces deux centres industriels sont de l’autre côté
du front. Le 19 novembre 1914 le Conseil d’Administration note avec inquiétude : nous
sommes toujours sans nouvelles de Joudreville et de Pont-à-Vendin [91]. C’est un investissement de 65 millions de francs qui ne produit rien. Henri Fayol dit aux actionnaires le 26 mars
1916 [91]: On pouvait s’attendre, en cas de guerre, à voir les hostilités se poursuivre dans la
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région frontière où se trouve la mine de Joudreville. Il a fallu une série d’événements difficiles
à prévoir pour entraîner l’envahissement du bassin houiller où la société métallurgique de
Pont-à-Vendin s’est établie.( [91] AG du 26 mars 1916).
Globalement, Henri Fayol a ainsi beaucoup d’occasions de constater que les militaires ne
conduisent pas la guerre et ses approvisionnements avec compétence. Il y a une interaction entre
cette vie quotidienne et le texte d’Administration Industrielle et Générale [38]. Ainsi, le 6 avril
1914, il écrit le texte [40] qui est cité ci-après page 11. Cette même journée, il a tenu un Conseil
d’Administration où il a précisé en détail ses propres fonctions, celles de son adjoint, et de deux
autres dirigeants. Le même jour, en outre, il a tenu une Assemblée Générale des actionnaires où
il a proclamé : C’est donc à ses méthodes industrielles et à sa prévoyance que votre Société doit
d’avoir maintenu son existence, alors que des transformations profondes dans les procédés
sidérurgiques provoquaient la création et le développement d’une puissante métallurgie sur les
riches gisements lorrains ; Bien que nous ne possédions pas d’établissements en territoire
envahi nous y sommes directement atteints par les hostilités en raison des intérêts importants
que nous avons dans le Pas de Calais et en Meurthe et Moselle [91].
La guerre est donc complètement présente dans la vie d’Henri Fayol au moment où il écrit
Administration Industrielle et Générale. Il en parle même malgré lui dans les textes qu’il nous
a laissés.
4-2
Les écrits publics d’Henri Fayol sur la guerre
Le mot «guerre» et le vocabulaire militaire apparaissent plusieurs fois dans les publications
d’Henri Fayol. Il est intéressant de voir comment il traite ce thème. Pour commencer regardons
le texte même d’Administration Industrielle et Générale.
4-2.1
La guerre dans Administration Industrielle et Générale
Le texte d’Administration Industrielle et Générale [38] ne parle pas directement de la guerre.
Seul le titre de la quatrième partie, Leçons de la guerre, évoque le contexte historique. Mais ce
n’est qu’une annonce inachevée. Il existe cependant des allusions plus précises.
L’armée est citée nommément quand Fayol parle de la fonction de sécurité, ([38] p7) c’est
l’œil du maître, c’est le chien de garde de l’entreprise rudimentaire, c’est la police, c’est
l’armée dans l’Etat. Métaphore ou exemple? Le texte laisse subsister un doute.
La première phrase du texte, citée au début de cet article, montre comment Fayol globalise
sa réflexion. Cette volonté de considérer toutes les organisations se retrouve dans d’autres
parties du texte. Dans toutes les associations humaines, dans l’industrie, dans le commerce,
dans l’armée, dans la famille, dans l’Etat, la dualité de commandement est une source perpétuelle de conflits, parfois très graves ([38] p 29). On ne peut s’empêcher de penser à l’évolution
des armées alliées vers le commandement unique des armées de tous les pays. Foch n’obtiendra
qu’à la fin de la guerre. On en parlait déjà en 1916.
Plus loin, la guerre est mobilisée au service de la fonction administrative. Qu’il s’agisse de
commerce, d’industrie, de politique, de religion, de guerre ou de philanthropie, il y a dans toute
entreprise une fonction administrative à remplir ([38] p 46).
Ensuite, l’armée est une alliée dans la croisade contre les mathématiques. La règle de trois
simple a toujours suffi aux hommes d’affaires comme aux chefs d’armées ([38] p 92). Et pour
renforcer son argument, Fayol cite le général Maillard, commandant de l’école de guerre : « La
règle de trois simple a suffi jusqu’ici et suffira encore pour la solution des problèmes relevant
du calcul qui peuvent se présenter au cours des opérations.» Ainsi la règle de trois simple suffit
aux chefs d’armées comme aux chefs d’industrie. ([38] p 97)
Ces allusions restent discrètes. Rien n’est vraiment dit sur l’actualité de la guerre. Et pourtant
l’envie ne manque pas. Elle sourd dans cette phrase critique. ([38] p 60) La nation française est
prévoyante ; son gouvernement ne l’est pas. En note, Fayol ajoute : ceci est écrit depuis long-
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temps. Dans un chapitre intitulé Leçons de la guerre, je dirai les réflexions que les événements
récents m’ont inspirées.
Même en s’interdisant de parler, il reste des silences comme celui sur le service militaire.
([38] p 100) Reste la question du service militaire que je ne crois pas devoir examiner ici. Henri
Fayol n’avait pas fait le sien [37].
Le vocabulaire militaire apparaît quand Fayol veut désigner les services fonctionnels, tout en
récusant les concepts de Taylor. Il parle d’Etat-Major. L’Etat-Major est un groupe d’hommes
disposant de la force, de la compétence et du temps qui peuvent manquer au directeur général…
Ce groupe d’agents s’appelle l’état major dans l’armée ; je lui ai conservé ce nom à défaut
d’un autre qui m’ait paru préférable ([38] p 73).
Un mot militaire perce aussi quand Fayol parle des agents de liaison. Il a expliqué que la
conférence hebdomadaire des chefs de service est une obligation pour la coordination. Mais
pour que la conférence ait lieu, il faut qu’aucune impossibilité de distance ou autre ne s’oppose
à la réunion des chefs de service. S’il y a seulement difficulté, on peut espacer les séances ; s’il
y a impossibilité, il faut suppléer dans la mesure du possible à la conférence par des agents de
liaison. […] Les agents de liaison font généralement partie de l’Etat-Major ([38] p 118).
A quelles impossibilités Fayol pense-t-il? L’hypothèse la plus probable, étayée par le vocabulaire, concerne l’application de la doctrine administrative à l’armée. Comment tenir les
conférences d’officiers en pleine bataille? Le système d’information est un palliatif. Le téléphone déjà et les estafettes qui, dans les tranchées, marchaient à pied. La volonté de construire
une théorie générale, englobant entreprises et armée, conduit à proposer des substitutions de
l’outillage administratif. Mais, bien entendu, pour la coordination, l’agent de liaison est moins
efficace que la réunion en face-à-face.
Comme dans la bataille contre l’enseignement mathématique, l’armée constitue un argument
central dans sa querelle avec Taylor. Il cite ([38] p77 à 79) le passage de La direction des ateliers
qui prône la hiérarchie fonctionnelle. Pour Taylor, neuf contremaîtres doivent surveiller
l’ouvrier, chacun sous un aspect de son travail. On y arrive, selon Taylor, en abandonnant le
type militaire d’organisation. Fayol argumente qu’il est impossible d’abandonner l’unité de
commandement. Il connaissait, avec ses lecteurs, les conséquences sur le champ de bataille. La
discordance est forte entre les deux pensées. C’est au nom de la généralité de sa doctrine, parce
qu’elle doit englober le cas de l’armée, que Fayol récuse l’autorité fonctionnelle. Il y la refusera
toute sa vie.
Cette position de principe a écarté de lui tous les tayloriens. Il aurait pu prendre au sérieux
sa propre phrase. La doctrine administrative est à faire ([38] page 50). Pour la faire, il faut
s’appuyer sur l’observation et l’expérience. Ce thème du commandement, unique ou multiple,
est un terrain fécond sur lequel des recherches concrètes auraient pu être menées, comme cela
est proposé page 75 [38]. Encore aujourd’hui, nous connaissons mal le fonctionnement concret
des directions fonctionnelles ou des structures matricielles.
Le texte de 1916 parle donc de l’armée, en incises. La guerre fait partie du champ expérimental sur lequel a été bâtie la doctrine administrative et de son domaine d’application, au
même titre que les entreprises.
4-2.2 La guerre dans les écrits publics de Fayol, postérieurs à 1916
En 1917, Henri Fayol conserve la même attitude. Le public […] observe, réfléchit et voit ou
croit voir que de nombreuses fautes d’administration sont commises ([43] page 149). Toujours
en 1917, il répète : Nous sommes non moins convaincus que notre infériorité militaire et industrielle résulte uniquement de la faiblesse administrative de notre gouvernement ([43] page 230).
Mais il ne va pas plus loin.
En 1923, il fait une conférence à l’Ecole Supérieure de guerre. Il en avait certainement envie
depuis longtemps. Et il s’empresse d’exposer ses idées. Il commence en notant le différent avec
certains militaires. On m’a dit que le mot «Administration» éveille généralement peu de sympa-
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thie chez les chefs de l’Armée ([49] page 1). Et il poursuit en notant que sa conférence de 1900
n’eut aucun écho en dehors du monde industriel. Ce dehors inclut sans doute l’armée.
Il reprend la même position que dans Administration Industrielle et Générale [38]. L’expérience permet d’affirmer que cette doctrine peut utilement s’appliquer à toutes les entreprises
industrielles.… En Belgique, le gouvernement l’applique à la Défense Nationale. Elle se trouverait singulièrement renforcée si une grande autorité française déclarait qu’elle est également
applicable à l’Armée ([49] page 61).
On trouve ici le cercle vicieux de tout le fayolisme. Convaincre les jeunes par la formation
ou convaincre les responsables en place. L’un par l’autre ou l’inverse, mais alors on ne réussit
jamais à commencer.
Alors vont timidement venir les références historiques. S’il arrive qu’on s’écarte [de la
doctrine administrative], comme on le fit par exemple pour l’Unité de Direction, on en subit
durement les conséquences ([49] page 63). L’unité de direction ne fut pas observée au début de
la guerre. C’est une infraction à la doctrine administrative ([49] page 65).
Fayol se lance alors dans une explication compliquée des écarts à sa doctrine qui serait
corrigée spontanément avec le temps. Il lui est bien difficile d’interpréter les erreurs des vainqueurs de 1918 devant les futurs cadres de cette armée. En tous cas, il ne prononce aucun mot
positif sur la gloire et les mérites de ces chefs. Pendant le guerre, Henri Fayol était réservé sur
l’organisation militaire. Après la victoire, il ne se laisse aller à aucune euphorie.
4-2.3 Les écrits non publiés d’Henri Fayol sur la guerre
Dans ses publications, Henri Fayol reste donc prudent. Dans le fonds des Archives du Centre
d’Histoire de l’Europe du 20˚ siècle, un document est la troisième partie d’Administration
Industrielle et Générale [39]. Le mot «guerre» y figure 11 fois, le plus souvent pour noter le
moment et pour dire que ses usines produisent, complètement, pour l’armée.
Dans ce fonds, on trouve aussi une page manuscrite dont le titre est Leçons de la guerre [40].
Ce document est reproduit in extenso en encart (tableau 1, page 11). On y remarquera la virulence du propos. On imagine bien la suite. L’auteur aurait-il eu peur de sa propre audace? S’estil censuré lui-même ou a-t-il attendu l’avis de son entourage?
Ce texte, surprenant pour nous aujourd’hui, trouve un écho dans un texte de 1898 cité par
Blancpain [3]. C’est la première trace rédigée des réflexions de Fayol sur les « questions
administratives». Ce texte parle de la guerre précédente.
S’il est vrai, ce dont je suis convaincu, que les causes de notre infériorité industrielle et
commerciale actuelle sont les mêmes que celles qui conduisirent notre armée à sa perte en 1870
– ou si l’on veut, que nos voisins prospèrent dans le domaine industriel pour les mêmes raisons
qui les firent triompher il y a 30 ans sur les champs de bataille. L’importance de ces études
apparaîtra à tous, comme elle m’apparaît à moi-même, considérable. Pendant que nos soldats
cherchent à relever l’armée, nous autres, industriels, tâchons d’éviter une défaite qui pourrait
avoir des conséquences encore plus funestes que celle de Sedan [27].
Le patriotisme est net et la critique vive. Le sentiment né de la défaite de 1870 est considéré
par Henri Fayol comme suffisamment partagé par son public pour y adosser son raisonnement
sur l’importance des études administratives. Dès l’origine, Henri Fayol a pensé un parallélisme
entre l’administration de l’entreprise (Industrielle) et l’administration dans les organismes étatiques (Générale).
Les descendants d’Henri Fayol, face à la première page de Leçons de la guerre, telle qu’elle
est ici reproduite, affirment que c’était bien là des idées qui accompagnaient le patriotisme familial. Robert Désaubliaux a laissé à ses trois fils, encore tous trois vivants en l’an 2000, ses souvenirs de la première guerre mondiale, communs à ses témoins oculaires : une boucherie dont les
chefs portaient la responsabilité autant que l’ennemi. Les correspondances privées de l’époque
expriment souvent les mêmes idées.
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Tableau 1 : Début de la quatrième partie d’Administration Industrielle et Générale [40]
6 avril 1916
Leçons de la guerre
Le soldat français a fait preuve de l’endurance la plus remarquable, d’une énergie surprenante, d’un courage
sans pareil.
La nation toute entière s’est donnée avec un dévouement absolu.
Personne ne doute de l’intelligence de nos concitoyens.
On sait qu’il y a dans notre pays des hommes hors de prix.
Avec de tels hommes, un tel foyer d’énergie, de quoi la nation ne serait-elle pas capable si son organisation
générale était au niveau de la valeur des individus?
Or, nous avons été surpris. Puisque rien n’était préparé. Il a fallu s’organiser à la hâte, c’est à dire au prix
des plus grands sacrifices de tous genres.
Il n’y avait pas de programme.
Pourquoi?
L’organisation, les programmes… sont faits par les chefs, ne peuvent être faits que par eux. Nous manquerions donc de chefs capables? Assurément.
Je ne dis pas "intelligents" ou "instruits", je dis capables.
Pourquoi n’y a-t-il pas eu à la tête du pays des hommes capables de gouverner, prévoyant, organisateurs,
informés, sachant susciter le dévouement, inspirer la confiance…?
C’est parce que la nation ne sait pas quelles sont les qualités qu’elle doit demander à ses chefs. Elle croit que
l’éloquence, science mathématique, qualité d’élu,… donnent la capacité administrative. Grande erreur.
(cette page complète, déchirée d’une feuille double, ne se poursuit pas)
L’hypothèse qu’on peut formuler est donc que Henri Fayol, dans une sorte d’autocensure,
s’empêche d’exprimer sa pensée, trop virulente, sur la guerre. Alors il donne la parole aux
autres.
4-2.4 Les écrits des disciples d’Henri Fayol sur la guerre
Henri Fayol fait donner les gueules cassées : Robert Désaubliaux, le petit-fils par alliance,
et Louis de Mijolla, sous-lieutenant dans l’artillerie, mutilé, ingénieur des mines de Saint
Etienne, qui deviendra un de ses directeurs, à Imphy. Dans le Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale de 1917, ils ont 32 pages pour traiter de l’Administration au front.
Louis de Mijolla écrit : «Les leçons de la guerre ont imposé certaines modifications aux
règlements militaires. Beaucoup d’officiers de réserve, formés à la pratique des affaires, pensèrent qu’elles auraient été évidentes, dès le début, à un administrateur. […] Un général de division n’avait ni son artillerie, ni sa compagnie de génie sous ses ordres. Le colonel d’artillerie
relevait du général commandant l’artillerie du corps d’armée, d’où de fréquents conflits relatifs
à l’emplacement des batteries, aux tirs, à l’organisation des liaisons, conflits qui exerçaient la
plus déprimante influence sur les groupes et les batteries, soumis à un double commandement»
[63].
Louis de Mijolla donne, en note, un exemple concret de ces conflits. « Il a fallu attendre
jusqu’à la fin de 1915 pour que l’unité de commandement fût établie dans la division. […] C’est
en avril 1916 que les observateurs en avion rentrèrent dans les groupements d’artillerie et furent
ainsi mis jusqu’à un certain point sous les ordres» du général de division [63].
La critique à l’armée s’adoucit quand on note que ces défauts ont été corrigés. Mais certainement pas tous. Louis de Mijolla poursuit : «Il ne m’appartient pas d’insister sur les défauts
de la discipline militaire, l’exagération du respect des galons au détriment de celui de la valeur
des individus, le mauvais emploi et le mépris des compétences et de l’initiative, et de toutes les
erreurs résultant de la longue période d’inactivité qui avait fait de l’armée avant la guerre une
belle machine à travailler à vide» [63].
Ce que Henri Fayol ne pouvait dire, on ne peut empêcher de l’exprimer à un homme qui a
perdu son pied pour la patrie. Le texte de Robert Désaubliaux est plus curieux. C’est une confé-
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rence faite par le lieutenant, guéri de ses blessures et pas encore démobilisé. Cette conférence
s’adresse à de jeunes aspirants qui vont partir au front après leur formation d’officier. Très
vivante, elle reprend des aphorismes de la tradition militaire pour les combattre. Par exemple,
il est fréquent qu’un chef donne un ordre auquel l’exécutant a quelque chose à objecter. La
réponse traditionnelle est : « J’veux pas l’savoir. J’m’en fiche ! Débrouillez-vous ». ([11]
page 343)
Robert Désaubliaux dit plus précisément ([11] page 333) : «A l’avant comme à l’arrière, les
responsabilités sont souvent prises à la légère, et j’ai vu mettre journellement en pratique la
maxime bien connue : «S’en fout’et en rendre compte!» Cette formule, quelque peu lapidaire,
compte beaucoup d’adeptes dans le monde fonctionnaire, peut-être autant dans l’armée. On
s’imagine, ou on se persuade, que sa responsabilité est dégagée du fait d’avoir rendu compte de
ses actes, quels qu’ils soient, sur un morceau de papier de la taille réglementaire. Eh bien, non!
C’est une faute grave lorsqu’il s’agit de responsabilités devant l’ennemi.»
De telles critiques, formulées sous forme de conseils aux nouveaux officiers, sont acceptables, en pleine guerre, seulement parce qu’elles sont formulées par des héros blessés dont le
courage et le patriotisme ne peuvent être mis en doute.
Les idées d’Henri Fayol seront reçues très favorablement par certains militaires qui rédigeront des résumés d’Administration Industrielle et Générale pour les cadres de l’armée [6]. En
disciple affirmé, le Général de Pouydraguin écrit en 1920 : «Notre commandement, instruit par
l’expérience coûteuse des opérations improvisées et insuffisamment préparées, a été amené, au
cours de la campagne, à codifier, dans des instructions successives et de plus en plus détaillées,
toutes les conditions à réaliser avant de déclencher une offensive de grande envergure. De ces
instructions, la plus complète est celle du 31 octobre 1917 (jusqu’ici secrète, mais tombée
depuis peu dans le domaine public). […] Sa lecture est extrêmement intéressante au point de
vue qui nous occupe, car on y voit l’opération militaire traitée exactement comme une affaire
industrielle qu’il s’agit de mener à bien dans les meilleures conditions de temps et de prix. […]
La manœuvre à réaliser se retrouve dans le domaine industriel comme dans le domaine militaire
et les grands chefs de l’industrie et du commerce font leurs preuves sur le terrain économique
comme nos grands capitaines sur le champ de bataille» [68]. Ce général est le beau-frère d’un
cadre d’Henri Fayol. Il a eu ses deux fils morts au combat. Il a lui-même été blessé au début de
la guerre.
Le texte de Wilbois et Vanuxem de 1920 [89] est à bien des titres une paraphrase d’Administration Industrielle et Générale. Cependant, il commence par une phrase révélatrice : «Depuis
le début de la guerre, on ne parle chez nous que de méthode, de discipline, de systématisation,
d’organisation : sous ces mots, on met rarement des idées précises ; mais on sent qu’ils correspondent tous à une réalité ardemment désirée, parce que, faute de l’avoir connue, nous avons
gaspillé pour notre tardive victoire des dizaines de milliards et des centaines de milliers de vie»
[89].
Ces textes, tirés de l’expérience de la guerre de 1914, marquent une continuité de la pensée
d’Henri Fayol sur la généralité des mécanismes d’administration et leur application particulière
aux les affaires militaires. En pleine guerre, il veut apporter sa contribution à un redressement
de la situation militaire. En cette contribution n’est pas seulement de produire des canons et des
obus, elle est aussi théorique sur la gestion des grandes structures organisées.
La publication d’Administration Industrielle et Générale [38] en 1916 est ainsi compréhensible comme la conjonction d’un besoin ressenti par Henri Fayol depuis 1898, exprimé
en 1900 et 1908. Ce besoin concernait les entreprises et l’armée ou, plus généralement, les
services de l’Etat. La guerre, et la débâcle qui l’a commencée, ont renforcé la perception de ce
besoin. La situation éditoriale du Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale a permis à Henri
Fayol de trouver le support de ses idées. Il les présente de manière générale et laisse des mutilés
et des militaires s’exprimer sur les applications de ces principes dans l’armée.
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A ces raisons convergentes pour publier en 1916 s’ajoute probablement la concurrence intellectuelle avec Frédéric Taylor.
5
Les confits avec les tayloriens
5-1
L’enjeu
Taylor (1856-1915) et Fayol (1841-1925) sont contemporains. Ils ont eu des carrières similaires, une expérience industrielle, une approche scientifique de la production puis une approche
organisationnelle. Ce parallélisme aurait pu les conduire à coopérer. Il a été source de division
et de confusion chez leurs disciples français.
Le dialogue Fayol-Taylor n’a pas eu lieu. Quand Fayol publie, Taylor vient de mourir. Pas
de réponse possible. Fayol est parfaitement informé des travaux de Taylor, par les publications
de 1907 [79] et 1912 [82]. Il aurait pu répondre à un Taylor vivant. Le débat se fera seulement
par disciples interposés, après 1916.
La bataille, à fleurets mouchetés, est encore sensible dans les écrits de l’époque. L’enjeu est
d’abord intellectuel. Une approche gestionnaire de l’entreprise doit-elle privilégier le travail de
production de l’ouvrier (comme le fait Taylor) ou le fonctionnement de la hiérarchie (sur lequel
Fayol met l’accent). L’enjeu est aussi industriel. L’amélioration des entreprises doit-elle se faire
d’abord par la partie productive ou d’abord par la coordination des éléments de la structure.
5-2
La querelle de l’antériorité
Fayol met très souvent l’accent sur le fait qu’il a commencé à construire sa théorie administrative en 1861. Il aurait élaboré son livre de 1916 pendant des décennies. Il n’est pas sûr qu’il
faille le suivre sur ce point. Dans ses archives, il n’existe aucun document manuscrit du livre de
1916. On ne peut donc pas dater la rédaction des deux premières parties d’Administration Industrielle et Générale. En revanche les troisièmes et quatrièmes parties, non publiées, datent de
1916. Le premier texte manuscrit sur les questions administratives date de 1898 (Blancpain [3])
et il n’est pas repris dans Administration Industrielle et Générale.
L’effort pour marquer cette antériorité vient de la concurrence de Taylor. Le texte de la
«Direction des ateliers», publié dans la Revue de Métallurgie en 1907, date de 1902 dans sa
version américaine. Le livre de Taylor Principles of Scientific Management date de 1911. Il est
traduit en France en 1912. Si on réduit Fayol à son ouvrage phare, Administration Industrielle
et Générale, il est postérieur. Le succès du livre de Taylor en France incite Fayol a faire une
publication significative de ses propres idées et il commence sans doute à y travailler en 1913,
avec des notes sur le système de Taylor [36]. Mais il n’isole pas cette partie de l’ensemble de sa
doctrine.
Taylor n’a pas connu l’appel de Fayol, en 1900 [28], pour étudier scientifiquement le fonctionnement du monde industriel. Mais Fayol aurait pu ranger Taylor sous sa bannière en tant que
contributeur, cohérent avec sa visée expérimentale. Au contraire, il cherche à faire reconnaître
une position d’antériorité parce qu’elle lui accorderait la prééminence scientifique. Querelle des
origines.
5-3
Les tayloriens
Henri le Chatelier soutient le taylorisme débutant en France. Il anime la Revue de métallurgie
qu’il a créée en 1904. Il y fait paraître, en 1907, la conférence de 1906 faite par Taylor sur la
taille des métaux [77]. Dans la foulée, il fait publier tout ce qu’il connaît de Taylor, ses articles
de 1893 sur les courroies [78], son texte de 1902 sur la direction des ateliers [79]. Puis successivement en 1910 et 1917 d’autres articles paraissent [79], [57], [59]. La revue est le soutien
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14
actif à la diffusion des idées de Taylor. Le Chatelier lui-même les commente à l’occasion de la
mort de Taylor en 1915 [58].
Le Chatelier appartient à la même génération (1850-1936). Il brille dans ses études (major
de l’Ecole Polytechnique). Il passe un doctorat scientifique et enseigne au Collège de France.
Après quatre tentatives, il est élu à l’Académie des sciences en 1907. Ses publications scientifiques sont innombrables.
On ne sait pas quelles relations entretenaient Fayol et Le Chatelier. Probablement, quand
Fayol, en 1918, pose sa candidature à l’Académie des sciences [46], il ne fait pas les visites
usuelles à ceux qui vont voter. S’il l’avait fait, il aurait rencontré Le Chatelier. Fayol ne sera pas
élu. Pour les trois places d’académiciens de la section des sciences appliquées à l’industrie,
nouvellement créée en 1918, seront choisis trois polytechniciens.
Les tayloriens trouvent en France des soutiens multiples. Emile Belot, directeur aux manufactures des tabacs, publie en 1911 son interprétation des principes de Taylor [2], interprétation
qui met l’accent sur la mécanisation. Fayol s’en souviendra, lors de sa mission aux tabacs en
1923.
Les industriels soutiennent le système Taylor. George De Ram [10] tente d’appliquer Taylor
chez Renault et suscite des grèves considérables en 1913. Mais Peugeot et Berliet auront plus
de succès. En 1913, Michelin aide financièrement la publication de brochures vantant Taylor.
Dans cette bataille d’idées, la publication d’Administration Industrielle et Générale [38] est
indispensable. Fayol avait des idées depuis longtemps. Il lui faut les rédiger et les diffuser. Et il
parlera de Taylor en critiquant la vision fonctionnelle de la structure, tout en acceptant le chronométrage.
C’est donc un faisceau de motivations qui pousse Henri Fayol à produire son ouvrage phare.
La période est favorable à l’accueil de ses idées. Mais, quand cette période sera passée, les idées
de Fayol passeront de mode.
6
L’échec du fayolisme
En résultat de cette investigation, on découvre la conjonction de plusieurs raisons à la publication d’Administration Industrielle et Générale [38] en 1916 :
- La doctrine existant depuis 16 ans (ou 18 ans en remontant à 1898, date des premiers manuscrits d’Henri Fayol sur ce thème),
- La demande conjoncturelle du Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale qui veut continuer à paraître alors que ses rédacteurs bénévoles n’ont plus de temps pour fournir des articles techniques,
- La débâcle militaire de 1914 qui pousse Henri Fayol, par civisme, à s’intéresser à l’Etat. La
discussion sur l’armée reste tabou, mais on ne cesse d’y penser. La guerre est là. Henri Fayol
met en avant de glorieux officiers et retournera son ardeur contre d’autres services étatiques,
la Poste et les manufactures des Tabacs,
- Le succès des tayloriens en France qui stimule Henri Fayol à mieux exprimer ses propres
idées afin de contrer celles de Taylor.
Cette conjonction forme les conditions du succès des idées d’Henri Fayol de 1916 à 1925. Il
est porté par la vague réformiste que la guerre suscite en France (voir Rials [73]). Ce mouvement
s’essouffle rapidement à partir de 1925, sans avoir vraiment provoqué de changement. Pour
réformer l’administration de l’Etat, la position extérieure d’un expert industriel ne donne pas un
pouvoir suffisant. Henri Fayol ne peut pas être le conseil des dirigeants de corps sociaux qu’il
critique trop fortement.
Une deuxième raison de l’échec vient sans doute aussi des caractéristiques des disciples
d’Henri Fayol. Ce sont des membres de son entreprise ou des personnes qu’il y fera embaucher
(Carlioz, de Mijolla, Vanuxem, Lévêque…). Ce sont aussi des membres de sa famille (Robert
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Désaubliaux est son petit-fils par alliance). Parfois, ils sont ses obligés pour les deux raisons
(son petit-fils Henri Oberthür a épousé Rénée Carlioz la fille de son directeur commercial,
Claude Muguet son neveu par alliance devient son adjoint puis son successeur à la tête de
Commentry-Fourchambault et Decazeville). Le cercle des fayoliens ne s’est pas élargit largement dans le monde des ingénieurs et des responsables d’entreprises. Mais cette constatation est
plutôt un symptôme de l’échec à venir que sa cause.
La raison de l’échec, visible à partir de 1925, doit sans doute être recherchée dans l’absence
d’un corps social pour relayer les idées d’Henri Fayol, pour les rendre applicables en entreprise.
Il a manqué à un métier associé à ces idées, avec un corps de savoirs professionnels, comme les
organisateurs tayloriens ont pu constituer le leur.
Un tel métier de l’organisateur fayolien aurait été possible autour de la mise en place de
l’outillage administratif : organigrammes, définition de postes, plan de rédaction des rapports,
planification des conférences de chefs de services, formation à la tenue des réunions de travail,
élaboration de prévisions, conseils en programmes d’action et plan (stratégie d’entreprise),
veille, mise en place de comptabilité à résultats mensuels, organisation de passerelles pour les
processus critiques. On imagine bien aujourd’hui que des sociétés de conseil peuvent trouver
des clients dans ces spécialités. En tant que Directeur Général, Henri Fayol lui-même savait
s’entourer d’experts pour traiter ce genre de questions. Il n’a pas su parler de cet Etat-Major
externe, mobilisé au cas par cas.
Une autre difficulté de la théorie d’Henri Fayol réside dans son point d’application. La
doctrine administrative concerne notamment le chef. C’est le chef, dans son action, qu’il faut
améliorer. Or le chef est aussi le client des cabinets d’organisation. Il faut beaucoup de talent
pour lui vendre une prestation sans paraître le contester. Le principal prescripteur demande rarement de le remettre en cause.
Enfin, ajoutons que le fayolisme avait une vocation à être scientifique en interprétant les cas
observés dans la vie des affaires. Cette approche expérimentale le rapproche du taylorisme.
Mais cette volonté scientifique, comme dans le taylorisme, disparaît rapidement. Le dogmatisme domine l’évolution ultérieure de ces deux courants de pensée et les conduit à se stériliser.
Les idées exprimées en 1900 et en 1908 ont été bloquées. On en a la trace dans un discours
de 1925. Lors du banquet d’hommage à Henri Fayol, Sainte Claire Deville, à l’époque Directeur
des mines de la Sarre, raconte l’accueil des discours de 1900 et de 1908. «Messieurs, j’ai vu
bien des sourires sur les lèvres d’hommes superficiels ou simplement sceptiques lorsque le
maître, le créateur de la science administrative donna ses premiers enseignements… cela était
si clair, cela paraissait si évident, si connu… oui… mais si peu appliqué dans la pratique» ([88]
p 82).
Après 1916, la fureur de réforme fait oublier les points faibles de la doctrine administrative.
En 1925, les conditions redeviennent moins favorables. On voit mieux que cette théorie s’est
coupée de sa base expérimentale. C’est la relation aux faits qui est essentielle à toute théorie de
gestion. Henri Fayol nous l’apprend, au fond, a contrario.
7
Bibliographie
[1]
Maurice Bellom, 1906, «L’enseignement économique et social à l’Ecole Nationale Supérieure des Mines, le rôle social de l’ingénieur», Le Génie civil.
[2]
Emile Belot, 1911, «Principes d’organisation systématique des machines et des usines»,
La Technique Moderne, Tome III, N˚ 10, octobre, 547-550.
[3]
Fréric Blancpain, 1974, «Les cahiers inédits d’Henri Fayol», Bulletin international
d’Administration Publique, N˚ 28 et 29, tiré à part de 48 pages en supplément à la revue
Management France, N˚ 6, juin 1974.
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John D. Breeze, 1981, «Henri Fayol’s Basic Tools of Administration», Proceedings of
the Academy of Management, August 1981, p. 103.
[5]
John D. Breeze, 1995, «Henri Fayol’s Centre for Administrative Studies», Journal of
Management History, Vol. 1, N˚ 3, 37-62.
[6]
Lieutenant-Colonel Bursaux, 1919, Des méthodes modernes d’administration et d’organisation du travail, brochure distribuée par Lyautey dans l’armée française au Maroc.
[7]
Jean Chevalier, 1946, Organisation du travail, Flammarion.
[8]
Couesnon (député), 1917, «Rapport sur les disponibilités et les programmes de l’acier»,
5 février, Archives militaires, cote AM 6 N 298.
[9]
Dalbiez, 1917, Rapport à la commission de l’armée à la chambre des députés, septembre,
dactylo 56 p, Archives militaires, cote AM 10 N 3.
[10] George De Ram, 1909, «Quelques notes sur un essai d’application du système Taylor
dans un grand atelier de mécanique français», Revue de Métallurgie, Tome VI, 929-933.
[11] Robert Désaubliaux, 1917, «Conférence aux aspirants», Bulletin de la Société de
l’Industrie Minérale, N˚ 12, 1917, 325-356.
[12] Henri Fayol, 1874, «Note sur le boisage aux houillères de Commentry (emploi du fer et
des bois préparés) », Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale, 2˚ série tome III,
p. 569.
[13] Henri Fayol, 1877, «Guidage des puits de mine», Bulletin de la Société de l’Industrie
Minérale, 2˚ série tome VI, p. 697.
[14] Henri Fayol, 1879, «Etudes sur l’altération et la combustion spontanée de la houille
exposée à l’air», Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale, 2˚ série tome VIII, 487746, congrès de Paris 1878, médaille d’or.
[15] Henri Fayol, 1880, «Organisation du service des Houillères de Commentry et
Montvicq», notes manuscrites, janvier, Archives du Centre d’histoire de l’Europe du 20˚
siècle (Fondation des Sciences Politiques), cote HF4 DR1.
[16] Henri Fayol, Henri, 1880, «Organisation du service des Houillères de Commentry et
Montvicq», cahier de 86 pages manuscrites, Archives du Centre d’histoire de l’Europe du
20˚ siècle (Fondation des Sciences Politiques), cote HF4 DR2.
[17] Henri Fayol, 1881, «Etude sur le terrain houiller de Commentry», Comptes rendus des
séances de l’Académie des Sciences, 16 mai.
[18] Henri Fayol, 1881, «Sur le terrain houiller de Commentry, Expériences faites pour expliquer la formation», Comptes rendus des séances de l’Académie des Sciences, 30 mai.
[19] Henri Fayol, 1881, «Etude sur le terrain houiller de Commentry, sa formation attribuée à
un charriage dans un lac profond », Comptes rendus des séances de l’Académie des
Sciences, 20 juin.
[20] Henri Fayol, 1881, «Sur l’origine des troncs d’arbres fossiles perpendiculaires aux strates
du terrain houiller», Comptes rendus des séances de l’Académie des Sciences, 18 juillet.
[21] Henri Fayol, 1882, «Téléphone», Archives du Centre d’histoire de l’Europe du 20˚ siècle
(Fondation des Sciences Politiques), cote HF4 DR1, 15 février.
[22] Henri Fayol, 1885, «Note sur les mouvements de terrain provoqués par l’exploitation des
mines», Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale, 2˚ série tome XIV, p. 805.
[23] Henri Fayol, 1887, «Etude sur le terrain houiller de Commentry, théorie des deltas»,
Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale, un volume de 543 pages.
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[24] Henri Fayol, 1889, «Compte rendu d’une conversation avec M. Darcy», Archives du
Centre d’histoire de l’Europe du 20˚ siècle (Fondation des Sciences Politiques), cote HF4
DR3, 14 novembre.
[25] Henri Fayol, 1898, «Notes de lecture sur «Psychologie des foules» de Gustave Lebon»,
Archives du Centre d’histoire de l’Europe du 20˚ siècle (Fondation des Sciences Politiques), cote HF4 DR4, 16 février.
[26] Henri Fayol, 1898, «Prévoyance : utilité et nécessité d’un programme», Archives du
Centre d’histoire de l’Europe du 20˚ siècle (Fondation des Sciences Politiques), cote HF4
DR4, 13 juin, 4 pages.
[27] Henri Fayol, 1898, «sans titre», Archives du Centre d’histoire de l’Europe du 20˚ siècle
(Fondation des Sciences Politiques), cote HF4 DR4, 29 juillet, 21 pages. Ce texte est cité
dans Blancpain [3].
[28] Henri Fayol, Henri, 1901, «Séance solennelle de clôture du congrès de la Société de
l’Industrie Minérale à Paris», samedi 23 juin 1900, Bulletin de la Société de l’Industrie
Minérale, N˚ 15, 1901, 759-768.
[29] Henri Fayol, Henri, 1901, «sans titre», Archives du Centre d’histoire de l’Europe du 20˚
siècle (Fondation des Sciences Politiques), 17 février, 12 pages, cote HF4 DR4.
[30] Henri Fayol, 1908, «Le cinquantenaire de la société Commentry-Fourchambault et
Decazeville», Comptes rendus mensuels des réunions de la Société de l’Industrie Minérale, congrès de Saint Etienne, 16 juin 1908, 240-242.
[31] Henri Fayol, 1908, «Conférence sur les houillères de Commentry», Archives du Centre
d’histoire de l’Europe du 20˚ siècle (Fondation des Sciences Politiques), cote HF4 DR5,
7 pages.
[32] Henri Fayol, 1911, «Note sur la marche depuis 1888 de la Société Commentry-Fourchambault et Decazeville », Archives du Centre d’histoire de l’Europe du 20˚ siècle
(Fondation des Sciences Politiques), cote HF4 DR5, 6 février.
[33] Henri Fayol, 1911, «sans titre», Archives du Centre d’histoire de l’Europe du 20˚ siècle
(Fondation des Sciences Politiques), 25 avril et 27 mai, 14 pages, cote HF4 DR5.
[34] Henri Fayol, 1911, «Le rôle du directeur, recherche d’un directeur pour Decazeville :
qualités administratives et qualités techniques », Archives du Centre d’histoire de
l’Europe du 20˚ siècle (Fondation des Sciences Politiques), cote HF4 DR6.
[35] Henri Fayol, 1912, «Note du 16 octobre», Archives du Centre d’histoire de l’Europe du
20˚ siècle (Fondation des Sciences Politiques), cote HF4 DR6.
[36] Henri Fayol, 1913, «Notes de lecture sur le taylorisme», Archives du Centre d’histoire de
l’Europe du 20˚ siècle (Fondation des Sciences Politiques), cote HF5bis.
[37] Henri Fayol, 1913, «Dossier de Légion d’Honneur», Archives Nationales, cote AN
L0950016.
[38] Henri Fayol, 1916, «Administration industrielle et générale», Bulletin de la Société de
l’Industrie Minérale, N˚ 10, 5-164, Rééditions régulières par Dunod depuis 1918.
[39] Henri Fayol, 1916, «Observations et expériences personnelles», Archives du Centre
d’histoire de l’Europe du 20˚ siècle (Fondation des Sciences Politiques), cote HF5bis
DR3, cahier GREGOR 2000-09.
[40] Henri Fayol, 1916, «Leçons de la guerre», 6 avril, Archives du Centre d’histoire de
l’Europe du 20˚ siècle (Fondation des Sciences Politiques), cote HF5bis DR2.
[41] Henri Fayol, 1917, «De l’importance de la fonction administrative dans le gouvernement
des affaires», conférence faite à la Société d’encouragement pour l’industrie nationale
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(séance du 24 novembre 1917), Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale, N˚ 12,
1917, 225-267.
[42] Henri Fayol, 1917, «Discussion sur l’enseignement technique supérieur», extrait des
procès verbaux de la Société des Ingénieurs Civils de France, séance du 30 mars 1917, 16
pages, et Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale, N˚ 12, 1917. 272-321.
[43] Henri Fayol, 1917, «Préface à Administration industrielle et générale, l’éveil de l’esprit
public», études publiées sous la direction d’Henri Fayol, Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale, N˚ 12, 1917, 145-152.
[44] Henri Fayol fils, 1918, Le Taylorisme, conférence faite à l’association générale des
étudiants de Paris, 10 janvier, Dunod, Archives du Centre d’histoire de l’Europe du 20˚
siècle (Fondation des Sciences Politiques), cote HF4 DR5.
[45] Henri Fayol, 1918, «L’administration positive dans l’industrie», La Technique Moderne,
février 1918, 73-75.
[46] Henri Fayol, 1918, «Lettre de candidature à l’Académie des Sciences», Archives de
l’Académie des Sciences, 23 mai.
[47] Henri Fayol, 1919, «L’industrialisation de l’Etat», conférence faite le 24 octobre 1918,
Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale, N˚ 15, 1919. 237-274.
[48] Henri Fayol, 1921, L’incapacité industrielle de l’Etat : les PTT, Dunod, 118p.
[49] Henri Fayol, 1923, Conférence sur l’Administration industrielle et générale, 5 et 14 mai,
Ecole supérieure de guerre et Centre des hautes études militaires.
[50] Henri Fayol, 1923, La réforme administrative des PTT, tiré à part 9 p, Dunod.
[51] Henri Fayol, 1930, Industrial and general administration, traduction de J.A. Coubrough
sous les auspices d’Henri Fayol fils, édité par Institut International d’organisation scientifique du travail à Genève (International Management Institute).
[52] Henri Fayol, 1949, General and Industrial Management, Foreword by L. Urwick,
Pitman, Londres, traduction de Constance Storrs.
[53] Gambiez F., Suire M. 1968, Histoire de la première guerre mondiale, Fayard.
[54] Madeleine Grangé, 1964, «lettre», Archives du Centre d’histoire de l’Europe du 20˚
siècle (Fondation des Sciences Politiques), cote HF7DR5.
[55] Lyndall Gulick, Lyndall F. Urwick L., 1937, Papers on the science of administration,
NY, Institute of Public administration.
[56] Honoré Guitton, 1873, Fête du travail à la mine de Commentry le 28 septembre 1873,
Archives du Centre d’histoire de l’Europe du 20˚ siècle (Fondation des Sciences Politiques), cote HF1.
[57] Henri Le Chatelier, 1913, «Le paiement des salaires d’après le système Taylor», La
Technique Moderne, Tome VI, N˚ 12, 449-450.
[58] Henri Le Chatelier, 1915, «F.W. Taylor», Revue de Métallurgie, Tome XII, 185-196.
[59] Henri Le Chatelier, 1915, «Le système Taylor, Science expérimentale et psychologie
ouvrière», Revue de Métallurgie, Tome XII, 197-232.
[60] Frédérc Le Play, 1855, Ouvriers européens.
[61] Frédérc Le Play, 1866, La réforme sociale en France, déduite de l’observation comparée
des peuples européens.
[62] Lévêque M., 1916, «Historique des forges de Decazeville», Bulletin de la Société de
l’Industrie Minérale, N˚ 9, 1916. 5-97.
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[63] Louis de Mijolla, 1917, «Lettre de M. de Mijolla», Bulletin de la Société de l’Industrie
Minérale, N˚ 12, 349-356.
[64] Ernest Montusès, 1982, Le député en blouse, Edition Horvath
[65] Stéphane Môny, 1877, Etude sur le travail, Hachette, 572p.
[66] Jean-Louis Peaucelle, 2000, «Henri Fayol et la recherche action», cahier GREGOR
2000-07
[67] Jean de Pierrefeu, 1920, G.Q.G. secteur 1, trois ans au grand quartier général par le
rédacteur du communiqué, 2 tomes, Paris, l’édition française illustrée.
[68] Général de Pouydraguin, 1920, La fonction administrative dans le domaine militaire, 14
pages.
[69] Donald Reid, 1986, «Genèse du fayolisme», Sociologie du Travail, N˚ 1, 75-93.
[70] Donald Reid, 1988, «Fayol : excès d’honneur ou excès d’indignité?», Revue française
de Gestion, septembre-octobre, 151-159.
[71] Donald Reid, 1995, «Fayol : from experience to theory», Journal of Management
History, Vol. 1, N˚ 3, 21-36.
[72] Donald Reid, 1995, «Reading Fayol with 3D glasses», Journal of Management History,
Vol. 1, N˚ 3, 63-71.
[73] Stéphane Rials, 1977, Administration et organisation, de l’organisation de la bataille à
la bataille de l’organisation dans l’administration française, Editions Beauchesne.
[74] Tsuneo Sasaki, 1995, «Henri Fayol’s family relationships», Journal of Management
History, Vol. 1, N˚ 3, 13-20.
[75] Tsuneo Sasaki, 1987, Le pionnier du Management contemporain : Henri Fayol, sa vie,
son management stratégique et sa théorie du management, Ronéo Tokyo en français, 112
p.
[76] Herbert Simon, 1947, Administrative Behavior, Mac Millan.
[77] Frédéric W. Taylor, 1907, «La taille des métaux», Revue de Métallurgie, Tome IV, 3965, 233-336, 401-466, traduction par L. Descroix de la communication faite lors du
congrès de la Société américaine des ingénieurs mécaniciens, Proceedings XXVIII,
décembre 1906.
[78] Frédéric W. Taylor, 1907, «Note sur les courroies», Revue de Métallurgie, Tome IV,
576-605, traduction par L. Descroix de la communication faite lors du congrès de la
Société américaine des ingénieurs mécaniciens, Proceedings XV, décembre 1893.
[79] Frédéric W. Taylor, 1907, «Direction des ateliers», Revue de Métallurgie, Tome IV,
633-736, traduction par L. Descroix de la communication faite lors du congrès de la
Société américaine des ingénieurs mécaniciens, Proceedings XXIV, Saratoga juin 1902.
[80] Frédéric W. Taylor, 1910, «Pourquoi les industriels n’apprécient pas les diplômés des
Universités et Ecoles techniques», Revue de Métallurgie, Tome VII, 648-654, traduction
de la communication faite lors du congrès de la Society for the Promotion of Engineering
Education, Proceedings XVII, 1909.
[81] Frédéric W. Taylor, 1910, «L’industrie prochaine», Revue de Métallurgie, Tome VII,
835-836, traduction d’une communication faite le 27 juillet 1909.
[82] Frédéric W. Taylor, 1912, Principes d’organisation scientifique des usines, Edition de la
Revue de Métallurgie, 190 pages, traduction de Jean Royer.
IAE de Paris (Université Paris 1 • Panthéon - Sorbonne) - GREGOR - 2000.08 -
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[83] Frédéric W. Taylor, 1917, «Publications posthumes de F.W. Taylor», Revue de Métallurgie, Tome XIV, 551-585, traduction du Bulletin of the Taylor Society, N˚ 5
décembre 1916.
[84] Thierry J., 1915, «Circulaire N˚ 590 de la section économique aux Présidents des
Comités et Sous Comités Consultatifs d’Action Economique», 25 décembre.
[85] Clarence B. Thompson, 1915, «Collection des mémoires les plus importants relatifs au
système Taylor», Revue de Métallurgie, Tome XXII, 233-315,
[86] Lyndall F. Urwick, 1944, The elements of Administration, New York, Harper and Row.
[87] Paul Vanuxem, 1917, «Introduction théorique et pratique à l’étude de l’administration
expérimentale». Dans L’éveil de l’esprit public, études publiées sous la direction d’Henri
Fayol, Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale, N˚ 12, 1917, 153-223.
[88] Henri Verney, 1925, Henri Fayol, Discours prononcés au banquet du 7 juin 1925,
Dunod, 117 pages.
[89] Joseph Wilbois, Paul Vanuxem, 1920, Essai sur la conduite des affaires et la direction
des hommes. Une doctrine française : l’administration expérimentale, Préface de
H. Fayol, Payot.
[90] Daniel A Wren, 1995, «Henri Fayol : learning from experience», Journal of Management History, Vol. 1, N˚ 3, 5-12.
[91] Comptes rendus du Conseil d’Administration de 1914 à 1918, Archives de CommentryFourchambault et Decazeville, Archives du Monde du Travail, AN 59 AQ 13, 14, 14bis,
16.
[92] Archives de Decazeville, Archives du Monde du Travail, AN 110 AQ 49, 50, 51, 129
[93] Décret sur les réquisitions militaires, 2 août 1914, Journal Officiel du 3 août 1914.
[94] Décret du 25 octobre 1915, Création des comités consultatifs d’action économique,
Journal Officiel du 31 octobre 1915.
[95] Organisation et fonctionnement des comités consultatifs d’action économique, Journal
Officiel du 5 décembre 1915.
[96] Vente et répartition des charbons, 1915, Circulaire N˚ 5080 du comité central des
houillères (15 décembre), sur le projet de loi présenté à la chambre le 3 janvier 1916,
Archives du Monde du Travail, AN 40 AS 152.
2000.08
Henri Fayol et la guerre de 1914
Jean-Louis Peaucelle
Professeur à l’IAE de Paris
Les papiers de recherche du GREGOR sont accessibles
sur INTERNET à l’adresse suivante :
http://panoramix.univ-paris1.fr/GREGOR/
Site de l’IAE de Paris : http://panoramix.univ-paris1.fr/IAE/